| Date | de298 à290av. J.-C. pour la guerre contre les Samnites. de302 à280av. J.-C. pour la guerre contre les Étrusques, les Ombriens et les Gaulois. jusqu'en275av. J.-C. pour les Italiques soulevés lors de laguerre de Pyrrhus en Italie jusqu'en264av. J.-C. pour lasoumission définitive de l’Étrurie. |
|---|---|
| Lieu | Étrurie,Ombrie,Samnium. |
| Casus belli | Prise de la ville ombrienne deNequinum par les Romains. Attaque desLucaniens par lesSamnites. |
| Issue | Victoire militaire romaine décisive. Soumission des peuples d'Italie centrale.Conquête romaine de l'Étrurie. |
| République romaine Divers peuples alliés Lucaniens | Confédération samnite Étrusques,Ombriens,GauloisSénons etBoïens |
Guerres samnites
Batailles
[les dates sont celles de Tite-Live]
Latroisième guerre samnite est un conflit opposant laRépublique romaine à plusieurs peuples d'Italie centrale, ayant lieu entre298 et290av. J.-C. pour le conflit les opposant auxSamnites.
Ce conflit, parfois appelé « guerre italique », représente la première tentative des peuples de l'Italie centrale de s'unir contre Rome, lesSamnites joignant leurs forces auxÉtrusques, auxOmbriens et auxGaulois dans le nord.
En298, les hostilités reprennent avec lesSamnites à la suite de l'alliance entre Rome et lesLucaniens. Les Romains écrasent la coalition à labataille de Sentinum en295. Le territoire samnite est envahi et les Romains remportent labataille d'Aquilonia en293, subissant entre-temps quelques revers. LesSamnites, sans doute épuisés, demandent la paix, et pour la quatrième fois, le traité de354 est renouvelé en290. Sous l'apparence d'un simple rétablissement de relations antérieures, les Samnites perdent une partie de leur territoire, acceptent de déplacer la frontière sur la haute vallée duVulturnus, plus au sud-est que laLiris, et doivent surtout fournir des troupes à Rome en tant qu'alliés ainsi que des subsides. Les Samnites deviennent en réalité de « véritables sujets forcés d'obéir en tout à Rome[1] ».
En280, c'est au tour desGauloisSénons d'être repoussés hors d'Italie alors que plusieurs cités étrusques sont soumises, marquant la fin du danger étrusque pour Rome. LesSabins et lesOmbriens sont aussi subjugués. Laconquête de l'Étrurie se termine en264av. J.-C.
Depuis la fin de ladeuxième guerre samnite en304, laRépublique romaine continue d'étendre son pouvoir en Italie centrale. LesÈques sont écrasés pendant une courte campagne cette même année et les peuples voisins desAbruzzes, lesMarses, révoltés et vaincus en302, lesPéligniens, lesMarrucins et lesFrentans concluent des traités d'alliance avec Rome. LesVestins font de même en302[2].
Rome consolide ses positions en fondant descolonies àSora, dans la haute-vallée de laLiris, sur d'anciennes terres volsques au contact duSamnium, àAlba Fucens etCarseoli, pour surveiller lesÈques et lesMarses[3].
Laguerre romano-étrusque marque le début du déclin desÉtrusques. Ces derniers sont désunis, et des conflits éclatent même au sein de chaque cité. À l'instar des cités campaniennes telles queCapoue en343 etNaples en327, Rome trouve sur place des alliés parmi l'aristocratie qui doit faire face aux éléments populaires[4]. Ainsi, les nobles étrusques n'hésitent pas à se tourner vers Rome pour se maintenir au pouvoir[5].
En302, àArezzo, la plèbe locale tente de chasser la puissante famille étrusque desCilnii qui dirige la ville. Ces derniers font appel à Rome et non à une autre cité étrusque pour se maintenir au pouvoir. Désormais, seule Rome est en mesure d'intervenir dans les affaires internes des cités étrusques[5],[6].

En299, Rome prend la ville ombrienne deNequinum qui est peut-être l'élément déclenchant la troisième guerre samnite en298[7]. Les Romains fondent sur place la colonie deNarnia[a 1]. Le consulMarcus Fulvius Paetinus reçoit letriomphe[a 2].
En298, selonTite-Live etDenys d'Halicarnasse, la guerre commence avec une attaque samnite contre lesLucaniens. Incapable de résister, ces derniers envoient des ambassadeurs et des otages à Rome pour demander une alliance. Les Romains décident d'accepter l'alliance, envoient lesFétiaux auprès desSamnites pour leur demander d'évacuer laLucanie, et devant leur refus, la guerre est déclarée[a 3],[a 4]. PourDenys d'Halicarnasse, la véritable cause de la guerre n'est pas la compassion romaine, mais la peur de la puissance des Samnites s'ils soumettent les Lucaniens[a 5].
Rome peut avoir délibérément cherché une nouvelle guerre contre les Samnites en s'alliant avec ses ennemis[8], malgré la proximité entre ces peuples[9]. En tout cas, laLucanie est annexée par Rome[10]. Et cela signifie un encerclement presque total duSamnium par Rome et ses alliés[11].
Tite-Live écrit que lesconsuls de298,Lucius Cornelius Scipio Barbatus etCnaeus Fulvius Maximus Centumalus, se divisent les commandements militaires entre eux, Cornelius Scipio recevant l'Étrurie et Fulvius Maximus leSamnium.

Cornelius Scipio marche surVolterra où il affronte lesÉtrusques dans un combat indécis avant de se replier surFaléries. Il y établit son camp et, de là, ravage la campagne étrusque[a 6]. Son sarcophage, dans letombeau des Scipions, a été préservé avec une épitaphe affirmant qu'il a « conquisTaurasia,Cisauna, le Samnium, soumis toute laLucanie et emmené des otages[12] ». L'inscription ne précise par en quelle année ces évènements ont eu lieu, mais il est très probable que les faits d'armes de Cornelius Scipio aient eu lieu durant son consulat, à l'apogée de sa carrière politique. La datation de l'inscription est discutée, avec des estimations allant du milieu duIIIe siècle av. J.-C. au début duIIe siècle av. J.-C., pouvant remettre en cause l'exactitude des exploits affirmés[12],[13]. Si c'est Cornelius Scipio qui négocie le traité avec lesLucaniens et reçoit les otages, l'affirmation qu'il a « soumis » les Lucaniens est une enjolivure postérieure classique[14].
Pendant ce temps, l'auteur antique rapporte que Fulvius Maximus remporte une bataille sur lesSamnites àBovianum Vetus[15], dont il s'empare avant de prendre aussiAufidena. Pour ses victoires sur les Samnites, Fulvius Maximus célèbre untriomphe[a 6], confirmé par lesFasti triumphales[a 2].Frontin rapporte trois stratagèmes employés par unFulvius Nobilior lorsqu'il combat les Samnites en Lucanie[a 7]. Lecognomen Nobilior n'apparaît dans les fastes et les inscriptions qu'au milieu duIIIe siècle av. J.-C., bien après la fin desguerres samnites. Une explication plausible est donc queNobilior est une erreur et que les stratagèmes sont à attribuer au consul de298[16].
Cependant, comme mentionné auparavant, l'épitaphe deLucius Cornelius Scipio Barbatus prétend que c'est lui qui combat lesSamnites, et non pas àBovianum etAufidena, mais àTaurasia etCisauna. D'ailleurs, les premières villes se situent dans le nord duSamnium, et non près de laLucanie.Taurasia est probablement située dans la vallée duTammaro, le site deCisauna est inconnu[13]. De plus, lesFasti Capitolini donnent àFulvius Maximus untriomphe à la fois contre lesSamnites et lesÉtrusques[17].
Compte tenu de ces contradictions, il est impossible de concilier parfaitement les sources disponibles. En outre, le récit deTite-Live est problématique, en particulier pour la prise deBovianum etAufidena, deux des principales villes desSamnites, dès la première année de guerre[16]. Ces prises ne sont pas réfutées par tous les historiens modernes[18]. Au cours des années, les historiens ont proposé divers scénarios dans lesquels l'un ou l'autre des consuls fait campagne à la fois contre les Samnites et les Étrusques. En fin de compte, aucune conclusion définitive ne peut être faite avec les preuves actuellement disponibles[14],[16].

Pour l'an297, les Romains élisent deux consuls confirmés,Quintus Fabius Maximus Rullianus pour la quatrième fois etPublius Decius Mus pour la troisième fois. Ce sont deux commandants expérimentés qui ont déjà été consuls ensemble en308 lors de ladeuxième guerre samnite. SelonTite-Live, les élections consulaires pour cette année ont eu lieu sur fond de rumeurs que lesÉtrusques et lesSamnites lèvent d'immenses armées et que les Étrusques blâment leurs dirigeants de ne pas s'allier avec lesGaulois. Par conséquent, lescitoyens romains se tournent vers Fabius Maximus qui déclare accepter redevenir consul qu'avec Decius Mus comme collègue[a 8]. Il est impossible d'établir aujourd'hui que les sources de Tite-Live aient ou non eu des preuves de l'existence de ces rumeurs, ou s'il s'agit de simple conjecture de ses sources ou de l'auteur lui-même[19]. Par contre, il est probable que les hésitations des Étrusques au sujet d'acheter l'alliance des Gaulois soient réelles[9].
Tite-Live écrit ensuite que des envoyés deSutrium,Nepete etFaléries arrivent à Rome avec comme informations que lesÉtrusques souhaitent la paix. Sur cette base, les deux consuls décident donc de marcher contre lesSamnites,Fabius Maximus viaSora dans la haute vallée de laLiris etDecius Mus via le territoire desSidicins. Une armée samnite est en embuscade dans une vallée près deTifernum, mais elle est découverte et vaincue par Fabius Maximus dans une bataille rangée. Il s'empare ensuite deCimetra, ville autrement inconnue. Pendant ce temps, Decius Mus campe àMaleventum où il défait une armée apulienne avant de conduire lui aussi son armée dans leSamnium. Les deux armées consulaires passent ensuite cinq mois à ravager les terres ennemies[a 9].Tite-Live rapporte que labataille de Tifernum est longue et longtemps indécise. Selon lui, 3 400 Samnites sont tombés et près de 1 000 autres sont faits prisonniers[a 10]. Du côté de Maleventum, l'auteur antique rapporte 2 000 morts[a 11]. Enfin, du côté deCimetra, près de 500 Samnites tués et plus de 2 000 prisonniers[a 12].
Tite-Live est la seule source pour les évènements de l'an297. Il n'y a pas de problèmes majeurs avec son récit, mais il n'y a aucune source parallèle pour confirmer non plus. La route de Fabius Maximus parSora jusqu'àTifernum est compliquée, mais pas insurmontable. L'apparition d'une armée apulienne àMaleventum est surprenante car on ignore tout d'une hostilité possible entre certains Apuliens et Rome depuis ladeuxième guerre samnite. Toutefois, les Apuliens peuvent avoir été divisés dans leur alliance avec Rome ou bien provoqués par les campagnes deCornelius Scipio l'année précédente. La campagne deDecius Mus s'inscrit dans le contexte plus large de l'expansion romaine dans le sud-est de l'Italie, il pourrait même avoir hiverné en Apulie. Aucuntriomphe n'est rapporté pour cette année pour l'un ou l'autre des consuls, il est donc peu susceptible qu'il y ait eu des victoires majeures ou une percée en profondeur dans le Samnium[20].
En l'an296, lesconsuls romains sontLucius Volumnius Flamma Violens etAppius Claudius Caecus. Le premier est chargé de la guerre dans leSamnium, le second de l'Étrurie[a 13].Publius Decius Mus est prorogé en tant queproconsul et continue de piller et ravager les terres samnites[a 14]. Les armées romaines, commandées par le proconsul, son ancien collègue lui aussi prorogé ou les nouveaux consuls,Tite-Live rapportant que ces diverses sources divergent, s'emparent de cités samnites telles queMurgantia,Romuléa etFerentinum, toutes proches de l'Apulie : plus de 8 000 soldats tués et 10 000 prisonniers côté des Samnites, ainsi qu'un butin considérable[a 15].
Des contingents samnites abandonnent leurs terres et rejoignent l'Étrurie pour former une coalition contre Rome[a 16]. La coalition au nord prend forme : les Samnites et certaines cités étrusques s'allient.Gellius Egnatius, général samnite, prend le commandement de l'armée coalisée[a 17]. Si l'on en croit le récit deTite-Live, les Samnites partent au nord car les Romains ravagent de toute part le Samnium et sont obligés d'abandonner leurs terres. Cependant, il est probable qu'il s'agisse d'un plan audacieux de la part des Samnites pour s'unir aux autres ennemis de Rome[21].
Tite-Live rapporte quelques dissensions entre les consuls qui se sont rejoints enÉtrurie. Les deux armées consulaires défont une première armée de coalisés et s'emparent du camp : près de 8 000 tués et 2 000 prisonniers[a 18]. Des raids depuis leSamnium ravagent laCampanie et plus particulièrement les terres deFalerne, non loin deCapoue. Le consul Volumnius Flamma, de retour dans le sud, attaque une colonne samnite chargée de butin et remporte la victoire : 6 000 tués, la moitié de prisonniers[a 19]. Deuxcolonies sont fondées en Campanie, la première àMinturnes, à l'embouchure de laLiris, et l'autre dans le défilé deVescia, près du territoire deFalerne, appeléeSinuessa[a 20].
La coalition contre Rome s'agrandit, avec en plus de troupesétrusques etsamnites, certaines tribusombriennes et d'importants contingents demercenairesGaulois[a 21], principalementSénons[10], payés avec l'or étrusque[10]. Le poids de la domination romaine dans le centre de l'Italie unit des peuples pourtant hétérogènes aux intérêts divergents[22] : toute l'Italie centrale est en arme contre une « tyrannie intolérable[a 22] » écritTite-Live[10]. Les Romains ne sauront empêcher la jonction des forces coalisées, hormis lesÉtrusques qu'ils maintiendront essentiellement sur leurs terres[23]. Rome ayant à combattre sur de multiples fronts, elle maintient commepromagistrats les magistrats de l’année précédente, ce qui devient la règle à partir de296[23],[10].
À Rome, les deux mêmes consuls qu'en l'an297 sont élus :Quintus Fabius Maximus Rullianus etPublius Decius Mus, revenant chacun de leurproconsulat dans leSamnium. Il s'agit là de deux chefs expérimentés, ce qui tend à montrer que Rome a pris l'ampleur du danger qui la menace[21].
Lucius Volumnius Flamma Violens est prorogé pour un an dans son commandement en terres samnites[a 23] avec deuxlégions[a 24]. Fabius Maximus, célèbre pour avoir grandement contribué à la victoire dans laguerre romano-étrusque de 311-308, reçoit le commandement de l'Étrurie[a 25].Tite-Live donne plusieurs versions de dissensions internes auSénat, mais finalement les deux consuls se rendent en Étrurie[a 26]. Ces rivalités entre les grandes familles romaines, notamment avec lesFabii et lesClaudii, sont probablement réelles[10].
Entre-temps, unelégion romaine campe près deClusium sous les ordres d'unpropréteur,Lucius Cornelius Scipio Barbatus. Les sources deTite-Live divergent, mais la légion romaine subit une défaite, qui va selon les sources d'une simple embuscade à un désastre complet. Quant aux ennemis, il s'agit soit deGauloisSénons, ce que pense Tite-Live, soit d'Ombriens[a 27]. Outre l'armée complète menée par les deux consuls, deux autres légions sont levées pour faire face à la menace des coalisés enÉtrurie, commandées par deuxpropréteurs, une campe sur le territoirefalisque, l'autre dans laplaine vaticane aux abords de Rome[a 28].
Les consuls traversent lesApennins et rencontrent l'armée des coalisés sur le territoire deSentinum, au nord de l'Ombrie[10]. SelonTite-Live, l'armée coalisée étant importante et composée de peuples différents, elle se divise en deux : d'une part lesSamnites et les alliés gaulois, d'autre part lesÉtrusques et lesOmbriens. Sur ordre des consuls, les deux légions proprétoriennes ravagent les terres étrusques autour deClusium de l'autre côté des Apennins, attirant l'armée étrusco-ombrienne. Lesconsuls romains engagent ensuite le combat contre l'armée samnito-gauloise deGellius Egnatius[a 29]. SelonPolybe, les forces étrusco-ombriennes n'ont jamais été présentes[a 30], ce qui est l'avis des auteurs modernes quant auxÉtrusques, alors que lesOmbriens ont peut-être combattu aux côtés desSamnites et desGaulois[23]. Les historiens modernes retiennent par contre l'idée de diversions romaines qui retiennent les Étrusques, voire aussi les Ombriens[21], sur leurs terres[10],[21].
| Localisation deSentinum. |
Débute alors labataille de Sentinum, longtemps indécise entre des forces égales si l'on en croit le récit deTite-Live[a 31], dont les faits rapportés sont sans aucun doute déformés par la tradition[23] : le consulPublius Decius Mus, voyant ses troupes prendre la fuite, prononce la formule de ladevotio à l'instar de son père et se sacrifie pour sauver l'armée romaine[a 32]. Le consul mort, l'armée romaine se doit d'emporter la bataille, et après une très longue lutte, les Romains atteignent le camp ennemi.Gellius Egnatius tombe et la victoire revient à Rome[a 33].
Il est à noter que c'est la deuxièmedevotio d'un Decius Mus selon la tradition, la première étant celle de340 à labataille de Veseris, la troisième étant celle de279 à labataille d'Ausculum[23],[18]. Cette bataille marque les esprits de l'époque et se pare des habits de la légende. Un historien grec contemporain,Douris de Samos, évalue déjà à 100 000 hommes les pertes samnito-gauloises, chiffre queTite-Live réduit à 25 000 morts[24],[21] et 8 000 prisonniers[a 34], rajoutant que 5 000 Samnites réussissent à fuir vers le sud, mais 1 000 d'entre eux sont tués par lesPéligniens alors qu'ils traversent leurs terres[a 35]. Il rajoute que côté Romains, on dénombre près de 9 000 tués, surtout dans les légions de Decius Mus[a 36].
Quintus Fabius Maximus Rullianus rentre à Rome pour célébrer untriomphe sur lesGaulois, lesÉtrusques et lesSamnites[a 37], ce qui est confirmé par lesFasti triumphales[a 2].
Au sud, des raids samnites pillent le territoire deVescia et deFormies, celui d'Aesernia et les terres riveraines duVulturnus. LepréteurAppius Claudius Caecus part en campagne enCampanie pour faire face à ces raids[a 38]. Avec leproconsulLucius Volumnius Flamma Violens, le préteur cerne une armée samnite sur le territoire de Stella. Les chiffres donnés parTite-Live sont importants : plus 16 000 tués côté Samnites, près de 3 000 côté Romains[a 39].
Malgré la défaite à labataille de Sentinum, et bien que rapportés sans détails dans le récit antique, les Samnites ont continué régulièrement leurs raids en Campanie et jusqu'aux portes du Latium. C'est sans doute le signe que la tradition a conservé malgré tout quelques sévères défaites romaines[25].
Au nord, enÉtrurie, les armées proprétoriennes ont emporté quelques victoires[a 40], mais la guerre couve encore. Le consul Fabius Maximus y retourne et vainc une armée dePérouse[a 41].
Tite-Live dresse un bilan provisoire desguerres samnites à la fin de l'an295[a 42] : « lesSamnites, sur le territoire deSentinum, chez lesPéligniens, àTifernum, dans les plaines de Stella, avec leurs seules troupes ou joints à des troupes étrangères, ont été taillés en pièces par quatre armées, quatre généraux romains ; ils ont perdu leur chef le plus célèbre ; leurs alliés,Étrusques,Ombriens,Gaulois, ils les voient dans le même état qu’eux ; ni leurs forces, ni des forces étrangères ne leur permettent plus de rester debout ; pourtant ils ne renoncent pas à la guerre ; tant la défense, même malheureuse, de leur liberté est loin de les lasser, tant ils préfèrent être vaincus à ne pas tenter la victoire ! »
En l'an294, les nouveauxconsuls romains sontLucius Postumius Megellus etMarcus Atilius Regulus. Le premier tombe malade et est retenu à Rome tandis que le second part pour leSamnium[a 43].
SelonTite-Live, lesSamnites attaquent le camp romain d'Atilius Regulus à la faveur d’un épais brouillard. Les combats se déroulent dans le camp mais les Romains parviennent à se libérer[a 44]. Il se rend ensuite au secours deLuceria, en Apulie, attaquée par les Samnites. Une bataille indécise oppose l'armée consulaire aux troupes samnites non loin de la ville. La victoire revient à Rome, mais les pertes sont lourdes de part et d'autre : près de 8 000 Romains et alliés tombés en deux jours pour moins de 5 000 Samnites tués et près de 8 000 faits prisonniers[a 45].Interamna,colonie romaine en Apulie, est tombée et pillée entre-temps par une armée samnite. Celle-ci est vaincue par Atilius Regulus peu de temps après[a 46].
Lucius Postumius Megellus part à son tour pour leSamnium et s'empare deMilionia, faisant plus de 3 000 tués et 5 000 prisonniers. La cité deFeritrum tombe ensuite, désertée par ses habitants, puis plusieurs cités aussi abandonnées[a 47].
Il part ensuite enÉtrurie pour dévaster les territoires deVolsinies puis deRoselle. Cette dernière est prise d'assaut et détruite. Volsinies,Pérouse etArezzo demandent la paix, et obtiennent de Rome une trêve de quarante ans contre un tribut[a 48]. LesÉtrusques n'ont finalement que peu participé à la coalition contre Rome[26].
Au contraire de son collègue à qui letriomphe est refusé, il se voit accorder cet honneur[a 49], ce qui est confirmé par lesFasti triumphales[a 2].
Voilà le récit queTite-Live délivre avant de signaler que les faits rapportés par les divers auteurs ne concordent pas : Postumius Megullus aurait été vaincu et mis en fuite en Apulie, selon certains et, blessé, il trouve refuge avec quelques survivants dansLuceria tandis que c'est son collègue qui combat en Étrurie. D'autres auteurs disent que les deux consuls combattent ensemble en Apulie avant qu'un des deux ne se rendent enÉtrurie[a 50].
Les nouveauxconsuls romains sontLucius Papirius Cursor etSpurius Carvilius Maximus. LesSamnites réunissent environ 40 000 soldats àAquilonia[a 51], chiffre non réfuté par les historiens modernes[25],[18]. Parmi eux, les Samnites constituent une troupe d'élite, la « légion de lin » de 16 000 soldats, après avoir recouru à la « loi sacrée[18] ».
Carvilius Maximus rejoint seslégions en Apulie et s'empare de la place d'Amiternum.Papirius Cursor lève une nouvelle armée et s'empare deDuronia. Ils ravagent ensuite les terres d'Atina puis marchent respectivement surCominium etAquilonia, où se situe l'essentiel des forces samnites[a 52].
| Localisation d'Aquilonia. |
S'engage alors labataille d'Aquilonia. SelonTite-Live, l'armée consulaire dePapirius Cursor remporte une victoire complète et décisive et s'empare de la ville. Plus de 20 000 Samnites sont tués[a 53], dont la totalité de la « légion de lin[18] ».Spurius Carvilius Maximus s'empare quant à lui deCominium, faisant près de 20 000 tués. Plus de 15 000 Samnites sont faits prisonniers de part et d'autre[a 54].
Ce succès décisif, après lavictoire de Sentinum elle aussi majeure sur les coalisés, met fin aux espoirs des Samnites. Rome peut maintenant se consacrer à la réduction du Samnium[18].
Les consuls décident de poursuivre la guerre dans leSamnium, Papirius Cursor attaquantSaepinum et Carvilius Maximus partant versVelia[a 55]. Ce dernier s'empare de la ville, puis dePalumbinum avant de subir des pertes plus importantes que l'ennemi devantHerculaneum dans une bataille rangée. Il s'empare malgré tout de la ville, et fait plus de 10 000 morts parmi lesSamnites lors de sa campagne[a 56]. Son collègue s'empare de Saepinum après de rudes combats et plus de 7 000 Samnites tués[a 57].
Une nouvelle menace venant de l'Étrurie pèse sur Rome, ainsi que l'alliance desFalisques, jusque-là restés proches de Rome, avec lesÉtrusques[a 58].Carvilius Maximus part pour l'Étrurie[a 59] où il s'empare de plusieurs places fortes. LesFalisques demandent la paix et obtiennent une trêve d'un an contre tribut[a 60]. Il est probable que même la cité étrusque deCaeré, pourtant proche de Rome tout au long duIVe siècle av. J.-C., s'est révoltée contre Rome lors de cette guerre. Elle est probablement soumise en293[9].
Les deux consuls reçoivent letriomphe[a 61], pour leurs victoires sur lesSamnites comme le montrent lesFasti triumphales[a 2].
Les nouveaux consuls sontQuintus Fabius Maximus Gurges etDecimus Iunius Brutus Scaeva (en)[a 62].
Le récit intégral deTite-Live s'arrête là, il ne reste plus que des résumés, lesPeriochae, pour les trois-quarts du siècle restant jusqu'à ladeuxième guerre punique[23]. CesPeriochae ne sont que de modestes palliatifs au récit de Tite-Live, et les évènements des années qui suivent proviennent de diverses sources qui n'ont pas la fiabilité et la circonspection de Tite-Live[27].
Les Romains mènent sans doute des campagnes contre lesCaracéniens et lesCaudiniens, au nord et à l'ouest[18].
Le consul Fabius Gurges échoue devant lesSamnites. Son père,Quintus Fabius Maximus Rullianus, héros desguerres samnites et deux fois consuls récemment, le rejoint comme adjoint et Fabius Gurges écrase alors l'armée samnite.Caius Pontius, vieux chef de guerre samnite et vainqueur à labataille des Fourches Caudines en321av. J.-C., est capturé et exécuté lors dutriomphe de Fabius Gurges[a 63], qui a probablement lieu en l'an291, si l'on en croit lesFasti triumphales qui le donne alorsproconsul au moment de son triomphe[a 2].
Lucius Postumius Megellus devient pour la troisième fois consul, la deuxième fois durant cette guerre, aux côtés deCaius Iunius Bubulcus Brutus (ru). Postumius Megellus remporte une victoire près de Venusia dont il s'empare. Cette cité contrôle le passage entre laCampanie et l'Apulie, unecolonie latine y est fondée[26].
Rome conduit des opérations militaires contre les deux autres tribus samnites, lesPentriens et lesHirpins, au centre, au sud et à l'est[18].

En290, les consuls romains sontManius Curius Dentatus etPublius Cornelius Rufinus. Curius Dentatus, après avoir massacré lesSamnites, vaincu lesSabins, qui se sont révoltés, et reçu leur soumission,triomphe deux fois pendant la même magistrature[a 63]. Les Sabins, qui jusque-là sont restés neutres, se sont probablement sentis menacés, voyant l'étau romain se refermer sur eux[25]. La Sabine sera intégrée aux territoires romains en tant quecivitas sine suffragio et des confiscations seront opérées[26].
LesSamnites, sans doute épuisés, demandent la paix, et pour la quatrième fois, le traité de354 est renouvelé[a 63]. Sous l'apparence d'un simple rétablissement de relations antérieures, les Samnites perdent une partie de leur territoire, acceptent de déplacer la frontière sur la haute vallée duVulturnus, plus au sud-est que laLiris, et doivent surtout fournir des troupes à Rome en tant qu'alliés[26] ainsi que des subsides. Les Samnites deviennent en réalité de « véritables sujets forcés d'obéir en tout à Rome[1] ».
Cette année290 est souvent considérée comme la dernière de la troisième guerre samnite, bien que lesSamnites reprennent les combats épisodiquement ensuite, notamment pendant laguerre de Pyrrhus en Italie ou encore l'expédition d'Hannibal lors de ladeuxième guerre punique, s'alliant avec les adversaires de Rome présent en Italie. L'esprit de révolte samnite persiste. Les Samnites sont parmi les premiers peuples à se révolter lors de laGuerre sociale. Les Italiques alliés de Rome mais non Romains, font sécession et proclament leur indépendance. Ils se constituent en une confédération italique et se dotent d'un corps de magistrature calqué sur celui de la cité romaine. En88, à l'issue de la bataille de la porte Colline,Sylla massacre la plupart des guerriers samnites et disperse le reste de la population samnite. Finalement, les alliés de Rome obtiennent satisfaction, et l'Italie est unifiée sous un seul régime juridique.
LesOmbriens sont assujettis avec l'incorporation de cités commeSpolète ouFoligno et l'octroi de traités d'alliance avecIguvium etCamerino[24]. En268 et241, il s'ajoute deuxcolonies romaines en Ombrie en plus de celle deNarnia datant de299. Au cours duIIIe siècle av. J.-C., environ 40 000 Romains s'installent dans la région. LaVia Flaminia liant les terres de l'Ombrie est terminée en220[28].

Par ailleurs, les combats au nord, contre lesGaulois, continuent jusqu'en280, année pendant laquelle lesSénons sont repoussés hors d'Italie[N 1]. En284, leconsulLucius Caecilius Metellus Denter estsévèrement battu sous les murs d'Arezzo par desSénons, son armée est écrasée et lui-même y perd la vie[a 64],[26]. LesÉtrusques, mais aussi lesSamnites et lesLucaniens, en profitent pour se révolter[26]. Cependant, les Romains reprennent le dessus très rapidement.Manius Curius Dentatus, vainqueur desSamnites et desSabins en290, est élu consulsuffect. Il repousse les Sénons et annexe leur territoire[a 65],[26]. Ensuite, en283, les Romains remportent ladeuxième bataille du Lac Vadimon. LesBoïens et lesÉtrusques sont vaincus par le consulPublius Cornelius Dolabella qui anéantit l'armée coalisée[29],[1].
Le dernier sursaut étrusque a lieu à partir l'an284av. J.-C. Les cités étrusques deVulci etVolsinies s'opposent à Rome mais elles sont contraintes d'accepter une paix très dure avec Rome en280av. J.-C., marquant la fin du danger étrusque pour Rome. Après l'annexion d'une part des terres de Vulci, Volsinies est la dernière cité étrusque encore libre. Cependant, une révolte de la plèbe locale chasse l'aristocratie de la cité, qui appelle alors Rome pour se rétablir. Les Romains s'emparent de la ville en264av. J.-C. et la détruisent. C'est la fin de l'Étrurie indépendante[30]. Toutes les cités étrusques, en dehors deCaeré,municipesine suffragio, et descolonies, dontCosa, reçoivent le statut decités alliées (civitates foederatae), les obligeant à fournir autant d'hommes qu’en demande Rome, et une partie de leurs terres est confisquée[26],[25].
Entre-temps, Tarente, sentant à son tour le danger romain, fera appel àPyrrhus d'Épire, et malgré sescampagnes en Italie, souvent indécises et parfois victorieuses, ce dernier retourne en Épire en275. Tarente et la Grande-Grèce tombent aux mains de Rome en272 et les dernières résistances en Calabre et en Apulie sont soumises par Rome entre270 et266av. J.-C.
| DuVe siècle jusqu'au sac de Rome | |
|---|---|
| Du sac de Rome jusqu'au milieu duIVe siècle | |
| Du milieu duIVe au milieu duIIIe siècle | |
| Série Rome antique | |