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| Vallée du Rhône | ||
Vue de la vallée du Rhône du haut du vignoble deTain-l'Hermitage. | ||
| Massif | Alpes /Massif central | |
|---|---|---|
| Pays | ||
| Régions | Auvergne-Rhône-Alpes Provence-Alpes-Côte d'Azur Occitanie | |
| Départements | Métropole de Lyon Rhône Loire Isère Ardèche Drôme Vaucluse Gard Bouches-du-Rhône | |
| Coordonnées géographiques | 45° 00′ nord, 4° 50′ est | |
Géolocalisation sur la carte :France | ||
| Orientation aval | nord-sud | |
| Longueur | 300 km | |
| Type | Vallée fluviale | |
| Écoulement | Rhône | |
| Voie d'accès principale | RN7,A7,LGV Sud-Est. | |
| modifier | ||
EnFrance, lavallée du Rhône désigne la région située de part et d'autre duRhône, en aval deLyon, dans le sud-est du pays. Selon le classement de l'Insee, il s'agit d'unerégion agricole française. Elle se subdivise plusieurs zones : la plaine irriguée de laCamargue, la plaine maraîchère duComtat Venaissin, les coteaux viticoles produisant desvinsAOC de renommée mondiale sur les rives droite et gauche du fleuve, la polyculture de laDrôme provençale, les grandes cultures de la plaine valentinoise, les vergers de l'Isère et les prairies des vallées de laGalaure et de l'Herbasse.
Une définition plus étendue inclut la haute, la moyenne et la basse vallée du Rhône, qui s'étendent duValais suisse auxAlpes françaises et se prolongent jusqu'auMidi via lecouloir rhodanien[1].
Pour faire la distinction avec la partie suisse, de nombreuxSuisses romands désignentVallée du Rhône la partie française, etPlaine du Rhône la partie suisse en amont du lacLéman.


La vallée du Rhône est délimitée par :
Elle s'étend sur 3régions administratives, 8départements et unemétropole à statut de collectivité territoriale :
Toute une série de villes, fruit d'une urbanisation fort ancienne, s'étagent sur les deux rives duRhône à l'aval deLyon, dans le sud-est de laFrance. Ce sont essentiellement de petites agglomérations à l'exception de quatre villes moyennesAvignon,Valence,Montélimar etVienne. Pour elles, et depuis l'Antiquité, le fleuve est aussi bien une source de contraintes, avec les risques d'inondation, que d'avantages (voie de navigation complétée par laSaône, réserve piscicole, etc.)[2].
Pour chaque ville le choix du site est spécifique mais peut être catalogué et étudié en deux groupes. Il s'agit, tout d'abord, de satopographie (butte, terrasse oucoteau) et ensuite de la morphologie du fleuve et de sa vallée (courbe, chenal étroit ou divisé en plusieurs bras,défilé etconfluence). Le choix du site a été fait afin de minimiser les contraintes. Les deux éléments privilégiés qui l'ont déterminé étant une hauteur permettant aux habitants d'être à l'abri desinondations et de pouvoir franchir facilement le fleuve[2].
Certaines inondations sont restées mémorables, à l'exemple de celle de1755. Un chroniqueur rapporte« Les plus grands et affreux ravages ont été occasionnés par le Rhône. Son débordement a désolé le 19 novembre 1755 la ville d'Avignon et ses environs. Il a été tel qu'il n'y a nul exemple d'en avoir vu un pareil. Toutes les rues furent couvertes d'eau à une hauteur si considérable, que l'on était obligé d'y passer dans des barques, pour porter des vivres aux habitants réfugiés dans le haut des maisons. À la campagne, plusieurs maisons ont été entièrement submergées ou ruinées par la violence de l'eau. Elle s'était élevée si rapidement, que bon nombre de personnes furent noyées dans les maisons, aussi bien que d'autres étaient montées sur des arbres. La même inondation a fait périr une grande quantité de bétail, que l'on voyait flotter sur l'eau, ou qui était entraîné par les torrents. La frayeur & la désolation étaient répandues dans tout Avignon. II n'y avait que le quartier le plus haut, contenant environ 300 maisons, où il n'y eut point d'eau. Les greniers à sel, qui étoient bien fournis, en ont eu quatre pieds par-dessus les masses, & le sel a été entièrement fondu. L'eau a séjourné quatre jours dans la ville, & la campagne étoit inondée à une lieue à la ronde. On a remarqué que le 30 novembre il y a eu dans cette ville, depuis les six heures du soir jusqu'à minuit, douze pieds d'eau de plus qu'il n'y en avoit eu à pareil jour de l'an 1433, qui fut la plus affreuse inondation, selon l'Histoire, qu'Avignon eut essuyée jusque-là. La présente ne pouvoit arriver dans des circonstances plus fâcheuses pour la Foire de Saint-André, qui n'a pu avoir lieu cette année »[3].


Le Rhône, fleuve difficile et dangereux à naviguer, fut un axe historique de transport fluvial. Mais la dichotomie entre la remontée et la descente fut un énorme handicap. En1338, lepéage deMontélimar comptabilisa 188 bateaux descendant contre seulement 22 remontant. La mise en service des premiersbateaux à vapeur fit connaître à la navigation rhodanienne son apogée dans la première moitié duXIXe siècle. Entre1814 et1830, ce furent 250 000 tonnes qui transitèrent par le Rhône, soit un quart du tonnage fluvial en France. En 1840, il s'éleva à 370 000 tonnes[2].
Le Rhône, après avoir été le grand axe reliant le sud et le nord de l'Europe, va devenir étranger à l'activité économique de savallée. La rupture fut définitive lors de la construction de la ligne dechemin de fer unissantParis-Lyon-Marseille, en1856. En1880, le tonnage du trafic fluvial chuta à 173 000 tonnes. L'abandon devint irrévocable avec lesRN7 etRN86 puis avec la construction de l'autoroute A7. À partir desannées 1950, le développement des villes se fit« le long de ces axes de communication et non en bord de fleuve »[2].

La violence du Rhône imposa et impose toujours un retrait des agglomérations urbaines sur les terres. Comme l'explique Emmanuelle Delahaye :« Le cours du fleuve est instable à l'état naturel. Ses rives (constituées de matériaux non consolidés comme les graviers et les sables) font l'objet d'incessants remaniements, le chenal principal se déplace, les berges sont soumises à des dynamiques érosives ou d'accumulation. Cette instabilité est renforcée par les affluents qui apportent un volume important de matériaux ». De plus, l'irrégularité dudébit du Rhône reste une contrainte capitale. Lescrues très fortes avec leur rythmé décennal ou séculaire (13 000 m3 s−1 en àBeaucaire) jouent un rôle répulsif[2].
Une des conséquences majeures de cet état de fait est que le fleuve reste peu industrialisé. Les seulesindustries développées le long du Rhône se trouvent concentrées à Lyon et près de sonembouchure. Les apports économiques du Rhône n'ont jamais été un élément du développement urbain. Les seules exceptions ponctuelles furent la présence temporaire des« quartiers du fleuve ». Leur existence fut d'autant plus fragile et temporaire qu'elle dépendait du contexte politico-économique. En effet, comme l'a noté Emmanuelle Delahaye« la ville fait le choix d'affronter la contrainte fluviale en fonction d'intérêts qui ne sont pas forcément directement reliés au fleuve »[2].
Les villes basses ou les quartiers du fleuve ont connu leur développement sur une base uniquement commerciale, le trafic dusel, le plus souvent, car lié à la perception de lagabelle. La suppression de ce type de taxe, lors de laRévolution, rendit caduques ces installations de perception qui n'étaient riveraines du fleuve que pour y instaurer et contrôler unpéage[2].

Enfin, pendant des siècles, le fleuve fut un obstacle, car infranchissable par un pont d'une rive à l'autre. La construction de ponts suspendus résistant aux crues ne fut réalisable qu'au cours duXIXe siècle. Ce qui constitua une véritable rupture à l'expansion urbaine et« explique le caractère très asymétrique de l'urbanisation des villes rhodaniennes. Leur développement se concentre sur une rive et prend la forme d’une demi-lune puis d’une amande le long du fleuve »[2].
Les tout premiers aménagements, par des endiguements ponctuels, visaient à tenter de détourner la force des eaux du fleuve. L'inondation de imposa aux pouvoirs publics une nouvelle conception d'aménagement. La loi du fut votée pour permettre des travaux destinés à protéger les villes riveraines des inondations. Cette loi fut complétée, en1860, par un plan d'aménagement du Rhône à l'aval de Lyon avec l'édification d'un endiguement général[2].
En ce début duXXIe siècle, c'est« une redéfinition du rôle urbain du fleuve », qui est proposée lui permettant de devenir un véritable atout sur« les plans paysager, patrimonial, culturel et récréatif »[2].


Durant toute cette période, les seuls aménagements réalisés sur le Rhône pour faciliter sa navigation se firent à son embouchure.Strabon avait noté :« L'entrée du fleuve reste toujours difficile à cause de la rapidité des eaux et, parce que le pays est si plat que l'on ne peut, dans les temps couverts, distinguer la terre même de fort près. Aussi les Massaliotes y ont-ils fait construire des tours qui servent de signaux ; ils y ont même fait bâtir un temple à Diane l'Éphésienne sur un terrain auquel les bouches du Rhône donnent la forme d'une île »[c 1].
Au cours duXVIIIe siècle, les variations de l'embouchure ont été cartographiées. En commentaire de lacarte géographique, historique, chronologique de Provence, dessinée par Esprit Devoux, géomètre d'Aix et gravée par Honoré Coussin, en1757[4], les auteurs ont noté :« Les tours construites par les Arlésiens pour surveiller les rivages servent de témoin à la progression du delta du Rhône. Le Baron signale l'accroissement du rivage depuis 1350, la tour de Méjannes, depuis 1508. Une autre ligne d'ancien rivage passe par les tours de Saint-Genest et celle de Baloard »[5].
Dans cette série de tours-sémaphores se distinguent la tour Saint-Louis, bâtie en1737, en bordure duGrand-Rhône, près de l'écluse du canal, celle de Saint-Genest édifiée en1656 et celle de Tampa, construite en1614. Sur la rive droite, se trouvaient les tours de Mondovi, de Vassale et du Grau, sur la gauche, celles de Mauleget, de Saint-Arcier, de Parade et de Belvare[c 1].

LaCompagnie nationale du Rhône, dès sa création en1933, reçu trois missions de l'État pour l'aménagement du fleuve[2]. La première mission fut la production d’électricité à laquelle elle s'attela dès1934[6]. LaCNR put en1950 mettre en eau lebarrage de Génissiat. Il s’agit du seul barrage de haute chute du Rhône[6]. L’aménagement a porté ensuite dans les années1950/1960 sur la partie centrale du Bas-Rhône (chute de Donzère-Mondragon). Il s’est poursuivi dans lesannées 1970 par l’aménagement des tiers aval et amont du Bas-Rhône, puis dans lesannées 1980 par l’aménagement du Haut-Rhône[7].
À l’exception de Génissiat, il s’agit d’ouvrages de basses chutes, entièrement effaçables, associés (sauf sur Seyssel et Vaugris) à des dérivations. Le débit dérivé varie de 700 m3 s−1 sur le Haut-Rhône à 2 200 m3 s−1 sur le Bas-Rhône aval. Il est en moyenne 1,5 fois supérieur au module[6]. L’aménagement du Rhône pour la production hydroélectrique concerne ainsi la quasi-totalité du linéaire : seul le tronçon entre Sault-Brenaz et Lyon (avec l’abandon du projet de chute de Loyette) et l’aval deVallabrègues jusqu’à laCamargue ne sont pas concernés. L’impact de ces aménagements sur le transit des graviers est lié à deux grands facteurs : la perturbation du régime des pentes dans les retenues et la perturbation du régime des débits dans les tronçons court-circuités[7].
La deuxième mission concerna la navigation. La Compagnie opta pour une navigation ouverte à des convois de 5 000 tonnes et pour la création deports fluviaux liés à deszones industrielles. Une troisième mission lui fut impartie au niveau du développement agricole avec la mise en fonction de réseaux d’irrigation et de drainage[2].
Dès1981, la mise hors inondation de 50 000 hectares dans l'ensemble de la vallée donna la possibilité d'expansion de villes dans ces zones sécurisées. Ce fut le cas deBeaucaire avec la création de laZI de Domitia au sud de la ville grâce à la construction dubarrage de Vallabrègues et à l’aval dubarrage de retenue, lacentrale électrique de Beaucaire[2].
Certains espaces mis hors d'eau étaient déjà urbanisés. Depuis la mise en service des barrages de Vallabrègues et deCaderousse,Avignon a pu continuer à s'étendre sur« la totalité de la plaine de confluence de la Durance avec le Rhône ». Car cette occupation s'était déjà amorcée dans des conditions précaires s'orientant autour des axes de communication terrestres faisant fi des contraintes du Rhône et de ses risques d'inondation[2].
Mais la politique d'aménagement proposée par la Compagnie nationale du Rhône ne colle pas toujours à la réalité du terrain avec, en particulier, les travaux réalisés pour parfaire unenavigation en perte de vitesse et concurrencée par la route et le rail. Les zones industrielles tournées vers leRhône ont vu s'installer desindustriels utilisant plus les autres moyens de transport (voie ferrée, route, autoroute). Le transport fluvial est devenu accessoire comme le prouve la« zone industrielle fluviale » deTarascon dont aucune des industries n'utilise lanavigation fluviale[2].

Lecanal de Donzère-Mondragon est uncanal de dérivation duRhône de 24 km entreDonzère dans laDrôme etMondragon enVaucluse. Les travaux débutent en1947[8], le canal est ouvert et le barrage mis en route. Situé à l'est duRhône, le canal de Donzère-Mondragon permet d'améliorer lanavigation fluviale sur leRhône ; de contrôler la puissance et le débit duRhône ; d'alimenter eneau de refroidissement par circuit totalement isolé lesite nucléaire du Tricastin ; d'alimenter lebarrage hydroélectrique de Donzère-Mondragon deBollène, nommée « usine André Blondel". Cette usine est jumelée à l'écluse la plus haute de France : 23 mètres. Comme presque l'ensemble des écluses du Rhône à l'aval de Lyon, elle est au gabarit européen de 11,40 m × 190 m. Le canal de Donzère-Mondragon est aussi le plus longcanal de dérivation duRhône[9].


Emmanuelle Delahaye considère que« Actuellement se produit un redéploiement urbain en direction du fleuve qui lui attribue de nouvelles valeurs et fonctions : une valeur paysagère, des valeurs patrimoniales (historiques et écologiques), une valeur culturelle, une fonction récréative. La CNR a aménagé des pôles de loisirs et de découverte qui répondent en partie à cette demande urbaine en offrant des sites récréatifs en bord de fleuve »[2].
Le fleuve n'est plus considéré comme un moyen de transport privilégié, mais voit se développer d'autres atouts[2]. Le tourisme fluvial et son développement entre Avignon et Lyon s'est réalisé au cours desannées 2000. Les trois premiers bâtiments de croisières de1994 sont passés à dix-huit. Pour l'aspect ludique, c'est la fête du Rhône, qui se déroule tous les ans au mois de juin avec au programme joutes nautiques et démonstration de sports nautiques[10].
La Ferme aux crocodiles est unparc zoologique privé de 8 000 m2 situé sur la commune dePierrelatte. Ce site unique enEurope permet de faire évoluer les espèces dans unclimat tropical au sein d'uneserre, chauffée grâce à l'eau chaude duRhône rejetée par lacentrale nucléaire du Tricastin. On peut y observer plus de 350 spécimens deCrocodiliens, c'est-à-dire des spécimens de plusieurs espèces de crocodiles et d'espèces proches, ainsi que destortues. Cette ferme, qui a été inaugurée en juillet1994, outre l'aspect touristique, pratique l'élevage des crocodiles à des fins reproductrices (pour différents zoos) ou scientifiques. Elle abrite, en plus de la faune, une flore tropicale particulière (plantes carnivores, fougères tropicales,orchidées, etc.)[11].

Leparc naturel régional de Camargue a été créé en1970 par des acteurs privés regroupés au sein d'un syndicat mixte de gestion. Lesmanadiers sont attachés à promouvoir la race ducheval Camargue et l'AOC duTaureau de Camargue. Lariziculture fait partie intégrante de l'agriculture camarguaise.
En2004, le parc a été institutionnalisé. À la suite d'un recours administratif auprès du Conseil d'État, le, il fait l'objet de la loino 2007-1773 du prolongeant la durée de validité du classement du parc naturel régional jusqu'au[12].

En France, les affluents majeurs (plus de 100 m3 s−1)[13] sont laSaône[14], l'Isère[15], laDurance[16] et l'Ain[17].
Parmi les autres affluents (moins de 100 m3 s−1), notons laDranse, l'Arve, l'Annaz, lesUsses, laValserine, leFier, leSéran, leGuiers, leFurans, laBourbre, l'Yzeron, leGaron, leGier, laGère, laVarèze, leDolon, lesCollières, laCance, l'Ay, laGalaure, leDoux, laVéore, l'Eyrieux, laDrôme, l'Ouvèze, laPayre, leRoubion, l'Escoutay, laBerre, l'Ardèche, leLez, laCèze, l'Eygues, l'Ouvèze et leGardon[13],[18].
L'Arve naît en Haute-Savoie en France, mais rejoint le Rhône dans le canton de Genève en Suisse[13].
LePont de Constantin àArles était situé sur lavoie Aurélienne et se continuait versFourques par un second ouvrage qui franchissait le Petit-Rhône En 1762, le lit du Petit-Rhône étant presque à sec, on vit à nu les fondations de cette œuvre antique[19]. Aujourd’hui, seules subsistent les ruines de Trinquetaille qui sont propriété de l'État et desVoies navigables de France. Elles sont classées commeMonument historique (1920)[20] et figurent sur la liste dupatrimoine mondial de l'Unesco (1981).
À la suite du passage deMaximien Hercule, qui allait combattre lesBagaudes, paysans gaulois révoltés, un premier pont en bois est construit sur le Rhône et unitAvignon à la rive droite. Il a été daté pardendrochronologie de l'an290 à la suite des fouilles faites sous le pont d'Avignon reposant sur ces assises romaines. L'étude des piles élevées sur elles ont confirmé qu'elles soutenaient un tablier de bois comme à Arles[21].
Le pont romain deVienne fut détruit, par une crue du Rhône, le[22].Des fouilles subaquatiques entreprises en2011, non loin du pont de Lattre de Tassigny, doivent permettre de retrouver les vestiges de cet édifice daté duIIe siècle. Ceux-ci ont été aperçus, en1938, il s'agissait de pilotis en bois comme à Arles et Avignon[23].

La légende raconte que Petit Benoît, connu sous le nom deBénézet, berger àBurzet, dans leVivarais, né en1165, alors âgé de 12 ans, reçut l'ordre divin d'aller construire un pont à Avignon. Il commença sa construction en1177. L'ouvrage fut achevé en1185 et enjambait alors leRhône sur 915 mètres. Il comportait à l'origine 22 arches, il n'en reste que quatre. À l'origine, seules les piles étaient en pierre et le tablier était alors en bois. Le pont fut reconstruit en maçonnerie entre1234 et1237[24].
La possible intervention de Bénézet pour l'édification du pont de bois de la Guillotière, est prise en compte par des historiens commeSylvain Gagnière et Élisabeth Magnetti, conservatrice duMusée du Petit Palais d'Avignon, qui expliquent« En dépit des opinions contraires, il n'est pas impossible historiquement que Bénézet ait donné l'impulsion de la construction en accord avec le frère Étienne »[25].
Le pont de bois s'étant écroulé sous le passage des croisés dePhilippe le Bel et deRichard Cœur de Lion, en1190, il dut être reconstruit en pierre, en1244[25]. Alors que ce pont était en pleine construction, le, dans lecouvent de Saint-Just à Lyon, s'ouvrit leXIIIe concile œcuménique présidé parInnocent IV[26].Ce fut au cours de celui-ci que les frères de l'Œuvre du Pont de cette cité rédigèrent une lettre affirmant que Bénézet avait été le fondateur de leur premier pont[25].

La construction d'un passage entreSaint-Saturnin-du-Port etLamotte fut voulue par le frère deLouis IX, le comte de Poitiers et de ToulouseAlphonse de Poitiers[27] ; elle commença en1265 pour s’achever en1309[28]. C'est le plus vieux de tous les ponts sur leRhône encore en activité. Il a longtemps constitué un point de passage obligé sur le fleuve entre laProvence et leLanguedoc. Il est composé de 26 arches, dont 19 grandes et 7 petites. Sur chaque arche, il existe une arcade de dégagement identique à celle duPont Julien, ouverte pour mieux faire évacuer les hautes eaux au moment des crues[29].
D’aprèsViollet-le-Duc, son maître d'œuvre fut Jean de Tensanges[30] ou de Thianges[31]. La tradition veut que celui-ci, prieur des bénédictins deSaint-Saturnin-du-Port se soit d'abord refusé à cette construction puis qu'il céda, inspiré par l'Esprit Saint et posa lui-même la première pierre[29].

Le Rhône fut toujours un handicap pour les échanges est-ouest, jouant le rôle d'une frontière entre sa rive gauche et sa rive droite. Au cours duMoyen Âge, en l'absence de pont, il fallut organiser, réglementer, contrôler, tarifer la traversée du fleuve sur le lieu le plus favorable. Ce fut là que se sont développées des agglomérations, favorisant hébergement et négoce. Les bacs traversiers assuraient leur service du lever au coucher du soleil. Chaqueembarcadère portait le nom de port[32].
Cesbacs, pour fonctionner, utilisaient la traille, un câble, tendu de part et d'autre du fleuve, maintenu en hauteur par des pylônes appelés cabres. Le bateau était relié par un autre câble, le traillon, et un système de poulies pouvant se déplacer sur la traille permettait le déplacement[32].
Le simple fait d’incliner le bac dans le sens du courant permettait de le faire avancer perpendiculairement à celui-ci, et de lui faire traverser le fleuve à la vitesse choisie par le passeur ou pontonnier, au moyen d'une grosse rame qui lui permettait d'opter pour un angle entre la traille et le courant[33]. Ce type de bateau à fond plat autorise le transport des piétons, des cavaliers et des véhicules à roues[32].
« L'un des plus anciens bacs dont l'histoire nous est connue est celui qui reliait Valence, ville épiscopale, rive gauche sous la dépendance du Saint Empire Germanique, à Saint-Péray en Vivarais, comté de Crussol qui, sous la dépendance de Toulouse lors de la création du bac en 1160, deviendra dépendance du royaume de France en 1270, sous le règne de Philippe III le Hardi »[34].


À Avignon, entre1680, date de l'abandon dupont Saint-Bénézet pour passer enLanguedoc, et1819, date de la mise en service du pont de bois, ce fut le seul bac à traille qui reliait les deux rives du fleuve[35]. En dépit de la construction du pont suspendu à Avignon, puis du pont Édouard Daladier, une liaison avec l'île de la Barthelasse continua à se faire avec un bac à traille jusqu'en1973. Elle fut abandonnée à la suite des travaux d'aménagement du Rhône par laCompagnie nationale du Rhône, le bras vif ayant été détourné versVilleneuve-lès-Avignon, il n’y eut plus assez de courant pour le faire fonctionner[36].


Deux passages sur le Rhône par bacs sont toujours en activité enCamargue. Il s'agit du bac de Barcarin et du bac du Sauvage. Le premier franchit le Grand Rhône àSalin-de-Giraud. La traversée de 430 mètres est assurée par deux bacsamphidromes, le Barcarin 3 et le Barcarin 4 (et le projet, souvent évoqué, d'un pont pour remplacer ce bac n'est toujours pas d'actualité[37]). Le second est en service sur le Petit Rhône près desSaintes-Maries-de-la-Mer. Au Sauvage, la traversée de 230 mètres est faite par un bac à traille assisté par des roues à aubes[38].

Entre Beaucaire et Tarascon, un pont de bois fut mis en service, sans doute, au cours duXIIIe siècle. Lui succéda, en1674, un pont de barques édifié en forme de baïonnette. Il resta en fonction jusqu'en1829, date à laquelle il fut remplacé par un pont suspendu, dont la construction avait débuté en décembre1826[39].
Le pont de barques fut transporté en amont sur le fleuve, où il servit à faire communiquerVilleneuve-lès-Avignon et l'île de la Barthelasse[39].


Dès1791, date de la réunion d'Avignon à la France, se posa le problème de la liaison entre les deux rives du Rhône. La solution d'un pont de bois dità chevalet fut retenue. Les travaux débutèrent en1806 et furent terminés en1820[40].
Cet ouvrage était structuré en plusieurs parties. La première franchissait le petit Rhône d'Avignon jusqu'à l'île de Barthelasse. Ce pont large de 7,40 mètres et long de 224,85 mètres, était subdivisé en quinze travées. Sur l'île fut construite une chaussée de 226 mètres. La troisième partie traversait le grand Rhône. Long de 438,48 mètres, ce pont reposait sur trente travées. L'impétuosité du fleuve le fragilisa rapidement. Plusieurs chevalets furent emportés en1820 et1821[40].
De plus, ces chevalets représentaient des obstacles à la navigation et les mariniers du Rhône souhaitaient la construction d'un pont suspendu. La ville d'Avignon s'y opposa, mais en1838 le projet fut adopté. Celui-ci fut édifié en1845 mais uniquement sur la rive gauche. Du côté Gard, le pont de bois resta en service jusque dans lesannées 1900. Il ne fut remplacé qu'en1910 par un pont en maçonnerie[40].
EnFrance, la technologie dupont suspendu est connue au travers les réalisations britanniques relatées dans la presse. Une mission d'étude desPonts et Chaussées est menée en1821, sans aboutir[41]. Le territoire contient un des fleuves les plus difficilement franchissables à l'époque, leRhône. Les ponts sont très peu nombreux, quatre, dont un rompu, lepont d'Avignon entre Lyon et le delta[42]. En effet, le fleuve est large, très puissant, et ne connaît pas de baisse notable de son flux puisque recueillant les eaux de la fonte des neiges. Sans saison « sèche », il est donc impossible d'édifier des piles selon la méthode éprouvée[43].
Une compagnie d'Annonay, dirigée parMarc Seguin, proposa un projet innovant en1822 pour la construction du pont suspendu de Tournon. Elle se disait capable de remplacer les chaînes utilisées par les Britanniques, par des faisceaux de fils de fer destinés à soutenir le tablier. C'était la naissance du câble. Après plusieurs essais, un refus des Ponts et Chaussées, ce projet fut finalement accepté. À l'innovation des câbles s'ajouta l'utilisation debéton hydraulique pour les fondations, dubéton armé (vingt-cinq ans avant que soient déposés les premiers brevets) pour lessuperstructures, et des structures de renforcement rigidifiaient le tablier en bois. Le pont suspendu venait d'acquérir sa structure moderne[41].
En un siècle et demi, ce furent dix-neuf de ces ouvrages qui relièrent les deux berges du fleuve, dont certains sont toujours en service. Il s'agit du premier pont de Tournon1825[44], du pont d'Andance1827[45], du pont de Beaucaire1829[39], de la passerelle de Vienne1829[46], du pont de Fourques1830[47], du pont de Bourg-Saint-Andéol1830[48], du pont de Valence aux Granges1830[49], du pont de Chasse à Givors1837[50], du pont suspendu de Seyssel1838[51], du pont du Teil1839[52], du pont suspendu d'Avignon1845[40], de la passerelle du Collège à Lyon1845[53], du premier pont suspendu Saint-Clair à Lyon1846[54], dupont du Robinet à Donzère1847[55], de la passerelle M. Seguin à Tournon1849[56], du pont de Rochemaure1858[57], du pont suspendu de La Voulte-sur-Rhône1889[58], du nouveau pont suspendu de Sablons1951[59], et du pont suspendu deVernaison inauguré le[60].


Outre les ponts emportés par des crues décennales du Rhône comme celui de Vienne le ou celui reliantCondrieu auxRoches-de-Condrieu dans lesannées 1930, et qui fut remis en service le, ce fut laSeconde Guerre mondiale qui leur fut fatale avec 50 ouvrages détruits. Celui de Condrieu fut dynamité le, sur ordre des généraux Hartung, gouverneur militaire de Lyon, etRené Olry par une équipe du4e génie. Cet ordre, motivé par aucune raison militaire, se fit en dépit des protestations de Pierre Marchand, maire des Roches-de-Condrieu, qui avait invoqué la demande d'armistice qui fut signé quatre jours plus tard[61].
L’autoroute française A7 (aussi appelée 'autoroute du Soleil') est uneautoroute longue de 312 km[62] qui prolonge l'autoroute A6 au niveau deLyon et qui va jusqu’àMarseille. Elle fait partie des routes européennesE15 (de Lyon àOrange),E80 (deSalon-de-Provence àCoudoux, échangeur A7/A8) etE714 (d’Orange à Marseille). Elle est gérée principalement par la sociétéAutoroutes du Sud de la France (ASF).Radio Trafic FM (107.7 FM) fonctionne sur l'A7 secteur ASF. L'A7 fait partie sur le réseau ASF de la « zone EST ». Cette autoroute est très chargée tout au long de l'année. L'axe de la vallée du Rhône voit transiter un important trafic de poids-lourds entre le Nord de laFrance, leBenelux, l'Allemagne et le pourtour méditerranéen (Languedoc, Marseille,Espagne etAfrique du Nord). De plus, la circulation est aussi générée par un trafic local desservant tout le chapelet des villes de la vallée du Rhône (Lyon,Vienne,Valence, Orange,Avignon, etc) et les axes latéraux (Saint-Étienne,Grenoble,Aix-en-Provence, etc.).
Pendant les périodes de vacances, le trafic déjà chargé, devient très rapidement saturé, notamment en direction du Sud en début de congés, vers le nord en fin de congés. Le dernier week-end de juillet et le premier week-end d'août sont particulièrement chargés dans les deux sens - les embouteillages pouvant parfois s'étendre sur des centaines de kilomètres - lors de ce qu'on nomme lechassé-croisé entre lesjuillettistes qui terminent leurs vacances et ceux ditsaoûtiens qui les commencent.
Depuis2004, année d'expérimentation sur le tronçon le plus chargé (Vienne-Orange), unerégulation dynamique des vitesses a été mise en place : les jours de fort trafic, la vitesse maximale autorisée est ramenée à 110 voir90 km/h sur certains tronçons, afin, en uniformisant les vitesses des véhicules, de fluidifier la circulation.

Laroute nationale 7, ou RN 7, ou encore N 7, parfois également appelée la « route Bleue » ou encore la « route des vacances » (bien que le trajet diffère entreRoanne etValence), était la plus longue desroutes nationales de France avec 996 km. Avant son déclassement partiel, elle reliaitParis àMenton via l'ouest de laBourgogne, le nord de l'Auvergne, la vallée du Rhône, lemassif de l'Esterel et laCôte d'Azur[63].
La RN 7 franchit leRhône au niveau de lagare de Lyon-Perrache et se dirige versVienne. Elle suit la rive gauche du Rhône et passe parValence,Montélimar,Orange etAvignon. Du fait de la présence de l'autoroute A7, la nationale ne comporte pratiquement pas de secteur à 2×2 voies et de contournement d'agglomération au sud deLyon. ÀValence se situe une récente et substantielle modification de tracé. Alors que l'itinéraire de la route était plus ou moins coincé entre le Rhône, l'autoroute et la ville, l'ouverture d'une section de rocade à 2×2 voies au nord de la ville (entre laRN 532 et la RN 7) a permis d'intégrer à la route l'intégralité de cette rocade. Au troisième trimestre 2007, ont commencé les travaux pour la déviation de la nationale 7 à l'ouest d'Orange. Elle a été ouverte en2009 et la route est une 2×2 voies. À partir d’Avignon, le paysage change : on abandonne la vallée du Rhône pour se diriger versAix-en-Provence[63].
Laroute nationale 86, ouRN 86, était uneroute nationale reliantLyon àNîmes. Elle est transférée en quasi-intégralité aux départements par la réforme de 2005. La RN 86 change de nom àCondrieu, àTupin et àAmpuis, elle se nomme dorénavantRD 386. La même chose intervient dans le département duGard où elle s'appelle désormais laRD 6086 (entre Nîmes et Bagnols-sur-Cèze seulement). Dans le département de l'Ardèche, elle a été renumérotéeRD 86, et dans le département de laLoire, elle porte le numéro deRD 1086. La seule section subsistante est la section dePont-Saint-Esprit àBagnols-sur-Cèze. D'ailleurs, elle reprend le tracé de laRD 994 dePont-Saint-Esprit àBollène pour se raccorder sur laRN 7 puis sur l'A7. Elle assure la desserte de l'ensemble de la vallée du Rhône en traversant l'Ardèche ; la desserte du département du Gard se fait en revanche à l'écart de cet axe fluvial, au milieu de lagarrigue et des contrées viticoles. Elle constitue une alternative à laroute nationale 7 souvent encombrée en été, qui dessert laDrôme[64].
Le sillon rhodanen est historiquement desservi par deux lignes ferroviaires :

Depuis 2001, laLGV Méditerranée,ligne nouvelle 5 (LN5),ligne à grande vitesse de 250 km, prolonge laLGV Rhône-Alpes deSaint-Marcel-lès-Valence àMarseille. Elle relieLyon et le nord de laFrance aux régionsProvence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) etLanguedoc-Roussillon. En mettant Marseille à trois heures deParis (pour une distance de 750 km) etNîmes à deux heures cinquante-deux minutes, la mise en service de cette ligne a inversé les parts de marché respectives de l'avion et du train, ce dernier assurant désormais les deux tiers des déplacements.

La LGV Méditerranée a été conçue pour une vitesse nominale (potentielle) de350 km/h. Cette vitesse est permise, entre autres, par l'entraxe des voies qui atteint 4,50 m au lieu de 4,20 m sur les LGV Sud-Est et Atlantique. Elle est exploitée en service commercial depuis 2001 par des TGV à la vitesse maximum de300 km/h. Toutefois, dans le cadre de la mise au point duTGV Est, une zone est autorisée à320 km/h comme base d'essais entre Avignon et Aix-en-Provence TGV, sur 41 km en sens impair voie 1, et 33 km en sens pair, voie 2[65].
Les LGVSud-Est etRhône-Alpes permettent de relierParis àValence TGV en2 h 10. L'emprunt de laLigne de Paris-Lyon à Marseille-Saint-Charles au sud de Valence TGV permet d'assurer des relations de Paris àValence-Ville en2 h 30,Montélimar en2 h 50,Orange en3 h 15 etAvignon-Centre en3 h 30.
En empruntant la LGV Méditerranée, les TGV permettent de relier Paris àAvignon TGV en2 h 40,Aix-en-Provence TGV en2 h 45 etMarseille en3 h 0. Le parcours Avignon TGV - Aix TGV nécessite 20 min, et 30 min d'Avignon TGV à Marseille.
La LGV Méditerranée comporte trois gares nouvelles :
La vallée du Rhône compte 48 aéroports, aérodromes, héliports ou altiports. (Source :Service de l'information aéronautique - Air Information Publication France partie AD 1 et 3)[66],[67].
On y trouve tous types d'activité et de catégories d'aérodromes.
Desaéroports internationaux à traficlong-courriers intercontinentaux:Aéroport Lyon-Saint-Exupéry etAéroport de Marseille Provence.
Des aéroports internationaux à trafic européen etmoyens-courriers :Aéroport International de Grenoble-Isère,Aéroport de Valence-Chabeuil,Aéroport d'Avignon-Provence etAéroport de Nîmes - Garons.
Des aérodromes à trafic commercial national ou privé national et international :Aéroport de Lyon-Bron,Aéroport de Saint-Étienne - Bouthéon,Aérodrome d'Aubenas Ardèche méridionale,Aéroport d'Aix Les Milles,Héliport d'Aubagne - Agora.
On trouve également des aérodromes militaires :Aéroport d'Istres - Le Tubé,Base aérienne de Salon-de-Provence,Base aérienne d'Orange Caritat etBase Aérienne de Saint-Christol.
On dénombre aussi beaucoup de terrains ouvert à la CAP ou à usage restreint pour la pratique de toutes les activités aériennes comme le parachutisme, l'aéromodélisme, les vols d'école avions, planeurs et hélicoptères, les vols de voyages, la voltige. Les aérodromes ouverts à la CAP :Aérodrome de Lyon - Corbas,Aérodrome de Villefranche - Tarare,Aérodrome de Feurs - Chambéon,Aérodrome de Saint-Chamond - L'Horme,Aérodrome de Langogne - Lespéron,Aérodrome de Grenoble - Le Versoud,Aérodrome de Morestel,Aérodrome de Romans - Saint-Paul,Aérodrome de Pierrelatte,Aérodrome de Saint-Rambert-d'Albon,Aérodrome de Vienne Reventin,Aéroport de Montélimar - Ancône,Aérodrome d'Alès Cévennes,Aérodrome de Nîmes Courbessac,Aérodrome de Salon - Eyguières,Aérodrome de Carpentras,Aérodrome de Pont-Saint-Esprit,Aérodrome de Valréas - Visan. Les aérodromes à usage restreint:Aérodrome de Belleville - Villié-Morgon,Aérodrome de Lyon - Brindas,Saint-Galmier,Aérodrome de La Tour-du-Pin - Cessieu,Altiport de l'Alpe d'Huez,Aérodrome de Saint-Jean-d'Avelanne,Aérodrome de Ruoms,Aérodrome d'Aubenasson,Altiport de La Motte-Chalancon,Aérodrome de Saint-Jean-en-Royans,Aérodrome d'Avignon - Pujaut,Aérodrome de La Grand'Combe,Aérodrome d'Uzès,Aérodrome de Berre - La Fare etAérodrome du Mazet de Romanin.
La vallée du Rhône est globalement sujet à un ensoleillement important de par la présence d'un vent violent de secteur nord qui dégage le ciel et assèche l'air de la vallée. Ce vent est nomméMistral. Le climat peut se classer dans leclimat méditerranéen dans l'ensemble de la vallée, mais avec des influences plus continentales vers le nord.
Le climat deLyon est de type semi-continental avec des influences méditerranéennes : les étés sont chauds et ensoleillés et les hivers rigoureux, la sensation de froid est renforcée par labise. ÀBron, la température moyenne annuelle a été, entre1920 et2008, de11,7 °C avec un minimum de2,8 °C en janvier et un maximum de21 °C en juillet[68]. La température minimale y a été de−24,6 °C le et la plus élevée de40,4 °C le[69]. Le 19 août 2009, la température enregistrée à Lyon Bron est39,2 °C[70]. La ville fut ce jour-là parmi les 5 villes les plus chaudes d'Europe[71].
L'ensoleillement y est de 2 006 heures par an en moyenne, soit environ 164 jours par an[72].
| Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Température minimale moyenne (°C) | −0,4 | 0,5 | 3,1 | 5,7 | 9,6 | 13 | 15,2 | 14,7 | 11,8 | 8 | 3,5 | 0,6 | 7,1 |
| Température moyenne (°C) | 2,8 | 4,3 | 7,8 | 10,8 | 14,9 | 18,5 | 21 | 20,4 | 17,2 | 12,4 | 6,9 | 3,4 | 11,7 |
| Température maximale moyenne (°C) | 5,9 | 8 | 12,5 | 15,8 | 20,2 | 24 | 26,8 | 26,1 | 22,4 | 16,8 | 10,3 | 6,2 | 16,3 |
| Record de froid (°C) | −23 | −22,5 | −10,5 | −4,4 | −3,8 | 2,3 | 6,1 | 4,6 | 0,2 | −4,5 | −9,4 | −24,6 | −24,6 |
| Record de chaleur (°C) | 17,7 | 21,9 | 25,7 | 30,1 | 34,2 | 38,2 | 39,8 | 40,4 | 35,8 | 28,4 | 23 | 20,2 | 40,4 |
| Précipitations (mm) | 51,9 | 47,1 | 56,4 | 64,8 | 81,3 | 78,4 | 63,4 | 83,1 | 86,4 | 84,4 | 80,3 | 56,6 | 834,9 |
Vienne est une ville largement ouverte du nord au sud, elle connaît le phénomène du mistral, vent du nord accéléré par effet de tuyère et de couloir entre le Massif central et les Alpes. C'est aussi une zone d'affrontement privilégiée où se trouvent canalisés l'air méditerranéen, doux et humide et l'air plus froid qui vient du nord. Ce conflit donne parfois lieu à des précipitations particulièrement intenses, orages en été et en automne, neige en hiver.
| Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Température minimale moyenne (°C) | −2,2 | 1,2 | 4 | 9,8 | 12,8 | 13,2 | 15,2 | 15,6 | 13,8 | 7,9 | 5,6 | 2,2 | 8,3 |
| Température moyenne (°C) | 3,6 | 5,6 | 9,2 | 15,1 | 18,4 | 19,1 | 19,2 | 22 | 19,1 | 13,5 | 9,4 | 5,9 | 13,3 |
| Température maximale moyenne (°C) | 9,5 | 9,5 | 15,2 | 20,7 | 24,4 | 27 | 26,4 | 26,7 | 24,4 | 20,5 | 14,5 | 10,7 | 23,6 |
| Précipitations (mm) | 35,5 | 43,8 | 44,5 | 1,8 | 23,1 | 75,1 | 60,1 | 65,8 | 42,2 | 67,6 | 73 | 96,4 | 738,9 |
Tournon-sur-Rhône bénéficie d'unclimat tempéré dont la principale caractéristique est un vent quasi permanent qui souffle et assèche l'air le long du couloir rhodanien. BaptiséMistral lorsqu'il vient du nord, il apporte beau temps et fraîcheur en été, mais une impression de froid glacial en hiver. Lorsqu'il provient du sud, il annonce généralement l'arrivée de perturbations orageuses. Il s'appelle alorsle vent du midi oule vent des fous car, pour certaines personnes, il rend l'atmosphère pénible à supporter, surtout en été.
À partir de cette latitude, l'influence duclimat méditerranéen se fait légèrement sentir. L'ensoleillement annuel est élevé (environ 2 300 heures à Valence (estimation de Météo-France). Les étés y sont chauds et secs. La température moyenne du mois de juillet est de22 °C (Montélimar23 °C). Les hivers froids sans excès s'inscrivent plutôt dans un climat de type semi-continental dégradé. La température moyenne du mois le plus froid (janvier) est ainsi de3,5 °C.
Lapluviométrie annuelle est modérée : environ 830 mm. Les pluies sont particulièrement importantes à la fin de l'été (particulièrement en septembre à cause de l'effet cévenol ouorage cévenol qui déverse des trombes d'eau).
| Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Température minimale moyenne (°C) | −1 | 0 | 2 | 4 | 9 | 13 | 16 | 16 | 12 | 8 | 3 | 1 | 8,4 |
| Température moyenne (°C) | 3,5 | 4 | 7 | 8,5 | 14,5 | 17,5 | 22 | 22 | 17,5 | 12,5 | 6,5 | 3,5 | 13,1 |
| Température maximale moyenne (°C) | 6 | 8 | 12 | 15 | 20 | 24 | 28 | 28 | 23 | 17 | 10 | 6 | 17,9 |
| Précipitations (mm) | 42,7 | 34,7 | 39,5 | 61,8 | 63,9 | 55,4 | 42,3 | 43,6 | 90,9 | 108,6 | 93,2 | 53,5 | 531,5 |
Avignon, ville située dans la zone d’influence duclimat méditerranéen, est soumise à un rythme à quatre temps : deuxsaisons sèches, dont une brève en fin d'hiver, une très longue et accentuée enété ; deux saisons pluvieuses, enautomne, avec des pluies abondantes sinon torrentielles, et auprintemps. Les étés sont chauds et secs, liés à la remontée desanticyclones subtropicaux, entrecoupés d’épisodes orageux parfois violents. Les hivers sont doux. Les précipitations sont peu fréquentes et la neige rare[73].
SelonMétéo-France, le nombre par an de jours de pluies supérieures à2,5 litres par mètre carré est de 45 et la quantité d'eau, pluie et neige confondues, est de660 litres par mètre carré. Les températures moyennes oscillent entre 0 et30 °C selon la saison. Le record de température depuis l'existence de la station de l'INRA est de40,5 °C lors de lacanicule européenne de 2003 le 5 août (et39,8 °C le) et−12,8 °C le. Les relevés météorologiques ont lieu à l'Agroparc d'Avignon.
| Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Température minimale moyenne (°C) | 2 | 3 | 6 | 8 | 12 | 15 | 18 | 18 | 14 | 11 | 6 | 3 | 9,6 |
| Température moyenne (°C) | 6 | 7,5 | 11 | 13 | 17,5 | 21 | 24 | 24 | 19,5 | 15,5 | 8,5 | 7,5 | 14,7 |
| Température maximale moyenne (°C) | 10 | 12 | 16 | 18 | 23 | 26 | 29 | 29 | 25 | 20 | 13 | 10 | 19,75 |
| Précipitations (mm) | 36,5 | 23,3 | 24,9 | 47,5 | 45,6 | 25,4 | 20,9 | 29,1 | 65,8 | 59,6 | 52,8 | 34 | 465,4 |
Arles est soumise auclimat méditerranéen avec une longue période estivale, chaude et sèche, des hivers doux, un ensoleillement important et des précipitations irrégulières. Son climat comporte des particularités liées à la situation géographique de la ville au sud du couloir rhodanien entreCévennes etAlpes du Sud. Ainsi les automnes, et dans une moindre mesure les périodes avril-début mai, sont arrosés avec des précipitations brèves, mais importantes et les hivers parfois rigoureux à cause dumistral, vent violent et froid qui donne aux paysages arlésiens leur luminosité exceptionnelle.
Les pluies méditerranéennes sont liées à des dépressions qui se forment sur le golfe deGênes ou au large desBaléares. Des vents d’est à sud-est chauds, chargés d’eau puisque traversant la Méditerranée, rencontrent l’obstacle des Cévennes, ou moins souvent, des Alpes, s’élèvent au contact de l’air froid d’altitude encumulo-nimbus parfois énormes et éclatent en orages brutaux. La localisation des pluies varie selon l’implantation respective de l’anticyclone et de la dépression et leur intensité dépend du volume de nuages créé par l’humidité des vents et bien sûr des différences de températures. Ces orages se produisent généralement en automne et peuvent provoquer des précipitations de 200 mm par jour et parfois plus. De durée de quelques heures, ils sont en souvent violents, comme ces jeudis 4 et 11 septembre 2008 où l’on a relevé plus de 50 mm en moins d’une heure ! La pluviométrie mensuelle présente également une grande variabilité. Toutefois, la hauteur annuelle des précipitations n’est que de 524 mm, une des plus faibles de France et le nombre de jours de pluie (+ 1 mm/jour) d’environ 60 jours par an. Mais cette moyenne cache une variabilité annuelle des pluies très importante : ainsi les chiffres vont de 344 mm en 1945 à 1 063 mm en 1960, soit des variations de plus de 200 %. Les statistiques révèlent aussi que les périodes sèches ou très sèches peuvent s’étendre sur deux ou trois ans, comme entre 1945 et 1947[74].
Au niveau des extrêmes :


Le vent principal est lemistral, dont la vitesse peut aller au-delà des110 km/h. Il souffle entre 120 et 160 jours par an, avec une vitesse de90 km/h par rafale en moyenne[76]. Le tableau suivant indique les différentes vitesses du mistral enregistrées par les stations d'Orange et Carpentras-Serres dans le sud de la vallée du Rhône et sa fréquence au cours de l'année 2006. La normale correspond à la moyenne des 53 dernières années pour les relevés météorologiques d'Orange et à celle des 42 dernières pour Carpentras[77].
Légende : « = » :idem à la normale ; « + » : supérieur à la normale ; « - » : inférieur à la normale.
| Jan. | Fev. | Mar. | Avr. | mai. | Jui. | Juil. | Aoû. | Sept. | Oct. | Nov. | Dec. | |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Vitesse maximale relevée sur le mois | 96 km/h | 97 km/h | 112 km/h | 97 km/h | 94 km/h | 100 km/h | 90 km/h | 90 km/h | 90 km/h | 87 km/h | 91 km/h | 118 km/h |
| Tendance : jours avec une vitesse >16 m/s (58 km/h) | -- | +++ | --- | ++++ | ++++ | = | = | ++++ | + | --- | = | ++ |

Unépisode méditerranéen est un terme demétéorologie qui désigne un phénomène produisant de très fortes pluies sur les reliefs du pourtourméditerranéen. Des flux d'air chaud, chargé d'humidité et remontant de la Méditerranée, provoquent de violents orages principalement sur les reliefs exposés au sud. Ils se produisent le plus souvent en automne, période où la mer Méditerranée est la plus chaude. Les exemples les plus récents sont l'inondation deNîmes en 1988, les inondations qui ont frappé la vallée de l'Ouvèze et plus particulièrement la région deVaison-la-Romaine enseptembre 1992, les fortes pluies sur les départements duGard et deVaucluse en septembre 2010[78].

Unorage cévenol constitue un cas particulier de l'épisode méditerranéen. Il désigne un type particulier depluie qui affecte principalement lesCévennes et le piémont cévenol. Les principaux départements affectés par ces pluies sont ceux ayant une partie de leur territoire dans les Cévennes : l'Ardèche, leGard. Ces épisodes violents provoquent souvent de gravesinondations. Ces orages violents se caractérisent par l'accumulation de masses nuageuses en provenance dugolfe du Lion, provoquant dans un premier temps des pluies sur les massifs qui finissent par s'étaler en général jusqu'en plaine. Un épisode cévenol se déroule normalement sur plusieurs jours et donne en moyenne des quantités d'eau comprises entre 200 et 400 mm plus rarement jusqu'à 600 ou 700 mm au cours d'épisodes vraiment intenses[79].
La végétation des eaux courantes et des rives du Rhône genevois fait l'objet de relevés réguliers : 1989, 2003, 2010[80]. Ses résultats ont mis en évidence que le lit du fleuve et ses rives abritent 67 espèces dont 72 % d'hydrophytes (herbiers) et 28 % d'hélophytes (roselières). Seules 22 espèces sur les 67 se développent en quantité non négligeable, 18 espèces sont menacées. Les roselières ont progressé de 28 % en 7 ans et les herbiers de 44 % durant la même période. Pour la totalité de la végétation aquatique du Rhône, la progression a été de 88 %[81].
Si en Suisse l'étude est menée sur 27 km pour une surface de 23,6 ha, en France, elle concerne une superficie plus grande puisque c'est sur l'ensemble du bassin du bassin Rhône-Méditerranée qu'elle est menée ce qui inclut dans un vaste delta la Saône, les affluents rhodaniens et les fleuves côtiers méditerranéens[82]. Pour le Rhône, il reste assuré que l'évolution de sa flore a été influencée par l'homme, de façon directe et indirecte. En l’espace d’un siècle environ, le cours d’eau est passé d’un« style géomorphologique tressé à une succession de biefs aménagés ». Actuellement, les biologistes, entre Lyon et la Camargue, ont recensé 2 445 espèces végétales dont 395 hydrophytes (16,16 %) et 2 050 plantes hélophytes (83,84 %). Si dans une optique écolo-politique la place accordée à la nature s’accroît progressivement, l'avenir des milieux naturels rhodaniens demeure encore incertain. Toutefois, les initiatives de l'État et des associations laissent espérer une protection et une restauration efficace de ces milieux[83]. Optimisme qui doit être tempéré dans une zone extrêmement sensible où l'inversion de la flore reste quelquefois inexpliquée ou inexplicable[84] et où les conflits de compétence sont toujours monnaie courante[85]

LeMassif du Vercors propose une très riche variété de fleurs avec plus de 1800 espèces végétales. Entre 200 m au fond du Royans et 2 341 m d'altitude au sommet duGrand Veymont, les étages de végétation suivants sont représentés :
On compte dans le massif 80 espèces végétales protégées, dusabot de Vénus dans les milieux forestiers à lacampanule des Alpes dans les éboulis, en passant par laprimevèreoreille d'ours dans les falaises ou lestulipes sauvages dans les pelouses subalpines[86].
Lemont Ventoux présente uneflore d'une diversité rare : grâce à la configuration du massif, à ses versants très différents et à son histoire humaine, on rencontre uneflore méditerranéenne, unemédioeuropéenne, des espèces alpines, des forêts demélèzes, desapins ou decèdres. Au sommet, zone d'éboulisthermoclastiques, soumise à un climat extrême, on trouve même des espèces observées en régionarctique[87], telles que lasaxifrage du Spitzberg et lepetit pavot velu du Groenland. Nombreuses sont les espèces protégées ; certaines, très rares, ne se rencontrent que sur le Ventoux. Alors pour préserver l'environnement, la cueillette des végétaux, même non protégés, est déconseillée.
Les flancs du mont Ventoux sont couverts de plantes méditerranéennes comme lechêne vert, mais aussi decèdres de l'Atlas, depins et de quelques cultures d'oliviers ou encore delavande sur les piémonts[87].
Le mont Ventoux se distingue par un profil topographique très asymétrique. Le versant sud (adret) est en pente douce, ouvert sur la plaine ducomtat Venaissin, bien exposé au soleil et la végétation y est méditerranéenne presque jusqu'au sommet. Parmi les végétations dominantes, on trouve[88] despins d'Alep entre 300 et 430 mètres d'altitude, puis deschênes verts entre 480 et 540 mètres ; de lagarrigue aux herbes aromatiques comme le thym et lalavande vraie jusqu'à 1 150 mètres d'altitude ; ensuite, deshêtres de 1 130 à 1 660 mètres et despins à crochets (sous-espèce de pins de montagnes) entre 1 480 et 1 650 mètres d'altitude. Enfin, le secteur alpin au-dessus de 1 810 mètres d'altitude[87].
Le versant Nord (ubac) est moins ensoleillé. Ses pentes sont abruptes, faites d'éboulis et de falaises majestueuses et sa flore y est médioeuropéenne et non plus méditerranéenne. Parmi les végétations dominantes du versant nord[88], on trouve deschênes verts jusqu'à 620 mètres d'altitude puis desnoyers de 620 à 800 mètres. De la garrigue aux herbes aromatiques comme lethym et lalavande vraie entre 800 et 910 mètres d'altitude. Ensuite, deshêtres de 910 à 1 380 mètres et des pins à crochets (sous-espèce de pins de montagne) jusqu'à 1 720 mètres d'altitude. Enfin, le secteur alpin au-dessus de 1 720 mètres d'altitude[87].
La partie sommitale du mont Ventoux est couverte d'ébouliscalcaires, ce qui peut faire penser vu de loin qu'il y a de la neige à son sommet toute l'année. Au milieu de cet apparent désert de pierres se cache une grande variété d'espèces végétales d'affinités alpines, dont certaines sont extrêmement rares, voireendémiques. Cette présence est très originale au cœur de la région méditerranéenne. Le pavot du Groenland (Papaver aurantiacum ouPapaver rhaeticum) ou lelys martagon, présents dans les éboulis sommitaux, pourraient en être les emblèmes[a 1].


Sur les versants est duMassif central, les sapins et hêtres sont limités auxubacs et c’est lepin sylvestre qui s’impose enMargeride, dans leVelay, sur lesCausses ou dans les bassins intérieurs, tandis que les plantes à affinités méridionales garnissent les secteurs abrités, la « vraie » flore méditerranéenne (chênes verts,oliviers) colonisant l’étroit liserécévenol dominé par une châtaigneraie bien dégradée. Historiquement, leslandes àgenêts,fougères etbruyères étaient étendues, enserrant partout les terroirs cultivés. Elles subsistent, mêlées à des ligneux bas, dans une grande diagonale qui court dumont Lozère à la Montagne limousine. Mais, depuis la fin duXIXe siècle, ce sont surtout les boisements spontanés ou l’enrésinement (épicéas,mélèzes,sapins de Douglas,pins noirs) qui l’emportent (mont Aigoual, Margeride,monts Dôme,Livradois-Forez,plateau de Millevaches)[89].
Dans le sud dumassif central et particulièrement dans lesCévennes, les spécificités dues à la nature du sol et du climat induisent une flore particulière avec un fort taux d'endémisme[90].
La hêtraie est présente, même sur les versants sud, car ceux-ci sont exposés aux pluies venant de Méditerranée (mont Aigoual en particulier). Quant aux plantes strictement endémiques des Cévennes, on trouve lapotentille des Cévennes (Potentilla caulescens cebennensis), lasabline hérissée (Arenaria hispida), lagentiane de Coste (Gentiana clusii costei), une sous-espèce de l'aster des Alpes poussant en altitude (Aster alpinus cebennensis), uneorchidée, l'arabette des Cévennes (Cardaminopsis cebennensis, également présente dans l'Aubrac mais pas plus au nord)[90].

LaCamargue a été formée par le delta duRhône. Sa végétation est dominée par le sel, imprégnant la terre et l'eau. Les plantes halophiles (friandes de sel) sont dominantes, telles que lalavande de mer (appelée saladelle) et lasalicorne ; elles passent du vert au printemps, au gris à l'été et au rouge à l'hiver. D'autre part, dans la flore, luxuriante, on dénombre le chardon bleu, letamaris, lamarguerite et le zinérium sauvage, legenévrier de Phénicie et lenarcisse et l'asphodèle auprintemps.

L'homme a été l'artisan principal des changements qualitatif et quantitatif le long des rives du Rhône depuis leXIXe siècle. À partir desannées 1950, son aménagement pour la navigation et la production hydroélectrique a remanié laripisylve en de nombreuses niches écologiques[91]. Actuellement, le fleuve se compose de canaux de dérivation et devieux Rhône au débit diminué (de 1 à 10 % du débit moyen). Le résultat est une modification de la faune (petits mammifères et oiseaux). Parmi les zones favorables à leur reproduction ou leur nidification on compte, outre les confluents, les îles, îlots et bancs de sable et gravier qui ponctuellement parsèment le lit du Rhône. Sont particulièrement remarquables l'île de la Table Ronde, l'île du Beurre, l'île de la Platrière, la confluence Rhône / Drôme et l'île de la Barthelasse qui offrent des milieux aquatiques variés[92].
L'île de la Table ronde, au sud deLyon, dont la ripisylve constituée desaules,peupliers,frênes etormes accueille lehéron bihoreau, lefaucon hobereau, lecastor qui y a été réintroduit, et abrite deuxorchidées l'epipactis du Rhône et l'epipactis du castor[93]. Au sud deVienne, à la hauteur deCondrieu, l'île du Beurre a été repeuplée par lecastor et leragondin, et abrite lehéron cendré ainsi qu'une une orchidée, l'epipactis fibri[94].
Au sud deRoussillon, versSablons, dans la réserve naturelle de l'île de la Platière plusieurs milliers d'oiseaux d'eau migrateurs font étape :canards,sarcelles,grèbes etcormorans[95]. Il est à souligner que laripisylve du Rhône joue le rôle d'un corridor qui facilite les migrations de nombreuses espèces avicoles. Cette percée Nord / Sud est empruntée deux fois par an par un nombre considérable depassereaux dont lepouillot véloce, lepouillot de Bonelli, legobe-mouche noir ou lepinson des arbres[96]. Au confluent de laDrôme, on note la présence de laloutre, tandis que plusieurs centaines de grandscormorans hivernent en ce lieu[97].

L'île de la Barthelasse, la plus grande du Rhône, accueille des oiseaux nicheurs :éperviers,milans noirs,busards cendrés etpoules d’eau. Sa ripisylve est le lieu privilégié desfauvettes,grives et deshérons. Sur leslônes cohabitent différentes espèces telles que lehéron cendré, lehéron pourpré, lecanard colvert, lecanard plongeur, lecormoran et lebalbuzard pêcheur. On y rencontre deslapins de Floride, introduits par leschasseurs, et desragondins, échappés d'un élevage. Durant la période hivernale, les bras morts sont le refuge auxcanards,grèbes,cormorans,mouettes etgoélands. Les mammifères sont également très nombreux :hérissons,taupes,musaraignes,putois,renards,blaireaux,fouines,belettes,écureuils,loirs,campagnols etcastors[98].
Le castor, qui avait failli disparaître à la fin duXIXe siècle, vit sa chasse interdite à partir de1906. Son dernier noyau se trouvait dans la basse vallée du Rhône, entreArles etPont-Saint-Esprit. L'espèce protégée recolonisa petit à petit le fleuve et ses affluents[99]. Les deux seules contraintes à son expansion sont l'absence de sa nourriture de prédilection, les feuilles et les écorces desaules et depeupliers, ainsi qu'une pente supérieure à 1 % sur le cours d'eau. Depuis Pont-Saint-Esprit, le castor se trouve maintenant en colonies importantes jusqu'à la confluence du Rhône avec laGalaure et commence à remonter vers laVarèze[100].
Lestanches, lesbrochets, lesablettes, lescarpes, lesanguilles[101], lessandres, leschevesnes, lesbarbeaux et lessilures sont les espèces les plus représentées dans leRhône[102].
Ce fut en2007, qu'une série d'arrêtés préfectoraux interdirent toute consommation de ces poissons dans les départements du Rhône, de l'Ain, de la Drôme, de l'Ardèche, de Vaucluse, du Gard et des Bouches-du-Rhône. Depuis Lyon jusqu'à la Méditerranée, le Rhône était pollué, à un point tel que l'organisation pour la protection de l'environnement WWF décrivit dans un de ses rapports un« Tchernobyl à la française ». Les poissons du fleuve étaient tous porteurs de produits toxiques[103]. L'analyse révéla qu'il s'agissait de PCB (polychlorobiphényles ou pyralènes), produit cancérigène interdit en France depuis1987, classé parmi les polluants les plus dangereux par l'ONU[104].
Des prélèvements sur six espèces de poissons avaient démontré des taux allant jusqu'à 59 picogrammes/gramme (pg/g), alors que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a fixé à 8 pg/g la concentration admissible dans les poissons destinés à la consommation humaine. Le poisson le plus contaminé présentait une quantité 40 fois supérieure à la dose acceptable quotidiennement. Une pollution nouvelle ?« Pas vraiment mais avec les nouvelles normes sanitaires européennes, les niveaux qui n'étaient pas jugés jusqu'alors préoccupants le sont devenus »[105].
Ces analyses faisaient suite à une étude effectuée à Lyon sur un panel de cinquante-deux consommateurs de poissons pêchés dans le Rhône qui avait prouvé, qu'en en mangeant au moins une fois par semaine, tous présentaient des taux de PCB dans le sang au moins cinq fois supérieurs aux taux observés sur un groupe témoin[106].
Une nouvelle expertise de l'AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments), au cours de l’automne2008, confirma les résultats. Ladirection régionale de l'environnement (DIREN) fut chargée d'étudier le phénomène et de chercher les moyens de mettre un terme à cette pollution[107].
Les PCB étant des substances très stables, l'interdiction de consommation pouvait durer des années. Pour déterminer les délais, il fut fait appel auCemagref. Comme certaines espèces de poissons se contaminaient à partir dessédiments et desinvertébrés y vivant, une de ses missions fut de prévoir les niveaux decontamination des poissons par les PCB en fonction des taux observés dans ceux-ci. Dans le cadre du« plan anguille », les techniciens du Cemagef analysèrent aussi les taux de reproduction. La toxicité des PCB vis-à-vis de la fécondité des poissons, ainsi que les effets sur le développement des larves, étaient bien prouvée par des étudesin vitro. Il sembla pourtant hasardeux de faire une adéquation sur des effetsin situ quand les niveaux de concentration servant de références en laboratoire étaient atteints ou dépassés[108].
D'autant que les pêcheurs pavoisaient. Ils constataient qu'à la suite de l'interdiction de la consommation, le Rhône est devenu un fleuve d'une« richesse halieutique hors du commun ». En quelques années, les carnassiers avaient réapparu en nombre. Les prises de brochets, de sandres et de perches étaient fréquentes. Au sud de Lyon, le fleuve est découpé enbiefs à partir deVienne jusqu’àPortes-lès-Valence en passant parCondrieu. Ce sont ces aménagements qui ont permis la préservation des espèces et de leurs prédateurs naturels[109].
Autre problème, la disparition de l'esturgeon et de l'alose, devenue très rare qui a peut-être disparu et avec elle l'alose à l'étouffée, mets mythique des Avignonnais. Jusqu'au milieu duXXe siècle ce poisson colonisait le Rhône en remontant jusqu'aucanal de Savière aulac du Bourget. Dès1947, la construction deDonzère-Mondragon fit rapidement régresser la population des aloses. Sa pêche périclita passant de 53 tonnes entre Arles et Pont-Saint-Esprit en1927, à 10 tonnes en1950. Dix ans plus tard, quelques frayères subsistaient entre Beaucaire et Avignon. À partir de1971 la construction de nouveaux barrages sur le Rhône limita encore l'aire de remontée des aloses jusqu'à les voir se raréfier d'une façon inquiétante[110].
L'influence de la construction des barrages sur le fleuve vis-à-vis des populations de poisson étant démontrée, le Cemagref fut chargé d'étudier leur comportement dans le Rhône face à ses variations thermiques et hydrologiques. Cette étude a été faite au cours de l'été2009 concernant les rejets d'eau chaude de lacentrale nucléaire de Bugey et les variations estivales du débit du fleuve sur le comportement des poissons. L'étude se poursuit avec un cofinancement de l'EDF. Son but est de« suivre à la trace quatre-vingt-quinze poissons de huit espèces différentes grâce à des émetteurs acoustiques »[102].

Le dernier esturgeon fut pêché dans le Rhône, en faceVilleneuve-lès-Avignon, en1933, par un patron pêcheur dénommé Laugier[111]. L'écologie d'un fleuve se prévoyant à terme, il est envisagé de le réacclimater dans le fleuve où il proliférait auMoyen Âge. Le laboratoire de paléogénétique et évolution moléculaire de Lyon (ENS-Lyon/CNRS/Lyon-I, INRA) a pu identifier que c'étaitAcipenser sturio qui était pêché dans le Rhône grâce à l'ADN de spécimens conservés dans les musées deNîmes et d'Arles. La dernière population européenne d’Acipenser sturio se trouvant dans le bassin de la Gironde, il y fut recueilli de jeunes esturgeons pour être élevés et reproduits en captivité. Depuis2007, 130 000 alevins ont été relâchés[112].


On trouve dans le Vercors à la fois desmammifères de l'étage collinéen (cerf,chevreuil,lièvre,sanglier) et des étages montagnard et alpin (mouflon,chamois,bouquetin des Alpes,marmotte,lièvre variable) qui représentent en tout 75 espèces, ainsi que dix-sept espèces dereptiles et d'amphibiens[86]. De nombreuses espèces d'oiseaux sont aussi visibles[113] notamment sur les falaises du Glandasse au-dessus de Die à la suite de la réintroduction duvautour fauve[86] et d'un couple d'aigles. Le cadavre d'un jeune loup, descendu duVercors, a été retrouvé le sur la commune deSaint-Marcel-lès-Valence près de laroute nationale 532, victime d’une collision avec un véhicule dans la nuit précédente[114].

Leur présence est récente, car essentiellement liée au reboisement des pentes du Ventoux[a 2]. Outre lesanglier (Sus scrofa scrofa), plus traditionnel, se sont aujourd'hui parfaitement acclimatés lecerf élaphe (Cervus elaphus), lecerf Sika (Cervus nippon), lechamois (Rupicapra rupicapra), lemouflon corse (Ovis gemelini × ovis sp.) et lechevreuil (Capreolus capreolus), soit six des onze espèces vivant en France[a 2].

Dès la Préhistoire, leloup (Canis lupus) était présent sur les pentes du Ventoux. Ses restes ont été identifiés àEntrechaux dans les grottes de la Masque et des Puces, ainsi qu'àMonieux, au bau de l'Aubesier[a 3]. Par la suite, quelques toponymes ont gardé trace de sa présence tels quela Loubatière,la Louvière, leravin du Pra du Loup,l'Espère du Loup,la Font du Loup etChanteloube[a 4]. Unstatu quo entre lui et l'homme s'établit jusqu'auXVIIIe siècle, époque où les grandes battues sont transformées en traque. Il y a alors 797 loups abattus. Au siècle suivant il y en a 147. Dès1850, ils se font rares et se cantonnent dans le Ventoux, lesmonts de Vaucluse et leLuberon[a 3]. Des campagnes d'empoisonnement détruisent les dernières meutes[a 4].
Selon la tradition, le dernier loup du Ventoux est tué au début duXXe siècle. Depuis sa réapparition,via l'Italie, dans lemassif du Mercantour, en1992, ses déplacements l'ont dirigé vers l'ouest et il s'est installé dans une grande partie desAlpes du Sud. Dans ce secteur, en2005, 21 zones d'habitat avaient été repérées, dont 14 occupées par des meutes. Ils ont été alors estimés à 130 individus. Depuis lors, le loup s'est installé dans lamontagne de Lure et des indices de sa présence ont été découverts àÉourres, commune qui se situe à 20 kilomètres àvol d'oiseau du Ventoux[a 5]. En, un loup a été abattu illégalement sur le territoire de la commune deBédoin[115].
Outre les prélèvements ponctuels de grands mammifères, toujours réalisés sous le contrôle des organismes gestionnaires[a 6], la présence delièvres,lapins,renards etblaireaux est avérée[116]. Si les deux premiers constituent le gibier le plus courant, les deux autres espèces ne sont chassées qu'en tant que nuisibles[a 6]. Sur les onze communes du massif les seules espèces avicoles pouvant être chassées sont laperdrix rouge, lefaisan commun, lesgrives, lemerle noir, labécasse des bois et l'étourneau sansonnet[a 6].
L'avifaune comprend environ 120 espèces différentes,rapaces ou nicheurs[116], dont certaines sont rares à l'exemple de lagélinotte, dumerle de roches ou de lachouette de Tengmalm, originaire des grandes forêts boréales et qui fut observée au cours desannées 1960[a 7]. Les quatre étages de la forêt abritent chacun les espèces qui lui sont spécifiques.
En une trentaine d'années, depuis le reboisement, une dizaine d'espèces, initialement présentes uniquement sur le versant septentrional du Ventoux, ont colonisé le versant méridional dont labuse variable, lagrive musicienne et lemerle à plastron[a 9].

Dans le massif ont été répertoriées treize espèces dereptiles dont deuxvipères : lavipère aspic et lavipère d'Orsini[a 10]. S'y ajoutent sept espèces decouleuvres :couleuvre verte et jaune,couleuvre d'Esculape,couleuvre à échelons,couleuvre de Montpellier,couleuvre vipérine,coronelle lisse etcoronelle girondine. Quant auxlézards, il en a été relevé quatre espèces :lézard ocellé,lézard vert,lézard des murailles etlézard psammodrome[a 11].
Huit espèces d'amphibiens se trouvent dans le Ventoux dont lasalamandre tachetée, lecrapaud commun, lecrapaud calamite, larainette méridionale, lepélodyte ponctué, l'alyte accoucheur et lagrenouille rieuse. Une mention spéciale doit être faite pour lecrapaud à couteau oupélobate cultripède, espèce rarissime, dont le département deVaucluse est l'un des derniers refuges[a 11].
Le premierentomologiste qui étudie le Ventoux estJean-Henri Fabre auXIXe siècle. Mais il faut attendre1978 pour disposer de la première étude sur un groupe d'insectes. Elle est réalisée par Gérard Luquet sur lessauterelles, lescriquets et lesgrillons. Il la poursuit en2000 sur leslépidoptères. L'entomologiste observe 1 425 espèces depapillons, soit 28 % des 5 100 répertoriées en France. Dans ce panel, quatre espèces ne sont connues que dans le Ventoux, dix-neuf y ont été répertoriées puis identifiées par ailleurs et vingt-neuf décrites pour la première fois[a 12].

Ils occupent trois zones bien distinctes. La première qui s'étage jusqu'à 800 mètres d'altitude au sud et 600 mètres au nord, est classée en tant que zone méditerranéenne. Parmi ces lépidoptères, les plus remarquables sont lezygène de la millefeuille, l'alexanor, lemachaon, lavanesse de l'ortie et lecitron, ainsi qu'une espèce dugenreZerynthia. Lescoléoptères sont représentés par lacétoine dorée et par le genreTrichodes, les criquets par l'œdipode turquoise et l'œdipode à ailes rouges[a 12]. Dans cette zone trois espèces sont endémiques : un papillon diurne, l'échiquier de l'Occitanie (Melanargia occitanica), et un nocturne,Orenaia ventosalis, auxquels se joint un criquet, l'arcyptère provençale (Arcyptera kheili)[a 13].
Au-dessus, se trouve la zone subalpine au couvert de pins noirs et de chênes blancs. Safaune la plus remarquable comprend parmi les sauterelles,Euthystira brachyptera ; pour les coléoptères, ledorcadion,Acanthocinus aedilis etRhagium inquisitor et pour les papillons, une espèce demélitée[a 13].
Dans la zone alpine se distinguent parmi les lépidoptèresHipparchia semele et deux espèces endémiques,Elophos unicoloraria occidentalis etColostygia stilpna, ainsi que larosalie des Alpes (Rosalia alpina) et lecarabe du Ventoux (Carabus auratus honnoratii natiofabrei f.i. ventouxensis) pour les coléoptères[a 13]. Le pierrier sommital a été colonisé par deux des 64 espèces defourmis qui se trouvent sur les pentes du Ventoux,Formica lemani etTetramorium caespitum. On y trouve aussi le criquetStauroderus scalaris et deux papillons, l'apollon (Parnassius apollo) et lemélitée orangée (Melitae diadema)[a 14].

Comme la végétation, et probablement davantage qu’elle, la faune duMassif central a été modifiée par l’Homme. Du fait de la diversité desbiotopes, du contact entre milieux océaniques, continentaux et méditerranéens ainsi que des interventions anthropiques, le Massif central est aujourd’hui porteur debiodiversité et d’une grande quantité d’espèces animales. Certaines ont été décimées, comme laloutre, lebusard cendré, l’aigle royal, lacistude d'Europe ou lerâle des genêts. D’autres ont été introduites avec succès sur les hauts sommets volcaniques (Sancy,Cantal,Mézenc) ou cristallins, comme lamarmotte, lemouflon ou lechamois. Legrand-duc, qui s’était raréfié, a retrouvé un certain dynamisme dans les escarpements rocheux des vallées de montagne, tout comme lefaucon pèlerin (Cantal,Corrèze). Finalement, mieux protégés, les rapaces sont en augmentation, à l’image duvautour fauve réintroduit dans les gorges desGrands Causses. Cette préservation des biotopes a souvent permis une recolonisation naturelle par de nombreuses espèces :pic noir,chouette de Tengmalm,vautour percnoptère,grenouille rieuse, etc[89].
Alors que peu d’oiseaux restent sédentaires au-delà de 1 200 mètres d'altitude, beaucoup migrent à travers les hautes terres vers des contrées plus clémentes ; en réalité, le Massif central constitue bel et bien un corridor écologique entre lapéninsule Ibérique et le reste de l’Europe[89].

Malgré leur mobilité, diverses espèces obéissent à des conditions d’habitat bien connues. Lecastor est présent dans certaines vallées (Allier,Sioule,Ignon), comme la loutre (Corrèze,Creuse, ouest duPuy-de-Dôme et duCantal) ou lesécrevisses à pattes blanches qui peuplent les rivières non polluées. Lesaumon atlantique se retrouve dans la haute vallée de l’Allier. Des espèces rares comme lesMerles de roche ou àplastron nichent dans les éboulis des versants des monts d’Auvergne ou du Forez. Dans les grandes forêts, surtout de conifères, lamartre est présente dans tout le Massif central[89].
Les petits mammifères abondent jusqu’à créer une gêne pour l’agriculture :taupe,belette,mulot oucampagnol. Les forêts abritent lesanglier et lechevreuil dont on redoute également les dégâts sur les récoltes. Des plans de gestion de ces populations sont devenus nécessaires. Leblaireau est présent dans le Cantal, dans laHaute-Loire ou dans le Puy-de-Dôme. La belette ou l’hermine sont mieux représentées enAveyron et enLozère tandis que lafouine est repérée jusqu’à 1 300 mètres d’altitude dans tout le massif[89].
Le retour des prédateurs, et notamment duloup, dont les indices de présence se multiplient sur les bordures orientales et méridionales du Massif central, ne laisse pas d’inquiéter chasseurs et éleveurs[89].
La connaissance de la faune s’est améliorée avec la définition deszones naturelles d’intérêt faunistique et floristique (ZNIEFF) ; des mesures de protection existent d’ores et déjà sur les sitesNatura 2000 qui sont nombreux dans les vallées (Allier, Loire), la montagne volcanique, leForez, laMargeride, leVelay, le Mézenc, la Montagne limousine, lesCausses ou lesCévennes[89].

LaCamargue est un site d'importance européenne[117] et nationale majeure pour les oiseaux locaux, pour les migrateurs et particulièrement pour les hivernants puisqu'il s'agissait en 2000-2005 du premier site français en nombre d'hivernants accueillis chaque année (122 000 oiseaux, devant le Bassin d'Arcachon qui en accueille 105 000). La Camargue est aussi connue pour accueillir leflamant rose[118].
En1928 fut créée la réserve botanique et zoologique. L'arrêté ministériel en date du classe officiellement la Camargue en Réserve Naturelle Nationale. Elle est placée sous la protection de la Société Nationale de Protection de la Nature. La zone protégée, essentiellement celle de l'étang de Vaccarès, couvre 13 117 hectares. C'est l'une des plus grandes réserves humides d'Europe. Son habitat regroupe 276 espèces d'oiseaux dont 258 d'intérêt patrimonial.

Le site du Bau de l'Aubesier dans lesgorges de la Nesque a été fouillé dès1901. Après un temps de latence entre1964 et1987, les archéologues, dans le cadre d’un projet franco-canadien et international, ont repris leurs fouilles sous la direction de Serge Lebel de l'Université du Québec àMontréal. La dernière campagne en2006 a mis en évidence la présence de l'homme deNéandertal et de pré-néandertaliens[119].
Les fouilles successives ont livré des vestiges de l'industrie lithique duMoustérien et de nombreux restes d’herbivores où dominaient l’aurochs (43-53 %) et le cheval (31-35 %). C'est la plus forte concentration européenne de ce dernier, de plus, la présence du renne, toujours rare à l’Est duRhône,« indiquent que la Provence a constitué une entité biogéographique particulière durant le Pléistocène moyen »[119].
Les essences forestières allaient dupin, toujours dominant, ausapin et augenévrier, suivis par des feuillus :hêtre,aulne,noisetier,tilleul. Quant auchêne sa présence était constante[119].
L'utilisation du feu dans la grotte a été mise en évidence (silex chauffés, charbons végétaux, résidus cendreux, matières osseuses et dentaires brûlées). Les fouilles ont permis de récolter 2 869 os et dents ainsi que trois fossiles pré-néandertaliens. C'est une découverte majeure qui a montré que ceux-ci« possédaient des comportements sociaux et des habiletés technologiques beaucoup plus avancés que ceux connus jusqu’à aujourd'hui »[119].

Lagrotte Chauvet est unegrotte ornéepaléolithique située enArdèche. Le site comporte 420 représentations d'animaux (peintures, gravures). De nombreuses datations directes par la méthode ducarbone 14 ont donné des résultats cohérents proches de 31 000 ansBP. La communauté scientifique admet quasi unanimement que les œuvres de la grotte Chauvet datent de l'Aurignacien et comptent parmi les plus anciennes au monde. La diversité et la maîtrise des techniques dont elles témoignent ont profondément remis en cause l'idée d'unart préhistorique évoluant très lentement et de manière linéaire et ascendante. La grotte est située sur la commune deVallon-Pont-d'Arc. Elle se trouve au lieu-dit de la Combe d'Arc, qui constitue l'ancien méandre de la rivière Ardèche, avant l'érosion dupont d'Arc. La grotte a été découverte le par Jean-Marie Chauvet, Éliette Brunel et Christian Hillaire. AvecLascaux (1940),Cosquer (1991) etCussac (2000), la grotte Chauvet est l'une des grottes françaises majeures par les qualités esthétiques de ses œuvres. Elle présente également un très grand intérêt scientifique, tant d'un point de vuepaléontologique que de celui de l'art pariétal. Les peintures de l'époque aurignacienne témoignent de la maîtrise de techniques très diversifiées (préparation des parois,gravures, tracés digités, mains positives, peintures, estompes, recherche de la perspective, etc.). Les thèmes abordés sont essentiellement animaliers, comme c'est généralement le cas dans l'art paléolithique[120].
C'est sur la commune deCourthézon que le plus ancien sitenéolithique de France a été découvert en1971 au « Mourre de Pradel » sur le site duBaratin. Il a été daté duVIe millénaire avant notre ère et est situé en bordure ouest de la plaine de l'Ouvèze, entre le massif collinaire deChâteauneuf-du-Pape à l'est où il constitue« une zone en forme de doigt pénétrant le massif » et les terrasses molassiques deCarpentras à l'ouest. Les premières fouilles sur ce site ont eu lieu de1970 à1972 sous la direction deJean Courtin. Après une interruption de dix-neuf ans, elles ont été reprises en1991 sous la direction d'Ingrid Sénépart. Pour la première fois, ses habitants, qui ont quitté grottes et abris pour s'installer en plaine et construire des cabanes, pratiquent l’élevage et l’agriculture. Leurs poteries décorées avec un petit coquillage se rattachent à la « civilisation cardiale », leurs pratiques pastorales et agricoles aux chasséens, culture autochtone du Midi de la France. Ce groupe qui consommait de 30 à 40 % de viande de chasse, marque le passage de la civilisation cardiale à celle des Chasséens, agriculteurs à 90 %[121].


Les fouilles faites lors de la construction du TGV Méditerranée ont permis d'étudier sur le site de Lalo, àEspeluche, une des premières implantations néolithiques dans la moyenne vallée du Rhône. Les fouilles, dirigées par Alain Beeching, ont eu lieu dans la partie méridionale de laValdaine, au confluent duJabron et de laCitelles, au pied d'une colline orientée plein sud[b 1].
Ce site, daté entre -5 600 et -5 000, a permis de dégager des fosses, des foyers en cuvette et des chenaux aménagés pour la circulation de l'eau. Il comportait deux cabanes de plan ovalaire, où ont été retrouvés des objets en céramique et un outillage lithique[b 2]. L'occupation des cabanes a pu être datée entre -5 200 et -5 000. Elles étaient construites en bois comme l'a prouvé la présence de trous de poteaux verticaux. La plus grande mesurait 10 m par 7,5 m. Elle était recouverte d'un toit asymétrique présentant une pente plus faible au nord pour résister aumistral, l'accès se faisait par la partie méridionale[b 3].
La présence à proximité d'une seconde cabane, mal conservée, a suggéré l'idée d'un regroupement. Leur plan circulaire permet d'avancer qu'il s'agissait d'une petite tribu encore à deminomade ou récemment fixée. La construction des cabanes a pu donc servir soit à un campement hivernal de longue durée soit à une première tentative de sédentarisation[b 4].
Sur le site de Blanquet, àMontmeyran, Sylvie Saintot, a fouillé une habitation chasséenne. Orientée Nord-Sud, elle avait été construite en bois comme en ont témoigné les trous de poteaux. D'une longueur de 20 mètres sur 12 mètres de large[b 5], sa structure et son orientation étaient prévues pour résister aumistral[b 6].
L'équipe des archéologues a exhumé et identifié unbroyon encalcaire, neuf formes de céramique dont une marmite et six vases, ainsi que trois silex taillés (grattoir et lamelles). Cette habitation isolée appartenait à un vaste ensemble comme l'atteste le nombre de silex retrouvés jonchant le sol aux alentours. Ce site a pu être daté de la première moitié duIVe millénaire avant notre ère. Ce qui correspond au Néolithique moyen II[b 6].
La même équipe d'archéologues, àChabrillan, sur le site de la Prairie, a mis au jour une dalle anthropomorphe du Néolithique. Elle reposait aux côtés d'un foyer et d'une fosse contenant le squelette d'unchien. Taillée dans un calcaire gréseux, elle mesurait 45 centimètres de long, 31 centimètres de large et avait une épaisseur de 13 centimètres. Elle a été datée du chasséen ancien[b 7].
Elle évoque un personnage stylisé avec une face en relief, des yeux en retrait et un front proéminent. Sur les côtés de la dalle ont été incisés des bras parallèles et droits[b 7]. Le torse, peut être féminin, est légèrement dégagé par rapport à la surface ce qui suggère desseins[b 8].
La dalle était prévue pour être plantée dans le sol puisqu'elle est taillée en pointe à la base. Ce type de figuration s'apparente à celles retrouvées enLanguedoc, enProvence dans leComtat Venaissin et àAvignon. Rien ne permettant de lier cette représentation anthropomorphe à un rite funéraire humain, soit elle a pu identifier l'occupante de l'habitation, soit symboliser un personnage féminin de statut important[b 8].

La consommation desgastéropodes fut constante dans laPréhistoire, puisque cette pratique des chasseurs-cueilleurs fut continuée avec la naissance de l'agriculture. Entre1994 et1997, lors des chantiers de fouilles précédant la construction de la ligne TGV en moyenne vallée du Rhône, leurs coquilles furent découvertes en si grande quantité qu'elles ont permis de faire faire une avancée importante à lamalacologie[b 9]. Sur le site du Serre 1, àRoynac, dans la vallée de laValdaine, furent trouvés en quantité des coquilles d'escargot de Bourgogne. Leur consommation s'est étendue du Néolithique cardial, naissance de l'agriculture, au Bronze final, constitution de l'habitat groupé[b 10].
Des fouilles préventives au passage de la ligne du TGV Méditerranée sur la commune deRoynac, ont eu lieu de mai à septembre1996. Elles se sont déroulées au lieu-dit le Serre 1 et ont été réalisées par Joël Vital et son équipe d'archéologues. Sur quatre mètres de profondeur, sur ce site de laValdaine, avaient été repérés 9 niveaux d'occupation humaine qui s'étageaient duNéolithique auMoyen Âge[b 11].
Trois surfaces archéologiques intéressaient l'âge des métaux. La S 1 (Serre 1) relevait seule du Bronze ancien. Ce site fut occupé de-2200 à-1800 avec un pic situé entre-2150 et-2000 par datation au C14. Sur cette surface _ près de 5 800 m2 décapés - ont été identifiés plusieurs centaines d'aménagements humains. Seuls 1 600 m2 ont été fouillés[b 12].
L'occupation humaine s'est caractérisée par le creusement de nombreuses fosses. Une cinquantaine ont été utilisées commesilos, ce qui a permis de retrouver dans le fond descéréales carbonisées. Une autre cinquantaine a servi à d'autres fonctions et pour un certain nombre d'entre elles de dépotoir à reliefs de repas puisqu'il y a été identifiés des os desuidés et debovidés. Trois fosses ont été aménagées en four de combustion[b 12]. Ces installations sont à mettre en relation avec l'identification d'éclats et de gouttes de bronze qui ont été exhumés sur place. L'habitat était en bois puisque 150 trous de calage de poteaux ont été comptabilisés. La fouille a mis au jour nombre de récipients de céramique à fort volume pour le stockage personnel[b 13], ainsi que les vestiges de deux bâtiments comportant un grenier surélevé pour le stockage communautaire[b 14].
Contrairement à d'autres sites du Bronze, celui-ci ne semble pas avoir privilégié son implantation sur un grand axe de communication, mais plus pour la facilité de se fournir en minerai métallifère par les vallées du proche massif alpin[b 15].


Une fouille préventive au passage du TGV Méditerranée sur la commune deCrest a été réalisée entre novembre1995 et juin1996 par Jean-Michel Treffort et son équipe d'archéologues. Le site fouillé, dénommé Bourbousson 1, situé sur la rive droite de laDrôme, a permis d'identifier un habitat hallstattien daté duVe siècle avant notre ère[b 16].
Sur ce site fréquenté dès leNéolithique, a été mis en évidence les conditions du développement de l'agriculture (épierrement et murs de pierre sèche délimitant les champs, terrasses de culture). Réoccupé dans la première moitié duVe siècle, il s'y développa un habitat groupé, qui a pu être parfaitement daté grâce à la présence de céramique d'importation de Grèce et d'amphores massaliotes, ainsi que par des objets métalliques (fibules)[b 17]. L'occupation fut de courte durée, celle d'une génération, entre-500 et-440, mais permis l'édification de plusieurs bâtiments en terre et en bois ayant chacun une surface approximative de 40 m2[b 18].
Les bâtiments sont de deux types. Le premier suit un tracé rectangulaire, ses murs sont encolombage hourdé de terre et le toit à deux pans. Le second type, qui correspond à l'architecture protohistorique du domaine alpin, utilise un cadre de poutres reposant sur un substrat de galets. Entre ces bâtiments qui constituaient unvillage, existaient différentes parties domestiques (fosses-silos, greniers) et des allées ou chemins empierrés[b 19].
La fouille du site a permis de recueillir 24 000 tessons de céramique, dont 95,5 % non tournées. La céramique tournée était d'importation (amphores massaliotes et poteries attiques à vernis noir). Il fut aussi exhumé 200 objets métalliques, dont nombre de parures typique de lacivilisation de Hallstatt[b 20]. L'outillage lithique était composé de meules engrès ou enbasalte, depolissoirs et de petitesenclumes. Un seul outil, une aiguille à chas, était enos[b 21].
Bourbousson 1, situé au débouché d'une importante voie transalpine qui se croisait avec une pisteprotohistorique menant deMassalia àLugdunum[b 22], est le témoignage de l'influence hallstattienne en vallée du Rhône. Il marque la frontière entre la vallée de la Drôme et le Tricastiin où, à 40 kilomètres, se trouventLe Pègue et l'oppidum Saint-Marcel sous influence méditerranéenne[b 21].
L'oppidum Saint-Marcel, situé sur la commune duPègue, dans laDrôme provençale, est unemporion (comptoir commercial grec) qui a été en relation avecMassalia duVIe siècle avant notre ère jusqu'à l'an-49. Il est remarquable pour ses différentespoteries pseudo-ioniennes qui ont mis en évidence un important commerce du vin entre les Phocéens et les tribus autochtones de la basse vallée du Rhône[122].
Des ateliers indigènes, s'inspirant des productions de céramiques grecques par l'intermédiaire des Phocéens deMassalia, ont produit des poteries tournées, en pâte claire micacée, particulièrement desœnochoés et des vases à vin. Ces céramiques locales portent toutes un décor peint, avec un registre allant de la bande ocre au développement de formes figuratives, qui furent majoritaires. Il est d'ailleurs à noter que ces récipients vinaires ont gardé dans leurs formes de fortes influences gauloises (coupes carénées)[123].


Lors de ladeuxième guerre punique, après avoir évité de s’attaquer aux villes grecques deCatalogne,Hannibal Barca pénétra enGaule. On pense que, après avoir franchi les Pyrénées aucol du Perthus et établi son campement près de la ville d’Illibéris[124] — actuelleElne à proximité dePerpignan —, il se dirigea sans encombre jusqu’auRhône, où il arriva en septembre-218 avant que les Romains ne puissent empêcher son passage, à la tête de quelque 38 000 fantassins, 8 000 cavaliers et 37 éléphants de guerre[125]. L'hypothèse la plus probable est qu'il fit traverser son armée à la hauteur deCaderousse où se situaient lesInsulae Furianae selon de relevé B descadastres d'Orange[126].
Après avoir évité les populations locales, dont lesVoconces qui tentaient d’arrêter sa progression, Hannibal échappa aux légions romaines venant de la côte méditerranéenne en remontant la vallée du Rhône[127]. Rome venant de conquérir laGaule cisalpine, Hannibal espérait, après avoir traversé les Alpes, trouver un renfort chez lesGaulois du nord de l'Italie[128].
Lemusée de l'Arles antique, ditmusée bleu, a accueilli du au une exposition« César, le Rhône pour mémoire », qui a fait le bilan de vingt ans de fouilles subaquatiques dans le fleuve[129].
Celles-ci se sont déroulées tant àArles qu'àTrinquetaille, ports fluviaux et maritimes, connus sous l'Antiquité sous le nom deduplex Arelate, Arles la double. La cité romaine recevait sur les rives gauche et droite dufleuve,voiliers etgalères venus de tout lebassin méditerranéen puis redistribuait leurscargaisons, via leRhône, laSaône et laMoselle, dans les différentesprovinces du nord de l'Europe[129].
De plus, le port arlésien était organisé pour recevoir tous les bâtiments de commerce en aval ou en amont du pont de barques qui unissaient Trinquetaille à Arles, ce qui obligeait à un déchargement des marchandises et permettait auxnautes arlésiens de récupérer à leur profit le trafic fluvial et maritime[130].
Entre380 et390, le poèteAusone[131], brosse un portrait de la ville d'Arles dans son ouvrage recensant les 17 villes les plus importantes de l'Empire et fournit probablement la première description de cet ouvrage unissant le double port :
« Ouvre, Arles, douce hôtesse, ton double port, Arles, petite Rome gauloise, voisine de Narbonne et de cette Vienne qu'enrichissent les colons des Alpes. Tu es coupée par le cours impétueux du Rhône au milieu duquel un pont de bateaux forme une place où tu reçois les marchandises du monde romain. Tu ne le retiens pas et tu enrichis les autres peuples et les autres villes que possèdent la Gaule et le vaste sein de l'Aquitaine[132] »
Les objets retirés du fleuve, près de 700, vont desamphores italiques, gauloises, ibériques, contenantvin,huile d'olive ougarum, auxlingots deplomb, en passant par les barres defer et dubronze ciselé. Les restes d'épaves ont permis de dresser une typologie des navires accostant à laduplex Arelate[130]. Certaines de celles-ci sont remontées à la surface, comme lechaland de 30 mètres de long qui a nécessité trois interventions de relevage le 12 juillet, puis le1er et le 10 août 2011[133],[134]. La découverte de pièces exceptionnelles destinées à Trinquetaille, ont permis de comprendre que dequartier d'Arles était pourvu d'une parure monumentale insoupçonnée. Parmi les chapiteaux et futs de colonne gisaient un grandNeptune de marbre, unBacchus juvénile, uneVictoire en bronze doré, une statue de captif d'influence hellénistique et surtout la tête en marbre deJules César, portrait inédit du fondateur de la colonie romaine d'Arles qui a été daté de - 46[135].
LaVia Agrippa désigne le réseau devoies romaines en Gaule mis en place parAgrippa, à quiOctave avait confié l’organisation des Gaules. Il rayonnait à partir de la nouvelle implantation stratégique romaine,Lugdunum et comportait une voie vers le sud etMassalia. La date de construction le plus souvent admise se situe entre-16 et-13 avant notre ère[136].
Cet axe fut complété par laVoie d'Antonin, sur la rive droite du Rhône, ou Voie des Helviens. Elle fut bornée parAntonin le Pieux en145, c'est-à-dire jalonnée debornes milliaires placées tous les mille pas, soit 1 478,5 mètres. Son tracé reprenait l'antique chemin gaulois qui drainait, entre leRhône et leMassif central, les produits de lamer Méditerranée. Cette voie faisait communiquerValentia (Valence) avecNîmes etAlba[137].

Les fouilles préventives sur le tracé du TGV Méditerranée ont permis de retrouver des traces de viticulture antique dans le secteur duTricastin sud. Une équipe d'archéologues, sous la direction de Philippe Boissinot, a travaillé sur deux sites, celui des Devès et celui des Girardes, sur la commune deLapalud. Il est à souligner que ces deux ensembles sont inclus dans le cadastre B d'Orange[b 23].
Les fouilles ont exhumé des alignements parallèles et équidistants de petits fossés de forme rectangulaires ou carrée. Ce sont ce que les Romains appelaient desscrobes, c'est-à-dire une méthode de plantation de lavigne où le défoncement préalable du terrain était réduit à l'emplacement du futur plant[b 23].
Columelle décrit cette forme plantation surhautain qu'il dit être spécifique à laGaule :
« Il y a dans les Gaules une autre espèce de plants d'arbres mariés aux vignes, et qu'on appellerumpotin : il exige des sujets de petite taille et peu garnis de feuillage. L'obier surtout paraît propre à cet usage : c'est un arbre semblable au cornouiller. Au surplus, la plupart des vignerons ont recours, pour le même service, au cornouiller, au charme, à l'orme, et quelquefois au saule. Quant à ce dernier arbre, il ne faut s'en servir que dans les localités marécageuses, où les autres arbres ne prennent que difficilement, parce qu'il altère la saveur du vin. On peut aussi recourir à l'orme, pourvu qu'on l'étête dans sa jeunesse, afin qu'il ne s'élève pas au-delà de quinze pieds »
— Columelle, de Agricultura, V, 7[138].
Le site des Girardes correspondait à la vaste propriété d'unevilla rustica d'une superficie estimée à 35 hectares. Ce domaine se situait à cheval sur quatrecenturies du cadastre B d'Orange. Ce sont 5 hectares qui ont été fouillées permettant de dater cet établissement rural duIer siècle. Les fosses rectangulaires (77 × 60 cm) étaient creusées en rangées espacées de 1,67 mètre. Le centre de chacune de ces fosses l'était de 1,19 mètre. Il a été mis en évidence que des tranchées peu profondes unissaient plusieurs d'entre elles. Ce qui correspond à la technique duprovignage. Ce vignoble planté en zone marécageuse va péricliter à la fin duIer siècle, cédant la place à des espèces arbustives pour ne réapparaître qu'auIVe siècle[b 24].
La plus importante unité viti-vinicole de l'Antiquité, lavilla du Mollard a été mise au jour au sud deDonzère. Elle s’étendait sur deux hectares. L’entrepôt des vins de 70 × 15 m contenait deux travées abritant 204dolia disposés en six alignements ayant chacune une contenance de 1,2 hectolitre. À chaque extrémité, un grandfouloir de 18,5 m2, y étaient adjoints deuxpressoirs[139].
L’exploitation, qui a été datée entre50 et80 de notre ère, produisait 2 500 hectolitres de vin par an. Le rendement des vignes romaines ayant été estimé à 12 hl/ha, le domaine possédait 300 hectares ce qui nécessitait le travail de 150 esclaves[139].
Tout ou partie de sa production était expédiée par leRhône en tonneaux, à l’exemple de la scène représentée sur la stèle deSaint-Pierre-ès-Liens de Colonzelle (Ier siècle) toute proche. Située sur le porche d’un prieuré clunisien, elle représente le levage de quatre tonneaux et leur embarquement sur un navire marchand[139].

Lepont du Gard est unpont-aqueducromain à trois niveaux, situé dans la commune deVers-Pont-du-Gard, près deRemoulins. Il enjambe leGardon, ou Gard. Probablement bâti dans la première moitié duIer siècle, entre les années40 et60[140], il assurait la continuité de l'aqueduc romain qui conduisait l’eau d’Uzès àNîmes. Les dernières recherches montreraient que son fonctionnement cessa au début duVIe siècle. L'aqueduc de près de 50 km de longueur (49 702 m), apportait l'eau de laFontaine d'Eure, située au pied d'Uzès, jusqu'à la ville romaine deNemausus, aujourd'hui Nîmes[141]. Les eaux de la source proviennent en partie de la rivière d'Alzon, qui passe par les environs d'Uzès, et des eaux récoltées dumont Bouquet, situé plus près d'Alès. L'aqueduc proprement dit est un chef-d'œuvre d'ingénierie, témoignage de l'extraordinaire maîtrise des constructeurs anciens : le dénivelé entre les points de départ et d'arrivée n'est que de 12,6 m, la pente moyenne générale étant de 24,8 cm par km. À cause du relief, l'aqueduc serpente à travers les petites montagnes et vallées des garrigues d'Uzès et de Nîmes[142].
Le territoire desVoconces, peuple gaulois, était à cheval sur le département de la Drôme et du nord Vaucluse. Ses principales cités étaientLuc-en-Diois (Lucus Augusti),Die (Dea Augusta Vocontiorum) etVaison-la-Romaine (Vasio Vocontiorum).Pline l'Ancien, en l'an77, rédige sonHistoire Naturelle où il donne une preuve historique de l'existence de deux vins produits dans cette région. Le premier est un vin doux (vinum dulce), dont il explique qu'il est issu d’un cépage récolté tardivement ; le second est un vin pétillant (aigleucos). Le naturaliste en indique la raison : on arrêtait sa fermentation en plongeant les dolia (jarres de vin) dans l'eau froide, jusqu'à l'hiver[143].

La découverte àCrest, sur le site de Bourbousson 3, d'unecaupona gallo-romaine datée duIIIe siècle est due aux chantiers de fouilles ouverts sur le tracé du TGV Méditerranée. Une équipe d'archéologues, sous la direction de Véronique Bastard, a pu dégager les restes d'un bâtiment quadrangulaire de 264 m2. La façade sud de celui-ci était précédé par deux pavillons d'angle réuni par unepergola. L'un a servi de resserre à bois, l'autre de remise pour les instruments aratoires. Cet ensemble formait cour. L'accès principal de l'auberge se situait à l'Est et se faisait par un chemin raccordé à la voie romaine. À l'Ouest, une ouverture menait à unlucus (bois sacré) où ont été retrouvées des offrandes monétaires[b 25].
L'intérieur de l'auberge était subdivisé en six salles organisées autour d'une pièce centrale de 54 m2, celle-ci était surmontée d'unemezzanine. Elle comportait un foyer qui servait tant pour la cuisson des aliments que pour le chauffage. Sur ces côtés ont été identifiés la présence de plusieursvaisseliers ainsi que celle d'un grand coffre de bois contenant des réserves de nourriture. La mezzanine permettait de stocker d'autres réserves essentiellement descéréales, deslégumineuses et desfruits. Ont été identifiés parmi ces réserves alimentaires de l'orge, desfèves, deslentilles, desbetteraves, despommes, desnoix et desnoisettes[b 25].


De la grande cuisine on accédait à une pièce toute en longueur, la salle à manger, qui a pu être identifiée grâce à une multitude de fragments de poterie et de reliefs alimentaires[b 26]. Sise au pied d'une colline, orientée plein sud, l'auberge de Bourbousson avait pris la place d'un petit établissement agricole du début duIIIe siècle. Celui-ci fut totalement transformé lors de sa nouvelle affectation. La toiture fut refaite en utilisant, en alternance, des tuiles à rebord (tegulae) et des tuiles canal (imbrices), la charpente reposant sur des murs en briques crues (adobe) suivant les préconisations deVitruve. Tous les sols étaient en terre battue, la cour pavée de petits galets et des gravillons recouvraient les voies d'accès[b 27].

Le site de Bourbousson 3 a permis de retrouver, dans une resserre de l'auberge, deuxreilles d'araire qui ont été datées du courant duVe siècle. Ces instruments aratoires, forgés d'un seul tenant, qui se présentent sous la forme d'unsoc en forme de triangle ou de losange prolongé par une tige, ont été étudiées par Michel Feugère. Le premier est long de 45 cm et pesait 3 kg, le second de 62 cm pour 3,25 kg. Ces socs primitifs sont considérés comme faisant partie des plus grands objets en fer provenant de cette période de l'Antiquité[b 28].
Leur forme était adaptée au type de terrain. Une palette large était utilisée uniquement dans les sols meubles. Les reilles de Bourbousson sont étroites, elles servaient donc à fouir des sols caillouteux ce qui correspond à la pédologie des terrasses alluviales de la vallée duRhône[b 29]. Leur tige, ligaturée sur l'araire par de forts anneaux, permettait au laboureur de régler leur position. Elle pouvait varier selon ses besoins aratoires. Ce qui fait de la reille une préfiguration d'un soc à versoir[b 30].

Sur ce même site ont été recueillies 596 monnaies romaines toutes debillon ou debronze à l'exception de deux pièces d'argent à l'effigie de l'empereur usurpateurMagnence qui furent frappées àLyon en351-352. Dans ce lot 445 ont été idetifiées avec certitude. Sylviane Estiot, qui s'est chargée de cette étude, a regroupé ce numéraire en trois ensembles. Le premier ne comprend que 9 pièces. Elles ont été retrouvées groupées près de l'auberge de Bourbousson et semble provenir d'une bourse perdue. Le second se compose des 247 monnaies provenant du sol en terre battue de l'auberge. Le troisième, qui est le plus important avec 329 pièces, a été retrouvé dans lelucus autour d'un bloc carré demolasse et correspond à un dépôt votif[b 31].
Dans cet ensemble, le plus grand nombre est classé dans une période très précise qui se situe du milieu à la fin duIVe siècle. Ce monnayage est dans sa majorité de fabrication locale. Comme il jonchait le sol dans un rayon d'un mètre autour du bloc de pierre, l'hypothèse d'offrandes à caractère cultuel a été retenue[b 32].
Ce lieu devait être un petit sanctuaire de tradition gauloise ne comportant nifanum nicellae. Mais la présence du bloc suggère que celui-ci a été le support d'un tronc d'offrande. Selon la typologie établie parGuy Barruol, cette partie du site de Bourbousson 3 devait être un« sanctuaire établi en bordure de voie attestée », dont les exemples les plus nombreux avaient été trouvés, jusqu'alors, enSavoie[b 33].

Un premierroyaume de Bourgogne, laBurgondie, fut créé par le peupleburgonde après son installation sur les bords dulac Léman, enSapaudie, auVe siècle. Son souverain le plus glorieux,Gondebaud, gouverna alors un territoire qui s'étend deLangres àMarseille et duRhin à laLoire.
Pendant les six siècles qui suivent l'installation de ce peuple, les remous de l’histoire font naître successivement différentes entités géopolitiques aux limites territoriales toujours changeantes qui prennent le nom de Bourgogne. Letraité de Verdun de843 divise la Bourgogne en deux grandes entités territoriales : une Bourgogne franque à l'ouest (futur duché, dont l'actuelle région Bourgogne est issue), et une Bourgogne impériale à l'est dans laquelle se trouve la futurefranche comté de Bourgogne ouFranche-Comté. AuIXe siècle, la Bourgogne impériale voit naître, en son sein, deux royaumes, l'un, tout au sud, touchant les rives de la Méditerranée, qui prend le nom de « Bourgogne-Provence » appelé aussi « royaume d'Arles ». Le second, appelé « royaume de Bourgogne », situé à l'origine enHelvétie (en Transjurane, au-delà des monts duJura), il s'y ajoute rapidement d'autres domaines, dont les terres du diocèse deBesançon[144]. Vers933, sous le règne deRodolphe II, roi de Bourgogne transjurane, le royaume de Bourgogne et le royaume d'Arles s'unissent. Le royaume ainsi formé prend le nom de « royaume de Bourgogne et d'Arles », et se place sous la suzeraineté des souverains germaniques.

Le couronnement deBoson fut à l'origine du royaume de Provence. S'il reçoit le titre royal, Boson ne prend toutefois pas la qualité de roi de Bourgogne. Son « royaume de Provence », appelé aussi « royaume d’Arles » s’étend, au nord, des rives duDoubs jusqu’aux rives de laMéditerranée au sud, il déborde sur l’Helvétie et l’Italie. Sous sa couronne se trouvent réunis une partie de la Bourgogne, leBugey, laBresse, leDauphiné, laTarentaise, laProvence et une partie duLanguedoc. Boson prendVienne pour capitale et se dote d’une chancellerie dirigée parAdalgaire, l’abbé deFlavigny[145].
Son élection au titre royal réalise contre lui l’union des Carolingiens dont la réaction ne tarde pas. Les princes carolingiens avec, parmi eux, le roiCarloman, fiancé à sa fille, etRichard le Justicier, son propre frère[146], s'empressent de réagir et marchent contre Boson. Parvenant cependant à résister, il conserve son titre ainsi que des territoires en Provence. Le nord de la Bourgogne ayant échappé à son autorité est totalement étranger à ce royaume. Boson meurt en887. Son filsLouis III lui succède. Il est reconnu « roi de Provence » à Valence en890 sous la tutelle de sa mèreErmengarde et il réunit un instant les titres d'empereur et de roi d'Italie. Mais son compétiteurBéranger, duc de Frioul, lui fait crever les yeux[147]. Louis III, infirme, délègue son autorité àHugues d'Arles, comte de Provence jusqu'à l'année926 date à laquelle ce dernier occupe le trône d'Italie. En928, à la mort de Louis l'Aveugle,Hugues d'Arles écarteCharles-Constantin, héritier légitime, le fils de Louis l'Aveugle, et s'empare du royaume de Provence. Charles-Constantin parvient à conserver le gouvernement deVienne et duViennois.
Mais les grandes invasions avaient mis à mal le vignoble. La vigne cultivée, totalement abandonnée, se métissa avec des lambrusques locales. Ce qui permit l'apparition d'une nouvelle famille de cépages connue sous le nom deproles occidentalis. Cesvitis vinifera occidentalis,a priori hétéroclite, sont originaires de la vallée du Rhône. Résultant du croisement entre des variétés devitis vinifera pontica et delambrusques locales, elle regroupe tous les cépages de cuve de l’Europe occidentale. On y retrouve des cépages à petites baies comme lepinot, lecabernet, leriesling, leviognier, lasyrah ou lemourvèdre ainsi que des cépages à baies plus grosses tels legrenache ou lecarignan. Considéré actuellement comme essentiellement réservé à la table, lechasselas (chasselas de Moissac,chasselas de Thomery) fut longtemps vinifié et le reste enSuisse, principalement autour dubassin lémanique, et enValais où il prend le nom de fendant[148]. Longtemps considéré comme unprole orientalis, des études génétiques comparatives récentes, basées sur l'analyse desséquences microsatellites de plus de 500 cépages différents, ont conclu à une origine initiale en provenance de la région située entre la France, l'Italie, et la Suisse, correspondant vraisemblablement à l'arc lémanique et excluant définitivement une origine orientale pour le chasselas[149].
Louis Levadoux, dans cette catégorie, classe ces différentes variétés parmi les cépages ditsarchaïques :« Ils sont caractérisés par une valeur vinique élevée et souvent par une saveur des baies qui rappelle celle des lambrusques et qui est d'autant plus accusée que l'on est en présence de formes plus archaïques. » Quant à Pierre Charnay, il souligne qu'il existe une sorte d'incompatibilité entre la grosseur et l'intensité aromatique des baies du raisin :« Les cépages à grosses baies sont peu parfumés tandis que les cépages à petites baies qui peuplent les vignobles occidentaux sont tous à la base de vins de grandes réputations[150]. »


Les fouilles préventives sur le tracé de la ligne du TGV Méditerranée qui se sont déroulées en1996 ont permis de découvrir à la limite de la commune deMontboucher-sur-Jabron deux maisons duhaut Moyen Âge. Elles ont été faites sur la rive gauche duVermenon, au lieu-ditConstantin, par une équipe sous la direction de Michel Goy et Isabelle Rémy et concernait une superficie de 3 000 m2[151].
L'ensemble médiéval comprenait un bâtiment datable duVIe -VIIe siècle, construit en murs de terre sursolins de pierre et un bâtiment duXIe siècle détruit par un incendie. Le feu, par carbonisation, a préservé de nombreux éléments dont la datation a pu être possible grâce à l'étude de la vaisselle et par la méthode du C14 sur le bois. Cette chaumière fut habitée entre1024 et1060[151].
Édifiée sur une terrase graveleuse dominant la rivière, cette maison se situait alors aux confins des seigneuries de Montboucher et deLa Bâtie-Rolland. Elle possédait unterroir fertile grâce aulimon déposé par lescrues du Vermenon et se situait sur un axe important de communication de laValdaine nommé alors Gontardin ou Costardin qui a évolué en Constantin[151].
Elle couvrait une superficie d'environ 30 m2 et sa structure était constituée de poteaux en bois de chêne assemblés à l'aide de chevilles. Ses parois étaient entorchis réalisé par un mélange de terre, de végétaux et de tessons de poterie d'une épaisseur de 10 cm[152].

L'intérieur était peint à lachaux et le foyer installé sur unesole constituée d'une pierre calcaire de 80 × 35 cm et d'une épaisseur de 45 centimètres. Elle possédait un plancher clouté sur un châssis desolives qui formait un vide sanitaire. Le toit qui la recouvrait était constitué de végétaux provenant desroselières de la rivière[152].
Le mobilier découvert suffisait à une seule famille vivant isolée pratiquant l'agriculture et défrichant sa terre. Il était constitué de vaisselle de terre, d'outillage et d'un coffre de bois. Ce dernier avait été fait avec de l'orme et contenait la réserve de céréales. Pour l'outillage, outre un certain nombre d'outils pour travailler le bois, il y avait une lame de couteau mesurant 20 centimètres, des ferrures de porte, un morceau de clef et des clous de fer à cheval, à tête carrée, qui avaient servi à clouter le plancher[b 34].

Une synthèse des fouilles préventives à la construction de la ligne TGV Méditerranée a été faite par Magali Rolland à partir des cinq sites médiévaux identifiés dans laDrôme. Ce sontChâteauneuf-sur-Isère (La Baume),Upie (Les Vignarets),Crest (Bourbousson 2),Chabrillan (Saint-Martin 1) etMontboucher-sur-Jabron (Constantin)[b 35].
Sur ces sites, parmi lescéramiques,monnaies et diversartefacts, étudiés par ailleurs, ont été en priorité sélectionnés 83 objets rattachés à la vie quotidienne et qui offrent« un éclairage relativement complet sur le mode de vie des hommes et des femmes de cette région au Moyen Âge »[b 35].
Les archéologues considèrent ce travail comme une première car, jusqu'à présent, ce type d'objets utilitaires n'avaient été trouvés qu'isolés ou hors de leur contexte archéologique dans ce secteur de la moyenne vallée du Rhône (sépulture ou découverte fortuite lors de travaux agricoles)[b 35].
Désormais, avec cette collection importante et diversifiée, les spécialistes pourront s'en servir de référence tant pour les nouvelles découvertes archéologiques que pour renseigner ou compléter des fouilles déjà faites à l'exemple de celles deLyon dans l'habitat urbain ou deRougiers dans le village déserté auhaut Moyen Âge[b 35].
Le tableau 1 quantifie, pour chacun des cinq sites, les catégories dans lesquelles ont été classés ces objets et leur répartition par secteur. Ceci a permis de mettre en exergue que certaines de celles-ci sont assez marginales. Au premier chef, le cultuel puisqu'aucune fouille n'a touché un lieu de culte. La partie toilette, car ces objets étaient le plus souvent fabriqués à partir de matériaux périssables, tout comme le mobilier domestique. Si la sous représentation de ces deux derniers secteurs est une constante déjà bien connue en milieu rural médiéval, la catégorie attelage a aussi fourni peu d'objet, les paysans du haut Moyen Âge n'utilisant que peu la traction animale[b 35].
| Site | Châteauneuf-sur-Isère | Upie | Crest | Chabrillan | Montboucher-sur-Jabron | Total | Pourcentage |
|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Attelage | 2 | 0 | 0 | 1 | 2 | 5 | 6 % |
| Construction | 9 | 0 | 0 | 2 | 1 | 12 | 14,5 % |
| Cultuel | 0 | 0 | 0 | 0 | 1 | 1 | 1,2 % |
| Mobilier | 1 | 1 | 0 | 1 | 0 | 3 | 3,6 % |
| Outillage | 4 | 3 | 7 | 17 | 6 | 37 | 44,6 % |
| Parure | 5 | 2 | 4 | 1 | 0 | 12 | 14,5 % |
| Toilette | 0 | 0 | 0 | 1 | 0 | 1 | 1,2 % |
| Indéterminé | 3 | 0 | 4 | 4 | 1 | 12 | 14,5 % |
| Total | 24 | 6 | 15 | 27 | 11 | 83 | 100 % |



Par contre, sont bien représentées les catégories liées à la construction, grâce à leurs objets en fer[b 35], la parure, même si les bijoux sont peu présents, avec des boucles vestimentaires qui n'étaient jusqu'alors découvertes que dans lessépultures[b 36].
La partie indéterminée comprend uniquement des artefacts de ces précédentes catégories car« leur forme ou leur état de conservation ne permet pas de reconnaître avec certitude leur fonction »[b 36].
Le secteur le mieux représenté est celui de l'outillage avec 37 objets dont la fonction a été parfaitement définie. Leur quantité et leur diversité ont permis de dresser un profil des activités humaines en milieu rural au cours du haut Moyen Âge dans cette partie de la moyenne vallée du Rhône. Le paysan ou le serf étaient aussi éleveurs de moutons (sonnaille, forces à tonte) et son épouse préparait et tissait la laine (fusaïoles, peson). À son travail de la terre (houe, serpette) s'ajoutait celui du bois (gouge, poinçon) et de l'entretien de ses instruments de récolte (pierre à aiguiser). Un partage des tâches devait s'effectuer dans le ménage pour tout ce qui avait trait au puisage et au transport de l'eau et du grain (esse, crémaillère)[b 37].
| Site | Châteauneuf-sur-Isère | Upie | Crest | Chabrillan | Montboucher-sur-Jabron | Total |
|---|---|---|---|---|---|---|
| Aiguiser | 2 pierres | 2 | ||||
| Assembler | 1 clou | 2 clous | 3 | |||
| Couper | 1 hachoir | 1 tranchet | 3 lames | 4 lames | 1 lame de coutelas | 10 |
| Graver Sculpter | 1 burin | 1 poinçon | 1 ciseau 1 stylet 1 poinçon | 1 poinçon 2 gouges | 8 | |
| Produire Fabriquer | 1 reste de tabletterie | 1 | ||||
| S'occuper des animaux | 1 paire de forces | 1 sonnaille | 2 | |||
| Suspendre Puiser | 2 esses | 2 crémaillères | 4 | |||
| Tisser Coudre | 3 fusaïoles | 1 peson | 4 | |||
| Travailler la terre | 1 serpette | 1 houe | 1 serpette | 3 | ||
| Total | 4 | 3 | 7 | 17 | 6 | 37 |
Le tableau 2, dans sa classification, met en évidence la prédominance des outils tranchants tant pour un usage ménager qu'artisanal. Il souligne aussi un manque avec l'absence de manche ou de certains outils (maillet), toujours réalisé en bois[b 37].
Par contre, la présence logique, à 70 %, de fer pouvait faire penser à des forges locales de fabrication ou liées à l'entretien de ces matériaux. Mais cette hypothèse n'a été vérifiée qu'en trois sites sur cinq[b 37]. Ceux-ci ne faisant d'ailleurs aucune production, mais seulement de la maintenance. Ces forges domestiques, où n'ont été repérées aucunescorie ou battiture (fragment de métal incandescent tombé sous les coups de marteau lors du forgeage d'une pièce), typiques des fourneaux de réduction, ont pu seulement entreprendre une petite fabrication de clous, par exemple[b 38].


Lecouloir de la chimie, au sud duGrand Lyon, est le nom donné à une zone située sur plusieurs communes (Lyon,Pierre Bénite,Saint-Fons,La Mulatière,Feyzin) et qui comporte une grande concentration d'industries chimiques avec certaines classéesSeveso 2. Sur une dizaine de kilomètres, le long l'autoroute A7, se succèdent des établissements de l’industrie chimique et pétrochimique :Arkema,Ciba,Rhodia, laraffinerie Total de Feyzin,Air liquide. Les établissements chimiques qui la composent, disposent de plusieurs moyens de transport des produits chimiques ; letransport fluvial avec leRhône, letransport routier avec l'autoroute A7 et letransport ferroviaire.

La Vallée du Rhône regroupe d'importants complexes nucléaires, à vocations militaire, civile ou de recherche.
Parmi les sites les plus remarquables, lesite nucléaire de Marcoule regroupe les trois aspects, avec un objectif essentiellement militaire lors de sa création (notamment la production deplutonium et detritium entrant dans la composition desarmes nucléaires), et dont certaines installations sont aujourd'hui en démantèlement. La fabrication deMOX entre dans la chaine de fabrication ducombustible nucléaire (usage civil) et leréacteur Phénix (arrêté en 2010) permettait des travaux de recherche sur site.
Lesite nucléaire du Tricastin est essentiellement dédié au cycle amont ducycle du combustible nucléaire, et dispose de 4réacteurs nucléaires en cours d'exploitation. L'usine d'enrichissement par centrifugationGeorges Besse II, l'un des plus grands projets français en termes d'investissement (3 milliards d'euros), a été mise en service en avril 2011.
Lacentrale nucléaire de Cruas, connue pour son immense fresque visible depuis l'autoroute A7, regroupe, comme sur le site du Tricastin, 4réacteurs nucléaires en cours d'exploitation.
Laroute de l'étain passait par la vallée du Rhône qui était l'unique voie d'approvisionnement en minerai pour les pays méditerranéens pendant l'âge du bronze. L'étain, venu d'Armorique et deCornouailles, était transporté jusqu'à l'estuaire de laLoire. De là, il remontait le fleuve afin de rejoindre le Rhône[153]. Ce trajet est attesté parDiodore de Sicile qui, auIer siècle avant notre ère, parlait d'un périple de trente jours pour atteindre l'embouchure du Rhône[154]. Certains suggèrent un passage parRoanne[153], d'autres par la route duPuy-en-Velay et le col du Roux[155], près deSaint-Cirgues-en-Montagne[154]. Trafic qui n'était pas sans risque comme en témoigne l’hypogée deRoaix, fouillé parJean Courtin et daté de la fin duChalcolithique. Situé au quartier des Crottes, il contenait 30 corps qui tous portent des traces de blessures ou de traumatismes mortels, résultat d'uneguerre locale liée au trafic de l'étain[156]
La venue desPhocéens, en-598, et la fondation deMassalia, n'est pas du tout étrangère à l'idée de contrôler le débouché de la route de l'étain. Même si au passage la rapide création de comptoirs côtiers prouvent que les Grecs s'intéressaient aussi à tout négoce dont l'or,Agathée (Agde) est fondée à l'embouchure de l'Hérault, fleuve aurifère, et le sel,Olbia (Hyères) contrôlait des salins[122].
Ils privilégièrent surtout l'axe fluvialRhône/Saône où l'archéologie a montré que leurs comptoirs et leur négoce remontèrent fort loin.Vix, aux sources de laSeine, commerçait avec Massalia, comme l'a prouvé levase de Vix, le plus grandcratère de l'Antiquité, daté de-525. L'oppidum Saint-Marcel, situé près duPègue et proche deValaurie (Vallea Aurea), fut l'un des plus grandsemporions des Massaliotes[122].
Latoponymie permet de retrouver d'autresemporions dans la vallée du Rhône dontEmpurany, sur leDoux, avecSaint-Jean-de-Muzols son port sur leRhône, qui desservait les mines deLargentière ;Ampuis, proche de la confluence Rhône/Saône ;Amphion, sur les berges dulac Léman ; tandis que dans la vallée de la Saône se trouventAmpilly-le-Sec etAmpilly-les-Bordes, aux portes deVix[157].

Dès leIIe siècle avant notre ère, les fouilles archéologiques qui ont exhumé des amphores de type campanien àBesançon et àLezoux ont mis en évidence l'utilisation de l'axe Rhône/Saône pour la commercialisation du vin venu deNaples[158].
Il y eut même, vers le milieu duIer siècle une frénésie dénoncée parDiodore de Sicile :« Le naturel cupide de beaucoup de marchands italiens exploite la passion du vin qu'ont les Gaulois. ; sur des bateaux qui suivent les cours d'eau, ou des chariots qui roulent dans les plaines, ils transportent leur vin, dont ils tirent des bénéfices incroyables, allant jusqu'à troquer une amphore contre un esclave »[159].
Desamphores de type Dressel 1, ayant transité par le Rhône, ont été retrouvées par milliers lors dedragage àChalon-sur-Saône et tout autour deRoanne. Leurs vins remontaient ensuite, par laSaône, vers les vallées duRhin et de laMoselle[160]. André Tchernia, archéologue et l'un des meilleurs spécialistes des vins de l'Antiquité, a pu estimer que, tant par laGaronne que par l'axe Saône/Rhône, ce sont environ 600 000 amphores qui transitaient annuellement, soit 120 000 hectolitres[161].
Dans cette commercialisation letonneau fut aussi utilisé comme en témoigne la stèle deCabrières-d'Aigues, dans la vallée de laDurance[162] ou celle deColonzelle dans leTricastin. Ce sont avec les amphores du potier deMazan, les premières ouvrées sur place, la preuve archéologique d'une diffusion des vins locaux[163].
Au début duIer siècle, les vins de la vallée du Rhône issus des actuels vignobles deCôte-rôtie et de l'Hermitage devinrent célèbres dans tout le monde romain. C'est l'inversion du trafic rhodanien avec la descente des vins vers lamer Méditerranée[164]. Ce type de trafic reprit des siècles plus tard, au temps despapes d'Avignon, quand le vin deBeaune approvisionna les celliers pontificaux et y gagna sa renommée[165].
LesAlyscamps (Champs Élysées en provençal, cité des morts vertueux dans la mythologie grecque) est unenécropolearlésienne, remontant à l'époque romaine. AuMoyen Âge, elle fut christianisée en l'honneur deGenest, saint arlésien, décapité en303. Au fil des siècles ce lieu devint si renommé que nombre de personnes souhaitèrent y être enterrées, à l’instar desévêques d’Arles. Des cadavres, que les riverains mettaient à l'eau, descendaient le cours duRhône sur de petits bateaux ou dans des tonneaux pour y être inhumés. Une somme d'argent, l'obole, étant jointe pour rémunérer les Arlésiens qui mettaient en sépulture les défunts. C'était le droit de mortellage.Gervais de Tilbury notifie que ce train mortuaire était conduit divinement vers les rivages jouxtant les Alyscamps. La vogue de cette nécropole décrut auXIIe siècle[c 2].

Lesfoires de Champagne commencèrent dès leXIIe siècle dans tout lecomté de Champagne. Leur succès fut principalement dû à la sécurité particulière dont bénéficiaient les marchands, garantie par lescomtes de Champagne eux-mêmes. Elles se tenaient dans les villes deLagny (une fois par an),Provins (trois fois par an),Troyes (deux fois par an) etBar-sur-Aube (une fois par an).
Le « conduit » royal accordé parPhilippe Auguste en1209 élargit encore le rayonnement de ces foires. Celles-ci formèrent désormais un ensemble cohérent été (foires chaudes) comme hiver (foires froides), qui attira lesFlamands aussi bien que lesItaliens. Le conduit royal les assurait que tout tort qui leur serait causé serait tenu pourlèse-majesté et pris en compte par la justice royale[166]. Pour les républiques marchandes italiennes, au premier rang desquelles se trouvaitVenise, leurs galées mouillaient àMarseille et l'axe Rhône/Saône permettait aux marchandises de rejoindre ou de quitter laChampagne[167]. Au cours des années1312-1320, la régression de l’importance internationale des foires de Champagne avait fait diminuer puis, sur ordre du dogeGiovanni Soranzo, réduisit à néant le trafic des galères vénitiennes dans la « mer du Lion ». Elles avaient perdu l'habitude de faire escale dans le Vieux Port de Marseille et d’entreposer leurs marchandises qui remontaient par la vallée du Rhône vers la Champagne[168].

LaFoire de Beaucaire, fondée en1217, parRaymond VI de Toulouse donna à cette cité duLanguedoc rhodanien le statut de« capitale française des marchandises ». Elle tint ce rôle jusqu'à l'avènement du chemin de fer[c 3].
Émile Levasseur, dans sonTraité du Commerce en France avant 1789, explique :« Dans le Languedoc duXIIIe siècle, la foire de Beaucaire tenait la tête. Placée au débouché du Rhône, elle attirait les marchands orientaux de Tunis, d'Alexandrie, de Syrie et de Constantinople, les Grecs, les Italiens de Venise et de Gênes ; les Aragonais et les Catalans de Barcelone ; des Portugais, des Anglais, même les Allemands et les marchands de France, venus de tous les points du territoire »[169].
La foire occupait les allées qui s'étendaient le long des rives du Rhône, c'était lePré de Beaucaire[c 3]. AuXVIIIe siècle, les premières statistiques indiquent qu'il venait à la foire une moyenne de 100 000 vendeurs et acheteurs par an, en1769 la fréquentation monta à 120 000 personnes, entre1789 et1793, en pleineRévolution, la moyenne ne faiblit pas et oscilla toujours à chaque foire aux alentours de 120 000 entrées. Dans cette période de transition entre l'Ancien Régime et la République, le montant des ventes annuelles se situa entre 40 et 46 millions de francs/or. En1797, le montant des transactions effectuées atteignit le chiffre record de 50 millions de francs/or[169].
Cette même année, lemarquis de Sade, voulant renflouer ses finances, partit d'Apt, le pour installer àBeaucaire un stand de loterie. Ce fut un échec total puisqu'aucun billet ne fut vendu au cours de la foire[c 4].
La foire de Beaucaire fut indirectement responsable de lapeste de 1720 qui provoqua la mort d'une grande partie de la population dans le sud de la France. Le navire leGrand-Saint-Antoine, commandée parJean-Baptiste Chataud, accosta àMarseille le. Ce bâtiment transportait des soieries destinées à la foire, par le premier échevinJean-Baptiste Estelle. Ce dernier fit lever sa patente pour éviter la quarantaine et débarquer ses marchandises. Celles-ci contaminées répandirent la peste qui s'étendit rapidement à laProvence et auLanguedoc[170],[171]. Jusqu'au milieu duXIXe siècle, le trafic commercial se fit par les carates, spécialement adaptées auhalage sur le Rhône, grâce à leur énorme gouvernail qui leur évitait d'être plaquées sur les rives par le courant[172].
Ces bateaux à fond plat embarquaient leurs marchandises à la foire de Beaucaire et, tirés par un train de chevaux, remontaient le courant jusqu'à Lyon, un périple qui demandait un mois de halage[173].
Lesmarchés provençaux, très souvent marchés de tradition – certains remontent au Moyen Âge – ont essaimé de laProvence vers les départements rhodaniens. Occupant place et ruelles, ils permettent aux locaux et aux touristes de découvrir et de se fournir en tomates, poivrons, salades, olives vertes et noires, oignons, aulx, abricots, pêches, figues, raisins, truffes, etc. À cette production fruitière et légumière s’ajoute une production de type artisanal grâce aux étals de tissus colorés, dont les nappes, les serviettes, les sets de table, ainsi que couvre-lits, coussins, boutis et tissu à l'aune. L’art de la table reste toujours présent avec des artisans locaux qui offrent de la faïence et de la poterie provençales sous forme d'assiettes, plats, saladiers, brocs, huilier, salière, poivrière, etc[174].
Comme l'a analysé l'anthropologueMichèle de La Pradelle, en1996, lors de son étude sur lemarché de Carpentras, c'est un événement marquant de la vie de la ville ou du village qui se présente comme une célébration de l’identité locale, une cérémonie collective dont chacun est à la fois acteur et spectateur, un lieu de rencontre où tout le monde est traité sur un pied d'égalité et dont personne n'est exclu. Deux principes régissent ce type de marché, le prix des marchandises est secondaire et tout doit rappeler le divertissement[175].

Levignoble de la vallée du Rhône est un vignoble français s'étendant de part et d'autre duRhône, deVienne au nord jusqu'àAvignon au sud. C'est le deuxième vignoble en France[176],[177] en termes de volume de production de vins d'appellation d'origine contrôlée, après leBordelais. Il s'étend sur six départements :Rhône,Loire,Ardèche etGard, sur la rive droite duRhône,Drôme etVaucluse, sur la rive gauche. Ces départements font partie des régionsRhône-Alpes,Languedoc-Roussillon etProvence-Alpes-Côte d'Azur.
L'appellationcôtes-du-rhône, créée par un décret de1937, se répartit sur 44 000 hectares sur les départements duRhône, de laLoire, de l'Ardèche, de laDrôme, duVaucluse et duGard.
L'appellationcôtes-du-rhône villages, créée par un décret de1966, concerne 95 communes de l'aire géographique des départements :
Ardèche,Drôme,Vaucluse etGard.
| Départements | Vallée du Rhône septentrionale | Départements | Vallée du Rhône méridionale |
| Rhône | Côte-rôtie | Drôme | Vinsobres |
| Rhône /Loire /Ardèche | Condrieu | Vaucluse | Gigondas |
| Loire | Château-grillet | Vaucluse | Beaumes-de-venise |
| Ardèche /Loire | Saint-joseph | Vaucluse | Châteauneuf-du-pape |
| Ardèche | Cornas | Vaucluse | Vacqueyras |
| Ardèche | Saint-péray | Gard | Tavel |
| Drôme | Hermitage | Gard | Lirac |
| Drôme | Crozes-hermitage | Vaucluse | Rasteau |

Joseph Talon (1793-1873), natif deSaint-Saturnin-d'Apt, eut l'idée de planter des glands dans une de ses terres en1808. Une dizaine d'années plus tard, alors qu'il cavait avec son cochon, celui-ci sortit de cette terre plusieurs kilos de rabasses noires. Cette belle récolte de truffes l'incita à continuer. Il acheta de mauvaises terres et les ensemença de glands. Comme tous l'avaient vu planter des glands, on l'imita. Les contreforts desmonts de Vaucluse, se couvrirent de chênes, plus de 200 propriétaires étaient demandeurs et pressés. Joseph Talon vendit alors des plants truffiers, les premiers plans mycorhizés de l’histoire[178].
La rumeur se répandit jusqu'au marché aux truffes de Carpentras, Auguste Rousseau, négociant en truffes, en 1847, se fournit auprès de Talon. Et lorsqu'il présenta ses truffes à l'exposition universelle de 1855, il obtient la médaille d’or. Latrufficulture était née[178]. Les participants aux deuxièmes rencontres internationales de la truffe qui se sont déroulées àMénerbes le ont rendu hommage à Joseph Talon, le père de la trufficulture moderne et rappelé que le Vaucluse est le berceau de celle-ci[179].

Le piémont du Ventoux et leTricastin sont les premiers producteurs en France deTuber melanosporum[a 15]. En saison, c'est le marché de Carpentras, un des plus importants de la région avecRicherenches, qui fixe les prix. Ces truffes se récoltent entre 500 et 1 000 mètres d'altitude. Préférant les terrainscalcaires, elles se développent toujours en symbiose avec lechêne blanc ouvert, lefrêne et lecharme. Il est affirmé que les plus fines poussent à l'ombre dutilleul[180]. Latruffe du Tricastin est protégée par une AOC depuis1978[181], elle s'étend sur 68 communes de la Drôme et 15 communes de Vaucluse[182]. Pour revendiquer cette appellation, la truffe du Tricastin exige une stérilisation en première ébullition et uniquement avec des T. melanosporum[183].
| Département | Nom | Classification | Département | Nom | Classification |
|---|---|---|---|---|---|
| Alpes-de-Haute-Provence Vaucluse | Banon | AOC | Loire | Rigotte de Condrieu | AOC |
| Drôme Isère | Bleu du Vercors-Sassenage | AOC | Loire | Rigotte de Pélussin | sans |
| Bouches-du-Rhône | Brousse du Rove | sans | Ardèche | Rogeret des Cévennes | sans |
| Gard | Pélardon | AOC | Ardèche | Saint-félicien (Ardèche) | sans |
| Ardèche Drôme | Pétafine | sans | Isère | Saint-félicien (Dauphiné) | sans |
| Ardèche Drôme Gard Vaucluse | Picodon | AOC | Drôme Isère | Saint-marcellin | AOC |
| Bouches-du-Rhône Vaucluse | Poivre d'âne | sans | Bouches-du-Rhône | Tomme d'Arles | sans |
Le tourisme fluvial a recréé la tradition plus que millénaire qui faisait du Rhône le trait d'union entre Avignon et Lyon. Le début fut timide en1994 avec seulement trois bateaux-hôtels, en2011, c'est une flotte de vingt-et-un bâtiments, dont six bateaux-promenade, qui s'ancre sur les quais des allées de l'Oulle[184].
Les bâtiments de cette flottille offrent uneescale d'un minimum d'une journée à leur clientèle, ce qui permet de visiter la cité des papes et ses environs immédiats. La fréquentation, au cours desannées 2000, s'est amplifiée avec près de 50 000 touristes venus en majorité de l'Europe du Nord et de l'Amérique du Nord. De plus, une navette fluviale électrique relie gratuitementAvignon àVilleneuve-lès-Avignon et, depuis1987, une capitainerie gère l'ensemble du trafic fluvial, bateaux de passage et bateaux amarrés au port d'Avignon[184].

L’œnotourisme, outourisme vitivinicole, est une forme de tourisme d'agrément qui repose sur la découverte des régions viticoles et leurs productions. Pour le programme européenVintur,« le produit œnotourisme consiste à l’intégration sous un même concept thématique des ressources et services touristiques d’intérêt, existants ou potentiels, dans une zone vitivinicole ». Une charte de qualité a été mise en place dans la vallée du Rhône pour l'ensemble desvignobles parInter Rhône[185]. Elle propose trois catégories différentes d'accueil en fonction des prestations offertes par les caves[186].
La première - dite accueil de qualité - définit les conditions de cet accueil. Un panneau à l'entrée doit signaler que celui-ci est adhérent à la charte. Ce qui exige que ses abords soient en parfait état et entretenus et qu'il dispose d'un parking proche. L'intérieur du caveau doit disposer d'un sanitaire et d'un point d'eau, les visiteurs peuvent s'asseoir et ils ont de plus l'assurance que locaux et ensemble du matériel utilisé sont d'une propreté irréprochable (sols, table de dégustation,crachoirs, verres)[185].
L'achat de vin à l'issue de la dégustation n'est jamais obligatoire. Celle-ci s'est faite dans des verres de qualité (minimum INAO). Les vins ont été servis à température idéale et les enfants se sont vu proposer des jus de fruits ou des jus de raisin. Outre l'affichage de ses horaires et des permanences, le caveau dispose de fiches techniques sur les vins, affiche les prix et offre des brochures touristiques sur l'appellation[185].
La seconde - dite accueil de service - précise que le caveau est ouvert cinq jours sur sept toute l'année et six jours sur sept de juin à septembre. La dégustation se fait dans des verres cristallins, voire en cristal. Accessible aux personnes à mobilité réduite, il est chauffé l'hiver et frais l'été. De plus il dispose d'un éclairage satisfaisant (néons interdits). Sa décoration est en relation avec la vigne et le vin, une carte de l'appellation est affichée. Il dispose d'un site internet et fournit à sa clientèle des informations sur la gastronomie et les produits agroalimentaires locaux, les lieux touristiques et les autres caveaux adhérant à la charte. Des plus les fiches techniques sur les vins proposés sont disponibles en anglais[187].
La troisième - dite accueil d'excellence - propose d'autres services dont la mise en relation avec d'autres caveaux, la réservation de restaurants ou d'hébergements. Le caveau assure l'expédition en France pour un minimum de vingt-quatre bouteilles. Il dispose d'un site Internet en version anglaise et le personnel d'accueil parle au moins l'anglais[188].

Des musées de la vigne et du vin accueillent les passionnés dans les trois régions :

Dès la fin de laPremière Guerre mondiale, l'automobile va permettre de développer une nouvelle forme de« gastronomie du voyageur ». La RN7, qui permet de descendre sur laCôte d'Azur ou remonter vers le nord de l'Europe, va drainer un tourisme de luxe à partir des trois plus grandes métropoles françaisesParis,Lyon,Marseille[196].
Les guides routiers se multiplient et donnent des renseignements précis sur les haltes gastronomiques. Leguide Michelin propose même une classification par étoiles. La mascotte de la marqueMichelin, lebibendum, est d'ailleurs né d'une idée deCurnonsky, le prince des gastronomes[197].
L'axe routier de la vallée Saône/Rhône se distingua rapidement par ses nombreux restaurants étoilés. À titre d'exemple,Jean-Robert Pitte indique que dans l'édition1956 du guide rouge, la moitié des trois étoiles de province se retrouvait à proximité de« l'axe royal », avec sept restaurants, Paris n'en n'ayant que quatre[197].
Lebistrot de pays est une marque déposée pour un label concernant des établissements de restauration ou des débits de boissons qui ont pour but de « contribuer à la conservation et à l’animation du tissu économique et social en milieu rural par le maintien d’un lieu de vie du village »[198]. Ils sont présents dans 20 départements répartis sur 8 régions de France[199]. Dans la vallée du Rhône, ils se trouvent dans trois départements :
Si le Bistrot de pays assure une restauration complète dans son établissement, il doit proposer à sa carte un maximum de produits du terroir et de recettes régionales. À défaut, il offre au minimum uncasse-croûte à tout heure à base lui aussi de produits locaux[198].


Sous le vocable desaintes Maries, latraditioncatholique désigne trois femmes deBéthanie :Marie-Madeleine,Marie Salomé etMarie Jacobé.
Leshagiographes, afin de relier le christianisme provençal à une présence des premiers disciples duChrist, ont popularisé un débarquement enCamargue d'un groupe comprenant aussiMarthe,Lazare le ressuscité,Maximin,Sidoine l'aveugle-né qui deviendrasaint Restitut etJoseph d'Arimathie, porteur du SaintGraal[c 5].
Chassés dePalestine et placés dans une barque sans voile ni rame, ils furent poussés par les courants vers le delta duRhône où ils s'échouèrent en48. Là, ils furent accueillis parSarah la noire, qui devint la servante des Maries[c 5].
Seules restèrent sur place Marie Salomé, Marie Jacobé et Sarah. Elles y moururent, et l'endroit où elles furent ensevelies devint un important lieu de culte et depèlerinagechrétien ainsi qu'une halte sur lechemin deSaint-Jacques-de-Compostelle, fils deMarie Salomé[c 5].
Marie-Madeleine se retira dans le massif de laSainte-Baume,Lazare devint le premierévêque deMarseille,Maximin, celui d'Aix et Sidoine, celui du Tricastin, tandis queMarthe s'en fut àTarascon, où, d'après lalégende, elle terrassa la terribleTarasque[c 5].

LaTarasque, dite aussi « bête faramine »[200], est un animal du folklore provençal. Dragon amphibie aux yeux rougis et à l'haleine putride, elle vivait sur le rocher où a été construit le château deTarascon et était censée hanter les marécages près deTarascon, détruisant tout sur son passage et terrorisant la population. La Tarasque guettait les voyageurs passant leRhône pour s'en repaître. Ce monstre a été décrit comme une sorte dedragon à six pattes courtes comme celles d'unours, un torse comme celui d'unbœuf, recouvert d'une carapace detortue et muni d'une queue écailleuse se terminant par undard descorpion. Sa tête était celle d'unlion aux oreilles decheval avec un visage de vieil homme.Jacques de Voragine dans laLégende dorée qu'il écrivit dans les années1261-1266 :« Il y avait, à cette époque, sur les rives du Rhône, dans un marais entreArles etAvignon, un dragon, moitié animal, moitié poisson, plus épais qu'un bœuf, plus long qu'un cheval, avec des dents semblables à des épées et grosses comme des cornes; il se cachait dans le fleuve d'où il ôtait la vie à tous les passants et submergeait les navires. »[201].

Au cours de laRenaissance, leGrand schisme d'Occident étant fini ce qui avait permis au comte de Provence d'être à nouveauroi de Naples, il fallut exorciser les craintes. À Tarascon, c'était les crues du fleuve. Et la légende des saintes de Béthanie, Marthe et sa sœur Marie, venues évangéliser la Provence et faire fuir tous ses maux, reprit vie. On trouva même une date précise à leur arrivée. Elles avaient débarqué auxSaintes-Maries-de-la-Mer en l'an de grâce48. Et Marthe avait donc dominé la Tarasque peu après. De plus, tous se souvenaient de la piété des rois de France qui étaient venus pèleriner sur le tombeau de la sainte à Tarascon. Tout d'abordClovis, qui était tombé malade au cours du siège d'Avignon et qu'elle avait guéri. PuisLouis IX, qui était devenu saint, et son frèreCharles1er, comte de Provence et roi de Naples. Et l'actuel roi René était leur successeur[202]. Cette légende donna naissance à des festivités, créées en1469. Elles se déroulaient alors sur deux jours, le second dimanche après laPentecôte, et reprenaient ensuite le pour la fête de Marthe, patronne de Tarascon[202]. Le roi les présida jusqu'au. Elles étaient destinées à exorciser le mal qui, pour les riverains du Rhône, se traduisait par les débordements intempestifs du fleuve. On accusait, entre autres choses, la Tarasque de bousculer les digues péniblement établies, de rompre de ses coups de queue les barrages qui empêchaient les eaux d'inonder la Camargue. On fabriqua alors un monstre qu'on lâchait dans les rues[203]. Ces festivités traversèrent les siècles jusqu'au, où les fêtes de la Tarasque à Tarascon ont été proclamées, par l'UNESCO, comme faisant partie dupatrimoine oral et immatériel de l'humanité et inscrites en2008[204].

Il suffit de passer le Rhône pour retrouver en face de Tarascon, un autre mythe fluvial à Beaucaire. On a dès leXIIIe siècle des relations de dracs habitant les eaux duRhône. Un chroniqueur de l'époque dit qu'ils peuvent prendre une apparence humaine, et qu'ils font flotter sur les eaux des coupes en or, ou des anneaux, qui attirent les humains. Quand ceux-ci se sont penchés ou avancés dans l'eau, les dracs s'emparent d'eux pour les dévorer ou se servir d'eux[205] : ledrac deBeaucaire est une célèbre légende chroniquée parGervais de Tilbury au début duXIIIe[206], dans son récitDe lamis et dracis et phantasis[c 6].
Elle raconte l'histoire d'une femme enlevée par un drac alors qu'elle lavait son linge au bord duRhône : elle avait vu une coupe de bois flotter et n'avait pu s'empêcher de la saisir, c'est alors que le dragon l'entraîna par le fond et la força à devenir la nourrice de son fils. Elle vit le dragon enlever des humains en prenant lui-même une apparence humaine puis, sept ans plus tard, elle revint saine et sauve. Son mari et son ami la reconnurent à peine[206],[207]. Elle leur raconta alors ce qu'elle avait vécu durant sa captivité, que les dracs se nourrissaient de chair humaine et prenaient eux-mêmes forme humaine, et comment, un jour, elle toucha par hasard l'un de ses yeux avec son doigt enduit de graisse d'un« gâteau de serpentaire », ce qui lui donna le pouvoir de voir clair sous l'eau. Un drac qu'elle salua par erreur alors qu'il avait pris forme humaine lui demanda de quel œil elle l'avait reconnu, et lui ôta son pouvoir[207].

Dans le chant VI de sonPoème du Rhône,Frédéric Mistral, reprend ce thème des mésaventures d'unelavandière deBeaucaire enlevée par le Drac. La narration en est différente. Charmée par un chant venu du plus profond des eaux, l'Anglore avait laissé tomber son battoir dans le fleuve. Quand elle tenta de le récupérer, elle fut saisie et entraînée par le Drac« dans une grotte vaste et pleine de fraîcheur, éclairée par une lueur aqueuse ». Elle allait y rester durant sept ans[c 7]. Là, elle servit de nourrice au fils du Drac[c 6]. Très satisfait de ses premiers services« le Drac lui confia une petite boite de graisse humaine en lui recommandant de bien en enduire son fils chaque soir afin qu'il soit invisible puis de se nettoyer soigneusement ses mains avec une eau spéciale qu'il lui fournit également ». L'Anglore oublia un soir cette recommandation et le lendemain matin, après qu'elle se fut frotté les yeux pour mieux s'éveiller, elle vit enfin le Drac sous sa forme humaine[c 8].
Quand elle réapparut, pressée de questions, elle avoua qu'elle était restée tout ce temps dans le Rhône avec le Drac[c 7]. Le poète conclut son chant en jouant sur ambiguïté de leurs rapports. L'Anglore ne put se défaire de la séduction qu'exerçait sur elle son geôlier qu'en se signant[c 9]. Quelque temps après, en se promenant sur une place de Beaucaire, elle aperçut un homme qui n'était autre que le Drac. Elle s'empressa d'aller le saluer. Mal lui en prit, celui-ci furieux d'avoir été découvert, lui creva un œil d'un coup de griffe et s'en retourna à tout jamais au plus profond du Rhône[c 3].
Des battoirs de lavandières ornés d'un Drac reptilien sont exposés au Musée du Vieux Beaucaire et auMuseon Arlaten[c 6]. Leur rôle était de hasser l'esprit malin[208]. ÀDraguignan, les consuls puis les maires eurent le droit de prémommerDrac des enfants dont ils étaient les parrains[c 10].

Jean-Paul Clébert suggère que la légende de la lavandière enlevée par leDrac pourrait avoir ses origines dans l'initiation au culte deMithra, qui fut important dans la vallée du Rhône[c 11]. Ce culte solaire, lié auSol Invictus, admettait les femmes et l'initiation se déroulait dans des cavernes ou des caves. De plus parmi les épreuves imposées et préalables à toute initiation, il y avait des exercices physiques dont la nage dans les tourbillons d'un fleuve. Ses mystères devaient rester secrets et la lavandière trop bavarde aurait donc été sanctionnée[c 12].
Le plus important vestige du culte àMithra, apporté sur les rives du Rhône par les légions romaines, se trouve àBourg-Saint-Andéol et l'on sait par des textes antiques que celle religion à mystères avait été adoptée par les bateliers qui sillonnaient le fleuve et ses affluents. Il s'agit d'un bas-relief sculpté sur un flanc de la falaise du vallon de Tournes[c 13].
« Le dieu est représenté sous les traits d'un jeune homme coiffé d'un bonnet phrygien. Après avoir dompté le soleil, figuré en haut et à droite, il poursuit le taureau, symbole des forces indomptées de la nature. D'une main, il tient le mufle de la bête, et de l'autre, il la frappe d'un poignard »[c 13].
Un cartouche, devenu à peu près illisible signale le nom du donateur. En fonction des relevés faits de cette inscription,Henri-Paul Eydoux a proposé la traduction suivante :« À la divinité de Mithra, au soleil très grand, Titus Furius Sabinus a fait exécuter de ses deniers et dédié cette image au Dieu Invincible »[c 13].
Quant àFrédéric Mistral, il donne une tout autre version dans sonpoème du Rhône :« Le bœuf que tu vois là, en regard du soleil et de la lune, représente la batellerie du fleuve, le grand serpent qui ondule sous lui, c'est le Drac, dieu de la rivière, et celui qui égorge le taureau, qui porte sur la tête un bonnet rouge, c'est le destructeur qui doit un jour tuer les mariniers, le jour où, pour jamais, de la rivière sera sorti le Drac qui en est le génie »[c 13].
Dans la vallée du Rhône, outre lemithreum deGenève et celui deVieu, ont été identifiés celui deLyon auquel était adjoint unspelaeum dédié à Mithra,Vienne possédait sonmithreum, unAión-Chronos mithraïque, un Mithra pétrogène et un groupe sculpté représentant Mithra taurochtone. En face,Saint-Romain-en-Gal avait aussi sonmithreum, et en avalTain-l'Hermitage, un autel taurobolique. ÀOrange et àAix-en-Provence avait été érigé un temple auSol Invictus, tandis qu'àGlanum un autel lui était consacré. Les fouilles dans la cité d'Arles antique ont permis de retrouver unAión entièrement drapé[209] et un autel taurobolique auxSaintes-Maries-de-la-Mer[c 14].

Lachèvre d’or est un animal fabuleux qui possède un pelage, des cornes et sabots d’or. Gardienne de trésors légendaires, son mythe est lié à l’occupation sarrasine, partielle ou temporaire, de laProvence et duLanguedoc au cours de haut Moyen Âge soit de730 à973. Leurs pillages avaient marqué la mémoire collective. Quand ils furent expulsés des rives de la vallée du Rhône, on commença à murmurer qu'une partie de leur trésor était resté sur place.« Chargé d’un immense butin, Abdéraman voulut cacher en un lieu sûr dans une des nombreuses grottes des Alpilles, le plus précieux de son trésor. Donc, au milieu de la nuit, accompagné de quelques serviteurs fidèles, il se dirigea vers une des grottes qui se trouvent dans le vallon des Baux. Là, à une profondeur jusqu’à nos jours inconnue, le chef maure, pensant revenir bientôt, cacha tout un monceau d’or et de pierreries ». Et il chargea un chèvre d’or de garder son butin[c 15].
Si la légende la situe le plus souvent dans lesAlpilles, il lui arrive de passer leRhône et d’aller camper sur la rive droite du fleuve. Elle s’installe alors sur un oppidum, leCamp de César, situé sur la commune deLaudun. Là, elle veille sur le trésor qu’y laissaHannibal « roi des Sarrasins d’Afrique[210]. Ce même trésor lui fait aussi hanter le piémont duVentoux. Son antre se situe au-dessus deMalaucène, au lieu-dit « Les Aréniers », près de la source duGroseau. De gigantesqueslingots d’or sont cachés derrière laPorte Saint-Jean qui ne s’ouvre que la nuit deNoël. Les audacieux peuvent s’en saisir au cours de lamesse de minuit puisque la porte s’ouvre entre le début de l’Épître et la fin de l’Évangile[211]. EtJean-Paul Clébert d'avertir :« Craignez la Chèvre d’or, mais ne la fuyez pas : elle seule détient les clefs des innombrables trésors de Provence »[c 15].