Ursula Albrecht descend d'une famille de la bourgeoisiehanséatique, lafamille Albrecht, avec des connexions aristocratiques, et dont l'origine remonte auXVIIe siècle[2].
La plupart de ses ancêtres sont originaires des États autrefois indépendants deHanovre et deBrême, dans le nord de l’actuelle Allemagne. Elle a par ailleurs une arrière-grand-mèreaméricaine d’ascendance principalement britannique, des ancêtres français et italiens plus éloignés, et quelques ascendances dans ce qui est aujourd’hui lesÉtats baltes, rattachés alors à l’Empire russe.
Portrait de Sarah Reeve Ladson (1823), devenue Mrs Robert Gilmor Jr, aïeule d’Ursula von der Leyen, de lafamille Ladson, une famille de grands planteurs àCharleston enCaroline du Sud.
Mary Ladson Robertson en effet est la fille d’Edward Twells Robertson, marchand de coton de Charleston, et de Sarah Gilmor Ladson, descendante de Sarah Reeve Ladson (voir le portrait ci-contre de 1823), l’une des trois enfants durévolutionnaire américain et vice-gouverneur de Caroline du Sud James Ladson, de plusieurs gouverneurs coloniaux britanniques, et des tout premiers colons anglais à laBarbade, dans laCaroline, enVirginie et enPennsylvanie[4],[5].
Parmi les ancêtres de von der Leyen figurent également les gouverneursJohn Yeamans, James Moore, Robert Gibbes, Thomas Smith et Joseph Blake, mais aussi Joseph Wragg et Benjamin Smith, qui se rangent parmi les plus riches marchands d’esclaves en Amérique du Nord britannique.
Au moment où l’esclavage futaboli aux États-Unis, son ancêtre James H. Ladson (1795-1868) détenait environ deux cents esclaves[6]. Mary Ladson Robertson, qui était affiliée à laNational Society of the Colonial Dames of America, était aussi une descendante du vice-gouverneur de Pennsylvanie Samuel Carpenter et de Christopher Branch, l’un des premiers colons anglais, et était apparentée àThomas Jefferson[7].
Carl Albrecht et Mary Ladson Robertson sont les parents du grand-père d'Ursula von der Leyen, lepsychologueCarl Albrecht(en) (1902-1965), connu pour avoir conçu une méthode deméditation et pour ses recherches en matière de consciencemystique[8].
C'est à Bruxelles que sa petite sœur Benita-Eva meurt d'uncancer à l'âge de onze ans. Ursula s'est ensuite souvenue de« l'énorme impuissance de [s]es parents » face à un cancer, ce qu'elle a cité en 2019 comme l'une de ses motivations pour que la Commission européenne« prenne la tête de la lutte contre le cancer[10]. »
Au plus fort desannées de plomb en Allemagne de l’Ouest, elle trouve refuge à Londres en 1978, après que sa famille a été avisée que laFraction armée rouge (RAF) avait conçu le projet de l’enlever, au motif qu’elle est la fille d’un homme politique de premier plan[14]. Elle passe plus d’une année à se cacher dans la capitale britannique, où elle vit sous la protection deScotland Yard.
Elle s’inscrit à laLondon School of Economics (LSE) sous le nom d'emprunt de « Rose Ladson »[15],[16],[17],[18]. [Le diminutif allemand de Rose,Röschen, était son « petit nom » depuis l’enfance[19], tandis que Ladson est le patronyme de la famille de sa bisaïeule américaine, laquelle famille est originaire duNorthamptonshire.]
Elle déclarera plus tard qu’elle« a vécu plus qu’elle n’a étudié »[20], et que Londres était « l’épitomé de la modernité : liberté, joie de vivre, tâter de tout », ce qui lui a donné « une liberté intérieure [qu’elle a] gardée » par la suite[16].
Elle retourne en Allemagne en 1979, mais reste sous la protection d’un service de sécurité pour plusieurs années encore[21].
Le frère d'Ursula,Hans-Holger, dirigeant d'entreprises, a été président-directeur général deDeezer de[22] à.
Elle est la nièce duchef d’orchestre George Alexander Albrecht et la cousine germaine du directeur musical de l’Opéra national des Pays-Bas,Marc Albrecht[23].
Après son séjour londonien en 1978, elle entreprend, à partir de 1980, des études demédecine à l'université Gottfried Wilhelm Leibniz de Hanovre, études qui durent sept ans. À l'issue de ce cursus, elle soutient sathèse et obtient son doctorat en médecine en 1991.
Le, le site internet anti-plagiatVroniPlag Wiki déclare avoir trouvé des« passages avec du plagiat » dans 27 pages de sa thèse de doctorat. Ursula von der Leyen rejette ces allégations et demande qu'un comité indépendant mène une enquête à leur propos[28]. Après avoir effectué une vérification préliminaire, l'université ouvre une procédure formelle d'examen[29]. En, à la suite de cette enquête universitaire, il est décidé de ne pas lui retirer son titre de docteur[30]. Néanmoins, des experts comme les professeurs de droit Volker Rieble et Gerhard Dannemann se montrent en désaccord avec cette décision[31],[32],[33].
En, un représentant de l'université Stanford la critique pour avoir indiqué sur son CV qu'elle a participé à des activités universitaires sans avoir reçu des crédits scolaires pour celles-ci[34]. Par la suite, la presse rend public qu'elle prétendait avoir fréquenté l'université Stanford en tant« qu'auditrice invitée », alors que ce poste n'existe pas[35],[36].
Le couple, qui a fait connaissance dans la chorale de l’université de Göttingen[39], a sept enfants, nés entre 1987 et 1999[40],[41] : David (1987), Sophie (1989), Donata (1992), les jumelles Victoria et Johanna (1994), Egmont (1998) et Gracia (1999)[42].
Après la naissance de ses jumelles, elle est pendant un temps, de 1992 à 1996, femme au foyer àStanford, enCalifornie, pendant que son mari est membre du corps facultaire à l’université Stanford[43].
Le couple revient en Allemagne en 1996, et elle occupe de 1998 à 2002 un poste d’assistantechercheuse et de chargée de cours au département d’épidémiologie, de médecine sociale et des systèmes de santé à la faculté de médecine de l’université de Hanovre. En 2001, elle obtient dans cette institution le titre de licenciée ensanté publique[44].
Elle conduit une politique familiale novatrice. Elle encourage ainsi le développement descrèches afin que les femmes puissent concilier travail et éducation des enfants, en contradiction avec la vision de la famille de son propre parti[47]. En 2005, elle fait adopter une loi (Kinderförderungsgesetz) qui garantit un budget de 4,3 milliards d'euros pour financer des systèmes de garde des enfants[réf. nécessaire].
En 2007, elle assure par ailleurs la mise en place d'un salaire parental, qui permet au parent s'arrêtant de travailler de toucher jusqu'à 1 800 euros par mois pendant les quatorze premiers mois de l'enfant au plus[48], hommes compris[49].
Elle propose en outre la création d'uncongé parental rémunéré (Elternzeit) de deux mois pour les pères. Ce projet est critiqué par l'évêquecatholiqueWalter Mixa, qui l'accuse de vouloir transformer les femmes en« machines à donner naissance »[50]. Le président dugroupement régional de la CSUPeter Ramsauer ironise sur le fait que les hommes n'ont pas besoin de« stage de changement de couches ». Elle emporte le soutien de l'opinion publique au moyen d'une campagne de communication gouvernementale, critiquée pour son coût de trois millions d'euros alors qu'elle véhicule un message perçu comme politisé[51].
Elle se voit affubler du sobriquet de« Zensursula » enfrançais :« Censursula », unmot-valise associant le prénom de la ministre et le terme« censure » (Zensur)[54]. L'association du sujet de la pédopornographie à la censure d'Internet aurait alors causé un intérêt croissant dans leParti pirate[55].
En, elle déclare que la lutte contre la pédopornographie en ligne était rendue difficile puisque les personnes responsables se servaient de serveurs localisés enAfrique et enInde. Selon elle,« la pédopornographie est légale »[56] dans ce dernier pays, basant son propos sur une étude effectuée par leCentre international pour enfants disparus et sexuellement exploités en 2006. La pédopornographie se trouvant en réalité illégale dans le sous-continent, la ministre présente ses excuses par la suite[réf. nécessaire].
Elle est favorable à la création d'unsalaire minimum[49]. En 2013, elle défend sans succès l'instauration dequotas de femmes au sein des conseils d'administration. Ce quota exigerait qu'il y ait au moins 20 % de femmes au sein des conseils d'administration d'ici 2018 et qui augmenterait à 40 % d'ici 2023[59].
Lors des négociations pour la formation dutroisième cabinet Merkel, constitué d'une nouvellegrande coalition, le ministère du Travail est attribué auParti social-démocrate d'Allemagne (SPD). Un temps pressentie commeministre fédérale de la Santé, avec des compétences élargies à la réforme des retraites, Ursula von der Leyen est finalement nomméeministre fédérale de la Défense le. C'est la première fois qu'une femme prend ces responsabilités et la seconde fois qu'un ministère fédéral régalien est dirigé par une femme. Cette nomination est perçue comme renforçant son statut de successeur potentielle de la chancelière Merkel[62].
Au cours de ses 12 premiers mois de mandat, elle rend visite trois fois aux troupes de laBundeswehr déployées enAfghanistan. Elle gère ainsi le retrait graduel de l'armée allemande, en parallèle de la réduction de la présence de l'OTAN[63].
Au cours de l'été 2014, elle a joué un rôle clé dans la décision de l'Allemagne de réapprovisionner au Moyen-Orient les forcespeshmerga kurdes avec des armes létales[64]. En, elle se dit ouverte à l'idée de reporter le retrait de850 soldats allemands installés dans le nord de l'Afghanistan en 2016, après la prise inattendue par les Talibans de la ville deKondoz, où les troupes fédérales avaient été stationnées[65].
À la suite de critiques de la part de hauts responsables allemands sur la répression militaire duprésident turcRecep Tayyip Erdoğan à l'encontre des militants kurdes en, elle décide de laisser la mission desbatteries Patriot, qui a duré trois ans enTurquie du sud, s'écouler au lieu de demander le soutien de la part du parlement pour la prolonger. Elle prend également la décision d'engager65 millions d'euros pour établir une présence permanente sur labase Incirlik dans le cadre de l'engagement allemand contre l'organisation terroriste État islamique[66].
Lors de laconférence de Munich sur la sécurité, elle revendique la décision allemande de ne pas approvisionner l'Ukraine en armes. Elle souligne l'importance pour l'Europe d'être unie dans le conflit ukraino-russe et affirme que les négociations avec la Russie sont possibles, contrairement à Daesh. Selon elle, l'Allemagne perçoit la situation conflictuelle comme une occasion de démontrer qu'auXXIe siècle, les pays développés doivent régler leurs conflits par la négociation[67]. Pour elle, fournir des armes aux autorités ukrainiennes afin de les aider à se défendre pourrait avoir des conséquences imprévues et fatales :« La livraison d'armes serait un accélérateur de feu. Cela pourrait donner un prétexte au Kremlin d'intervenir ouvertement dans ce conflit »[68].
Au début de l'année, elle obtient du Bundestag l'envoi d'un contingent de 650 soldats de plus auMali dans le cadre de laMINUSMA[69][réf. nécessaire][70].
En 2014, elle propose un régime pour rendre laBundeswehr plus attrayante pour les nouvelles recrues, en offrant même des garderies aux enfants des soldats, en limitant les affectations pour qu'elles s'alignent avec les périodes scolaires ainsi que des augmentations importantes des primes pour les affectations dangereuses[71],[72].
En 2017, après un scandale, elle interdit la vénération de symboles faisant référence au nazisme dans l'armée allemande[73].
Au début de son mandat, elle s'engage à mieux gérer le budget pour le matériel militaire après avoir publié un rapport préparé parKPMG sur les échecs répétés du contrôle des fournisseurs, des coûts et des délais de livraison, par exemple avec l'avion de transport Airbus A400M, l'Eurofighter Typhoon et levéhicule de combat blindé Boxer[74].
Au début de 2015, elle critique ouvertement Airbus pour les délais de livraison de l'avion de transportA400M en déclarant que la compagnie avait de graves problèmes avec la qualité du produit. Sous sa direction, le ministère a accepté de recevoir13 millions d'euros comme indemnisation pour les délais de la livraison des deuxième et troisième avions A400M ; en 2016, elle demande 12,7 millions d'euros supplémentaires comme indemnisation pour les délais de livraison du quatrième avion[réf. nécessaire].
Durant son séjour en Inde en 2015, elle annonce un contrat avec le gouvernement pour la construction de six petits sous-marins diesel-électriqueTKMS, un projet de11 milliards de dollars[75],[76].
Bénéficiant d’une popularité relativement élevée à partir de 2005, elle voit les bonnes opinions en sa faveur diminuer lors de son passage au ministère de la Défense[77]. Alors que l’armée lui reproche ses méthodes de travail, elle est régulièrement accusée de mauvaise gestion du budget de son ministère[77]. En 2019, sa popularité tombe sous les 30 % et une étude d'opinion réalisée pour le quotidienBild indique que les Allemands la perçoivent comme la deuxième personne la moins compétente au Gouvernement[77]. Après le Conseil européen de, seuls 33 % des Allemands sondés par l’institutInfratest dimap(de) estiment qu’elle ferait une bonne présidente de la Commission européenne[78].
Ursula von der Leyen en 2019 au Parlement européen.
Le, les chefs d'État et de gouvernement réunis enConseil européen proposent qu'Ursula von der Leyen soit désignéeprésidente de la Commission européenne en remplacement du LuxembourgeoisJean-Claude Juncker, en poste depuis 2014[79]. Issue de l’aile gauche duParti populaire européen (PPE)[80], elle est suggérée parEmmanuel Macron àAngela Merkel afin de débloquer les négociations entre dirigeants européens[81],[82], alors que la candidature du social-démocrate néerlandaisFrans Timmermans, qui faisait l'objet de l'accord des dirigeants européens présents ausommet du G20 quelques jours plus tôt, a été rejetée par des figures du PPE et les dirigeants polonais et hongrois[82]. Devant l'hostilité duParti social-démocrate d'Allemagne, membre de songouvernement, à l'égard du choix final d'Ursula von der Leyen, Angela Merkel s’abstient lors du vote sur son nom, tout en votant en faveur de l'ensemble des nominations pour les différents postes[82]. Ce choix rompt avec le système duspitzenkandidat, consistant à proposer comme président de la Commission la tête de liste du parti européen arrivé en tête des élections européennes, qui avait conduit à l'élection deJean-Claude Juncker en 2014[82].
Pour ses auditions par les groupes du Parlement européen, elle s'avère, selonEmmanuel Berretta duPoint, contrainte d'« en rester aux généralités » la plupart du temps, alors que les députés exigent des réponses tranchées sur les sujets sensibles. Elle se prononce cependant pour laisser le temps nécessaire aux Britanniques pour mener à bien les négociations du Brexit, allant ainsi à l'encontre de la position d'Emmanuel Macron. Après son audition, legroupe des Verts/Alliance libre européenne annonce qu'il votera contre elle[83].
Son discours devant leParlement européen est marqué par sa promesse d'un« green deal » (plan d’investissement durable de 1 000 milliards d’euros) visant à faire de l'Europe« le premier continent neutre » en carbone en 2050. Elle s'engage également pour une commission paritaire, undroit d’asile européen, la reconnaissance intégrale dudroit d’initiative du Parlement européen, une nouvelleconvention sur l'avenir de l'Europe, un système de réassurance chômage européen pour aider les pays en crise, l'instauration d'unsalaire minimum, la taxation des multinationales présentes dans l’Union, la création d'un budget de la zone euro, ou encore la fin de l’unanimité des États sur les dossiers fiscaux. Elle se dit également prête à un nouveau report de la date de sortie du Royaume-Uni, alors fixée au[84],[85],[80].Contexte estime que« malgré son étiquette politique chrétienne-démocrate, le programme dévoilé par la future présidente de la Commission européenne sent bon lasocial-démocratie »[80].
Le, le Parlement européen approuve sa nomination à la fonction de présidente de la Commission européenne à une courte majorité : elle obtient383 voix sur 747, soit 51,3 %[86]. Son score théorique était de444 voix compte tenu du soutien annoncé des groupesdu Parti populaire européen, de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates et deRenew Europe[87],[84]. Elle est notamment dépourvue du soutien des délégations françaises, belges et allemandes de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates, tandis queDroit et justice et leMouvement 5 étoiles votent en sa faveur, ce qui lui permet probablement d'être élue[84]. Si elle reconnaît que la mise à l’écart, par les chefs d’État et de gouvernement, desspitzenkandidaten issus du Parlement, a créé« beaucoup de ressentiment »,Le Monde explique aussi la faiblesse de son score par« des divisions au sein des groupes, des critiques contre la procédure de désignation à laquelle le Conseil (les États) a eu recours et certaines zones d’ombre dans les annonces faites le matin même par la prétendante »[87].Contexte indique :« Elle a surtout pu être élue — d’extrême justesse — grâce aux concessions de dernière minute faites à une alliance qui réunit Verts, centristes et socialistes. Ces formations, qui se disent ambitieuses sur le climat, forment de facto le centre de gravité du nouvel hémicycle. » Ursula von der Leyen reprend notamment l’idée d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 50 % d’ici à 2030, une proposition défendue par ces trois groupes alors que le PPE refuse tout objectif chiffré[80].
Premier portrait officiel d'Ursula von der Leyen (2020).
Le, Ursula von der Leyen prend officiellement ses fonctions en tant que présidente de la Commission européenne pour cinq ans, et devient ainsi la première femme à la tête de cette institution[88],[89], et la seconde personnalité allemande à occuper le poste aprèsWalter Hallstein, premier président de la Commission[90]. Il s'agit du quatrième mandat consécutif pour une personnalité du Parti populaire européen, après les deux mandats deJosé Manuel Barroso et celui deJean-Claude Juncker[84].
Le, lors d'une visite diplomatique àAnkara avec leprésident du Conseil européenCharles Michel auprès du président de larépublique de TurquieRecep Tayyip Erdoğan, Ursula von der Leyen s'est retrouvée dans une pièce dans laquelle seuls deux fauteuils avaient été installés pour ces trois dirigeants. Le président turc et le président du Conseil européen ont tous les deux pris place dans ces fauteuils, obligeant Ursula von der Leyen à s’asseoir sur le côté dans un canapé, face au ministre turc des Affaires étrangères. Cet incident, qualifié de simple erreur protocolaire par Charles Michel, est plutôt perçu comme du sexisme par Ursula von der Leyen[91], soutenue par de nombreuses personnalités politiques réclamant des explications[92].
Elle défend en 2014 la nécessité pour l'Allemagne de développer une politique étrangère plus ferme[93]. Le gouvernement valide ainsi, en septembre suivant, l'envoi d'armes aux forces armées kurdes et irakiennes, rompant la tradition allemande de ne pas exporter de matériel militaire vers une zone de conflit[94].
Réagissant à la détérioration des relations euro-russes après l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, elle estime que« la dépendance au bon fonctionnement de la relation commerciale avec l'Europe est beaucoup plus importante en Russie » et que les sanctions imposées par les Européens pourraient pousser les oligarques et la société civile russes à réagir auprès deVladimir Poutine[95]. Elle appelle par ailleurs l'OTAN à mieux protéger lespays baltes dans ce contexte[96]. SelonLes Échos, elle est considérée comme « très atlantiste »[97].
Lors de la crise migratoire de 2015, elle critique les violences policières hongroises anti-réfugiés à la frontière serbe mais, selon le politologue Dániel Deák,« plaidait secrètement pour le renforcement des frontières et l'arrêt de l'immigration illégale contre la position d'Angela Merkel »[98].
Le, elle publie une tribune dansThe New York Times où elle soutient l'existence de l'OTAN et plaide pour plus de coopération sur les enjeux dedéfense entre les pays occidentaux[99].
Dans son premier discours sur l'état de l'Union, elle propose à l’UE de réduire d’au moins 55 % ses émissions de gaz à effet de serre pour 2030, promet de renforcer les « lois en matière d’égalité raciale là où des lacunes subsistent », et met en garde laTurquie contre toute tentative d’« intimidation » de ses voisins dans le conflit gazier qui l’oppose à la Grèce en Méditerranée orientale[100].
Dans une entrevue accordée au journalDer Spiegel en 2011, elle exprime sa préférence pour« desÉtats-Unis d'Europe — gérés sur le modèle de l'État suisse, de l'Allemagne ou des États-Unis — qui renforceraient la grandeur de l'Europe tout en s'accordant sur des questions importantes telles que la finance, la fiscalité et la politique économique[101] ». Au cours de la même année, Angela Merkel critique fortement sa ministre, pour avoir exigé que la Grèce offre des garanties pour les prêts d'urgence afin d'éviter un défaut de paiement[102].
En 2015, elle déclare qu'une armée européenne doit être envisagée sur le long terme« peut-être pas par mes enfants, mais par mes petits enfants »[103]. Au mois de mars, elle rencontre ses homologues françaisJean-Yves Le Drian et polonaisTomasz Siemoniak pour encourager la coopération entre leurs trois pays dans les zones de crise. Il s'agit ainsi de la première réunion au niveau duTriangle de Weimar depuis 2007[104]. À la suite duréférendum du Royaume-Uni sur l'appartenance à l'Union Européenne en 2016, elle assure que le Royaume-Uni avait« paralysé » les efforts des autres États européens d'intégration dans une politique de sécurité et« bloquait toujours tout ce qui était caractérisé comme étant européen »[105].
Résultat d'intenses négociations, le nom d'Ursula von der Leyen est à nouveau proposé pour la présidence de laCommission européenne par le Conseil européen après les élections européennes de juin 2024[106].
Le, ce choix est approuvé par leParlement européen avec une majorité absolue de 401eurodéputés votant pour sa réélection et 284 votant contre, sur 720. Son élection se fait avec une majorité absolue, renforcée d'une trentaine de voix par rapport à 2019[107].
La période qui fait suite à sa reconduction à la tête de l’exécutif de l’UE, est caractérisée par une « mainmise inédite à Bruxelles » et une « personnalisation du pouvoir » selonLe Parisien. Ayant placé des fidèles aux postes incontournables de l’administration, comme à la tête des puissantes directions générales dédiées au Climat et au Budget, elle parvient au fait que tous les arbitrages importants remontent vers elle, où elle décide « avec une poignée de proches, presque tous allemands. » Il lui est également reproché de fonder nombre de ses projets de réformes sur l’article 122 dutraité sur le fonctionnement de l'Union européenne, qui permet « de contourner totalement le Parlement européen ». Elle l’a utilisé de multiples fois à partir de la pandémie de Covid-19, en 2020, notamment lors de l’achat commun de vaccins, pour le financement du chômage partiel ou encore, pour hâter le déploiement d’une enveloppe de 150 milliards d’euros dédiée auréarmement de l’Europe[108].
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En septembre 2020, Ursula von der Leyen a été la première présidente de la Commission à prononcer le discours sur l'état de l'Union presque entièrement en anglais, rompant avec l'usage établi d'alterner équitablement entre les trois langues principales de travail de l'UE : l'allemand, l'anglais et le français. Ce discours suscite la controverse car Ursula von der Leyen, parfaitement trilingue, est apte à s'exprimer aussi en français et évidemment dans sa langue maternelle, l'allemand[109]. Selon le journal françaisLibération, l'origine de cette bourde viendrait de deux proches conseillers germanophones ayant préparé les éléments de ce discours en anglais. Dans le contexte duBrexit et alors qu'un peu moins de vingt eurodéputés ont l'anglais comme langue maternelle, ce discours est perçu comme un exemple de l'anglicisation croissante des affaires européennes. Von der Leyen a reçu deux fois, en 2019 et 2021, le prix parodique de laCarpette anglaise[110],[111].
En novembre 2021, au moment de la Cop26 à Glasgow, ses fréquents voyages officiels en avion privé sur de petites distances sont épinglés par la presse[112],[113].
En mars 2024, avant l'ouverture du congrès duParti populaire européen (PPE) àBucarest, le président du partiLes RépublicainsÉric Ciotti confirme que son parti ne soutiendra pas la candidature d'Ursula von der Leyen à sa propre succession dans le cadre desélections européennes de juin. Il lui reproche notamment d'incarner « une forme de dérive technocratique de cette Europe vers une forme de fédéralisme que nous récusons »[114]. N’ayant pas d’adversaires, elle est finalement investie par le Parti populaire européen pour briguer un nouveau mandat à la tête de la Commission européenne avec seulement 400 voix des 801 délégués (dont 89 contre)[115].Le Point explique ce vote mitigé par les critiques qui ont émaillé son quinquennat finissant « où elle a donné l’impression d’être davantage à l’écoute des députés centristes deRenew, des socialistes du groupeS&D et surtout des écologistes ». Ursula von der Leyen serait « surtout un choix de laCDU-CSU qui, bien qu'éloignée de ses options politiques, préfère verrouiller la présidence de la Commission au profit d'une compatriote. »[115]
Le 6 avril 2024, le JournalLibération fait état d'une révolte de plusieurs commissaires européens contre Ursula von der Leyen. Ils lui reprochent d'avoir imposé de force la création d’un poste de représentant de l'UE pour les petites et moyennes entreprises en faveur deMarkus Pieper, « l’un de ses protégés, un Allemand de son parti, la CDU. » Le poste est rémunéré 20 000 euros par mois. SelonLe Figaro, Pieper touchera plus de 18 000 euros par mois pour exercer cette fonction qui était auparavant honorifique[116]. PourLibération, « Ursula von der Leyen, qui ambitionne d’être reconduite à la tête de la Commission pour un nouveau mandat de cinq ans, a été prise la main dans le sac de la prévarication, du clientélisme et du copinage[117]. » Plus généralement, nombreux s’interrogent au sein des institutions européennes sur le flou qui entoure cette nomination. Markus Pieper a été choisi alors même que ses adversaires pour occuper le poste ont obtenu une meilleure note lors de l’évaluation des comités de sélection indépendants[118]. Le 11 avril, le Parlement européen approuve un amendement demandant à la Commission européenne l’annulation de ce « recrutement controversé »[119] Le 15 avril, Markus Pieper annonce vouloir renoncer à ce poste « hautement rémunéré » à la Commission européenne[120]
Le 19 septembre 2024, le journalPolitico Europe fait écho à des voix en provenance de l'Union européenne selon lesquelles, quand Ursula von der Leyen a fait connaître son équipe pour la prochaine Commission européenne, il a été clair qu'elle entendait avoir un contrôle sans entrave sur la politique de l’Union européenne, promouvoir ses proches et diluer des portefeuilles puissants en les divisant entre plusieurs personnes. Durant son premier mandat, elle avait déjà acquis la réputation de prendre des décisions unilatérales et d’outrepasser ses attributions, ce qui lui avait valu le surnom de « reine Ursula ». Au vu de la nouvelle situation,Politico intitule son article : « De reine à impératrice[121] ».
Dans un entretien avecLe Monde publié le 29 septembre 2024, l'ancien commissaire françaisThierry Breton fait allusion à certains journaux bruxellois qui qualifient Ursula von der Leyen d'impératrice de l'Europe et il ajoute : « C'est gênant pour l'Europe, qui n'est pas construite pour avoir une impératrice ou un empereur. » Il reproche à Ursula von der Leyen de vouloir diluer, dans la prochaine Commission, le rôle des vice-présidents exécutifs en les rendant plus nombreux et en les nommant sans qu'ils aient acquis, comme c'était le cas jusqu'ici, une première expérience au poste de commissaire. Alors que par le passé, le portefeuille des commissaires reconduits était renforcé, notamment en raison de l'expérience qu'ils avaient acquise, cette fois, les commissaires reconduits ont été rétrogradés. « C'est un fait, Ursula von der Leyen a souhaité un collège plus vertical et dilué. » À la journaliste qui lui demande : « Vous voulez dire qu'aujourd'hui, l'Allemagne domine les institutions européennes ? », il répond qu'on en a un indice assez simple dans les chiffres des chefs de cabinet des commissaires européens : en 2023, trois allemands et deux Français, au moment où il parle, six Allemands et aucun Français, et il s'attend à ce que dans la prochaine Commission, il y ait neuf ou dix chefs de cabinet allemands pour un ou deux français. Le moteur franco-allemand ne fonctionne plus, peut-être l'Allemagne n'y croit-elle plus. D'autre part, Thierry Breton craint que, l'Europe de la défense étant exclusivement dans les mains de commissaires venant des pays nordiques ou baltes, le « tropisme transatlantique » de ces pays, très marqués par leur histoire et leur proximité géographique avec la Russie, ne fasse oublier à ces commissaires qu' « avec nos amis et alliés américains, il faut une Europe toujours plus forte pour un partenariat loyal[122]. »
En, une enquête menée par un organisme de surveillance de l'UE sur les SMS envoyés par von der Leyen àAlbert Bourla, PDG dePfizer conclut que l'instance exécutive de l'UE est coupable de « mauvaise administration »[123]. Lamédiatrice européenne,Emily O'Reilly, critique fortement les assistants de von der Leyen pour ne pas avoir répondu aux demandes de publication des messages envoyés lors des négociations sur les achats de vaccins. S'exprimant au sujet de cette enquête,Sophie in 't Veld, eurodéputée néerlandaise, déclare que la Commission était devenue moins transparente sur ses décisions sous la direction de von der Leyen et appelle le Parlement européen à lui demander des comptes..
SelonThe Guardian, Pfizer a signé plusieurs contrats avec la Commission européenne pour son vaccin[123]. Le plus récent porte sur 1,8 milliard de doses supplémentaires, à un prix plus élevé que précédemment fixé, à livrer entre fin 2021 et 2023 aux27 États membres de l'UE. La Commission est critiquée pour les prix élevés négociés pour les vaccins à ARNm Covid, une analyse suggérant que l'UE a payé31 milliards d'euros de plus que le coût de production[123]. Le médiateur européen qualifie l'affaire dans un communiqué de presse du de« signal d'alarme » pour l'Union européenne, face au refus de la Commission de réponse à ses demandes[124].
En, le parquet européen annonce avoir ouvert une enquête sur l'achat des vaccins anti-Covid par l'UE[125].
En,The New York Times saisit laCour de justice de l'Union européenne afin de contraindre la Commission européenne à publier les SMS[126]. Le, le lobbyiste Frédéric Baldan dépose une plainte pénale au tribunal deLiège contre Ursula von der Leyen[127]. Il considère qu'elle s'est substituée au gouvernement fédéral belge en négociant directement et secrètement les vaccins par SMS avec le directeur de Pfizer. Sa plainte se fonde sur les motifs d'« usurpation de fonctions et de titre », de « destruction de documents publics » et de « prise illégale d’intérêts et corruption »[128]. Une audience est prévue le au tribunal de Liège[129].
En, laCour de justice de l'Union européenne déplore l’absence de transparence de la Commission concernant les contrats d’achats de vaccins anti-Covid[130]. Cet arrêt intervient alors que celle-ci tente d’obtenir le soutien de plus de la moitié des eurodéputés pour un second mandat à la présidence de la Commission européenne[131].
En 2021, le médiaPolitico la classe parmi les 28 personnalités européennes les plus puissantes d'Europe, à la première place de la catégorieDreamers (« rêveurs »)[132].
↑Jean Quatremer, « Union européenne A Bruxelles, les combines d’Ursula von der Leyen suscitent une levée de boucliers inédite »,Libération, 6 avril 2024,partiellement en ligne.
↑Barbara Moens, Max Griera et Jacopo Barigazzi, version française de Jean-Christophe Catalon, « De reine à impératrice : dans les coulisses de la prise de pouvoir d’Ursula von der Leyen »,Politico Europe, 19 septembre 2024,en ligne.
↑« Thierry Breton au 'Monde' : 'La voix de la France porte moins' en Europe », entretien avec Virginie Malingre,Le Monde, 29 septembre 2024,en ligne.