Se référant aux valeurs de la construction européenne, de la démocratie chrétienne et à l'alliance avec les États-Unis, la CDU est la principale force decentre droit enAllemagne. Elle n'est pas présente sur le territoire de l'État libre de Bavière, où la tendance démocrate-chrétienne est représentée par l'Union chrétienne-sociale (CSU). Au niveau fédéral, on parle donc de laCDU/CSU (enallemand :Unionsparteien).
Fondée en1945 àBerlin et enRhénanie, à la suite de la chute duTroisième Reich, elle s'est organisée entre 1945 et 1949 dans lesLänder deszones d'occupation occidentales. Elle s'est unie au niveau fédéral en 1950. Une partie importante de ses membres (Konrad Adenauer, entre autres) est originaire duZentrum (« Parti du centre »), d'inspirationcatholique, qui continue cependant d'exister. Toutefois, à la différence de celui-ci, elle réunit catholiques etprotestants.
Lesélections fédérales du 6 septembre 1953 marquent le triomphe des chrétiens-démocrates et les imposent comme principale force politique ouest-allemande. Adenauer élargit alors sa coalition auBloc des réfugiés (BHE) et accroît son assise parlementaire. Candidat à un troisième mandat lors desélections fédérales du 15 septembre 1957, le chancelier sortant réalise une performance unique dans l'histoire de l'Allemagne fédérale, en remportant 50,2 % des suffrages. Le, le DP est absorbé et laCDU/CSU gouverne seule pendant un an. Auxélections fédérales du 17 septembre 1961, la configuration politique des vingt-cinq prochaines années se met en place : laCDU/CSU recule à 45 % des voix et fonde une « coalition noire-jaune » avec le FDP.
La CDU infléchit alors sa politique dans un sens plus libéral, promouvant une « adaptation du modèle rhénan » à la nouvelle donne économique mondiale. Le chancelier Kohl bénéficie de l'aura que lui apporte la réunification, c’est-à-dire l'intégration de laRépublique démocratique allemande dans le giron fédéral, à la suite de la chute duMur de Berlin en 1989. Néanmoins, le gouvernement doit faire face au coût économique de la réunification et à la montée du chômage. La CDU fusionne en 1990 avecson équivalent est-allemand. En 1990 et 1994, la CDU remporte les élections législatives et Helmut Kohl demeure au poste de chancelier.
Mais la CDU est désormais rattrapée par les révélations successives sur l'affaire des caisses noires[6]. Battue en 1998, elle retourne dans l'opposition. Elle accepte de soutenir le président de la CSUEdmund Stoiber pour la course à la chancellerie en 2002, mais il échoue de justesse : leSPD conserve le pouvoir grâce à son alliance avec leparti vert.
Dès lors, la présidente de la CDUAngela Merkel conduit lacampagne de 2005. Mais le tournant qu'elle préconise est jugé trop libéral par nombre de dirigeants du parti. La victoire qui s'annonçait triomphale est finalement plus limitée. La CDU et son alliée la CSU n'arrivent en tête que de justesse, et sont contraintes de conclure une seconde grande coalition avec le SPD pour gouverner et porter Angela Merkel à la chancellerie.
Lesélections fédérales de 2013 sont un succès pour le parti d'Angela Merkel, qui obtient 41,5 % des voix contre 25,7 % à son principal rival, le SPD. Bien que la CDU/CSU n'obtienne pas la majorité absolue de cinq sièges, elle est en position de force pour constituer le prochain gouvernement[7].
En 2016, les résultats desélections régionales de 2016 en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale sont très mauvais pour le parti qui est relégué en troisième position, son pire résultat en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale depuis la réunification[8]. Cette défaite du parti au pouvoir est analysée comme un rejet de la « politique d'immigration porte ouverte » d'Angela Merkel[9]. La contestation vis-à-vis de la politique migratoire grandit également au sein du parti à mesure que les contre-performances électorales se poursuivent[10].
La CDU se trouve fortement divisée début 2020 quant à l'attitude à adopter à l'égard de la formation d’extrême droiteAlternative pour l'Allemagne (AfD). EnThuringe, la branche régionale de la CDU s'allie à l'AfD afin de l'emporter face à la gauche, en dépit des directives de la direction nationale du parti, provoquant une controverse dans le pays. Alors qu'Angela Merkel qualifie d'« impardonnable » le comportement de la fédération locale, certains représentants de l'aile droite de la CDU se montrent tentés par une coopération avec l’extrême droite[11].
Angela Merkel ne se représente pas lors desélections fédérales de 2021. La CDU/CSU n'obtient que 24 % des voix et n'est plus en mesure de former un gouvernement, par conséquent, le chef du partiArmin Laschet démissionne. Pour la première fois dans l'histoire du parti, les adhérents sont autorisés à voter pour désigner un nouveau chef. Leur choix se porte surFriedrich Merz, tenant d'une ligne "ultralibérale" et conservatrice, qui faisait autrefois figure d'opposant interne à la ligne centriste d'Angela Merkel. Il aura la tâche de diriger l'opposition conservatrice au gouvernement d'Olaf Scholz, qui s’inscrit dans une forme de continuité avec Angela Merkel, dont il fut le ministre des Finances[12].
En février 2025, la CDU collabore avec l'AfD au Bundestag pour faire adopter une motion non contraignante sur la rétention des étrangers sans papiers aux frontières. Il s'agit de la première fois depuis 1945 que le « cordon sanitaire » est rompu en Allemagne. Cet événement provoque d'importantes manifestations à travers l'Allemagne, rassemblant entre 160 000 et 250 000 personnes à Berlin le 2 février, ainsi que plus de 220 000 manifestants la veille dans plusieurs grandes villes du pays[13],[14].
Depuis sa fondation, la CDU se réclame du christianisme. Selon leprogramme de Neheim-Hüsten(de) de 1946, la« haute conception du christianisme de la dignité humaine, de la valeur de chaque être humain devait servir de base et de guide (...) dans la vie politique, économique et culturelle », ce qui devait se traduire entre autres par le « droit à la liberté politique et religieuse », la « sécurité juridique pour chacun », la libre activité des femmes et la protection des minorités[15]. Même selon le préambule duprogramme politique de 2007(de), la CDU s'oriente« vers l'image chrétienne de l'homme et de sa dignité inviolable et, à partir de là, vers les valeurs fondamentales de liberté, de solidarité et de justice »[16].
Les grands axes idéologiques de la CDU s'articulent autour dulibéralisme économique, de ladémocratie chrétienne et du soutien auxÉtats-Unis sur les questions de politique extérieure. La pratique du pouvoir par la CDU se caractérise cependant par une certaine élasticité. Le gouvernementMerkel a ainsi aboli leservice militaire, ouvert la voie à la reconnaissance dumariage homosexuel (rejetée par les deux tiers des députés CDU mais approuvée par les élus de gauche et du centre) et entrepris unesortie du nucléaire ; des mesures qui n'ont jamais figuré dans le programme électoral du parti. Intraitable avec laGrèce lors de lacrise de la dette et exigeant d'elle de sévères mesures d'austérité, le gouvernement conservateur a accordé l'asile à des centaines de milliers de réfugiés lors de lacrise migratoire en 2015. Le parti a défendu pendant des décennies une vision conservatrice de la famille et de la société — les femmes devant se tenir à l'écart de la vie politique — avant de porter une femme à la chancellerie en 2005[17].
Le parti bénéficie du vieillissement de la population et de la plus grande participation aux élections des personnes âgées. Plus de la moitié de ses adhérents ont plus de 60 ans. Le parti gagne progressivement du terrain auprès des électeurs issus de l’immigration (notamment ceuxoriginaires de Turquie) : en 2018, une étude indiquait que 40% d'entre eux préféraient la CDU-CSU[17].
Au Parlement, la CDU reste peu ouverte aux femmes et aux personnes présentant des origines étrangères. Les femmes ne représentent que 22% de ses députés, contre plus de la moitié pourDie Linke etLes Verts et 44% pour leSPD. Par ailleurs, seuls 3 % de ses députés ont un héritage migratoire, la plus faible représentation de tous groupes politiques au Parlement[17].
Fritz Hellwig : Vice-président, Recherche et énergie nucléaire (1967-1970)
Karl-Heinz Narjes(de) : Marché intérieur, Industrie, Union douanière, Environnement, Protection du consommateur et Sécurité nucléaire (1981-1985), Vice-président, Politique industrielle, Recherche et Innovation (1985-1988)
Günther Oettinger : Énergie (2010-2014), Économie et société numériques (2014-2017), Budget et Ressources humaines (2017-2019)
Pierre Baudry, « La CDU/CSU sous Merkel, des partis en phase de modernisation ? Les conservateurs allemands, la politique familiale et les enjeux de genre »,Revue d’Allemagne et des pays de langue allemande, 30 juin 2018, vol. 50, nᵒ 1,p. 131‑143.
Pierre Baudry, « Quand gauche et droite votent les mêmes lois : Angela Merkel et les réformes Hartz de Gerhard Schröder », Revue d’Allemagne et des pays de langue allemande, 2020.
(de)Matthias Deiß(de),Die Führungsfrage – CDU und CSU im zwischenparteilichen Machtkampf. Forschungsgruppe Deutschland, München 2003,(ISBN3-933456-27-4).