Tsushima(対馬?) ouTsushima-tō(対馬島?,« île de Tsushima »), encoréen :대마도 (Daemado), est une îlejaponaise située aux abords dudétroit de Tsushima. Elle dépend de lapréfecture de Nagasaki dont elle est la plus grande île avec une superficie de 696,26 km2.
Dans lamythologie japonaise, Tsushima était l'une des huit îles originales créées par les divinitésshintoïstesIzanagi etIzanami. Des preuves archéologiques suggèrent que Tsushima était déjà habitée par des colons venus de l'archipel japonais et de lapéninsule coréenne, de lapériode Jōmon à lapériode Kofun. LeSanguo Zhi, textehistorique chinois, décrit un pays appelé Duihai guo (chinois simplifié : 对海国 ;chinois traditionnel : 對海國 ;Wade-Giles : Tui-hai kuo, enjaponais :Tsuikai-koku) avec une population de plus de mille foyers, qui est communément identifié comme étant Tsushima. C'était l'un des quelque trente pays qui composaient l'union deYamatai-koku[1]. Ses familles exerçaient un contrôle sur l'île d'Iki et établissaient des liens commerciaux avec le Japon de lapériode Yayoi. Comme Tsushima n’avait presque aucune terre à cultiver, les habitants de l’île gagnaient leur vie en pêchant et en commerçant.
Sous le systèmeritsuryō, Tsushima devint uneprovince du Japon. Cette province était liée àDazaifu, le centre politique et économique deKyūshū, ainsi qu'au gouvernement central du Japon. En raison de son emplacement stratégique, Tsushima a joué un rôle majeur dans la défense du Japon contre les invasions du continent asiatique et dans le développement de routes commerciales avecBaekje etSilla desTrois royaumes de Corée. Après la défaite deBaekje, aidée par le Japon, par les forces de ladynastie Tang etSilla lors de labataille de Hakusukinoe en 663, des gardes-frontières japonais sont envoyés à Tsushima et le château de Kaneda est construit sur l'île[2].
Tsushima était un centre commercial important pendant cette période. Après l'invasion Toi (刀伊の入寇(Toi no nyūkō?) en 1019, des échanges privés ont commencé entreGoryeo, Tsushima,Iki etKyūshū, mais ils ont été stoppés lors desinvasions mongoles du Japon entre 1274 et 1281. LeGoryeo-sa, un récit de la dynastie Goryeo, mentionne qu'en 1274, les troupes coréennes de l'armée mongole dirigée par Kim Bang-gyeong et comprenant de nombreux soldats coréens ont tué un grand nombre de personnes sur les îles.
Tsushima est devenue l'une des principales bases deswakō, des pirates japonais, également appeléswokou, aux côtés des Iki etMatsuura. En raison de raids répétés de pirates, la dynastieGoryeo et la dynastieJoseon qui a suivi ont apaisé les pirates en établissant des accords commerciaux et en négociant avec lesshoguns Ashikaga et leur député à Kyūshū, et ont parfois eu recours à la force pour les neutraliser. En 1389, le général Pak Wi (朴威) de Goryeo tenta de dégager l'île des pirates de Wokou, mais des soulèvements en Corée l'obligèrent à rentrer chez lui.
Le, le roi récemment abdiqué,Sejong le Grand, de Joseon, envoya le généralYi Jong-mu dans une expédition sur l'île Tsu pour la débarrasser des pirateswokou, à l'aide d'une flotte de 227 navires et de 17 000 soldats, connue en japonais sous le nom d'invasion Ōei. Après avoir subi des pertes dans une embuscade, l'armée coréenne a négocié un cessez-le-feu et s'est retirée le[3],[4]. En 1443, ledaimyō de Tsushima, Sō Sadamori, proposa le traité de Gyehae. Ce traité fixait le nombre de navires de commerce reliant Tsushima à la Corée et le clan Sō monopolisait le commerce avec la Corée[5].
En 1510, les commerçants japonais ont lancé un soulèvement contre la politique plus stricte de Joseon concernant les commerçants japonais de Tsushima et Iki venant àPusan,Ulsan etJinhae pour commercer. Le clan So a soutenu le soulèvement, mais il a été rapidement écrasé. Le soulèvement est devenu plus tard connu sous le nom d'« incident des trois ports(三浦の乱,Sanbo no ran?) au Japon et 삼포왜란 (三浦倭亂,Sampo waeran) en Corée. Le commerce a repris sous la direction du roiJungjong en 1512, mais seulement dans des conditions strictement limitées, et seuls 25 navires ont été autorisés à se rendre à Joseon chaque année[6].
À la fin duXVIe siècle, le dirigeant japonaisToyotomi Hideyoshi a réuni les divers seigneurs féodaux (daimyōs) sous son commandement. La coalition de Hideyoshi, qui planifiait de réunir toutes les factions ayant une cause commune, envahit la Corée sous la dynastieJoseon lors d'une attaque menant à laguerre d'Imjin. Tsushima était la principale base navale de cette invasion et, dans l’appui constant à la guerre, un grand nombre de prisonniers coréens ont été transportés à Tsushima jusqu’en 1603.
En 1587, Toyotomi Hideyoshi confirma la possession de Tsushima par leclan Sō qui jouait déjà un rôle de plus en plus important dans les relations diplomatiques entre la Corée et le Japon jusqu'à ce que les négociations entre les deux pays soient officiellement leur prérogative ; ceux-ci négocient notamment la paix à la suite de la défaite du Japon lors de laguerre d'Imjin.Sō Yoshitoshi (宗 義智, 1568-) était undaimyō (seigneur féodal) clan Sō du domaine insulaire de Tsushima. En 1603,Tokugawa Ieyasu établit un nouveau shogunat ; etSō Yoshitoshi s'est officiellement vu attribuer le domaine Fuchū (100 000 koku) dans la province de Tsushima[7].
Le moine bouddhiste Nichiō (日奥, 1565-1630) est exilé sur l'île par Tokugawa Ieyasu à la fin duXVIe siècle.
Jusqu'à lapériode Meiji, Tsushima était une frontière entre le Japon et la Corée, fortement dépendante du commerce avec la Corée, avec des institutions/systèmes de commerce uniques (ressemblant fortement à ceux d'institutions coréennes et non japonaises ; par exemple, un système de mesure de la taxation de terre au Japon est déterminé par la production de riz (koku). Tsushima produisant peu de riz, le shogunat de Tokugawa l’a donc autorisé à utiliser un système de relevé des terres (kendaka, 間高). Du fait qu’il s’appuie sur le système de relevé sur les terres en Chine (間尺法), il était semblable au système coréen (gyeolbu, 結負制). La loi de Tsushima ressemblait donc à la loi coréenne dans son calcul des finances. Le « travail non libéré » ou l'esclavage pendant une période déterminée, toujours rare sous toute forme dans le reste du Japon, existait en tant qu'institution bien établie, souvent sous forme de sanction, à Tsushima comme en Corée. Lewis[10] cite également les préparatifs officiels de Sō Yoshitoshi énumérant quelque 1 000 Coréens comme guides dans la préparation desinvasions de la Corée par Hideyoshi. [6] Les insulaires parlaient undialecte spécifique à Tsushima et leurs coutumes quotidiennes, leur structure sociale et leurs interactions économiques étaient japonaises, à l’exception de quelques mots empruntés au coréen[11].
Dans un épisode maintenant connu sous le nom d'incident de Tsushima, laMarine impériale russe tenta d'établir une base sur l'île en 1861, mais ses efforts échouèrent du fait de l'intervention britannique.
À la suite de l'abolition du systèmehan, le domaine de Tsushima Fuchu est devenu une partie de la préfecture d'Izuhara en 1871. La même année, la préfecture d'Izuhara est fusionnée avec la préfecture d'Imari, renomméepréfecture de Saga en 1872. Tsushima est transférée dans la préfecture de Nagasaki. En 1872, les districts de Kamiagata (上県) et Shimoagata (下県) ont été fusionnés pour former la ville moderne deTsushima (Nagasaki). Ce changement faisait partie de réformes généralisées entreprises au Japon après 1854. Le Japon était en train de devenir un État-nation moderne et une puissance régionale, avec des changements généralisés au sein des gouvernements, de l'industrie et de l'éducation.
Après la fin de lapremière guerre sino-japonaise avec letraité de Shimonoseki, le Japon s'est senti humilié lorsque latriple intervention des trois grandes puissances que sont l'Allemagne, la France et la Russie l'a obligé à rendre la précieusepéninsule du Liaodong à la Chine sous la menace de la force. En conséquence, les dirigeants japonais ont correctement prévu qu'une guerre avec la Russie ou une autre puissance impériale occidentale était probable. Entre 1895 et 1904, laMarine impériale japonaise a fait creuser le canal Manzeki-Seto sur une largeur de 25 mètres et une profondeur de 3 mètres ; ce canal a ensuite été étendu à 40 mètres de large et 4,5 mètres de profondeur[12] à travers un isthme rocheux montagneux de l'île, entre labaie d'Asō à l'ouest et le détroit de Tsushima à l'est, divisant techniquement l'île en trois îles[13]. Les préoccupations stratégiques expliquent la portée et le financement du projet de canal par le Japon à une époque où il se battait encore pour établir une économie industrielle. Ce canal a permis aux Japonais de déplacer rapidement des navires de transport et des navires de guerre entre leurs principales bases navales situées dans lamer intérieure de Seto (directement à l’est) via ledétroit de Kanmon et ledétroit de Tsushima dans ledétroit de Corée ou vers des destinations plus éloignées dans lamer Jaune.
En, un décret impérial établit Izuhara, Sasuna et Shishimi comme ports ouverts pour le commerce avec lesÉtats-Unis et leRoyaume-Uni[14].
Pendant laguerre russo-japonaise de 1905, laflotte de la Baltique dirigée par l'amiralZinovi Rojestvenski, après avoir effectué un voyage de presque un an en provenance de lamer Baltique vers l'Asie de l'Est, fut écrasée par les Japonais sous l'amiralTōgō Heihachirō lors de labataille de Tsushima. La troisième escadre japonaise (croiseurs) a commencé à surveiller la flotte russe de la pointe de l'île du Sud et à la suivre dans le détroit de Tsushima, où l'attendait la principale flotte japonaise. La bataille commença légèrement vers l'est-nord-est de l'île du Nord vers midi et se termina vers le nord un jour plus tard, lorsque les Japonais encerclèrent la flotte russe. Le Japon avait alors remporté une victoire décisive.
De 1948 à 1949, lors dusoulèvement de Jeju en Corée et de la répression et du massacre qui ont suivi, perpétrés par les forces coréennes anticommunistes, de nombreux habitants de Jeju se sont enfuis et se sont réfugiés à Tsushima[15].
En 1950, le gouvernement sud-coréen a revendiqué la souveraineté sur l'île sur la base de« raisons historiques[16] ». Les négociations entre la Corée et les États-Unis sur letraité de San Francisco ne mentionnent pas l'île de Tsu[17]. Après cela, le statut de Tsushima en tant qu'île du Japon a été confirmé de nouveau[18]. Bien que le gouvernement sud-coréen ait depuis lors renoncé à ses revendications sur l'île, certains Coréens (dont certains membres du parlement coréen) ont périodiquement tenté de contester la propriété de l'île.
En 1973, l'un des émetteurs dusystème de navigation Oméga a été construit sur Tsushima. Il a été démantelé en 1998.
Tsushima est située enmer du Japon, au sud-sud-est de lapéninsule coréenne et à l'ouest dudétroit de Kammon qui sépare les îles japonaises deHonshū et deKyūshū. L'archipel Tsushima divise ledétroit de Corée en deux canaux, dont le plus large, à l'est, est connu comme étant ledétroit de Tsushima. Au travers de l'île, il existe deux canaux reliant la profondebaie d'Asō à l'ouest au détroit de Tsushima, le Ōfunakoshi-seto et le Manzeki-seto, creusés respectivement en 1671 et en 1900. Treize petits îlots entourent l'île principale et font partie de l'archipel Tsushima. L'île Tsuhima et l'île Iki abritent le parc national Iki-Tsushima.
Tsushima est le territoire japonais le plus proche de la Corée, à environ 50 km dePusan. Par temps clair, les collines et les montagnes de Corée sont visibles depuis les deux montagnes de la partie nord de l'île[20]. Le port japonais le plus proche,Iki, sur l'île du même nom, se trouve également à 50 km.
En2006, 89 % de Tsushima était encore recouverte par une végétation naturelle.
La population de l'île est d'environ 41 000 habitants, presque exclusivement japonais. Les traditions religieuses sont celles du Japon avec une majorité debouddhisme ou deshintoïsme.
Selon le recensement de 2000, 23,9 % de la population était employée dans le secteur primaire, 19,7 % dans le secteur secondaire et 56,4 % dans le tertiaire.
Le poneyTaishuh est originaire de l'île, comme lechat de Tsushima(対馬山猫,Tsushima yama-neko?,lit. « chat des montagnes de Tsushima »). Cechat-léopard est une population duchat-léopard de Sibérie (Prionailurus bengalensis euptilura) arrivée du continent asiatique il y a 100 000 ans[23]. DésignéeTrésor national par le gouvernement japonais en 1971, elle a été reconnue comme espèce menacée en 1994 au Japon et un plan de conservation a été mis en place dès 1995[23]. En 2004, il ne restait qu'une centaine d'individus[23].
↑朝鮮王朝実録世宗4卷1年7月9日,Annals of the Joseon Dynasty,King Sejong, 4 × {{{2}}} × {{{3}}}, 9 juillet[2], 세종 4권, 1년(1419 기해 / 명 영락(永樂) 17년) 7월 9일(임자) 5번째기사이원이 막 돌아온 수군을 돌려 다시 대마도 치는 것이 득책이 아님을 고하다.
↑Tsushima tourist Association web site[3], 1443 嘉吉条約(発亥約定)- 李氏朝鮮と通交条約である嘉吉条約を結び、歳遣船の定数を定める。これにより、宗家が朝鮮貿易の独占的な地位を占めるようになる。