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Valencien

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Pour l’article ayant un titre homophone, voirVallancien.

Valencien
PaysEspagne
RégionCommunauté valencienne,Murcie (El Carxe)
Nombre de locuteurs1 944 000 (2001)[1]
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielleDrapeau de la Communauté valencienneCommunauté valencienne (Espagne)
Régi parAcadèmia Valenciana de la Llengua
Codes de langue
IETFca-valencia
Linguasphere51-AAA-ed
Glottologvale1252
Échantillon
ISO 639-6:vlca
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Levalencien (encatalan :valencià), parfois dénommécatalan méridional, est un dialectecatalan traditionnellement parlé dans la plus grande partie de l'actuelleCommunauté valencienne, enEspagne, introduit par les colons de la principauté de Catalogne dans leroyaume de Valence nouvellement constitué après lareconquête des territoires musulmans parJacquesIer d'Aragon dans la première moitié duXIIIe siècle[2]. Localement, le terme de « valencien » peut également être utilisé pour désigner l'ensemble de la langue catalane.

Les auteurs valenciens donnèrent leurs lettres de noblesse au catalan littéraire et jouèrent un rôle de tout premier plan au cours de sonSiècle d'or. À partir duXVIe siècle, avec l'union des Espagnes et la diffusion ducastillan comme langue unique de la noblesse et des institutions, le catalan se trouve relégué au second plan de la monarchie hispanique mais reste la langue très majoritairement employée par lepeuple, au Pays valencien comme dans le reste du domaine linguistique. Pendant ladictature franquiste (1939-1975), la langue reste à la marge des institutions, son usage public est généralement interdit et parfois réprimé, les publications en langue vernaculaire sont sévèrement contrôlées et la région connaît une importante immigration en provenance notamment d’Andalousie. Le valencien subit un important recul quant aux proportions de locuteurs, mais reste largement présent dans lesprovinces de Valence etCastellón, hors des grands centres urbains.

AuXXIe siècle, le valencien rassemble près du tiers de l'ensemble des locuteurs de la langue catalane mais, reflétant les controverses politisées portant sur sa dénomination ou sa classification en tant que dialecte survenues depuis laTransition démocratique[3], il est toutefois considéré comme une langue distincte par une grande partie des Valenciens. À la suite de différentes sentences ou déclarations impliquant l'Académie valencienne de la langue (AVL), l'Institut d'Estudis Catalans, ainsi que leTribunal constitutionnel, le conflit est toutefois réglé d'un point de vue légal, académique et institutionnel[4]. Depuis 2006, le terme de « valencien » est académiquement et institutionnellement reconnu commeglottonyme officiel pour faire référence à la langue dénommée « catalan » dans le reste du domaine linguistique.

Histoire

Origines

La langue catalane est implantée dans leroyaume de Valence par les colons venus d'autres territoires de lacouronne d'Aragon à la suite de laconquête du territoire menée parJacquesIer.

Dans la plus grande partie du territoire, dominent les colons venus de différentes parties de laCatalogne. Cependant, la prépondérance de colons venus d'Aragon dans leszones intérieures du royaume, dichotomie renforcée lors du repeuplement ayant suivi l’expulsion des Morisques au début duXVIIe siècle explique que la langue traditionnelle de cette zone soit lecastillano-aragonais, avec des accentsmurciens dans la partie méridionale de l'actuelleprovince d'Alicante.

Dans le territoire nouvellement conquis, les colons constitueront une minorité dirigeante, cohabitant avec une importante populationmorisque, jusqu'à leurexpulsion au début duXVIIe siècle[5]. Les contacts prolongés avec lalangue arabe sont à l'origine de la présence accrue d'emprunts lexicaux en catalan occidental. La toponymie valencienne est tout particulièrement fournie en arabismes.

Le Siècle d'or

Article détaillé :Siècle d'or valencien.
Statue d'Ausias March à Gandie.

AuxXIVe et XVe siècles, le royaume de Valence vit une époque florissante et domine la couronne d'Aragon. Il donne à la langue occitano-romane sonsiècle d'or avec les œuvres d'écrivains commeAusiàs March,Joanot Martorell ouJaume Roig. March marque une étape fondamentale dans la littérature catalane, en écrivant des vers clairement différenciés de la langue classiqueoccitane, pratiquée par lestroubadours et leur suiveurs et jusqu'alors omniprésente[6]. Au début duXVe siècle, galvanisés par l'essor économique, la nouvelle dénomination de « langue valencienne » fait son apparition chez les notables du royaume, employée peu distinctement en concurrence avec d'autres appellations ; à la fin du siècle elle est leglottonyme majoritairement employé par les locuteurs de la région, contribuant à asseoir la fragmentation dialectale de la langue occitano-romane, encore très limitée cependant[7],[8],[9]. En1395,Antoni Canals semble opposer catalan et valencien comme deux langues différentes dans un texte jusqu'à présent inexpliqué[6], ce qui fut instrumentalisé par certains partisans dusécessionnisme linguistique[10] ; cependant aucune différence n'est perceptible entre la langue utilisée par Canal et celle des écrivains catalans de la même époque[10].

L'union des Espagnes et l'expulsion des Morisques

À la fin duXVe siècle, l'union descouronnes de Castille, rapidement suivie de ladécouverte de l'Amérique par Christophe Colomb pour le compte de la Castille et de laconquête du Nouveau Monde, la couronne d'Aragon et la langue catalane sont mis au second plan de la monarchie. Au début duXVIe siècle, la régence deGermaine de Foix et ladéfaite des Germanies accompagnent une profonde castillanisation culturelle de la noblesse valencienne[11],[12],[13],[14]. Le castillan devient la langue dominante dans l'imprimerie, alors en plein essor. Le valencien est en contact étroit avec lecastillan et l'aragonais, avec lesquels il interfère, en particulier dans la capitale et sonHorta, où le dialecte ditapitxat, caractérisé par une forte castillanisation phonétique et lexicale, fait son apparition[15].

Au début duXVIIe siècle, l'expulsion desMorisques ruine l’économie valencienne et le royaume doit faire face à un immense vide humain[16],[17],[18]. Le repeuplement par des immigrés catalans, aragonais ou castillans établitgrosso modo les frontières linguistiques actuelles du Pays valencien[19].

AuXVIIIe siècle,Carles Ros (1703-1773), notaire de profession, est l'auteur d'une abondante littérature romanesque écrite en valencien vulgaire ; il réédite certains textes anciens commeEspill deJaume Roig, qui abonde en lexique valencien. À sa suite,Manuel Joaquim Sanelo (1760-1827) publie un remarquableDiccionario Valenciano-Castellano. À la même époque, le dominicainLluís Galiana est un fervent défenseur de la langue des Valenciens[20].

La renaissance littéraire

Article détaillé :Renaixença valencienne.

LeXIXe siècle voit l’apparition d'un mouvement de renaissance de la langue valenciano-catalanne, laRenaixença. À Valence, l'impulsion est donnée par leMajorquinMarià Aguiló[21]. La langue ancienne est de nouveau cultivée par des auteurs contemporains, lesJeux floraux sont restaurés. EnCatalogne, le mouvement évolue vers la fin du siècle en uncatalanisme politiquenationaliste. À Valence au contraire, le mouvement restera fondamentalementapolitique et restreint à une petite élite conservatrice. Parallèlement à la Renaixença apparaît une presse écrite périodique satirique en langue vernaculaire (à Valence puis en Catalogne) commeEl Mole (1837),El Cresol etLa Donsanya (1844),El Tabalet etEl Sueco (1847), etc.[22].

La chauve-souris, emblème de Lo Rat Penat.
Constantí Llombart.

En1878,Constantí Llombart fondeLo Rat Penat, qui restera l'une des principales entités valencianistes historiques. Contre le désir de son fondateur, Lo Rat Penat, et avec lui toute la Renaixença, resteront profondément influencés par la posture provincialiste et conservatrice deTeodor Llorente Olivares, contraire à la politisation des revendications liées à la langue[23].

La Renaixença fait place, au début du siècle suivant, à un important travail de normalisation et de modernisation de la langue mené de Catalogne par un groupe d'intellectuels regroupés dans la revue modernisteL'Avenç, puis dans l'Institut d'Estudis Catalans (IEC), avec de nombreux apports fondamentaux dePompeu Fabra[24]. À Valence, quelques propositions grammaticales isolées, comme celles de Josep Nebot[25], basées sur le valencien oral, semble-t-il finalisées en 1896, les normes très personnelles du peintreJosep Maria Bayarri[26],[27] ou la grammaire deLluís Fullana (1915) commandée par leCentre de Cultura Valenciana et globalement proche de celle de l'IEC malgré quelques divergences ponctuelles, révisée dans leCompendi de la Gramàtica Valenciana de 1921, restent sans écho significatif[28],[29].

Produit d'une nouvelle génération littéraire formée en opposition à ladictature de Primo de Rivera, en1927 est fondée laTaula de Lletres Valencianes (« Table de lettres valenciennes »), revue qui marque le début du travail de récupération culturelle valencienne qui se poursuivra jusqu'au début de la guerre civile[30],[31].

En1932, lesNormes de Castelló, normes de l'IEC adaptées sur certains points aux variantes occidentales et valenciennes, sont ratifiées par les principales entités et personnalités culturelles valenciennes, dont Fullana et Lo Rat Penat. Elles font l'objet d'une rapide adoption par les milieux culturels valenciens[32]. Durant la République, le valencianisme est en ébullition et les publications dans la langue du pays se multiplient.

Le franquisme

Joan Fuster.

Pendant lefranquisme, la langue souffre d'une marginalisation importante. À Valence, le régime se montre toutefois plus tolérant qu'en Catalogne. Il se montre favorable aux activités de l'associationLo Rat Penat ou à la littérature defallas (revuePensat i fet), considérées comme d'inoffensives initiatives folkloristes[33]. Au sein de Lo Rat Penat, d'autres intellectuels continuent à mener d'importants travaux de normalisation (grammaire deCarles Salvador en1951) et de production littéraire. D'autres intellectuels contribuent également à la dignification et modernalisation du valencien littéraire à travers l'Editorial Torre, fondé à Valence en 1943[34],[35]. Il publie toute une génération de jeunes auteurs dont certains seront des personnalités de premier plan des cercles valencianistes. Parmi ceux-ci,Joan Fuster publie en1962Nosaltres, els valencians, qui encense la catalanité des Valenciens et les exhorte à récupérer leur culture commune avec ceux-ci.

Si durant la République le valencien est la langue largement dominante dans la population, à l'issue de quarante ans de dictature et de marginalisation, période où la région connaît une très forte immigration venue notamment d'Andalousie, le valencien se trouve très nettement diminué quant au nombre de locuteurs dans une grande partie du territoire, particulièrement dans les grandes villes. Toutefois, la fin du franquisme est marqué par une grande effervescence des milieux valencianistes et les représentants de la pensée de Fuster, actifs notamment dans les milieux universitaires (fondation duPartit Socialista Valencià en1962, publication de la revueGorg entre 1969 et 1972…). Avec le mouvement de laNova Cançó, la nouvelle chanson catalane/valencienne, qui aura comme représentants à Valence des groupes commeAl Tall etEls Quatre Z, ou des artistes commeRaimon, lui aussi proche du groupe Torre[36].

La transition et l'époque démocratique

Au cours de latransition démocratique, un mouvementanticatalaniste appeléblavérisme, fomenté par les secteurs conservateurs et réactionnaires, fait son apparition et a une influence décisive sur le panorama politique valencien jusque dans lesannées 1990 et même au-delà[37]. La période de la transition est marquée par labataille de Valence, violent conflit identitaire dans lequel les blavéristes mènent des campagnes d'intimidation à l'encontre des autres secteurs valencianistes[37].

Le blavérisme est à l'origine d'une controverse politisée remettant en question l'inclusion du valencien dans le diasystème catalan, souvent accusée d'avoir provoqué une démobilisation des forces politiques valencianistes et d'une tiédeur dans l’application des politiques linguistiques[38]. Les secteurs blavéristes défendent des normes orthographiques alternatives pour le valencien, lesNormes del Puig, élaborées par laReal Acadèmia de Cultura Valenciana et publiées en1981. Deux versions fortement amendées de ces normes, allant jusqu'à pratiquement supprimer les accents écrits, furent publiées au cours de la décennie. En dépit de quelques initiatives, comme une version dustatut d'autonomie de 1982 publiée à l'initiative de ladéputation deValence, où la diffusion de milliers de dictionnaires parLas Provincias, ces normes ne se sont pas étendues de manière significative au-delà des milieux les ayant élaborées et revendiquées (essentiellement la RACV et Lo Rat Penat)[39] mais le conflit perdure dans certains milieux (essentiellement les cercles de Lo Rat Penat et de la RACV), davantage alimenté par des motivations idéologiques et identitaires quephilologiques[40]. Le, une sentence duTribunal suprême interdit à la municipalité deBenifaió d'en faire usage dans sa communication interne, et établit une jurisprudence confirmant que les questions de normalisation linguistique sont du seul ressort de la Communauté autonome[41],[42].

En1983 est promulguée laLoi d'usage et d'enseignement du valencien qui définit les modalités d'usage et d'enseignement de la langue et entame une politique de normalisation linguistique[43]. Le valencien est introduit comme langue véhiculaire dans une proportion significative des écoles primaires et secondaires (en 2007, environ un quart des élèves de la région bénéficiaient de cette modalité d'enseignement[44]). En1995, leParti populaire accède au gouvernement de la région avec le soutien du parti blavériste Unio Valenciana, et met en place un travail de censure afin d'évacuer des manuels scolaires de valencien des écoles primaires et secondaires tous les écrivains originaire des autres régions du domaine linguistique catalan, les dénominations de « catalan » ou « Pays valencien », et toutes les références auxPays catalans[45].

Logo de l'Académie valencienne de la langue.

Les normes orthographiques utilisées « par défaut », aussi bien dans les textes institutionnels (à l'exception d'une version duStatut d'autonomie de la Communauté valencienne publiée par la députation de Valence au cours de la transition) que dans l'enseignement, ainsi que, très majoritairement, chez les éditeurs, sont restées conformes au standard de1932. Jusqu'à la création de l'AVL, c'est l'Institut interuniversitaire de philologie valencienne qui avait servi de référent institutionnel à laGénéralité[46].

En1998, à la suite d'un pacte politique avec la droite nationaliste catalane[47],[48], est fondée l'Académie valencienne de la langue (AVL), dans l'optique de mettre fin au conflit sur la langue[49]. Elle a depuis mis en place uncorpus normatif, conforme aux Normes de Castellón, avec quelques adaptations mineures[50]. Depuis1998, le nombre d'ouvrages publiés dans les Normes del Puig est en recul[39] mais le conflit perdure dans certains milieux, davantage alimenté par des motivations idéologiques et identitaires quephilologiques[40].

Pour tenter de mettre fin au conflit, l'AVL, dans sa déclaration du[51], affirme la pertinence de l'emploi du terme « valencien », lorsqu'il s'applique à ladite région, tout en demandant de ne pas l'utiliser dans la seule intention de créer de vaines polémiques ou de se livrer à des manipulations de nature culturelle, sociale ou politique qui contribuent à « diviser les locuteurs, à rendre difficile sa promotion et à empêcher sa pleine normalisation ». Cette position a été confortée par plus de quinze sentences émises par le Tribunal suprême espagnol ou le Tribunal supérieur de la Communauté valencienne depuis1997[52].

L'emploi ou l'exclusion du terme « catalan » pour désigner la langue propre de lacommunauté valencienne est toutefois toujours l'objet d'une forte controverse. Selon une enquête duCIS réalisée en2004, près des deux tiers des Valenciens (64,4 %) considèrent que valencien et catalan sont deux langues différentes[53]. Une enquête de la Généralité valencienne publiée dix ans plus tard indique que cette proportion diminue à environ un Valencien sur deux (52.4 %)[54]. Depuis l'époque classique, bien que la langue soit désignée localement sous l'appellation de « valencien », elle est pratiquement indiscernable de la langue catalane telle qu'elle est alors massivement attestée, par exemple dans des milliers de documents desArchives de la Couronne d'Aragon)[55],[56],[57].

Carte de densité de locuteurs de valencien

Les locuteurs du valencien se concentrent notamment dans la plaine de laProvince de Castellón (Castelló), la côte méditerranéenne deValence et le nord d'Alicante. De façon générale le castillan est surtout dominant dans les zones intérieures de ces deux dernières provinces, faiblement peuplées.

L'adoption du castillan par les classes supérieures de la société valencienne, impliquant la progressive implantation du castillan dans les centres urbains de la région depuis leXVIe siècle[58], phénomène accentué pendant la période franquiste, explique que dans une grande partie du territoire, particulièrement dans les grandes villes, le valencien se trouve en position d'infériorité par rapport au castillan[59],[60]. Depuis l'avènement de la démocratie, l'évolution de la situation de la langue a été globalement positive mais reste toutefois mitigée (par exemple si l'on compare avec la Catalogne voisine), en raison du manque de soutien politique qui a contrarié de manière générale le regain d'intérêt initial suscité par le valencien lors de la période detransition[61].

Le statut d'autonomie de laCommunauté valencienne définit le valencien comme sa langue propre et elle a un caractère officiel en son sein avec lecastillan[62]. L'approbation en 1983 de laLoi d'usage et d'enseignement du valencien (Llei d'Ús i Ensenyament del Valencià ou LUEV) est à l'origine de la politique de valorisation du valencien entreprise depuis l'avènement de la démocratie. Elle explique une amélioration du taux d'alphabétisation en valencien, particulièrement chez les plus jeunes. Selon une enquête menée par l'AVL publiée en 2007, 71,3 % des habitants comprennent le valencien, 51,8 % savent le parler, 47,3 % savent le lire et 25,2 % savent l'écrire[63]. Une importante immigration récente contribue à expliquer une diminution significative des compétences[64]. La chaîne de télévision de la Communauté valencienne,Canal Nou a également contribué à la familiarisation d'une grande partie des habitants de la communauté avec le valencien, y compris dans les zones castillanophones. Ses programmes, ainsi que de façon générale la politique menée par la Généralité valencienne, ont toutefois été durement critiqués par les secteurs défenseurs de la langue[61],[65],[66],[67].

L'Église catholique continue d'utiliser presque exclusivement le castillan[68].

Description

Classification

Situation du valencien (en vert clair) sur une carte dialectale du catalan.

Le valencien est un ensemble de modalités appartenant au groupe dialectal occidental du catalan, parlées dans les régions méridionales du domaine linguistique catalan. Lecode ISO 639 est donc commun, mais la dénomination diffère selon le territoire. Le catalan faisant lui-même partie du groupe occitano-roman des langues romanes, de la superfamille des langues indo-européennes.

Sa classification linguistique est comme suit:

Dialectologie

Article connexe :Dialectologie de la langue catalane.

L'articulation dialectale traditionnelle du catalan en deux blocs verticaux se base sur une différence de traitement des voyelles atones (3 voyelles pour le bloc oriental, 5 pour le bloc occidental)[69].

Le valencien est un ensemble de modalités rattachées au bloccatalan occidental. Il partage donc les traits caractéristiques de celui-ci et la physionomie particulière du valencien se retrouve en grande partie en catalan nord-occidental :

  • maintien des oppositionsa/e eto/u atones ;
  • utilisation du pronom objetmos pour la première personne du pluriel au lieu desens/nos normatifs ;
  • tendance au maintien de la prononciation [dʒ] dej oug +e/i ;
  • fermeture en [e] du résultat dee fermé latin : CATĒNA > cadena [kaˈðena], contre [kəˈðɛnə] en catalan central et [kəˈðənə] en baléare[70] ;
  • quelques éléments lexicaux de base communs, divergeant des formes orientales, souvent étymologiquement apparentées aux correspondants castillans ;
  • nombreux arabismes (souvent transmis via l’aragonais).

D'un point de vuedialectologique, le valencien ne peut être strictement considéré comme undialecte clairement différencié parlé dans le territoire administratif de laCommunauté valencienne. L'existence d'uncontinuum linguistique et d'une largezone de transition avec les zones catalanophones contiguës implique qu'une grande partie des traits dialectaux du valencien se retrouvent également dans lesterres de l'Èbre catalanes et aragonaises (catalanophones), jusqu'auBaix Camp et auBaix Cinca, de même que certaines caractéristiques ducatalan nord-occidental commencent à apparaître dans laPlana Alta (province de Castellón) et s'affirment de plus en plus lorsqu'on se dirige vers le nord[71]. On tend ainsi à utiliser le terme de « valencien général » pour parler des traits largement partagés dans les parlers catalans de la région (qui sont largement partagées avec le dialectecatalan nord-occidental et qui peuvent faire exception dans certaines zones, comme fréquemment levalencien apitxat, parlé autour de la capitale)[72].

Le valencien se rapproche en particulier du catalan parlé dans laFrange d'Aragon, sur le plan phonétique mais également avec une grande quantité d'emprunts au castillan (ou à l’aragonais).

Sur le plan lexicologique, le valencien se distingue au sein du catalan notamment par la présence accrue d'arabismes (et de mozarabismes selon certains auteurs aujourd'hui mis en doute), notamment dans le domaine de l'agriculture[73].

Frontières

À la suite de laReconquista le valencien était présent bien plus au sud qu'aujourd'hui, en situation debilingüisme avec le castillan, avant que le premier ne recule jusqu'au limites actuelles.

Lafrontière linguistique séparant les zones de langues castillane et catalane correspond en de nombreux endroits avec les divisions ecclésiastiques du territoire du valencien, d'origine très ancienne et qui sont restées en vigueur jusque dans la deuxième moitié duXXe siècle[74].

Différentesisoglosses peuvent être choisies pour tracer la frontière dialectale du valencien dans l'ensemble catalan, au nord : limite du parler de Tortosa (terminaison -e / -o de la première personne du présent de l'indicatif), terminaison -és /-ara de l'imparfait du subjonctif (si l'on inclut dans le valencien le parler de laFrange d'Aragon) ou maintien du-r final[71],[75].

À l'ouest et au sud, la consolidation de la frontière avec le castillan (castillano-aragonais,manchois oumurcien) remonte au début duXVIIe siècle, en conséquence du repeuplement ayant suivi l'expulsion des Morisques, dans lesquels prirent part d'importantes proportions d'Aragonais et de Castillans. Jusqu'alors l'arabe était la langue largement dominante dans la population et les langues romanes n'étaient parlées que dans des enclaves réduites. On observe à cette occasion que certaines zones auparavant catalanophones (Segorbe,Cheste,Jérica,Orihuela, etc.) deviennent hispanophones[19],[76].

Dialectes valenciens

Carte dialectale du valencien
  • Valencien de transition (ou tortosien) avec lecatalan nord-occidental.
    • Cette zone est caractérisée par le croisement de troisisoglosses importantes: conjugaisons de la première personne en -o/-e, prononciation ou non du -r de l'infinitif, et enfin désinences en -ara, -era, -ira /és (às), -is du subjonctif imparfait.
  • Valencien septentrional ou de Castelló(n) (valencià septentrional oucastellonenc)
    • Ce dialecte se caractérise notamment par une réduction du système phonologique consonantique (passant de 23 à 21 phonèmes d'aprèsJoan Veny[77]). On trouve certains traits du catalan nord-occidental, comme la conservation de l’article ancienlo/los[78].
  • Valencien central ouaptixat (valencià central)
    • Parlée autour de Valence même, cette variété est la plus différenciée ; elle se caractérise notamment par un assourdissement de plusieurs consonnes fricatives et affriquées sonores[79],[80].
  • Valencien méridional (valencià meridional)
    • Parlé au nord de la province d'Alicante et dans le sud de la province de Valence. Il est souvent pris comme référence du valencien général.
  • Valencien alicantin (valencià alacantí)
    • Il se démarque par exemple par la formeels au lieu dela pour l’article défini féminin[78].
  • Parlerssalatsmajorquin à Tàrbena et La Vall de Gallinera, implanté à la suite du repeuplement de la zone par environ 150 familles majorquines à la suite de l'expulsion des Morisques[81],[82]

Phonétique

jo etja sont articulés [jo] et [ja] avec uneyod, comme en castillan, et non par unefricative sonore [ʒ], comme en catalan standard.

L'adverbeaixí (« ainsi »), devientaixina [ajˈʃina] (mais la forme classique reste majoritairement utilisée à l'écrit).

Vocalisme

Le système vocalique tonique est constitué des septphonèmes/a ɛ e i ɔ o u/[83]. Dans une grande partie des parlers valenciens, les toniques /ɔ/ et /ɛ/ sont articulées plus ouvertes que dans le reste du domaine catalan[84].

Ladiphtongueui tend à être articulée de façoncroissante (comme en catalan oriental) :cuina >[ˈkwina],hui >[ˈwi][85]. À différents endroits, son articulation peut êtredécroissante, comme dans une bonne partie du nord-occidental, mais les enquêtes semblent montrer que ce trait est en recul[86],[87] :cuina >[ˈkujna],buit >[ˈbujt] (maishui >[wi]).

Le système vocalique atone se compose des cinq voyelles/a e i o u/ caractéristiques du bloc occidental. On trouve de nombreuses variations locales dans la réalisation des voyelles atones. Ci-dessous sont présentées certaines caractéristiques représentatives de la variété du vocalisme atone valencien.

La voyelle atone/e/ s’ouvre parfois en[a] devant consonnes nasales et fricatives :enveja[aɱˈvedʒa],espill[asˈpiʎ],eixugar[ajʃuˈɣaɾ][88].Dans d'autres cas[Lesquels ?], la réduction se produit devant n'importe quelle consonne :terròs[taˈrɔs],trepitjar[tɾaˈpidʒaɾ],lleganya[ʎaˈɣaɲa].

Devant palatale ou /s/,/e/ atone se ferme fréquemment en /i/ : deixar > [diˈʃaɾ], menjar > [minˈdʒaɾ][89]. Ces formes sont déconseillées par l’AVL.

Dans de nombreux termes, /e/ prétonique devient /i/ : coneixement > [koneiʃiˈment], creixement > [kɾeiʃiment]. Ce trait est considéré par l’académie comme « propre du valencien standard »[89].

Dans certaines flexions verbales, /a/ atone final devient /e/ : parla > [ˈpaɾle], parlaria > [paɾlaˈɾie][89].

De la même manière,/o/ atone peut être réduit en[u] devant les consonnes bilabiales (cobert >[kuˈβɛɾt]), suivie d'une syllabe tonique avec ‹i›:conill[kuˈniʎ] et dans certains anthroponymes commeJosep(a) ouJoan(a)[88].

Consonantisme

g devant ‹e› et ‹i› etj dans toutes les positions tendent à adopter une prononciationaffriquée[dʒ][90].

Lex est prononcé affriqué[tʃ] à l'initiale ou derrière une consonne :xiquet >[tʃiˈket],marxar >[maɾˈtʃaɾ]. Il existe cependant de nombreuses exceptions :Xàtiva >[ˈʃativa],xarxa ouxàrcia >[ˈʃaɾʃa]/[ˈʃaɾsia]. Le digrapheix (prononcé[jʃ] derrière voyelle ou[iʃ] derrière consonne et[ʃ] envalencien d'Alicante) maintient ainsi une prononciation fricative :calaix[kaˈlajʃ],guix[ˈgiʃ].

Excepté dans une partie duvalencien septentrional (au nord de Castellón) ler final est prononcé dans tout le valencien. Hors du territoire valencien, on ne retrouve ce trait qu'autourAguaviva (à l'extrême sud-ouest du nord-occidental, dans lafrange d'Aragon). Ailleurs, ler final est amuï (hormis dans quelques termes isolés, notamment monosyllabes)[91].

De la même manière, let des groupes finaux -nt, -lt etrt reste audible, une caractéristique commune avec une partie ducatalan baléare. Des exceptions se rencontrent dans la zone de Castellón, le Maestrat, la Costera,Vall d'Albaida, l'Alcoià et le Vinalopó.

À la différence du catalan oriental, absence de redoublement deb etg dans les groupes intérieursbl etgl respectivement :possible,segle > [poˈsiβle], ['seɣɫe], contre [puˈsibblə], ['seggɫə] en oriental.

Comme en baléare et enalguérois ainsi que dans quelques recoins en nord-occidental (comarque deLérida notamment), lev maintient généralement son caractèrelabiodental[v][92], bien qu'il tende par endroits à se prononcer en bilabiale comme/b/, comme dans le reste du domaine linguistique (on parle alors debêtacisme), peut-être sous l'influence ducastillan.

Comme en baléare, le groupe ‹-tll-› est prononcé -tl- dans certains mots :ametla ('ametlla'),vetlar ('vetllar'). Il peut être noté ‹-tl-›

Le digraphe -tz (>/dz/ en catalan standard) se réduit à[z] dans le suffixe -itzar et dérivés :realitzar >[realiˈzaɾ][93].

Comme encastillan (voirDialectologie de la langue espagnole#Traitement de /d/), led intervocalique (prononcé[ð] de façon standard) est particulièrement affaibli dans la langue parlée, de façon variable selon les contextes[81] :mocador >[mokaˈoɾ] (prononciation presque généralisée),cadira >[kaˈiɾa] (plus localement)[94]. La terminaison -ada est prononcée -à (>[aː] avec prolongation vocalique dans la plus grande partie du valencien :cremada >[kɾeˈmaː][95],[76]. Dans d'autres cas commedidal, le /d/ est maintenu sauf envalencien alicantin[96]. L'AVL considère que la chute du /d/ n'est acceptable en valencien standard que dans les terminaisons-ada et-ador[97]. Led reste toutefois maintenu dans une bonne partie du valencien méridional et autour d'Alzira[98].

Morphologie

L'inventaire des articles définis (el,la,els etles) coïncide avec celui du catalan oriental, et diffère du nord-occidental[99].

Comme enportugais et encastillan, il y a conservation de trois degrés de démonstratifs et d'adverbes de lieux[100],[6], et absence de formes renforcées pour les démonstratifs de1er et2e degré :este, eixe, aquell; açò, això, allò; ací, aquí/ahí, allí ouallà. Les formes renforcées, généralisées en catalan central et encore en usage auXIXe siècle, notamment dans la langue littéraire, peuvent être perçues comme archaïques par les locuteurs.

De longue date, la prépositionamb (habituellementab dans les écrits anciens) est prononcée commeen [en][76].

Les pronoms faibles conservent leur forme pleine devant les verbes commençant par une consonne :me dutxe, te dic, se pentina[100] etc. Les variantes alicantines et la majorité des variétés méridionales utilisent toutefois la forme faible, saufes devant /s/ :em dutxe, et dic, es canvia, se sap, se certifica,

À l'oral, le pronom faible standardens devientmos, comme dans le reste du bloc occidental et en baléare, une forme non admise dans le standard de l’IEC. De façon générale, dans le langage oral, les formesens etus sont remplacées parmos etvos. Devant le verbe, cette dernière forme est considérée comme normative par l'AVL.

Le pronom faible indirectli précède toujours le pronom faible direct lorsqu'il est présent, ce qui donne lieu à des combinaisons originales :li'l (li'l done > l'hi dono),li la (li la done > la hi dono),li'ls (li'ls done > els hi dono),li les (li les done > les hi dono).

L'usage du suffixe diminutif -et/-eta est très répandu[100].

Morphologie verbale

La morphologie verbale est sans doute l'un des aspects sur lesquels le valencien est le plus différencié des autres variantes de la langue catalane[101]. Le linguisteAbelard Saragossà considère que les conjugaisons constituent l'un des plus grands obstacles à la compatibilité interdialectale du catalan actuel[102].

La première personne des verbes du premier groupe (-ar) prend le morphème -e :jo cante (au lieu dejo canto). Les conjugaisons des deuxième et troisième groupes sont caractérisées par une syncope vocalique :jo tem, jo dorm. Dans la plus grande partie duMaestrat toutefois, on trouve le phonème -o, comme encatalan nord-occidental (jo canto, jo temo, jo dormo)

Les terminaisons du présent du subjonctif ignorent lesgrammèmes en -i caractéristiques du catalan central. Ainsi, les terminaisons sont :

  • Premier groupe : -e, -es, -e, -em, -eu, -en
  • Deuxième et troisième groupe : -a, -es, -a, etc.

La conjugaison de l'imparfait du subjonctif se différencie également des autres variantes dominantes, avec des terminaisons en -ara, -ares, -ara, -àrem, -àreu, -aren, issues de l'indicatif plus-que-parfait latin, là où les autres dialectes utilisent de préférence des terminaisons en -essi, etc., issues du subjonctif plus-que parfait latin.

Dans une grande partie du domaine valencien, et notamment enapitxat, toutes les formes du passé-simple du catalan classique (jo cantí,jo fiu…) sont encore conservées avec une notable vitalité, tandis qu'il a été remplacé dans la plus grande partie du reste du domaine linguistique par la forme analytiqueanar + infinitif (jo vaig cantar,jo vaig fer…)[101],[103],[104].

De longue date,veure est prononcévore (forme normalisée par l’AVL).

Lexique

Quelques mots caractéristiques du valencien (entre parenthèses est indiquée la variante standard ducatalan central) :

  • bou (toro) : taureau ;
  • brossat (mató) :mató ;
  • corder (xai) : agneau ;
  • creïlla (patata) : pomme-de-terre ;
  • fraula (maduixa) : fraise ;
  • granera (escombra) : balai[105] ;
  • eixir (sortir) : sortir ;
  • vindre (venir) : venir ;
  • tindre (tenir) : avoir ;
  • espill oulluna (mirall) : miroir[106] ;
  • llaurador (pagès) : agriculteur ;
  • paréixer (semblar) : sembler/paraître ;
  • rabosa (guineu) ;
  • roig (vermell) : rouge ;
  • xiquet (nen) : enfant.

Dans de nombreux cas, les termes typiques du valencien ont la même étymologie que les termes correspondants en castillan[6].

Le lexique valencien se distingue par la persistance de termes anciens parfois perçus comme des archaïsmes et l'abondance des arabismes[76]. En outre il se caractérise actuellement, notamment endialecte central, par la présence d'un grand nombre d'emprunts au castillan[107].

De façon générale, il est délicat d'émettre des conclusions catégoriques en matière de lexique, celui-ci constituant la partie la plus flexible d'une variété linguistique. De nombreux termes considérés comme valenciens se retrouvent assez largement dans le domaine nord-occidental, en particulier dans lafrange d'Aragon. Ainsi par exemple, on trouvevermell notamment à la Marina, etsortir est présent dans levalencien de transition.

Notes et références

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