Le nom du pays est issu de l'ukrainienУкраїна ou durusseУкраина,Oukraïna (transcriptions savantes respectives :Ukrajina etUkraina),composés du préfixeou, « dans, chez, près de, à l’intérieur », et de la racineslavekraï (край), qui désigne initialement une incision, une entaille, puis une ligne délimitant quelque chose, d'où, par extension, le sens de « pays, province » (en russe : « bout, extrémité, périphérie », « bord, rebord » ou « pays, région, province » ; enbulgare : « bord, coin, extrémité, terminaison, fin », « proximité, voisinage, environs »).
En français, cette étymologie est attestée au sens de « province frontière » dans la seconde moitié duXVIIe siècle[h].
L'Ukraine est le foyer du premier Étatslave oriental : laRus' de Kiev (appelée aussi dans les écrits occidentauxRuthénie), organisée par une tribupoliane deKiev, ancêtre desUkrainiens modernes. Ils ont adopté le nom « Rus' » pour décrire leur territoire, à partir du terme désignant lesVarègues, et plus tard, ce nom a fini par désigner l'ensemble des possessions de Kiev[18]. Les fondations de l'État lui-même ont été posées par les Varègues qui commerçaient dans la région. La Rus' de Kiev est, durant lesXe et XIe siècles, l'État le plus vaste et le plus puissant d'Europe après l'Empire byzantin.
Mosaïque représentant Oleg le Sage à KievLa Rus' de Kiev en 862-912
AuIXe siècle, le premiersouverain de Kiev confirmé par l'histoire est le varègueOleg le Sage. Sous son règne, Kiev gagne en influence dans la région, perçoit letribut d'un grand nombre de tribus et lutte contre l'Empire byzantin[19]. Au début duXIe siècle, toutes les tribus ukrainiennes ont été regroupées par la Rus'. L'État a commencé à se développer de manière significative sous le règne deVolodymyr le Grand, dont la principale réalisation a été la propagation duchristianisme dans tout le pays[20].
La Rus' de Kiev et ses principautés au XII siècle
Sous le règne deIaroslav le Sage (-), le prestige de l'État kiévien atteint son apogée : il s'étend alors de lamer Baltique à lamer Noire et du confluent de l'Oka avec laVolga jusqu'auxCarpates septentrionales. Iaroslav est un bâtisseur — c'est lui qui fait construire la célèbrecathédrale Sainte-Sophie à Kiev — et un législateur. Le droit, l'éducation, l'architecture et l'art kiévien connaissent un développement important sous son règne. En, il marie sa filleAnne de Kiev au roiHenriIer de France, et marie deux autres de ses filles aux rois de Hongrie et de Norvège[21].
Bien que le cœur de la Rus' soit resté riche pendant des siècles, lafragmentation féodale auXIIe siècle a entraîné des luttes entre les monarques ruthènes pour le trône. Les attaques des tribusnomades, comme lesCoumans, des steppes de l'Ukraine ont entravé le développement de la Ruthénie.[22],[23] AuXIIIe siècle, lesTatarsMongols ont attaqué la Rus' de Kiev et ont dévasté l'Ukraine du Dniepr et ses principautés.[24] Ensuite, à l'ouest, laprincipauté de Galicie-Volhynie est devenue le principal centre de la culture ruthène pendant un certain temps. La cruauté de l'autorité mongole, notamment en matière pénale, pousse les populations autochtones à fuir vers d'autres pays comme laPologne, laHongrie ou laMoldavie.
Période lituano-polonaise au nord-ouest, turco-tatare au sud-est
Les contours du royaume polono-lituanien avec ses vassaux en superposé aux frontières actuelles
1 - La Couronne (Royaume de Pologne)
2 - Borussie ou Duché de Prusse
3 - Grand-Duché de Lituanie
4 - Livonie
5 - Duché de Courlande
Durant leXIVe siècle, les Polonais et les Lituaniens combattirent les Mongols et finalement toute l’Ukraine du nord-ouest passa sous l’autorité de laPologne-Lituanie, qui annexe Kiev en[25]. LesTatars se maintiennent dans lasteppe pontique au nord de lamer Noire et enCrimée ; toutefois, de à, le grand-duché de Lituanie atteint la mer Noire du côté d’Oçaq (ouOtchakiv, vers l’actuelleOdessa)[26]. La Lituanie prit le contrôle de laVolhynie au nord-ouest de l’Ukraine (y compris les régions autour de Kiev). Quant à la Pologne, elle prit le contrôle de laGalicie ; plus au sud laprincipauté de Moldavie était sa vassale (plusieurscitadelles et régions alors moldaves sont aujourd’hui ukrainiennes). Dans ces régions du nord-ouest, outre les Ukrainiens que l’on nommait à l’époqueRussyns,Ruthènes, le pays comptait desPolonais, desMoldaves, desAllemands, desArméniens, desJuifs et desRusses. À mesure que les Tatars perdaient du terrain, nombre de villes et villages furent fondés. La noblesse d’Ukraine occidentale fut souvent « polonisée ». La législation polonaise est introduite en Ukraine occidentale en. Si la Pologne mène une politique relativement tolérante vis-à-vis de l’orthodoxie, elle favorise cependant le catholicisme qui progresse dans les territoires occidentaux de l'actuelle Ukraine.
L’influence polonaise pénètre plus lentement dans les territoires relevant du grand-duché de Lituanie. L’orthodoxie y garde sa prédominance. Pourtant, les rapports de force au sein de l’État polono-lituanien tournent à l’avantage des Polonais. L’union de Lublin () consacre le triomphe de la Pologne. La Lituanie perd la plus grande partie de ses possessions ukrainiennes (Podlachie,Volhynie,Podolie, région deBratslav et deKiev)[27]. La noblesse de ces régions se polonise et se convertit au catholicisme. Une partie du haut-clergé orthodoxe est tentée par le rapprochement avec Rome. Le métropolite de Kiev et une partie du haut-clergé, en réaction aux interventions réformatrices du patriarche deConstantinople, se rallient à Rome lors duconcile de Brešč (Brest-Litovsk) en. L'union de l'Église de la Rus' de Kiev avec Rome forma l'Église grecque-catholique ukrainienne faisant partie desuniates (Églises catholiques orientales).
Ostap Dachkovytch (1470—1536), le premier chef des cosaques ukrainiens
Le clivage entre le nord-ouest, orthodoxe mais d'influence polonaise et lituanienne, c'est-à-dire occidentale, et le sud-est soumis auxTatars et auxOttomans, puis conquis et colonisé par l'Empire russe, se retrouve jusqu'à aujourd'hui dans lastructure politique du pays : le nord-ouest vote plutôt pour les pro-européens et se méfie de l'influence russe, tandis que le sud-est vote plutôt pour les pro-russes, se méfie de l'influence occidentale (souvent assimilée au fascisme depuis laSeconde Guerre mondiale) et peut même se soulever contre le pouvoir de Kiev lorsque ce dernier se rapproche de l'Ouest[31].
Forteresse cosaque (Sitch), reconstruction moderne
Au cours de l'existence des cosaques d'Ukraine, ses centres à différentes époques étaient 8 forteresses (Sitch) :
L'Ukraine faisait partie de laRépublique des Deux Nations. En 1639, le cartographe et ingénieur françaisGuillaume Levasseur de Beauplan crée la première carte au monde de l'Ukraine[33],[34]. Grâce à son travail, le nom Ukraine se fait connaître en Europe et s'impose dans la géographie et la documentation. Il participe également à la construction duChâteau de Pidhirtsi.
Après qu'en 1647 le noble polonais Danylo Chaplinsky ait attaqué la ferme deBogdan Khmelnitski àSoubotiv, au cours de laquelle il torture le jeune fils de Bogdan et capture sa femme, Khmelnitski se rend au Sitch (c'était alors déjà le quatrième de Sitch, Mykytynska, sur le territoire de l'actuelNikopol). Les Cosaques ukrainiens le choisissent commehetman.
L'emplacement de Mykytynska Sitch, où Khmelnitski a été élu Hetman d'Ukraine. Nikopol, rue. Mykytynska,40 ans
Au début de février 1648, ils brisent le siège de l'armée polonaise près de Sitch[35] et organisent le plus grand soulèvement cosaque de l'histoire. C'est ainsi qu'apparait l'Hetmanat. À la suite de la révolution paysanne anti-féodale (-), connue dans l'histoire commeHmelnichina, la partie orientale de l'Ukraine s’émancipe du pouvoir lituanien et se constitue en État autonome de caste cosaque : leHetmanat cosaque, administré par les chefs cosaques et dirigé par unHetman élu, est établi et perdure pendant plus d'un siècle malgré la pression des envahisseurs polonais et moscovites attirés par les terres riches et fertiles. C'est à cette époque qu'une nation ukrainienne distincte émerge[36].
le territoire de l'Hetmanat à l'époque de Khmelnitski
En 1700, l'armée cosaque ukrainienne sur la rive droite du Dniepr, qui était sous la domination des Polonais, est liquidée, à la suite de quoi l'Hetmanat continue d'exister uniquement sur la rive gauche du Dniepr sous le protectorat de la Russie[38]. Les autorités russes envoie régulièrement des Ukrainiens (cosaques et paysans) aux travaux forcés dans les profondeurs de l'empire et tentent de détruire les cosaques, ce qui provoque l'indignation des Ukrainiens. En 1708, pendant la guerre du Nord, le roi suédois et son armée attaquent l'Ukraine, puis l'hetmanIvan Mazepa décide de conclure une nouvelle alliance avec la Suède[39].
l'une des colonnes de granit uniques avec lesquelles les cosaques ukrainiens marquaient leur territoire (trouvée dans laOblast de Kirovohrad, située dans la ville deZnamianka)
L'empereur russePierreIer ordonne la destruction de la capitale de l'HetmanatBatouryn et de lasitch. Lors de la bataille décisive près de Poltava en 1709, l'armée suédo-ukrainienne est vaincue en raison de l'inégalité des forces.Ivan Mazepa etCharles XII se retirent sur les terres de l'Empire ottoman le long du fleuveDniestr, dans la ville deBendery, et meurent en exil[40]. Après la mort de Mazepa en 1711, les cosaques ukrainiens dirigés parKost Hordienko ont éluPylyp Orlyk comme nouvel hetman, qui a introduit la première constitution ukrainienne, que certains historiens considèrent comme la première constitution d'Europe, selon laquelle le pouvoir en Ukraine était divisé en trois branches d'autorité : exécutive (Conseil principal dirigé par l'hetman), législative (Conseil principal) et judiciaire[41].
Après la mort du général Hetman Skoropadski en 1722, sur ordre de la Russie,Pavlo Polubotko est élu hetman, bientôt envoyé à Saint-Pétersbourg. A sa place est créé le Petit Collège Russe - un organe exécutif composé de 6 Russes. Le retour de la menace ottomane en 1727 entraîne la liquidation du collège, etDanylo Apostol est élu hetman afin de gagner les faveurs des Ukrainiens[42],[43].
Polubotko s'accorde avec les autorités russes sur la restauration d'une relative autonomie dans la partie nord-est de l'Ukraine (l'Hetmanat).Kirill Razoumovski devient le dernier hetman d'Ukraine[44],[45].
Canon du Fort Sainte-Élisabeth dans la ville moderne deKropyvnytskyï.
En 1778, l'historien françaisJean-Benoît Schérer écritAnnales de la petite Russie ou Histoire des Cosaques-Saporogues et des Cosaques de l’Ukraine, dans lequel il exprime son admiration pour leur histoire.
Une partie des anciens cosaques zaporogues ont fui à travers leDanube, les autorités russes en ont déporté une partie vers leKouban et ont transformé la population ukrainienne enserfs. Sur les anciennes terres des cosaques, la politique de russification a été menée : il était officiellement interdit d'utiliser la langue ukrainienne et de l'enseigner[53].
Territoire ethnique ukrainien (où l'on parlait l'ukrainien)
Le partage de la Pologne lui permet de récupérer pratiquement toute la rive droite — duDniepr — à l'exception de laGalicie, passée sous administration de l'Autriche, laquelle deviendra en l'Empire austro-hongrois. Les grandes steppes incultes du sud — enNouvelle-Russie — sont colonisées par des paysans venus de tout l'Empire, mais aussi d'Allemagne — notamment lesmennonites — ou de Hollande, appelés par l'impératrice en échange de privilèges fiscaux. Le port d'Odessa (dont le nom a été choisi d’après celui d’Ulysse), gouverné au début par leduc de Richelieu, est fondé à cette époque teintée de retour aux sources grecques (Tauride,Chersonèse). Avant l'arrivée de la Russie, sur le territoire d'Odessa et deMykolaïv, se trouvaient des ports fondés à l'époque duGrand-Duché de Lituanie. Sur le territoire deKherson, avant la date officielle de sa fondation auXVIe siècle, se tenait la ville de Bilikhovichi[54],[55]. À la suite de laguerre russo-turque de 1787-1792, au cours de laquelle la Russie a pris d'assaut les forteresses turques avec des troupes recrutées principalement parmi les paysans ukrainiens et directement avec l'aide desCosaques de la mer Noire, tout le sud de l'Ukraine a été libéré. À l'issue de la guerre russo-turque de 1806-1812, à laquelle les cosaques ukrainiens ont participé des deux côtés - lesCosaques du Danube étaient pour l'empire ottoman et les Cosaques de la mer Noire étaient pour l'empire russe), laBessarabie est passée à l'Empire russe.
Lors de lacampagne de Russie de 1812, l'armée française a pris le contrôle de laVolhynie occidentale, où elle bat la troisième armée russe sous le commandement du généralTormassov. Napoléon a attiré l'attention sur le problème ukrainien, dans le cadre duquel des contacts secrets ont été établis avec l'ancien dernier hetman d'Ukraine,Kirill Razoumovski[56].
Les plans politiques de l'empereur français concernant l'Ukraine prévoyaient la séparation des terres ukrainiennes capturées par la Russie et leur division en trois parties : l'Ukraine de la rive droite (à l'ouest du fleuveDnipro) devait être transférée auDuché de Varsovie (la Volhynie était promis à l'Autriche), tandis que l'Ukraine de la rive gauche (à l'est du Dnipro) et le sud devaient former deux États «napoléonides» sous le protectorat de la France. Toutefois, la noblesse ukrainienne n'était pas satisfaite des projets de Napoléon de transférer la rive droite à la Pologne, qui n'était alors pas moins un ennemi de l'Ukraine que la Russie. Au total, 97 000 Ukrainiens ont combattu dans l'armée régulière russe en 1812[57].
Pendant laguerre russo-turque de 1828-1829, les troupes russes envahirent les possessions desCosaques du Danube. Leur hetman, Josyp Hladkyï, s'est rangé du côté des Russes, ce qui pousse le sultan turc à ordonner la destruction du Sitch, mettant ainsi fin à l'ère des cosaques ukrainiens libres. À partir des anciens cosaques du Danube, le gouvernement russe a créé lesCosaques d'Azov.
Comme d’autres peuples en Europe, un mouvement de renaissance nationale ukrainien se fait jour à partir du milieu duXIXe siècle dans l’Empire russe. MaisSaint-Pétersbourg estime que ce mouvement est manipulé par les Polonais[58],[59]. Des cercles nationaux (hromady) sont supprimés et il est prohibé d’imprimer en ukrainien[59]. Les élites russes considèrent les Ukrainiens comme des « Petits-Russes »[59].
De grandes villes sont fondées sous l'Empire russe, commeOdessa — port cosmopolite à forte minorité juive — etEkaterinoslav,Sébastopol, etc. qui accueillent des migrants de tout l'Empire, et même d'Europe centrale — de la Pologne autrichienne ou d’Allemagne. En, Kiev compte près d'un demi-million d'habitants. En effet, après l'abolition du servage dans l'empire Russe en, l'industrialisation provoque unexode rural de paysans russes, ukrainiens, ruthènes, etc. dans les nouveaux centres industriels. Le négoce se développe parallèlement avec l'extension duchemin de fer et cette« grande marche vers le sud » et l'ouest.
Au déclenchement de la Première Guerre mondiale, l'Empire russe s'étend jusqu'à la Pologne qu'il recouvre depuis le dernier partage de la Pologne au congrès de Vienne en. Durant les années qui suivent, si l'Allemagne est bloquée dans une guerre de position avec la France sur son front ouest, à l'est, elle enregistre de grands succès militaires sur une Russie exsangue et confrontée à la révolution.
Immeuble de la Rada centrale.
Après larévolution de Février, qui met fin à l’Empire russe en, l'Ukraine est brièvement indépendante jusqu'en, mais laRada ne parvient pas à contrôler efficacement le territoire, envahi d'abord par lesAllemands puis, à leur retrait, devenu champ de bataille entre leParti bolchevique, lesRusses blancs et les forces de laTriple-Entente.
Hrouchevsky au défilé des troupes ukrainiennes à Kiev en 1917.
Le4 mars 1917 (dans le calendrier grégorien), la plupart des partis politiques s’accordent pour former laRada centrale. Le, alors qu'il est toujours à Moscou,Mykhaïlo Hrouchevsky est élu président de la Rada centrale. Sous son impulsion, l'Ukraine proclame son autonomie le10 juin 1917 (dans le calendrier grégorien). En tant que chef de l'USDRP,Volodymyr Vynnytchenko est choisi comme un des deux vice-présidents de laRada centrale puis comme le premier président du secrétariat général de la Rada centrale du gouvernement autonome de l'Ukraine.
Fin, l'armée allemande avance pour atteindre Riga et conquérir la Galicie et la Bukovine, contraignant la Russie à suspendre les hostilités et à négocier. Sous couvert de défendre la libre disposition desprovinces baltes, de laFinlande, de l'Ukraine et duCaucase, le gouvernement allemand cherche à agrandir sa zone d'influence à l'est et notamment à prendre le contrôle des bassins miniers ukrainiens[60].
Occupation de Kiev par l'armée allemande.
Fin, eut lieu unebataille de Krouty qui contribua à retarder l'offensive bolchevique sur la capitale. Du au, l'Armée rouge acontinuellement bombardé Kiev, y compris avec des gaz toxiques, pendant 3 jours, les explosions ne se sont pas arrêtées un seul instant et, en entrant dans la ville, ont tué 5 000 civils, déclarés « contre-révolutionnaires ».
Pour combattre l'Armée rouge qui contrôle l'est de l’Ukraine, la Rada centrale cherche le soutien desAllemands qui organisent uncoup d’État et renversent le gouvernement deVynnytchenko, mettant à sa placePavlo Skoropadsky qui, le — soit le jour même de l'élection de Mykhaïlo Hrouchevsky à la présidence de la république —, est proclaméhetman de l’« État ukrainien »,Ukrayinska Derjava.
À l'automne, prévoyant la défaite allemande, Skoropadsky tente de se rapprocher de l'Entente et desRusses blancs en promettant de rétablir l'union fédérale entre Russie et Ukraine. Mais, resté sans soutien, Skoropadsky est renversé par le mouvement populaire, guidé parSimon Petlioura, qui reprend Kiev. Les troupes d'occupation allemandes abandonnent l'hetmanat et le nouveau pouvoir ukrainien les laisse regagner leur pays sans obstacle[61].
Petlioura parmi les étudiants, décembre 1918.
Le, laRépublique populaire ukrainienne est rétablie avec Vynnytchenko à sa tête comme président duDirectoire d'Ukraine. De à, une partie importante du territoire ukrainien au sud est contrôlée par une armée paysanne insurrectionnelle d'inspirationcommuniste libertaire surnomméeMakhnovchtchina du nom de son initiateurNestor Makhno, ayant compté à son apogée près de 100 000 combattants. Opposée aux armées blanches et rouges, l'armée noire essayera d'installer dans les territoires contrôlés un système de collectivisation des terres et de démocratie directe et décentralisée[62],[63].
Le, l'armistice est signé sur le front ouest àRethondes entre l'Allemagne et les Alliés. L'armistice de Rethondes annule l'armistice de Brest-Litovsk. L'article 12 de la convention d'armistice prévoit que les troupes allemandes évacuent tous les territoires faisant partie de la Russie au, dès que les Alliés jugeront le moment venu, compte tenu de la situation intérieure de ces territoires.
Carte de l'Ukraine unifiée présentée par la délégation ukrainienne à la Conférence de paix de Paris de-.
La Pologne a soutenu la République populaire ukrainienne pendant lescampagnes d'hiver et a mêmecontrôlé conjointement Kiev en, mais en raison du déséquilibre des pouvoirs, elle a été contrainte de battre en retraite. La division du pays entre la Pologne et l'URSS a été confirmée par lapaix de Riga. De nombreuses personnalités de la RPU étaient en exil et ceux qui sont revenus (commeHrouchevsky) ont été confrontés à la répression.
LaRépublique de Kholodnoïarsk, vaincue au début des années, a résisté le plus longtemps à l’expansion soviétique.
La période soviétique
Le drapeau conational de laRSS d'Ukraine.La formation territoriale de l'Ukraine moderne.
Au même moment, fin 1917 - début 1918, les bolcheviks s'emparèrent pour la première fois deKharkiv, où ils proclamèrent la création de l'Ukraine soviétique, en fait un gouvernement fantoche qui recevait les principales commandes de Russie. Après les combats, on a appris l'incident lorsque la voiture blindée deMikhaïl Mouraviov a contourné Kharkiv avec l'affiche "Mort aux Ukrainiens". Des témoins oculaires ont mentionné que pendant le séjour de l'Armée rouge dans la ville c'était dangereux de communiquer en ukrainien.
Armée rouge dans Kharkov,
Au printemps 1918, le 8 avril 1918, les troupes ukrainiennes (en particulier le régiment dirigé parPetro Bolbotchan), alliées à l'armée allemande, libèrent Kharkiv des bolcheviks. Après la défaite des puissances centrales en novembre 1918, le pouvoir du Directoire de la RPU existait pendant une courte période à Kharkiv, le 3 janvier 1919, la ville fut de nouveau prise par les bolcheviks, le 25 juin 1919, la ville fut capturée par l'armée blanche, en le 11 décembre 1919, Kharkiv fut capturée par les bolcheviks pour la troisième fois et est devenue la capitale de l'Ukraine soviétique sous le nom de Kharkov.Grigori Petrovski a joué un rôle décisif dans la création des structures gouvernementales, et des unités de l'organisation punitif d'État - laTchéka.
L'ancien « grenier » de l'Empire russe, devenu une république socialiste soviétique, ravitaille les centres urbains soviétiques. Le, l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) naît du traité qui réunit laRSFSR, laBiélorussie, l'Ukraine et laTranscaucasie[64]. Dans le conflit qui oppose lescommunistes du centre (Moscou) et les partis communistes nationaux, c'est le centre qui l'emporte et impose une fédération.
QuandStaline déclenche sa révolution industrielle vers la fin des années, l'Ukraine devient l'une des sources indispensables de son financement. Les années d'industrialisation sont marquées par la construction de ce qui est à l'époque la plus grande centrale hydraulique d'Europe, sur le cours du fleuveDniepr (leDnieproGuES), ce qui contribue à l'électrification de la République, ainsi qu'une importante mise en valeur du grand bassin minier et métallurgique de l'Ukraine, leDonbass, déjà exploité depuis la fin duXIXe siècle.
Après une brève période d'ukrainisation — politique dite d'indigénisation (korenizatsia) — dans les années, se traduisant par le retour à l'ukrainien dans les publications, la réouverture des écoles et des universités avec un enseignement enukrainien et la promotion des cadres nationaux, Staline ne ménage pas les efforts pour réprimer le moindre signe d'un réveil nationaliste ukrainien, interprété comme un rejet du pouvoirbolchevik et une menace à l'intégrité de l'URSS[réf. nécessaire]. Pour contrer le nationalisme ukrainien, le gouvernement soviétique a mené une politique similaire en Biélorussie[65].Symon Petlioura, comme beaucoup d'autres représentants de la lutte de libération nationale, était en exil. En 1926, il fut tué en France par un agent soviétique. De plus desoblasts russes, comme celle deKharkiv, sont intégrées à laRSS d'Ukraine pour renforcer le poids des russophones. Moscou cherche à rattacher fermement l'Ukraine et à en faire une forteresse de l'URSS, selon les mots de Staline[66]. Toute forme de déloyauté de la part des intellectuels, des communistes ou des paysans ukrainiens est éradiquée[66].
Un monument aux victimes de l'Holodomor et des répressions politiques dans l'une des villes d'Ukraine (a été créé après l'indépendance du pays)
Entre et, unesérie de famines et l'intensification de la « dékoulakisation » frappent l'Union soviétique et ravagent particulièrement l'Ukraine, alors que cette région était la plus fertile de toute l'URSS. Entre 2,6[67] et5 millions[68] de personnes meurent des suites de cette famine. Les Ukrainiens l'appellent « Holodomor » ou « l'extermination par la faim ». Bien que le gouvernement soviétique deJoseph Staline ait pris soin de ne jamais écrire qu'il faut « exterminer par la faim » les paysans réticents, les documents déclassifiés montrent qu'il a pour le moins utilisé ces famines, s'il ne les a pas sciemment provoquées, pour briser la paysannerie et le nationalisme ukrainiens[69], même si le peuple russe a lui aussi été victime des mêmes famines. LeParlement européen a reconnu dans une résolution de l'Holodomor comme un « crime effroyable perpétré contre le peuple ukrainien et contre l'humanité »[70].
Après avoir vaincu la principale résistance à la terreur soviétique, la capitale de l'Ukraine a été déplacée de Kharkov à Kiev en 1934.
Des exécutions et desdéportations d'Ukrainiens accusés de nationalisme sont organisées durant lespurges staliniennes de 1937-1939 : plusieurs millions d'Ukrainiens sont exécutés ou envoyés vers descamps de travail soviétiques, comme le sont aussi tous les suspects de nationalisme dit« bourgeois », les Russes en premier. En outre, lemarxisme-léninisme appliqué par le Kremlin prône l'athéisme d'État et s'attaque aux symboles religieux, détruisant les églises et les cathédrales de toute l'URSS et des millions de croyants en majoritéorthodoxes, mais aussi d'autres obédiences chrétiennes, sont envoyés auGoulag. Toutes les religions, même minoritaires (juives, musulmanes), sont interdites.
En septembre et, après le partage de laPologne entre l'Allemagne nazie et l'URSS stalinienne, les régions polonaises à forte minorité ukrainienne (comme laGalicie etLwow, aujourd'hui Lviv) sont annexées par l'URSS et incorporées au sein de l'Ukraine occidentale, conformément aux protocoles secrets dupacte germano-soviétique. SelonSabine Dullin,« ces protocoles secrets qui accompagnent, entre le 23 août et le 28 septembre 1939, le pacte germano-soviétique signé par Staline avec Hitler sont la matrice de la grande guerre patriotique. Ils resteront un véritable tabou jusqu'à la fin de l'Union soviétique. Ce partage impérialiste avec l'Allemagne nazie transgresse en effet le code d'honneur anti-impérialiste et antifasciste porté par le régime [soviétique][71]. » En, c'est le tour de laBucovine du Nord et duBoudjak, pris à laRoumanie d'être pris par l'URSS.
À l'été, l'Ukraine estenvahie par les armées allemandes. À leur arrivée, les Allemands sont reçus en libérateurs par unepartie de la population ukrainienne, surtout celle de la partie de laPologne envahie par Staline en puis intégrée à l'Ukraine. Mais, au fur et à mesure de leur progression vers l'est du pays, et notamment en raison des mauvais traitements infligés à la population[72], lesoccupants allemands rencontrent une forte résistance de la part de la population locale, laquelle perdure jusqu'au retour des Soviétiques en. En représailles, les Allemands traquent lespartisans, et brûlent des centaines de villages et des milliers de maisons avec leurs habitants. Lapopulation juive d'Ukraine est anéantie par l'application de lasolution finale.
À la fin du conflit, le bilan des pertes ukrainiennes est d'environ huit millions de morts dont 1,377 million étaient des militaires[réf. nécessaire].
Quant auxindépendantistes ukrainiens — présents essentiellement dans les régions ouest —, ils continuent une résistance locale armée contre l'URSS jusqu'en.
Le, l’Ukraine devient l’un des membres fondateurs de l'ONU, en y obtenant, en soulignement de son rôle dans la victoire sur le nazisme, avec la Biélorussie, une place distincte de l'URSS. Cette disposition particulière permet à l'Union soviétique de bénéficier de voix supplémentaires dans les votes de l'assemblée générale de l'ONU[73].
Dans les années 1960-1980, dans les années destagnation, en raison d'une répression accrue, le mouvement dissident est devenu actif, qui est devenu le plus massif d'Ukraine par rapport aux autres républiques. Des Ukrainiens célèbres tels queVassyl Stous, Levko Lukianenko, etViatcheslav Tchornovil ont souffert depsychiatrie punitive.
La fin de la période soviétique est marquée en par lacatastrophe nucléaire de Tchernobyl dont le coût humain et financier a été considérable. L'URSS a engagé un énorme travail de décontamination pour atténuer les conséquences de la radioactivité.
C'est seulement vers que lalibéralisation du régime soviétique et la libération des détenus politiques permettent aux Ukrainiens de s'organiser pour défendre leurs droits à la souveraineté. En, le Mouvement national ukrainien,Roukh, est créé. Lors des élections de, les partis ukrainiens du bloc démocratique obtiennent alors environ 25 % des sièges auParlement. Sous l'influence des députés démocrates, le Parlement adopte, le, la Déclaration sur lasouveraineté politique de larépublique d'Ukraine. C'est le premier pas vers l'indépendance complète de l'Ukraine. Celle-ci est proclamée le et confirmée par le référendum du : 92 % des électeurs votent en faveur de l'indépendance[59].
La situation de l'Ukraine, entre laRussie et l'Union européenne, devient difficile dès avec larévolution orange, marquant l'opposition entre deux parties de la société, celle majoritairement pro-européenne et occidentale (surtout à l'ouest du pays) et celle russophile (surtout à l'est du pays). La difficile élection du candidat pro-européenViktor Iouchtchenko marque le début de relations tendues avec laRussie qui n'admet pas la prise de distance de l'ancienne républiquesoviétique, jusqu'alors restée alliée deMoscou. Destensions relatives aux conflits gaziers russo-ukrainiens éclatent dès.
En le pro-russeViktor Ianoukovytch est élu président, mais le courant pro-européen et occidental persiste. À la suite du refus du gouvernement de signer des accords de rapprochement avec l'Union européenne, le renforcement du mouvementEuromaïdan provoque un renversement du pouvoir. Très rapidement, une crise éclate entre les territoires majoritairement russophones du sud-est du pays et le nouveau pouvoir central deKiev.
Le, laCriméeproclame son indépendance, puis à la suite d'unréférendum est rattachée à la fédération de Russie le. Ce référendum et le rattachement qui a suivi ont été condamnés par l'Ukraine et une large part de la communauté internationale[j]. Ainsi, le, l'Assemblée générale de l'ONU[75] a voté larésolution 68/262 sur « l'intégrité territoriale de l'Ukraine », la majorité des pays condamnant le rattachement de la Crimée à la Russie :100 pays dont les États-Unis et l'UE[k].
Une guerre avec la Russie, diteguerre du Donbass, éclate ensuite dans l'est de l'Ukraine, partie du pays majoritairementrussophone, qui entraîne plus de dix mille morts[76],[77].
L'Ukraine est la cible de cyberattaques[78] dont le but est de réduire la légitimité du pouvoir ukrainien et tester de nouvelles cyberarmes, perturbant également l'économie. Les cyberattaques ont pu notamment arrêter des centrales nucléaires et empêcher les distributeurs de billets de fonctionner. Parmi les attaques,NotPetya (un logiciel malveillant) aurait affecté 70 à 80 % des ordinateurs des grandes entreprises[78]. Bien que NotPetya ait été utilisé par la suite pour créer des attaques mondiales, d'après Microsoft, la première infection a eu lieu en Ukraine. Lors de l'annonce des résultats de l'élection présidentielle en, la principale chaine de télévision, victime d'un piratage, a annoncé des résultats erronés[78].
En, l'OSCE, une organisation chargée notamment d’observer le cessez-le-feu en Ukraine a été la cible d’une attaque de grande ampleur attribuée à Moscou[79]. L’OSCE est le seul acteur indépendant capable de documenter des exactions ou de vérifier si les promesses faites par Kiev, les prorusses ou le Kremlin sont mises en application[réf. nécessaire].
Alors que le conflit dans la région du Donbass semble se transformer en conflit de « basse intensité »[réf. nécessaire], depuis le début des combats près d'un million et demi de personnes ont été déplacées, 850 000 à l'intérieur de l'Ukraine, 600 000 en dehors dont 350 000 vers la Russie et 250 000 vers les pays de l'Union européenne[80].
Le, le président russe Vladimir Poutine reconnait l'indépendance des républiques populaires autoproclamées deDonetsk et deLougansk et ordonne à ses troupes de se rendre dans ces parties de l'est de l'Ukraine dans le cadre de ce que le Kremlin qualifie de « mission de maintien de la paix »[81].
bombardement de la maternité de Marioupol par les troupes russes
L'Ukraine demande à adhérer à l'UE le, soit4 jours après le début de l'agression russe. Lors du Conseil Européen du et, les chefs d'État et de gouvernement ont accordé lestatut de candidat à l'Union européenne à l'Ukraine[84].
Le, le président de la fédération de Russie revendique l'annexion, non reconnue par l'ONU[85], des régions ukrainiennes de Louhansk, de Donetsk, de Kherson et de Zaporijjia au cours d'une cérémonie au Kremlin de Moscou[86].
L’Ukraine bénéficie également d'un réseau fluvial étendu, composé principalement par leDniepr (Dnipro), leDniester (Dnister), leBoug occidental, leBoug méridional et leDonets à l'est. LeDanube (Dounay) marque la frontière à l'extrême sud-ouest entre l'Ukraine et la Roumanie.
Au sud, l'Ukraine s'ouvre sur lamer Noire, bordée de nombreux « limans », et où s'avance la presqu'île deCrimée.
Carte ethnique ().Évolution de la population entre et.
Les données liées à l'évolution du nombre d'habitants sont connues pour la période-[88],[89].
D'après le recensement de, la répartition ethnoculturelle des citoyens ukrainiens (sur une base déclarative qui ne correspond pas nécessairement à la langue maternelle) est la suivante :« Ukrainiens » : 77,7 % ;« Russes » : 17,4 % ;« Autres » : 4,9 %. La classification « autres » comprend des minorités linguistiques comme lesBulgares, lesRoumanophones ou lesGagaouzes du Boudjak, ou bien religieuses comme lesJuifs, ou bien les deux comme lesTatars de Crimée (300 000 en[90],musulmans et turcophones). LesRuthènes/Houtsoules sont en Ukraine considérés comme Ukrainiens, et ne sont par conséquent pas répertoriés comme une « nationalité » séparée, le mot « nationalité » (національність) ayant un sens proche d'ethnie et non celui de « citoyenneté » (громадянство), comme en France. Il y aurait donc 75,8 % d'Ukrainiens et environ 1 % de Ruthènes, selon les estimations.
Pourcentage de la population des régions d'Ukraine qui considère l'ukrainien comme sa langue maternelle, selon les recensements effectués en 1959, 1970, 1979, 1989 et 2001.La langue maternelle la plus répandue dans les municipalités d'Ukraine lors du recensement de.Proportion d'habitants de langue maternelle ukrainienne lors du recensement de.Proportion d'habitants de langue maternelle russe lors du recensement de.
L'ukrainien est la seule langue officielle depuis une loi entrée en vigueur le. Elle seule est depuis autorisée à être employée par les autorités et institutions aussi bien nationales que régionales ou locales, ainsi que par les entreprises. La législation prévoit toutefois la possibilité de déroger à cette obligation afin de préserver les« droits des peuples autochtones et des minorités nationales d'Ukraine ».Actuellement[C'est-à-dire ?], l'unique exception reconnue par l'État ukrainien concerne laCrimée, où lalangue tatare est autorisée en tant que« langue du peuple autochtone ukrainien »[91],[92].
Lerusse est très souvent compris par les Ukrainiens. Pour la plupart, ils peuvent parler cette langue couramment en raison de la proximité d'avec l'ukrainien. Cependant, les 17 % de russophones sont surtout présents dans l'Est et le Sud du pays, qui ont fait partie pendant plus de340 ans de l'Empire russe et plus de70 ans de l'URSS, alors que l'ukrainien est largement dominant dans l'Ouest de l'Ukraine, qui a fait partie de laPologne et de l'Autriche-Hongrie[93].
Chez les plus jeunes, surtout dans les grandes villes, le choix de l'anglais en seconde langue devient de plus en plus important. Dans l'Ouest du pays, on trouve des minorités qui parlent le polonais, le hongrois, le biélorusse, le roumain, le grec[l], leyiddish[m], ainsi que le tchèque et le slovaque. Déportés sous Staline après, lesTatars de Crimée qui sont rentrés au pays, essentiellement après, parlent surtout le russe. L’allemand qui jadis était une langue minoritaire — celle des Allemands dans le sud de l'Ukraine — a disparu presque complètement après laSeconde Guerre mondiale etl'expulsion des allemands d'Europe de l'Est. Aujourd'hui, la langue allemande est surtout enseignée à l'université ; elle est considérée comme utile dans le monde du commerce, sans doute la troisième langue étrangère enseignée après le russe et l'anglais.
Depuis le début de laguerre russo-ukrainienne en 2014, et dans une large mesure depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, l'intérêt pour la langue, la culture et l'histoire ukrainiennes a considérablement augmenté dans la société ukrainienne. En même temps, il y a un rejet massif et parfois une hostilité envers la langue russe[94],[95],[96]. Le soutien à l'idée de donner au russe un statut officiel dans toute l'Ukraine ou dans certaines de ses régions a atteint son niveau le plus bas sur toute la période observée[97],[98].
Parallèlement, la Russie poursuit une politique derussification forcée desterritoires ukrainiens qu'elle occupe : dans les écoles, l'enseignement est exclusivement dispensé en russe, même dans les colonies entièrement ukrainophones, et les manuels scolaires ukrainiens sont interdits[99],[100],[101]. Selon un rapport de l'organisation de défense des droits de l'hommeHuman Rights Watch, la Russie endoctrine les enfants scolarisés dans les territoires occupés avec de la propagande anti-ukrainienne, et les fonctionnaires russes ont pris et continuent de prendre des mesures pour éliminer la langue ukrainienne, en violation d'un certain nombre de dispositions du droit international[102]. Lesenfants ukrainiens expulsés de force vers la Russie sont également exposés à la russification[103],[104],[105].
LaConstitution a été adoptée par le Parlement le, après qu'un accord fut conclu entre le Parlement et le président en.
L'Ukraine est unedémocratie parlementaire où les pouvoirs présidentiels sont étendus (quoique réduits au profit du parlement). Leprésident d'Ukraine est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois. Il nomme lePremier ministre avec l'accord de laRada qui est le parlement.
LeParlementmonocaméral (Verkhovna Rada ou plus simplementRada) est composé de450 députés élus au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans (quatre ans avant). Le mode de scrutin est mixte (car il combine à la foisscrutin proportionnel et scrutin majoritaire) jusqu'en puis uniquement proportionnel.
La Cour constitutionnelle contrôle la constitutionnalité des lois et peut être saisie entre autres par la Cour suprême d'Ukraine, le président ou le Parlement.
Alors que la présidence était assurée parLeonid Koutchma, un ancienapparatchik duParti communiste, considéré comme corrompu et lié aux groupesmafieux, la dernière élection présidentielle a eu lieu le et. À la suite de soupçons de fraude et de la pression populaire, plus ou moins spontanée, de larévolution orange, laCour suprême a annulé le résultat du second tour qui donnait vainqueur l'ancienPremier ministreViktor Ianoukovytch surViktor Iouchtchenko. Finalement, c'est ce dernier, jouant la carte de l'Europe et dulibéralisme, qui l'a emporté bien que son adversaire ait maintenu ses solides positions dans l'Est et le Sud du pays, russophones et russophiles. Viktor Iouchtchenko prête serment en.
Il désigne alors comme Première ministreIoulia Tymochenko, femme d'affaires entrée en politique du temps du président Koutchma. Sur fond d'accusations réciproques de corruption, le le président Viktor Iouchtchenko limogea le gouvernement de la Première ministre Ioulia Tymochenko, nommant à sa placeIouriï Iekhanourov, gouverneur de l'oblast de Dnipropetrovsk.
Des commentateurs comme Jean-Baptiste Naudet, reporter auNouvel Observateur ont estimé que l'on peut observer, à travers plusieurs élections, une préférence pour les candidatspro-européens en Ukraine du Nord-Ouest jadis soumise à l'influencepolono-lituanienne, et pour les candidats pro-russes en Ukraine du Sud-Est jadis soumise à la dominationturco-tatare et délivrée de celle-ci par lesCosaques et laRussie.
Les élections législatives qui suivirent ont eu lieu le. Le Parti des Régions du pro-russeViktor Ianoukovytch a obtenu 32,12 % de voix (186 élus), le Bloc deIoulia Tymochenko (BUT) 22,27 % de voix (129 élus) et le Parti présidentielNotre Ukraine 13,94 % de voix (81 élus).
Les partis qui n'ont pu obtenir un minimum de 3 % des voix ne sont pas représentés à laRada[106].
La coalition parlementaire « orange » (Notre Ukraine — Bloc deIoulia Tymochenko (BIT) — Parti socialiste) difficilement constituée après plus de deux mois de débats, a éclaté le, à la suite de la défection surprise du socialisteOleksandr Moroz élu président du Parlement avec le soutien de l'opposition pro-russe. Cette défection a entraîné le ralliement des socialistes à la formation Parti des Régions – Communistes et à la création d'une nouvelle alliance majoritaire (240 sièges sur 450), cette fois dirigée par l'ex-Premier ministreViktor Ianoukovytch.
À la suite des pourparlers entreIouchtchenko etIanoukovytch entamés le, les deux anciens rivaux se sont mis d'accord sur la signature du pacte de l'unité nationale (Universal), qui marque les concessions politiques des deux côtés (entre autres, la soumission au référendum de la question de l'entrée du pays dans l'OTAN). Le groupe du BlocIoulia Tymochenko, jadis un allié de « Notre Ukraine », qui a quitté le siège de laRada le en exigeant la tenue des législatives anticipées, n'a pas signé l'Universal. Il devient donc l'opposition officielle.
Le la Rada a nommé le chef du Parti des régionsViktor Ianoukovytch au poste de Premier ministre ukrainien. La candidature de Ianoukovytch a été appuyée par271 voix, pour 226 requises.
Le, le présidentViktor Iouchtchenko dissout le parlement et provoque de nouvelles élections législatives. Elles eurent lieu le, les résultats étaient les suivants :
leParti des régions du Premier ministre sortant Viktor Ianoukovytch remporte 34,18 % des voix ;
le partiNotre Ukraine — Autodéfense, du président Viktor Iouchtchenko, obtient 14,28 % des voix.
Lors desélections législatives anticipées du, le bloc dirigé par Ioulia Tymochenko arrive en deuxième position avec 30,7 % des voix, gagnant presque huit points par rapport aux précédentes législatives de mars 2006 (22,9 %). Leparti des Régions deViktor Ianoukovytch remporte les élections avec 34,4 % des voix. Après les premiers dépouillements, le « Bloc Ioulia Tymochenko » arrivait en tête et l'OSCE avait déclaré que les élections s'étaient déroulées de manière libre et équitable[107],[108]
Nommée première ministre par le président Iouchtchenko, elle ne parvient pas, cependant, à obtenir la majorité le, obtenant seulement225 voix sur les226 requises.
De nouveau proposée au poste de Premier Ministre, laRada entérine sa nomination à la tête du gouvernement le lors d'un deuxième vote par226 voix sur les 450[109].
Le premier tour de l'élection présidentielle s'est déroulé le. Le chef de l'oppositionViktor Ianoukovytch obtient 35 % des voix, et la Première ministreIoulia Tymochenko 25 %. Le président sortantViktor Iouchtchenko réunit environ 5,5 % des voix.
Viktor Ianoukovytch emporte le second tour du avec 48,95 % des voix contre 45,47 % pourIoulia Tymochenko. L'OSCE a annoncé que le scrutin avait été « transparent et honnête ».
Mykola Azarov, fidèle du président Ianoukovytch, accède au poste de Premier ministre le, à la suite d'une motion de censure votée le contreIoulia Tymochenko.
En, l'Ukraine renonce à signer un accord d'association avec l'Union européenne et« relance un dialogue actif avec Moscou »[110]. Ce revirement entraîne d'importantes manifestations pro-européennes à Kiev rassemblant des centaines de milliers de personnes, l'occupation duMaïdan Nézalejnosti et de la mairie, avec comme mot d'ordre la démission du présidentViktor Ianoukovytch[111].
Au fil des jours, la capitale ukrainienne (Kiev) se transforme en champ de bataille. Les deux premiers décès ont lieu le mardi. La légitimité deViktor Ianoukovytch est d'autant plus remise en cause après la mort de75 manifestants tués par balle le jeudi[112].
Le,Viktor Ianoukovytch quitteKiev pourKharkiv et le régime politique est renversé. Alors que des rumeurs évoquent sa démission, le président dément, refuse de démissionner, parle d'un « coup d'État » qu'il compare à l'arrivée des Nazis en Allemagne. Quelques heures plus tard, le Parlement vote sa destitution et fixe au suivant la prochaine élection présidentielle par328 voix sur 450. Dans le même temps la libération de l'ancienne Première MinistreIoulia Tymochenko est votée etOleksandr Tourtchynov est choisi pour diriger pour quelques mois l'Ukraine par intérim[113],[114].
Les manifestants et la presse ont pu entrer facilement dans laMejyhiria, la résidence de l'ancien président située dans la banlieue de Kiev. Ceux-ci ont été choqués par le train de vie que menaitViktor Ianoukovytch dans celle-ci[115].
En fin de compte, les affrontements ont fait au moins82 morts chez les manifestants et16 morts chez les forces de l'ordre (Berkout)[116].
Après un bref passage par l'Est de l'Ukraine, le président déchuViktor Ianoukovytch s'est réfugié en Russie. Un mandat d'arrêt est lancé contre lui pour « meurtres de masse[117] ».
Parallèlement à ces événements, des manifestations anti-Maïdan se propagent dans les régions du sud et de l'est où Viktor Ianoukovitch avec leParti des régions était majoritaire et où la langue russe est dans certains territoires prédominante comme à l'est du Donbass. Les manifestants protestent notamment contre l'abrogation de la loi sur le bilinguisme[118] et sont favorables au projet de fédéralisation défendu par la Russie pour donner plus d'autonomie à ces régions par rapport aux autorités de Kiev. La guerre éclate dans les oblasts de Donetsk et de Louhansk en de cette même année après la proclamation de l'indépendance des deuxrépubliques populaires. Une guerre qui, en dépit des négociations de Minsk et des tentatives de cessez-le-feu, se poursuivra pendant des années et sera alimentée par un soutien militaire russe aux séparatistes. Le projet de ces derniers est plus radical que la fédéralisation car ils souhaitent la partition du pays[119] pour créer un état sécessionniste pro-russe, laNouvelle-Russie[120], dans le Donbass, voire dans toute cette moitié sud-est de l'Ukraine jusqu'à la Transnistrie en Moldavie.
Le, leConseil suprême de Crimée proclame l'indépendance de larépublique autonome de Crimée, indépendance qui sera entérinée à la suite d'un référendum qui s'est tenu le, et lors duquel la population a voté à une écrasante majorité pour un rattachement à laRussie. Les conditions de ce rattachement ont été critiquées par la communauté internationale.
Les élections du sont marquées par une forte abstention, 18 019 417 d’électeurs, soit 50,8 % des votants[121], mais ce résultat inclut la Crimée et les régions sous contrôle séparatiste, où la participation a été très faible.
Lors de cette élection, les électeurs donnent la victoire àPetro Porochenko, à la majorité dès le premier tour avec environ 54,7 % des voix, soit 9 857 118 sur 17 774 827 bulletins valides, alors queIoulia Tymochenko arrive deuxième avec 13 %.
L'élection présidentielle de- porte au pouvoir l'humoriste et comédienVolodymyr Zelensky, qui, après avoir éliminé dès le premier tourIoulia Tymochenko, pourtant donnée favorite durant toute l'année, récolte 73 % des voix au second tour face à unPorochenko affaibli par cinq années de guerre et de corruption[123]. Se présentant comme un candidatantisystème[124], Zelensky a mené une campagne atypique axée avant tout sur lesréseaux sociaux, jouant de l'identification avec le personnage de professeur d'histoire élu président qu'il incarne depuis dans lasérie téléviséeServiteur du peuple. Ses détracteurs soulignent ses accentspopulistes, son inexpérience et sa quasi-absence de programme[123]. Lors de son investiture le, Zelensky dissout leParlement, oùson parti ne compte aucun député, et provoquedes élections législatives anticipées : cette décision est jugée anticonstitutionnelle par une partie de la classe politique, dont le Premier ministreVolodymyr Hroïsman, qui donne sa démission[125]. Le scrutin, qui a lieu le avec un taux de participation de 49,8 %, donne la victoire au parti de Zelensky avec unemajorité absolue de254 sièges sur 450[126].
Volodymyr Zelensky fait de la lutte contre lacorruption l'un des grands axes de sa présidence : à cet effet, il met en place de nombreuses mesures anticorruption, dont une loi engageant laresponsabilité pénale des fonctionnaires reconnus coupables de déclarations de revenus mensongères. Celle-ci et plusieurs autres sont néanmoins invalidées en par laCour constitutionnelle, qui les juge trop sévères : cette décision provoque des manifestations et une crise constitutionnelle[127]. Zelensky réussit néanmoins à faire passer le une loi visant à limiter le pouvoir desoligarques, riches hommes d'affaires qui influencent la vie publique ukrainienne, en les recensant dans un registre[128]. Les intéressés ont six mois pour cesser leurs activités politiques et vendre leurs médias[127], sans quoi ils sont fichés comme oligarques et soumis à de fortes contraintes (obligation de déclarer leurs possessions, interdiction de financer des partis politiques, de rencontrer en privé des hauts fonctionnaires ou de participer à des privatisations)[128]. Zelensky est toutefois critiqué pour avoir pris la tête de la commission chargée d'établir le registre, ce qui engendre unconflit d'intérêts en raison de ses liens avec l'oligarqueIhor Kolomoïsky. Il est par ailleurs lui-même accusé d'évasion fiscale dans l'affaire desPandora Papers[127].
Sur le plan international, Zelensky entend relancer le dialogue avec laRussie sur la question duDonbass. Le début de son mandat est marqué à cet égard par des succès, dont des échanges de prisonniers sans précédent entre l'Ukraine et le camp prorusse[127] et la restitution par Moscou des trois navires ukrainiens arraisonnés lors de l'incident du détroit de Kertch un an plus tôt[129]. Cette politique de détente mécontente néanmoins une partie de l'opinion publique, qui manifeste dans les grandes villes d'Ukraine pour dénoncer une« capitulation »[130]. Le, Kiev et Moscou n'en signent pas moins le plus long accord de cessez-le-feu depuis le début du conflit[127] : celui-ci est presque aussitôt fragilisé par des tirs en provenance des territoires séparatistes, le, mais Zelensky réaffirme son attachement à l'accord en imputant ces agissements à des« groupes armés illégaux »[131]. En, cependant, un tournant s'opère lorsque la Russie concentre des troupes à la frontière ukrainienne, dans un contexte de violations répétées du cessez-le-feu. Rompant avec sa position conciliante, Zelensky se tourne vers l'OTAN et l'Union européenne, considérant que l'adhésion de l'Ukraine à ces organisations est« la seule façon de mettre fin à la guerre dans le Donbass ». Après quelques semaines de tensions,Sergueï Choïgou annonce le début du retrait des troupes russes le[132], mais celles-ci se réinstallent massivement à la frontière en fin d'année. Malgré la réaffirmation par Zelensky de sa volonté de négocier directement avecMoscou, et l'ouverture de discussions avec lesÉtats-Unis et les partenaires européens[133], Vladimir Poutinelance finalement son armée à l'assaut du pays en. Le conflit perdurant, lesélections législative etprésidentielle initialement prévues en octobre 2023 et mars 2024, sont reportéessine die[134].
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Soldats ukrainiens tués lors de la guerre russo-ukrainienne en 2022[135].
Lesforces armées ukrainiennes sont la cinquième force armée au monde en termes de personnel actif et d'effectifs totaux, avec le huitième budget de défense au monde, et elles exploitent également l'une des flottes de drones les plus importantes et les plus diversifiées au monde[136]. En raison de laguerre russo-ukrainienne, qui se poursuit en 2025, les forces armées ukrainiennes ont été décrites comme étant "les plus aguerries d'Europe"[137], mais elles ont subi de nombreuses pertes[138]. L'armée ukrainiennereçoit une aide militaire importante de la part des pays de l'OTAN et de l'Union européenne lors de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Les ressourcesminières (fer,charbon,uranium,potasse, etc.) jouent également un rôle important. L'économie est caractérisée par une forte inflation et des rendements économiques encore un peu faibles.
Du point de vue commercial, son principal partenaire économique reste la Russie, même si l'Ukraine s'efforce de se tourner vers les pays de l'Union européenne géographiquement proches d'elle. Le pays joue un rôle important dans la distribution gazière européenne. En, en dépit de laguerre du Donbass, l'Ukraine reste dépendante de la Russie pour 21 % de ses importations et 12 % de ses exportations[80].
La monnaie nationale, lahryvnia, a été introduite en et a contribué à réduire l'hyperinflation qui régnait alors.
De à, le PIB s'est effondré de 60 %, passant de467 milliards de dollars internationaux à172 milliards, puis est remonté à312 milliards jusqu'à la crise de, depuis laquelle le PIB a tendance à diminuer irrégulièrement (PIB en :292 milliards de dollars internationaux)[140].
En, le gouvernement prit la décision d'accélérer le processus d'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), cependant les résultats ne furent pas aussi bons que prévu. L'objectif était d'entrer dans l'OMC en (le seul pays s'y opposant étant leKirghizistan), entrée qui fut effective le.
La crise politique de 2006 aurait pu affecter l'économie ukrainienne en raison de la longueur de la désignation du Premier ministre. Les investisseurs ne furent pas vraiment effrayés et l'économie résista bien. La croissance du PIB en était de 9 % comparé à, la production industrielle a augmenté, le secteur bancaire s'est étendu, grâce à l'arrivée de banques européennes. En 2009, à la suite de la crise financière, le PIB ukrainien a chuté de 15 %, l'une des pires performances économiques enregistrées pendant cette période. Grâce aux exportations, la croissance a repris en, mais les conditions extérieures sont susceptibles d'entraver les efforts pour la reprise économique en[141].
Le conflit armé a eu un impact non négligeable sur l'activité économique du pays, le PIB baissant de 6,6 % en, puis de 9,8 % en pour se redresser légèrement en (2,3 %). De à, le PIB a ainsi connu une baisse de 49 % ne totalisant que93 milliards de dollars en pour 183 en[80]. L'instabilité politique du pays constitue également un terrain défavorable pour les investisseurs étrangers[80].
Le réseau routier comprend 169 652 kilomètres de routes dont 47 000 kilomètres de routes nationales et 122 000 kilomètres de routes locales. La proportion de voies rapides est faible (0,28 kilomètre par km2 soit 6,6 moins dense qu'en France) et le pays ne dispose que de280 kilomètres d'autoroutes. Ce réseau routier, qui est en très mauvais état, fait l'objet de gros investissements en 2020 et 2021 pour commencer à le remettre à niveau.
Transports ferroviaires
Plan du réseau ferré ukrainien.
L'Ukraine dispose d'un des plus grands réseaux ferroviaire d'Europe avec 20 952 kilomètres de voies ferrées dont 9 926 kilomètres sont électrifiés. Comme tous les pays issus de l'éclatement de l'Union soviétique l'écartement est de typevoie large. Le ministère des infrastructures ukrainien estimait en 2019 que 97 % du parc roulant devait être modernisé ou remplacé. La compagnie de chemins de fer nationaleUkrzaliznytsia prévoyait en 2021 d'investir321 millions de dollars dans la réparation de400 kilomètres de voies et la modernisation800 kilomètres ainsi que dans l'électrification de plusieurs itinéraires[143].
Le transport ferroviaire international joue un rôle important car il est utilisé par 60 % des exportations en (le deuxième d'Europe) et s'élevait à 164,025 milliards de tonnes-kilomètres. Le réseau est relié à ceux de laRussie, de laBiélorussie, de laMoldavie, de laRoumanie, de laHongrie, de laSlovaquie et de laPologne, avec conversion voie large russe/voie normale européenne pour ces quatre derniers pays.
Les principales villes d'Ukraine disposent d'un réseau de transports en commun lourd hérité en partie de l'époque soviétique. Lemétro de la capitale Kiev, est le plus important avec une longueur de67 kilomètres (1,32 million de passagers quotidiens). Les deux autres réseaux de métro se trouvent àKharkiv (38,5 km) etDnipro. Par ailleurs une quinzaine de villes disposent d'un réseau de tramways[144].
Transport maritime et fluvial
Terminal containers du port d'Odessa.
18 ports de commerce étaient recensés en, gérés par l'Autorité portuaire d'Ukraine sur sa façade maritime le long de lamer Noire et de lamer d'Azov. En, ils ont transporté 132,18 millions de tonnes de marchandises. Le plus important est celui d'Odessa, sur lamer Noire.
Le réseau fluvial comprend 1 672 kilomètres de voies fluviales répartis sur neuf fleuves. LeDanube, leDniepr et lePripiat forment l'essentiel du réseau. Ces voies d'eau gèlent en hiver (de décembre à mars).
Aéroports
Les principaux aéroports d'Ukraine sontKiev-Boryspil (15 millions passagers en) etKiev Jouliany (2,6 millions passagers) qui desservent la capitale du pays,Lviv (1,8 million passagers),Donetsk,Odessa (1,3 million passagers) etSimferopol (6,8 millions passagers, situé sur le territoire occupé par la Russie). Il existait en412 infrastructures aéroportuaires.
Oléoducs et gazoducs
Le pays dispose d'un réseau étendu oléoducs et de gazoducs qui acheminent principalement les produits pétroliers et le gaz naturel russes vers le territoire national et l'Europe occidentale. Depuis le milieu des années ces infrastructures sont au centre d'unconflit qui oppose l'Ukraine à la Russie.
L'industrie touristique du pays a besoin d'investissements pour se moderniser, mais elle continue de contribuer stratégiquement à l'économie de l'Ukraine. En, la part du tourisme dans le PIB a atteint 28,8 milliards de UAH, soit 2,2 % du PIB, tout en générant directement 351 500 emplois (1,7 % des emplois totaux)[146]. En, plus de23 millions de visiteurs étrangers ont visité le pays.
L'Ukraine possède de très nombreux sites touristiques dans tout le pays, un littoral sur lamer Noire avec des plages nombreuses et très populaires, des châteaux historiques, des parcs, des sites viticoles, ainsi qu'un nombre important de musées répartis dans l'ensemble du pays, et notamment dans les grandes villes deKiev,Odessa, Donetsk etLviv. Les symboles les plus connus restent lacathédrale Sainte-Sophie et lemonastère Saint-Michel avec ses toits dorés à Kiev, ainsi que le site antique deChersonèse àSébastopol (Crimée). Le massif desCarpates, dans l'Ouest, offre des stations de ski ainsi que des sentiers de randonnée pédestre.
Le premier théâtre professionnel ukrainien a été fondé ici, et la ville possède un riche patrimoine architectural néoclassique. Pendant l'Holodomor et lesGrandes Purges, les officiers de l'OGPU et duNKVD enterraient secrètement les personnes enlevées et tuées sous de fausses accusations dans des fosses communes à l'intérieur de la forteresse. Ce sujet est resté tabou et ne pouvait même pas être abordé en privé. En parler ou en faire mention dans la presse exposait l'auteur à des risques d'emprisonnement et detorture dans des hôpitaux psychiatriques avec le soutien duKGB, jusqu'à la chute du totalitarisme en 1991[148],[149].
Pendant laSeconde Guerre mondiale, cette forteresse fut le théâtre de crimes de guerre nazis de masse. Plus tard, un complexe commémoratif, appelé le Panthéon de la Gloire Éternelle, fut construit à son emplacement. La pièce maîtresse du mémorial est la statue de la Patrie, devenue un symbole des mères ayant perdu leurs enfants victimes des crimes des régimes totalitaires[150]. Située dans le centre historique de la ville, c'est l'attraction touristique la plus populaire de la région. Sa particularité réside dans le fait qu'elle couvre plusieurs époques de l'histoire du pays et se situe au carrefour de plusieurs itinéraires touristiques[151],[152],[153].
Lac Noir, Oblast de Kirovohrad
Parmi les attractions naturelles, la Forêt-Noire, près de la ville deZnamianka, au centre du pays, est célèbre pour son lac Berestuvate, ou lac Noir, qui, selon les scientifiques, s'est formé pendant la période glaciaire et serait « sans fond ». Dans sa partie la plus profonde, des chercheurs ont découvert trois, voire cinq couches de sédiments. C'est le seul lac préhistorique d'Ukraine[154]. La ville elle-même présente un fort potentiel commercial, de développement et d'expansion territoriale. Non loin de Znamianka, à 10 km au sud, se trouve égalementMochoryne, célèbre pour être le lieu de naissance de Semen Klimovsky, l'auteur de la chanson folkloriqueUn cosaque chevauche au-delà du Danube[155].
Les problèmes d'environnement en Ukraine provoquent une baisse de l'espérance de vie[157]. Le journaliste Dmytro Kouzoubov note en que le pays est confronté à d’importants défis environnementaux : fragilité de la protection desnappes phréatiques, qui pourraient être victimes d'une pollution massive en provenance des mines, importante pollution (soufre,plomb,cadmium, etc.) liée aux armes utilisées pendant les combats, destruction des forêts et des sols pour l'extraction clandestine de l'ambre, abattage clandestin des forêts, absence de gestion desordures ou encore menaces sur le niveau et la qualité duDniepr[158].
L'Ukraine a connu dans le courant de l’été de nombreux feux de forêts, tout comme sa voisine russe.
Cette vague commence avecIvan Kotliarevsky qui en publie le poèmeEneyida (ukrainien :Енеїда), qui est considéré comme la première œuvre en ukrainien moderne. Sa pièce de théâtreNatalka Poltavka est devenue un classique de la littérature ukrainienne. Elle est jouée encore aujourd’hui dans de nombreux théâtres de l’Ukraine.
Mais c’est l’œuvre deTaras Chevtchenko, fils de paysansserfs qui a eu la chance d’être libéré et de recevoir de l’éducation, qui marque véritablement la renaissance littéraire ukrainienne. Parmi d'autres écrivains ukrainiens :Ivan Franko etLessia Oukraïnka.
D'autres écrivains ukrainiens ont par ailleurs influencé la littérature russophone dont le plus célèbreNicolas Gogol, est sujet de dispute entre Ukrainiens et Russes.
Sujet des interdictions et de la censure tsariste, la littérature de la langue ukrainienne vécut une brève période de renaissance dans les années que l’on appelle la « renaissance fusillée » car beaucoup de ses représentants furent exécutés lors des purges staliniennes et d’autres emprisonnés dans des camps duGoulag. Ce fut le cas notamment deVassyl Stous, poète, traducteur et membre du groupe Helsinki. Arrêté en, il fut déporté au goulag où il mourut en, dans une cellule d'isolement.
Après la fin de l’URSS et l’indépendance de l’Ukraine, la littérature ukrainienne connaît une nouvelle renaissance, limitée par la crise économique et par la russification des grandes villes de l’Est de l’Ukraine.
Le cinéma ukrainien est à la fois partie prenante ducinéma soviétique et un cinéma original, attaché à la terre et à l'histoire ukrainienne. Certains auteurs accordent ainsi au cinéma ukrainien un développement parallèle et indépendant du cinéma soviétique, d'autres fixent son essor véritable au lendemain de l'indépendance du pays, en.
L'histoire du cinéma ukrainien débute de manière précoce, en. C'est aussi l'une des cinématographies qui a presque disparu durant les années, avec la chute de l'URSS. Depuis, elle connaît un renouveau important.
La télévision se diffuse en Ukraine principalement dans les années, où, très contrôlée, elle sert principalement à la diffusion de programmes patriotiques soviétiques. La télévision indépendante prend son essor avec lachute du communisme en.
De nombreuses chaînes et groupes de télévision, privés ou publics, diffusent en Ukraineactuellement[C'est-à-dire ?].
monument à l'auteur de l'une des chansons folkloriques les plus célèbres "Le Cosaque traversa le Danube"
La musique ukrainienne est essentiellement vocale et polyphonique depuis l'avènement de ce style dans la musique liturgiqueorthodoxe auXVIe siècle. Pendant longtemps les musiciens à la Cour dutsar et dans les chœurs orthodoxes étaientUkrainiens. Les instruments n'apparurent que pour accompagner les chanteurs.
Levarenyky (Вареники) est un plat ukrainien traditionnel populaire et très ancré dans la cuisine ukrainienne. Ressemblant à desraviolis, ils sont cependant plus volumineux et très similaires auxpelmeni russes, auxpierogi polonais voire auxbuuz mongols. Leur farce est constituée généralement de pommes de terre, mais il y a de nombreuses déclinaisons : fromages, fraises, cerises, champignons, choux, voire plusieurs combinaisons entre elles.
Le gâteau de Kiev (en ukrainien : торт « Київський ») est à base denoisettes et demeringue.
Le catholicisme représente 9 % de la population, soit environ quatre millions de fidèles[162]. Il est surtout pratiqué selon lerite byzantin.
D'autres confessions chrétiennes issues duprotestantisme ou encore l'Église apostolique arménienne sont aussi représentées mais en très petit nombre, environ 1 %. L'islam, qui est principalement la religion desTatars de Crimée, réunit moins d'1 % des croyants et lejudaïsme moins de 0,5 %.
↑Depuis son indépendance en 1991, l'Ukraine n'a plus de forme longue pour son nom, ce que la Constitution de 1996 a confirmé.
↑Après la partie européenne de la Russie (4 320 025 km2). LeKazakhstan, laTurquie, leDanemark (avec le Groenland) et laFrance (avec la Guyane) sont également plus étendus dans leur ensemble, mais les parties de ces pays situées exclusivement en Europe sont plus petites que l'Ukraine.
↑Louys Moreri,Le Grand Dictionnaire historique ou Le Mélange curieux de l'histoire sacrée et profane, tome 2, partie 2, Jean Girin et Barthelemy Riviere, Lyon, 1683, s.v.Ukraine, page 1246 : « Ukraine. Province de Pologne, ainsi nommée, parce qu'elle est proprement sur les frontières de la Moscovie & de la petite Tartarie » (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5712657f/f541.item lire en ligne])
↑En 1991, lors du démantèlement de l'URSS, l'Ukraine disposait du troisième plus gros arsenal nucléaire au monde. Depuis l'envoi vers la Russie des dernières armes nucléaires pour être démantelées en 1996, l'Ukraine ne dispose plus de la force nucléaire.
↑Le référendum ayant abouti au rattachement de la Crimée n’a pas été reconnu par une majorité de pays à l'ONU (100 pour la résolution,11 contre,58 abstentions).
↑Pour mémoire, car cela n'a pas d’incidence sur le mode de fonctionnement de l'ONU, au regard de la population de ces pays, l'addition des populations des100 pays ayant voté « pour l'invalidité du référendum » représente 33,8 % de la population mondiale, l'addition des populations des58 pays qui se sont abstenus représente 58,2 % de la population mondiale ; cette observation est essentiellement due au fait que la Chine et l'Inde, pays les plus peuplés du monde, avec chacun environ1,5 milliard d’habitants, se sont abstenus. Les11 pays qui ont voté « contre l'invalidité du référendum » — autrement dit « pour sa validité » — représentent quant à eux 4,5 % de la population mondiale : principalement, la Russie, la Biélorussie, la Corée du Nord. Ces pourcentages sont issus de l'article en anglais :United Nations General Assembly Resolution 68/262 dans lequel apparaît le détail des noms des pays concernés par chaque vote ; le solde à 100 % correspond aux24 pays absents de l'assemblée générale ce jour-là, soit 3,6 % de la population mondiale.
↑В. М. Горобець Русь «після Русі». Між короною і булавою. Українські землі від королівства Русі до Війська Запорозького // Воєнно-політичні місії Остафія Дашковича «КСД», Серія «Історія без цензури» Х; 2016 (298 с.)
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↑Mélinée Le Priol et Malo Tresca, « La guerre rebat les cartes de l’orthodoxie ukrainienne »,La Croix,,p. 2(lire en ligne)
Un article bibliographique spécifique serait utile(mars 2023). Compte tenu du nombre d'ouvrages ou d'études relatives au sujet de l'article, il serait utile de créer unarticle bibliographique spécifique. On ne garderait alors dans l'article que les ouvrages biographiques ou de référence principaux, ainsi que ceux utilisés pour écrire l'article.
Piotr Archinov,La Makhnovchtchina - l'Insurrection Révolutionnaire en Ukraine de 1918 a 1921, Les Amis de Spartacus,, 256 p.(ISBN978-2902963621) — Histoire du mouvement révolutionnaire anarchiste ukrainien de 1918.
Anne Applebaum,Famine rouge : la guerre de Staline en Ukraine, Paris : Bernard Grasset,, 503 p.(ISBN9782246854913) — La grande famine déclenchée par la collectivisation des terres par le régime soviétique.
Alexandra Goujon,Ukraine : de l'indépendance à la guerre, Paris : Le Cavalier Bleu,(ISBN979-1-03-180499-6) — Portrait de l'Ukraine contemporaine à rebours des clichés et des idées recues.
Sophie Lambroschini, « Genèse, apogée et métamorphoses du présidentialisme clientéliste en Ukraine »,Revue d'études comparatives Est-Ouest,vol. 39,no 2,,p. 117-148(lire en ligne)
Analyse de phénomène de clientélisme dans le monde politique ukrainien de l'indépendance du pays jusqu'au mandat de Viktor Iouchtchenko (post révolution Orange) .Article en ligne
Andrei Kourkov,Le journal de Maidan, Paris : Liana Levi, 281 p.(ISBN9782867467332) — Andreï Kourkov s’est rendu sur le Maïdan de Kiev occupé par les manifestants. Son journal, établi à partir de notes prises sur le vif, raconte un quotidien en temps de révolution et livre un regard à la fois politique et intime, décalé et émouvant, sur les événements qui secouent son pays
Olha Ostriitchouk :Les Ukrainiens face à leur passé, P.I.E. Peter Lang, Bruxelles 2013(ISBN978-2-87574-035-9)
Jacques Benoist-Méchin,Ukraine - Le fantôme de l'Europe ; Monaco (Éditions du Rocher, en coédition avec Valmonde), 1991; 153 pages, dont 2 cartes.(ISBN2-268-01287-5) (réédition d'un texte de 1939, augmenté de documents politiques relatifs à l'histoire des territoires ukrainiens 1917-1939; présentation parÉric Roussel).