Seuls lesmicroorganismes et lesplantes sont capables de synthétiser le tryptophane. Cette voie debiosynthèse utilise lechorismate ou l'anthranilate comme point de départ. Celui-ci est condensé sur duphosphoribosyl pyrophosphate (PRPP). Le cyclefuranose de ce dernier est ensuite ouvert. Après décarboxylation réductive, il se forme de l'indole-3-glycérol-phosphate. Ce dernier est alors transformé en deux étapes : d'abord enindole, puis en tryptophane par latryptophane synthase. Cette enzyme sert également dans le cadre de procédés industriels pour labiotransformation de l'indole en tryptophane.
C'est le chercheur américain Richard Wurtman qui découvrit la forme L-tryptophane dans des travaux qui le conduisirent ensuite à des développements dans le domaine desfenfluramines[5].
C'est ainsi que la consommation desucre ou de repas sucrés aura pour effet d'augmenter indirectement les concentrations de tryptophane dans lecerveau, tandis qu'un aliment très protéiné (qui, paradoxalement, contient plus de tous lesacides aminés, y compris le tryptophane), aura pour effet de diminuer les concentrations cérébrales de tryptophane et, probablement, desérotonine[6].
Certains constituants alimentaires facilitent à notre organisme la synthèse desérotonine,neuromédiateur qui régule notre humeur, notre comportement alimentaire et nous prépare ausommeil.
En 1989, la compagnie japonaiseShowa Denko commercialisait auxÉtats-Unis du tryptophane comme supplément alimentaire produit par manipulation génétique d'une bactérie. On assista alors à une épidémie d’une nouvelle et mystérieusemaladie, lesyndrome éosinophilie–myalgie qui causait des douleurs musculaires[7]. Par la suite, on relia cette maladie à la consommation du tryptophane transgénique, imputable à une mauvaise filtration qui laissait passer un contaminant[8]. Ce tryptophane tua 37 personnes et en rendit 1500 autres infirmes. Il s'agit d'une véritablecatastrophe industrielle liée à un produit obtenu par manipulation génétique commercialisé. L'utilisation de bactéries génétiquement modifiées pour produire de grandes quantités de tryptophane a mené à une production également importante d'impuretés[9].
↑L-tryptophan implicated in human eosinophilia-myalgia syndrome causes fasciitis and perimyositis in the Lewis rat., L J Crofford et al.; J Clin Invest., 1990, Vol. 86(5),p. 1757–1763.DOI10.1172/JCI114902.
↑An Investigation of the Cause of the Eosinophilia-Myalgia Syndrome Associated with Tryptophan Use, Belongia et al.; The New England Journal of Medicine, 1990, Vol. 323(6),p. 357-365)