Lavaginose, ouvaginose bactérienne, est un déséquilibre de la flore microbienne duvagin. Elle se caractérise par la disparition des lactobacilles et la multiplication de germes anaérobies tels que leGardnerella vaginalis. Il ne s'agit pas d'uneinfection sexuellement transmissible. Elle témoigne plutôt d'un déséquilibre de la flore vaginale avec disparition de l'effet protecteur dumicrobiote vaginal.
Il n’existait pas de consensus, en 2020, sur une définition de la vaginose[1]. La vaginose peut se définir comme la présence en quantité anormale de bactéries normalement présente dans le vagin. Une femme en âge de procréer produit environ 1 à 4 ml de sécrétion vaginal contenant 1 000 000 à 100 000 000 de bactéries par ml[2]. Dans la vaginose, la quantité de bactérie peut atteindre 100 000 000 000 000 de bactéries par ml soit la concentration bactérienne dans lamatiére fécale.
C’est la cause spécifique la plus fréquente d’infection vaginale. La prévalence est plus élevée chez les femmes actives sexuellement et atteint près d'un tiers[3]. Elle est plus fréquente en Afrique qu'en Europe ou en Asie[4]. De nombreuses femmes ne ressentent aucun symptôme. Toutefois, certaines sont plus à risque de souffrir de complications, en particulier durant lagrossesse.
La femme ne se plaint de rien dans plus de la moitié des cas[5]. Dans les autres cas la patiente décrit des pertes plus ou moins abondantes mais surtout franchement nauséabondes[6] (odeur de « poisson pas frais »). Il n'existe pas deprurit ou de rougeur du vagin dans les cas non compliqués.
Les facteurs de risque de la vaginose bactérienne comprennent[7] :
avoir plusieurs partenaires sexuels ou un nouveau partenaire sexuel. Les médecins ne comprennent pas parfaitement le lien entre l'activité sexuelle et la vaginose bactérienne, mais cette affection survient plus souvent chez les femmes qui ont plusieurs partenaires sexuels ou un nouveau partenaire sexuel. La vaginose bactérienne est également plus fréquente chez les femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes ;
douches ; la pratique consistant à rincer le vagin avec de l'eau ou un agent nettoyant perturbe l'équilibre naturel du vagin. Cela peut entraîner une prolifération de bactéries anaérobies et causer une vaginose bactérienne. Puisque le vagin est auto-nettoyant, la douche n'est pas nécessaire ;
absence naturelle de bactéries lactobacilles. Un environnement vaginal naturel qui ne produit pas suffisamment de bonnes bactéries lactobacilles augmente les risques de développement d'une vaginose bactérienne.
A gauche (A,C) vaginose : aspect typique de l'examen du vagin et aspect microscopique.A droite(B,D) vagin sain : aspect typique de l'examen du vagin et aspect microscopique.
La mise en place duspéculum met en évidence un vagin non inflammatoire.
Score de Nugent dans le diagnostic de vaginose: Inférieur à 4-Pas de vaginose, Supérieur à 6= Vaginose
La symptomatologie est suffisamment évocatrice pour mettre en route le traitement.
Un gynécoloque peut aussi faire le diagnostic par examen directe au microscope d'une leucorrhée (peu pratiquée) montrant la présence deGardnerella vaginalis avec un changement dans la flore vaginale, soit une baisse du nombre de grosbacillesGram positif et une nette augmentation du nombre decoccobacilles plus petits, Gram variables Il peut pratiquer le test à la potasse : libération d’amines après ajout depotasse à 10 % avec une odeur nauséabonde ou faire une estimation dupH vaginal : lepH vaginal supérieur à 4,7[6]. UnpH inférieur à 4,5 élimine le diagnostic.
La méthode la plus répandue pour le diagnostic est l'examen standardisée de la leucorrhée par le laboratoire et l'utilisation du score de Nugent[8]. D'autres méthodes existent: la classification de Ison-Hay[9] ,le score de Spiegel[10] et les critères d'Amsel (très peu utilisé)[11].
Un score de Nugent inférieur ou égal à 3 signe un microbiote normal, Un score de Nugent supérieur à 6 pose le diagnostic de vaginose. Un score entre 4 et 6 signe une perturbation de la flore. Le score de Nugent souffre , comme tous les examens médicaux basés uniquement sur l'interprétation humaine, d'une grande inter variabilité selon l'opérateur.
La vaginose bactérienne peut avoir de nombreuses conséquences potentiellement graves. Elle est cependant résolutive spontanément dans un grand nombre de cas[12].
Elle est responsable de saignements, surtout au premier et au deuxième trimestre de la grossesse. Elle double le risque d'avortement spontané et augmente fortement le risque d'accouchement prématuré, surtout si elle est dépistée au premier trimestre de la grossesse. Elle augmente fortement aussi le risque de rupture de lapoche des eaux avant 7 mois de grossesse
Les germes responsables de la vaginose peuvent entrainer des infections du liquide amniotique — c'est la chorioamniotite — puis aller infecter l'enfant, provoquant des problèmes pulmonaires et neurologiques à la naissance. Elle augmente aussi le risque de retard de croissance du fœtus. Elle serait à l'origine d'abcès du scalp de l'enfant à la naissance.
Elle provoque des infections chez la mère en suite de couche :endométrite et abcès de la paroi après césarienne.
L'ascension des germes du vagin vers le haut appareil génital féminin peut être à l'origine d'une maladie inflammatoire pelvienne. Bien que la vaginose bactérienne ne soit pas une maladie sexuellement transmissible, elle serait liée à une plus grande fréquence des infections sexuellement transmissibles — comme le SIDA — en abaissant les défenses naturelles prodiguées par les lactobacilles. Elle serait à l'origine desalpingites qui sont délétères sur le plan de la fertilité. On observe également de véritablescellulites du dôme vaginal après hystérectomie (ablation chirurgicale de l'utérus).
La prise en charge de la vaginose a fait l'objet de la publication derecommandations. Celles de laCDC américaine datent de 2015[13].
Il faut traiter, surtout en cas de grossesse à haut risque d'accouchement prématuré, pose destérilet ou avant une intervention gynécologique, uneinterruption volontaire de grossesse, ou tout acte nécessitant des manœuvres dans l'utérus. L'intérêt d'un traitement n'est par contre pas du tout évident en cas de faible risque d'accouchement prématuré[14]. En règle, le dépistage systématique de la vaginose bactérienne chez la femme enceinte n'est pas recommandé[15],[14].
Il est fortement conseillé aux patientes de ne pas consommer de boissons alcoolisées durant le traitement au métronidazole ni dans les 48 heures qui suivent afin de prévenir uneffet Antabuse (augmentation de l'intolérance à l'alcool).
Le traitement du partenaire sexuel est quant à lui inutile[18].