Venceslas est le fils aîné de l'empereurCharles IV, issu de son troisième mariage avecAnne de Schweidnitz. Destiné à être l'héritier du patrimoine des Luxembourg, il est couronné roi de Bohême dès le à l'âge de deux ans. Le jeune prince grandit à la cour dePrague ; il est formé parErnest de Pardubice, le premierarchevêque de Prague et recteur de l'université Charles, puis par le successeur de ce dernier,Jan Očko z Vlašimi. Le jeune Venceslas était un homme très érudit mais indécis.
Le caractère du nouveau roi, qui a bénéficié d'une jeunesse protégée, est marqué par un manque de dynamisme engendrant chez lui désintérêt et inefficacité aggravés par sonalcoolisme qui lui vaut son surnom de « l'Ivrogne »[1]. Venceslas est l'un des souverains les plus décriés par l'historiographie germanique ; il partage avecCharles le Gros l'opprobre d'avoir été les seuls souverains à être destitués pour indignité.
Le meurtre de Jean Népomucène provoque une fronde de l'« Union seigneuriale » groupée autour desburgraves Henri de Rosemberg et Henri de Neuhaus, qui arrêtent le roi àKrálův Dvůr le et nomment son cousin le margraveJobst de Moravie « Administrateur du Royaume ». Venceslas, emprisonné au château de Wilberg enAutriche, est libéré le grâce à l'intervention de son frère cadet Jean de Goerlitz et de l'électeurRobert II du Palatinat. Toutefois, il ne respecte pas les conditions prévues pour sa libération et en il fait arrêter son cousin Jobst, ce qui lui aliène le ducAlbert III d'Autriche et son frère Jean qui avait été nommé Administrateur. Les morts respectives de ses nouveaux adversaires en1395 et1396 lui donnent un répit et lui permettent de négocier avec les nobles[3].
Venceslas Ier est accusé de consacrer plus de temps à sesterres tchèques qu'à ses devoirs de futur empereur, accordant moyennant finance, en, le titre ducal àJean-Galéas Visconti, et de faiblesse, en cédant lors de l'entrevue deMetz, le auroi de FranceCharles VI, sur la question pontificale qui déchire alors la chrétienté[4]. Il ne prend pas non plus la mesure du conflit qui oppose les cités d'Empire aux seigneurs provinciaux qui souhaitent les dominer. Il rencontre enfin les princes d'Empire à laDiète deNuremberg en1397, puis à celle de Francfort en1398. Mais il ne répond pas à la convocation des quatreprinces-électeurs rhénans àOberlahnstein, le. En conséquence, il est déposé par les électeurs réunis en assemblée àRhens le, en faveur deRobert III du Palatinat, issu de la dynastie rivale desWittelsbach, dont Venceslas refusera de reconnaître la légitimité[5].
Mettant à profit la situation confuse, son frère Sigismond de Hongrie effectue un « coup d'État » en Bohême ; le, il fait emprisonner Venceslas, le confie à la surveillance desHabsbourg àVienne et nomme l'évêque Jean de Litomyslrégent de Bohême. Sigismond parvient également à neutraliser son cousin Procope de Moravie, suscitant ainsi la méfiance du frère de ce dernier Jobst. Venceslas parvient à revenir enBohême, avec le soutien de l'aristocratie, en, mais son retour sur le trône s'accompagne de nouvelles concessions à la noblesse qui est la véritable bénéficiaire de cette querelle familiale, à l'image du nouvel archevêque de PragueZbyněk Zajíc de Hazmburk(en) (1402-1411), membre d'une grande famille aristocratique[6] ; le roi doit même accepter l'exécution le de son chambellan Sigismond Huler, fils d'un bourgeois d'Egra.
En1409, leconcile de Pise élit un nouveau pape,Alexandre V, et reconnaît Venceslas comme seul vrairoi de Germanie. Toutefois, après la mort du roiRobert Ier le, Sigismond se fait élire roi des Romains le et reste sans concurrent après le décès de Jobst le[7].
Venceslas et l'archevêque de PragueConrad de Vechta (1413-1431) tentent en vain de rétablir l'autorité de l'Église, mais le l'université de Prague reconnaît la « communion sous les deux espèces » pour les laïcs. La fin du règne de Venceslas est assombrie par le conflit religieux qui éclate le, jour où sept conseillers trouvent la mort après avoir étédéfenestrés de l'hôtel de ville dePrague[8]. Le roi Venceslas IV meurt d'une attaque le16 août suivant[9].
Son frère Sigismond, qui lui avait succédé comme roi des Romains après l'interrègne de Robert de Wittelsbach, prend le titre de roi de Bohême le auHradčany à Prague, mais il ne parvient pas à prendre cette ville. Ce n'est qu'en1436, à la veille de sa mort, qu'il contrôlera laBohême, dirigée par un collège de vingt « Directeurs » jusqu'en1434, et livrée auxguerres hussites.
Selon l'Armorial de Gelre (Folio 68v,Le Seigneur de Gaesbeeck), son blason prenait la forme suivante :
Figure
Blasonnement
De gueules, au lion d'argent, à la queue fourchée passée en sautoir, armé, lampassé et couronné d'or. Cimier : Un vol de sable, chargé d'un semé de feuilles de tilleul d'or ; une couronne d'or ; une croisette du même, sommant le premier fleuron.