L'élément 120 a attiré l'attention des chercheurs car certaines prédictions l'ont un moment situé au cœur d'unîlot de stabilité, certaines versions de la théorie de champ moyen relativiste prévoyant en effet que lenucléide304120 soit « doublement magique », avec 120 protons et 184 neutrons ; cet îlot de stabilité a par la suite été situé autour ducopernicium et duflérovium.
Malgré de nombreuses tentatives de la part d'équipes allemandes et russes pour le synthétiser, cet élément n'a jamais pu être observé. Les données expérimentales acquises au cours de ces expériences ont montré que leséléments de la période 8 seront bien plus difficiles à observer que ceux des périodes précédentes, et que l'élément 119 pourrait de ce point de vue être le dernier à pouvoir être détecté avec les technologies actuelles, l'élément 120 demeurant pour l'heure inaccessible.
Leséléments superlourds comme l'élément 120 sont obtenus parfusion nucléaire. En fonction de l'énergie d'excitation du noyau obtenu, on parle de « fusion chaude » ou de « fusion froide », cette dernière n'ayant, dans le contexte de la synthèse de noyaux atomiques superlourds, aucun rapport avec le concept médiatique de « fusion froide » désignant d'hypothétiques réactions « nucléaires » à pression et température ambiantes.
Dans les réactions de fusion chaude, des projectiles légers sont très fortement accélérés pour percuter des cibles d'actinides très massives, ce qui donne des noyaux composés fortement excités (~40 à50MeV) évoluant parfission ou par évaporation de quelquesneutrons (typiquement 3 à 5)[5].
L'utilisation de cibles plus légères a cependant pour inconvénient de produire des nucléides ayant un rapportneutron/proton trop faible pour permettre l'observation d'isotopes d'éléments situés au-delà duflérovium (élément 114), de sorte que la fusion chaude est la seule méthode permettant d'accéder à de tels noyaux,a fortiori sur la8e période[6].
Jusqu'à présent, la synthèse d'éléments superlourds s'est trouvée grandement facilitée par deux facteurs qualifiés desilver bullets en anglais, c'est-à-dire d'aides inespérées[10] :
d'autre part l'existence ducalcium 48, projectile particulièrement riche en neutrons et malgré tout quasiment stable qui a permis de produire des nucléides lourds tout en limitant leur énergie d'excitation.
Ces facteurs seront malheureusement inopérants dans le cas de l'élément 120. En effet, les isotopes produits de cette façon présentent malgré tout un déficit de neutrons par rapport à ceux conjecturés dans l'îlot de stabilité. Mais surtout, produire de l'élément 120 avec du48Ca impliquerait d'utiliser des cibles enfermium 257 :
Or on ne dispose que de quelquespicogrammes de fermium, alors qu'on peut produire desmilligrammes deberkélium et decalifornium ; de telles cibles en fermium présenteraient de surcroît avec le48Ca un rendement inférieur à une cible eneinsteinium pour produire l'élément 119[10],[11]. Il faut donc utiliser des projectiles plus lourds que le48Ca, ce qui a pour inconvénient de conduire à des réactions de fusion plus symétriques, qui sont plus froides et présentent moins de chances de succès[10].
Là encore, aucun atome d'élément 120 n'avait pu être détecté dans une limite de1,6pb de section efficace à l'énergie atteinte. Le GSI a répété l'expérience en avril-, janvier- et septembre-, toujours sans succès dans une limite de90fb de section efficace. Après avoir modifié leurs installations pour pouvoir utiliser des cibles plus radioactives, les chercheurs du GSI tentèrent une fusion plus asymétrique en juin-, puis à nouveau en 2011 :
On avait calculé que ce changement de réaction devait quintupler la probabilité de formation d'élément 120, dans la mesure où le rendement de ces réactions dépend fortement de leur caractère asymétrique[7]. Trois signaux corrélés ont été observés en accord avec l'énergie de désintégration α prédite pour le299120 et pour son nucléide fils295Og, ainsi que celle déterminée expérimentalement pour son petit-fils291Lv ; la demi-vie de ces signaux était cependant bien plus longue qu'attendue, et ces résultats n'ont pu être confirmés[13]. Cette expérience a également été étudiée par l'équipe duRIKEN, auJapon[14]
En août-, une nouvelle équipe au GSI a tenté une réaction davantage asymétrique avec l'instrumentTASCA :
En raison de sa plus grande asymétrie[15], la réaction entre le50Ti et le249Cf devait être la plus favorable pour produire de l'élément 120, bien qu'elle soit assez froide. Là encore, aucun atome de cet élément ne fut détecté, pour une section efficace de200fb[16]. La section efficace maximum pour produire de l'élément 120 ayant été calculée à0,1fb[17], contre20fb pour l'élément 119, et30fb pour la plus petite section efficace obtenue dans une réaction de synthèse d'un nucléide par fusion (en l'occurrence la réaction209Bi(70Zn,n)278Nh), il apparaît que la synthèse de l'élément 119 est à l'extrême limite des technologies actuelles, et celle de l'élément 120 passera par le développement de nouvelles méthodes.
Cette méthode permet également d'évaluer l'influence de la saturation des couches nucléaires sur la durée de vie de divers noyaux superlourds, afin de situer précisément le prochainnombre magique à découvrir (Z = 114, 120, 124 ou 126). Les résultats obtenus ont montré que les noyaux composés avaient une énergie d'excitation élevée, de l'ordre de70MeV, et subissaient des fissions avec une période mesurable supérieure à10–18s. Bien que très brève, le fait que cette période puisse être mesurée indique l'existence d'un effet stabilisateur mesurable pourZ = 120. À des énergies d'excitation plus faibles, cet effet stabilisateur pourrait permettre d'observer desdemi-vies de fission bien plus longues. Dans la mesure où des observations semblables ont été faites pour l'élément 124 mais pas pour leflérovium (élément 114), cela tend à indiquer que le prochain nombre magique deprotons se situe au-delà de 120[19],[20].
Dans la sérieHalo : Nightfall, l'élément ayant servi à une attaque radiologique Covenante contre une colonie humaine est décrit comme étant très proche de l'élément 120, mais avec une transmutation inédite.
Dans le téléfilmTempête de météorites, l'élément 120 attire toutes les météorites tombant dans la baie de San Francisco.