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Ulysses S. Grant

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Pour les articles homonymes, voirGrant.

Ulysses S. Grant
Illustration.
Portrait du président Grant entre 1870 et 1880.
Fonctions
18eprésident des États-Unis

(8 ans)
Élection3 novembre 1868
Réélection5 novembre 1872
Vice-présidentSchuyler Colfax(1869-1873)
Henry Wilson(1873-1875)Aucun[b](1875–1877)
GouvernementAdministration Grant
PrédécesseurAndrew Johnson
SuccesseurRutherford B. Hayes
Secrétaire à la Guerre des États-Unis[a]
(intérim)

(5 mois et 2 jours)
PrésidentAndrew Johnson
PrédécesseurEdwin Stanton
SuccesseurEdwin Stanton
Commandant général de l'armée des États-Unis

(4 ans, 11 mois et 23 jours)
PrésidentAbraham Lincoln
Andrew Johnson
PrédécesseurHenry Halleck
SuccesseurWilliam Tecumseh Sherman
Biographie
Nom de naissanceHiram Ulysses Grant
Date de naissance
Lieu de naissancePoint Pleasant (Ohio,États-Unis)
Date de décès (à 63 ans)
Lieu de décèsWilton (État de New York,États-Unis)
Nature du décèsCancer des voies aérodigestives supérieures
SépultureGeneral Grant National Memorial (New York)
NationalitéAméricaine
Parti politiqueParti républicain
PèreJesse Root Grant (en)
MèreHannah Simpson (en)
Conjoint
EnfantsFrederick Dent Grant (en)
Ulysses S. Grant, Jr. (en)
Nellie Grant (en)
Jesse Root Grant II (en)
Diplômé deAcadémie militaire de West Point
ProfessionMilitaire
Agriculteur
Tanneur
ReligionMéthodisme

Signature de Ulysses S. Grant

Image illustrative de l’article Ulysses S. Grant
Présidents des États-Unis
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Ulysses S. Grant (/juˈlɪsɪsɛsɡɹænt/[c]), né le àPoint Pleasant (Ohio) et mort le àWilton (État de New York), est unmilitaire ethomme d'Étataméricain. Membre duParti républicain, il est le18eprésident des États-Unis, en fonction du au. Grant est célèbre pour avoir commandé lesarmées unionistes durant laguerre de Sécession.

Né dans l'Ohio, Grant s'oriente rapidement vers une carrière militaire et est diplômé de l'académie militaire de West Point en 1843. Il participe à laguerre américano-mexicaine de 1846-1848 avant de quitter temporairement l'armée. Lorsque éclate laguerre de Sécession en 1861, il rejoint les rangs de l'armée de l'Union. L'année suivante, il est promumajor général et son commandement victorieux à labataille de Shiloh lui vaut une réputation de tacticien agressif. En, il s'empare deVicksburg, assurant à l'Union le contrôle duMississippi et coupant la Confédération en deux. Après labataille de Chattanooga en, le présidentAbraham Lincoln le promeutlieutenant-général avec autorité sur toutes les armées de l'Union. En 1864, il coordonne une série de sanglantes batailles (Overland Campaign) qui permettent d'isoler le général sudisteRobert E. Lee àPetersburg. Après la prise de la capitale confédérée deRichmond, la Confédération s'effondre et Lee se rend àAppomattox en pour signer la fameusereddition d'Appomattox (ou reddition de Lee), par laquelle capitule l'armée de Virginie du Nord, la principale armée confédérée.

Considéré comme le sauveur de l'Union et comme un véritable héros de guerre, Grant est facilement choisi par la convention républicaine pour briguer la présidence et il remporte aisément l'élection de 1868. Durant cette période appelée la « Reconstruction », il s'efforce d'apaiser les tensions provoquées par la guerre de Sécession. Il encourage l'adoption du15e amendement de laConstitution, lequel garantit lesdroits civiques desAfro-Américains, et fait appliquer fermement ses dispositions dans leSud, notamment en recourant à l'armée. Lesdémocrates reprennent néanmoins le contrôle deslégislatures sudistes dans les années 1870, et lesAfro-Américains sontde facto privés de leurs droits et exclus du jeu politique pendant près d'un siècle.

En politique étrangère, lesecrétaire d'ÉtatHamilton Fish règle la question desréclamations de l'Alabama avec leRoyaume-Uni et évite que l'affaire Virginius ne dégénère avec l'Espagne. En 1873, la popularité de Grant s'effondre en même temps que l'économie américaine, frappée par la première crise industrielle de son histoire, lapanique bancaire de 1873. Ses mesures s'avèrent globalement inefficaces et ladépression dure jusqu'au début des années 1880. En plus des difficultés économiques, son second mandat est marqué par les scandales au sein de son gouvernement et deux membres de soncabinet sont accusés de corruption. La fin de sa présidence est ainsi ternie par la corruption deson administration et par les dissensions internes auParti républicain.

Après avoir quitté ses fonctions, Grant entreprend untour du monde de deux ans et tente, sans succès, d'obtenir la nomination républicaine pour l'élection présidentielle de 1880. Sesmémoires, rédigés alors qu'il souffre d'uncancer de la gorge, rencontrent un grand succès critique et populaire, et plus d'un million et demi de personnes assistent à ses funérailles. Il demeure admiré pour son rôle militaire, mais lesévaluations historiques de sa présidence restent contrastées : souvent critiqué pour la corruption de son administration, il est en revanche reconnu pour son engagement en faveur des droits civiques et son courage dans la lutte contre leKu Klux Klan.

Jeunesse

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Photographie d'une petite maison en bois aux murs blancs
Maison natale de Grant àPoint Pleasant en 2007.

Ulysses S. Grant naît sous le nom de Hiram Ulysses Grant (/ˈhaɪɹəmjuˈlɪsɪsɡɹænt/[c]) le àPoint Pleasant, dans l'Ohio. Il est le premier enfant d'Hannah (Simpson) Grant et de Jesse Root Grant, untanneur et homme d'affaires[1]. Sa grand-mère paternelle Suzanna Delano d'origine wallonne, était la petite-fille de Jonathan Delano (1647-1720),7e enfant dePhilippe de La Noye (1602-1681), issu de l'illustreMaison de Lannoy duBrabant wallon, l’un des passagers duFortune qui accosta àPlymouth en novembre1621, rejoignant les premiers colons duMayflower. La descendance de l'oncle paternel de Suzanna, Thomas Delano (né en 1704), donnera quelques décennies plus tard un autre président aux États-Unis,Franklin Delano Roosevelt[2],[3],[4].

À l'automne 1823, la famille s'installa dans le village deGeorgetown dans lecomté de Brown. Ses parents étaientméthodistes mais il ne fut jamaisbaptisé ou forcé de se rendre à l'église[5]. L'un de ses biographes suggère que Grant hérita son caractèreintroverti de sa mère réservée voire« particulièrement indifférente » ; elle ne se rendit d'ailleurs jamais à laMaison-Blanche lors de la présidence de son fils[6]. Grant développa très tôt un contact familier avec les chevaux et devint un cavalier émérite[7].

Alors que Grant avait 17 ans, lereprésentant Thomas L. Hamer de l'Ohio lui proposa d'intégrer l'académie militaire de West Point. Hamer écrivit cependant son nom comme « Ulysses S. Grant de l'Ohio » en utilisant l'initiale dunom de jeune fille de sa mère. Grant adopta malgré tout ce nom à l'académie même si pour lui, le « S » n'avait aucune signification. Il reçut le surnom de « Sam » car ses initiales « U. S. » étaient également celles d'Uncle Sam[8],[9]. Ce surnom lui a été donné parWilliam T. Sherman, un cadet de 3 ans son aîné, avec d'autres élèves officiers. Le surnom "United States" est aussi apparu mais c'est bien "Sam" qui restera son surnom à vie[10]. La nomination de Grant à West Point fut facilitée par les relations de sa famille mais il indiqua par la suite qu'« une vie militaire n'avait aucun attrait pour [lui][11] ». Il écrivit également qu'il était un élève peu assidu mais il excella en mathématiques et en géologie[12]. Il gagna une réputation d'excellent cavalier et établit un record ensaut d'obstacles qui ne fut battu que 25 ans plus tard[12]. Il fut diplômé en 1843 en arrivant21e sur une promotion de 39 élèves. Grant fut heureux de quitter West Point et envisageait de quitter l'armée à la fin de son service militaire[13]. Malgré ses talents de cavalier, il ne fut pas assigné à une unité decavalerie car les affectations étaient déterminées par le classement et non par l'aptitude[12]. Grant devint ainsiquartier-maître responsable de l'approvisionnement et des équipements dans le4erégiment d'infanterie avec le grade desous-lieutenant[12],[14].

Première carrière militaire

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Après la fin de ses études, Grant fut affecté en auxJefferson Barracks près deSaint-Louis dans leMissouri[15]. Il s'agissait du plus grand camp militaire dans l'Ouest et il était commandé par lecolonelStephen W. Kearny. Grant s'entendait bien avec son commandant mais il envisageait toujours de quitter l'armée pour mener une carrière dans l'enseignement[16]. Il profita de ses permissions pour rendre visite à la famille de son ancien camarade de West Point, Frederick Dent, dans le Missouri et se rapprocha de sa sœur,Julia ; ils se fiancèrent secrètement en 1844[16].

Esquisse d'un jeune homme aux cheveux mi-longs en uniforme militaire
Portrait de Grant en 1843.

Les tensions entre lesÉtats-Unis et leMexique concernant leTexas s'accrurent en 1845 et l'unité de Grant fut redéployée enLouisiane au sein de l'armée d'Observation dumajor-généralZachary Taylor[17]. Lorsque laguerre américano-mexicaine éclata en 1846, l'armée américaine envahit le Mexique. Mécontent de ses responsabilités de quartier-maître, Grant rejoignit le front et participa à labataille du Resaca de la Palma[18]. En, il démontra ses talents de cavalier à labataille de Monterrey en portant une dépêche à travers la ville sous les tirs ennemis[19],[20]. Leprésident américainJames K. Polk, inquiet de la popularité grandissante de Taylor, divisa l'armée et affecta quelques unités dont celles de Grant à une nouvelle armée commandée par le major-généralWinfield Scott[21]. Cette arméedébarqua àVeracruz au printemps 1847 et avança vers la capitaleMexico. ÀChapultepec, Grant déploya unobusier dans le clocher d'une église pour bombarder les troupes mexicaines[22]. L'armée américaineentra dans Mexico quelques jours plus tard en et les Mexicains demandèrent une trêve peu après.

Dans ses mémoires, Grant écrivit qu'il apprit beaucoup du commandement en observant ses supérieurs et s'identifia rétrospectivement au style de Taylor. À l'époque, il considérait néanmoins que la guerre avait été injuste et estimait que lesgains territoriaux américains étaient destinés à étendre l'esclavage vers l'ouest ; en 1883, il écrivit :« J'étais farouchement opposé au projet et, jusqu'à ce jour, je considère la guerre comme l'une des plus injustes jamais menées par une nation puissante contre une faible ». Il estima également que la guerre de Sécession fut la punition de l'agression américaine du Mexique[23].

Le, Grant et Julia se marièrent après quatre ans de fiançailles[24]. Ils eurent quatre enfants : Frederick (1850-1912), Ulysses Jr. (« Buck ») (1852-1929), Ellen (« Nellie ») (1855-1922) et Jesse (1858-1934)[25]. Grant fut affecté à diverses unités dans les six années qui suivirent. Ses premières affectations après la guerre furent àDétroit dans leMichigan et àSackets Harbor dans l'État de New York, une assignation qui plut particulièrement au couple[26]. Au printemps 1852, il se rendit àWashington, pour demander sans succès au Congrès d'annuler un décret exigeant, qu'en tant que quartier-maître, il rembourse 1 000 dollars (environ 30 700 $ de 2012[27]) d'équipements perdus, affaire dans laquelle il n'avait aucune responsabilité personnelle[28]. Il fut envoyé en 1852 àFort Vancouver dans leterritoire de l'Oregon à l'apogée de laruée vers l'or en Californie. Julia ne put pas l'accompagner car elle était enceinte de huit mois de leur second enfant[29]. Le trajet maritime jusqu'enCalifornie fut compliqué par les difficultés logistiques et une épidémie decholéra lors de la traversée terrestre de l'isthme de Panama. Grant mit en application ses talents organisationnels pour créer des dispensaires improvisés[30].

Pour compléter sa solde militaire, insuffisante pour soutenir sa famille, Grant se lança sans succès dans plusieurs activités commerciales et fut à une occasion escroqué par un partenaire[31]. L'échec de ces entreprises confirma l'opinion de Jesse Grant selon laquelle son fils n'avait pas d'avenir dans ce secteur d'activité et cela détériora les relations entre les deux hommes[32]. Grant devint de plus en plus déprimé par ses ennuis financiers et la séparation d'avec sa famille ; la rumeur commença à circuler qu'il s'était mis à boire avec excès[32].

À l'été 1853, Grant fut promucapitaine, l'un des cinquante en service actif ; il fut assigné au commandement de lacompagnie F du4e régiment d'infanterie à Fort Humboldt près d'Eureka sur la côte californienne. Le commandant du fort, lelieutenant-colonelbreveté Robert C. Buchanan, un adepte de la discipline stricte, fut informé que Grant se soûlait à la table des officiers en dehors du service ; pour éviter un procès encour martiale, il lui proposa de quitter l'armée. Grant accepta et il démissionna le. Ledépartement de la Guerre indiqua sur ses documents que« rien ne nuit à son honorable nom[33] ». Les rumeurs continuèrent néanmoins à circuler sur son intempérance. Selon son biographe William S. McFeely, les historiens s'accordent sur le fait que son alcoolisme était à l'époque une réalité même si aucun témoignage ne le prouve[34]. Des années plus tard, Grant écrivit cependant que« le vice de l'intempérance n'a pas joué qu'un petit rôle dans [sa] décision de démissionner[35],[36] ». Son père, qui continuait de croire en sa carrière militaire, essaya sans succès de convaincre lesecrétaire à la Guerre,Jefferson Davis, d'annuler sa démission[37].

Vie civile

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Photographie d'une cabane en rondins entourée d'herbes hautes
« Hardscrabble », la maison que Grant construisit pour sa famille dans le Missouri.
Photographie de profil d'une femme avec un chignon
Julia Grant.

À 32 ans et sans vocation dans le civil, Grant connut plusieurs années financièrement difficiles. Son père lui offrit un poste àGalena dans l'Illinois dans une des succursales de son entreprise de tannerie à condition que Julia et ses enfants restent avec ses parents dans le Missouri ou dans la famille Grant dans leKentucky. Le couple s'opposa à toute séparation et refusa la proposition[38]. En 1854, Grant s'installa en tant qu'agriculteur sur la propriété de son beau-frère près de Saint-Louis en utilisant les esclaves du père de Julia mais l'exploitation périclita rapidement[38]. Deux années plus tard, Grant et sa famille s'installèrent sur la ferme de son beau-père et il construisit unecabane en rondins rustique surnomméeHardscrabble (« Misérable ») que Julia détesta[38]. Durant cette période, il acheta au père de son épouse un esclave, William Jones, âgé de 35 ans[39]. N'ayant toujours pas rencontré le succès en agriculture, le couple quitta la ferme après la naissance de son quatrième et dernier enfant en 1858 ; Grantaffranchit son esclave en 1859 au lieu de le revendre à une époque où il aurait pu en tirer un bon prix alors qu'il avait désespérément besoin d'argent[39]. L'année suivante, la famille acheta une petite maison à Saint-Louis et Grant travailla sans grand succès en tant que collecteur des impôts avec un cousin de Julia[40]. En 1860, Jesse lui offrit à nouveau un poste dans sa succursale de Galena mais sans conditions et il accepta. Le magasin appelé « Grant & Perkins » vendait desharnais, desselles et d'autres produits encuir fabriqués avec des peaux achetées localement[41].

Grant ne s'était jamais vraiment intéressé à la politique avant la guerre de Sécession[42]. Son père était unwhigabolitionniste[43] tandis que son beau-père était un membre influent duparti démocrate dans le Missouri[44]. En 1856, ilvota pour le candidat démocrateJames Buchanan plus par opposition au candidat républicain,John C. Frémont, que par véritable enthousiasme[42]. À l'élection suivante, il préféra le candidat démocrateStephen A. Douglas au républicainAbraham Lincoln et ce dernier au candidat démocrate dans le Sud,John C. Breckinridge. Durant la guerre, il se rapprocha desrépublicains radicaux et épousa complètement leur gestion agressive du conflit et leur volonté de mettre un terme à l'esclavage[45].

Guerre de Sécession

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Ulysses S. Grant
Ulysses S. Grant
Le lieutenant général Ulysses S. Grant entre 1863 et 1866.

Surnom
  • Unconditional Surrender[46] (« Capitulation sans conditions »)
  • The Butcher (« Le Boucher »)
  • Uncle Sam (« Oncle Sam »)
  • Sam
OrigineAméricaine
AllégeanceDrapeau des États-UnisÉtats-Unis
Union
ArmeUnited States Army (Union Army)
GradeGénéral de l'Armée(1866)
Général des armées(posthume, 2024)
Années de service1839 – 1869 (avec un arrêt entre 1854 et 1861)
Commandement
ConflitsGuerre américano-mexicaine
Guerre de Sécession
Faits d'armesGuerre américano-mexicaine :

Guerre de Sécession :

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Photographie d'un homme barbu en uniforme militaire. Il est assis et tient son sabre dans ses mains.
Photographie dubrigadier-général Grant en 1861

Laguerre de Sécession éclata le avec l'attaqueconfédérée deFort Sumter àCharleston enCaroline du Sud. Deux jours plus tard, Lincoln ordonna le recrutement de 75 000 volontaires. Étant le seul militaire professionnel de la région, Grant fut sollicité pour présider un rassemblement à cet effet à Galena. Il participa au recrutement d'une compagnie de volontaires et l'accompagna à la capitaleSpringfield. Legouverneur de l'IllinoisRichard Yates, Sr. lui offrit un poste de recruteur qu'il accepta même s'il aurait préféré une fonction de commandement. Il contacta sans succès plusieurs officiers en ce sens dont le major-généralGeorge B. McClellan. Dans le même temps, Grant continua à servir dans les camps d'entraînement et fit une forte impression sur les recrues. Avec le soutien du représentantElihu B. Washburne de l'Illinois, il fut promucolonel par le gouverneur Yates le et affecté au21e régiment d'infanterie volontaire de l'Illinois. Transféré dans le Nord du Missouri, Grant fut nommébrigadier-général par Lincoln à nouveau avec le soutien de Washburne[47]. À la fin du mois d'août, le major-général John C. Frémont affecta Grant au district deCairo dans le sud de l'Illinois. Il recouvra son énergie et sa confiance au début du conflit[48],[49] et se rappela par la suite avec une grande satisfaction qu'après le premier rassemblement de recrutement à Galena :« je ne suis plus jamais retourné dans la tannerie…[50] ». Il se montre favorable à une stratégie agressive pour gagner la guerre, consistant à infliger des pertes humaines massives à l'armée confédérée[51].

Fort Henry et Fort Donelson

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Campagne de Grant au début de l'année 1862 avec les batailles deFort Belmont, deFort Henry, deFort Donelson et deShiloh

Les troupes de Grant furent engagées pour la première fois non loin de Cairo à proximité duconfluent stratégique de l'Ohio, de laCumberland, duTennessee et duMississippi[52]. L'armée confédérée du major-généralLeonidas Polk était stationnée àColumbus dans le Kentucky et Frémont demanda à Grant de faire des démonstrations de force sans passer à l'offensive[52]. Lorsque Lincoln limogea Frémont après qu'il eut instauré laloi martiale dans le Missouri, Grant attaqua les positions confédérées àFort Belmont avec 3 114 hommes. Il prit le fort mais en fut par la suite délogé et repoussé à Cairo par les troupes du brigadier-généralGideon Pillow. Bien que ce fût une défaite tactique, cette bataille renforça le moral de Grant et de ses hommes[53]. Il demanda alors au major-généralHenry W. Halleck l'autorisation d'attaquerFort Henry sur la rivière Tennessee ; ce dernier accepta à la condition que l'offensive soit supervisée par l'amiralAndrew Hull Foote. La coopération étroite des forces terrestres et navales permit à Grant de prendre Fort Henry le ; cette prise fut d'autant plus facile que le fort était presque submergé par le fleuve en crue, et que ses défenseurs étaient en sous-effectifs[54]. Les troupes nordistes se tournèrent alors vers la fortification voisine deFort Donelson sur la Cumberland, où la résistance fut plus forte[55]. Les premiers assauts des navires de Foote furent repoussés par les canons du fort où se trouvaient 12 000 défenseurs commandés par Pillow contre 25 000 assaillants menés par Grant. Encerclés, les Confédérés tentèrent de réaliser une sortie et parvinrent à repousser le flanc droit nordiste qui se replia en désordre vers l'est[56]. Grant rassembla ses forces, restaura la situation et contre-attaqua sur le flanc gauche de Pillow qui fut contraint de revenir dans le fort où il céda le commandement au brigadier-généralSimon Bolivar Buckner. Ce dernier se rendit le lendemain et les termes de la reddition de Grant furent largement repris au Nord :« Aucune condition autre qu'une capitulation sans condition et immédiate ne saurait être acceptée[56] ». Grant gagna le surnom deUnconditional Surrender (« Reddition sans conditions ») et Abraham Lincoln le promut major-général[57].

Shiloh

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Lemajor général Ulysses S. Grant vers 1862.

L'avancée de Grant vers Fort Henry et Fort Donelson était alors l'offensive la plus significative de l'Union sur le territoire de la Confédération. Sonarmée du Tennessee, forte de 48 894 hommes, s'était retranchée sur la rive ouest du Tennessee et avec le brigadier-généralWilliam T. Sherman, Grant se préparait à attaquer la place-forte confédérée deCorinth dans leMississippi[58]. Les Confédérés s'attendaient à cette offensive et frappèrent les premiers en attaquant le camp unioniste lors de labataille de Shiloh le. Plus de 44 000 soldats confédérés menés par les générauxAlbert S. Johnston etP. G. T. de Beauregard participèrent à cet assaut, dont l'objectif était d'annihiler les troupes unionistes dans la région. Prises par surprise, les troupes de Grant furent progressivement repoussées vers le fleuve, et si les troupes confédérées n'avaient pas été trop épuisées pour continuer le combat, celles de Grant auraient sans doute été détruites[59]. Évitant la débandade, Grant et Sherman contre-attaquèrent le lendemain matin avec les unités des major-générauxDon Carlos Buell etLew Wallace arrivées dans la nuit. Les troupes de Beauregard parvinrent à s'échapper mais l'armée du Tennessee avait été sauvée[60],[61].

Avec un total de près de 24 000 victimes dont 3 500 morts, cette bataille devint la plus sanglante du conflit, sans qu'aucun camp n'en ait tiré un avantage stratégique. Grant nota par la suite que le carnage de Shiloh lui fit comprendre que la Confédération ne pourrait être vaincue que par la destruction complète de ses armées[62]. Si son commandement durant la bataille fut salué, son manque de préparatifs défensifs fut aussi critiqué et Halleck transféra le commandement de l'armée du Tennessee au brigadier-généralGeorge H. Thomas. Grant fut promu à la fonction dénuée de pouvoir de commandant-en-second des armées de l'Ouest. Il envisagea alors à nouveau de quitter l'armée mais en fut dissuadé par Sherman[63]. Dans le même temps, la lente progression de Halleck vers Corinth, de 30 kilomètres en un mois, permit à toute l'armée confédérée de s'échapper. Envoyé par le secrétaire à la GuerreEdwin M. Stanton,Charles A. Dana interrogea Grant et rapporta à Lincoln et à Stanton que ce dernier semblait« garder son sang-froid et être impatient de combattre ». Lincoln replaça alors Grant à la tête de l'armée du Tennessee[64].

Vicksburg

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Article détaillé :Campagne de Vicksburg.
Gravure d'un groupe de soldats unionistes prenant d'assaut une position retranchée confédérée au sommet d'un talus.
Assaut nordiste durant lesiège de Vicksburg ; gravure de 1883 deThure de Thulstrup.

Lincoln était déterminé à prendre le bastion stratégique confédéré deVicksburg sur le Mississippi et autorisa le major-généralJohn A. McClernand à lever une armée dans l'Illinois. Grant fut très déçu de ne pas recevoir d'ordres pour avancer et encore plus mécontent de ce qui semblait être une tentative pour l'écarter. Selon son biographe William S. McFeely, cette frustration aurait été l'une des causes de sonordre généralno 11 du qui expulsait tous lesJuifs des territoires sous son contrôle en raison dumarché noir ducoton[65]. Lincoln demanda l'annulation de cet ordre, ce que Grant fit 21 jours plus tard en considérant qu'il n'avait fait que suivre les consignes de Washington. Selon un autre biographe, Jean E. Smith, cela fut l'un« des exemples les plus flagrants d'antisémitisme étatique de l'histoire américaine[66] ». Grant estimait que l'or, comme le coton, passait en contrebande à travers le front et que les Juifs pouvaient passer facilement dans les camps adverses[67]. En 1868, il exprima ses regrets pour cet ordre ; en dehors de cet incident, son opinion sur les Juifs n'est pas connue[67].

Legénéral U.S. Grant sur sonchevalCincinnati pendant lesiège de Vicksburg.

En, Grant avança vers Vicksburg avec les majors-générauxJames B. McPherson et Charles S. Hamilton et en coordination avec une offensive maritime commandée par Sherman. Les généraux sudistesNathan B. Forrest etEarl Van Dorn retardèrent la progression unioniste en harcelant ses lignes de communication, tandis que l'armée confédérée du lieutenant-généralJohn C. Pemberton repoussa l'attaque de Sherman à labataille de Chickasaw Bayou[68].

Pour la seconde tentative de prendre Vicksburg, Grant réalisa sans succès une série de manœuvres le long du fleuve. Finalement en, les troupes unionistes progressèrent sur la rive ouest du Mississippi et traversèrent le fleuve avec les navires deDavid D. Porter. Ce mouvement fut facilité par les actions de diversion qui éloignèrent Pemberton. Après une série de batailles qui permirent laprise d'un nœud ferroviaire près deJackson, Grant battit Pemberton lors de labataille de Champion Hill. Deux assauts contre la forteresse de Vicksburg se soldèrent néanmoins par de lourdes pertes et la bataille se transforma en unsiège qui dura sept semaines. Alors que le siège débutait, Grant passa deux jours à boire[69]. Pemberton se rendit le[70],[71]. Durant cettecampagne, Grant se préoccupa des esclaves en fuite ou déplacés par les combats qui étaient menacés par les maraudeurs confédérés ; il les plaça sous la protection du brigadier-général John Eaton, qui les autorisa à travailler dans les plantations confédérées abandonnées pour soutenir l'effort de guerre.

La capture de Vicksburg permit à l'Union de prendre le contrôle de l'ensemble du cours du Mississippi et de couper la Confédération en deux. Même si ce succès renforça le moral des troupes unionistes et la position stratégique de l'Union, Grant fut critiqué pour ses décisions et pour sa propension à boire. Lincoln envoya à nouveau Dana pour garder un œil sur cette faiblesse du général ; Dana devint un ami proche de Grant, qui modéra par la suite cette tendance[72]. La rivalité personnelle entre Grant et McClelland continua après Vicksburg, mais cessa lorsque Grant le limogea pour avoir donné un ordre sans son accord.

Chattanooga et promotion

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Photographie d'un hommes barbu et portant un uniforme militaire
Grant après sa promotion au grade delieutenant-général en 1863.

En, Lincoln plaça Grant à la tête de la nouvelledivision militaire du Mississippi, ce qui lui donnait autorité sur tout lethéâtre occidental en dehors de la Louisiane. Après labataille de Chickamauga en septembre, le général confédéréBraxton Bragg obligea l'armée du Cumberland du major-généralWilliam S. Rosecrans à se replier àChattanooga, un important nœud ferroviaire, où elle fut encerclée ; seule la résistance de George H. Thomas et de sonXIVe corps empêcha la destruction de l'armée unioniste. Informé de la situation délicate à Chattanooga, Grant remplaça Rosecrans à la tête de l'armée encerclée par Thomas et mena personnellement des reconnaissances dans la zone. Lincoln dépêcha le major-généralJoseph Hooker et deuxdivisions de l'armée du Potomac pour renforcer l'armée du Cumberland et ces renforts permirent à Grant et au major-généralWilliam F. Smith d'ouvrir une ligne de ravitaillement vers la ville encerclée[73],[74].

Le, Grant rassembla trois armées pour repousser les forces de Bragg àMissionary Ridge etLookout Mountain. Thomas et l'armée du Cumberland prirent les premières positions confédérées à Missionary Ridge, tandis qu'à Lookout Mountain, Hoorket fit 1 064 prisonniers. Le lendemain, Sherman et quatre divisions de l'armée du Tennessee attaquèrent le flanc droit de Bragg qui fut contraint de dégarnir les défenses de Missionary Ridge. S'en étant rendu compte, Grant ordonna l'assaut général sur les positions affaiblies et les troupes du major-généralPhilip Sheridan et du brigadier-généralThomas John Wood obligèrent les Confédérés à se replier en désordre. Même si l'armée sudiste parvint à s'enfuir, labataille exposait laGéorgie et le cœur de la Confédération à l'invasion. La gloire de Grant s'accrut et il fut promu lieutenant-général, un grade qui n'avait été auparavant accordé qu'àGeorge Washington et Winfield Scott[75].

Déçu par l'incapacité du major-généralGeorge G. Meade à poursuivre le général confédéréRobert E. Lee après labataille de Gettysburg en, Lincoln nomma GrantCommandant général de l'armée des États-Unis (enanglais :Commanding General of the United States Army) avec autorité sur toutes les armées de l'Union en[76]. Il céda le commandement de la division du Mississippi à Sherman et se rendit à Washington pour définir une nouvelle stratégie avec Lincoln. Après avoir installé Julia dans une maison deGeorgetown, Grant établit son quartier-général près de celui de l'armée du Potomac de Meade àCulpeper enVirginie[77]. La stratégie nordiste pour obtenir une victoire rapide consistait en une série d'offensives coordonnées pour empêcher les Confédérés de redéployer leurs forces sur les fronts en difficulté. Sherman attaquerait en direction d'Atlanta et de la Géorgie tandis que Meade mènerait son armée contre l'armée de Virginie du Nord de Lee et que le major-généralBenjamin Franklin Butler avancerait depuis le sud-ouest vers la capitale confédérée deVirginie jusqu'à laJames River[78]. Dans le même temps, le major-généralFranz Sigel prendrait la voie ferrée stratégique àLynchburg avant de progresser vers l'est pour capturer lavallée de Shenandoah depuis lesMontagnes bleues[79],[80]. Grant était de plus en plus populaire et certains commencèrent à estimer que dans le cas d'une victoire rapide de l'Union, il pourrait se présenter à la présidence lors de l'élection de novembre. Grant en était conscient mais il avait rejeté l'idée lors d'échanges avec Lincoln[81].

De la Wilderness à Appomattox

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Photographie d'un homme en uniforme militaire prenant la pose en s'appuyant contre un arbre devant une large tente
Grant àCold Harbor en 1864 ; photographie deMathew Brady
Photographie de l'entrée d'une maison en bois où un homme barbu en uniforme militaire est assis sur un fauteuil. Un garçon se tient à ses cotés et une femme en robe se trouve derrière eux.
Grant àCity Point avec sonépouse et son filsJesse en1864

Overland Campaign

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La progression de Sigel et de Butler fut rapidement bloquée et Grant se retrouva seul pour affronter Lee durant une série de sanglantes batailles qui fut plus tard appelée l'Overland Campaign. Après avoir passé le mois d' à regrouper l'armée du Potomac, Grant traversa le fleuveRapidan et engagea Lee à labataille de la Wilderness qui dura trois jours sans qu'aucun des belligérants puisse revendiquer la victoire. Lee se replia en bon ordre mais le commandant nordiste, contrairement à ses prédécesseurs, était déterminé à poursuivre son offensive et il attaqua le flanc droit confédéré au nœud routier deSpotsylvania le[82]. Durant les treize jours de l'affrontement, Grant tenta de percer les lignes confédérées et lança ce qui fut l'un des assauts les plus violents de la guerre contre leBloody Angle (« l'Angle Sanglant »). Malgré ses efforts, les Confédérés tinrent leurs positions. Il tenta à nouveau de les prendre par le flanc à labataille de North Anna[83] mais ils s'étaient cependant solidement retranchés et Grant manœuvra pour attaquer au nœud ferroviaire deCold Harbor le. Durant les premiers jours de cette bataille qui en dura treize, les assauts de l'Union se brisèrent sans effets sur les défenses confédérées. Les terribles pertes, 52 788 dans le mois qui suivit la traversée de la Rapidan, valurent à Grant le surnom de « Boucher[84] ». Les pertes de Lee étaient inférieures avec 32 907 victimes mais la Confédération n'était plus en mesure de les remplacer[84]. Le coûteux assaut du à Cold Harbor fut le second des deux affrontements de la guerre que Grant regretta visiblement[85]. Sans que Lee s'en rende compte, Grant se retira de Cold Harbor et progressa vers le sud pour soutenir Butler qui tentait de traverser la James River àBermuda Hundred pour attaquerPetersburg et obliger Lee à dégarnir son flanc nord pour protéger ce nœud ferroviaire reliant Richmond au reste de la Confédération[79],[80].

Ulysses Grant en1864

Siège de Petersburg

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P. G. T. de Beauregard parvint à empêcher les Unionistes de prendre la ville et l'arrivée des renforts de Lee transforma la bataille en unsiège de neuf mois[86]. La situation militaire sur le théâtre oriental étant dans l'impasse, le mécontentement contre la guerre grandit au sein des territoires contrôlés par l'Union. Les actions de Grant permirent néanmoins d'immobiliser les troupes sudistes dans la zone et empêchèrent Lee de s'opposer efficacement à la campagne de Sherman dans le Sud[87]. Ce dernier s'empara ainsi d'Atlanta le et ce succès contribua à la victoire de Lincoln lors de l'élection présidentielle de 1864 face au généralGeorge McClellan qui avait défendu l'idée d'une trêve avec la Confédération. Pour desserrer l'emprise unioniste autour de Petersburg, Lee envoya le généralJubal Early vers le nord le long de lavallée de Shenandoah pour attaquer Washington ; après des succès initiaux, il parvint dans leMaryland mais fut repoussé à labataille de Fort Stevens en et se replia en Virginie. Pour mettre un terme à cette menace, Sheridan reçut le commandement de l'armée de la Shenandoah avec ordre de ne laisser« aucun répit à l'ennemi[88] ». Grant lui ordonna également de ravager cette riche région agricole stratégique pour la Confédération et il appliqua lapolitique de la terre brûlée. Lorsque Sheridan rapporta qu'il était harcelé par la cavalerie irrégulière deJohn S. Mosby, Grant recommanda de prendre en otages les familles des irréguliers et de les emprisonner àFort McHenry dans le Maryland[88].

Peinture d'un salon bourgeois où discutent quatre hommes dont trois en uniformes militaires
The Peacemakers ; peinture de 1868 deGeorge P. A. Healy représentant (de gauche à droite)Sherman, Grant,Lincoln etPorter à bord duRiver Queen le 28 mars 1865.

Grant tenta de détruire une partie des tranchées confédérées autour de Petersburg en faisant exploser unesape le mais l'assaut fut confus et les Confédérés parvinrent facilement à lerepousser. L'affrontement fit plus de 3 500 victimes dans les rangs de l'Union contre à peine 1 500 pour les Confédérés et Grant avança que« ce fut la plus triste affaire à laquelle j'ai assisté dans cette guerre[89],[90] ». Le, il échappa de justesse à la mort quand des espions confédérés firent exploser unebarge de munitions près de son quartier-général à City Point (aujourd'huiHopewell) ; la détonation fit néanmoins plusieurs dizaines de morts[91]. Pour essayer de sortir de l'impasse du siège, Grant continua d'attaquer les défenses de Lee au sud-ouest de Petersburg pour prendre le contrôle des voies ferrées ravitaillant la ville. Le, les troupes unionistes s'emparèrent de laWilmington and Weldon Railroad et poursuivirent en direction de laSouth Side Railroad et de laCity Point Railroad. Une fois capturés, ces chemins de fer furent transférés à l'United States Military Railroad qui déploya sonartillerie ferroviaire pour pilonner les positions confédérées.

Après que Sherman eut achevé saMarche vers la Mer en prenantSavannah en Géorgie le et que les tentatives confédérées pour contrer cette offensive eurent échoué lors de labataille de Nashville le, la victoire de l'Union ne faisait plus aucun doute et Lincoln décida de négocier la fin du conflit avec les Confédérés. Il chargeaFrancis P. Blair de transmettre un message auprésident confédéré Jefferson Davis et les émissaires des deux camps se rencontrèrent le à bord du navireRiver Queen près deFort Monroe. La conférence fut un échec mais Grant montra sa volonté et sa capacité à assumer un rôle diplomatique au-delà de sa seule fonction militaire[92].

Campagne d'Appomattox

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En, Lincoln, Grant, Sherman et Porter se rencontrèrent au quartier-général de City Point pour définir la stratégie de l'Union dans les derniers jours de la guerre ; Petersburg tomba le et Richmond fut prise au début du mois d'avril[93]. Alors que son armée se désintégrait du fait des désertions, des maladies et du manque de ravitaillement, Lee tenta de rallier les dernières forces confédérées du généralJoseph E. Johnston enCaroline du Nord mais la cavalerie de Sheridan parvint à empêcher leur rencontre. Lee et son armée se rendirent à Grant àAppomattox le. Les termes étaient honorables car les soldats sudistes étaient autorisés à rentrer chez eux sans leurs armes, mais avec leurs chevaux, à la condition qu'ils ne reprennent plus le combat contre les États-Unis. Les combats se poursuivirent quelque temps sur les autres fronts mais la guerre de Sécession prit fin dans les semaines qui suivirent lareddition de Lee.

Assassinat de Lincoln

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Article détaillé :Assassinat d'Abraham Lincoln.
Aquarelle représentant Grant en uniforme militaire avec un chapeau et tenant un cigare
Portrait de Grant parOle Peter Hansen Balling en 1865

Le, cinq jours après la victoire d'Appomattox, Lincoln futmortellement blessé par un sympathisant confédéré appeléJohn W. Booth et mourut le lendemain matin. L'assassinat faisait partie d'un complot visant à éliminer certains dirigeants unionistes[94]. Grant avait participé à une réunion duCabinet le et Lincoln l'avait invité ainsi que son épouse à l'accompagner authéâtre Ford ; le couple déclina la proposition car il avait l'intention de se rendre àPhiladelphie. Cela le mit à l'abri d'un danger mortel car Booth avait prévu d'abattre le président avec sonpistolet puis de poignarder le général[95]. Par l'intermédiaire de Dana, le secrétaire à la Guerre Stanton informa Grant de la mort de Lincoln et lui demanda de revenir immédiatement à Washington. Le lendemain, il ordonna immédiatement l'arrestation de tous les officiers confédéréslibérés sur parole mais lesrenseignements fournis par le major-généralEdward Ord réduisant le nombre des suspects le poussèrent à annuler cette décision[96]. Lors des funérailles du, Grant pleura ouvertement et déclara au sujet de Lincoln :« il fut incontestablement le plus grand homme que j'ai jamais rencontré[97] ». Il était plus que méfiant envers son successeur,Andrew Johnson, et il dit à Julia qu'il craignait les changements dans l'administration. Selon McFeely, Grant considérait que l'attitude trop indulgente du nouveau président envers les ex-Confédérés« en ferait des citoyens réticents » et estima initialement qu'avec Johnson,« la Reconstruction a pris un retard dont personne ne peut donner la durée[98] ».

À la fin du mois d'avril, Sherman accepta la reddition deJoseph E. Johnston en lui offrant des termes généreux qu'il pensait conformes à la vision exprimée par Lincoln à City Point ; il n'en avait cependant pas référé à Washington et n'avait aucune autorité pour négocier au nom des États-Unis. Le Cabinet refusa d'honorer les termes de la reddition jugés trop cléments et Stanton exprima publiquement son mépris pour Sherman ; désirant que l'erreur de son principal commandant ne lui porte pas trop préjudice, Grant sollicita une réunion du Cabinet pour discuter de la question et offrit de porter lui-même la lettre désavouant l'accord passé avec Johnston. Cette gestion adroite permit de sauvegarder leur amitié et Sherman accepta de renégocier les termes de reddition conformément à ce qui avait été décidé à Appomattox[98].

Général en temps de paix

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Photographie d'une maison en briques rouges à deux étages
La résidence d'après-guerre de Grant à Galena.

Célébrations et honneurs

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Grant obtient sa4e étoile de général après laguerre de sécession

En, l'Union League de Philadelphie, fondée en 1862 pour défendre les politiques de Lincoln, acheta une maison pour Grant et sa famille dans la ville mais ses fonctions militaires se trouvaient à Washington. Il commença donc par faire la navette et rentrait les week-ends mais Julia finit par s'installer avec lui dans la capitale en octobre[99]. Ils achetèrent une maison à Georgetown Heights mais Grant demanda à Washburne de faire en sorte que sa résidence légale demeure à Galena dans l'Illinois pour des raisons politiques[100]. Durant l'été 1865, il participa à des réceptions dans l'Illinois et l'Ohio où il fut accueilli avec enthousiasme[101]. Le, le Congrès le promut au grade récemment créé degénéral de l'Armée (enanglais :General of the Army) ; il s'agit du rang le plus élevé de l'armée américaine en dehors de celui degénéral des armées (enanglais :General of the Armies) qui ne fut accordé qu'àJohn J. Pershing en 1919 et à titre posthume à George Washington en 1976[102].

Grant était l'un des hommes les plus populaires du pays[103] et Johnson, alors en conflit ouvert avec le Congrès dominé par les républicains radicaux, chercha à récupérer cette popularité en lui demandant de l'accompagner lors de ses déplacements[103]. Souhaitant apparaître loyal, le général accepta mais il confia à son épouse que les discours du président étaient une« honte nationale » ; il cherchait également à ne pas s'aliéner les législateurs républicains dont le soutien lui serait nécessaire s'il se lançait en politique[104]. Johnson se doutait que Grant voudrait se présenter à la présidence en 1868 et il décida de le nommer secrétaire à la Guerre à la place de Stanton. Grant évoqua cette opportunité avec Sherman qui lui conseilla de refuser de rejoindre l'administration de ce président affaibli[104].

Reconstruction

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Illustration représentant plusieurs scènes de la vie de Grant autour d'un portrait de lui en uniforme
Illustration de 1885 de Thure de Thulstrup. Dans le sens des aiguilles d'une montre depuis en bas à gauche : West Point (1843),Chapultepec (1847), entraînement de volontaires (1861),Fort Donelson (1862),Shiloh (1862),Vicksburg (1863),Chattanooga (1863), promotion en tant quecommandant en chef (1864),Appomattox (1865).
Article détaillé :Reconstruction après la guerre de Sécession.

Après sa série de discours, Johnson envoya Grant enquêter sur les réformes menées dans le Sud. Il recommanda le maintien duBureau of Refugees, Freedmen and Abandoned Lands aidant les esclaves affranchis que Johnsonvoulait supprimer[pas clair] et encouragea le recrutement de soldats noirs pour leur offrir une alternative aux travaux agricoles[105],[106],[107]. Grant estimait que les habitants du Sud dévasté par la guerre n'étaient pas prêts à se prendre en charge et considérait que la poursuite de l'occupation militaire était nécessaire[105]. Il se préoccupait de la menace posée par les pauvres mécontents tant noirs que blancs et recommanda que l'administration locale soit assurée uniquement par les« hommes pensants du Sud » autrement dit par les propriétaires terriens[108]. En cela, l'opinion initiale de Grant sur la Reconstruction était proche de celle de Johnson qui voulait pardonner aux dirigeants sudistes et les restaurer dans leurs fonctions officielles[109],[106]. Il indiqua également qu'il voulait, comme le président, que les représentants du Sud soient autorisés à siéger au Congrès[110].

Farouchement opposés à cette vision d'une réconciliation rapide avec le Sud, les républicains radicaux firent adopter lesReconstruction Acts qui divisaient les États du Sud en cinqdistricts militaires où l'armée devait s'assurer de l'application et du respect des droits civiques des esclaves affranchis. Grant, qui devait nommer des généraux à la tête de chaque district, fut satisfait de cette législation[111] et pensait qu'elle permettrait de pacifier la région[112]. Il appliqua soigneusement ces législations et ordonna à ses généraux de faire de même ; quand Sheridan limogea des fonctionnaires de Louisiane qui s'opposaient à la Reconstruction, Johnson fut particulièrement irrité et il obtint son renvoi[113]. Durant la période de la Reconstruction, plus de 1 500 Afro-Américains furent élus à des fonctions gouvernementales tandis que Grant et les gouverneurs militaires protégèrent leurs droits en abrogeant les premierscodes noirs en 1867[114].

Mexique et Canada

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En tant que commandant de l'armée, Grant dut gérer la question de l'intervention française au Mexique menée par l'empereur françaisNapoléon III pour établir un régime favorable aux intérêts français enAmérique latine. Profitant du fait que les Américains étaient occupés par la guerre de Sécession, l'armée française s'empara de Mexico en 1862 et établit unempire mexicain avecMaximilienIer à sa tête. Le gouvernement américain considérait qu'il s'agissait d'une violation de ladoctrine Monroe et Johnson demanda à Grant de faire pression surParis en déployant 50 000 hommes commandés par Sheridan à la frontière du Texas. Ce dernier reçut l'ordre de tout faire pour obtenir l'abdication de MaximilienIer et le départ des Français tout en maintenant la neutralité américaine. Il offrit ainsi 60 000 fusils àBenito Juárez, l'ancien dirigeant mexicain renversé par les Français[115]. Lors d'une réunion du Cabinet, Johnson suggéra que Grant soit envoyé sur la frontière mexicaine ; il s'agissait d'une tentative pour l'évincer du paysage politique nationale et ce dernier, peu dupe, refusa. En compromis, il envoya Sherman, devenu lieutenant-général, à sa place[116]. L'armée française s'était complètement retirée en 1866 et MaximilienIer fut exécuté par Juárez en 1867[117].

Grant fut également confronté à la question desraids féniens menés par desIrlando-Américains qui voulaient prendre le contrôle duCanada britannique afin d'obtenir l'indépendance de l'Irlande. En, Johnson envoya Grant àBuffalo pour évaluer la situation. Il ordonna la fermeture de la frontière canadienne pour empêcher les soldatsféniens de la traverser àFort Érié et arrêta plus de 700 hommes après labataille de Ridgeway[118],[119].

Impeachment de Johnson

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Vue latérale de l'hémicycle d'une assemblée dont tous les pupitres sont occupés par des hommes en costume. De nombreux spectateurs se trouvent dans les balcons entourant la salle.
Illustration du procès de Johnson réalisée par Theodore R. Davis et publiée dans le journalHarper's Weekly en avril 1868.

Johnson souhaitait depuis quelque temps remplacer le secrétaire à la Guerre Stanton favorable à la Reconstruction voulue par le Congrès. Le président proposa le poste à Grant pour garder sous contrôle un possible rival mais il répondit par la négative en mentionnant leTenure of Office Act qui imposait que le Congrès donne son accord avant tout changement dans le Cabinet de Johnson. Ce dernier passa outre et limogea Stanton alors que le Congrès n'était pas en session comme cela était permis par le texte ; Grant accepta à contre-cœur de devenir temporairement secrétaire à la Guerre[120].

Lorsque le Congrès se réunit à nouveau, il réinstaura Stanton dans ses fonctions mais Jonhson demanda à Grant de refuser de céder sa place jusqu'à ce que la question soit tranchée par la justice. Ce dernier démissionna cependant immédiatement et subit les foudres de Johnson lors d'une réunion du Cabinet pour avoir violé sa promesse de ne pas agir ainsi ; Grant nia avoir jamais promis une telle chose[121]. Le président était en réalité plus ulcéré par le fait que Grant ait rejoint le camp des radicaux. Le, des journaux favorables à Johnson publièrent une série d'articles pour discréditer le général et critiquer sa trahison lorsqu'il rendit son poste à Stanton[121]. Grant se défendit dans une lettre ouverte au président et la controverse renforça plutôt sa popularité[121]. Il se tint à l'écart de laprocédure de destitutioncontre Johnson (en) dont une grande partie des motifs d'accusation tournait autour du renvoi de Stanton[122].

Élection de 1868

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Article détaillé :Élection présidentielle américaine de 1868.
Gravure du buste de deux hommes
Gravure du « ticket » Grant/Colfax publiée dans le journal allemandDie Gartenlaube en 1869.

Lorsqu'il entra dans la course à la présidence en 1868, la popularité de Grant, déjà excellente, fut renforcée chez les républicains radicaux par son abandon de Johnson[123]. Il fut choisi sans opposition dès le premier tour par laconvention républicaine (en) qui nomma également le représentant de l'IndianaSchuyler Colfax, un ancien whig et défenseur de latempérance, pour briguer lavice-présidence. Grant conclut sa lettre d'acceptation au parti parLet us have peace (« Faisons la paix ») et cette phrase devint le slogan de campagne des républicains[123]. La convention démocrate fut plus disputée ; Johnson ne parvint pas à s'imposer et legouverneur de l'État de New YorkHoratio Seymour fut choisi au22e tour même s'il avait auparavant indiqué qu'il ne souhaitait pas être candidat. Comme cela était la norme à l'époque, les candidats ne faisaient pas personnellement campagne et Grant ne dérogea pas à la règle en restant à Galena et en laissant les discours à ses partisans[124].

La campagne démocrate se concentra essentiellement sur leur volonté de mettre fin à la Reconstruction mais ils s'aliénèrent de nombreux démocrates nordistes en voulant rendre le pouvoir au Sud à la classe des planteurs blancs[125]. Ils critiquèrent le soutien républicain aux droits des afro-américains[126]. De leur côté, les républicains axèrent leur campagne sur lebloody shirt, l'idée selon laquelle le retour des démocrates à la Maison-Blanche annulerait la victoire de la guerre et récompenserait les sécessionnistes. Ils attaquèrent également le colistier de Seymour, l'ancien représentant du MissouriFrancis P. Blair, qui avait fait des déclarations particulièrement racistes et extravagantes envers Grant et soulignèrent que leur parti avait sauvegardé l'unité de la nation.

Le jour de l'élection, Grant obtint 52,7 % des voix et une large avance de 214grands électeurs contre 80 pour Seymour. Lorsqu'il accéda à la présidence, Grant n'avait jamais occupé de fonctions électives et était, à 46 ans, le plus jeune président de l'histoire.

Président des États-Unis

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Photographie d'un homme barbu en costume noir assis dans un fauteuil à côté d'une petite table où est posé un haut-de-forme et des livres
Le président Ulysses S. Grant en 1869 par Mathew Brady.

La présidence de Grant commença par une rupture avec la tradition car il ne souhaitait pas que Johnson l'accompagne dans l'attelage qui l'emmenait à soninvestiture auCapitole ; l'ancien président décida de ne pas assister à la cérémonie. Dans son discours, Grant défendit l'adoption duXVe amendement de laConstitution garantissant les droits civiques desAfro-Américains et il déclara qu'il mènerait la Reconstruction« avec calme, sans préjugés, haine ou fierté partisane[127] ». Le nouveau président forma son Cabinet de manière peu orthodoxe sans consulter le Congrès et en gardant ses choix secrets jusqu'à ce qu'ils soient soumis à l'approbation duSénat[128],[129]. Grant évita à dessein de choisir les principaux dirigeants du Parti républicain pour essayer de limiter les disputes partisanes et renforcer l'unité nationale[130]. Par amitié, il nomma ses amis Elihu B. Washburne etJohn A. Rawlins respectivement audépartement d'État et à celui de la Guerre. Washburne démissionna cependant au bout de 12 jours pour des raisons de santé ; certains ont néanmoins avancé qu'il s'agissait d'une manœuvre pour donner plus de poids à sa nomination en tant qu'ambassadeur en France[131],[130],[132]. Grant le remplaça par le politique conservateur new-yorkaisHamilton Fish qui devint l'un de ses ministres les plus efficaces[130]. Les relations entre les deux hommes se développèrent en raison de la grande amitié entre leurs épouses[133]. Rawlins mourut en 1869 de latuberculose et fut remplacé parWilliam W. Belknap[134]. Grant choisit également plusieurs non-spécialistes de la politique comme les hommes d'affairesAdolph E. Borie etA. T. Stewart avec un succès limité ; Borie fut brièvementsecrétaire à la Marine avant d'être remplacé parGeorge M. Robeson tandis que la nomination de Stewart auTrésor fut empêchée par une loi de 1789 qui interdisait ausecrétaire du Trésor d'être un marchand en exercice. Grant tenta de faire abroger le texte mais l'opposition des sénateursCharles Sumner etRoscoe Conkling l'en empêcha[135] ; la fonction fut alors accordée àGeorge S. Boutwell réputé pour son intégrité[135]. Les autres nominations de Grant,Jacob D. Cox à l'Intérieur,John Creswell auxPostes etEbenezer R. Hoar en tant queprocureur général se firent sans opposition[136]. Pour s'échapper de Washington et à l'invitation de riches soutiens, la famille Grant se rendit pour la première fois en 1869 dans ce qui devint connu comme la « capitale estivale » àLong Branch dans leNew Jersey ; Grant y retourna fréquemment jusqu'à la fin de sa vie[137]. Durant sa présidence, leColorado devint le38e État américain le1er aout 1876. D'après les universitaires et journalistesmarxistes de laNouvelle gauche Frank Browning et John Gerassi, les deux gouvernements de Grant furent parmi les plus corrompus de l'histoire des États-Unis[138]. Ulysses Grant lui-même se fit offrir par un groupe d'hommes d'affaires une demeure entièrement meublée à Philadelphie, une bibliothèque d'une valeur de 75 000 dollars, et 100 000 dollars en espèces[138].

Reconstruction et droits civiques

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La Reconstruction du Sud se poursuivit sous la présidence de Grant et les quatre derniers anciens États confédérés furent réadmis dans l'Union en 1870[139]. Il encouragea les républicains radicaux au Congrès à adopter le15e amendement garantissant les droits civiques de tous les citoyens sans distinction de couleur de peau et le texte fut adopté le avant d'être ratifié l'année suivante[140]. En 1870, le représentantThomas Jenckes (en) deRhodes Island proposa la création dudépartement de la Justice ayant pour mission de faire appliquer les lois fédérales même si les juges locaux y étaient réticents comme cela était le cas dans le Sud. Alors que le procureur général n'était auparavant qu'un simple conseiller juridique du président, il contrôlait à présent un département chargé de faire respecter les textes fédéraux et était assisté par l'avocat général qui représentait le gouvernement devant laCour suprême[141]. Le premier procureur général, Ebenezer R. Hoar, fit cependant peu pour poursuivre les blancs sudistes qui persécutaient leurs voisins noirs mais son successeur,Amos T. Akerman, se montra bien plus agressif[142]. Devant les agressions de plus en plus nombreuses menées, entre autres, par leKu Klux Klan contre les noirs et lescarpetbaggers, Grant poussa le Congrès à adopter lesEnforcement Acts de 1870 et 1871[142]. Ces législations criminalisaient le fait de priver un citoyen de ses droits civiques et autorisait le président à utiliser l'armée et lamilice (en) pour faire appliquer les lois[141]. Grant ordonna en aux troupes fédérales d'assister les « marshals » dans l'arrestation des membres du Klan[143]. En octobre, il suspendit l'Habeas Corpus dans neufscomtés de Caroline du Sud et déploya l'armée pour y ramener l'ordre[143]. L'influence du Klan s'effondra et en 1872, les élections dans le Sud virent une participation record des Afro-Américains[143].

Gravure d'une scène de combat urbain. Une foule d'hommes en civil et armés de fusils à baïonnette chargent un groupe de soldats entourant plusieurs canons. Des bâtiments en briques à plusieurs étages sont visibles à l'arrière-plan malgré la fumée.
Affrontements entre la police et laWhite League àLa Nouvelle-Orléans en 1874.

La même année, Grant signa l'Amnesty Act qui rendait leurs droits civiques aux anciens confédérés. La succession de scandales au sein de l'administration présidentielle détourna l'attention du public des difficultés afro-américaines et après l'effondrement du Klan en 1872, les blancs conservateurs formèrent des groupes paramilitaires comme lesRed Shirts (en) ou laWhite League. À la différence du Klan, ils n'agissaient pas de manière anonyme mais reprirent ses méthodes d'intimidations pour évincer les républicains et leurs soutiens des gouvernements sudistes[144]. Grant remplaça Akerman parGeorge H. Williams mais ce dernier fut par la suite impliqué dans une affaire de corruption[145]. La panique de 1873 et la crise économique qui suivit fit que le Nord se préoccupa moins de la Reconstruction du Sud[146] tandis que Grant réduisit son usage de la force pour ne pas donner l'impression qu'il se comportait comme undictateur militaire[147]. En 1875, lesredeemers démocrates étaient revenus au pouvoir dans tous lesÉtats du Sud sauf trois. Alors que les violences raciales s'intensifiaient, le nouveau procureur généralEdwards Pierrepont dit augouverneur du MississippiAdelbert Ames que le peuple« était las des débordements automnaux dans le Sud » et il refusa d'intervenir[147]. La même année, Grant signa leCivil Rights Act de 1875 qui interdisait laségrégation dans les transports en commun, les lieux publics et la constitution desjurys[148]. Le texte fut peu appliqué et il n'empêcha pas la prise de pouvoir dessuprémacistes dans le Sud[148]. Lesfraudes lors de l'élection présidentielle de 1876 et la victoire controversée du républicain Rutherford B. Hayes donnèrent lieu aucompromis de 1877 par lequel les démocrates reconnaissaient leur défaite en l'échange du départ des troupes fédérales présentes dans le Sud. Toutes les législatures sudistes passèrent dans le camp démocrate et l'adoption des premièreslois Jim Crow marqua la fin de la Reconstruction[139].

Politique indienne

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Photographie d'un homme de type amérindien portant un costume, une moustache et un bouc assez clairsemé
Ely S. Parker fut le premier Amérindien nommécommissaire aux Affaires indiennes.

L'attitude bienveillante de Grant envers lesAmérindiens marqua une évolution radicale par rapport aux politiques de ses prédécesseurs. Il nommaEly S. Parker, unSeneca et ancien membre de son état-major, aubureau des Affaires indiennes et déclara :« Mes futurs efforts seront menés de manière humaine, pour amener les aborigènes du pays sous les influences bénéfiques de l'éducation et de la civilisation… Les guerres d'extermination… sont démoralisantes et mauvaises ». La « politique de paix » de Grant visait à remplacer les hommes d'affaires qui servaient d'intermédiaire entre les tribus et le gouvernement par des missionnaires[149],[150]. Il souhaitait que les tribus soient regroupées pour leur protection dans desréserves indiennes supervisées par des blancs afin qu'ils renoncent à leur mode de vie nomade traditionnel et s'assimilent à la société américaine[149],[150]. En 1869, il créa un comité chargé de superviser les dépenses et de réduire la corruption du bureau des Affaires indiennes[151] et deux ans plus tard, il approuva une législation mettant fin au système destraités : les Amérindiens relevaient à présent des législations du gouvernement fédéral et les tribus n'étaient plus considérées comme des entités souveraines[152]. Bien que peu populaire aujourd'hui, la « politique de paix » était jugée très progressiste pour l'époque et elle vit sa conclusion dans leDawes Act de 1887. Elle permit de réduire les affrontements surLa Frontière mais l'industrialisation de lachasse au bison, encouragée par les administrateurs locaux, aggrava les relations avec lesIndiens des Plaines[153],[154]. LesSioux et les autres tribus de l'Ouest acceptèrent le système de réserves mais laruée vers l'or dans les Black Hills et l'installation de colons blancs dans la région provoqua uneguerre à la fin du second mandat de Grant[155]. Le conflit mit fin à la bonne entente entre Grant et le chef siouxNuage rouge[154],[156].

Dans le Sud-Ouest, lemassacre d'environ 140Apaches à Camp Grant dans l'Arizona le provoqua uneguerre menée du côté américain par le major-généralGeorge Crook. Grant dépêcha dans la région le major-général et ancien directeur duBureau of Refugees, Freedmen and Abandoned Lands,Oliver O. Howard pour essayer de ramener l'ordre. Ce dernier négocia en 1872 un traité de paix avec le chefCochise prévoyant l'installation de la tribu dans une nouvelle réserve[157]. Dans l'Oregon, lesModocs refusèrent de rejoindre une réserve etassassinèrent le commandant local, le major-généralEdward Canby[151]. Même si Grant fut ulcéré par cette mort, il ignora les conseils de Sherman qui voulait exterminer la tribu et pressa les responsables locaux de faire preuve de retenue[151]. Quatre guerriers furent capturés, condamnés à mort pour le meurtre de Canby et pendus en. Le reste de la tribu futdéporté dans leTerritoire indien correspondant aujourd'hui à l'Oklahoma[151].

En 1875, Grant entra en conflit avec le colonelGeorge A. Custer après que ce dernier eut témoigné au sujet de la corruption au sein du département de la Guerre de William W. Belknap[158]. Le président le fit arrêter àChicago et lui interdit de participer à la guerre à venir contre les Sioux[159]. Grant se ravisa et le laissa combattre dans l'armée du brigadier-généralAlfred Terry[160] ; il fut tué lors de labataille de Little Bighorn le dans l'une des plus importantes défaites américaines desguerres indiennes[161]. En septembre, Grant déclara dans la presse qu'il considérait la bataille« comme un sacrifice de soldats, provoqué par Custer lui-même, qui était profondément inutile[162] ». Le désastre de Little Bighorn choqua la nation et la politique de paix laissa la place au militarisme ; le Congrès approuva l'envoi de 2 500 soldats en renfort, l'armée prit le contrôle des agences gérant les tribus et la vente d'armes aux Amérindiens fut interdite[163].

Affaires étrangères

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Photographie d'un homme en costume aux cheveux bouclés ramenés en arrière et portant des favoris
Photographie dusecrétaire d'ÉtatHamilton Fish par Mathew Brady.

Même avant l'accession à la présidence de Grant, lafaction expansionniste demandait l'acquisition d'îles dans lesCaraïbes. En 1867,William H. Seward, qui avait été secrétaire d'État sous Lincoln et Johnson, avaitacheté l'Alaska à laRussie. Il négocia également l'obtention desIndes occidentales danoises mais l'accord ne fut jamais ratifié par le Sénat ; l'archipel devint finalement américain en 1917 sous le nom d'Îles Vierges. Des discussions sur l'annexion de larépublique dominicaine sur l'île d'Hispaniola furent initiées par Seward[164] et poursuivies par Grant par l'intermédiaire d'Orville E. Babcock, un ancien membre de son état-major durant la guerre de Sécession[164]. Le président était initialement sceptique sur cette acquisition mais fut convaincu par l'amiral Porter qui voulait obtenir unebase navale dans labaie de Samaná et par Joseph W. Fabens, un homme d'affaires deNouvelle-Angleterre employé par le gouvernement dominicain[165]. Il envoya Babcock à la rencontre duprésidentBuenaventura Báez favorable à l'annexion en[165]. Grant croyait en l'expansion pacifique du territoire américain et espérait que l'île à majorité noire offrirait des opportunités aux esclaves affranchis. Selon lui, cette acquisition réduirait les tensions raciales dans le Sud, accélérerait l'abolition de l'esclavage àCuba et auBrésil et renforcerait la puissance navale américaine dans les Caraïbes[166]. Son secrétaire d'ÉtatHamilton Fish estimait cependant que cela ne serait pas une bonne idée en raison de l'instabilité politique sur l'île[165]. Le sénateur Charles Sumner s'y opposa également car cela réduirait le nombre de nations autonomes gouvernées par des noirs dans l'hémisphère occidental tandis que d'autres ne voulaient pas accroître la population noire des États-Unis[167]. Grant s'impliqua personnellement pour convaincre les sénateurs réticents et se rendit même dans la résidence de Sumner[167]. Fish participa à ces efforts par loyauté mais le Sénat rejeta le traité d'annexion. Le rôle mené par Sumner dans cette opposition mena à une inimitié durable entre Grant et lui[168].

Grant et Fish eurent plus de succès dans la résolution favorable desréclamations de l'Alabama avec leRoyaume-Uni. Durant la guerre de Sécession, laGrande-Bretagne avait construit cinq navires pour la Confédération, dont le plus célèbre fut leCSS Alabama[169]. Cescorsaires détruisirent de nombreux navires de commerce du Nord tout en faisant des escales régulières dans les territoires de l'Empire britannique et ce malgré laneutralité officielle du pays. À la fin de la guerre, les États-Unis exigèrent un dédommagement mais le Royaume-Uni refusa de payer et les négociations se poursuivirent en vain pendant plusieurs années[170]. Devant le Sénat, Sumner exigea le paiement d'une indemnité colossale de deux milliards dedollars (environ 4 000 milliards de dollars de 2012[171]) ou la cession du Canada et ce discours fit scandale en Grande-Bretagne[172]. Fish convainquit Grant que des relations apaisées avec le Royaume-Uni étaient plus importantes que l'acquisition de nouveaux territoires et les deux nations s'accordèrent sur la résolution de l'affaire par un tribunal international[173]. Par letraité de Washington de 1871, le Royaume-Uni présentait ses regrets pour les destructions, sans reconnaître de culpabilité, et acceptait de payer 15,5 millions de dollars (environ 33 milliards de dollars de 2012[171]) ; le texte réglait également deslitiges sur le tracé de lafrontière entre les États-Unis et le Canada ainsi que des disputes sur les droits de pêche[174].

Photographie de famille prise sur le perron d'une maison en bois. Grant en costume et avec un haut-de-forme à la main est assis dans une chaise en osier face à un jeune homme assis dans une chaise pliable en bois et portant un chapeau melon. Derrière eux se trouvent deux femmes en robe et deux garçons.
Grant et sa famille à Long Branch en 1870 (studioPach Brothers).

Désirant obtenir de nouveaux débouchés commerciaux et élucider l'incident de lagoéletteGeneral Sherman en 1866, une flottille américaine se rendit dans lapéninsule Coréenne en 1871. Ayant mal interprété les intentions américaines, les Coréens ouvrirent le feu sur les navires et l'expédition diplomatique se transforma enexpédition punitive. Après avoir capturé plusieurs forts sur les îles de l'estuaire du fleuveHan, la flottille mit le cap sur laChine sans avoir réussi à obtenir l'ouverture de ladynastie Joseon. Grant défendit les actions ducontre-amiral John Rogers durant sondiscours sur l'État de l'Union devant le Congrès en. La Corée resta fermée aux influences étrangères jusqu'en 1876 et l'incident de Ganghwa avec leJapon ; six ans plus tard, untraité inégal fut signé avec les États-Unis[175].

L'attention de Grant fut se tourna à nouveau vers les Caraïbes en 1873 quand le navire marchandVirginius transportant des armes et des hommes à destination de Cuba, alors enrévolte pour obtenir son indépendance vis-à-vis de l'Espagne, fut arraisonné par des navires espagnols. L'équipage et les passagers dont huit américains furent reconnus coupables de piraterie par les autorités espagnoles et condamnés à mort. 53 d'entre eux furent exécutés et l'opinion publique américaine exigea une déclaration de guerre à l'Espagne. Fish, avec le soutien de Grant, parvint à négocier une issue pacifique à la crise. Leprésident espagnolEmilio Castelar y Ripoll exprima ses regrets pour les exécutions et accepta de payer des réparations ; leVirginius fut rendu aux États-Unis et l'Espagne paya 80 000 $ (environ 152 millions de dollars de 2012[171]) aux familles des Américains exécutés[176]. La diplomatie américaine fut également à l'œuvre dans le Pacifique et en, Grant organisa une réception à la Maison-Blanche pour leroi hawaïenKalakaua qui cherchait à faire supprimer les droits de douane américains pour lesucre produit dans l'archipel[177]. Un traité commercial fut signé l'année suivante et l'industrie sucrière hawaïenne fut intégrée à l'économie américaine ; les intérêts américains jouèrent par la suite un rôle important dans le renversement de la monarchie et l'annexion du territoire par les États-Unis en 1898[177].

Étalon-or et scandale Fisk-Gould

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Photographie d'un homme avec une barbe poivre et sel en costume assis dans un fauteuil
Photographie dusecrétaire du TrésorGeorge S. Boutwell par Mathew Brady.

Immédiatement après sa prise de fonction, Grant entreprit de remettre de l'ordre dans les finances du pays. Durant la guerre de Sécession, le Congrès avait autorisé le Trésor à émettre des billets, qui à la différence du reste de la monnaie, n'étaient pasadossés à l'or ou à l'argent. Cesgreenbacks étaient nécessaires pour financer l'effort de guerre mais ils provoquaient de l'inflation et le nouveau président était déterminé à revenir aux standards monétaires d'avant-guerre et donc à l'étalon-or[178]. Cette vision était largement partagée au Congrès et ce dernier adopta lePublic Credit Act de 1869 qui garantissait que lesobligations seraient remboursées en or et non avec desgreenbacks[179]. Grant chargea le secrétaire au Trésor George S. Boutwell de rationaliser son département et d'améliorer la collecte des impôts. Pour renforcer le dollar, il utilisa l'or du Trésor pour racheter les obligations à fort taux d'intérêt émises durant le conflit ; cela réduisit le déficit et la dette mais entraîna unedéflation[179],[180].

Ces actions déstabilisèrent le petit marché de l'or américain dont les cours variaient fortement et les spéculateurs essayèrent d'anticiper la quantité d'or que Boutwell vendrait pour racheter lesgreenbacks[181]. Abel Corbin, le beau-frère de Grant, tenta d'utiliser ses liens avec le président pourobtenir des informations pour lui-même et ses associés,Jay Gould, un magnat des chemins de fer, etJames Fisk[182]. Corbin convainquit Grant de nommerDaniel Butterfield au poste d'assistant-trésorier et il devint rapidement son informateur[183]. Dans le même temps, Gould et Fisk accumulèrent discrètement de l'or et convainquirent Corbin qu'un cours élevé serait bénéfique à l'économie et en particulier aux agriculteurs de l'Ouest ; ce dernier transmit à son tour cette théorie à Grant[182]. Au début du mois de septembre, le président demanda à Boutwell de cesser le rachat desgreenbacks et les prix de l'or montèrent, ce qui permit à Fisk et Gould de vendre leur stock en maximisant leurs profits et de continuer à spéculer sur les cours[184]. Grant devint néanmoins de plus en plus méfiant envers Corbin[185] et réalisa que la hausse des cours n'était pas naturelle et qu'elle affectait l'économie. Il demanda donc à Boutwell de reprendre les ventes d'or, ce qu'il fit le. Cet afflux soudain lors de ce qui fut appelé leBlack Friday (« Vendredi noir ») fit s'effondrer les cours et les spéculateurs furent ruinés[186]. Lecorner de Gould et Fisk avait échoué mais ils avaient malgré tout gagné beaucoup d'argent et ne furent jamais jugés ; Gould resta un acteur influent deWall Street jusqu'à sa mort en 1892[187]. L'économie fut quelque peu perturbée par ce scandale mais la croissance revint rapidement[188].

Réélection

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Article détaillé :Élection présidentielle américaine de 1872.
Caricature politique représentant Grant en marin à la barre d'un navire entouré de plusieurs hommes en costume
Caricature deThomas Nast de 1872 représentant Grant à la barre de l'Union entouré d'un équipage mutin ;Carl Schurz est à droite tandis qu'Horace Greeley lit un journal.

La réputation de Grant fut affectée par les nombreux scandales impliquant les membres de son administration. En plus de la manipulation des cours de l'or, la corruption du bureau des douanes duport de New York affaiblit le soutien des réformateurs au gouvernement. Grant ne fut pas impliqué dans le scandale du Crédit Mobilier désignant le paiement de pots-de-vin à des membres du Congrès par la compagnie ferroviaireUnion Pacific mais il éclaboussa le vice-président Colfax et contribua au sentiment de corruption généralisée à Washington. Pour satisfaire les progressistes, le président encouragea le Congrès à créer laCivil Service Commission en 1871 pour proposer des réformes de l'administration[189]. Présidée parGeorge William Curtis, la commission proposa notamment la mise en place deconcours pour lesfonctionnaires[190]. Grant était favorable à ces mesures mais le Congrès n'était pas très enthousiaste et il refusa d'adopter des législations pour appliquer les réformes proposées ; les nominations dans la fonction publique continuèrent à être menées suivant lesystème des dépouilles[191],[192].

L'année de l'élection présidentielle, Ulysse S. Grant est arrêté par un policier de Washington pourexcès de vitesse présumé avec sacalèche. Son imprudence avait entrainé un accident impliquant deux piétons, une femme et un enfant. Le lendemain, le président en exercice réitérant ce comportement est interpellé puis emmené au poste de police où il doit s'acquitter d'une amende d'environ 20 $. Convoqué au tribunal de police, Grant ne s'y présentera pas[193].

Du fait des scandales et du manque de réformes, certains républicains quittèrent le parti pour former le Parti libéral républicain. Menés par l'ancien représentant duMassachusetts,Charles F. Adams, et le sénateurCarl Schurz du Missouri, ils dénonçaient le système de corruption et declientélisme de l'administration, qualifié de « Grantisme », et demandaient l'amnistie pour les anciens confédérés pour sceller la réconciliation entre le Nord et le Sud. Ils présentèrent leur propre candidat à la présidence, l'éditeur duNew York Tribune,Horace Greeley[194]. Lors de la convention républicaine, Grant fut choisi à l'unanimité pour briguer un second mandat tandis que Schuyler Colfax, accablé par les scandales, fut remplacé parHenry Wilson pour la vice-présidence[195]. Afin de ne pas diviser le vote anti-Grant, les démocrates se rallièrent rapidement derrière Greeley même si ce dernier avait été l'un de leurs plus féroces opposants[196]. Cette fusion fut insuffisante et Grant améliora son score de 1868 en remportant 55,6 % des voix et 286 des 352 grands électeurs[197]. Les libéraux républicains n'eurent qu'une faible influence et Greeley n'arriva en tête que dans les zones que les démocrates auraient de toute façon remportées sans lui[198].

Panique de 1873 et crise économique

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Caricature représentant une foule d'hommes en costume et tenant des journaux acclamant et jetant des fleurs aux pieds de Grant qui se trouve sous le porche d'un bâtiment à colonnades.
Caricature de Thomas Nast montrant Grant acclamé pour sonveto de 1874 sur une loi inflationniste.

Au début de l'année 1873, Grant signa leCoinage Act qui mettait fin aubimétallisme même si lespartisans de l'argent restèrent influents notamment au sein du parti démocrate jusqu'à la fin duXIXe siècle[199]. Le second mandat de Grant fut marqué par un profond marasme économique. En, labanque d'investissementJay Cooke & Co de l'homme d'affairesJay Cooke ne parvint pas à vendre les actions de la compagnie ferroviaireNorthern Pacific Railway, et fit faillite[200]. Cette banqueroute provoqua unepanique qui se répercuta sur de nombreuses entreprises[200]. Le, labourse de New York suspendit les transactions pendant dix jours[201]. Sans grande expérience dans la finance, Grant se rendit àNew York pour consulter les principaux banquiers et hommes d'affaires du pays[202]. Le président considérait que, comme pour l'effondrement du cours de l'or en 1869, la panique n'était qu'une fluctuation passagère du marché qui n'affecterait que les courtiers et les banquiers[203]. Il répondit avec prudence et le secrétaire au TrésorWilliam Adams Richardson émit pour environ 70 millions de dollars (environ 130 milliards de dollars de 2012[171]) d'obligations pour injecter de l'argent dans le système. Cela permit de mettre fin à la panique mais ce qui fut appelé laGrande Dépression se poursuivit jusqu'à la fin de la décennie[202].

Après la panique, le Congrès débattit d'une politique inflationniste pour stimuler l'économie et adopta une loi en ce sens le. Les agriculteurs et les ouvriers étaient favorable à cette législation qui mettrait en circulation 64 millions de dollars (environ 120 milliards de dollars de 2012[171]) engreenbacks mais les banquiers de lacôte est y étaient opposés[204]. À la surprise générale, Grant mit sonveto au texte en avançant qu'il anéantirait l'épargne de la nation[205]. Cette décision lui valut le soutien de la faction conservatrice du Parti républicain et marqua le début de l'adhésion du parti à un dollarfort adossé à l'or[205]. Le président fit par la suite pression sur le Congrès pour qu'il renforce le dollar en réduisant progressivement le nombre degreenbacks en circulation. Lesélections législatives de 1874 furent calamiteuses pour les républicains qui perdirent le contrôle de la Chambre des représentants ; le Congrèslame duck adopta un texte en ce sens et Grant signa leSpecie Payment Resumption Act le[205].

Scandales

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Photographie d'un homme moustachu et barbu en uniforme assis dans un fauteuil
Le secrétaire personnel de Grant,Orville Elias Babcock, fut impliqué dans plusieurs des scandales de son administration.

Grant fut président durant leGilded Age (« Période dorée »), une époque où l'économie était ouverte à la spéculation et où l'expansion vers l'Ouest générait une large corruption dans l'administration. Les scandales comme celui du Crédit Mobilier affectaient tous les niveaux de l'administration fédérale ; les départements de l'Intérieur et du Trésor furent particulièrement touchés par ces affaires qui provoquèrent de nombreux conflits entre les réformateurs et les hommes politiques corrompus[206]. Bien que personnellement honnête, Grant avait du mal à discerner les fautes de ses associés. Son fils Ulysses Jr. indiqua ainsi que son père était« incapable de croire que ses amis pouvaient être malhonnêtes[207] ». Son sens de la loyauté issu de son passé militaire, le poussait à protéger ses subordonnés contre des attaques qu'il jugeait injustes, et ce aux dépens de sa réputation, à moins que les preuves ne soient écrasantes[208].

Durant le second mandat de Grant, la corruption du département du Trésor fut révélée lors de l'affaire Sanborn du nom de John D. Sanborn, un ami du représentant du Massachusetts et ancien général Benjamin Butler, qui fut engagé pour collecter les impôts impayés en échange de la moitié des sommes obtenues[209]. Si cette pratique de l'Internal Revenue Service appeléemoiety n'était pas illégale, 50 % était un pourcentage exorbitant et les inspecteurs du Trésor reçurent l'ordre de ne pas intervenir dans les cas litigieux pour que Sanborn puisse les « découvrir » et accroître ses gains[209]; Ce dernier obtint ainsi près de 213 000 $ (environ 4,1 millions de dollars de 2012[27]) et en partagea près de 156 000 $ avec ses associés. Lorsque le scandale fut révélé, Sanborn refusa de donner les noms de ses partenaires et si Butler et le secrétaire au Trésor Richardson furent soupçonnés d'avoir touché de l'argent, aucune preuve ne vint étayer ces accusations. Grant remplaça Richardson en 1874 par le réformateurBenjamin Bristow[210] et pour éviter d'autres affaires, la pratique dumoiety fut abolie la même année[206].

Immédiatement après sa nomination, Bristow lança une série de réformes[210],[211] et mit au jour ce qui fut appelé leWhiskey Ring ; depuis l'administration Lincoln, lesdistilleries duMidwest soudoyaient les fonctionnaires pour ne pas payer d'impôts et près de deux millions de dollars (environ 43 millions de dollars de 2012[171]) échappaient chaque année à l'administration fiscale[210]. Ayant obtenu le soutien de Grant qui demanda« qu'aucun coupable ne s'échappe », Bristow prit des mesures fortes pour faire fermer les distilleries corrompues et arrêter les principaux membres de l'organisation[211]. Sur les 238 accusés, 110 furent condamnés et des millions de dollars furent récupérés[211]. Quand il fut révélé que Babcock était impliqué dans le scandale, Grant tenta néanmoins de le protéger contre ce qu'il jugeait être une chasse aux sorcières[212]. Grant refusa d'accorder l'immunité aux participants mineurs duWhiskey Ring mais cela compliqua les travaux de l'accusation menée entre autres parJohn B. Henderson car leurs témoignages étaient nécessaires pour faire identifier tous les protagonistes[211]. Cela et le témoignage de Grant en faveur de Babcock lors de son procès[211], poussèrent certains à avancer que le président essayait de protéger ses soutiens car de nombreux républicains furent impliqués dans le scandale. Sous la pression populaire, il renvoya Babcock de la Maison-Blanche après son acquittement en 1876[212]. Plusieurs condamnés furent par la suite graciés par Grant[211].

Dessin représentant un grand tonneau possédant un visage face à Oncle Sam. À l'arrière-plan, un tonneau anthropomorphisé marche avec un boulet au pied vers une porte surmontée d'une déclaration de Bristow indiquant que les enquêtes iront jusqu'au bout.
Dessin du journalHarper's Weekly concernant les investigations sur leWhiskey Ring intituléProbe Away (« Enquête ailleurs »).

Les scandales dans l'administration s'accumulèrent alors que le Congrès lança plusieurs enquêtes pour corruption dont la plus notable fut celle concernant lespostes de traite de l'Ouest. Situés dans les camps militaires, ils servaient de comptoirs commerciaux avec les Amérindiens et le secrétaire à la Guerre William W. Belknap fut accusé de vendre ces concessions enéchange d'une part des profits[213]. Il démissionna le mais la Chambre des représentants décida malgré tout de lancer une procédure d'impeachment[214]; il ne fut cependant pas jugé par le Sénat qui estima que cela ne relevait plus de sa juridiction car il avait quitté ses fonctions[214]. Le Congrès enquêta également sur le secrétaire à la Marine George M. Robeson après qu'il eut reçu des pots-de-vin de constructeurs maritimes mais il n'y eut pas de procédure de destitution[215].

L'initiative de réforme de la fonction publique eut quelques succès et l'administration instaura un système de nomination au mérite pour limiter le clientélisme[216],[190]. Le Congrès refusa néanmoins de légiférer pour pérenniser ces réformes et lesecrétaire à l'intérieurColumbus Delano obtint que son département soit exempté de la mise en place de concours. Delano fut par la suite contraint à la démission après avoir accordé frauduleusement desterrains et avoir obtenu que son fils soit chargé d'études cartographiques pour lesquelles il n'avait aucune qualification[217] ; le nouveau secrétaireZachariah Chandler prit rapidement des mesures pour réformer le département[208],[190],[189]. Grant nomma les réformateurs Edwards Pierrepont etMarshall Jewell respectivement aux postes de procureur général et depostmaster general[218],[219]; en 1875, le premier éradiqua la corruption au sein des marshalls et desprocureurs dans le Sud[220]. Grant suggéra également d'autres réformes comme la gratuité de l'éducation pour tous les élèves et l'amendement Blaine qui aurait empêché toute aide gouvernementale aux institutions éducatives à vocation religieuse[221].

Administration

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Peinture à l'huile de Grant en costume avec un nœud papillon assis dans un fauteuil en velours.
Portrait officiel de Grant par Henry Ulke
Cabinet Grant
FonctionNomDates
PrésidentUlysses S. Grant1869-1877
Vice-présidentSchuyler Colfax1869-1873
Henry Wilson1873-1875
Aucun1875-1877
Secrétaire d'ÉtatElihu B. Washburne1869
Hamilton Fish1869-1877
Secrétaire au TrésorGeorge S. Boutwell1869-1873
William Adams Richardson1873-1874
Benjamin Bristow1874-1876
Lot M. Morrill1876-1877
Secrétaire à la GuerreJohn A. Rawlins1869
William W. Belknap1869-1876
Alphonso Taft1876
J. Donald Cameron1876-1877
Procureur généralEbenezer R. Hoar1869-1870
Amos T. Akerman1870-1871
George H. Williams1871-1875
Edwards Pierrepont1875-1876
Alphonso Taft1876-1877
Secrétaire à l'IntérieurJacob D. Cox1869-1870
Columbus Delano1870-1875
Zachariah Chandler1875-1877
Postmaster GeneralJohn Creswell1869-1874
James W. Marshall1874
Marshall Jewell1874-1876
James Noble Tyner1876-1877
Secrétaire à la MarineAdolph E. Borie1869
George M. Robeson1869-1877

Nominations judiciaires

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Photographie d'un homme avec une épaisse barbe poivre et sel
Nomméjuge en chef par Grant,Morrison Waite cassa plusieurs lois fédérales adoptées durant la Reconstruction pour protéger les Afro-Américains.

Grant nomma quatre juges à la Cour suprême. En 1869, lejuge assesseurRobert C. Grier (en) prit sa retraite et le Congrès ajouta un neuvième siège à la Cour[222]. Grant proposa l'ancien secrétaire à la Guerre Edwin M. Stanton et le procureur général Ebenezer R. Hoar mais aucun des deux ne prit ses fonctions[223]. Le choix de Stanton fut approuvé mais il mourut avant de prêter serment tandis que Hoar était peu apprécié du Sénat et sa nomination fut rejetée[223]. Après une réunion du Cabinet, Grant soumit deux nouveaux noms :William Strong (en) etJoseph P. Bradley (en). Le premier était un ancien juge de la cour suprême de Pennsylvanie qui s'était retiré pour devenir avocat tandis que le second était également un juriste mais dans le New Jersey. Les deux nominations furent facilement approuvées[224].

Après la réélection de Grant, une autre vacance apparut avec la retraite du juge assesseurSamuel Nelson[225]. Grant présentaWard Hunt (en), le juge en chef de la cour d'appel de New York, dont la nomination fut approuvée en 1873[225]. À la mort dujuge en chefSalmon P. Chase en, Grant offrit la fonction au sénateur Conkling qui la refusa tout comme son collègue duWisconsin,Timothy O. Howe[226]. Le président se tourna sans succès vers Hamilton Fish et envisagea de présenter l'ancien représentant du Massachusetts,Caleb Cushing, avant de soumettre le nom du procureur général George H. Williams[225]. Le Sénat avait cependant une piètre estime de son passage au département de la Justice et refusa d'étudier sa candidature ; Grant maintint son choix mais Williams demanda que son nom soit retiré en[225]. Fish suggéra de présenter à nouveau Hoar mais Grant se décida à nommer Cushing. Ce dernier était un juriste éminent et respecté dans son domaine mais la révélation de sa correspondance avec Jefferson Davis durant la guerre de Sécession condamna sa nomination[225]. Le président se tourna alors versMorrison Waite, un juriste respectable bien que peu connu de l'Ohio qui avait travaillé sur l'affaire des revendications de l'Alabama[227]. Le Sénat approuva ce choix à l'unanimité le ; sous son impulsion, la Cour prononça deux arrêts (United States v. Cruikshank etUnited States v. Reese) qui cassèrent plusieurs lois adoptées durant la Reconstruction pour protéger les droits des Afro-Américains[226].

En plus de ces nominations à la Cour suprême, Grant nomma dix juges à des cours de circuit et 32 juges à descours fédérales de district. Avec un total de 46 nominations, il fut le premier président à nommer plus de juges que George Washington[228].

Élection de 1876

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Article détaillé :Élection présidentielle américaine de 1876.

En 1876, l'accumulation des scandales et les succès électoraux des démocrates poussèrent de nombreux républicains à se distancer de Grant[229],[230]. Certains craignaient qu'il ne veuille briguer un troisième mandat et beaucoup voulaient mettre fin au « Grantisme »[229]. Grant ne chercha cependant pas la nomination républicaine et comme le représentantJames G. Blaine duMaine ne parvenait pas à s'imposer, la convention se tourna vers legouverneur de l'Ohio,Rutherford B. Hayes ; les démocrates choisirent le gouverneurSamuel J. Tilden de l'État de New York. L'élection fut entachée de larges fraudes dans plusieurs États du Sud et l'incapacité à départager les candidats provoqua une crise constitutionnelle[231]. Grant demanda au Congrès de régler la question par la voie législative sans blâmer l'un ou l'autre des partis[232]. Il mobilisa l'armée en Louisiane et en Caroline du Sud[233] mais assura que cela était uniquement destiné à maintenir l'ordre et non à faire pression en faveur d'un résultat. Il approuva la formation d'une commission électorale pour déterminer le vainqueur de l'élection mais celle-ci fut incapable de se prononcer car aucun des deux partis n'acceptait sa composition[234],[235]. Le jour de l'investiture approchant et pour éviter que la situation ne dégénère, les chefs des deux camps signèrent lecompromis de 1877. Hayes fut proclamé président et en échange, il retira les dernières troupes fédérales encore présentes dans les États du Sud[236]. Les républicains avaient gagné mais la Reconstruction était terminée.

Retraite

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Photographie de Grant debout, en costume et tenant un haut-de-forme
Photographie de Grant à une date inconnue

Tour du monde

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Après avoir quitté la Maison-Blanche, Grant et sa famille résidèrent chez des amis à New York, dans l'Ohio et à Philadelphie pendant deux mois avant d'entreprendre untour du monde[237]. Ce voyage, qui dura deux ans, commença àLiverpool en Grande-Bretagne en où de grandes foules accueillirent l'ancien président et son entourage[238]. Le couple dîna avec la reineVictoria auchâteau de Windsor et Grant donna plusieurs discours àLondres[239]. Ils se rendirent ensuite enBelgique, enAllemagne et enSuisse avant de revenir au Royaume-Uni où ils passèrent quelques mois avec leur fille Nellie qui avait épousé un Britannique et s'était installée en Grande-Bretagne quelques années auparavant. Grant et son épouse visitèrent laFrance et l'Italie et passèrent Noël 1877 à bord dusloop USSVandalia amarré dans le port dePalerme[240]. Après un séjour hivernal enTerre sainte, ils visitèrent laGrèce avant de revenir en Italie pour une rencontre avec lepapeLéon XIII[241]. À la suite d'un voyage enEspagne, ils se rendirent à nouveau en Allemagne ; Grant rencontra lechancelier allemandOtto von Bismarck et les deux hommes échangèrent sur les questions militaires[242].

Après une autre visite en Angleterre et en Irlande, le couple quitta l'Europe et traversa lecanal de Suez en direction de l'Inde britannique. Ils visitèrentBombay,Lucknow,Bénarès etDelhi où ils furent à chaque fois accueillis par les représentants de l'administration coloniale[243]. Après l'Inde, ils se rendirent enBirmanie, auSiam où Grant rencontra leroiRama V, àSingapour et auViêt Nam[244]. ÀHong Kong, Grant commença à changer d'avis sur lecolonialisme en estimant que la domination britannique n'était pas« purement égoïste » mais également bénéfique pour les sujets locaux[243]. Le couple entra ensuite réellement en Chine et visiteCanton,Shanghai etPékin. Grant déclina une rencontre avec l'empereurGuangxu alors âgé de seulement sept ans mais échangea avec le régent, leprince Gong (en), et le généralLi Hongzhang[245]. Au Japon, Grant rencontra l'empereurMeiji mais le couple avait le mal du pays[246].

Ils traversèrent le Pacifique et arrivèrent à San Francisco en[247]. Après une visite duparc de Yellowstone, ils rentrèrent finalement à Philadelphie le[248]. Ce voyage avait capturé l'imagination du public notamment grâce aux articles deJohn R. Young dans leNew York Herald. Les républicains, et en particulier lesstalwarts exclus de l'administration Hayes en raison de leur opposition aux réformes de la fonction publique, voyaient Grant sous un nouveau jour[249]. Hayes ayant prévenu qu'il ne souhaitait réaliser qu'un seul mandat, la nomination républicaine pour l'élection présidentielle de 1880 était ouverte et beaucoup estimaient que Grant était un candidat sérieux[249].

Élection de 1880

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Article détaillé :Élection présidentielle américaine de 1880.
Caricature représentant Grant se tenant à des anneaux et des trapèzes portant les noms de scandales politico-financiers. Il tient entre ses dents une sangle appelée où se trouve inscription « corruption » et plusieurs de ses soutiens d'y accrochent avec des poids appelés « népotisme » ou « fraude ».
Caricature de 1880 du magazinePuck proche des démocrates sur le soutien de Grant aux réseaux de corruption de ses associés.

Lesstalwarts menés par le vieil allié politique de Grant, Roscoe Conkling, voyaient la nouvelle popularité de l'ancien président comme un moyen pour leur faction de revenir au pouvoir. Leursopposants dénonçaient la violation de la règle des deux mandats qui était la norme depuis George Washington ; Grant ne fit aucune déclaration publique mais encouragea ses partisans en privé[250]. Elihu B. Washburne le pressa de se présenter mais il resta évasif et déclara qu'il serait ravi qu'un républicain gagne même s'il préférait James G. Blaine àJohn Sherman[251]. Conkling etJohn A. Logan commencèrent néanmoins à rassembler les délégués en faveur de Grant et au début de la convention républicaine à Chicago en juin, Grant avait plus de soutien que n'importe quel autre candidat même s'il n'avait pas la majorité[251].

Conkling présenta la candidature de Grant avec un discours enthousiaste dont le passage le plus connu est :« Quand on nous demande de quel État il est originaire, notre seule réponse est : il vient d'Appomattox[251] ». Le premier tour vit Grant rassembler 304 votes contre 284 pour Blaine, 93 pour Sherman et 74 pour d'autres candidats[252]; 370 voix étaient nécessaires pour obtenir la nomination mais les tours suivants donnèrent à peu près les mêmes résultats. Pour sortir de l'impasse, les délégués de Blaine et des autres prétendants se tournèrent vers un candidat de compromis, le représentant de l'Ohio et sénateur-éluJames A. Garfield qui fut choisi au36e tour[253].

Grant fit plusieurs discours pour Garfield mais refusa de critiquer le candidat démocrate,Winfield S. Hancock, un général qui avait servi sous ses ordres dans l'armée du Potomac[254]. Le jour de l'élection, Garfield remporta de justesse le vote populaire mais disposait d'une confortable avance au Collège électoral. Grant apporta publiquement son soutien au nouveau président et lui demanda d'inclure desstalwarts dans son administration[255].

Aventures commerciales

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Même s'il fut réussi, le tour du monde de Grant fut également ruineux et à son retour aux États-Unis, il avait dépensé la plus grande partie de ses économies[256]. Deux de ses riches amis, George W. Childs etAnthony J. Drexel, lui achetèrent une résidence dans l'Upper East Side deManhattan à New York[257]. Grant travailla avec Jay Gould et l'anciensecrétaire des finances mexicain Matías Romero pour le compte de la compagnie ferroviaire Mexican Southern Railroad qui envisageait de réaliser une voie ferrée entreOaxaca et Mexico[257]. Il utilisa également son influence pour convaincre le nouveau présidentChester A. Arthur, qui avait succédé à Garfield après sonassassinat en 1881, de signer un accord de libre-échange avec le Mexique. Arthur et le gouvernement mexicain y étaient favorables mais le Sénat américain rejeta le texte en 1883[257].

Au même moment, le fils de Grant, Ulysses Jr. avait créé une banque d'affaires avec Ferdinand Ward. Ce dernier était considéré comme un génie de la finance et la société, Grant & Ward, connut un succès rapide[258]. L'ancien président rejoignit l'entreprise en 1883 et y investit personnellement 100 000 $ (environ 2,3 millions de dollars de 2012[27])[259]. Le succès de la firme attira les investisseurs qui y achetaient dessûretés puis les utilisaient commecollatéraux pour emprunter de l'argent et acquérir de nouvelles sûretés. Grant & Ward hypothéquait ensuite ces sommes comme collatéraux pour pouvoir créer de nouvelles sûretés, ce qui était illégal[260]. Si les ventes étaient bénéficiaires, il n'y avait aucun problème ; dans le cas inverse, plusieurs prêts devraient être remboursés avec le même collatéral. Les historiens estiment que Grant ignorait tout des pratiques douteuses de Ward mais l'ignorance de son fils est moins certaine. En, la situation de la société était très défavorable et Ward réalisa qu'elle ferait rapidement faillite. Il informa Grant de ces difficultés mais suggéra qu'il ne s'agissait que d'un revers temporaire[261]. Grant approcha l'homme d'affairesWilliam H. Vanderbilt qui accepta de lui accorder un prêt de 150 000 $[262]. Cet apport d'argent ne fut cependant pas suffisant pour éviter la banqueroute de la banque. Complètement ruiné mais poussé par le sens de l'honneur, Grant remboursa néanmoins son créancier avec ses souvenirs de la guerre de Sécession ; même si leur valeur était inférieure à celle du prêt, Vanderbilt insista pour considérer que la dette était réglée[261].

Mémoires et mort

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Photographie de Grant dans un fauteuil en osier sur le perron d'une maison écrivant sur un calepin. Il est en costume mais une couverture est posée sur ses jambes, il a un bonnet et un foulard cachant une partie de son visage.
Grant travaillant sur ses mémoires en 1885.

Grant avait abandonné sa pension militaire quand il était devenu président mais le Congrès lui accorda à nouveau le grade de général de l'Armée avec retraite complète en[263]. À la même période, il apprit qu'il souffrait d'uncancer de la gorge[264],[265]. Pour restaurer les finances de sa famille, il rédigea plusieurs articles payés 500 $ chacun (environ 12 300 $ de 2012[27]) sur ses campagnes de la guerre de Sécession dans leCentury Magazine. Les critiques furent favorables et l'éditeurRobert U. Johnson, proposa qu'il écrive sesmémoires, ce qu'avaient fait avec succès d'anciens généraux dont Sherman[266].

Grant s'attela à la tâche et demanda à son ancien officier d'état-major, Adam Badeau, de vérifier ses écrits. Son fils Frederick l'aida dans ses recherches et pour la relecture. LeCentury Magazine lui fit une offre avec desredevances de 10 % mais son amiMark Twain lui présenta une autre proposition dans laquelle il recevrait 75 % des profits ; Grant signa rapidement avec la société d'édition Charles L. Webster & Co. de Twain[267]. Il travailla frénétiquement à la rédaction de ses mémoires dans sa résidence new-yorkaise puis dans une maison de campagne près deWilton dans les montsAdirondacks et les termina peu avant de mourir le[268]. Le livre, intituléPersonal Memoirs of Ulysses S. Grant connut un grand succès et les deux volumes se vendirent à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires ; Julia Grant reçut environ 450 000 $ (environ 11,7 millions de dollars de 2012[27]) en redevances[267]. Grant était un auteur habile et efficace qui se représenta comme un honorable héros de l'Ouest dont les forces étaient l'honnêteté et la franchise. L'autobiographie avait une structure inhabituelle car sa jeunesse et sa présidence n'étaient que survolées, à l'inverse de sa carrière militaire. Le style, concis et clair, était également à l'opposé de la tendancevictorienne pour les tournures élaborées[269]. Le public, les critiques littéraires et les historiens militaires saluèrent l'ouvrage que Twain qualifia de« chef-d'œuvre littéraire » et compara auxCommentaires sur la Guerre des Gaules deJules César[270]. Après avoir étudié les critiques favorables dont celles deMatthew Arnold et d'Edmund Wilson, l'écrivain Mark Perry qualifie ces mémoires de« plus importante œuvre » américaine denon-fiction[271].

Retiré en un lieu aujourd'hui appeléGrant Cottage, l'ancien président mourut le à l'âge de 63 ans[272]. Sheridan, devenuCommanding General of the Army, ordonna une journée d'hommage en son honneur dans tous les camps militaires et le présidentGrover Cleveland décréta trente jours de deuil. Après une cérémonie privée, sa dépouille fut emmenée en train àWest Point puis à New York où près de 250 000 personnes défilèrent devant son cercueil pendant les deux jours qui précédèrent son inhumation[273]. Des dizaines de milliers de « vétérans » (anciens combattants) accompagnèrent le cortège funèbre jusqu'àRiverside Park[273]. Parmi les porteurs de cercueil figuraient les généraux de l'Union Sherman et Sheridan, les généraux confédérés Buckner et Johnston et l'amiral Porter[273]. La dépouille de Grant fut inhumée dans une tombe temporaire puis dans unsarcophage situé dans l'atrium duGeneral Grant National Memorial achevé en 1897 ; avec 50 mètres de haut, il est le plus grandmausolée d'Amérique du Nord. Près d'un 1,5 million de personnes assistèrent à ce transfert[273] et des cérémonies furent également organisées dans les principales villes du pays tandis que leseulogies de la presse le comparaient à George Washington et Abraham Lincoln[274].

Personnalité

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Ulysses S. Grant est considéré comme l'un des plus grands militaires de l'histoire. Certes peu charismatique[275],[276], il est doté d'une maîtrise et d'un sang froid à toute épreuve[277] ainsi que d'un solide sens de l'organisation[278]. Énergique dès que le canon se met à tonner[279], il sait faire preuve de courage[280] et d'audace dans ses manœuvres[281].

Dans sa biographie consacrée à Grant, l'historien militaire Vincent Bernard le résume ainsi :

« Ce n’est pas son sens tactique, une quelconquevista au cœur des combats ou des qualités de meneur d’hommes – ni de subordonné – à proprement parler qui caractérisent le mieux […] Grant. C’est au contraire aux plans proprement opératif et stratégique […] qu’il révèle son véritable talent. […] Par son sang froid absolu, appuyé sur une calme analyse de la situation des moyens et des risques, Grant est unique et sans doute indépassable[280]. »

Grant est en effet unstratège remarquable et « moderne ». Obstiné sans être borné ni aveugle[280], il a compris qu'il faut avancer versRichmond à tout prix pour gagner la guerre, sans se préoccuper des pertes à subir. Il s'agit-là de la seulestratégie qui a réellement permis de vaincre le légendaireRobert Lee, là où ses prédécesseurs avaient échoué.

En difficulté dans chacune de ses campagnes, essuyant parfois de lourdes défaites, Grant en est toujours sorti vainqueur, se hissant au rang de champion, d'étoile duNord et deNémésis duSud[282].

Postérité

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Photographie d'un grand monument de base cubique surmontée par une partie cylindrique à colonnades au sommet de laquelle se trouve un toit conique. Plusieurs cuirassés sont visibles dans le fleuve à l'arrière-plan.
Descuirassés remontent l'Hudson derrière le mémorial de Grant en 1919.

Peu de présidents ont vu leur réputation évoluer aussi radicalement que Grant[283]. Après sa mort, il était considéré comme« un symbole de l'identité nationale et de la mémoire américaine[284] » et des millions de personnes assistèrent à ses funérailles et à l'inauguration de son mausolée en 1897[284]. Certains spécialistes commencèrent cependant rapidement à présenter son administration comme la plus corrompue de l'histoire américaine[285]. Les nordistes qui cherchaient à réconcilier la nation déformèrent la réputation de Grant en considérant que les motivations de l'Union et de la Confédération étaient moralement équivalentes[286]. Dans les années 1930, le biographeWilliam B. Hesseltine nota que la réputation de Grant déclina car« ses ennemis ont mieux écrit que ses amis »[287]. En 1931, leDictionary of American Biography loua la vision militaire de Grant et son exécution de cette stratégie pour vaincre la Confédération mais la partie consacrée à sa carrière politique était plus nuancée[288]. Concernant les scandales, les auteurs écrivirent qu'« ils n'ont jamais touché personnellement Grant de quelque manière que ce soit mais ils frappèrent si fréquemment des personnes proches de lui qu'il lui en coûta son honneur d'admettre son mauvais goût dans le choix de ses associés »[289]. En 1981, William S. McFeely remporta leprix Pulitzer pour sa biographie peu flatteuse qui se concluait par :« Il ne s'éleva pas au-delà de ses talents limités ou inspira les autres de sorte que son administration soit à l'honneur des politiques américaines »[290].

Photographie d'une statue équestre en bronze située sur un piédestal en marbre. Ce dernier est entouré de quatre statues de lions allongés également en bronze.
L'Ulysses S. Grant Memorial à Washington.

Depuis 1990, les historiens ont adopté une opinion plus favorable en reconnaissant son implication dans la protection des Afro-Américains durant la Reconstruction ou sa « politique de paix » avec les Amérindiens même si ces mesures furent sans lendemain[284]. Cette évolution avait commencé dans les années 1960 avec l'analyse de sa carrière militaire par Bruce Catton qui contredit le consensus historique représentant Grant comme ayant remporté la victoire par la force brute en faisant de lui le portrait d'un commandant talentueux[291]. John Y. Simon écrivit au sujet de l'évaluation de McFeely :« L'échec de la présidence de Grant… reposa dans l'échec de sa politique de paix amérindienne et l'effondrement de la Reconstruction… Mais si Grant avait essayé et échoué, qui aurait pu réussir ? »[292]. Il ajouta que si Grant n'était évalué que sur son premier mandat, il serait considéré comme l'un desplus grands présidents américains« dont on se souviendrait pour sa défense dévouée des droits des esclaves affranchis associée à sa conciliation avec les anciens confédérés, pour ses réformes dans la politique indienne et dans la fonction publique, pour la résolution des revendications de l'Alabama et pour l'apport de la paix et de la prospérité »[293].

De même Jean E. Smith écrivit dans sa biographie de 2001 que les qualités qui firent de Grant un grand général le portèrent en politique pour en faire, sinon un grand président, un président admirable[294] :« Le lien est la force de caractère, une volonté indomptable qui ne céda jamais face à l'adversité… Il fit parfois des erreurs graves ; il simplifiait souvent à l'excès ; il voyait pourtant clairement ses objectifs et avança sans relâche dans leur direction »[295]. En 2012, la biographie de H. W. Brands fut présentée par l'historienEric Foner comme un« compte-rendu favorable des efforts déterminés et temporairement fructueux du président Grant pour écraser le Ku Klux Klan qui avait instauré un règne de terreur contre les anciens esclaves[283] ». Brands résuma ainsi la carrière militaire et politique de Grant :

« En tant que général durant la guerre de Sécession, il vainquit la Confédération et détruisit l'esclavage qu'était la cause de la sécession. En tant que président durant la Reconstruction, il ramena le Sud dans l'Union. À la fin de sa vie, l'Union était plus solide qu'elle ne l'avait jamais été. Et personne n'a plus fait pour arriver à ce résultat que lui[296]. »

Grant sur lebillet de 50 $ de la série 2004
Timbre de 1890 à l'effigie de Grant

Plusieurs mémoriaux et lieux ont été nommés en hommage à Grant comme leGrant Park de Chicago, l'Ulysses S. Grant Memorial situé sur leNational Mall de Washington face au Capitole ainsi que de nombreuxcomtés dans l'Ouest du pays. De 1890 à 1940, une partie de l'actuelparc national de Kings Canyon porta le nom de parc national du General Grant d'après leGeneral Grant, le deuxième plus grandséquoia géant au monde. Certaines versions du charM3 Lee utilisé durant laSeconde Guerre mondiale portent son nom de même qu'unsous-marin nucléaire (en) lancé en 1963. Le portrait de Grant figure sur lesbillets de 50 $ depuis 1913. En, l'université d'État du Mississippi a été choisie pour accueillir labibliothèque présidentielle Ulysses S. Grant. Le, le Congrès promeut Ulysses S. Grant au grade deGeneral of the Armies pour célébrer le bicentenaire du premiergénéral quatre étoiles des États-Unis[297],[298], lui donnant précédence surJohn Pershing (pourtant promu au même grade plus d'un siècle plus tôt)[299]. La promotion est officiellement conférée le, conformément à la décision dudépartement de la Défense[300].

Dans les arts et la culture populaire

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Ulysses S. Grant a été joué à l'écran dans des productions qui le dépeignent soit comme général de l'armée de l'Union durant la guerre civile, soit comme président des États-Unis d'Amérique.

Filmographique

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Cinéma

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Télévision

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Documentaire
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Téléfilms
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Séries
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Notes et références

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Notes

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  1. Grant exerce cette fonction par intérim à la suite de la suspension d'Edwin Stanton par le président Andrew Johnson.
  2. Jusqu'à l'adoption du25e amendement en1967, il n'y avait pas de statut précis pour levice-président. Ce n'est qu'à partir de là que la nomination d'un vice-président fut rendue constitutionnelle en cas de vacance du poste.
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Références

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Voir aussi

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Bibliographie

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En français

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