Voltaire cependant, dansLa Russie sous Pierre le Grand, conteste l'origine latine du mot : en effet, le titre de « tsar » était porté par des princes orientaux de laHorde d'or (Kazan, Astrakhan)[1]. En réalité, le mot « tsar » n'était utilisé en Russie jusqu'auXIIIe siècle que pour désigner leBasileus (Βασιλεύς), le « César » de l'Empire byzantin ; ce n'est qu'au cours duXIIIe siècle que leskhans de la Horde d'Or ont commencé à porter eux-mêmes le titre de « tsar »[2], ce qui n'implique donc pas que le mot soit d'originemongole. Il demeure cependant que le grand prince de Moscou n'a usé du titre de « tsar » qu'après avoir vaincu les khans de la Horde d'Or.
D'autre part, certaines sources mettent en avant qu'une origine persane du mot « tsar » (à partir du motpersanسر,sar, qui signifie « tête », « chef » ou « commencement »[3]) est « plus probable » que l'étymologie très largement majoritaire[2] du mot « tsar », duslavon цѣсарь,tsěsarĭ,César.
En1721,Pierre Ier le Grand décide de changer son titre : il abandonne celui detsar pour prendre celui, plus occidental, d’imperator, c'est-à-dire d’empereur, afin que l'Empire russe soit considéré comme « laTroisième Rome », succédant ainsi à l’Empire romain et à l’Empire byzantin (l'héritière byzantine Sophie ayant épouséIvan III). Tous ses successeurs adoptent ce nouveau titre, mais le terme de « tsar », correct mais non officiel, demeure cependant le plus usité, tant en Russie que dans le reste du monde.
Un mythe récurrent dans l'Empire russe est celui du « tsar libérateur » ou « Vrai tsar », censé soulager la misère du peuple. Il donna lieu à plusieurs prétendants au trône dont le « faux Dimitri ». Ce mythe servit d'appui aux nombreuses insurrections menées par lescosaques, dont les plus connues sont celle deBolotnikov, en 1606, qui arrivera jusque sous les murs de Moscou, celle deStenka Razine, de 1666 à 1671, et celle dePougatchev, en 1773-1774.
La tsaritsa : impératrice souveraine ou impératrice consort de Russie (traduit en français par « tsarine »).
Le tsarévitch ougrand-duc : fils ou petit-fils en ligne mâle du tsar et/ou de la tsaritsa. Lorsqu’il s’agit du fils aîné, qui est donc l’héritier apparent au trône, il s’appelle tsesarévitch. Cependant, dans l'usage, lefrançais ne connaît que le terme tsarévitch défini (par leTLFi) comme le « fils aîné du tsar de Russie et prince héritier. » On a aussi utilisé dans cette langue les formes czarévitch et même césarovitch. En russe, le prénom du père suivi du suffixe « -vitch » vient indiquer la descendance masculine de ce dernier. Ainsi, le fils d'Alexandre est Alexandrovitch et le fils du tsar est donc tsarévitch
La tsarevna ou grande-duchesse : fille ou petite-fille en ligne mâle du tsar ou de la tsaritsa ou épouse d’un tsarévitch. Lorsqu’il s’agit de l’épouse du tsesarévitch, elle s’appelle tsesarevna.
Le tsarStefan Uroš IV Dušan a acquis le droit et porté le titre detsar une fois devenu souverain des Grecs. Il pouvait donc êtreBasileus. Les moines duMont Athos ont accepté son couronnement pour cette raison. Après la mort de son fils et le démembrement de l'Empire serbe, le titre ne fut plus d'actualité.
Carte représentant l'apogée territorial de la Bulgarie sous le règne deSiméon Ier.
Le titre de « tsar » est introduit parSiméon Ier de Bulgarie en919 ; pour rivaliser avec l'Empire byzantin, il prend alors le titre de « tsar (car) des Bulgares et des Grecs »[2].
On retrouve le mot « tsar » dans les proverbes russe« Бог высоко, царь далеко! » et bulgare« Бог високо, цар далеко! », qui signifient littéralement« Dieu est trop haut et le tsar trop loin ! ». Autrement dit,« ne comptons que sur nous-mêmes ».
Jurij Lotman et Boris Andréévitch Ouspenski,Sémiotique de la culture russe : études sur l'histoire, L'Âge d'Homme,, 516 p.(ISBN978-2-8251-0017-2,lire en ligne)