Le Vatican se compose de deux entités juridiques distinctes : leSaint-Siège, entitéspirituelle, et l'État de la Cité du Vatican, entitétemporelle. Le lien entre ces deux entités est lepape, chef du spirituel et du temporel, disposant du pouvoir absolu (exécutif,législatif etjudiciaire)[5]. Toutefois, en droit international, même si le Saint Siège est « un sujet souverain doté d'une personnalité juridique internationale », il n'est pas un État.
Selon les étymologistes de l'Antiquité commeFestus Grammaticus (cité parPaul Diacre), ce nom deVaticanus tirerait son origine du motVaticinium, ou plus exactementVātēs ouVātis signifiant « devin » ou « voyant », parce que beaucoup dedevins auraient résidé de ce côté duTibre, car on sait notamment que sousTibère, l'art de la divination était interdit à Rome même (c'était un délit passible de la confiscation des biens et de la relégation)[9].
Cetteétymologie étant incertaine, d'autres parlent d'une villeétrusque nomméeVaticum, qui aurait jadis existé à cet endroit, ou du dieuVaticanus qui présidait aux premières paroles des enfants[10] et dont le temple était construit sur l'ancien site deVaticanum, lacolline du Vatican[11]. En effet, cette colline étaitla maison des Vates longtemps avant l'époquepréchrétienne deRome[12].
La Cité du Vatican actuelle est généralement considérée comme le reliquat des anciensÉtats pontificaux, bien que l'existence de fait de ceux-ci s'arrête en 1870 tandis que celle de droit du Vatican commence en 1929. L'origine ancienne de ce territoire des États pontificaux est une accumulation de donations foncières reçues par les papes successifs, depuis l'époqueconstantinienne jusqu'à celle du Royaumelombard (avec par exemple ladonation de Sutri). Lepape s'est ainsi trouvé placé à la tête d'un important domaine foncier connu sous le nom depatrimoine de saint Pierre, initialement sous suzerainetéromaine d'Orient, mais que l'historiographie catholique a longtemps appelé « donation de Constantin », en même temps qu'elle justifiait ainsi lepouvoir temporel du pape.
En fait, la « donation de Constantin » est unelégende selon laquelle l'empereurConstantinIer aurait donné au papeSylvestre la primauté sur les Églisesd'Orient et l'imperium (pouvoir impérial) surl'Occident : le caractèreapocryphe de ce document a été établi en1442 par l'humanisteLaurent Valla. La justification historique de ce pouvoir temporel réside en fait dans ladonation de Pépin de754 confirmée parCharlemagne en774, donation cette fois bien réelle.
La Cité du Vatican se situe sur ce que l'on appelait dans l'Antiquité l'ager Vaticanus qui se compose d'une petite plaine (laplaine vaticane) aux bords duTibre, se relevant à quelque distance en unecolline d'une faible élévation, lesMontes Vaticani (colline Vaticane).
Le, après l'évacuation des troupesfrançaises,Rome est conquise par les troupes piémontaises et rattachée auroyaume d'Italie. Le papePie IX, qui résidait aupalais du Quirinal (devenu depuis la résidence officielle desrois d'Italie, puis duprésident de la République italienne), se réfugie alors au palais du Vatican. Son refus de reconnaître l'annexion donne une dimension politique et diplomatique au conflit causé par l'Unité italienne : c'est le début de la « question romaine ». Cette controverse dure jusqu'auxaccords du Latran en1929, par lesquels l'État italien s'engage à respecter les frontières de l'État du Vatican qu'il reconnaît alorsde fait, la reconnaissancede droit allant auSaint-Siège ; en échange, le Pape reconnaît le rattachement à l'Italie des États pontificaux, ville de Rome comprise[13].
Le Vatican est unemonarchieabsolue[16] etélective : le pape est élu à la majorité qualifiée (deux tiers des voix) lors du conclave et règne à vie en principe. Mais il peut aussirenoncer, cette possibilité ayant été exploitée parBenoît XVI en2013. Il peut également se définir comme unethéocratie dans la mesure où son existence, son fonctionnement et son action sont dominés par un impératif religieux.
La citoyenneté vaticane n'est pas l'expression d'une appartenance nationale. Elle est liée à l'exercice de fonctions au sein du Vatican ou du Saint-Siège. Par conséquent, cette citoyenneté vient toujours s'ajouter à une nationalité d'origine. Dès que ces fonctions cessent, la citoyenneté cesse. Ainsi, un prélat de laCurie prenant des fonctions pastorales perd sa citoyenneté vaticane. Celle-ci est attribuée également au conjoint et à la famille (ascendants, descendants et collatéraux directs) des fonctionnaires du Vatican, à l'âge de 25 ans pour les garçons et au moment de leur mariage pour les filles[réf. nécessaire].
La diplomatie du Saint-Siège est l'activité de négociation internationale de l'Église catholique. Avant laréforme protestante et le siècle desLumières, la papauté a exercé à plusieurs reprises des fonctions d'arbitre entre les souverains chrétiens européens. La diplomatie du Saint-Siège trouva sa première expression formelle véritable vers la fin duXIe siècle quand le pape commença à envoyer deslégats vers les différents royaumes de lachrétienté. Il s'agissait de permettre au clergé résident d'avoir une plus grande marge de manœuvre à l'égard des autorités civiles locales.
À partir duXVIe siècle, les premières nonciatures apparaissent, avec à leur tête un archevêque venant de Rome. Fragilisée par la Réforme et le développement de la philosophie des Lumières, l'autorité du Saint-Siège est contestée, mais celui-ci reste toujours présent sur la scène internationale. La légitimité de la diplomatie pontificale dans la sphère internationale est ensuite entérinée à plusieurs reprises par des traités de référence, comme lecongrès de Vienne en 1815, ou laconférence de Vienne de 1961, qui codifie le droit diplomatique[19].
Carte du Vatican.L'intérieur de labasilique Saint-Pierre au Vatican en1731.Maquette du Vatican aux musées du Vatican.
Du fait de sa très faible superficie, le Vatican est le plus petit pays du monde. Toutefois, l' « État du Vatican » n'est pas un État souverain au sens strict, puisqu'il n'est pas lui-même sujet de droit international[19] et se fait représenter par leSaint-Siège, dont les compétences s'étendent au-delà du seul État du Vatican aux ambassades, sous l'autorité dupape qui est à la fois le souverain du Saint-Siège et le dirigeant du Vatican. De plus, il n'a pas de nationaux en propre et sa puissance souveraine sur son territoire est, dans certaines circonstances et sur certaines parcelles définies par l'accord du Latran, partagée avec l'État italien (notamment laplace Saint-Pierre). De ce fait, selon laconvention de Montevideo, le statut juridique international du Vatican n'est, d'après certains juristes, pas celui d'un État[21],[22], mais plutôt celui d'un sujet international analogue à uneorganisation internationale telle que l'ONU[23].
À ce titre, les ambassades (nonciatures) et propriétés du Saint-Siège hors-les-murs ne relèvent pas de l'État du Vatican, mais de la seule autorité du Saint-Siège, manifestée à travers ses institutions (regroupées dans laCurie romaine siégeant au Vatican) et son souverain.
LeSaint-Siège a également la pleine propriété sur plusieurs bâtiments situés hors de la Cité vaticane, qui bénéficient d'un statut d'immunité diplomatique[24], à l'instar d'une ambassade. Il s'agit notamment de :
En outre, l'Université grégorienne, la station d'émission deRadio Vatican située dans la banlieue deRome etdivers autres bâtiments sont exempts d'impôts et préservés de toute expropriation. Ces bâtiments et propriétés ne font pas partiestricto sensu de l'État de la Cité du Vatican mais leur superficie cumulée représente environ le double de celle du Vatican.
En 2002, le déficit consolidé du Vatican s'élevait à 13,5 millions d'euros pour 216 millions d'euros de recettes. Les dépenses sont principalement les salaires des 2 600 employés (dont environ 750 ecclésiastiques). En 2010, l'économie vaticane a réalisé un excédent budgétaire de 10 millions d'euros, malgré la baisse des dons des fidèles[25].
Outre les revenus touristiques tels les revenus des musées du Vatican (91,3 millions d'euros de recettes en 2011[26]), l'organisation de voyages et pèlerinages, l'émission detimbres postaux et demonnaies recherchés par les collectionneurs et la vente de publications, les revenus viennent de placements mobiliers (32 millions d'euros de plus-value en 2002) et immobiliers (12,9 millions d'euros).
Un autre poste financier non négligeable est ledenier de Saint-Pierre qui a avoisiné les 50 millions d'euros en 2002, même si une partie de cette somme seulement est affectée au budget du Vatican[réf. nécessaire]. Son origine remonte auVIIIe siècle, quand lesAnglo-Saxons commencèrent à envoyer une contribution annuelle au pape[réf. nécessaire]. Cet usage s'étendit ensuite aux autres pays d'Europe et a été reconnu officiellement par le papePie IX le dans l'encycliqueSæpe venerabilis.
Depuis le, laDeutsche Bank, qui gère les paiements monétiques au sein de la Cité vaticane, s'est vue dans l'obligation de désactiver l'utilisation de tous ses terminaux électroniques sur ordre de laBanque d'Italie, car le Saint-Siège n'a pas encore atteint les standards requis au niveau international contre leblanchiment d'argent[27]. Les membres du comitéMoneyval (un comité d'experts dépendant duConseil de l'Europe qui repère notamment les blanchiments des capitaux et les sources occultes de financement duterrorisme) estiment en effet que le Vatican remplit à peine 9 des 16 recommandations clés et lui attribuent 7 mentions négatives[28]. Le Vatican débute à partir de 2010 une série de réformes à la suite d'importants scandales financiers ayant impliqué sa banque, l'Institut pour les œuvres de religion (IOR) et qui gère en 2011 plus de 6,3 milliards d'euros répartis en 20 772 comptes, dont 37 des membres de la famille du pape, 236 de cardinaux, 1 604 d'évêques et 128 de monastères, couvents ou abbayes[29]. L'IOR s'est trouvé au cours des années au cœur de nombreux scandales notamment sous le mandat dePaul Marcinkus, ex-directeur de la banque du Vatican. L'établissement était le principal actionnaire duBanco Ambrosiano, banque accusée dans lesannées 1980 de blanchiment d'argent de la drogue pour la mafia. En, l'IOR refait parler d'elle avec le limogeage de son présidentEttore Gotti Tedeschi[30]. LesÉtats-Unis ajoutent en 2012 le Vatican à une liste de 68 États dont la situation est jugée préoccupante, selon le rapport annuel du département d'État américain sur la lutte contre le trafic de drogue dans le monde[31].
Le papeFrançois tend à sortir l'économie du Vatican des réseaux mafieux, et a d'ailleurs fait plusieurs déclarations à ce sujet[32].
Vue sur la place Saint-Pierre depuis la coupole de la basilique Saint-Pierre.
La quasi-totalité des habitants vivent à l'intérieur des murs de la cité. Ce sont principalement des membres duclergé, cardinaux, évêques, ou prêtres, ainsi que des religieuses. Lagarde suisse pontificale, chargée de la protection dupape, réside également au Vatican. Près de 3 000 travailleurs étrangers composent la majorité de la main-d'œuvre du pays, tout en résidant en dehors du Vatican. Sauf exception, les personnes possédant un passeport de la cité du Vatican conservent leur nationalité d'origine. Faute de maternité, il n'y a aucune naissance au Vatican[réf. nécessaire].
Le Vatican comptait officiellement 453 habitants en[33]. Les sources non officielles estiment souvent sa population à environ 800 ou 900 habitants (802 habitants selonWorldometer en)[34] ce qui en fait dans tous les cas le pays le moins peuplé du monde. En revanche, il en est l'un des plus densément peuplés avec plus de 1 000 habitants par kilomètre carré (le troisième derrièreMonaco etSingapour). En effet, cette population est concentrée sur une superficie de 0,44 km2 seulement.
En tant que siège ducatholicisme, le Vatican exerce une influence culturelle très importante. Il a aussi une activité culturelle propre, comme sa radio,Radio Vatican, qui émet en plusieurs langues.
Les onze musées du Vatican possèdent de riches collections d'art sacré et profane ainsi que des antiquités étrusques et égyptiennes et des œuvres de peintres, dontMichel-Ange. Ils ont été fondés parClément XIV auXVIIIe siècle.
Assassin's Creed II : le héros Ezio pénètre dans l'enceinte du Vatican pour tuer l'imposteurRodrigo Borgia et récupérer la pomme d'Éden, relique de l'ancienne civilisation et arme puissante.
↑L'article 2 de laLoi fondamentale de l'État de la Cité du Vatican dispose : La représentation de l’État dans les rapports avec les États étrangers et avec les autres sujets du droit international, pour les relations diplomatiques et pour la conclusion des traités, est réservée au Souverain Pontife, qui l’exerce à travers le Secrétariat d’État.
Jean-Louis Clergerie, « La spécificité de l’État de la Cité du Vatican »,Anthropologies juridiques, Mélanges Pierre Braun » P.U.L.I.M., Limoges,,p. 179-211
Yvonnick Denoël,Les espions du Vatican : De la Seconde Guerre mondiale à nos jours, Nouveau Monde édition,, 648 p.(ISBN978-2-380-94156-2)
Le Vatican - comment fonctionne le règne du plus petit État du monde, produit par le Centre de télévision du Vatican, distribué par HDH Communications, 2006