Soldats en combinaison de camouflages du 1er régiment de panzers de la division Waffen-SS « Leibstandarte-SS Adolf Hitler » avec un destructeur de charsMarder III en février 1943.
Après la capitulation de laVIe armée allemande àStalingrad, l'Armée rouge entreprend une série d'offensives plus larges contre l'ensemble du groupe d'armées Sud. Les Allemands concentraient leurs défenses dans la boucle du Don pour protégerRostov et la voie ferrée qui ravitaille les troupes encore dans leCaucase. Les Soviétiques enfoncent les défenses des Allemands et de leurs alliésroumains ethongrois sur plusieurs centaines de kilomètres, reprenant Kharkov etKoursk.
Mais l'offensive soviétique a considérablement étiré les lignes de ravitaillement et prélevé un lourd tribut sur les effectifs. Certaines divisions soviétiques sont réduites à lutter avec des effectifs de 1 000 à 1 500 hommes ; les troupes blindées avancées sont déconnectées de leurs échelons de support.
À la date du, il n’y a sur le front sud qui s’étend de lamer d'Azov à Kharkov que495 chars allemands contre 5 000 soviétiques. Au mois de mars, sur l’ensemble du front sud, Manstein ne dispose que de32 divisions contre341 soviétiques. Si les divisions soviétiques alignent moins de combattants que les allemandes, le rapport est néanmoins de l'ordre de 7 contre 1. En outre, les Soviétiques sont beaucoup mieux organisés sur le plan logistique[1].
Le commandant du régiment de grenadiers SS, leStandartenführerFritz Witt, avance protégé par un blindé semi-chenillé (SdKfz 251), dans la rue Soumskaïa (Сумская ул.) deKharkov, le.Artillerie de campagne allemande, en 1943 ; au premier plan une mitrailleuse antiaérienne.Soldats soviétiques près deBelgorod en 1943.
Enjanvier et, le maréchalErich von Manstein parvient à contenir la pression soviétique sur le Don inférieur et peut reconstituer une réserve mobile grâce aux troupes évacuées duCaucase. Il décide de lancer, à partir du, une contre-offensive sur un front tourné vers le nord. Le plan est risqué, d'autant que le commandement allemand est démoralisé par la reddition de la6e armée à Stalingrad le. Début février, Manstein obtient deHitler l'autorisation de mener l'offensive.
La1re Panzerarmee se retire du Caucase et abandonneRostov. Le détachement commandé par le généralHollidt se déplace à l’est de sa position dans le bas Severski-Donets et se poste au bord duMious. Le48e corps blindé du généralKempf abandonne lui aussi les rives du Severski-Donets pour se placer au nord deStalino, dans la région industrielle duDonbass.
Le, l’unité Kempf est obligée de quitter Kharkov afin d’éviter l'encerclement. Victorieux, les Soviétiques profitent de la large brèche ouverte entre Kempf et les formations postées sur le Severski-Donets à la hauteur d’Izioum. Ils continuent d’avancer parLozovaïa et le, les premiers blindés soviétiques atteignent leDniepr, pratiquement en vue de la base allemande deZaporoje.
Manstein lance sa contre-offensive le avec350 chars. Dans un mouvement coordonné, cinq divisions blindées, soutenues par une couverture aérienne massive, chargent vers le nord contre les colonnes du flanc gauche des Soviétiques. Tandis que le48e corps blindé frappe vers Barvenovka, la17e division blindée s’empare d’Izioum et de Protoponovka sur le Severski-Donets et les blindés de la SS avancent parLozovaïa, rejoignant l’unité Kempf dans le nord. Les généraux soviétiques, jusqu’alors en pleine euphorie, sont totalement déconcertés.
Le, le froid intense s’adoucit un peu et avec le dégel apparaît laraspoutitsa, le pire obstacle pour un char. Le temps joue donc en faveur des Soviétiques et les colonnes allemandes n’ont d’autre issue que de poursuivre leur avancée le plus vite possible. Le2e corps blindé SS commandé parHausser, parvenu à encercler Kharkov, attaque la ville par le nord et par l’ouest, malgré les ordres explicites d'encercler la ville. La1re division SS Leibstandarte Adolf Hitler y pénètre directement, ce qui entraîne quatre jours d’intenses combats de rues. Kharkov est reprise par les Allemands le, ralentissant l'exploitation de la percée. Deux jours plus tard, ils reprennent égalementBelgorod.
L'arrivée de la pluie, qui rend tout le terrain boueux, interrompt les opérations. Le front présente maintenant un saillant, objet de labataille de Koursk en.
Après la catastrophe de Stalingrad, la manœuvre de Manstein pour stabiliser le front est l’un des plus grands succès obtenus par un chef militaire durant laSeconde Guerre mondiale. Elle est à l'origine de la perte d'environ 70 000 soldats de l'Armée rouge. Les pertes allemandes ont également été sérieuses. LeSS-Panzerkorps, qui s'est aventuré dans les combats de rue à Kharkov, a perdu environ 44 % de ses effectifs fin mars.
La troisième bataille de Kharkov démontre aux Soviétiques que laWehrmacht, malgré Stalingrad, conserve un potentiel offensif. Leur objectif principal devient dès lors la destruction de l'arme blindée allemande dans le but de prendre définitivement le dessus.