Ne doit pas être confondu avecPaul-Louis Courier.
Paul Vaillant-Couturier | |
![]() Paul Vaillant-Couturier en 1921. | |
Fonctions | |
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Député français | |
– (1 an, 4 mois et 9 jours) | |
Élection | 26 avril 1936 |
Circonscription | Seine |
Législature | XVIe(Troisième République) |
Groupe politique | COM |
Prédécesseur | Auguste Gratien |
Successeur | Raymond Guyot |
– (8 ans, 5 mois et 13 jours) | |
Élection | 16 novembre 1919 |
Réélection | 11 mai 1924 |
Circonscription | Seine |
Législature | XIIe etXIIIe(Troisième République) |
Groupe politique | SOC(1919-1921) COM(1921-1937) |
Maire deVillejuif | |
– (8 ans et 4 mois) | |
Élection | 12 mai 1929 12 mai 1935 |
Prédécesseur | Gaston Cantini |
Successeur | Georges Le Bigot |
Biographie | |
Nom de naissance | Paul Charles Couturier |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | 16e arrondissement de Paris |
Date de décès | (à 45 ans) |
Lieu de décès | 5e arrondissement de Paris |
Conjoint | Marie-Claude Vaillant-Couturier |
Profession | écrivain journaliste |
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Paul Couturier, connu sous lepseudonyme dePaul Vaillant-Couturier, né le à Paris et mort le dans la même ville, est unécrivain,journaliste ethomme politique français. Il a participé à la fondation duParti communiste français.
Il estdéputé de laSeine de 1919 à 1928 et de 1936 à 1937 etmaire deVillejuif de 1929 à 1937.
Il est rédacteur en chef deL'Humanité de 1926 à 1929 et de 1935 à 1937.
Né le à Paris[1] dans une famille d'artistes lyriques (sa mère,Marguerite Vaillant, dont le nom de scène était Vaillant-Couturier, était une cantatrice célèbre entre1890 et1900), Paul Vaillant-Couturier grandit dans le16e arrondissement deParis, fait sa scolarité aulycée Janson-de-Sailly et poursuit ses études jusqu'à la licence d'histoire, suivie d'undoctorat en droit ; mais il n'exerce ensuite commeavocat qu'à de très rares occasions, en 1924, une première fois, et en 1930, lorsqu'il est en froid avec leParti communiste français (PCF), et n'a pas d'autres moyens de subsistance.
Ses premières ambitions sont littéraires et artistiques[2]. Il participe à la revue anarchisanteLes Actes des poètes, deRoger Dévigne, avec Albert-Jean, René Bizet et Monique, revue créée en décembre1909, et comportant 12 numéros. Il écrit en1912 et1913 un recueil de poèmes (publié aux Éditions du Temps présent, une maison d'édition chrétienne),La Visite du berger, et deux pièces de théâtre, jouées en province. AvecL'Auréole, un poème consacré à la conversion du père de l'église saint Augustin, mis en musique par une vieille gloire musicale, Édouard Trémisot, il s'essaie également à l'opéra. Celui-ci sera joué àNice en1913.
À la même époque, il se consacre aussi à la peinture, et expose avec son amiJean d'Espouy des aquarelles auSalon des artistes français. En mars1930, une deuxième exposition montre une quarantaine de toiles réalisées pour partie lors de ses emprisonnements en1928 et1929.
Il participe à laPremière Guerre mondiale durant toute la durée du conflit (il est démobilisé en). Entré dans la guerredandy etcroyant, il en sortpacifiste etsocialiste. Bachelier, il est mobilisé en1914 comme deuxième classe dans l'infanterie où il sert jusqu'en1916 ; puis, ayant décidé de changer d'arme, il entre dans l'artillerie d'assaut et termine la guerre comme sous-lieutenant. Pendant la guerre de tranchées qu'il vit sur le front enChampagne, il est blessé une première fois par un éclat d'obus en septembre1915, au début de lagrande offensive de Champagne. Il l'est une seconde fois en juillet1918, par les gaz, à bord de son char. Ces faits d'armes, dont il ne se vantait pas, lui ont inspiré des pages assez critiques et sombres dans son livreLettres à mes amis paru en1919.
Lepacifisme qu'il manifeste à partir de 1916 à travers des articles de presse dans les différents journaux pacifistes proches de laSection française de l'Internationale ouvrière et des milieux anarchisants, est sanctionné par la hiérarchie militairein extremis le par 30 jours de forteresse. Les paroles deLa Chanson de Craonne[3] ont été retranscrites et publiées par Vaillant-Couturier dans son livreLa Guerre des soldats, publié avec son amiRaymond Lefebvre. Cette chanson, chantée par les soldats sur le front, puis peut-être par les mutins lors desévénements d'avril-juin 1917, interdite par le commandement, est devenue ensuite l'un des grands hymnes dupacifisme[4].
Pour ses faits d'armes, il reçoit plusieurs distinctions, cinq citations à l'ordre de l'armée, lamédaille militaire (dont il s'en veut immédiatement de l'avoir acceptée) et laCroix de guerre 1914-1918, mais non la Légion d'honneur contrairement à ce qui est parfois écrit[5].
En décembre1916, à la suite de son ami Raymond Lefebvre, il adhère à laSection française de l'Internationale ouvrière (SFIO). Son expérience de journaliste se réduit alors à quelques participations à des revues de jeunes artistes du début du siècle.
AvecHenri Barbusse et Raymond Lefebvre, en1917, il crée l'Association républicaine des anciens combattants (ARAC)[6] puis, en1919,Clarté[7], une revue et un groupement qui cherchent à regrouper des membres des professions intellectuelles et artistiques dans l'esprit de l'appel deRomain Rolland,Au-dessus de la mêlée. Dans les deux cas, il s'agit d'organiser des hommes et des femmes en marge et au-dessus des partis politiques et des associations existantes au nom de la paix des peuples à construire[8].
En janvier1917, il entre à la rédaction duCanard enchaîné où il se lie d'amitié avecHenri Béraud etRoland Dorgelès. De sa collaboration naît sa rubrique « Les vers s'y mettent », où il décoche des épigrammes et bouts rimés à l'adresse de personnalités en vue ou d'institutions. Les 18 et, sous le titre « De l'inutilité du poilu pendant la guerre », il se livre dans ce journal à une analyse à chaud de la guerre et dénonce la paix « impérialiste » et belligène que les chancelleries vont imposer à l'Allemagne. Il développe aussi le thème d'un « poilu imaginaire », fabriqué de toutes pièces par l'arrière et celui de la fraternité d'armes entre adversaires ayant vécu les mêmes souffrances. Après la guerre, il quitte leCanard enchaîné. Il est aussi au même moment l'un des collaborateurs deLa Vérité de Paul Meunier, duJournal du Peuple et duPopulaire de Paris, dirigé parJean Longuet, comme d'autres jeunes journalistes de talent tels qu'Henri Béraud. Il entre ensuite, en1920 seulement, àL'Humanité lorsque commence dans les rangs de laSFIO la bataille pour l'adhésion à laIIIe Internationale.
En1919, il est éludéputé de la1re circonscription deParis avec 59 517 voix sur 187 445 suffrages exprimés sur la liste SFIO[9] contrePaul Pugliesi-Conti, qui en a recueilli 84 866 mais n'est pas élu. Parmi ses colistiers figurentMarcel Sembat etMarcel Cachin.
Après lecongrès de Tours en1920, dont il est l'un des orateurs, il participe à la fondation duParti communiste. Il est de la même tendance de gauche queBoris Souvarine etAlfred Rosmer. Labolchévisation le sépare de ses compagnons, mais ne l'amène pas à les renier, ce qui lui vaut une première mise à l'écart temporaire des organismes dirigeants duParti communiste. Sa grande popularité acquise dans les meetings où il excelle à galvaniser les foules, lui permet d'être réélu en1924 à la tête de la liste communiste dans ledépartement de la Seine, en banlieue.
C'est en prison, où ses articles antimilitaristes et antifascistes (il a attaquéMussolini nommément) l'ont conduit, en 1928, qu'il apprend son élection à la tête de la liste communiste àVillejuif aux élections municipales de1929, une candidature imposée par la direction duPC et qu'il tente de refuser, en vain. Élu maire ensuite[10], il est réélu en1935 et le reste jusqu'en1937. Il devient également, la même année,conseiller général de la Seine, et en mai1936, au premier tour, député de la circonscription deVillejuif. Il est au cours de ses deux mandats un maire soucieux de culture et désireux de lutter contre les effets de la crise économique qui se font durement sentir à partir de1932. L'écoleKarl Marx, conçue et construite par l'architecteAndré Lurçat en pur style internationaliste, est son premier grand œuvre en tant que maire[11]. Elle est inaugurée le en présence deMaurice Thorez, deMarcel Cachin et de la plupart des dirigeants communistes. Elle doit préfigurer l'esprit de ce que les communistes seront capables de faire lorsqu'ils auront pris le pouvoir.
Rédacteur en chef éphémère d'un quotidien communiste du soirL'Internationale, entre septembre1923 et janvier1924, le même poste lui échoit àL'Humanité d’avril1926 à septembre1929, puis, officiellement, à nouveau de juillet1935 à sa mort subite en1937, mais, officieusement, dès mai1934, grâce à l'appui deMaurice Thorez, et deMarcel Cachin. En tant que rédacteur en chef du quotidien communiste, il assiste aux réunions du bureau politique. Les deux fois, il propose des modifications substantielles pour faire du journal d'opinion également un journal d'information. Pour cela, il sollicite des collaborations d'intellectuels membres ou proches du mouvement communiste et préconise de soigner l'écriture des articles en ne s'interdisant pas l'humour. Ces choix journalistiques et la dynamique du mouvement font deL'Humanité le principal journal duFront populaire. Ils ont contribué aussi en 1926 et 1927, lorsquePierre Semard était secrétaire général du Parti communiste, à élargir l'audience du quotidien communiste. La campagne contre l'exécution deSacco et Vanzetti fait date. De même l'enquête sur le scandale financier de laGazette du Franc, le journal de la banquièreMarthe Hanau.
PourL'Humanité, il réalise aussi de grands reportages sur l'URSSplan quinquennal en1931 et1932, sur laChine en1933, sur l'Espagne en1934 et en1936-1937. Il avait participé, en 1933 àShanghai, à un congrès antifasciste[12]. Pour le journal communiste, ce sont les premiers du genre. Ceux sur le plan quinquennal sont publiés en trois brochures intituléesLes bâtisseurs de la vie nouvelle. Leur titre dit l'enthousiasme de leur auteur pour les transformations en cours en URSS. Y sont dites aussi, mais à mots couverts les limites de celles-ci, les objectifs non atteints, les pénuries, les constructions plus rêvées que réelles. Son éloge de la réforme agricole soviétique sera cependant en décalage avec la réalité dela famine en URSS, y compris l'Holodomor en Ukraine, enKazakhstan, et enRussie, qui terrasse plusieurs millions de personnes au moment même où il réalise ses reportages. Dans un reportage sur unkolkhoze, Vaillant-Couturier relate avoir vu« une montagne de pains » et, interrogeant une femme sur l' affirmation de« la presse bourgeoise et social-fasciste » selon laquelle« le gouvernement vous a affamés pour organiser le dumping du blé. », celle-ci lui rétorque :« Tu diras aux paysans de chez toi qu'on leur ment ! Dis aussi aux ouvriers de France que s'ils ont faim, nous leur enverrons notre pain. »[13]
De même, il lance en1935 de grandes enquêtes sur la France aux thématiques sociales et culturelle : les jeunes et la crise économique, publiées ensuite dansLe Malheur d'être jeune, la famille, l'aviation populaire.Louis Aragon les a évoquées en1976, au moment du20e congrès du PCF, celui où il fut question de morale en même temps que fut abandonnée la notion de dictature du prolétariat, car certains de leurs articles parlent de l'amour.
Ces thématiques prolongent le travail déjà effectué dans les rangs de l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR) qu'il fonde en février1932[14], à son retour d'URSS à la demande de l'Union internationale des écrivains révolutionnaires (UIER) et du bureau politique duPC, dont il est le secrétaire jusqu'en1936, et qui, après des débuts dans le pur style de l'Agitprop soviétique, contribue à la naissance du mouvement deFront populaire dans les milieux intellectuels en les mobilisant et en les accueillant sans exiger une allégeance de béni-oui-oui. C'est du moins ce qu'affirme Vaillant-Couturier dans son discours prononcé devant le comité central duPC en octobre1936, publié en brochure sous le titre,Au service de l'esprit. Ses interventions lors du congrès des intellectuels réuni àParis en juin1935 pour empêcher que ne soit évoquée l'affaireVictor Serge montrent qu'il n'était pas forcément d'une grande souplesse, ni ne faisait preuve d'une grande ouverture politique quand la pseudo-vérité sur l'URSS, celle que tous les communistes étaient censés défendre, était mise à mal publiquement en France.
DansL'Humanité, il alerte sur la réalité du régime hitlérien, les persécutions anticommunistes et antisémites, le soutien de la grande bourgeoisie allemande aux nazis, le complot de l’incendie du Reichstag. Pour le journalisteDaniel Schneidermann (auteur deBerlin 1933. La presse internationale face à Hitler), sa plume fut « la plus clairvoyante, la plus efficace pour dire la folie montante de l’hitlérisme (…) celle qui a le mieux traversé l’apocalypse »[15].
En 1935, il fustige lesaccords de Rome, « que nous seuls, communistes, avons refusé de contresigner », et qui donnent les mains libres à l’Italie fasciste : « Le feu est mis à l’Éthiopie, et maintenant Mussolini menace de mettre le feu au monde entier (…) Mussolini libre de bafouer la conscience universelle, la loi de la jungle reconnue comme la seule règle internationale, c’est demain Hitler se jetant sur la Lituanie, sur l’Autriche, sur la Tchécoslovaquie, sur l’Alsace, sur la France… [15]»
Les élections remportées par leFront populaire en mai1936, et la période d'intense militantisme qui suit, son engagement au service de la cause républicaine espagnole (lui-même se rend sur le front de Bilbao en), celui plus franco-français pour le succès de l'Exposition internationale « Arts et Techniques dans la Vie moderne » de1937, redonnent à Vaillant-Couturier une stature véritablement nationale.
Le, il est victime d'unattentat aurevolver dont il réchappe sans dommage[12].
Lorsqu'il meurt subitement, en octobre1937, à 45 ans, selonL'Humanité d'une violente crise hépatique[16], d'un infarctus du myocarde selon son médecin Charles Cachin[17], il est extrêmement populaire dans tous les milieux. Ses funérailles attirent une foule de sans doute plusieurs centaines de milliers de personnes[18]. C'est une des dernières manifestations unitaires qui voit se côtoyer des hommes et des femmes appartenant à toutes les composantes duFront populaire. Le cortège funèbre traverse tout l'est deParis, depuis laMaison des Syndicats,avenue Mathurin-Moreau, jusqu'auPère Lachaise où il est enterré à côté de la tombe d'Henri Barbusse, en face duMur des Fédérés. Lui-même avait acheté une concession au cimetière de son village ariégeois,Sainte-Croix-Volvestre, et comptait s'y faire enterrer aux côtés de sa mère et de son père. Il est le premier dirigeant duParti communiste à qui cet honneur est rendu.
De 1918 à la fin de sa vie, Paul Vaillant-Couturier a fait l'objet d'une surveillance constante de la part de la Sûreté. Son dossier[19] relate, sur plusieurs centaines de pages, ses moindres faits et gestes, ainsi que ses déclarations.
Paul Vaillant-Couturier est mort apparemment sans descendance. Il entretient des relations avec de nombreuses femmes, dont notammentHélène Rytmann, future épouse deLouis Althusser. Une première fois, il épouse le àBobigny une universitaire américaine polyglotte, préhistorienne puis journaliste-reporter sur les traces d'Henry de Monfreid,Ida Treat (1889-1978), dont il divorce après de longues années de séparation pour épouser, le,Marie-Claude Vogel, sa jeune compagne depuis 1934.
Durant toute sa vie, Paul Vaillant-Couturier s'entoure d'amis et de proches, des écrivains et des artistes : Raymond Lefèbvre, Jean d'Espouy, Guy de la Battut d'abord, qu'il rencontre tous trois lors de ses années de lycée àJanson-de-Sailly,Léon Moussinac, ensuite, qu'il croise dans les milieuxclartéistes en 1921 et 1922, le cinéasteJean Lods,Vladimir Pozner,Louis Aragon qu'il côtoie dans les rangs de l'AEAR.
Léon Moussinac et lui ont fréquenté legroupe Octobre, auquel ils ont conseillé de rencontrerJacques Prévert[20].
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Un monument, dont l'érection a été voulue et programmée immédiatement, mais dont la guerre a retardé la réalisation, est érigé àVillejuif à sa mémoire en1967. Des centaines de rues, avenues et boulevards en France portent son nom. Elles ont été baptisées ainsi en1937, ou en1945, dans toutes les villes alors dirigées par lePCF. Longtemps il fut l'objet de commémorations militantes. Chacun de ses anniversaires marquants voyait la publication d'un livre reprenant un choix de ses articles et préfacé par le secrétaire duPCF du moment.Georges Marchais a préfacé celui qui fut écrit parRoland Leroy en1987.
Une station dumétro de Paris àVillejuif porte son nom sur laligne 7.
Le BoulevardPaul Vaillant Couturier àIvry-sur-Seine joint le QuaiMarcel Boyer et la PlaceLéon Gambetta[21]
UnPrix littéraire Paul Vaillant-Couturier a été décerné par le journalL'Humanité jusqu'en 1997[22].
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