
L'United Company était une compagnie théâtralelondonienne, formée par la fusion en1682 de laTroupe du roi et de laTroupe du duc.
Les troupes du roi et du duc souffrirent du peu d'affluence aux spectacles durant la période troublée ducomplot papiste, de 1678 à 1681. Lorsque la Troupe du roi se trouva en difficulté à cause d'une mauvaise gestion, elle fusionna avec la Troupe du duc, pour former en1682 l'United Company. Cette nouvelle compagnie, dirigée par l'équipe de la Troupe du duc, commença ses représentations en novembre de cette même année. Le théâtre de la Troupe du roi, leThéâtre Royal de Drury Lane, fut utilisé principalement pour le théâtre, tandis que le théâtre de Dorset Garden de la Troupe du duc fut dédié aux opéras et aux superproductions.
La compagnie commença à jouer en novembre1682 à Drury Lane. En février1685, le théâtre ferma pour la mort deCharles II, et rouvrit en janvier1688 sous le patronage deJacques II. L'avènement en 1689 deGuillaume III et deMarie II, qui détestaient le théâtre, ôta la protection royale à cet art, qui vit son intérêt décliner[1].
La compagnie détenait lemonopole du théâtre à Londres, ce qui mettait les acteurs et les auteurs dans une position d'infériorité par rapport à leur direction. Quand les deux compagnies étaient en concurrence, de nombreuses pièces nouvelles étaient jouées chaque année, tandis que le monopole fit chuter considérablement leur nombre. Entre1675 et1678, les deux compagnies jouèrent 68 pièces nouvelles, alors que pendant les quatre premières saisons de l'United Company il n'y en eut que 19[1].
Christopher Rich s'empara de sa direction en1693, mais ses méthodes autoritaires provoquèrent une scission parmi les acteurs en1694. SelonColley Cibber, on n'avait jamais vu « un tyran aussi sournois à la tête d'un théâtre. Il accordait en effet davantage de liberté à ses acteurs, mais les payait plus mal qu'aucun de ses prédécesseurs. Il pouvait plaisanter avec eux autour d'un verre, tout en les escroquant sur leurs salaires[2] ». Cela provoqua le départ de comédiens expérimentés, commeElizabeth Barry,Thomas Betterton etAnne Bracegirdle, ainsi que douze autres acteurs, qui s'en allèrent former leur propre compagnie théâtrale coopérative. Certains comédiens possédaient des parts de cette coopérative, qui débuta en1695 par un gros succès, la première deLove For Love (Amour pour amour) deCongreve. Elle continua à concurrencer avec bonheur une United Company bien affaiblie.

Pourtant, malgré le succès, certains des acteurs âgés doutaient de la supériorité de leur troupe, ainsi que l'expliqueColley Cibber : « bien que nous eussions un public plus nombreux et la majorité des jeunes de notre côté, ce n'était pourtant pas la preuve que l'autre compagnie n'était pas, dans la vérité de l'interprétation, bien supérieure à nous[3] ». Pour les rassurer, la décision fut prise de construire un tout nouveau théâtre, et Colley Cibber en détaille le financement : « Ainsi donc, pour leur redonner confiance en eux, un nouveau projet fut mis sur pied, consistant à leur construire un magnifique théâtre à Hay-Market. Pour financer la construction, l'architecte etdramaturgeJohn Vanbrugh lança une souscription sous forme d'un abonnement pour trente personnes de qualité, chacune versant millelivres, en échange de quoi chaque abonné pouvait, pour le reste de sa vie, assister gratuitement à toute représentation publique du nouveau théâtre[3] ». Vanburgh trouva probablement ses souscripteurs parmi les membres duKit-Cat Club[4]. Il fut rejoint dans cette entreprise par son principal associé et directeurWilliam Congreve, et la coopérative d'acteurs dirigée parThomas Betterton[5]. Le tout nouveau et luxueux théâtre, baptiséHer Majesty's Theatre, ouvrit le avecThe Loves of Ergasto, unopéra de Giacomo Greber[6]. La première saison fut un échec, provoquant le départ de Congreve, et Vanbrugh racheta les parts de ses autres partenaires.