1971–1984
Drapeau | Armoiries |
| Statut | Fédération |
|---|---|
| Capitale | Tripoli |
| Langue(s) | Arabe |
| Monnaie | Dinar libyen |

L'Union des Républiques arabes (enarabe :اتحاد الجمهوريات العربية (ittiḥād al-jumhūriyyāt al-ʿarabiyya)) était unefédération proposée en1971 qui devait regrouper laRépublique arabe libyenne, laRépublique arabe d'Égypte et laRépublique arabe syrienne. Malgré la signature d'un accord prévoyant la fusion des trois pays, le projet a subi un coup d'arrêt dès1973 et n'a plus existé que sur le papier jusqu'à sa dissolution officielle en1984.
Mouammar Kadhafi tente, dès sa prise de pouvoir en Libye en septembre1969, de mettre en pratique les principes dupanarabisme, avec pour but proclamé d'unir la« nation arabe ». Dans un premier temps, le panarabisme du projet d'union se mêle aupanafricanisme : le, la Libye signe avec l'Égypte deGamal Abdel Nasser et leSoudan deGaafar Nimeiry une« charte révolutionnaire », dite également« Pacte de Tripoli », qui lance un projet de fédération, défini comme une« alliance révolutionnaire dont le but est de déjouer les intrigues impérialistes et sionistes ». Nasser meurt moins d'un an plus tard, en septembre1970, mais son décès ne freine pas le projet, qui recueille l'assentiment du nouveau président égyptienAnouar el-Sadate. En février1971,Hafez el-Assad arrive au pouvoir enSyrie, et s'associe bientôt au projet d'union panarabe, qui avait déjà tourné court une première fois en 1961 avec la fin de laRépublique arabe unie (1958-1961) unissant la Syrie et l'Égypte. La situation politique intérieure instable duSoudan amène par contre ce pays à renoncer à participer à l'union. L'Irak, alors présidé parAhmed Hassan al-Bakr (1914-1982), est un temps envisagé comme partenaire, mais écarté pour la même raison que le Soudan.

Le, l'Union des Républiques arabes, regroupant l’Égypte, la Libye et la Syrie, est proclamée lors d'une conférence àBenghazi[1]. L'Union des Républiques arabes est alors censée disposer d'une capitale, d'un drapeau unique ainsi que d'organes politiques communs (parlement fédéral, président), et d'une diplomatie et d'une armée communes : de1972 à1977, la Libye ajoute ainsi à sondrapeau unfaucon d'or (dit « deQuraych ») au centre, saisissant avec ses griffes un ruban portant l'inscription Union des Républiques Arabes (enarabe :اتحاد الجمهوريات العربية (ittiḥād al-jumhūriyyāt al-ʿarabiyya)). Le drapeau est le même que celui de l'Égypte et de laSyrie (de1971 à1980). Il ne se distingue des deux autres que par une petite cartouche sous le faucon portant le nom de l'État : République Arabe de Libye. Le de la même année, à la date anniversaire ducoup d'État libyen, unréférendum organisé simultanément dans les trois pays approuve le projet. Le, voulant aller plus loin dans l'unité, obtient de Sadate un accord prévoyant l'« union totale » entre l'Égypte et la Libye avant le : la Syrie n'est plus mentionnée dans cet aspect de l'accord[2],[3].
Rapidement, le président égyptienAnouar el-Sadate, inquiet des surenchères de Kadhafi et dubitatif devant la personnalité du dirigeant libyen qu'il tend à considérer comme un« déséquilibré », choisit de s'éloigner de la fédération[4]. Impatient devant les réticences manifestes de l'Égypte, Kadhafi lance, le, une« marche de l'unité », à laquelle participent environ 50 000 Libyens, qui partent de lafrontière entre la Libye et la Tunisie et doivent aller jusqu'auCaire : la marche est finalement bloquée à lafrontière égyptienne, en n'ayant foulé que quelques kilomètres du sol égyptien[2],[5]. Kadhafi menace de quitter ses fonctions en cas de refus égyptien, mais Sadate le prend au mot et l'engage à assumer ses responsabilités, lui rappelant la caducité des accords en cas de défaillance de l'un des signataires ; Kadhafi doit alors se plier aux conditions de Sadate et opter pour une union« par étapes ». Sadate reçoit une délégation des participants à la« marche de l'unité », qui lui remettent une pétition écrite avec leur sang. Le président égyptien évite de polémiquer, déclarant que la Libye est une« extension naturelle » de l'Égypte, mais rappelant dans le même temps les liens entre son pays et la Syrie, qu'il privilégie désormais en tant qu'allié. Sadate s'éloigne désormais implicitement du projet et réoriente le centre de gravité politique de l'Égypte vers leProche-Orient. La volte-face égyptienne est entre autres due aux pressions du roiFayçalIer d'Arabie saoudite. Sadate reçoit par la suite Kadhafi, à qui il fait accepter des mesures d'union sans portée réelle (assemblée constituante, unité monétaire commune, le dinar arabe, et zone franche frontalière) bien modestes en regard des ambitions du dirigeant libyen[6].

Les relations entre la Libye et l'Égypte se détériorent ensuite, Kadhafi appréciant peu de ne pas être associé à laguerre du Kippour en, ni même informé de l'offensive contreIsraël. Dans le même temps, Kadhafi cherche de nouveaux débouchés unitaires, d'abord avec l'Algérie, puis avec laTunisie, manquant de concrétiser uneUnion tuniso-libyenne qui tourne court du fait du retrait deHabib Bourguiba[7]. Déçu par l'échec de ses projets unitaires, et souhaitant donner à son régime une nouvelle impulsion« révolutionnaire », Mouammar Kadhafi lance à partir de1973 son projet deJamahiriya, qui se concrétise en mars1977, adoptant un mode de gouvernement inédit dans la région[8]. Entretemps, l'Égypte manœuvre pour isoler la Libye : en1976, un accord tripartite contre la Libye est signé avec l'Arabie saoudite et le Soudan, alors en pleine brouille avec la Libye[9]. En, unbref conflit frontalier éclate entre l'Égypte et la Libye. Les services secrets égyptiens, alors sous la responsabilité effective du vice-présidentHosni Moubarak soutiennent, en collaboration avec leSDECE français, la formation au Caire d'ungouvernement en exil d'opposants à Kadhafi. Les hostilités égypto-libyennes cessent au bout de trois jours grâce aux bons offices deYasser Arafat et deHouari Boumédiène[10],[11],[12]. Les rapports exécrables entre la Libye et l'Égypte empirent encore lors de la signature par Sadate desaccords de Camp David avecIsraël, en[13]. Deux mois plus tard, les accords internationaux entre l'Égypte et la Libye sont dénoncés[14]. En septembre1980, un nouveau projet d'union entre la Libye et la Syrie est annoncé, mais ne se concrétise pas[9].
L'Union des Républiques arabes continue néanmoins d'exister en théorie, mais demeure en sommeil jusqu'en, date à laquelle le retrait unilatéral de l'Égypte entraîne sa fin officielle[15].
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