Le nom actuel de la« Tunisie », enfrançais, est dérivé du nom de la capitale,Tunis, suivi dusuffixelatin -ie[20]. Le dérivé latin est par la suite adopté dans plusieurs autres langues européennes, à quelques modifications près, pour différencier le pays de la ville de Tunis.
Toutefois, dans certaines langues, il n'y a pas eu une telle modification, comme enrusse (Туни́с), enespagnol (Túnez) et enarabe (تونس ouTunis). Dans ces cas, seul le contexte permet de déterminer si l'on parle de la ville ou du pays.
Avant cela, le territoire de la Tunisie est appeléIfriqiya ou encoreAfrica dans l'Antiquité, ce qui donne par la suite son nom à l'Afrique. La Tunisie est aussi désignée sous le nom deMaghreb Al Adna par les historiens et géographes musulmans arabophones.
Ledésert duSahara occupe une superficie comprise entre 33 % et 40 % du territoire selon qu'on le définisse d'après sonaridité ou selon des caractéristiques paysagères. La superficie des terres à vocation agricole est estimée à dix millions d'hectares, réparties en cinq millions de terres labourables, quatre millions deparcours naturels et un million de forêts et garrigues[22].
Topographie
Topographie de la Tunisie.Silhouette du djebel Ressas dominant la plaine de Mornag.
La Tunisie possède unrelief contrasté avec une partie septentrionale et occidentale montagneuse, ladorsale tunisienne, située dans l'extension du massif montagneux de l'Atlas ; elle est coupée par laplaine de laMedjerda, le seulcours d'eau du pays qui soit alimenté de façon continue.
Le climat de la Tunisie se divise en sept zones bioclimatiques, la grande différence entre le Nord et le reste du pays étant due à la chaîne de la dorsale tunisienne qui sépare les zones soumises auclimat méditerranéen (classification de KöppenCsa) de celles soumises auclimat désertique chaud (classification de KöppenBWh) typique duSahara, le plus grand désert chaud du globe. Entre les deux, on y trouve leclimat semi-aride chaud (classification de KöppenBSh) avec des caractéristiques communes aux deux principaux régimes climatiques du pays.
En raison de sa situation géographique, le climat tunisien est influencé par divers types devents : la côte nord est exposée aux vents marins doux et humides soufflant depuis le sud de la France, ce qui provoque une baisse significative des températures et une hausse desprécipitations, et le sud du pays aux vents continentaux chauds et secs, tels lesirocco soufflant sur les grandes étendues désertiques et les plaines, provoquant alors une brutale hausse des températures et un net assèchement de l'atmosphère.
Le pays bénéficie également d'un taux d'ensoleillement important dépassant 3 000 heures par an et qui atteint des sommets dans le Sud désertique, aux abords des frontières algérienne et libyenne[24],[25].
Laflore varie beaucoup en fonction des régions : celle des régions côtières est semblable à celle de l'Europe méridionale et comprendprairies,garrigue,maquis et forêts dechênes-lièges. Plus au sud, la végétation est detype steppique avec une dominance de l'alfa. Dans les régions arides de l'extrême sud, lesoasis sont plantées depalmiers-dattiers.
Selon une étude du programme méditerranéen duWWF, la région côtière duNord-Ouest figure parmi les treize sites de la Méditerranée qui se distinguent par leur richesse naturelle, leurbiodiversité et leursespèces végétales et animales uniques.
Dans ce contexte, la Tunisie est le pays méditerranéen le plus touché par lechangement climatique, lequel favorise les pénuries d'eau et l'érosion des côtes[28]. Depuis plusieurs années, l'agriculture est exposée à dessécheresses récurrentes qui participent à l'exode rural. En outre,« pour compenser la raréfaction des pluies, les agriculteurs utilisent toujours plus d'engrais et depesticides », souligne la chercheuse Samia Mouheli. Ainsi, selon laFAO, le pays est passé de cinq kilos d'engrais chimiques utilisés à l'hectare au début desannées 1960 à près de25 kilos au milieu desannées 1990. Les pollutions industrielles, favorisées par un manque de régulation étatique, constituent également un frein audéveloppement durable dans le pays[29].
La Tunisie est dans une situation destress hydrique selon les critères de l'ONU (moins de500 mètres cubes d'eau par habitant et par an). LaMedjerda, le grand fleuve tunisien, est menacé par lapollution ; sa qualité n'a cessé de baisser et, selon l'étude duministère de l'Environnement réalisée en 2018,« 60 000 tonnes de polluants » finissent chaque année dans le fleuve[30].
L'espace tunisien apparaît inégalement peuplé et développé sur le plansocioéconomique selon ungradient intérieur-littoral (ouest-est) : les treizegouvernorats côtiers totalisent ainsi 65,3 % de la population totale avec une forte densité de population (140 habitants par km2 contre 65,6 pour l'ensemble du pays[31]).
La Tunisie est urbanisée à environ 69 % en2018[32], et connaît un taux d'urbanisation annuelle de 3,6 %. Le réseau urbain se situe sur la bande littorale orientale, entre les régions deBizerte etGabès en passant parTunis, lecap Bon, leSahel etSfax (centre-est du pays), qui dispose des plus grandes infrastructures économiques et concentre plus de 80 % de la population urbaine. Au terme durecensement de2014[2], les principalesmunicipalités sont :
À leur tête se trouvent desgouverneurs, nommés par le président de la République, qui sont les« dépositaires » de l'autorité de l'État. Trois institutions les aident à accomplir leurs missions : leConseil local de développement, le Conseil rural et le Comité de quartier. Aux côtés des gouverneurs se trouvent les Conseils régionaux qui sont chargés d'examiner« toutes les questions intéressant le gouvernorat dans les domaines économiques, sociaux et culturels »[33].
Ils donnent ainsi leur avis sur les programmes et projets que l'État envisage de réaliser dans leur gouvernorat respectif, arrêtent le budget des gouvernorats et les impôts perçus au profit de la collectivité publique et établissent des relations de coopération avec des instances étrangères de niveau régional (après approbation duministre de l'Intérieur).
Les gouvernorats sont subdivisés en264 circonscriptions administratives : lesdélégations. Depuis un décret du 26 mai 2016, l'entièreté du territoire est également subdivisé en 350municipalités[34]. La plus petite division administrative est le secteur ouimada, dont le nombre se monte à 2 073[35].
Les premières traces de présence humaine en Tunisie datent duPaléolithique. C'est à vingt kilomètres à l'est deGafsa, dans l'oasis d'El Guettar, que se rassemble une petite populationnomade de chasseurs-cueilleursmoustériens[36]. Michel Gruet, l'archéologue qui découvre le site, relève qu'ils consomment desdattes dont il retrouve lepollen aux alentours de la source[37] aujourd'hui asséchée[38].
Mégalithes près de Makthar.Squelette capsien en position repliée.
À une cultureibéromaurusienne, répartie sur le littoral[39] et relativement minime en Tunisie[40], succède la période duCapsien, nom créé parJacques de Morgan et issu dulatinCapsa, qui a lui-même donné le nom de l'actuelleGafsa[41]. Morgan définit le Capsien comme étant une culture allant duPaléolithique supérieur auNéolithique, couvrant ainsi une période qui s'étend duVIIIe au Ve millénairesav. J.-C.[42]. D'un point de vue ethnologique et archéologique, le Capsien prend une importance plus grande puisque desossements et des traces d'activité humaine remontant à plus de 15 000 ans sont découverts dans la région. Outre la fabrication d'outils enpierre et en silex, les Capsiens produisaient, à partir d'ossements, divers outils dont des aiguilles pour coudre des vêtements à partir de peaux d'animaux.
AuNéolithique (4500 à2500 av. J.-C. environ), arrivé tardivement dans cette région, la présence humaine est conditionnée par la formation dudésert saharien, qui acquiert son climat actuel. De même, c'est à cette époque que le peuplement de la Tunisie s'enrichit par l'apport desBerbères[43], issus semble-t-il de la migration vers le nord de populations libyques[44] (ancien termegrec désignant les populations africaines en général[45]). Le Néolithique voit également le contact s'établir entre lesPhéniciens deTyr, les futursCarthaginois qui fondent lacivilisation punique, et les peuples autochtones de l'actuelle Tunisie, dont les Berbères sont désormais devenus la composante essentielle.
On observe le passage de laPréhistoire à l'Histoire principalement dans l'apport des populations phéniciennes, même si le mode de vie néolithique continue un temps à exister aux côtés de celui des nouveaux arrivants. Cet apport est nuancé, notamment à Carthage (centre de la civilisation punique enOccident), par la coexistence de différentes populations minoritaires mais dynamiques comme les Berbères, les Grecs, les Italiens ou lesIbères d'Espagne. Les nombreux mariages mixtes contribuent à l'établissement de la civilisation punique[46].
L'entrée de la Tunisie dans l'histoire se fait par l'expansion d'une cité issue d'une colonisationproche-orientale[47]. La Tunisie accueille progressivement une série decomptoirsphéniciens comme bien d'autres régions méditerranéennes. Le premier comptoir selon la tradition est celui d'Utique[48], qui date de 1101 av. J.-C.[49]. En814 av. J.-C., des colons phéniciens venus deTyr[50] fondent la ville deCarthage[51]. D'après la légende, c'est la reine Élyssa (Didon pour les Romains), sœur du roi de TyrPygmalion, qui est à l'origine de la cité[52]. Ouverte sur la mer, Carthage est également ouverte structurellement sur l'extérieur. Un siècle et demi après la fondation de la ville, les Carthaginois ou Puniques étendent leur emprise sur le bassin occidental de lamer Méditerranée.
Cette présence prend diverses formes, y compris celle de lacolonisation[51], mais reste d'abord commerciale (comptoirs de commerce, signature de traités, etc.)[53]. La mutation vers un empire plus terrestre se heurte aux Grecs de Sicile puis à la puissance montante deRome[51] et de ses alliés massaliotes,campaniens ou italiotes. Le cœur carthaginois qu'est la Tunisie, à la veille desguerres puniques, possède une capacité de production agricole supérieure à celle de Rome et de ses alliés réunis, et son exploitation fait l'admiration des Romains. La lutte entre Rome et Carthage prend de l'ampleur avec l'essor des deux cités : ce sont les trois guerres puniques, qui faillirent voir la prise de Rome mais se conclurent par la destruction de Carthage, en146 av. J.-C., après unsiège de trois ans[53]. À l'issue de la troisième guerre punique, Rome s'installe sur les décombres de la ville[51]. La fin des guerres puniques marque l'établissement de laprovince romaine d'Afrique dontUtique devient la première capitale, même si le site de Carthage s'impose à nouveau par ses avantages et redevient capitale en14[51],[54].
En44 av. J.-C.,Jules César décide d'y fonder unecolonie romaine, laColonia Julia Carthago[55], mais il faudra attendre quelques décennies pour qu'Auguste lance les travaux de la cité. La région connaît alors une période de prospérité où l'Afrique devient pour Rome un fournisseur essentiel de productions agricoles[44], comme leblé et l'huile d'olive, grâce aux plantations d'oliviers chères aux Carthaginois[51]. La province se couvre d'un réseau dense de cités romanisées dont les vestiges encore visibles à l'heure actuelle demeurent impressionnants : il suffit de mentionner les sites deDougga (antiqueThugga),Sbeïtla (Sufetula),Bulla Regia,El Jem (Thysdrus) ouThuburbo Majus. Partie intégrante de laRépublique puis de l'Empire avec laNumidie[51], la Tunisie devient pendant six siècles le siège d'une civilisation romano-africaine d'une exceptionnelle richesse, fidèle à sa vocation de« carrefour du monde antique ». La Tunisie est alors le creuset de l'art de lamosaïque, qui s'y distingue par son originalité et ses innovations.
Concurrents des dieux romains, des dieux indigènes apparaissent sur des frises d'époque impériale, et le culte de certaines divinités,Saturne etCaelestis, s'inscrit dans la continuité du culte voué par les Puniques àBa'al Hammon et àTanit, saparèdre[56]. Le« carrefour du monde antique » voit aussi l'installation précoce decommunautés juives[55] et, dans le sillage de celles-ci, des premières communautés chrétiennes. L'apogée duIIe et du début du IIIe siècle ne va toutefois pas sans heurts[51], la province connaissant quelques crises auIIIe siècle av. J.-C. : elle est frappée par la répression de la révolte deGordienIer en 238[57] ; elle subit de même les affrontements entre usurpateurs au début duIVe siècle.
La province est l'une des moins touchées par les difficultés que connaît l'Empire romain entre 235 et le début duIVe siècle. Avec laTétrarchie, la province recouvre une prospérité que révèlent les vestiges archéologiques, provenant tant de constructions publiques que d'habitations privées. Cette époque est aussi le premier siècle du christianisme officiel, devenu religion licite en 313 et religion personnelle de l'empereurConstantin[51].
Christianisation
Dans un espace ouvert sur l'extérieur comme l'est alors la province d'Afrique, lechristianisme se développe de façon précoce[58] grâce aux colons, commerçants et soldats, et la région devient l'un des foyers essentiels de la diffusion de la nouvelle foi, même si les affrontements religieux y sont violents avec lespaïens. Dès leIIe siècle, la province applique aussi les sanctions impériales, les premiersmartyrs étant attestés dès le : ceux qui refusent de se rallier au culte officiel peuvent être torturés, relégués sur des îles, décapités, livrés aux bêtes féroces, brûlés voire crucifiés.
Cette expansion rencontre toutefois des obstacles, en particulier lors duschismedonatiste[51] qui est condamné de façon définitive auconcile de Carthage. Ce dernier accuse les schismatiques d'avoir coupé les liens entre l'Église africaine et les Églises orientales originelles.
En dépit de cette lutte religieuse, la conjoncture économique, sociale et culturelle est relativement favorable au moment du triomphe du christianisme[59], comme en témoignent les nombreux vestiges, notamment debasiliques à Carthage et de nombreuses églises aménagées dans d'anciens temples païens (comme à Sbeïtla) ou même certaines églises rurales découvertes récemment. Le, après s'être rendus maîtres d'Hippone[60], lesVandales et lesAlains deGenséric entrent dans Carthage, où ils installent leurroyaume pour près d'un siècle[61]. Les Vandales sont adeptes de l'arianisme[62], déclaréehérésie auconcile de Nicée, ce qui ne facilite pas les relations entre eux et les notables locaux majoritairementchalcédoniens. Or les Vandales exigent de la population une totale allégeance à leur pouvoir et à leur foi. En conséquence, ceux qui tentent de s'opposer aux Vandales ou à l'arianisme sont persécutés : de nombreux hommes d'Église sont martyrisés, emprisonnés ou exilés[63] dans des camps au sud deGafsa. Dans le domaine économique, les Vandales appliquent à l'Église la politique de confiscation dont doivent pâtir les grands propriétaires. Cependant, laculture latine reste largement préservée[64] et le christianisme prospère tant qu'il ne s'oppose pas au souverain en place.
Dans ce contexte, le territoire, enserré par des principautés berbères, est attaqué par les tribus de nomades chameliers : la défaite, en décembre533 à labataille de Tricaméron[65], confirme l'anéantissement de la puissance militaire vandale. Carthage est prise facilement par lesByzantins dirigés par legénéralBélisaire[44], envoyé parJustinien[66], le roi vandaleGélimer se rendant en534[66]. Malgré la résistance des Berbères, les Byzantins rétablissent l'esclavage et instituent de lourds impôts[67]. Par ailleurs, l'administration romaine est restaurée. L'Église d'Afrique est mise au pas et Justinien fait alors de Carthage le siège de sondiocèse d'Afrique. À la fin duVIe siècle, la région est placée sous l'autorité d'unexarque cumulant les pouvoirs civil et militaire, et disposant d'une large autonomie vis-à-vis de l'empereur. Prétendant imposer le christianisme d'État, les Byzantins pourchassent le paganisme, le judaïsme et les hérésies chrétiennes[67]. Pourtant, à la suite de la crisemonothéliste, les empereurs byzantins, opposés à l'Église locale, se détournent de la cité. Or, avec une Afrique byzantine entraînée dans le marasme, un état d'esprit insurrectionnel secoue desconfédérations de tribus sédentarisées et constituées en principautés. Ces tribus berbères sont d'autant plus hostiles à l'Empire byzantin qu'elles ont conscience de leur propre force. Avant même sa prise par lesArabes en698[68], la capitale et, dans une certaine mesure, la province d'Afrique se sont vidées de leurs habitants byzantins. Dès le début duVIIe siècle, l'archéologie témoigne en effet d'un repli, ceci étant particulièrement évident à Carthage[69].
La première expédition arabe sur la Tunisie est lancée en 650[70], à l'époque ducalifeOthmân ibn Affân. Commandée parAbd Allâh ibn Saad, l'armée arabe écrase l'armée byzantine dupatrice Grégoire près deSbeïtla. En 666, une deuxième offensive menée par Mu'awiya ibn Hudayj à l'époque du calife omeyyadeMuʿawiyaIer se termine par la prise de plusieurs villes dontSousse etBizerte[70]. L'île deDjerba est prise en 667[70]. La troisième expédition, menée en 670 parOqba Ibn Nafi al-Fihri, est décisive : ce dernier fonde la ville deKairouan au cours de la même année[67] et cette ville devient la base des expéditions contre le Nord et l'Ouest du Maghreb[44]. L'invasion complète manque d'échouer avec la mort d'Ibn Nafi en683[71], à la suite d'une embuscade tendue par le chef berbèreKoceïla au sud de l'Aurès[72]. Après la mort d'Ibn Nafi, les Arabes évacuent Kairouan, où s'installe Koceila qui devient le maître de l'Ifriqiya : les Byzantins ne sont plus, selon les historiens arabes, que ses simples auxiliaires[72]. Envoyé en 693 avec une puissante armée arabe, le généralghassanideHassan Ibn Numan réussit à vaincre l'exarque et à prendre Carthage[73] en 695. Seuls résistent certains Berbères dirigés par laKahena[73].
Les Byzantins, profitant de leur supériorité navale, débarquent une armée qui s'empare de Carthage en 696 pendant que la Kahena remporte une bataille contre les Arabes en 697[73]. Ces derniers, au prix d'un nouvel effort, finissent cependant par reprendre définitivement Carthage en 698 et par vaincre et tuer la Kahena[71]. Contrairement auxPhéniciens, les Arabes ne se contentent pas d'occuper la côte et entreprennent de conquérir l'intérieur du pays. Après avoir résisté, les Berbères se convertissent à la religion de leurs vainqueurs[71], principalement à travers leur recrutement dans les rangs de l'armée victorieuse. Des centres de formation religieuse s'organisent alors, comme à Kairouan, au sein des nouveauxribats. On ne saurait toutefois estimer l'ampleur de ce mouvement d'adhésion à l'islam. D'ailleurs, refusant l'assimilation, nombreux sont ceux qui rejettent la religion dominante et adhèrent aukharidjisme, courant religieux musulman né en Orient et proclamant notamment l'égalité de tous les musulmans sans distinction de race ni de classe[74]. La région reste une province omeyyade jusqu'en 750, quand la lutte entreOmeyyades etAbbassides voit ces derniers l'emporter[74]. De 767 à 776, les kharidjites berbères sous le commandement d'Abou Qurra s'emparent de tout le territoire, mais ils se retirent finalement dans le royaume deTlemcen, après avoir tué Omar ibn Hafs, surnommé Hezarmerd, dirigeant de la Tunisie à cette époque[75].
Grande mosquée de Kairouan, plus ancien lieu de culte musulman du Maghreb, est le principal monument religieux de la Tunisie.
En 800, lecalife abbassideHâroun ar-Rachîd délègue son pouvoir enIfriqiya à l'émirIbrahim ibn al-Aghlab[76] et lui donne le droit de transmettre ses fonctions par voie héréditaire[77]. Al-Aghlab établit la dynastie desAghlabides, qui règne durant un siècle sur le Maghreb central et oriental. Le territoire bénéficie d'une indépendance formelle tout en reconnaissant la souveraineté abbasside[77]. La Tunisie devient un foyer culturel important avec le rayonnement de Kairouan et de sagrande mosquée, un centre intellectuel de haute renommée[78]. À la fin du règne de Ziadet AllahIer (817-838),Tunis devient la capitale de l'émirat jusqu'en 909[79]. Appuyée par les tribusKutama qui forment une armée fanatisée, l'action duprosélyteismaélienAbu Abd Allah ach-Chi'i entraîne la disparition de l'émirat en une quinzaine d'années (893-909). En décembre 909,Ubayd Allah al-Mahdi se proclame calife et fonde la dynastie desFatimides, qui déclare usurpateurs les califesomeyyades etabbassides ralliés ausunnisme. L'État fatimide s'impose progressivement sur toute l'Afrique du Nord en contrôlant les routes caravanières et le commerce avec l'Afrique subsaharienne. En945,Abu Yazid, de la grande tribu desIfrenides, organise sans succès une grande révolte berbère pour chasser les Fatimides. Le troisième calife,Ismâ`îl al-Mansûr, transfère alors la capitale à Kairouan et s'empare de la Sicile[68] en948. Lorsque la dynastie fatimide déplace sa base vers l'est en 972, trois ans après la conquête finale de la région, et sans abandonner pour autant sa suzeraineté sur l'Ifriqiya, le califeAl-Muʿizz li-Dīn Allāh confie àBologhine ibn Ziri — fondateur de la dynastie desZirides — le soin de gouverner la province en son nom. Les Zirides prennent peu à peu leur indépendance vis-à-vis du calife fatimide[68], ce qui culmine lors de la rupture avec ce suzerain devenu lointain et inaugure l'ère de l'émancipation berbère.
L'envoi depuis l'Égypte de tribus arabes nomades sur l'Ifriqiya marque la réplique des Fatimides à cette trahison. LesHilaliens suivis desBanu Sulaym — dont le nombre total est estimé à 50 000 guerriers et 200 000 Bédouins — se mettent en route après que de véritables titres de propriété leur ont été distribués au nom du calife fatimide. Kairouan résiste pendant cinq ans avant d'être occupée et pillée. Le souverain se réfugie alors à Mahdia en1057 tandis que les nomades continuent de se répandre en direction de l'Algérie, la vallée de laMedjerda restant la seule route fréquentée par les marchands. Ayant échoué dans sa tentative pour s'établir dans la Sicile reprise par lesNormands, la dynastie ziride s'efforce sans succès pendant90 ans de récupérer une partie de son territoire pour organiser des expéditions depiraterie et s'enrichir grâce au commerce maritime.
La conquête sicilienne de l'Ifriqiya commence sous le règne deRoger II de Sicile en 1146-1148. Le règne sicilien consiste en desgarnisons militaires dans les principales villes, des exactions sur les populations musulmanes, la protection des chrétiens et le monnayage de pièces de monnaie. L'aristocratie locale est largement gardée en place et des princes musulmans se chargent des affaires civiles sous surveillance normande. Les relations économiques entre la Sicile et l'Ifriqiya, qui étaient déjà fortes avant la conquête, sont renforcées, tandis que les échanges entre l'Ifriqiya et le Nord de l'Italie sont étendus. Sous le règne deGuillaumeIer de Sicile, le Royaume d'Afrique tombe aux mains desAlmohades (1158-1160). Son héritage le plus durable est le réalignement des puissances méditerranéennes provoqué par sa disparition et la paix siculo-almohade finalisée en 1180. L'ensemble du territoire de l'Ifriqiya finit par être occupé par l'armée du sultan almohadeAbd al-Mumin lors de son expédition depuis le nord duMaroc en 1159[83]. L'économie devient florissante[84] et des relations commerciales s'établissent avec les principales villes du pourtour méditerranéen (Pise,Gênes,Marseille,Venise et certaines villes d'Espagne).
L'essor touche également le domaine culturel[84] avec les œuvres du grand historien et père de la sociologieIbn Khaldoun ; le siècle almohade est considéré comme l'« âge d'or » du Maghreb[84]. De grandes villes se développent et les plus belles mosquées sont érigées à cette époque[85]. Les Almohades confient la Tunisie àAbû Muhammad `Abd al-Wâhid ben Abî Hafs mais son filsAbû Zakariyâ Yahyâ se sépare d'eux en1228 et fonde la nouvelle dynastie berbère[54] desHafsides[86]. Elle acquiert son indépendance dès1236[87] et dirige la Tunisie jusqu'en 1574[76], ce qui en fait la première dynastie tunisienne par sa durée[88]. Elle établit la capitale du pays à Tunis[76], et la ville se développe grâce au commerce avec les Vénitiens, les Génois, lesAragonais et les Siciliens[68].
Les Hafsides de Tunis s'essoufflent et perdent peu à peu, après labataille de Kairouan en 1348, le contrôle de leurs territoires au profit desMérinides d'Abu Inan Faris[87], alors que, frappée de plein fouet par lapeste[89] de 1384, l'Ifriqiya continue de subir une désertification démographique amorcée par les invasions hilaliennes. C'est alors que commencent à arriver lesMaures musulmans etjuifsandalous[68] fuyant la déchéance duroyaume de Grenade en 1492 et occasionnant des problèmes d'assimilation. En une dizaine d'années, les souverains espagnolsFerdinand d'Aragon etIsabelle de Castille prennent les cités deMers el-Kébir,Oran,Bougie,Tripoli et l'îlot situé en face d'Alger. Pour s'en libérer, les autorités de la cité sollicitent l'aide de deux corsaires renommés, d'origine grecque : les frèresArudj etKhayr ad-Din Barberousse[90].
La Tunisie offrant un environnement favorable, les frères Barberousse s'y illustrent : Arudj reçoit en effet du souverain hafside aux abois l'autorisation d'utiliser le port deLa Goulette puis l'île deDjerba comme base. Après la mort d'Arudj, son frère Khayr ad-Din se place dans lavassalité du sultan de Constantinople. Nommé grandamiral de l'Empire ottoman, il s'empare de Tunis en 1534 mais doit se retirer après laprise de la ville par l'armada queCharles Quint mène en 1535[68],. En 1560,Dragut parvient à Djerba et, en 1574, Tunis est reprise par les Ottomans[76], qui font de la Tunisie une province de leur empire[62] en 1575. Pourtant, malgré leurs victoires, les Ottomans ne s'implantent guère en Tunisie.
Le,HusseinIer Bey fonde la dynastie desHusseinites[88],[94]. Le, Ali Metzan prend les armes contre son père, le vieux dey qu'il oblige à lui confier la direction de l'État[95]. Des troubles éclatent dans la population et des scènes depillages et de violences duquartier juif de Tunis ont lieu[96].
Quoique toujours officiellement province de l'Empire ottoman, la Tunisie acquiert une grande autonomie auXIXe siècle[76], notamment avecAhmedIer Bey, régnant de 1837 à 1855, qui enclenche un processus de modernisation[97].
À cette époque, le pays vit de profondes réformes, comme l'abolition de l'esclavage et faisant suite au Pacte fondamental, l'adoption en 1861 d'une véritableConstitution, remise en 1860 parSadok Bey à l'empereurNapoléon III[99],[97],[100], et manque même de devenir unerépublique indépendante. Ces bouleversements s'inscrivent dans un contexte économique instable, et les musulmans s'en prennent physiquement à leurs voisins juifs accusés de profiter des réformes, à leurs biens et aux synagogues, jusqu'en1869 où plusieurs sont tués[101].
Influence architecturale
Intérieur de la mosquée Sidi Mahrez.
Il est difficile de mesurer l'importance des influences turques qui demeurent en Tunisie. Quelques monuments affichent leur filiation ottomane à l'instar de lamosquée Sidi Mahrez à Tunis, édifiée entre 1692 et 1697[102]. Dans un autre domaine, l'art destapis, qui existait pour certains avant l'arrivée des Ottomans, voit les productions de Kairouan présenter auXVIIIe siècle des motifs purementanatoliens.
Le pays connaît toutefois peu à peu de graves difficultés financières[97], en raison de la politique ruineuse desbeys, de la hausse des impôts[88] et d'interférences étrangères dans l'économie. Tous ces facteurs contraignent le gouvernement à déclarer la banqueroute en 1869 et à créer une commission financière internationale anglo-franco-italienne[103]. La régence apparaît vite comme un enjeu stratégique de première importance du fait de la situation géographique du pays, à la charnière des bassins occidental et oriental de la Méditerranée. La Tunisie fait donc l'objet des convoitises rivales de la France et de l'Italie. Lesconsuls français et italien tentent de profiter des difficultés financières du bey, la France comptant sur la neutralité de l'Angleterre (peu désireuse de voir l'Italie prendre le contrôle de la route ducanal de Suez) et bénéficiant des calculs deBismarck, qui souhaite la détourner de la question de l'Alsace-Lorraine.
Les combats entre tribus algériennes et tribuskhroumirs en territoire algérien fournissent un prétexte àJules Ferry pour souligner la nécessité de s'emparer de la Tunisie. En avril 1881, les troupes françaises y pénètrent sans résistance majeure et parviennent auxabords de Tunis[97] en trois semaines, sans combattre[104]. Le, leprotectorat est officialisé lorsqueSadok Bey, menacé d'être destitué et remplacé par son frère Taïeb Bey[105],[106], signe letraité du Bardo[107] aupalais de Ksar Saïd[108]. Ceci n'empêche pas les troupes françaises de faire face, quelques mois plus tard, à des révoltes rapidement étouffées dans les régions deKairouan etSfax. Le régime du protectorat est renforcé par lesconventions de La Marsa du qui accordent à la France le droit d'intervenir dans les affaires internes de la Tunisie[109],[110]. La France représente dès lors la Tunisie sur la scène internationale, et ne tarde pas à abuser de ses droits et prérogatives de protecteur pour exploiter le pays comme unecolonie, en contraignant le bey à abandonner la quasi-totalité de ses pouvoirs aurésident général[111]. Néanmoins, des progrès économiques ont lieu, notamment via les banques et les compagnies[109], ainsi que le développement de nombreuses infrastructures (routes, ports, chemins de fer, barrages, écoles, etc.).
Entré en conflit avec le régime du protectorat[115], le parti expose, dès la proclamation officielle de sa création le[110], un programme en huit points. Après avoir fustigé le régime du protectorat dans des journaux commeLa Voix du Tunisien etL'Étendard tunisien[116], l'avocatHabib Bourguiba fonde en 1932, avecTahar Sfar,Mahmoud El Materi etBahri Guiga, le journalL'Action tunisienne[117], qui, outre l'indépendance, prône lalaïcité[118]. Cette position originale conduit le[110], lors ducongrès de Ksar Hellal[115], à la scission du parti en deux branches, l'une islamisante qui conserve le nomDestour, et l'autre moderniste et laïque, leNéo-Destour[103], une formation politique moderne, structurée sur les modèles des partis socialistes et communistes européens, et déterminée à conquérir le pouvoir pour transformer la société[117].
Après l'échec des négociations engagées par legouvernement Blum, des incidents sanglants éclatent en 1937[103] et lesémeutes d'avril 1938 sont sévèrement réprimées[118]. Cette répression conduit à la clandestinité du Néo-Destour, qui incite les nouveaux dirigeants à ne pas exclure l'éventualité d'une lutte plus active[119],[120]. En 1942, lerégime de Vichy livreBourguiba à l'Italie, à la demande deBenito Mussolini, qui espère l'utiliser pour affaiblir laRésistance française enAfrique du Nord[118]. CependantBourguiba ne désire pas cautionner lesrégimes fascistes et lance le un appel pour le soutien auxtroupes alliées[118]. Pendant ce temps, la Tunisie est le théâtre d'importantes opérations militaires[114] connues sous le nom decampagne de Tunisie[103] Après plusieurs mois de combats et une contre-offensive blindée allemande dans la région deKasserine etSidi Bouzid au début de l'année 1943, les troupes duTroisième Reich sont contraintes de capituler le dans lecap Bon, quatre jours après l'arrivée des forces alliées àTunis[121]. Après laSeconde Guerre mondiale, les dirigeants nationalistes inscrivent la résistance armée dans la stratégie de libération nationale[120]. Des pourparlers sont menés après la guerre avec le gouvernement français[119], si bien queRobert Schuman évoque en 1950 la possibilité de l'indépendance de la Tunisie en plusieurs étapes[110]. Mais legouvernement français met fin aux négociations avec legouvernement tunisien par lanote du 15 décembre 1951 affirmant le« caractère définitif du lien qui unit la France à la Tunisie »[122].
Habib Bourguiba à Bizerte en1952.Ruines à la suite d'une attaque surTazarka.
Bourguiba demande à Chenik de porter le différend franco-tunisien devant l'ONU afin d'internationaliser le problème[123]. La requête est signée le[124] et, le,Salah Ben Youssef et Hamadi Badra quittent Tunis pour Paris, où ils comptent enregistrer la plainte[125]. Cependant, le, le gouvernement français déclare qu'elle ne peut être examinée par leConseil de sécurité puisque« la note est signée par des Tunisiens qui n'ont pas le droit de le faire sans l'accord du Bey, seul dépositaire de la souveraineté tunisienne. La France a la charge des Affaires étrangères de la Tunisie ; ce document aurait dû être remis au Résident qui est seul habilité à le transmettre ».
Avec l'arrivée du nouveau résident général,Jean de Hauteclocque, le, et l'arrestation, le, de150 destouriens dont Bourguiba, débutent la révolte armée[103], la répression militaire française[110] et un durcissement des positions de chaque camp[126]. Le, devant le refus catégorique de Lamine Bey de congédier le gouvernement qui avait porté cette plainte à l'ONU, de Hauteclocque fait arrêter Chenik, El Materi,Mohamed Salah Mzali etMohamed Ben Salem, placés en résidence forcée àKébili dans le Sud du pays[127] pendant que Bourguiba est transféré àRemada[128] ; c'est lecoup de force du 26 mars.
Le 5 décembre a lieu l'assassinat du syndicalisteFarhat Hached par l'organisation colonialiste extrémiste de laMain rouge[129],[130], qui déclenche grèves et manifestations, puis leur répression et des émeutes, grèves, tentatives de sabotage et jets de bombes artisanales[120].
Le développement de la répression, accompagnée de l'apparition ducontre-terrorisme, incite les nationalistes à prendre plus spécifiquement pour cibles les colons, les fermes, les entreprises françaises et les structures gouvernementales[120]. C'est pourquoi les années 1953 et 1954 sont marquées par la multiplication des attaques contre le système colonial.
En réponse, près de 70 000 soldats français sont mobilisés pour arrêter les guérillas des groupes tunisiens dans les campagnes[131]. Cette situation difficile est apaisée par la reconnaissance de l'autonomie interne de la Tunisie, concédée parPierre Mendès France dans sondiscours de Carthage le[110],[132]. C'est finalement le[131] que les conventions franco-tunisiennes sont signées entre lePremier ministre tunisienTahar Ben Ammar et son homologue françaisEdgar Faure[130]. En dépit de l'opposition deSalah Ben Youssef, qui sera exclu du parti[62], les conventions sont approuvées par le congrès du Néo-Destour tenu àSfax le de la même année[126]. Après de nouvelles négociations, la France finit par reconnaître« solennellement l'indépendance de la Tunisie »[126] le, tout en conservant la base militaire deBizerte.
Lacrise qui suit fait près d'un millier de morts, essentiellement tunisiens[110], et, devant la crainte d'une flambée de violence contre leur communauté, pousse 4 500 Juifs à quitter le pays en 1962[137],[138].
Politiquement, la France finit, le, par rétrocéder la base à l'État tunisien[135]. Avec l'assassinat deSalah Ben Youssef, principal opposant de Bourguiba depuis 1955[135], àFrancfort et l'interdiction duParti communiste (PCT) le, la République tunisienne devient un régime departi unique dirigé par leNéo-Destour[135]. En mars 1963,Ahmed Ben Salah entame une politique« socialiste » d'étatisation pratiquement totale de l'économie.
Des émeutes contre la collectivisation des terres dans leSahel tunisien le poussent au limogeage de Ben Salah le avec la fin de l'expérience socialiste[135]. Le taux de croissance annuel du PIB passe cependant de 3,6 % pour les années 1950 à 5,7 % pour lesannées 1960, et la croissance par tête à 2,9 % contre 1,2 % pour les années 1950[142]. Avec une économie affaiblie par cet épisode et unpanarabisme défendu parMouammar Kadhafi, un projet politique qui unifierait la Tunisie et laRépublique arabe libyenne sous le nom deRépublique arabe islamique est lancé en 1974 mais échoue très rapidement en raison des tensions tant nationales qu'internationales.
Après la condamnation à une lourde peine de prison de Ben Salah, rendu responsable de l'échec de la politique descoopératives, viennent l'épuration de l'aile libérale du PSD animée parAhmed Mestiri puis la proclamation de Bourguiba comme président à vie en 1975[44]. C'est dans ces conditions, marquées par un léger desserrement de l'étau du PSD sous le gouvernement d'Hédi Nouira, que l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) gagne en autonomie tandis que naît en 1976 laLigue tunisienne des droits de l'homme, première organisation nationale des droits de l'homme en Afrique et dans le monde arabe[143],[144]. Le coup de force du« Jeudi noir » contre l'UGTT en puis l'attaque contre la ville minière deGafsa, en janvier1980, ne suffisent pas à museler la société civile émergente.
Dès le début des années 1980, le pays traverse une crise politique et sociale[145] où se conjuguent le développement duclientélisme et de lacorruption, la paralysie de l'État devant la dégradation de la santé de Bourguiba, les luttes de succession et le durcissement du régime. En 1981, la restauration partielle du pluralisme politique, avec la levée de l'interdiction frappant le Parti communiste, suscite des espoirs qui seront déçus par la falsification des résultats aux élections législatives de novembre. Par la suite, la répression sanglante des« émeutes du pain » de décembre 1983[145], la nouvelle déstabilisation de l'UGTT et l'arrestation de son dirigeantHabib Achour contribuent à accélérer la chute du président vieillissant[117]. La situation favorise la montée de l'islamisme[130] et le long règne de Bourguiba s'achève dans une lutte contre cette mouvance politique, lutte menée parZine el-Abidine Ben Ali, nommé ministre de l'Intérieur puis Premier ministre en octobre 1987[135].
Durant ces années 1980, plusieurs incidents visent la communauté juive ou ses synagogues comme durant leYom Kippour 1982 dans plusieurs villes du pays[146], en octobre 1983 àZarzis[146], en octobre 1985 à laGhriba dans le sillage de l'opérationJambe de bois[140],[147], qui font prendre des mesures au gouvernement pour assurer sa protection[148],[149].
Le, Ben Ali dépose le président poursénilité, uncoup d'État médical accueilli favorablement par une large fraction du monde politique[145]. Élu le avec 99,27 % des voix[150], le nouveau président réussit à relancer l'économie alors que, sur le plan de la sécurité, le régime s'enorgueillit d'avoir épargné au pays les convulsions islamistes qui ensanglantent l'Algérie voisine, grâce à la neutralisation du partiEnnahdha au prix de l'arrestation de dizaines de milliers de militants et de multiples procès au début des années 1990[117]. Les opposants laïcs signent quant à eux le Pacte national en 1988, plate-forme destinée à la démocratisation du régime. Pourtant, l'opposition et de nombreusesONG de défense desdroits de l'homme accusent peu à peu le régime d'attenter aux libertés publiques[103] en étendant la répression au-delà du mouvement islamiste. En1994, le président Ben Ali est réélu avec 99,91 % des voix[151],[152].
L'année suivante, un accord de libre-échange est signé avec l'Union européenne[110]. Lesélections du, bien qu'elles soient les premières présidentielles à être pluralistes avec trois candidats, voient le président Ben Ali réélu avec un score comparable aux scrutins précédents[150],[152]. La réforme de laConstitution approuvée par leréférendum du accroît encore les pouvoirs du président, repousse l'âge limite des candidats, supprime la limite des trois mandats réintroduite en 1988 et permet au président de briguer de nouveaux mandats au-delà de l'échéance de 2004 tout en bénéficiant d'une immunité judiciaire à vie[117].
Le, un attentat au camion piégé vise à nouveau lasynagogue de la Ghriba et provoque la mort de19 personnes dont quatorze touristesallemands. Durant le premier semestre2008, degraves troubles secouent la région minière deGafsa durement frappée par lechômage et lapauvreté[153]. Le, le président Ben Ali est réélu pour un cinquième mandat consécutif avec 89,62 % des voix, passant pour la première fois sous la barre des 90 %. La campagne est marquée par une visibilité accrue de son épouseLeïla[154]. L'un des gendres du couple,Mohamed Sakhr El Materi, est élu député à cette occasion[155].
Le, un climat insurrectionnel éclate à la suite de l'immolation d'un jeune vendeur de fruits et légumes ambulant,Mohamed Bouazizi, dans la région deSidi Bouzid ; celle-ci devient le théâtre d'émeutes et d'affrontements meurtriers entre habitants et forces de l'ordre[156]. C'est le début du mouvement que l'on va appelerPrintemps arabe.
Manifestation du 14 janvier 2011 à Tunis.
Ces événements, qui s'étendent ensuite à d'autres régions du pays, s'inscrivent dans un contexte où le taux de chômage des jeunes diplômés est particulièrement élevé alors que le poids démographique relatif des jeunes générations d'actifs atteint son maximum historique[157]. Les causes sont également politiques : le président Ben Ali et sa famille, notamment celle de sa seconde épouse Leïla, lesTrabelsi, qualifiés selon les observateurs de« clan quasi-mafieux », sont directement mis en cause dans des affaires de corruption, de détournement ou de vol, fléaux qui ont particulièrement pris de l'ampleur sous sa présidence[158]. Le, Ben Ali annonce la prise de mesures extraordinaires lors d'une intervention télévisée : la promesse d'une pleineliberté de la presse et d'expression politique ainsi que son refus de se représenter aux élections prévues en 2014. Cependant, cette allocution ne contribue pas à calmer la colère de la population, contraignant le président à céder finalement le pouvoir à son Premier ministreMohamed Ghannouchi le lendemain et à quitter le pays le soir même[159]. Conformément à laConstitution de 1959, le président de laChambre des députés,Fouad Mebazaa, est finalement proclamé président par intérim par leConseil constitutionnel le.
Il est chargé d'organiser des élections présidentielles dans les soixante jours[160]. Le, un« gouvernement d'union nationale » de24 membres incluant des opposants au régime déchu (dont trois chefs de l'opposition légale) est constitué[161]. Le jour même, la libération de tous les prisonniers d'opinion, la levée de l'interdiction d'activité de laLigue tunisienne des droits de l'homme,« la liberté totale de l'information » ainsi que la légalisation de tous les partis politiques et associations qui le demanderaient, est annoncée[162]. Cependant, la présence de membres duRassemblement constitutionnel démocratique (RCD) à des postes clés provoque de nouveau, en moins de24 heures, la colère de la population et la démission de plusieurs ministres d'opposition, fragilisant d'autant plus ce gouvernement[163]. Le départ ou la radiation du RCD de plusieurs personnalités éminentes[164] n'ont aucun effet sur la suspicion que l'opinion publique entretient à l'égard de l'ancien parti présidentiel, dont plusieurs manifestants réclament la dissolution[165]. Cependant, le, les ministres encore affiliés à cette formation annoncent l'avoir quitté eux aussi[166]. Face à la pression de la rue exigeant leur départ, un remaniement ministériel a lieu le, écartant définitivement (hormis Mohamed Ghannouchi) les anciens membres du RCD de toutes responsabilités gouvernementales. Le, le ministre de l'IntérieurFarhat Rajhi gèle les activités du RCD en attendant sa dissolution juridique, tandis que le Parlement confère au président par intérim des pouvoirs supplémentaires, comme celui de dissoudre le Parlement.
Ghannouchi est cependant contraint de démissionner à son tour le à la suite de plusieurs jours de manifestations marquées par des violences ; il est remplacé le jour même par l'ancien ministre de Bourguiba,Béji Caïd Essebsi. L'état d'urgence, en vigueur à partir de, est maintenu.
Le, de violentes émeutes éclatent à Tunis à la suite de la diffusion du filmL'Innocence des musulmans. Alors que les forces de l'ordre restent passives, certains groupes salafistes prennent d'assaut l'ambassade des États-Unis et l'incendient, détruisant plusieurs véhicules et bâtiments. Mis sous pression par les États-Unis, le gouvernement décide de réagir et envoie l'armée et la garde présidentielle pour repousser les manifestants. Les affrontements font deux morts et plusieurs blessés[167]. Dans les mois qui suivent, l'armée et lagarde nationale prennent la relève pour combattre les groupuscules salafistes et djihadistes qui sont actifs sur le territoire. L'état d'urgence est prolongé de trois mois en novembre 2012[168], pour n'être finalement levé qu'en mars 2014.
En 2017 et 2018, le pays est touché par des vagues de contestation de la jeunesse tunisienne qui manifeste dans plusieurs villes du pays. En effet, à partir du début du mois, à Tunis,Gabès,Thala,Jilma,Kasserine,Sidi Bouzid, ou encoreGafsa, des Tunisiens expriment leur ras le bol face à la cherté de la vie, l'inflation (6,4 % en 2017[175]) et un chômage omniprésent (15 % de la population active et 30 % des jeunes diplômés de l'enseignement supérieur[176]). Cette vague de contestation contre une politique d'austérité économique serait organisée par leFront populaire[177],[178]. Les heurts avec les policiers et forces de l'ordre font une victime et plusieurs blessés, et des centaines de manifestants sont arrêtés[179]. L'Observatoire social tunisien recense 5 000 mouvements de protestation en 2015, plus de 11 000 en 2017 et 4 500 pour les quatre premiers mois de 2018[180].
Depuis 2011, les gouvernements successifs ont fait appel auFonds monétaire international (FMI) pour tenter de redresser la situation économique du pays. Un prêt de 1,74 milliard dedollars est accordé en juin 2013, puis un second de 2,9 milliards de dollars en 2016. Le FMI n'accorde toutefois ces prêts qu'en contrepartie d'un plan de réformes libérales, telles que l'augmentation de certains impôts, la réduction de lamasse salariale dans lafonction publique, la réduction dessubventions sur les prix descarburants, ou encore de la modification du système de retraite. En avril 2016, le gouvernement accepte le principe de l'indépendance de labanque centrale, donnant la priorité au contrôle de l'inflation sur le soutien au développement économique. Depuis le printemps 2017, elle laisse filer ledinar, dont la valeur face à l'euro baisse de près de moitié. Face au poids de la dette, l'État doit consacrer plus de 20 % de son budget à rembourser ses créanciers, ce qui neutralise ses capacités d'investissement[180].
Le présidentBéji Caïd Essebsi meurt le, à92 ans. Fin 2019, un double scrutin,législatif le 6 octobre, etprésidentiel, avec un premier tour en septembre et le second tour le 13 octobre, se déroule sans heurts, montrant une certaine maturité de la démocratie électorale en Tunisie. Les élections législatives aboutissent cependant à une assemblée fragmentée entre diverses formations[181]. L'élection présidentielle propulse à la tête de l'État un nouveau venu dans le monde politique, un juriste et universitaire spécialiste dudroit constitutionnel, âgé de61 ans,Kaïs Saïed, élu avec une confortable avance face, au second tour, à l'homme d'affairesNabil Karoui. Kaïs Saïed propose durant sa campagne une vision associant un certain conservatisme moral et religieux, unsouverainisme, et un mode de fonctionnement démocratique à rebours de l'organisation centraliséebourguibienne[182]. Le, invoquant l'article 80 de laConstitution, il limoge legouvernement Mechichi avec effet immédiat, annonce la suspension de l'assemblée, la formation d'un nouveau gouvernement et sa décision de gouverner par décrets et de présider le parquet, provoquant ainsi unecrise politique[183]. Le, il confirme par décret le prolongement des décisions ainsi que la dissolution de l'Instance provisoire chargée du contrôle de la constitutionnalité des projets de loi[184], et s'octroie le droit de gouverner par décret, récupérantde facto le pouvoir législatif[185],[186]. Le, il annonce la tenue d'unréférendum constitutionnel[187] qui se solde par la large approbation en d'une nouvelleConstitution mettant notamment en place unrégime présidentiel, malgré un taux de participation d'un peu plus de 30 % des inscrits[188].
Gouvernement Bahi Ladgham à la suite du remaniement du 12 juin 1970.Séance de l'Assemblée des représentants du peuple.
UneAssemblée constituante rédige uneConstitution proclamée le, trois ans après l'indépendance. Elle subit plusieurs amendements dont celui du pour limiter le nombre de mandats présidentiels à trois et celui du à la suite duréférendum constitutionnel tenu le de la même année, permettant notamment la suppression de la limite du nombre de mandats présidentiels, l'allongement de l'âge limite pour déposer une candidature à la présidence, l'instauration d'une immunité judiciaire pour le président durant et après l'exercice de ses fonctions et l'instauration d'un Parlementbicaméral.
Le manque de transparence politique, la faibleliberté d'expression et lacensure, notamment de lapresse et de nombreuxsites web, ont longtemps fait qu'une situation politique précise de la Tunisie a été difficile à déterminer. De nombreusesONG internationales ont toutefois pointé du doigt les atteintes auxdroits de l'homme, notamment en ce qui concerne les atteintes à la liberté d'expression, les prisonniers politiques et d'opinion, l'instrumentalisation de la justice par lepouvoir exécutif, latorture et la situation dans lesprisons, ainsi que le harcèlement de toutedissidence politique. De leur côté, les autorités de l'époque ont fait valoir que leurs efforts en matière de droits de l'homme ont été officiellement reconnus par des instances internationales comme leConseil des droits de l'homme des Nations unies dont les membres ont souligné, avec quelques réserves pour certains, les progrès accomplis par le pays en la matière[189].
En 2014, unenouvelle Constitution est votée par l'Assemblée constituante qui établit un régime semi-présidentiel où le président de la République conserve des pouvoirs en matière de politique étrangère, de défense et de sécurité intérieure[190]. Il est élu tous les cinq ans ausuffrage universel et ne peut prétendre qu'à deux mandats présidentiels. Responsable de l'action gouvernementale, le chef du gouvernement est le candidat du parti ou de la coalition qui obtient la majorité de siège à l'Assemblée des représentants du peuple. Il est nommé par le président de la République et définit la politique générale de l'État. Le pouvoir législatif, monocaméral, est exercé par l'assemblée composée de217 députés.
Le premier président,Habib Bourguiba, choisit lenon-alignement durant laguerre froide tout en ayant des relations étroites avec l'Europe et les États-Unis. Son successeur,Zine el-Abidine Ben Ali, maintient la tradition tunisienne de bonnes relations avec l'Occident tout en jouant un rôle actif dans les instances régionales arabes et africaines : le pays accueille, en mai 2004, la16e session ordinaire du sommet de laLigue arabe (dont la Tunisie est membre depuis 1958) au cours de laquelle est adoptée la Charte arabe des droits de l'homme[196] et envoie régulièrement de l'aide humanitaire auxPalestiniens et aux États en crise. Le pays est également un membre fondateur de l'OUA, dont elle assure la présidence en 1994-1995, avant de participer à la fondation de l'Union africaine en juillet 2002.
Le pays abrite le quartier général de la Ligue arabe de 1979 à 1990 ainsi que celui de l'OLP de 1982 à 1993, jusqu'à ce que son comité exécutif s'installe dans lesTerritoires occupés, bien que son département politique reste à Tunis. Le pays joue également un rôle modérateur dans les négociations de paix au Proche-Orient : la Tunisie est le premier pays arabe à recevoir une délégation israélienne en 1993, dans le cadre du processus de paix, et maintient une représentation en Israël jusqu'au début de laseconde intifada en 2000.
Coincée entre l'Algérie et la Libye, la Tunisie a toujours cherché à maintenir de bonnes relations avec ses voisins malgré des tensions occasionnelles. La Tunisie et l'Algérie ont résolu un long litige frontalier en 1993 et ont coopéré dans la construction dugazoduc transméditerranéen menant vers l'Italie. La Tunisie a par ailleurs récemment signé un accord avec l'Algérie pour démarquer la frontière maritime entre les deux pays.
Vis-à-vis de son autre voisin, les relations sont plus difficiles à partir de l'annulation par la Tunisie d'un accord visant à la formation d'uneunion tuniso-libyenne en 1974. Les relations diplomatiques sont rompues entre 1976 et 1977 puis se détériorent à nouveau en 1980 lorsque des rebelles appuyés par la Libye tentent de prendre la ville deGafsa[145]. En 1982, laCour internationale de justice tranche le différend relatif à la partition duplateau continental frontalier (riche enpétrole) en faveur de la Libye[198]. L'expulsion par la Libye de nombreux travailleurs tunisiens en 1985 et les menaces militaires américaines conduisent la Tunisie à restreindre leurs relations qui sont à nouveau normalisées dès 1987. Tout en soutenant les sanctions de l'ONU imposées à la Libye, à la suite debombardements aériens américains, la Tunisie prend soin de maintenir de bonnes relations avec son voisin. Elle soutient ainsi la levée de ces sanctions en 2003, la Libye redevenant ainsi l'un de ses partenaires commerciaux majeurs. Néanmoins, les deux pays ont encore un contentieux maritime sur leur frontière commune.
La Tunisie revendique également sa dimension méditerranéenne. Elle participe ainsi au Forum méditerranéen, dont elle organise l'édition 2005, et devient le premier pays dubassin méditerranéen à signer, le, un accord d'association avec l'Union européenne dans le but de renforcer son ancrage à l'Europe[199].
L'action politique de la Tunisie dépasse pourtant les frontières régionales. Lors d'un discours prononcé devant l'Assemblée générale des Nations unies en 1999, le président Ben Ali appelle à la création d'un Fonds mondial de solidarité (en s'inspirant duFonds de solidarité nationale) visant à contribuer à la lutte contre lapauvreté dans les zones les plus déshéritées dans le monde. L'Assemblée générale adopte à l'unanimité, le, une résolution portant création de ce fonds et instaurant les modalités pratiques requises pour sa mise en place.
La défense extérieure de la Tunisie est exercée par l'armée. Fondée le, elle compte un personnel régulier de 35 500 personnes dont 27 000 dans l'Armée de terre[200]. Elle participe surtout à des activités civiles de développement et de lutte contre lescatastrophes naturelles et à des opérations militaires demaintien de la paix sous couvert desNations unies[201].
Le droit tunisien reste largement inspiré par ledroit français, tant dans son contenu que dans ses grandes divisions (public et privé) et ses structures.
La Constitution garantit les principes fondamentaux suivants :
le droit à un procès équitable et à la défense (art. 124 de la Constitution)
l'égalité des citoyens et citoyennes devant la loi et la garantie des libertés et droits individuels et collectifs[202].
Sous les régimes deHabib Bourguiba etZine el-Abidine Ben Ali, la justice tunisienne demeure influencée par le pouvoir exécutif. Ainsi, en tant que chef du Conseil supérieur de la magistrature, le président nomme par décret lesmagistrats, les révoque ou les transfère sur proposition dudit conseil. Certains principes fondamentaux du droit, comme le principe de laprésomption d'innocence (art. 12 de laConstitution de 1959)[203] et la non-rétroactivité de la loi (art. 13 de la Constitution de 1959)[203], sont garantis, tout comme l'inviolabilité de domicile, la liberté de mouvement et les libertés d'opinion, d'expression, de publication, de réunion et d'association, mais ces droits peuvent être toutefois limités par des dispositions légales ou la sécurité d'État (art. 8-10)[203]. Le système juridictionnel est alors précisé par la loi portant sur l'organisation judiciaire de 1967, les règles de compétence (attribution, compétence territoriale et compétence d'exception) étant établies dans d'autres textes dont le Code de procédure pénale du.
Le système judiciaire est composé de trois grands ensembles[204] :
les juridictions judiciaires composées de la Cour de cassation, de tribunaux de second degré et de tribunaux de première instance ;
les juridictions administratives composées duTribunal administratif, de tribunaux administratifs d'appel et de tribunaux administratifs de première instance.
les juridictions financières composées de laCour des comptes avec ses différentes instances.
Les tribunaux militaires sont compétents en matière de crimes militaires[204]. Quant au Conseil supérieur de la magistrature, il se compose pour deux tiers de magistrats en majorité élus et qui élisent un président parmi leurs membres[204]. Une Cour constitutionnelle contrôle sur demande la constitutionnalité des lois, des traités internationaux et du règlement intérieur de l'Assemblée des représentants du peuple[204].
En, le nombre de condamnés à mort est de 130 dont quatre femmes[205]. La dernière exécution d'une sentence depeine de mort remonte à octobre1991[205]. Le, le parlement adopte une loi rétablissant la peine de mort contre des actes terroristes[206].
En 2010, leproduit intérieur brut (PIB) de la Tunisie atteint 57,17 milliards dedinars (39,58 milliards dedollars) soit une hausse de 7 % par rapport à 2009[207]. En 1960, celui-ci ne se montait qu'à847 millions de dollars, passant à 1,581 milliard en 1970, 8,634 milliards en1980, 12,875 milliards en 1990 et 21,254 milliards en1999[208]. Quant à lapopulation active, elle atteint 3,769 millions de personnes en 2010 mais la population active occupée totalise 3,277 millions de personnes[209], dont près de 30 % de femmes, ce qui représente tout de même plus du double du niveau de 1980[210].
D'après un rapport de laBanque mondiale paru en 2014, une grande partie des réglementations adoptées par le gouvernement sous la présidence deZine el-Abidine Ben Ali visait à favoriser un cercle d'entrepreneurs proche du pouvoir. Après la chute de son régime, une commission d'enquête est mise en place et dresse une liste de114 personnes, dont Ben Ali, ses apparentés et ses gendres, ayant bénéficié de cette corruption institutionnalisée. Les biens saisis comprennent quelque 550 propriétés, 48 bateaux et yachts, 40 portefeuilles d'actions et d'obligations, 367 comptes en banques et environ 400 entreprises. Les experts de la commission évaluent à13 milliards de dollars la valeur de l'ensemble, soit plus d'un quart du PIB de la Tunisie en2011[211].
Après larévolution de 2011 qui renverse Ben Ali, le maintien depolitiques d'austérité (gel du recrutement dans la fonction publique, baisse des subventions) et deréformes structurelleslibérales (privatisations, indépendance de la banque centrale, ouverture du marché…), bien que modérées, réduisent le pouvoir de régulation sociale de l'État, favorisant l'augmentation des inégalités. Ainsi, les 10 % de Tunisiens les plus riches détiennent 40 % du revenu national. Le système fiscal est particulièrement pointé du doigt : souvent décrit comme très inégalitaire, il taxe surtout les bas revenus, l'évasion fiscale étant très importante[212].
Lesattentats islamistes qui ont touché letourisme, qui représente près de 7 % du PIB durant les années 2010, portent un coup à l'économie tunisienne. Avec une croissance économique quasi nulle, le pays est proche de la récession et connaît une dérive de sa dette, qui passe de 66,9 % du PIB en 2017 à 79,3 % en 2023[213]. La plupart des prêts auprès des institutions financières internationales servent à rembourser la dette (plus de 80 % d'entre eux entre 2011 et 2016)[212].
Habib Bourguiba en compagnie d'Ahmed Ben Salah, secrétaire général de l'UGTT.
À la proclamation de l'indépendance en 1956, le pays ne dispose pas des atouts de ses voisins maghrébins : terres agricoles moins productives, infrastructure portuaire moins développée, marché intérieur étriqué, épargne faible et écornée par l'émigration des populations d'origine européenne[215] et relations avec les milieux d'affaires français réduits, chômage élevé et équipement industriel embryonnaire[216]. La priorité établie par le nouveauprésidentHabib Bourguiba est alors de libérer l'économie nationale du contrôle français qui avait favorisé l'agriculture et l'extraction minérale, mais avait, en grande partie, négligé l'industrie[217],[218], la Tunisie étant alors le pays le moins industrialisé du Maghreb[219]. Dans ce contexte, l'importance croissante de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) dans les choix économiques par l'action de son secrétaire général,Ahmed Ben Salah, mène le pays vers l'adoption de mesures collectivistes dans l'économie[217]. L'expérience coopérative dure jusqu'en septembre1969 lorsqueBourguiba suspend Ben Salah de ses fonctions à la suite de la parution d'un rapport confidentiel de laBanque mondiale sur le déficit des entreprises publiques[220] et aux pressions de l'aile pragmatique du parti. Avec l'arrivée d'Hédi Nouira, pragmatique gouverneur de laBanque centrale hostile au collectivisme[221], au ministère de l'Économie puis auPremier ministère, la Tunisie se réoriente vers l'économie de marché et lapropriété privée[217]. Durant la décennie desannées 1970, la Tunisie connaît une expansion du secteur privé et un développement rapide de l'emploi manufacturier. Cette timide ouverture permet la création de nouveaux emplois et, par conséquent, le développement d'une meilleure mobilité sociale de la jeunesse nouvellement instruite et la croissance d'uneclasse moyenne[222].
Billet de 20 dinars tunisiens (1983).
En 1986, la Tunisie connaît sa première année de croissance négative depuis son indépendance. Les agitations sociales augmentent de façon dramatique pendant cette période et l'UGTT, qui critique ouvertement la politique économique adoptée par le gouvernement, organise desgrèves et des manifestations contre l'augmentation duchômage et la politique salariale[217],[218]. Le gouvernement se met alors d'accord avec leFonds monétaire international sur la mise en place d'un programme de reprise économique sur18 mois. L'objectif principal du plan est d'accroître l'efficacité et de promouvoir les mécanismes du marché. En même temps, il est conçu pour surmonter les conséquences sociales et politiques de ses mesures. Les dépenses publiques sont concentrées aux secteurs de la santé, de l'éducation, du logement et des services. Le gouvernement ne lance cependant pas de véritables programmes avant1987.
La privatisation se traduit dans un premier temps par la vente depetites et moyennes entreprises avec un bon historique bancaire à des acheteurs tunisiens présélectionnés. Depuis le lancement du nouveau programme de privatisation en1987, le gouvernement a totalement ou partiellement privatisé203 entreprises, dont de grands établissements publics telTunisie Télécom, pour une recette globale de 5 557 millions de dinars[223]. De plus, la non préparation de plusieurs secteurs à l'ouverture a conduit au maintien d'un niveau de chômage élevé et variant selon les sources de 13 % à 20 %[224]. Pourtant, le chômage ne touche pas que les populations les plus vulnérables : le taux de chômage des diplômés de l'enseignement supérieur est ainsi en augmentation depuis plusieurs années. Alors qu'il était de 4 % en 1997 et de 0,7 % en 1984[225], il atteint 20 % contre une moyenne nationale de 14 %, voire près de 60 % dans certaines filières selon une enquête de laBanque mondiale[226]. En 1959, le pays prend ses premiers contacts avec laCommunauté économique européenne. En juillet 1966, le président Bourguiba effectue une tournée en Europe et aboutit au lancement de négociations qui conduisent à la signature d'un premier accord commercial le à Tunis[227].
À partir des années 1970, positionnée sur des secteurs où sa compétitivité s'est érodée, tels que letextile, la Tunisie se lance dans le moins-disant social pour maintenir ses positions, en pratiquant un régime d'incitations fiscales dont des investisseurs ont su tirer profit en accroissant la précarité de leurs salariés. Le tourisme entame également une course au rabais, au détriment de la qualité. Sous la présidence deZine el-Abidine Ben Ali, les banques publiques ont pour consigne de ne pas exiger le remboursement de leurscréances afin de maintenir à flot ce secteur et de préserver les intérêts des clans proches du pouvoir, propriétaires des hôtels. La libéralisation de l'économie est engagée dans les années 1980. souvent en faveur des réseaux proches du gouvernement :« Les privatisations ont été un lieu unique de prédation des« clans », mais aussi de distribution d'avantages et de rentes pour la bourgeoisie traditionnelle », souligne leRéseau euro-méditerranéen des droits de l'homme en 2011[180],[228].
Un accord d'association est finalement signé avec l'Union européenne le et entre en vigueur le pour engendrer dès 1996 le démantèlement progressif des barrières douanières jusqu'au[229].
Depuis l'indépendance de la Tunisie, l'agriculture a enregistré des taux de croissance importants et a permis au pays d'atteindre un niveau desécurité alimentaire suffisant. En dépit du développement des autres secteurs de l'économie nationale, l'agriculture conserve une importance sociale et économique : elle assure environ 12,3 % duPIB et emploie 16,3 % de la main-d'œuvre en 2006. Les principales productions agricoles sont lescéréales (blé etorge), lesolives (2e producteur[230] et3e exportateur mondial d'huile d'olive depuis 2007[231]), lesdattes, lesagrumes et les produits de la mer.
Si la gestion de l'agriculture appartient encore à des établissements publics, tels l'Office des céréales ou l'Office national de l'huile[232], le secteur agricole est de plus en plus pris en charge par des groupes privés souvent présents dans l'industrie agroalimentaire tel le groupePoulina, le premier groupe privé du pays.
En matière industrielle, la Tunisie est le premier exportateur d'Afrique en valeur absolue : elle est ainsi passée devant l'Afrique du Sud en 1999[233]. Les secteurs dutextile et de l'agroalimentaire représentent 50 % de la production et 60 % de l'emploi de l'industrie manufacturière. Mais, après avoir cru à un rythme annuel de 2,1 % (entre 2000 et 2005), l'industrie tunisienne fait aujourd'hui face à la concurrence étrangère. Toutefois, les exportations de produitsmécaniques et électriques se sont multipliées par cinq entre 1995 et 2005[224]. Quatrième fournisseur de l'Union européenne en produits textiles, elle était jusqu'en 2002 le premier fournisseur de la France avant d'être surclassée par la Chine en 2003.
Dans le secteur desservices, le développement dutourisme remonte aux années 1960 grâce à l'action conjuguée de l'État et de groupes privés. Le secteur touristique représente 6,5 % duPIB et fournit 340 000 emplois dont 85 000 emplois directs, soit 11,5 % de lapopulation active occupée avec une forte part d'emploi saisonnier. Outre le tourisme balnéaire majoritaire, le tourisme saharien (Douz etTozeur attirant chaque année plus de 250 000 touristes durant toute l'année) est en fort développement. Plus récemment, letourisme vert, lathalassothérapie et letourisme médical sont apparus et croissent très rapidement. En, le gouvernement manifeste le souhait de promouvoir l'investissement dans letourisme durable[234], alors bénéficiant d'unregain de popularité chez les visiteurs.
Dès le début du millénaire, leWWF exhorte les professionnels du tourisme réunis àBerlin à développer dans les pays de la Méditerranée untourisme durable, en estimant qu'au cours des vingt prochaines années, un groupe de pays méditerranéens comme leMaroc, la Tunisie, laGrèce, laTurquie et laCroatie subiraient une montée du tourisme étranger, totalisant environ 350 millions de visiteurs par an[235]. Il appelle alors l'industrie du tourisme à adopter et encourager des pratiques plus responsables afin de renverser la vapeur en défendant des programmes de développement écologiques[235].
Le secteur du commerce et de la distribution, qui emploie plus de 500 000 personnes et participe à 10,7 % du PIB national, se divise en deux catégories[236]. Ainsi, le secteur se caractérise encore par la prédominance du commerce traditionnel avec 88 % (2006) duchiffre d'affaires, l'essentiel des transactions commerciales étant réalisé par de petits commerçants. La distribution moderne, qui compte pour 12 % du chiffre d'affaires global et regroupe des enseignes nationales et internationales, n'est apparue que lorsque le marché s'est libéralisé en1999[237].
Les infrastructures detélécommunications sont largement développées[240] : le réseau téléphonique compte 1 863 140 abonnements fixes[241] et 16 400 000 abonnements mobiles[242] en 2023 ; 72 % de la population utiliseInternet[243]. L'opérateur public,Tunisie Télécom, domine le marché de latéléphonie fixe avec 69,5 % des abonnements en contre 16,8 % pourOoredoo et 13,7 % pourOrange Tunisie[244] alors que Ooredoo domine le marché de latéléphonie mobile avec 42,8 % des abonnements contre 30,4 % pour Tunisie Télécom et 26,6 % pour Orange Tunisie[245].
L'Agence tunisienne d'Internet gère le réseau Web sur le plan national qui compte douzefournisseurs d'accès (sept publics et cinq privés). Par ailleurs, 281publinets (accès publics à Internet) sont répartis sur l'ensemble du territoire[240].
Lesressources naturelles de la Tunisie sont modestes si on les compare à celles de ses voisines : l'Algérie et la Libye. Le secteur de l'industrie est le premier consommateur d'énergie, avec une part de 36 % de la consommation globale, suivi par le secteur du transport avec 30 % de la consommation totale[246].
Le phosphate est extrait par laCompagnie des phosphates de Gafsa dans plusieurs gisements situés dans le centre du pays et en particulier dans la région deGafsa. 15 % du phosphate produit sont vendus à l'état brut et 85 % sont transformés par leGroupe chimique tunisien[247]. En 1999, la Tunisie était le cinquième producteur mondial de phosphate avec 5,5 % du total mondial[248].
Selon les estimations, la Tunisie possède des réserves prouvées depétrole brut estimées à425 millions debarils en janvier 2015[3]. La majorité est située dans legolfe de Gabès et le bassin de Ghadamès dans le sud du pays. Le pays produit près de 55 000 barils de pétrole brut par jour en 2015[3], dont la majorité provient de seulement six concessions (Adam, Ashtart, Didon, El Borma, Miskar et Oued Zar) ne parvient pas à couvrir la demande locale, qui se monte à 86 000 barils par jour en 2013[3]. Le secteur est dominé par une société publique, l'Entreprise tunisienne d'activités pétrolières dont la mission est de gérer les activités d'exploration et de production de pétrole mais aussi degaz naturel pour le compte du gouvernement.
Puits Fella-1 du champ gazier de Nawara.
Face aux limites de sa production pétrolière, le pays se tourne de plus en plus vers le gaz naturel pour couvrir sa demande en énergie. Le pays dispose de réserves prouvées de 65,13 milliards de pieds cubes en 2014[3] dont deux-tiers sont offshore. En 2013, le pays produit 1,879 milliard de pieds cubes tout en consommant 4,079 milliards de pieds cubes durant la même année[3]. 60 % de la production provient des gisements exploités parBritish Gas, le plus important investisseur énergétique en Tunisie, à Miskar et Hasdrubal[249]. Les entreprises tunisiennes constituent 19 % du marché de l'exploration et de la production du pays. L'ETAP gère les réserves nationales et agit en tant que partenaire principal dans presque toutes les activités d'exploration et de production car elle détient 51 % de toutes les concessions. Mais ce sont les entreprises américaines qui dominent avec 38 % du marché, suivi par les entreprises européennes avec 19 %, canadiennes avec 12 % etasiatiques avec 10 %.
Ladémographie de la Tunisie se caractérise par l'homogénéité de la population en matière de composantes culturelles ou religieuses. Ainsi, sur un fondphénicien[252] et bien que le pays ait été influencé par diverses cultures et civilisations au cours de son histoire, ce sont lesArabes qui marquent le plus l'identité tunisienne : l'écrasante majorité des Tunisiens sontarabophones etmusulmans[253].
Certains groupes, descendants des Berbères, ont cependant su conserver leur langue et leurs coutumes, souvent en raison de leur enclavement géographique[255]. En effet, de nos jours, ils habitent souvent les régions de montagnes (Matmata,Tataouine,Gafsa ouSbeïtla). Toutefois, lesberbérophones, qui représentent un important pourcentage au Maroc et en Algérie, restent peu nombreux en Tunisie[3].
On considère que la quasi-totalité des Tunisiens est deconfession musulmanesunnite, principalement derite malikite, bien qu'il n'existe aucun recensement couvrant l'intégralité du territoire. De la forte population juive qui a existé durant deux mille ans, il n'en reste plus qu'une infime partie, vivant principalement dans la région de Tunis et àDjerba, car la majorité desJuifs tunisiens ont émigré vers Israël ou la France. Il existe également une petite population chrétienne. Les quelques tribus nomades, minoritaires, sont pour la plupart intégrées et sédentarisées.
La Tunisie a dépassé le cap des dix millions d'habitants en 2005, ce qui correspond à un triplement de sa population depuis 1956 (3 448 000 habitants) et à un doublement depuis le début des années 1970. Néanmoins, lacroissance démographique ralentit, le pays accélérant satransition démographique dans les années 1990. Ainsi la Tunisie possède la population la plus âgée d'Afrique[256]. En 2012, l'indice de fécondité est estimé à 2,2 enfants par femme.
La Tunisie est aussi un pays qui connaît un taux important d'émigration : le nombre de Tunisiens résidant à l'étranger est évalué en 2012 à 1 223 213 personnes, dont 84,5 % résident enEurope[257]. La Tunisie est par ailleurs l'un des principaux points de départ des migrants préparant la traversée de la Méditerranée pour rejoindre l'Europe. Selon leministre de l'Intérieur, près de 23 000 migrants irréguliers sont présents dans le pays en 2024[258].
Répartition de la population entre 1966 et 2014[259]
L'islam est la religion principale et officielle de la Tunisie[260]. La grande majorité desmusulmans tunisiens sontsunnites deritemalikite, le reste étanthanafite[261] ouibadites[262]. Les Tunisiens conservent paradoxalement quelques croyances comme lemauvais œil. Par ailleurs, lesoufisme tient une grande place dans le pays qui est parsemé de constructions blanches que sont leszaouïas. Ce sont les tombeaux desaints qui sont censés posséder un privilège dans l'au-delà qui leur permet d'être un lien entre l'homme etDieu. De nos jours, certains Tunisiens continuent à les fréquenter et à leur demander des faveurs.
Lechristianisme et lejudaïsme sont devenus très minoritaires en Tunisie mais le pays se caractérise par sa tolérance et son ouverture aux autres cultures qui ont fait son identité, notamment sur l'île deDjerba[263],[264]. Lasynagogue de la Ghriba est l'une des plus anciennessynagogues au monde et la plus ancienne utilisée sans interruption. Beaucoup deJuifs d'origine tunisienne la considèrent comme un lieu depèlerinage. Chaque année, des célébrations sont organisées à raison de son ancienneté et la légende selon laquelle elle aurait été construite en utilisant des pierres dutemple de Salomon[265].
LaConstitution de 1959 prévoit ainsi l'exercice libre de la foi tant qu'elle ne porte pas atteinte à l'ordre public[260]. Les gouvernements des présidentsBourguiba etBen Ali respectent généralement ce droit mais ne permettent pas l'établissement de partis politiques basés sur lareligion, interdisent leprosélytisme non-musulman, lapolygamie[266] et limitent le port duhidjab, notamment dans les administrations et les écoles publiques[260]. Lesminorités religieuses connaissent néanmoins deux discriminations : leprésident de la République tunisienne ne peut être d'une autre confession que celle musulmane (article 40 de la Constitution) et le prosélytisme non-musulman est interdit car il est considéré comme une atteinte à l'ordre public[260],[267].
LaConstitution de 2014 exige de l'État qu'il garantisse la liberté de croyance et de conscience et le libre exercice du culte, protège lesacré, garantisse la neutralité deslieux de culte, diffuse les valeurs de modération et de tolérance, proscrive l'accusation d'apostasie et s'oppose à l'incitation à la haine et à la violence[1].
La Tunisie est l'État duMaghreb le plus homogène sur le plan linguistique[268], la quasi-totalité de la population parle l'arabe tunisien en tant quelangue maternelle etvernaculaire, et comprend l'arabe littéral, qui est lalangue officielle du pays[1]. L'arabe tunisien est considéré comme undialecte dérivé de l'arabe classique — ou plus exactement un ensemble de dialectes[269] — pour lesquels il n'existe aucun organisme officiel de normalisation[270] et qui est surtout parlé dans le cadre d'un dialogue quotidien au sein de la famille. Selon des études linguistiques, il serait proche dumaltais[271], qui n'est toutefois pas considéré comme un dialecte arabe pour des raisons sociolinguistiques. Leberbère est parlé par une minorité berbérophone, surtout dans le Sud du pays.
Durant leprotectorat français de Tunisie, lefrançais s'impose à travers les institutions nationales, particulièrement l'éducation, qui deviennent un fort vecteur de diffusion. À partir de l'indépendance, le pays s'arabise peu à peu, même si l'administration et l'enseignement restent longtemps bilingues[272]. Le pays est membre de l'Organisation internationale de la francophonie depuis 1970[273]. De plus, les gouvernorats de Béja, Gafsa, Médenine, Monastir, Sfax, Sousse et Tunis sont membres de l'Association internationale des régions francophones[274].
Les années 1990 marquent un tournant avec l'arabisation des cours de sciences jusqu'à la fin du collège, avec toutes les difficultés occasionnées par ce type de processus, afin de faciliter l'accès aux études supérieures et ce dans un contexte de réhabilitation du référent arabo-islamique dans l'espace public[272]. Enoctobre 1999, les établissements commerciaux se voient contraints d'accorder deux fois plus de place aux caractères arabes qu'aux caractères latins[272]. Dans le même temps, l'administration se voit contrainte de communiquer exclusivement en arabe mais seuls les ministères de laDéfense et de laJustice et leParlement sont totalement arabisés[268]. Dans ce contexte, l'usage du français semble régresser malgré le nombre accru de diplômés du système d'enseignement, ce qui conduit au fait qu'une bonne pratique du français demeure un marqueur social important[272]. Puisqu'elle reste largement pratiquée dans les milieux d'affaires, l'univers médical et le monde culturel, on peut même considérer qu'elle s'est embourgeoisée[272].
D'après les dernières estimations fournies par le gouvernement tunisien à l'Organisation internationale de la francophonie, le nombre de personnes ayant une certaine maîtrise du français est chiffré à 6,36 millions de personnes, soit 63,6 % de la population[275].
Lapresse écrite connaît, sous les régimes autoritaires des présidentsHabib Bourguiba puisZine el-Abidine Ben Ali, des périodes de libéralisation puis decensure. La révolution constitue un tournant, avec l'autorisation donnée à près de 200 nouveaux journaux et revues de paraître[276]. Lespartis politiques ont le droit de publier leurs propres journaux mais ceux despartis d'opposition n'ont longtemps eu qu'un tirage très limité.
L'éducation préscolaire non obligatoire, qui s'adresse aux enfants de trois à six ans[277], est dispensée dans les jardins d'enfants[278].
L'enseignement de base est obligatoire et gratuit, de six à seize ans, et se répartit sur deux cycles : le premier cycle, d'une durée de six ans, est dispensé à l'école primaire alors que le deuxième cycle, d'une durée de trois ans, se déroule au collège[277],[279].
Ce parcours est sanctionné par le diplôme de fin d'études de l'enseignement de base permettant aux diplômés d'accéder à l'enseignement secondaire (toujours gratuit) dispensé au lycée durant quatre ans à partir de la réforme de 1995[278]. Il comprend un tronc commun d'une année (trois jusqu'en 1991) au terme duquel les élèves sont orientés vers un deuxième cycle de trois ans comprenant sept filières (lettres, mathématiques, sciences expérimentales, sciences techniques, sciences de l'informatique, économie-gestion et sport) et sanctionné par lebaccalauréat permettant l'accès à l'enseignement supérieur[278]. Celui-ci compte notamment179 établissements rattachés aux treize universités — dont cinq à Tunis, une àSousse, une àSfax, une àKairouan, une àGabès, une àGafsa, une àMonastir et une àJendouba — mais aussi 24instituts supérieurs des études technologiques (ISET).
Laformation professionnelle est assurée par un ensemble d'opérateurs publics parmi lesquels figure l'Agence tunisienne de la formation professionnelle qui assure une tutelle pédagogique de l'ensemble des opérateurs publics et privés[278]. Les diplômes délivrés après une formation initiale sont de trois niveaux : le certificat d'aptitude professionnelle (CAP) qui sanctionne un cycle de formation d'une durée minimale d'une année après l'enseignement de base, le brevet de technicien professionnel (BTP) qui sanctionne un cycle de formation d'une durée minimale d'une année après la fin du premier cycle de l'enseignement secondaire ou après l'obtention du CAP et le brevet de technicien supérieur qui sanctionne un cycle de formation d'une durée minimale de deux années après le baccalauréat ou après l'obtention du BTP[278].
Alors que 21 % du budget national est consacré en 2008 à l'éducation nationale, le nombre d'élèves inscrits dans les niveaux primaire et secondaire se monte à 2,1 millions en 2008 contre 2,4 millions en 2000 et 1,7 million en 1987 ; 370 000 étudiants sont inscrits dans le même temps dans l'enseignement supérieur[280], soit 27 % de la classe d'âge concernée[44]. En 2005, le taux d'alphabétisation est de 76,2 % et le taux de scolarisation des enfants de12 à 17 ans, égal pour les garçons et les filles, est de 66 %[44].
En 2015, leministère de l'Éducation décide d'intégrer une solution numérique pour les élèves qui a pour but de perfectionner la qualité de l'apprentissage[281].
En 2013, les dépenses de santé représentent 7,1 % duPIB du pays[3]. En 2010, on compte1,22 médecins pour 1 000 habitants[3].
L'espérance de vie à la naissance est de 75,9 ans en 2015, soit respectivement 73,8 ans pour les hommes et 78,1 ans pour les femmes[3]. Lamortalité infantile est de 22,35 morts pour 1 000 naissances en 2015[3].
En 2020, en raison de lapandémie de Covid-19, l'inquiétude s'étend au corps médical[282]. En 2021, la Tunisie franchit le seuil des 10 000 décès, le deuxième en Afrique avec un taux de mortalité élevé[283].
Arts
Nejib Belkadhi lors de la cérémonie desTunisia Web Awards en 2015.
DansLes Ambassadeurs (1975),Naceur Ktari met en scène des émigrés maghrébins en France qui y sont confrontés auracisme.Les Silences du palais (1994) deMoufida Tlatli a quant à lui été primé par plusieurs jurys internationaux. Premier film arabe réalisé par une femme, on y découvre la vie dans une maison aristocratique de Tunis à travers les yeux d'une jeune fille. En 2007, le paysage cinématographique tunisien voit la sortie de plusieurs films recevant un certain succès auprès du public tels queMaking of de Bouzid ouVHS Kahloucha deNejib Belkadhi.
Orchestre de La Rachidia au Théâtre municipal de Tunis.Fel ghorba fenani par Saliha (1914-1958).
Lamusique tunisienne est, quant à elle, relativement diversifiée. Principalement influencée par les cultures arabo-andalouse, arabe et occidentale, elle est le résultat d'un métissage culturel. Son courant musical classique et le plus réputé est lemalouf. Toutefois, les chants traditionnels continuent de rencontrer un certain succès. Côté instruments, les régions urbaines et rurales se différencient quelque peu.
Dans le même temps, une majorité de la population est attirée par des musiques d'origine arabe (égyptienne,libanaise ou encoresyrienne). La musique occidentale actuelle remporte également un succès important avec l'émergence de nombreux groupes et de festivals derock, dehip-hop, dereggae et dejazz.
Le théâtre tunisien s'est surtout développé entre la fin duXIXe et le début duXXe siècle durant leprotectorat français[286]. Fondé à cette époque, leThéâtre municipal de Tunis[286] a accueilli en plus d'un siècle d'existence de grands noms de la scène tunisienne et internationale[286]. Le,Habib Bourguiba consacre son discours au théâtre qu'il considère comme« un puissant moyen de diffusion de la culture ainsi qu'un moyen d'éducation populaire des plus efficaces »[287]. Toutefois, le théâtre tunisien n'a jamais connu un réel développement. En1970, sous l'impulsion de l'acteurAly Ben Ayed,Caligula d'Albert Camus est traduit enarabe et les œuvresMourad III ouLe Temps du Bouraq deHabib Boularès maintiennent le ton de la violence sanglante. Même si, de plus en plus, les spectacles dits de boulevard sont restreints au profit d'un genre de spectacle plus sophistiqué[288],Moncef Souissi etEzzedine Madani ont créé un théâtre d'expression populaire et moqueur entunisien. Le courant dit du Nouveau Théâtre de Tunis a également repris le fil de la dérision. Nommé en1988 à la tête duThéâtre national tunisien (TNT),Mohamed Driss lui offre une nouvelle salle,Quatrième art, en1996[289] et l'ouvre aux spectacles deballet, decirque et dechant[289]. Quant àEl Teatro, le premier théâtre privé de Tunisie[290], il offre des représentations théâtrales, des spectacles de danse, des concerts de jazz, des galas de musique arabe, des expositions d'art et des récitals depoésie[290].
La naissance d'unepeinture tunisienne contemporaine est fortement liée à l'École de Tunis mise en place par un groupe d'artistes de Tunisie unis par la volonté d'incorporer des thèmes proprement tunisiens et rejetant l'influence orientaliste de la peinture coloniale. Après lapeinture expressionniste d'Amara Debbache,Jellal Ben Abdallah etAly Ben Salem se font reconnaître, l'un pour ses miniatures de style byzantin, l'autre pour son rattachement à l'impressionnisme[291]. La vie quotidienne devient par ailleurs l'inspiration deZoubeir Turki et d'Abdelaziz Gorgi. L'abstraction saisit également l'imagination des peintres commeEdgard Naccache, Nello Lévy etHédi Turki. Après l'indépendance en1956, le mouvement pictural tunisien entre dans une dynamique d'édification nationale, des artistes se mettant au service de l'État. Des artistes ont ainsi pu accéder à une reconnaissance internationale tels queHatem El Mekki, peintre abstrait, dont la facture rappelle celle d'Alberto Giacometti[291]. La jeune peinture emboîte davantage le pas à ce qui se passe ailleurs dans le monde[291] :Sadok Gmech puise son inspiration dans le patrimoine national alors que Moncef Ben Amor se tourne vers le fantastique. Dans un autre registre,Youssef Rekik réutilise la technique de la peinture sur verre etNja Mahdaoui retrouve la calligraphie dans sa dimension mystique[291].
Laferronnerie remonte pour sa part à l'époque andalouse lorsque l'on décorait lesportescloutées, ornement devenu caractéristique dufer forgé tunisien. Bleues par tradition, destinées à embellir les maisons et à préserver l'intimité des habitants, ces grilles rappellent lesmoucharabiehs de la tradition arabo-andalouse, panneaux de bois sculpté qui permettaient aux femmes de regarder dans la rue sans être vues.
La ville deKairouan constitue quant à elle le centre national de production detapis. La Tunisie possède enfin une riche tradition demosaïques remontant à la période antique.
Le costume traditionnel est la tenue par excellence desmariages et autres cérémonies[296]. Au niveau national, c'est lajebba qui s'est imposée comme habit traditionnel[296]. Lesbabouches masculines sont en général de la couleur naturelle ducuir[297], celles des femmes étant dans leur majorité brodées de fils desoie, decoton, d'or et d'argent avec des motifs floraux ou des croissants[297]. Dans des régions du Nord et du Sud, les femmes portent traditionnellement la melia ou lehouli[298].
Importé par lesAndalous auXVIe siècle, lejasmin (Jasminum grandiflorum[N 3]) est devenu la fleur emblématique de la Tunisie. Dès la tombée de la nuit, les vendeurs confectionnent depetits bouquets et les vendent aux passants dans la rue ou aux automobilistes arrêtés aux carrefours. Par ailleurs, le jasmin fait l'objet d'un langage spécifique. Ainsi, un homme qui en porte à l'oreille gauche indique qu'il estcélibataire. De plus, offrir du jasmin blanc est une preuve d'amour alors qu'offrir dujasmin d'hiver, sans odeur, est signe d'insolence[299].
Festivals
Festival international d'Hammamet.
Des centaines de festivals internationaux, nationaux, régionaux ou locaux ponctuent l'agenda annuel. Les festivals de musique et de théâtre dominent largement la scène culturelle nationale.
D'autres festivals mettent également à l'honneur la musique tunisienne traditionnelle, comme le Festival de la musique traditionnelle, ou encore lejazz tunisien, comme Jazz à Carthage et leTabarka Jazz Festival.
Dans la ville deSousse, lecarnaval d'Aoussou est un événement festif et culturel annuel qui se déroule chaque. C'est un défilé composé de chars symboliques, defanfares et de troupes folkloriques de Tunisie et d'ailleurs qui a lieu près de la plage de Boujaafar, à la veille du début d'Aoussou, terme désignant lacanicule du mois d'août selon lecalendrier berbère.Oumouk tangou est une ancienne tradition tunisienne d'invocation de lapluie qui semble héritée de la traditionpunique, et relève de l'ancien culte de la déessepuniqueTanit (Tinit, Tannou ou Tangou).
Lacuisine tunisienne est un héritage des diverses populations qui s'y sont succédé et mélangées en Tunisie. Elle se distingue par l'utilisation importante d'épices et d'herbes aromatiques, notamment lepiment, lesafran, legingembre, lecumin, lacoriandre, lepoivre, lecurcuma ou lecarvi. Les plats se basent essentiellement sur les produits locaux :poissons, viandes demouton etbœuf,blé dur et tendre ou encore une palette très large de fruits et légumes. La base de l'alimentation est lasemoule, d'où lecouscous, et lespâtes[300].
Ces dernières sont sans doute le plat le plus consommé, en 2017, la Tunisie se plaçant au deuxième rang mondial après l'Italie avec 16 kg par habitant et par an[301], en particulier lesspaghettis etmacaronis servis généralement avec de lasauce tomate plus ou moins pimentée et épicée, accompagnée de viande qui selon l'envie et les régions est de l'agneau, du bœuf, du poisson, dulapin voire dupoulet, même si le plat traditionnel reste le couscous. Lepain, notamment le traditionnelpaintabouna (constitué essentiellement de semoule de blé et non defarine) est également un aliment apprécié de beaucoup de Tunisiens. Lefricassé est une sorte desandwich constitué d'une pâte cuite dans l'huile, remplie de miettes dethon, d'harissa avec parfois desolives, descâpres et des rondelles d'œufs durs ; il est vendu dans beaucoup d'échoppes derestauration rapide, tout comme le fameux casse-croûte tunisien contenant les mêmes ingrédients. Un autre plat fort apprécié est labrik à l'œuf, traditionnellement avec des garnitures à base de thon,pomme de terre,persil, œuf etfromage. Leborghol est une soupe à base de blé concassé et de petitesfèves séchées, parfumé de cumin, d'ail, d'harissa et d'huile d'olive. Laojja, lachakchouka et les divers ragoûts se mangent traditionnellement en y trempant son pain.
Assortiment de gâteaux traditionnels.
La cuisine tunisienne se différencie quelque peu de ses voisines nord-africaines. Letajine tunisien, contrairement à la versionmarocaine, consiste en une sorte dequiche à base d'œuf, viande (ou poulet), pomme de terre et persil. Le couscous, lui, se caractérise par une combinaison entre les légumes (pommes de terre,tomate,carotte,courge,pois chiche, fève,chou,navet et piment), la viande (surtout celle d'agneau) ou le poisson et la semoule de blé dur. Lamloukhiya, contrairement à la version égyptienne, nécessite une préparation et une très longue cuisson ; on l'accompagne plutôt de viandes rouges (comme le bœuf ou l'agneau) aux viandes blanches (comme le lapin) et on la prépare à l'occasion dunouvel an musulman. LeMouled est, quant à lui, l'occasion de préparer une crème pâtissière à base depignons de pin, l'assidat zgougou.
La pâtisserie tunisienne est diversifiée : parmi les pâtisseries traditionnelles, qualifiées de« pâtisseries orientales » dans les pays occidentaux, les plus connues sont lemakroud deKairouan, lazlabia aumiel et les gâteaux à base d'amandes, defruits secs, de pignons de pin et depistaches, dont notamment lebaklawa servi lors des fêtes et des mariages.
Le sport en Tunisie est marqué par la domination dufootball, tant sur le plan de la couverture médiatique que du succès populaire avec 27 733 licenciés contre 13 992 pour letaekwondo, second sport le plus pratiqué dans le pays[302]. Toutefois, des sports comme levolley-ball ou lehandball figurent également parmi les sports les plus représentés même si des sports moins connus sont plus pratiqués par les Tunisiens, notamment les arts martiaux (taekwondo,judo etkaraté), l'athlétisme voire letennis[302]. D'autres grands sports comme lecyclisme sont en revanche moins représentés, faute d'infrastructures, d'équipements et d'intérêt médiatique suffisants[303].
Oussama Mellouli, champion olympique et du monde du 1 500 mètres nage libre.
En, le pays compte 1 673 clubs sportifs dont les principaux sont actifs dans le football (250) et le taekwondo (206)[302]. Viennent ensuite le karaté et ses dérivés (166), lehandisport (140), le handball (85), l'athlétisme (80), le judo (66), lekung fu (60), lekick-boxing (59), le basket-ball (48), lapétanque (47), letennis de table (45), le volley-ball (40), laboxe (37), lanatation (31) et le tennis (30)[302].
Parmi les sportifs les plus connus,Mohammed Gammoudi s'illustre en athlétisme, ce qui lui permet de remporter quatre médailles auxJeux olympiques, ce qui en fait le sportif tunisien le plus médaillé de l'histoire du pays[308]. La Tunisie a également vu émerger des champions dans des sports individuels tels queAnis Lounifi (champion du monde de judo)[309],Oussama Mellouli (champion du monde et olympique de natation)[310] ou encoreOns Jabeur qui parvient à se classer deuxième joueuse mondiale par laWTA[311].
↑Ce« Virgile écrivant l'Énéide » est découvert vers 1870 àSousse par Gian Maria Massa [1816-1890] dans le jardin d'une maison qu'il rénovait, et a été offert au contrôleur civil de Sousse qui l'a remis au musée de Sousse, pour ensuite être transféré à Tunis.
↑Au cours du mois lunaire de ramadan qui précède la fête de l'Aïd el-Fitr, les musulmansjeûnent pendant la journée et festoient durant la nuit, d'où la possibilité de perturbations des conditions normales de travail. Beaucoup derestaurants sont fermés pendant la journée, alors que fumer ou boire est susceptible de faire l'objet de restrictions. Certaines perturbations se poursuivent éventuellement pendant la fête de l'Aïd el-Fitr elle-même.
↑a etbLes fêtes de l'Aïd al-Fitr et de l'Aïd el-Kebir durent deux jours.
↑Khalil Jelassi, « Othmane Jerandi fait le bilan du mandat de la Tunisie en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies : « Nous avons réussi à défendre les causes justes » »,La Presse de Tunisie,(ISSN0330-9991,lire en ligne, consulté le).
↑abc etdNoura Borsali, « Tricentenaire de la dynastie husseinite (15 juillet 1705 - 25 juillet 1957) : les beys de Tunis à l'épreuve du temps et de l'Histoire »,Réalités,.
↑Hachemi Karoui et Ali Mahjoubi,Quand le Soleil s'est levé à l'ouest : Tunisie 1881, impérialisme et résistance, Tunis, Cérès Productions,, 193 p.(ISBN978-2-857-03010-2),p. 86.
↑Colette Zytnicki,« Gérer la rupture : les institutions sociales juives de France face aux migrations de juifs tunisiens (1950-1970) », dansJuifs et musulmans de Tunisie : fraternité et déchirements, Paris, Somogy,(ISBN978-2-85056-632-5),p. 337.
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↑Frédéric Bobin, Mohamed Haddad et Lilia Blaise, « Élection présidentielle en Tunisie : Kaïs Saïed, ou le nouveau paradigme tunisien »,Le Monde,(ISSN0395-2037,lire en ligne, consulté le).
↑Depuis 1994, la Compagnie des phosphates de Gafsa et le Groupe chimique tunisien sont gérées par le même président-directeur général et leurs directions générales commerciales ont été fusionnées.
↑Samir Aounallah,L'Antiquité tunisienne : de la fondation d'Utique à la chute de Carthage, dix-huit siècles d'histoire (1101 avant J.-C. — 698 après J.-C.), Tunis, Nirvana,, 384 p.(ISBN978-9938530575,lire en ligne).
La version du 6 décembre 2006 de cet article a été reconnue comme « article de qualité », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.