La maison de naissance du président Kekkonen àPielavesi.
Sa famille est une famille defermiers modestes sans être spécialement pauvres. Il a été raconté que Kekkonen avait vécu dans une ferme pauvre sanscheminée. Cependant, il fut démontré plus tard que la photographie utilisée comme preuve avait été retouchée et que la cheminée en avait été effacée. La maison appartenait en fait à la famille. Ses ancêtres sont durant au moins 12 générations d'anciens ouvriers agricoles de l'est finlandais. Son grand-père paternel Eenokki fait cependant partie des paysans sans terre dont le nombre a beaucoup augmenté auXIXe siècle et doit assurer sa subsistance par des travaux occasionnels et en travaillant comme valet de ferme[un 1].Eenokki Kekkonen se marie avec Anna-Liisa Koskisen, ils auront 4 garçons : Taavetti, Johannes, Alpertti et Juho. En 1878, Juho Kekkonen quitte son village de Koivujärvi, dans la commune dePielavesi, il sera le père de Urho Kekkonen.
Son grand-père maternel Aatu Pylvänäinen, cultivant le domaine Tarkkala deKangasniemi, se marie pendant l'été1878 avec Amanda Manninen. Ils auront 3 filles : Emilia, Elsa et Tyyne et 2 garçons, Siilas et Eetu[un 1].
Son père, Juho Kekkonen, fils d'une famille démunie, doit partir pour les travaux forestiers et arrive en1898 àKangasniemi. Il y rencontre Emilia, la fille aînée du domaine Tarkkala, qui en gardait le troupeau. Ils font connaissance et se marient en1899. Les jeunes mariés s'installent àOtava près deMikkeli, où Juho Kekkonen a trouvé un emploi à lascierie debouleauxHalla Oy(fi). Plus tard, Juho devientcontremaître forestier[un 1].Le couple s'installe àPielavesi où ils achètent un chalet qu'ils aménagent et agrandissent petit à petit pendant les 6 ans qu'ils y passent. À cause de l'aulnaie située à l'arrière de la maison, on appelle celle-ci lechalet de l'aulnaie (enfinnois :lepikon torppa). Dans les bâtiments attenants, il y a unsauna sans cheminée(fi) dans lequel Urho Kekkonen naît le. Sa sœur Siiri y voit le jour en 1904. La famille déménage pourKuopio en 1906, puis àLapinlahti en 1908. La famille mène une vie modeste mais ne manque de rien.Jussi(fi), le benjamin de la famille, naît en 1910[un 1].
Né enSavonie, c'est dans leKainuu qu'il passe la plus grande partie de son enfance. Urho Kekkonen dit de sa jeunesse :« J’ai reçu en cadeau une jeunesse heureuse. » Le jeune Urho commence l’école àLapinlahti pour trois ans, puis un an àIisalmi suivi deKajaani en 1911. Il n’était pas un élève modèle mais plutôt intenable. Il est à la direction du comité des élèves et est l’éditeur de la revue Mielikki de l’école. Il lit avec beaucoup d’enthousiasme des œuvres historiques et littéraires. À 12 ans, il aide son père dans ses travaux de flottage[un 2]. Urho est un écrivain enthousiaste, ses premiers textes sont publiés mi-1914. Ses parents ont les moyens de payer ses études au lycée[hf 1]. Il a deux sœurs, Siiri Kekkonen (1904–1969) qui sera secrétaire en assurances etJussi Kekkonen(fi) (1910–1962), major et directeur général[2].En1949, quand Kekkonen se prépare à devenir président, on retouche les photographies de la maisonnette de jeunesse en en faisant disparaître la cheminée pour lui donner une image de fils du peuple qui s’est civilisé[hf 2],[3]. Dans ses années de lycée, Kekkonen adhère à laGarde Blanche de Kajaani et participe au commandement duRégiment de guérilla de Kajaani(fi). Il participe aux combats entre autres àKuopio,Varkaus,Mouhu et àViipuri et commande l’exécution de 13 miliciens rouges àHamina[4].
Le jeune avocat Urho Kekkonen marchant à côté de l’Ateneum au début des années 1930.
Kekkonen prépare son baccalauréat àKajaani en 1919. Il effectue son service militaire àHelsinki et terminesergent. Puis, il s’installe à Helsinki en 1921 pour étudier et obtient sa maîtrise de droit en 1926. Il milite activement à l’organisation étudiantePohjois-Pohjalainen Osakunta et est éditeur en chef de la revue universitaireYlioppilaslehti(fi) de1927 à1928[hf 3].
Pendant ses études de droit, il est juge suppléant et travaille pour la Police secrète finlandaise (enfinnois :Etsivä keskuspoliisi). Il se forme aux activités anticommunistes et ses adversaires le jugent très professionnel[at 1]. C’est en travaillant à la police secrète qu’il rencontre Sylvi Uino (1900-1974), dactylographe et fille de pasteur, qu’il épouse en 1926[hf 4].Kekkonen commence à projeter sa thèse sur ses activités de police secrète. Il dut cependant démissionner après avoir proposé publiquement que lapolice secrète soit fusionnée avec lapolice criminelle(fi). En1927, il devient avocat de l'association des communautés rurales (Maalaiskuntien liito) mais ses activités publiques conduisent à la rupture de soncontrat de travail en1932. En1936, il soutient sathèse de doctorat sur les relations entre la loi électorale et la loi finlandaise[hf 5]. Les fondements idéologiques de sa penséenationaliste apparaissent déjà dans ses actions politiques à l’université et il lui semble naturel de les prolonger par ses activités pour la Société académique deCarélie (enfinnois :Akateeminen Karjala-Seura, acronymeAKS).
L’intégrité populaire, larussophobie, la politique linguistique finlandaise et la question de laCarélie orientale sont des sujets qui lui importent beaucoup. Urho Kekkonen écrit des articles dans la revueSuomen Heimoon de l'AKS et en1930, il devient président de l'associationSuomalaisuuden Liitto absorbée par l'’AKS trois ans plus tôt. En1932, il quitte cependant l’AKS avec d’autres membres centristes quand la majorité de l’AKS refuse de condamner laRébellion de Mäntsälä. Il continue à piger pour la revue de l’association de la finnicité ‘’Finlandais en Finlande’’ (Suomalainen Suomessa) qui devientKanava(fi). Dans ses articles, il se concentre sur le développement de la finnisation de l’Université[hf 6]. Il préside laFédération finlandaise d'athlétisme de 1928 à 1931 (SVUL), à laquelle il donne son nom actuel deSUL, jusqu'en 1947.
En 1932, Kekkonen voyage en Allemagne et témoigne de la montée au pouvoir d'Adolf Hitler. L'année suivant cette expérience, il adhère auParti du centre et publie un pamphlet intitulél'autodéfense de la démocratie. Il y alerte au sujet de le montée de l'extrême droite et indique entre autres que le gouvernement peut devoir limiter la liberté de parole afin d'empêcher l'effondrement de la démocratie[hf 2].Dans sa vie professionnelle, il devient fonctionnaire au Ministère de l'Économie. En 1936, il tente pour la seconde fois d'entrer au Parlement et est élu député de laprovince de Viipuri.On le nomme immédiatement ministre de la Justice du gouvernement deKyösti Kallio (poste qu'il occupera jusqu'en 1937), puis ministre de l'Intérieur du gouvernement d'Aimo Kaarlo Cajander. Il essaie d’interdire le parti d’extrême droite intituléMouvement patriotique en 1938 : cet échec est devenu le concept connu appelé lesac à malices de Kekkonen (enfinnois :Kekkosen konstit)[hf 1].Le professeurBruno Salmiala(fi), l'un des membres les plus éminents duMouvement patriotique, y fait encore référence en1968[5].
Kekkonen ne sera pas du gouvernement de laguerre d'Hiver. Au Parlement, il s’oppose à la signature dutraité de Moscou (signé en mars1940) et pèse pour la continuation de la guerre. Entre 1940 et 1943, il dirige leCentre de service aux populations déplacées, puis de1943 à1945, il travaille auministère des Finances où son rôle est de rationaliser l’administration publique[hf 3].Début1942, Kekkonen commence à écrire pourSuomen Kuvalehti sous le pseudonymePekka Peitsi des articles sur lapolitique étrangère et sur les évènements de laSeconde Guerre mondiale. Auparavant, ces vues étaient rédigées par le majorWolfgang Hallstén Halsti(fi) qui avait dû arrêter d’écrire à la demande du commandement général.
Kekkonen avait obtenu l'appui de 88 grands électeurs et il devait donc obtenir le soutien d'autres électeurs. Le ralliement du groupeSKDL qui vota pour lui à l'unanimité et la majorité duParti populaire de Finlande furent décisifs.
L'identité du votant manquant n'a jamais été clarifiée[hf 7]. Il est considéré comme possible que les votes aient été donnés des deux côtés[6].
LeSAK annonce une grève générale qui débute le jour de l’investiture du nouveau président le. Le SAK n’admettra jamais que la grève soit politique, mais l’élection de Kekkonen est considérée comme ayant contribué à la mise en place de cette action revendicative. Au début de sa présidence, Kekkonen essaye de garder un profil bas, en particulier dans le domaine de la politique intérieure"[hf 8].
La présidence de Kekkonen correspond au passage à une nouvelle ère, entre autres parce qu'à la fin de sa première année de présidence, aucun de ses prédécesseurs ne reste en vie. En effet,Risto Ryti est mort en etJuho Kusti Paasikivi en décembre de la même année[sv 1].
En août 1958, le gouvernement Fagerholm de large union que l'on nommera plus tard legouvernement des gels de nuit(fi), est formé ; l’Union soviétique affichera discrètement son opposition à ce gouvernement.
Le président Kekkonen adhère à la critique et agit de son côté pour que le gouvernement tombe en décembre. Les chercheurs ne sont pas d’accord sur les motivations de Kekkonen[hf 9]. La chute du gouvernement Fagerholm complique la formation d'un gouvernement majoritaire. Il devient nécessaire de former un cabinet minoritaire qui s'appuie principalement sur leParti du centre.
Les luttes intestines des sociaux-démocrates ajoutent à la tendance à la fragmentation en politique intérieure.
En, Kekkonen prévoit de dissoudre le Parlement et ainsi de gêner l'alliance qui se forme à son encontre et qui menace de présenter contre lui l'ancien procureur généralOlavi Honka(fi).
L'URSS envoie fin novembre unenote de crise(fi) où elle s’alarme d’une aggravation des relations internationales et demande des consultations militaires dans le cadre de l'accordYYA.
Honka abandonne alors sa candidature et Kekkonen obtient 111 voix de soutien pour l'élection de janvier 1962 où, avec 199 voix, il est réélu président[hf 5]
Comme conséquence de la crise, on estime qu'il n'y a plus vraiment d'opposition en Finlande et Kekkonen peut se présenter comme un dirigeant politique en position de force, ce qui eut par la suite des aspects douteux[hf 10].
Kekkonen essaie d’obtenir l’appui du parti majoritaire, car sans lui, le président n’aurait pas pu utiliser longtemps ses prérogatives à leur maximum. Pour accéder à la responsabilité gouvernementale, le parti doit lui affirmer sa confiance dans le domaine des affaires étrangères, c'est-à-dire accepter la ligne de politique étrangère de Kekkonen[hf 11].
Par exemple,Johannes Virolainen du parti Kokoomus accède au gouvernement dès qu'il a affiché sa loyauté à l'égard de Kekkonen[hf 11].
Kekkonen obtient beaucoup de pouvoir aussi grâce à ses relations personnelles. Il garde un contact régulier avec ses amis de sa période estudiantine, mais aussi avec ses compagnons de chasse, de pêche et de ski. Pour les jeunes, il organise des invitations d'enfants dans son habitation officielle deTamminiemi.
Il développe des relations avec des personnes de confiance dans l'administration publique, tous les partis politiques significatifs et la sphère économique, en particulier publique. Il a aussi de nombreux amis artistes. Kekkonen est d'un tempérament direct et il sait établir des relations avec des personnalités diverses et des personnes venant de différents milieux sociaux bien avant que leréseautage ne deviennent une activité à la mode[hf 10].
Si Kekkonen est obligé de coopérer dans le domaine de la politique intérieure, pour la politique étrangère il est en mesure de décider plus facilement. Il ne travaille jamais qu'avec des assistants choisis par lui-même et venant du ministère des Affaires étrangères. Dans les années 1960, il prend des initiatives pour unezone nordique dénucléarisée(fi)[7], pour la paix frontalière avec laNorvège et pour l’OSCE.
L'objectif est d'éviter l'application dutraité YYA dans le cadre duquel la Finlande aurait dû commencer une coopération militaire, et ainsi de renforcer la Finlande dans sa recherche politique de neutralité. En 1968, après l'invasion de laTchécoslovaquie, la neutralité devient encore plus difficilement tenable.
En 1970, Kekkonen prévient les Soviétiques qu'il renoncera à être président et que le traité YYA ne sera pas prorogé si l'URSS continue de refuser la neutralité de la Finlande[hf 9].
Kekkonen s'investit dans des activités de politique intérieure jusqu'à être Premier ministre de facto. Il participe entre autres aux actions de négociation de l'accord dit « accord UKK »[hf 8]. En toile de fond, la grève des métallos de 1970 inspire à l’ambassadeur soviétiqueAleksei Beljakov de fomenter l’organisation d’une révolution en Finlande. Quand la situation politique de la Finlande se calme, Beljakov rentre discrètement dans son pays[8]
En, le Parlement vote une loi d'exception par laquelle la présidence de Kekkonen est prolongée de quatre ans. C'est la troisième fois que le chef de l'État est désigné sans vote ni mise en concurrence ; en effet,Gustaf Mannerheim avait été nommé régent en pour écarter la Finlande de la voie pro-allemande, puis comme président en quand la Finlande voulait se retirer de laguerre de Continuation et se défaire des liens avec l'Allemagne.
Les recherches historiques font apparaître des vues très différentes sur le fond des lois d'exception. Selon les recherches deMartti Häikiö, en, Kekkonen forceAhti Karjalainen à proposer la prolongation de son mandat présidentiel.
Après quoi, Kekkonen nomme en février le gouvernement minoritaire deRafael Paasio et propose la loi d'exception en avril avant que les plus grands partis, leParti social-démocrate et leParti du centre, ne cherchent à imposer leur propre candidat lors de leur rassemblement estival.
Ce choix nuit surtout àAhti Karjalainen, qui est alors considéré comme le successeur de Kekkonen et au président du Parti du centreJohannes Virolainen, qui est apprécié des militaires[hf 12].
La loi d’exception est finalement votée en janvier 1973 par 170 voix contre 28 et la présidence de Kekkonen est prolongée jusqu'en 1978[hf 9].
Le décès de Sylvi Kekkonen, au début du mois de, est un coup dur pour son mari. Ainsi, selon Johannes Virolainen, les déclarations de Kekkonen en politique intérieure deviennent alors de plus en plus violentes[hf 6].
Timbre poste à l’effigie de Urho Kekkonen en 1980.
Comme il n'existe pas d’opposant à prendre au sérieux et qu'il n'y a pas de compétiteur offrant une alternative réelle, le pouvoir de Kekkonen s'étend, selon certains analystes, trop fortement dans certains domaines. Il se présente déjà à cette époque comme le candidat du centre pour l'élection présidentielle de 1978. Le SDP demande à l'homme d'État d'être son candidat avant que celui-ci se positionne politiquement au centre. À l'automne, Kekkonen « malmène » les dirigeants du parti populaire du gouvernement de Miettusen[hf 11].Neuf partis politiques appuient aveuglement la candidature de Kekkonen, y compris le Parti social-démocrate et leParti de la Coalition nationale. Il humilie ses compétiteurs en refusant de participer aux débats télévisés et, avec l'appui des quatre principaux partis, il remporte l'élection avec 259 voix sur 300, son principal rivaldémocrate-chrétien Raino Westerholm n'obtenant que 25 voix[js 1],[hf 9].
Selon les historiens et analystes politiques finlandais, il y avait au moins trois raisons pour que Kekkonen s'accroche au pouvoir :
Il pense qu'aucun de ses successeurs ne gérera suffisamment bien la politique étrangère de la Finlande ;
Jusqu'à l'été 1978, il pense que son expérience est vitale pour améliorer les relations finno-soviétiques. On peut citer ses capacités diplomatiques à rejeter l'offre de coopération militaire renforcée faite parDmitri Oustinov ;
Il pense que travailler le plus longtemps possible lui permettra de rester en bonne santé et de vivre plus longtemps[9]. Ses critiques les plus sévères commeVeikko Vennamo pensent qu'il est resté aussi longtemps président principalement par sa soif de pouvoir et celle de ses associés principaux[10].
Au cours des années 1970, des rumeurs commencent à circuler concernant l'état de santé et les changements d'humeur du président. Par exemple, lors de la présentation des vœux de nouvel an à la télévision, son affaiblissement devient de plus en plus visible. Les médias se donnent pour règle de ne pas colporter ces rumeurs afin de respecter la vie privée du chef de l'État[hf 13]. L'état de santé de Kekkonen ne sera rétrospectivement présenté comme extrêmement mauvais qu'à l'hiver 1980.
Durant l'hiver et le printemps 1981, la santé du président ayant beaucoup décliné, il réfléchit sérieusement à l'interruption de son mandat[11]
De l'avis de beaucoup d'analystes, la fin du « règne » de Kekkonen intervient à la suite du refus du Premier ministreMauno Koivisto de quitter ses fonctions alors qu'on le lui a demandé clairement. Koivisto refuse la demande de Kekkonen en arguant du fait que selon la constitution, le gouvernement doit avoir la confiance du Parlement mais pas celle du président[hf 9]. L’incident est considéré comme le signe de la déchéance définitive de la santé mentale et physique de Kekkonen. Le président ne se remet pas du choc de cette atteinte à son autorité[12].
La chute de Kekkonen dans un aéroport en 1980 provoque une certaine agitation quand la chaine de télévisionYleisradio refuse de diffuser l'information dans son programmePressiklubi[13]. Selon les avis, il s'agit soit de censure, soit d'une marque de respect pour une personne âgée. Selon son adjudant Juha Engström, la chute de Kekkonen serait due à un éblouissement et à ses lunettes très épaisses, ce qui ne lui a pas permis de voir la dernière marche de la passerelle. Aucune image n'est diffusée à l’époque de l’accident[14]La santé de Kekkonen le lâche de façon évidente en août 1981 lors d’un voyage de pêche enIslande. En septembre, il doit s'arrêter pour cause de maladie et doit présenter sa démission le 27 octobre. Après cette date, il n'apparait plus en public et des photographies parues dansUusi Suomi montrent que son état de santé a très fortement décliné. Il demeure cependant le chef de l'État en titre jusqu'au quand Mauno Koivisto prête serment comme nouveau président.
À partir de, Kekkonen souffre d'une maladie non divulguée affectant sesfonctions cérébrales et lui amenant parfois des pensées délirantes. Dès 1972, il souffre de courtes pertes de mémoires qui deviennent de plus en plus fréquentes à la fin des années 1970. À la même époque, sa vue a tellement faibli que, pendant toutes ses dernières années d'activité, tous les documents doivent être frappés en caractères majuscules. À partir du milieu des années 1970, Kekkonen souffre aussi de pertes d'équilibre et à partir de 1974 du gonflement de saprostate. Il faut ajouter de violentes migraines occasionnelles et on lui découvre undiabète[9],[js 1]. Selon son biographeJuhani Suomi, Kekkonen ne pensera pas à abandonner son poste avant que son état physique ne commence à fortement se détériorer en. Finalement, il sera démis parMauno Koivisto en 1981.
SelonSeppo Zetterberg,Allan Tiitta etPekka Hyvärinen, Kekkonen voulait obliger Koivisto à démissionner pour diminuer ses chances de lui succéder comme président. Selon Juhani Suomi, la raison est autre : Kekkonen avait à plusieurs reprises critiqué Koivisto pour sa lenteur à prendre des décisions politiques et pour sa tendance à parler de façon peu claire et trop philosophique[15],[9],[js 1].
Urho Kekkonen est resté très populaire pendant l'ensemble de ses mandats, en particulier pour ses contemporains membres duParti du centre, cette popularité laissant graduellement place à un véritable culte de sa personnalité.
Par la suite, des controverses ont porté sur l’interprétation de sa politique et son influence au regard de lafinlandisation, une politique qui laissait le pays sous influence soviétique. Par exemple, il a été prouvé qu’il avait insisté pour que les Soviétiques qui tentaient de s’échapper via la Finlande soient renvoyés de force enURSS[16].Bien que controversée, sa politique de neutralité favorisa les relations commerciales autant avec l’Est qu'avec l’Ouest, et les accords commerciaux bilatéraux conclus dans ce contexte ont été très lucratifs pour de nombreuses entreprises finlandaises. Ses présidences ont ainsi été une période de croissance économique forte et d'intégration croissante avec l’Ouest, par exemple à travers l’Association européenne de libre-échange.
Kekkonen est devenu une icône de la culture populaire.Graffiti d’un artiste inconnu représentant Kekkonen dans le tunnel de la gare dePieksämäki.
Kekkonen a été beaucoup traité dans l’art et la culture populaire finlandais. On peut prendre comme exemple les caricatures deKari Suomalainen réalisées durant la présidence de Kekkonen. De nombreux livres de blagues suivront, le premier paru en 1966 écrit intituléKekkoskaskut. De même, au temps de la présidence de Kekkonen, on peut rappeler la parution en 1970 de l’albumUnderground Rock du groupeSuomen Talvisota 1939-1940, qui contenait un morceau nomméKekkonen rock[18].Plus tard suivront le romanMyyrä deJari Tervo[19], le livre satiriqueUrho Kekkonen deKaro Hämäläinen[20], le court métrage cinématographiqueKekkonen deJari Alakoskela, le thrillerAdieu au Président deMatti Kassila[21].Dans les bandes dessinées, on peut entre autres citer la sérieKekkonen deMatti Hagelberg et la série sur la biographie de Kekkonen réalisée parTapani Bagge etSamson[22]. DansLe Lièvre de Vatanen, roman d'Arto Paasilinna, une partie du livre est consacrée à une hypothétique manipulation de l'État finlandais par laquelle Kekkonen aurait été remplacé par un sosie, cette manœuvre visant à cacher sa mort afin de ne pas déstabiliser le pays. Cette conspiration fait en réalité référence aux dernières années du mandat de Kekkonen durant lesquelles sa maladie était cachée aux Finlandais. Dans un autre roman d'Arto Paasilina,Sang chaud, nerfs d'acier[23], au chapitre 25 titréHanna et Urho, Kekkonen apparaît comme un démagogue populiste et coureur de jupons.