L'US Navy fait suite à Continental Navy, établie pendant la révolution américaine et démobilisée au terme du conflit. Après que les pirates Barbaresques, basés à Alger, ont mis la main sur plusieurs navires et leur cargaison, et réduit leurs équipages en esclavage, le Congrès des États-Unis d'Amérique vote le Naval Act de 1794. Ce texte lance la construction de six frégates, les premiers bateaux de l'US Navy. Par la suite, celle-ci joue un rôle important lors de la guerre civile américaine en établissant un blocus autour des ports Confédérés et en assurant le contrôle des fleuves et rivière navigables. L'US Navy joue un rôle central dans l'engagement américain lors de la Seconde Guerre mondiale, notamment dans les affrontements contre le Japon impérial ou lors du débarquement de Normandie.
Plus d'un demi-million d'hommes et de femmes en font partie, que ce soit en service actif (226 551 au[1]) ou dans laréserve.
Sonbudget est, en 2015, au premier rang des branches des forces des États-Unis avec147,7 milliards dedollars américains dont22 milliards consacrés à laconstruction navale et aux systèmes maritimes[2].
Pavillon provisoire de l'US Navy, premier de son histoire et remis à l'honneur du à 2019 dans le cadre de laguerre contre le terrorisme.Pavillon de 1776 jusqu'en 2002 et de nouveau en vigueur depuis 2019. Le nombre d'étoiles évoluant au fil de l'entrée de nouveauxÉtats des États-Unis.
Afin de faire face aux débarquements des troupes britanniques, l’assemblée coloniale deRhode Island décide, le, de construire des bâtiments de guerre. Le, leCongrès des États-Unis charge un Comité de la Marine, précurseur du futur ministère, de créer une flotte de guerre pour les treize colonies. Peu après, il voit ses attributions étendues à l’ensemble des affaires maritimes. Mais faute de temps, il choisit d'armer les bateaux de commerce, pour constituer finalement une flotte corsaire.
Pour monter de toutes pièces une marine militaire, l’organisme administratif, dirigé par lecommodoreEsek Hopkins, s’inspire de ce qu’il connaît déjà – le modèle britannique – et fait appel à d'ex-marins de laRoyal Navy. Parmi eux, le jeunelieutenantJohn Paul Jones, montré en exemple à des générations d’officiers de Marine américains, pour sa formule restée célèbre : « Without a respectable Navy, alas America ! »[3].
Les fournitures font défaut et un seul navire de ligne, l’America, est mis à l’eau pendant le conflit. Un nombre impressionnant de bâtiments de commerce armés y suppléent : les petitesfrégates,corvettes, bricks et autresgoélettes. Mais le savoir-faire en matière d’artillerie, pour armer ces navires de commerce, pose un problème, si bien que les insurgés se tournent vers la marine française, qui va leur réclamer l’America, en remplacement d'un navire français perdu durant la guerre, afin de mieux rester indispensable aux Américains.
Lescorsaires américains, à l’image de John Paul Jones, ont aussi mené uneguerre de course efficace. Au total, environ65 navires (neufs, convertis ou capturés) servirent sous les couleurs américaines et onze survécurent à cette guerre.
Après l'indépendance des nouveaux, le congrès américain, entre autres pour raisons financières, décida la dissolution de la Continental Navy et des Marines, négligeant l’expérience des chantiers navals de la côte Atlantique qui, depuis un siècle, construisaient des navires pour laRoyal Navy. Le dernier navire de la Continental Navy, leUSS Alliance, fut vendu à un financier le.
Le, le congrès américain vote à nouveau des crédits militaires, cette fois pour la construction de douze navires de guerre, car à l'issue de laguerre d'indépendance, en 1784, les Anglais avaient conservé l'essentiel de leurs navires de guerre. Les Américains ont surtout des navires marchands, qu'ils tentent d'armer à nouveau[6]. Le Congrès américain porte le la première « taxe directe » sur les propriétaires terriens et la détention d'esclaves. Ces nouvelles taxes, ensuite étendues aux maisons à 2 millions de dollars pour financer la construction d'une marine de guerre[7], sont brocardées par la « Fries Rebellion » de 1799[8] dans le sud de laPennsylvanie du nom de John Fries, qui organise un groupe armé de 400 hommes pour s'y opposer[9].
Malgré cet effort, la marine américaine reste embryonnaire, avec seulement14 bâtiments de guerre, dont neuf frégates, appuyés par365 navires-corsaires, pour la plupart des navires marchands de la côte est. Des captures de navires marchands et plusieurs combats navals durèrent jusqu'à ce que la France duConsulat s'accorde à un règlement honorable, laRéparation aux dégâts des pirates français, qui se produit simultanément à lavente de la Louisiane.
C'est l'émergence de lapiraterie des années 1800 dans la Caraïbe, avec ses grands aventuriers commeJean Lafitte ouLouis-Michel Aury, et d'un trafic commercial élargi mais risqué, comme le montrent les valeurs produites par le port de Cuba entre 1797 et 1801, une partie venant des prises des corsaires français attaquant les navires américains commerçant avec Saint-Domingue[10] :
Année
1797
1798
1799
1800
1801
Tonnage
32,5
46,1
76,5
84
116,6
Selon le consul américain àSaint-Domingue,Edward Stevens, quelque 1 500 « pirates »[11] embarqués sur trente-sept pinasses[12] attaquaient les bâtiments marchands américains se rendant à Saint-Domingue.
En1801, les dey deTripoli et ses alliés de la Côte des Barbaresques déclarèrent lapremière guerre barbaresque aux États-Unis qui ne voulaient plus payer de tribut pour le passage de leurs navires. Cela entraîna l'envoi d'une escadre enmer Méditerranée. Le traité de paix du libère les États-Unis de ce tribut, au prix de deux navires perdus. À compter de cette date, une escadre américaine mouillera en Méditerranée en permanence, exception faite de la période de la guerre de Sécession. Mais uneseconde guerre barbaresque éclata au printemps1815 et une expédition navale fut menée par Decatur contre le dey d’Alger.
Laguerre de 1812 vit pour la dernière fois des navires américains affronter laRoyal Navy, à nouveau par le biais descorsaires, mais aussi avec ses frégates. LeUSS Constitution demeure le plus célèbre navire de la guerre de 1812 en remportant plusieurs combats navals, dont deux contre des frégates anglaises. Sur un total de24 affrontements en mer entre navires de l'US Navy et Royal Navy, les navires américains remportèrent seize victoires contre huit pour les Anglais.
Au début de la guerre, les États du Sud peuvent compter sur un tiers des officiers américains, qui quittent l'armée pour rejoindre celle des États du Sud mais seulement 4 % du tonnage de la flotte militaire et 10 % de celle de lamarine marchande passent sous le pavillon desÉtats confédérés d'Amérique[13].
L'US Navy avait été conçue, à l'origine, pour tenir tête à son ancien ennemi, laRoyal Navy. Bien que d'une taille moyenne au début des hostilités, avec seulement90 navires à voiles et àvapeur, elle se développa rapidement, compta386 bateaux portant 3 027 canons fin 1862, et remplit sesmissions de blocus des ports desÉtats confédérés d'Amérique et de soutien aux forces terrestres en déployant entre autres des unités demarine fluviale à l'intérieur des terres de façon satisfaisante dont l'escadre du fleuve Mississippi.
On vit durant cette guerre les premiers combats decuirassés et l'utilisation desous-marins par laConfederate States Navy qui bien qu'étant extrêmement dangereux pour leur propre équipage, coulèrent ou endommagèrent28 navires fédéraux. L'US Navy captura 1 551 bâtiments de commerce et en détruisit355 durant cette guerre[14].
Après cette guerre, la Marine vit la majorité de ses navires désarmés et son effectif tomber à seulement deux mille officiers et dix mille marins.
Labataille de la baie de Manille en 1898, sept navires américains coulèrent10 navires espagnols sans aucune perte.LaGrande flotte blanche en décembre 1907. Le tour du monde effectué par cette escadre permit de montrer la nouvelle puissance navale de l'US Navy.
En1882, la marine ne comptait que138 navires dont seulement57 employés en service actif[15].
En1890, l’US Navy n’est encore que la sixième flotte du monde, avec 122 000 tonnes.
La faiblesse de celle-ci par rapport aux autres nations fut critiquée et en1890, leNaval Policy Act (Conseil de politique maritime), nommé par le secrétaire de la MarineBenjamin Tracy affirma la nécessité pour les États-Unis d’avoir une flotte puissante non seulement pour ses défenses côtières mais aussi pour protéger ses routes commerciales. Ses recommandations ne furent pas entièrement suivies mais on s’orienta néanmoins avec leNaval Act de 1890 vers une politique plus ambitieuse, lebudget de la Marine passant de75 millions dedollars en1880 à725 millions en1910.
Un chasseur de sous-marins de laclasse SC-1 àBrest le devant un navire de transport et un navire de ligne américain. Ces petits navires de85 tonnes pour 34 m de long furent construits à441 exemplaires entre 1917 et 1919.Canon lourd de14 pouces sur voie ferrée àThierville, septembre 1918. Cinq de ces engins servis par des canonniers de la marine américaine ont été utilisés durant les trois derniers mois de la guerre.
En 1912, il y avait 3 094 officiers et 47 515 marins dans l'US Navy ; au, l'effectif était passé à 4 293 officiers et 54 234 marins et des plans étaient en cours pour accroître celui-ci tandis que des centaines de navires de tous types étaient en commande face aux incertitudes que faisaient peser la guerre en Europe[16].
Comme le montre le tableau ci-dessus, les États-Unis possédaient une flotte de haut bord qui n'avait plus rien à voir avec les bâtiments légers qui dominaient lors de la guerre de 1898, les déficiences constatées à l'époque dans le domaine destransmissions ou du tir à la mer ont été largement corrigées.
Le budget de la marine en 1914 était l'équivalent de 3,06 milliards defrancs valeur 1930 (Marine française : 3,2 milliards de francs, marine britannique : 6,4 milliards de francs à la même date)[17].
Aprèsl'entrée en guerre des États-Unis dans la Première Guerre mondiale le la marine américaine qui disposait au total de197 navires de guerre participa très vite à lalutte anti-sous-marine et à la protection des convois lors de labataille de l’Atlantique. Il fut décidé qu'elle défendrait et patrouillerait dans l'hémisphère occidental, tandis que la Royal Navy continuerait son action anti-sous-marine autour des îles britanniques avec l'aide que pourrait lui fournir l'US Navy. Celle-ci ne se fit pas attendre : six destroyers gagnèrentCobh (alors Queenstown) enIrlande dès le. Le, il y avait35 destroyers américains dans cette base. À la fin de la guerre,383 bâtiments de guerre américains se trouvaient en Europe et la flotte compta plus de 2 000 navires et 533 000 officiers et matelots contre 67 000 début 1917.
On arrêta dès le mois de un programme de construction denavire de ligne lancé en 1916 pour construire en priorité250 destroyers et400 chasseurs desous-marins.
Les convois de troupes américaines pour l’Europe furent si bien défendus qu’il n’y eut à déplorer aucune perte de navires chargés de troupes, hors un paquebot britannique parti du Canada, ce qui constitue un succès remarquable.
Les pertes humaines sont de431 tués et819 blessés pour l'US Navy, 2 461 tués et 9 520 blessés pour lesMarines, ces derniers s'illustrant sur le front de l’Ouest la première fois lors de labataille du bois Belleau[20]. Il faut rajouter à ces chiffres192 tués dans l'US Coast Guard[21] et 629 dans lamarine marchande[22].
La marine marchande américaine qui totalisait trois millions detonneaux en 1914 a perdu 389 000 tonneaux entre 1914 et 1918 mais 4 030 949 tonneaux étaient construits aux États-Unis.
Il faut noter également le développement de l’aéronavale durant ce conflit. Au, celle-ci était encore à ses balbutiements et comptait seulement45 aviateurs navals. Il y avait des officiers de la marine, du corps des Marines, et la Garde côtière qui avaient reçu une formation spécifique à l'intérieur et étaient attachés à l'aviation. Il y avait environ200 élèves officiers en formation, et environ 1 250 hommes du rang attachée au Service de l'aviation. Au, il y avait823 aviateurs navals, environ 2 052 élèves officiers, et400 agents de terrain attachés à l'aviation navale. En outre, il y avait plus de 7 300 mécaniciens formés et plus de 5 400 mécaniciens en formation. Les effectifs totaux mis en service à ce moment était d'environ 30 000. Des hydravions et ballons dirigeables patrouillaient des deux côtés de l'Atlantique.
Depuis1922, la plus grande partie de la flotte se trouve dans l'océan Pacifique, une grande partie de la flotte issue de la Grande Guerre est désarmée.
Lacrise de 1929 et les économies budgétaires dans lebudget de la défense qui s'ensuivent la touchent avec beaucoup d'amplitude, même si elle demeure moins touchée que l'United States Army, son budget étant toutefois en 1930 le premier au monde, avec un triplement par 1914 avec l'équivalent de 9,25 milliards de francs (Royal Navy : 6,98 milliards de francs). Elle expérimente le concept dedirigeable porte-avions avec trois exemplaires en service mais la destruction de l'un d'entre eux signe la fin de ceux-ci.
Elle est alors divisée en deux flottes très inégales en quantité et qualité[26] :
l'United States Fleet avec :
La Battle Force, qui compte les cuirassés modernes, les porte-avions, une division de croiseurs et trois ou quatre divisions de destroyers. Elle estbasée àPearl Harbor, àHawaï.
LaScouting Force, qui comprend le reste des croiseurs et plusieurs destroyers, opère dans l'Atlantique et les Caraïbes. Elle dispose en outre d'une escadre d'entraînement qui compte les trois plus vieux cuirassés et huit destroyers.
La Submarine Force, dont les sous-marins sont répartis équitablement sur les deux océans.
La Base Force, ou le Train, qui regroupe les navires auxiliaires répartis entre l'Atlantique et le Pacifique.
L'Asiatic Fleet, créée en 1902 mais qui existe sous différentes appellations depuis1835, est basée enChine et comprend :
La South China Patrol, avec 19 destroyers basés à Chefou (Chefoo ouYantai)[réf. nécessaire].
En1933, avec l'élection deFranklin Delano Roosevelt à laprésidence des États-Unis, un net redressement apparaît. Son but est de porter la flotte au niveau autorisé par letraité de Washington de 1922 dont elle est loin. En décembre de cette année, elle se composait en effet de372 navires, déplaçant 1 038 660 tonnes, soit 150 000 tonnes sous les limitations du traité[27].
On note entre 1934 et1939 un accroissement notable, surtout en ce qui concerne les croiseurs et les destroyers. Mais les prévisions montrent qu'il faudrait attendre 1944 pour arriver au niveau souhaité.
Quand laguerre sino-japonaise éclate en1937, l'Asiatic Fleet est rapatrié auxPhilippines alors que survient un incident préfigurant les combats à venir.
Lors de l'avancée japonaise surNankin, la canonnièreUSS Panay participant à l'évacuation des ressortissants étrangers de la ville est délibérément coulée à la suite de l'action du colonel de l'armée impériale japonaiseKingoro Hashimoto[28] qui après avoir canonné sans résultat le navire la veille fait appel à l'aviation le pour l'envoyer par le fond. Membre d'unesociété secrète dont le but est d'éliminer toute influence civile dans legouvernement japonais, il estimait nécessaire pour cela de provoquer une guerre avec les États-Unis.
Malgré la mort de deux marins et d'un civil, l'affaire ne dégénère pas car le gouvernement de Tokyo exprime immédiatement des excuses et offre des réparations et d'autre part l'isolationnisme américain soutenu par l'immense majorité de l'opinion publique empêche toute éventuelle réaction militaire.
La Scouting Force deviendra Atlantic Squadron en, composé à l'origine d'un porte-avions, de quatre vieux cuirassés, de quatre croiseurs lourds et d'une flottille de destroyers. Elle sera le noyau de l'Atlantic Fleet formée le.
Avec le déclenchement de laSeconde Guerre mondiale qui avait vu l'Allemagne dominer l'Europe continentale et l'impérialismejaponais devenir de plus en plus actif en Asie et dans le Pacifique, leSénat des États-Unis avait voté le leNaval Expansion Act, connu aussi sous les noms deLoi Vinson-Walsh ouTwo-Ocean Navy Act, suivi d'autres lois de programmation qui attribuèrent des crédits considérables pour accroître la flotte de 70 %, la construction de 1 325 000 tonnes de navires de guerre, l'achat ou la conversion de 100 000 tonnes de navires auxiliaires et monter les effectifs de l'aéronavale à 15 000 appareils contre moins de300 avions embarqués, plus ou moins modernes, et une soixantaine de grandshydravions en. LeDestroyers for Bases Agreement signé le voit le transfert de 50 destroyers connut collectivement sous le nom deClasse Town à la Royal Navy.
Le, l'United States Fleet basé dans le Pacifique prend le nom de Pacific Fleet.
Des mesures visant à aider leRoyaume-Uni sont prises, tout en restant neutre. En échange de lacession à bail de bases dans les Caraïbes et au Canada, la Royal Navy reçoit 50 destroyers américains construit entre 1917 et 1920 connus sous le nom deClasse Town ; la « zone de neutralité » sous la protection des États-Unis inaugurée en 1939 est portée au26e méridien. Elle oblige lesU-Boots à limiter leurs attaques dans la partie orientale de l'Atlantique. En marge duprêt-bail, leGroenland est placé le sous protection américaine et le, des troupes américaines prennent la relève des forces britanniques enIslande.
D'avril à, trois cuirassés, un porte-avions, quatre croiseurs et deux flottilles de destroyers sont transférés du Pacifique à l'Atlantique (soit 20 % de la flotte du Pacifique).
En, un pas supplémentaire de la plus haute importance est franchi. Des navires de l'US Navy participent à l'escorte desconvois dans l'Atlantique nord et entre dans laseconde bataille de l'Atlantique.
Le, unU-Boot endommage gravement le destroyerUSS Kearny. Le 31, c'est l'USS Reuben James qui est coulé par un sous-marin allemand. Simultanément, ungroupe aéronaval composé du porte-avionsUSS Ranger et de deux cuirassés surveille le débouché dudétroit de Danemark (entre l'Islande et leGroenland), susceptible d'être emprunté par des bâtiments de laKriegsmarine. Si le cuirassé de pocheAdmiral Scheer n'avait pas été victime d'une avarie de machines, on aurait probablement assisté à un premier engagement naval germano-américain, plus d'un mois avant l'attaque japonaise. Le présidentFranklin Delano Roosevelt se refuse cependant à pousser les choses à l’extrême ; le plus souvent, il néglige de faire parvenir à la Marine américaine les interceptions des messages de la machineEnigma transmises par les services britanniques.
Lescuirassés de la Flotte du Pacifique étant coulés ou très sérieusement endommagés, l'US Navy dut concevoir une stratégie originale avec les moyens qui restaient à sa disposition. Les porte-avions devenant de facto lenavire capital.
Le « Silent Service », le service silencieux des sous-marins américains, qui ne représentent que 2 % de l'US Navy et dont la tactique reposait sur la discrétion, a déploré la perte totale de66 unités dont 43[29] du fait des forces japonaises[N 1]. ont eu un rôle important et assez méconnu en étranglant l'économie japonaise.
Ils intervinrent dès le début des opérations, alors que les Japonais étaient les maîtres du Pacifique. De concert avec les sous-marins britanniques etnéerlandais, les289 sous-marins américains coulèrent 1 178 navires marchands soit 4 800 000 tonnes et201 bâtiments de guerre (dont8 porte-avions,15 croiseurs,45 destroyers,25 sous-marins) pour la perte de52 unités en lançant un total de 14 748 torpilles, lesquelles étaient jusqu'en mi-1943 en grande partie défectueuses. Ainsi la flotte marchande de l'empire du Japon qui était de six millions detonneaux en 1941 était réduite à 312 000 tonneaux à la capitulation en 1945[30],[31].
Au total, les pertes se sont élevées à 36 950 marins et 19 733 Marines tués et 37 778 marins et 68 207 Marines blessés[34] ; les pertes humaines à bord des porte-avions américains (hors celles des avions perdus en vol) ont été de 4 636 morts et 4 068 blessés[35]. Au moins 488 navires de l'US Navy de tout type furent détruits durant ce conflit[36] et 16 512 avions détruits[37] :
Pertes en navires (navires non réparés, toutes causes confondues)[38] : (On notera que tous les navires capitaux (cuirassés et porte-avions d'escadre) furent coulés en 1941-1942)
Le, lors de lacapitulation du Japon, l’US Navy, avec ses98 porte-avions et ses 40 000 avions, constitue 70 % du tonnage mondial[39]. En l’espace d’un an, le nombre de porte-avions est réduit à 23 et celui des avions à 14 637. L’aviation embarquée est guettée par une obsolescence rapide, tandis que lesUSAAF étaient entrées dans l’ère de l’aviation à réaction et dubombardement stratégique nucléaire… lequel ne ferait qu’une bouchée des porte-avions, ces mastodontes démodés. L’administrationTruman partage ce point de vue et fait voter leNational Security Act en1947.
L’année suivante, le premiersecrétaire à la Défense, l’amiralJames Forrestal bataille pour imposer la construction de quatre « super porte-avions », dont le premier serait l’USS United States de 65 000 tonnes[N 2], alors que le nombre de navires en ligne passé de 1 194 à 267 et celui des porte-avions de 98 à 15. L’opposition de l’US Air Force, qui met en avant sonbombardier intercontinentalB-36Peacemaker, met fin à la construction (commencée 4 jours plus tôt) de l’United States le. Par contre, trois porte-avions de 45 000 tonnes[N 3] de laclasse Midway sont construits : leMidway, leFranklin D. Roosevelt et leCoral Sea, ainsi quelques croiseurs antiaériens de 13 000 à 17 000 t. ainsi que plusieurs destroyers et escorteurs. Les principales améliorations par rapport à laclasse Essex sont un pont d’envol renforcé faisant partie intégrante de la superstructure et l’embarquement des premiers jets, comme leFH-1Phantom, opérationnel en1947.
LeUSS Missouri declasse Iowa traversant lecanal de Panama le ; les navires de guerre américains sont prévus pour pouvoir utiliser cette voie de communication vitale pour le déploiement de leur flotte. Seuls les porte-avions géants échappent à cette règle depuis les années 1960.
Dès la Seconde Guerre mondiale terminée, on assista à une démobilisation très rapide des forces américaines. Pour la Marine, on désarma607 gros navires dont quasiment tous les cuirassés et 1 233 unités légères dont plusieurs centaines sont mises en réserve sous « cocon », c'est la16e flotte, mouillée dans sept baies de la côte est des États-Unis.
La flotte active se résume à la fin des années 1940 à deux grands ensembles :
Flotte de l'Atlantique :12 porte-avions,1 navire de ligne,16 croiseurs,79 destroyers et35 sous-marins.
Flotte du Pacifique :8 porte-avions,1 navire de ligne,15 croiseurs,79 destroyers et35 sous-marins[40].
L'ensemble reste imposant et les navires beaucoup plus puissants qu'au début de la décennie.
L'offensive de laCorée du Nord communiste sur laCorée du Sud qui débute le est une surprise pour les gouvernements occidentaux et la réaction initiale desÉtats-Unis qui avaient démobilisé leur gigantesque appareil militaire après1945 est assez désordonnée et brouillonne, envoyant les maigres unités disponibles quioccupaient alors le Japon sous la direction deMacArthur. À la différence des grandes batailles aéronavales de laSeconde Guerre mondiale, laguerre de Corée (et les conflits futurs) voient un changement dans le rôle des porte-avions. EnCorée, ces derniers servent essentiellement de bases aériennes flottantes, hors de portée des forces ennemies. L’aviation embarquée sert, non à attaquer la flotte ennemie, mais à détruire des cibles terrestres, venant en aide aux troupes au sol.
Deux porte-avions, l'USS Valley Forge declasse Essex et le britanniqueHMS Triumph sont envoyés en urgence sur les côtes ouest deCorée, enmer Jaune, pour tenter de soutenir la maigrearmée sud-coréenne écrasée par les blindés de l'armée populaire de Corée. LeValley Forge lance le premier raid aérien depuis un porte-avions de ce conflit le :36 avions (dont8 jetsF9FPanther) surPyongyang, suivi par21 avions duTriumph sur un aérodrome deHaeju. Le jour suivant, des attaques aériennes sont lancées contre des ponts situés dans la même zone. Les deux porte-avions, désignés TF 77, se déplacent sur la côte est, enmer du Japon, et soutiennent le le débarquement de troupes àPohang tout en détruisant uneraffinerie de pétrole àWonsan.
Les pilotes de l’US Navy et desMarines effectuent 8 800 sorties aériennes (dont 6 500 par desCorsair, 1 600 par desAD Skyraider et 700 par desF9FPanther) pour défendre les troupes alliées retranchées àPusan.
Du 6 au, l’US Navy et laRoyal Navy appuient avec les porte-avionsBadoeng Strait,USS Boxer (remplacé le mois suivant par leLeyte),Valley Forge,Sicily,Philippine Sea lavictoire décisive à Incheon, sur la côte ouest de laCorée du Sud en effectuant 3 200 sorties aériennes puis en octobre, avec le cuirasséMissouri et le porte-avionsHMSTheseus(en) (remplaçant leTriumph) les forces de l'ONU engagées au-delà du fleuveYalou en collaboration avec l'USAF et les unités de chasse duCommonwealth[N 5].
Du 9 au, les avions duValley Forge et duPhilippine Sea détruisent desponts sur la rive nord-coréenne duYalou et leursF9FPanther abattent3MiG-15. Durant la période janvier-mai1951, les appareils des porte-avions passent graduellement du rôle d'appui aérien à celui d’interdiction aérienne contre des objectifs dans la profondeur autour du38e parallèle nord (essentiellement des ponts et des voies de chemin de fer). Plus de 33 000 sorties sont effectuées, qui entraînent la perte de69Corsair,8AD Skyraider,4F9FPanther et2F7FTigercat.
Plusieurs de ces missions sont restées célèbres. À partir du, leUSS Princeton lance une série d’attaques parAD Skyraider afin de détruire des ponts entre Kilchu et Songjin, qui durent un mois sous le commandement dulieutenant commander Harold Carlson et seront connues en tant que « Battle of Carlson's Canyon ». Le,6AD Skyraider et5Corsair duPrinceton bombardent le barrage d’Hwachon sans dommages mais, le jour suivant,8AD Skyraider et12Corsair sont plus chanceux en utilisant d’anciennes torpilles de laSeconde Guerre mondiale, empêchant les forces chinoises d’utiliser le barrage pour inonder des zones stratégiques deCorée du Sud[41].
Plus tard dans le déroulement de la guerre, les officiels américains réalisent que des frappes aériennes plus agressives sont nécessaires. Ils commencent à approuver des raids sur les infrastructures industrielles et militaires enCorée du Nord, tel celui duModèle:Datet-, mené conjointement par les avions embarqués de la TF 77, desmarines et de l’US Air Force contre4 centrales électriques à Suiho, Chosin, Fusen et Kyocen, privant le pays de 90 % de sa capacité énergétique. Concernant les infrastructures militaires, des attaques aériennes massives sont menées de juillet à août1952 contre des garnisons àPyongyang (plus de 1 200 sorties des avions de l’US Navy, desmarines, de l’US Air Force et de l’aviation britannique et canadienne le et 1 400 autres le), si bien que la capitalenord-coréenne perd tout intérêt militaire pour les Communistes.
Durant les six derniers mois du conflit, les missions declose air support augmentent à nouveau, jusqu’à l’armistice du 27 juillet 1953. Au total,36 porte-avions participent un moment ou un autre à cette première guerrechaude de laguerre froide. Parmi eux, laRoyal Navy voit quatre porte-avions légers deClasse Colossus se relever l'un après l'autre dans ce conflit jusqu'en1952. De leur côté, seulement quatre des quinze porte-avions américains déployés lors du conflit sont engagés simultanément. Cependant, ils totalisent 275 000 sorties[N 6] (soit seulement 10 000 de moins que durant toute laSeconde Guerre mondiale) avec la perte de564 avions, dont8 abattus par desMiG-15.
Par ailleurs,684 autres avions sont perdus durant les opérations embarquées, dont les accidents de catapultage et d’appontage. Un total de5 navires (4 chasseurs etdragueurs de mines et unremorqueur) seront coulés durant ce conflit par desmines marines et87 endommagés par des mines et l'artillerie côtière adverse[44].
Sans l’importantappui aérien apporté par l’aviation embarquée, il est peu probable que les Alliés aient été en mesure de repousser les forces chinoises et nord-coréennes sur le38e parallèle nord. L’un des effets de l’expérience coréenne est qu’une marine forte est à nouveau appréciée dans les hautes sphères : à la fin de la guerre, le nombre de bâtiments en ligne est passé de 267 à plus de 1 000, avec notamment la remise en service de porte-avions de laSeconde Guerre mondiale.
Le cuirasséUSS Mississippi servant de bâtiment d'essai sous l'immatriculation AG-128, tirant un missile SAM-N-7 Terrier entre 1953 et 1955.
Avec l'avènement de la réaction, lesavions de combat deviennent désormais transsoniques et bientôt supersoniques. La menace aérienne pour les forces navales s’accroît en conséquence et l'artillerie antiaérienne classique, même avec télépointage par radar, ne suffit plus à ladéfense antiaérienne. Lesmissiles surface-air prennent donc leur essor pour y suppléer.
En matière demissile antinavire, les États-Unis ne les développèrent qu'après l'Europe et l'URSS lorsque ceux-ci furent leurs preuves. LeAGM-84 Harpoon entre à service en 1977.
La marine s'intéresse dès1946 à l'énergie de propulsion fournie par unréacteur nucléaire, permettant de se passer d'un combustible volumineux et lourd, et dotant le bateau ainsi équipé d'unepropulsion nucléaire navale d'une autonomie quasi illimitée. Des physiciens (telPhilip Abelson) ayant participé auprojet Manhattan développent alors cette nouvelle technologie. Sous la conduite de l'amiralHyman Rickover, les États-Unis se lancent en 1949 dans un programme qui permet dès 1954 le lancement du sous-marinUSS Nautilus (SSN-571).
Une petite série de bâtiments d'escorte, croiseurs et grands destroyers, à propulsion nucléaire, allait suivre :
leUSS Bainbridge (CGN-25), nomenclature d'origine DLGN-25, construit également auchantier naval Fore River de Quincy et entré en service en 1962 : il s'agit de la dixième frégate (Destroyer Leader) de laclasse Leahy, mais à propulsion nucléaire ; comme les neuf autres frégates, elle est armée de deux rampes doubles de Terrier (80 missiles en tout) et d'un lanceur de missiles de lutte anti sous-marineRUR-5 ASROC.
le DLGN 35Truxtun (1964) : c'est la dixième frégate (Destroyer Leader) de la classe Belknap, mais à propulsion nucléaire ; avec pour armement antiaérien des engins guidés (une rampe double de Terrier) et pour armement ASM, un lanceur ASROC.
les CGN-38 à 42 (Virginia,Texas,Mississippi,Arkansas, et un dernier, ni nommé, ni construit) de laclasse Virginia. Lancés entre 1976 et 1980, ces croiseurs sont une amélioration de la classe California. Ils portent deux rampes doubles de missilesRIM-24 Tartar/Standard MR.
L'US Navy rencontre des difficultés à développer une flotte d'escorteurs océaniques à propulsion nucléaire. Du côté des bâtiments de surface, il y a en effet un certain blocage dans ce mode de propulsion. Par exemple, jusqu'en 1975, l'Enterprise sera le premier et le seul porte-avions nucléaire. Face aux coûts de construction et de mise en œuvre, la marine américaine revient à la propulsion classique pour ses deux porte-avions suivant. Le deuxième porte-avions à propulsion nucléaire, l'USS Nimitz (CVN-68), n'est mis en chantier qu'en 1968, pour n'entrer en service qu'en 1975. Du côté des bâtiments d'escorte, il faut remarquer que, bien souvent, il s'agit de micro-série (deux ou quatre unités) tandis que lesBainbridge etTruxtun n'auront pas de suite. Tous ces grands bâtiments d'escorte à propulsion nucléaire seront retirés du service dans les années 1990 et, hormis les porte-avions, il n'y a plus, dans les années 2010, d'autres bâtiments de surface à propulsion nucléaire.
Dans le domaine des sous-marins en revanche, lesous-marin nucléaire connaîtra un vif succès et, depuis le retrait de service duUSS Blueback (SS-581), le, la totalité des sous-marins de combat des États-Unis est à propulsion nucléaire.
En, un total de 200 sous-marins, de 23 porte-avions et croiseurs et un navire marchand (leNS Savannah) à propulsion nucléaire auront été construits aux États-Unis.
Concernant l'armement nucléaire, les premières bombes atomiques destinées à l'aéronavale sont embarquées sur des navires à partir de 1954. Elles seront rapidement suivies par une large gamme d'armes nucléaires tactiques allant du missile surface-air à la charge anti-sous-marine.
Les années 1960 voient l'apparition desmissiles mer-sol balistiques stratégiques embarqués à bord d'uneflotte de sous-marins nucléaires lanceurs d'engins atteignant un maximum de 41 unités dès 1967. Ils deviennent l'un des piliers de la dissuasion nucléaire des États-Unis en raison de leur discrétion. Les États-Unis pendant la majeure partie des années 1970 et les années 1980, ont déployé environ un quart de la totalité de leurstock d'armes nucléaires en mer, essentiellement dans l'Atlantique. Le record date de 1975, quand 6 191 armes sont à flot, mais en 1990, il y avait encore 5 716 armes en mer. Soit plus que la taille de l'ensemble de l'arsenal nucléaire des États-Unis depuis 2007[45].
Avec la fin de la guerre froide, la décision de retirer unilatéralement les armes nucléaires tactiques embarquées a lieu en 1989 conduisant au retrait desSUBROC la même année, lesASROC et desRIM-2 Terrier sont retirés en 1990. Les bombes pour avions sont débarquées entre 1992 et 1993[46] et la flotte de SNLE réduite à 14.
Les derniers missiles de croisière BGM-109ATomahawk Land Attack Missile - Nuclear (TLAM-N) sont retirés du service entre 2010 et début 2013[47].
Unmonitor de la Mobile Riverine Force utilisant dunapalm.
En 1966 et 1968, l'USS Long Beach fut déployé pendant laguerre du Viêt Nam, principalement en piquet Radar, ou il guida de nombreux raids. Ce fut également la première utilisation du missile à longue portéeRIM-8 Talos en opération, où le CGN-9 Long Beach abattit 2Migs. L'USSChicago fut lui aussi crédité d'un Mig.
Pour assurer ses missions auViêt Nam parcourue par de nombreux cours d'eau, la marine américaine mit sur pied une nombreusemarine fluviale baptisée « Brown-water navy » reprenant le concept desDinassaut de la marine française durant laguerre d'Indochine.
La majorité de cette flotte était englobée dans laMobile Riverine Force(en) basé àTân An dans la province duLong An qui appuyé par une brigade de la9e division d'infanterie américaine et une unité d'hélicoptère patrouillait dans les principales rivières du delta duMékong, et le déploiement de troupes et de bateaux, dans les opérations d'assaut en profondeur dans les plus étroits ruisseaux et canaux.
Avant même que les porte-avions soient engagés officiellement, unRF-8Crusader de reconnaissance est abattu le au-dessus duLaos. Le pilote est capturé mais réussit à s’évader. Le, 3canonnières nord-vietnamienne attaquent ledestroyerMaddox dans leseaux internationales dugolfe du Tonkin. Deux jours plus tard, leMaddox et l’USS Turner Joy auraient été à nouveau attaqués[49], par les mêmes canonnières. En représailles, le, 60 avions desUSS Ticonderoga etConstellation bombardent à Vinh les installations côtières de laRépublique démocratique du Viêt Nam (ou Nord-Viêt Nam), soutenue matériellement par lebloc de l'Est et la République populaire deChine (opération Pierce Arrow).
De bien des façons, l’utilisation des porte-avions auViêt Nam est similaire à celle durant laguerre de Corée. Dans les deux cas, l’aviation embarquée est utilisée pour des missions de typeclose air support et d’interdiction des lignes de ravitaillement. De même, dans les deux conflits, des restrictions sont placées sur les cibles pouvant être attaquées, si bien qu’auViêt Nam, la puissance aérienne (basée sur porte-avions ou à terre) est ineffective : de1965 à1968,Hanoï et le port d’Hải Phòng sont intouchables. De plus, la plupart des bases aériennesnord-vietnamiennes ne sont pas attaquées avant avril1967. Les sites demissiles sol-air disséminés dans des zones civiles sont hors-limites jusqu’en1968, tout comme une zone tampon de 45 km le long de la frontièreNord-Viêt Nam-Chine.
Pour les missions de bombardement, le Nord-Viêt Nam est divisé en 7 zones : les zones II, III, IV, and VI-B, le long des côtes nord-vietnamiennes sur legolfe du Tonkin sont assignées à l’US Navy. Deux zones de mouillage des porte-avions sont créées en1965 : « Yankee Station », au nord et « Dixie Station », au sud, destinée au soutien des troupes au sol auSud-Viêt Nam.
Le, unF-4Phantom duConstellation abat unMiG-21. En raison d’une activité aérienne réduite au-dessus du Nord-Viêt Nam, il s’agit de la seule bataille durant la période1969-1971.
Le, le plus important engagement aérien du conflit a lieu. UnF-4J Phantom surnommé « Showtime 100 » duConstellation abat 3MiG-17, faisant de leurs 2 pilotes les seuls as du conflit pour avoir descendu 5 ou plus avions ennemis[53]. Le même jour, les pilotes deF-4JPhantom de l’US Air Force abattent 3 autresMiG.
Si les porte-avions américains n'eurent pas à subir d'attaques, des accidents endommagent trois bâtiments, causant plusieurs morts. L'accident de l'USS Oriskany a lieu le lorsqu'un feu d'un leurre aumagnésium se déclenche dans le hangar du porte-avions, naviguant alors au sud de lamer de Chine méridionale causant 44 morts.Un autre incendie, sur leForrestal se déclenche sur son pont d'envol le et touche les munitions. Au bout de 8 heures, le bilan est lourd : 132 morts, 2 disparus et 62 blessés. Le, à bord de l'USS Enterprise, uneroquette Mk-32 Zuni explose, tuant 27 marins, en blessant 34 et détruisant 15 avions. L'Enterprise est réparé à temps pour participer en avril1975 à l'évacuation aérienne deSaïgon.
Plusieurs bâtiments américains sont déployés en mer Méditerranée lors de laGuerre des Six Jours, menée parIsraël enÉgypte, mais n'y participent pas. C'est au cours de ce conflit qu'a lieu notamment l'incident de l'USS Liberty, navire attaqué par l'armée de l'air israélienne et qui perd plusieurs dizaines de ses marins lors de l'assaut. La version officielle décrit une erreur d'identification de la cible par les Israéliens mais les survivants affirment que la longue attaque était consciente.
Après les coupes dans lebudget de la Défense après la fin du conflit vietnamien, l'administrationReagan décide de renforcer les forces armées des États-Unis et prévoit uneMarine de 600 navires.
L'invasion de la Grenade en 1983 vit la première grande opération militaire américaine depuis 1975 et le dernierdébarquement de vive force de grande envergure avec l'appui d'un groupe aéronaval et d'un amphibie transportant une unité demarines.
Le nombre de navires de combat est en diminution constante après l'apogée de laSeconde Guerre mondiale où l'US Navy compta fin 1945 pas moins de 95porte-avions mais la Marine des États-Unis reste de très loin la première du monde après avoir durant laGuerre froide été talonnée par laMarine soviétique. Dans le cadre d'économies budgétaires demandées par l'administrationClinton, le nombre de bâtiments de combat, amphibies et de soutien a été réduit à 300 en2000 au lieu des 450 prévus par l'administrationBush père en1992, déjà réduite sur les 600 prévus par l'administrationReagan en1981.
Groupe aéronaval de l’USS Abraham Lincoln en2000.Exercice de débarquement de la Marine américaine, sur l'île caribéenne néerlandaise deCuraçao.
En effet, elle est passée en2006 sous le seuil des 260 navires de guerre alors qu’elle alignait 568 unités en1987. Pour stopper cette déflation, l’US Navy compte se doter de 32 nouveaux navires en plus des navires normalement prévus, pour compenser les retraits, ce qui paraît douteux dans les conditions actuelles. Tous les programmes d’équipement ont pris de un à trois ans de retard.
LeFleet Response Plan oblige depuis à ce qu'au moins sixgroupes aéronavals sur les douze alors disponibles soient prêts à appareiller à tout moment, en l'espace de trente jours maximum, et que deux autres soient prêts à appareiller en l'espace de 90 jours. Auparavant, les groupes aéronavals appareillaient à intervalles réguliers, et chaque déploiement avait une durée fixée de six mois (le déploiement des forces était donc entièrement prévisible). Si cette organisation était efficace durant laguerre froide, elle n'est aujourd'hui plus d'actualité.
Au niveau aéronaval, les derniersF-14Tomcat ont été retirés du service et remplacés par lesF/A-18E/FSuper Hornet, évolution duHornet, qui avec celui-ci composeront la totalité des avions de combat de la flotte. Une évolution de ce dernier est en cours de mise au point pour remplacer les avions deguerre électroniqueEA-6BProwler qui verront néanmoins leur vie prolongée jusqu’en2012/2015 ; cettestandardisation devrait permettre d’effectuer de grosses économies delogistique et d’entraînement des pilotes et mécaniciens. Les convertiblesMV-22-AOsprey commencent à entrer lentement en service sur les navires d’assaut. Le programme duF-35 prend beaucoup de retard et n'est pas opérationnel en2014, ce qui pose un problème à l’USMC dont les derniersAV-8B Harrier II aurait dû être retirés du service à la même époque.
Dans la catégorie descroiseurs, après le retrait des cinq premiers exemplaires non modernisés de laclasse Ticonderoga, la situation doit rester stable avec vingt-deux unités dont plusieurs sont équipés à partir de 2006 demissiles antibalistiques dans le cadre de laMissile Defense.
Pour compenser le retard du programme des grandsdestroyers futuristes de laclasse Zumwalt qui à l’origine devait compter trente unités et se limitera finalement à trois exemplaires en raison du coût énorme de ces navires (2,3 milliards dedollars l’unité) et qui devaient en principe remplacer lesclasse Spruance dont les derniers ont été désarmés en2005, l’US Navy a commandé plusieursArleigh Burke supplémentaires. Cette classe comprendra donc finalement 70 unités (28 Flight I et II, 34 Flight IIA, 8 Flight III).
Le programme defrégatesfurtiveLittoral combat ship destiné à remplacer les dernières frégatesclasse Oliver H. Perry a pris aussi du retard et il est peu probable que les 56 unités prévues soient construites. Deux LCS flight 0 du projetLockeed Martin et deux LCS flight 0 du projetGeneral Dynamics aurait dû être construites mais des problèmes de dépassement de coût ont fait arrêter temporairement le chantier du troisième exemplaire et à la fin de 2008 que le modèle définitivement choisi n'est toujours pas arrêté.
Le programme des grandsLPD declasse San Antonio a pris trois ans de retard, alors que douze transports de troupes devaient être livrés entre 2003 et 2010, on ne verra finalement que neuf navires entrer en service en 2006 et 2010.
Le nombre desous-marins nucléaires d'attaque sera réduit à 48 unités (au lieu de 54). Laclasse Virginia, qui devait comprendre entre quinze et trente unités, a été commandée, en, à dix-huit exemplaires. Le Congrès américain cherche à augmenter la cadence pour atteindre les deux par an.
Les quatorzeSNLE de laclasse Ohio armés de 24missiles Trident II seront encore théoriquement en service dans les années 2010 tandis que les quatreSSGN ex-SNLE de la même classe dont le premier est opérationnel depuis 2006 apporte une puissance de feu considérable et un soutien auxforces spéciales qui sera sans doute apprécié par lesétats-majors intéressés.
Fin2007, l’US Navy a publié un document de travail duvice-amiral John Morgan, « Three Futures, One Navy, A Portfolio Analysis », qui propose trois scénarios renforçant les capacités amphibies (dès lors que les LHD à pont continu sont dotés duF-35B) au détriment des porte-avions :
une flotte à 263 navires (dont douze porte-avions et 13 LHD) destinée à combattre un adversaire d’égale puissance ;
une « shaping force » à 534 navires (dont six porte-avions et 24 LHD) adaptée aux opérations de coalition (la 1000-ships Navy) ;
une « balanced force » à 474 navires (dont neuf porte-avions et 23 LHD), destinée à remplacer l’actuel plan de construction navale sur 30 ans (2008-2037) à 313 navires comprenant onze à douze porte-avions et 31 LHD[55],[56].
Il est annoncé à cette date qu’en 2020, 60 % de la flotte sera déployé dans la zone Asie-Pacifique contre alors 50 % dans l’Atlantique et 50 % pour le Pacifique.
En, sur les 283 navires et sous-marins de l'US Navy, 101 sont en permanence déployés, dont 52 en moyenne dans le Pacifique occidental. 42 des 52 navires qui sillonnent en permanence le Pacifique ont leur port d'attache àYokosuka, à Guam, et depuis le début des années 2000 a Singapour[58].
En 2017, 440 officiers de marine d'active et à la retraite - dont 60 amiraux - font l'objet d’enquête pour corruption. Ils auraient accepté des pots-de-vin, des séjours dans des hôtels luxueux et des prostituées en échange d’informations classifiées sur les mouvements de la flotte américaine données à un homme d'affaires malaisien[59].
L'examen quadriennal de la défense (Quadrennial Defense Review(en)) de 2010 donne entre autres le format alors prévu des forces pour la période allant de2011 à2015[60]. Voici les prévisions pour l'US Navy, mais celle-ci ont évolué à la baisse depuis :
Dans les années 2010, le budget de la Navy reste le premier des différentes armées et avoisine 9 % du total des dépenses d'armement mondial[61].
La suprématie navale américaine se reflète dans sa technologie : armement, navigation, transmission, gestion informatisée du champ de bataille, catapultes pour porte-avions à « pont plat » qui permettent d'utiliser des avions semblables à ceux basés à terre[61].
Début2010, la marine présente au Congrès des États-Unis un nouveau plan de développement à trente ans, qui comprend de profondes évolutions par rapport aux dernières prévisions de 2005 et tient compte de l'orientation de l'administration Obama vers l'Asie-Pacifique[62]. L'objectif est de disposer de 301 bâtiments en2040.
La flotte de porte-avions nucléaires (PAN) devrait être à cette date de dix unités ; douze SNLE de nouvelle génération armés de seize missiles stratégiques devraient remplacer les quatorzeclasse Ohio. En termes de coûts, cela représente pour chaque PAN 30 milliards de dollars entre sa construction et son fonctionnement, soit 0,6 milliard de dollars pour chacune des 50 années de son fonctionnement. Le total des 6 milliards de dollars pour les 10 PAN représentant pour comparaison un sixième du budget français de la défense en 2016[61].
Selon le plan de construction actuel, le nombre de sous-marins d’attaque va passer en dessous des 48 sous-marins exigés en2022 et connaître un minimum de 41 en2028. La pénurie va se poursuivre jusqu’en 2034[63].
Seuls troisclasse Zumwalt seront en service et priorité est donnée aux destroyersArleigh Burke dont un minimum de 70 seront construits et au programmeLittoral combat ship qui devrait comprendre 66 unités contre 55 précédemment. En 2014, devant l'inflation du coût de ce programme, ce dernier chiffre a été abandonné et l'on parle d'un maximum de 32 unités[64].
Le projetCG(X)(en) de nouveau croiseur devant remplacer les Ticondegora n'est plus à l'ordre du jour et les deux bâtiments de commandement de laclasse Blue Ridge(en) ne seront pas remplacés après leur retrait prévu en2029.
Les porte-hélicoptères d'assaut et les transports de chalands de débarquement doivent être au minimum de 33 unités pour assurer la projection de deux brigades de Marines. 23Joint High Speed Vessel (JHSV), navires rapides de transports de troupes avec un potentiel de capacités supplémentaires devraient être construit, le premier étant leFortitude (JHSV 1)(en)[65]. Pour leur batellerie, 73 aéroglisseursShip-to-Shore Connector seront livrés à partir de 2020 pour remplacer lesLCAC en service depuis 1986[66].
Concernant les navires de soutien, le plan prévoit unestandardisation autour de deux classes de navires, des ravitailleurs polyvalents du type T-AKE (dont fait partie laClasse Lewis and Clark de 14 unités livrées entre 2006 et 2012 et une nouvelle classe depétroliers ravitailleurs àdouble coque dont 20 unités sont prévues, laclasse John Lewis anciennement T-AO(X) dont la construction a débuté en.
Trois Maritime Prepositioning Squadrons, dotés chacun d'un transporteur ravitailleur (T-AKE), une nouvelle plateforme de débarquement et un navire roulier doivent être mis en place[67].
↑Contre 392 000 sorties pour les appareils de l’US Air Force
↑L’Abraham Lincoln se séparait des équipages duCarrier Air Wing Fourteen (CVW-14) et en était alors à 286 jours de navigation, attendu le à sa base.
↑Le fanion dit « Homeward Bound » constitue une tradition de la marine américaine, qui remonte aux temps des navires à voile. Il est présenté sur les vaisseaux qui ont effectué un séjour outremer de plus de neuf mois, lorsqu'ils rentrent dans le premierport desÉtats-Unis où ils vont s'ancrer. Sa longueur est d'unpied par membre d'équipage, pourvu que cette longueur ne dépasse pas celle du bateau. Lors de l'arrivée au port, le fanion est coupé. Le bleu revient aucapitaine, et le reste est remis aux hommes.
↑Le monde caraïbe: Défis et dynamique. Tome II. Géopolitique, intégration, par Christian Lerat, page 112 (contribution de Maria-Elena Orozco-Melgar, professeur à l'université de Bordeaux))
↑History of United States Naval Operations in World War II: The Rising Sun in the Pacific, 1931-April 1942, Samuel Eliot Morison, University of Illinois Press, 2001,(ISBN0-252-06973-0)p. 28