Cliché en magnésium monté sur bois des années 1970.
Latypographie (souvent abrégée en « typo ») regroupe les différents procédés d’impression utilisant descaractères et des formes en relief. Le terme « typographie » peut aussi désigner l’art d’utiliser les différents types de caractères dans un butesthétique[réf. souhaitée] et pratique.
Le terme comporte différentes acceptions : « impression typographique » pour la technique d’impression, « dessin de caractères » ou « création de caractères » pour la création de polices d’écriture, « lettrage » pour le dessin manuel de caractères.
À l’origine, la typographie est l’art d’assembler des caractères mobiles afin de créer des mots et des phrases, puis de lesimprimer. Cette technique a été mise au point vers 1440.
Un volume des années 1920.Grands caractères en bois.
L’impression typographique est encore employée pour des travaux artisanaux à tirage limité, ainsi que pour la découpe, l’embossage et l’estampage.
On appelait « prote » le chef d’un atelier de typographie. L'« ours » désignait le compagnon pressier, en raison de ses supposés mouvements lourds pour encrer lesformes, tandis que letypographe, qui levait les lettres et les disposait sur soncomposteur, était appelé « singe[1] ».
Le terme de « typographe » désignait à la fois l’imprimeur et lecréateur de caractères, car la même personne se chargeait de tout le travail. Lorsque l’activité de dessinateur de caractères est devenue un métier distinct, la majeure partie des créateurs a récusé l’appellation de « typographe »[réf. nécessaire].
Il convient de distinguer la typographie (lettres dont la forme est fixée définitivement, utilisées dans le cadre d’une technologie particulière — imprimerie, informatique), de lacalligraphie (tracé manuel, au moyen d’un instrument d’écriture, d’une écriture cursive et selon unductus précis) et dulettrage (tracé manuel, au moyen de tous instruments possibles, de toutes sortes de lettres).
Depuis les années 2010, la typographie retrouve un regain d’intérêt sous son nom anglais deletterpress, qui met en avant les défauts traditionnels maintenant appréciés pour leur effetvintage : lefoulage, creusement du papier sous l’effet de la pression sur les caractères en relief, désormais appelé « débossage », peut être accentué par l’utilisation de papiers très bouffants et même être réalisé spécialement avec un cliché spécial[réf. souhaitée]. Le débossage implique qu’on n’imprime que le recto du papier, réservant de fait cette technique à des petits tirages et généralement de dimensions réduites. Leletterpress n’utilise plus les caractères en plomb traditionnels, qui nécessitaient le stockage d’un grand nombre decasses et le savoir-faire du typographe. Les documents sont réalisés par informatique et transformés enclichés en relief enphotopolymère. Les machines utilisées pour l’impression sont des presses typographiques anciennes, souvent des presses à platine, et l’impression souvent réalisée entrichromie (cyan,magenta, jaune), bien que toutes les couleurs indépendantes soient possibles.
Les premiers caractères mobiles utilisés en Corée et en Chine étaient fabriqués en terre cuite, céramique, parfois en bois, enfin en cuivre, l’impression étant toujours réalisée à la main avec un tampon, tel lebaren japonais, oufrotton, sans utiliser de presse. En Europe, on utilisa le bois pour graver des pages entières de texte (xylographies). C’estGutenberg et ses associés qui mirent au point les caractères mobiles fondus avec un alliage de plomb (80 %), d’antimoine (5 %) et d’étain (15 %} — dans des moules à main spécialement conçus à cet effet —, l’encre grasse et la presse, le tout constituant un ensemble cohérent qui connut peu de variations.
Letypographe se sert d’uncomposteur sur lequel il aligne les caractères, gravés à l’envers, de gauche à droite, sens naturel de lecture, piochés dans une boîte en bois appeléecasse. Les caractères du haut de la casse sont appelés lescapitales (majuscules), parfois haut de casse, et ceux du bas lesbas de casse ou minuscules. Le composteur permet d’assurer lajustification de la ligne, c’est-à-dire sa longueur. Entre deux mots, on insère uneespace[note 1] et on complète en insérant dans certains cas desespaces fines entre les lettres afin d’en parfaire la justification. Une fois les lignes composées, on les place sur unegalée, maintenue en biais. Ces lignes sont attachées avec plusieurs tours de ficelle afin de rendre solidaire l’ensemble et le manipuler plus facilement. Ce bloc de lignes appelé composition est calé dans un châssis enfonte à l’aide de coins en bois dans un premier temps, et par la suite avec des noix de serrage. Ensuite, le typographe peut insérer près du texte desfilets, des espaces vides, desornements typographiques ou desclichés provenant de laphotogravure. Le châssis est ensuite fixé sur unepresse typographique.
Des ateliers de typographie permettent encore de réaliser certains travaux en petite quantité (cartes de visite, papier à lettres, faire-part) à moindre coût ainsi que la découpe, le rainage, la dorure et l’embossage.
La typographie a été ensuite automatisée avec laLinotype, puis laMonotype, semi-automatisée avec laLudlow Typograph qui permettaient de fondre directement les lettres ou des lignes composées d’un seul tenant.
Dans ce mode de composition, ce sont des moules en creux correspondant à chaque caractère qui sont assemblés automatiquement (par la frappe sur un clavier comme sur une machine à écrire), puis du plomb typographique est coulé dessus dans un moule, formant un bloc d'une ligne entière de caractères (linotype) ou des caractères séparés (monotype).
L’apparition en 1949 de laLumitype, première photocomposeuse véritablement efficace, va permettre d’employer massivement l’offset et donc d’amorcer le déclin de la typographie en tant que technique d’impression, en même temps que va s’étendre le choix des polices de caractères disponibles.
LaLumitype difficilement mise au point dans l’immédiat après-guerre par les FrançaisLouis Moyroud etRené Higonnet, mais aux États-Unis, est à l’avant-garde des nouvelles machines à composer qui n’utilisent plus le plomb, mais des procédés photographiques : laphotocomposition prend définitivement la relève de la composition au plomb dans les années 1960-1970. Parmi les grands noms de fabricants de machine de photocomposition, on peut citer Compugraphic avec ses systèmes MDT, MCS avec un écran d'aperçu de mise en page appelé PowerView, Integrator ;Linotype avec son Linotron 202 ;Berthold et son système à miroirs gravés, insolant les caractères en offrant ainsi une image photographique sans effets d'escaliers ; Cerci…[réf. souhaitée]
Aujourd’hui, l’infographe pratique, à l’aide desordinateurs et desimprimantes, un métier semblable à la typographie. Legraphiste utilise dans ses créations les caractères typographiques qui peuvent alors être soit strictement utilitaires tout en privilégiant la lisibilité et l’équilibre, soit former unetypographie expressive avec infiniment plus de possibilités que par le passé.
Uncode typographique s’applique indifféremment aux compositions, que leur format soit mécanique (typographie) ou informatique (PAO, traitement de texte).
Si les dernières lettres du mot abrégé sont omises, alors on termine le mot par un point. Exemple : on abrègemonsieur parM. et nonMr niMr., qui sont l’abréviation de l’anglaismister ; on écrit en revancheDr etMgr (monseigneur) parce que dans leur cas cer final se prononce.
L’abréviation demessieurs estMM.,madame s’abrègeMme etmademoiselle enMlle, alors queMe renvoie àmaître.
Si la ou les dernières lettres d’un mot sont présentes dans son abréviation, alors celle-ci ne comportera pas de point à la fin. Exemples :Bd pourboulevard. En revanche, un point est requis lorsque l’on abrège un mot sans utiliser la lettre finale. Exemples :Av. pouravenue,App. pourappartement,Terr. pourterrain.
Cependant, dans un texte encyclopédique, il est d’usage d’éviter les abréviations. On écrira alors :« Le docteur Folamour a reçu monseigneur Don Camillo. »
Le code spécifie aussi des règles concernant l’usage des capitales et des minuscules. Ces règles diffèrent d’un pays à l’autre. Les usages des pays anglophones demandent de capitaliser les mots non triviaux des titres (exemple:The Art of Computer Programming), ce qui est considéré comme inacceptable en français (L’Art de la programmation). On ne décapitalise ni les noms propres, ni les substantifs allemands cités comme tels, même dans les titres.
Contrairement à l’usage anglophone, on ne capitalise ni les noms de mois (janvier,février…) ni les noms de jours (lundi,mardi…), à moins que cela ne fasse référence à des événements historiques (Rue du 8-Mai-1945).
En France, pour les noms de rue et de communes sur les enveloppes de courrier,La Poste recommande de ne pas utiliser le trait d’union, car les machines de tri automatique ne le reconnaissent pas : l’enveloppe est alors sortie pour être triée à la main, et le courrier arrivera donc plus tard.
Le code rappelle que le français est une langue accentuée et que la« tolérance », à l’époque des machines à écrire à rouleau, de ne pas accentuer les capitales, n’a aucune raison de s’étendre à la typographie : en français, les capitales doivent être accentuées lorsque la police dispose du caractère approprié. La plupart des polices utilisées en informatique comportent de tels accents, les fontes typographiques également.
Les typographes ont trois objectifs permanents : l’homogénéité, lalisibilité et la cohérence. Ces objectifs sont parfois en conflit entre eux et font l’objet de discussions régulières. Un point sur lequel les avis des typographes restent réservés en dépit des spécifications duCode est la gestion de la ponctuation finale d’une citation entre guillemets quand celle-ci arrive en fin de phrase.
La première forme de ponctuation :
Il décida :« La question ne sera pas posée. ». On passa à la suite.
serait en effet particulièrement illisible. Pour autant, l’habitude imposée par les logiciels typographiques anglo-saxons de ramener la totalité de la ponctuation finaleà l’intérieur des guillemets n’a pas un effet beaucoup plus heureux sur la lisibilité.
En effet, la deuxième forme de ponctuation :
Il décida :« La question ne sera pas posée. » On passa à la suite.
donne l’impression que la fermeture des guillemets se trouve dans la phrase suivante.
La virgule a une importance comme le montre cette phrase célèbre de labataille de Fontenoy, où le sens diffère selon le positionnement de la/des virgule(s) :
« Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! » (Les Anglais sont invités à tirer) ;
« Messieurs, les Anglais, tirez les premiers ! » (Il faut tirer pour se protéger de l’adversaire).
Dans lesannées 1980, l’arrivée de la micro-informatique et des logiciels depublication assistée par ordinateur (PAO) a fortement démocratisé l’accès de la création de documents vers des intervenants venus d’autres horizons que la typographie. Le faible coût de l’équipement et le gain de temps engendré ont provoqué des perturbations économiques importantes dans le monde de la photocomposition. Le marché a pendant quelque temps changé de mains, et la qualité typographique des documents produits s’en est alors ressentie. Le calme est revenu au milieu de la décennie 1990 : les petites sociétés de PAO soit avaient fini par maîtriser les techniques de la profession, soit avaient fait faillite, soit s’étaient associées avec« ou avaient été rachetées par » des typographes de métier[10][réf. incomplète].
Olivier Deloignon (dir.), Jean-Marc Chatelain,Jean-Yves Mollier,D'Encre et de papier. Une histoire du livre imprimé, Imprimerie nationale éditions, collection « Arts du livre », 2021(ISBN978-2-330-15517-9), 404 p.
Olivier Deloignon, Raphaël Jerusalmy, Pascal Oryet alii, François Deladerrière et Stéphane Couturier (photographies),Impressions, imprimeur, imprimer, empreintes, traces, Arles, Imprimerie nationale éditions, collection « Arts du livre », 2021(ISBN978-2-330-15079-2), 292 p.
Éric Martini,Petit guide de typographie, éditions Glyphe, 2002,70 p.(ISBN978-2911119224).
Paul McNeil,Histoire visuelle de l'art typographique / 1454-2015, Imprimerie nationale éditions, Actes Sud, collection Arts du livre, 2019, 672 p.(ISBN978-2-330-12372-7)