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Troisième Reich

52° 31′ N, 13° 24′ E
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Page d’aide sur l’homonymie

Pour les articles homonymes, voirReich allemand etReich grand-allemand.

23 mars 1933 – 23 mai 1945
(12 ans et 2 mois)

Drapeau
Drapeau du Troisième Reich à partir de 1935
Blason
Emblème du Troisième Reich à partir de 1935
Deviseenallemand : Ein Volk, ein Reich, ein Führer (« Un peuple, un empire, un guide »)
Hymne

enallemand : Das Lied der Deutschen (« Le Chant des Allemands »)

enallemand : Horst-Wessel-Lied (« Le Chant de Horst Wessel »)
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte du contrôle territorial de l'Allemagne pendant laSeconde Guerre mondiale (été 1942) :
Informations générales
StatutDictature[a]totalitairenationale-socialiste àparti unique
CapitaleBerlin
Langue(s)Allemand
ReligionProtestantisme et catholicisme
MonnaieReichsmark

Démographie
Population 
• 1939[I 1]79 375 281 hab.
• 1940[I 2]109 518 183 hab.
GentiléAllemands

Superficie
Superficie 
• 1939633 786 km2
• 1940823 505 km2
Histoire et événements
Loi sur les pleins pouvoirs.
Boycott antisémite organisé par les nazis.
Loi sur la restauration de la fonction publique : le concept d'aryanité est introduit et lesJuifs sont exclus de lafonction publique.
Loi sur le parti unique : leNSDAP devient le seul parti autorisé en Allemagne. Le même jour, uneloi sur la stérilisation forcée des personnes handicapées est adoptée.
 - Nuit des longs couteaux : les nazis éliminent tous leurs opposants au sein du parti ainsi que les membres de laSA, notammentGregor Strasser etErnst Röhm.
Mort dePaul von Hindenburg. Hitler concentre désormais tous les pouvoirs et organise unplébiscite qui consacre la fusion des postes de chancelier et de président du Reich.
Lois de Nuremberg : les Juifs sontécartés de la société allemande.
1er - Jeux olympiques de Berlin : les nazis profitent de l'évènement pour affirmer leur puissance.
 - Anschluss : annexion de l'Autriche.
Les Juifs sont obligés de faire enregistrer tous leurs biens. Cette loi est la première étape marquant l'exclusion des Juifs de toute participation à l'économie allemande.
Les Juifs dont l'État ne parvient pas à identifier les origines doivent ajouter« Israël » ou« Sarah » à leurs documents d'identité.
Accords de Munich : larégion des Sudètes est annexée au détriment de laTchécoslovaquie.
Nuit de Cristal :pogrom organisé par les nazis en représailles à l'assassinat àParis du diplomateErnst vom Rath parHerschel Grynszpan, qui voulait par son acte venger tous les Juifs victimes du nazisme.
Invasion de laTchécoslovaquie. LaWehrmacht entre dansPrague. Établissement duProtectorat de Bohême-Moravie.
Invasion de la Pologne : début de laSeconde Guerre mondiale.
Conférence de Wannsee surl'extermination des Juifs d'Europe.
 - Bataille de Berlin.
Suicide d'Adolf Hitler.
Capitulation du Troisième Reich.
Fin dugouvernement de Flensbourg.
Führer[I 3]
-Adolf Hitler
Président du Reich
-Paul von Hindenburg
1945Karl Dönitz
Chancelier du Reich
-Adolf Hitler
1945Joseph Goebbels
Lutz Schwerin von Krosigk(ministre-président)
Parlement
Chambre hauteReichsrat(jusqu'en 1934)
Chambre basseReichstag (en)(-)
Chambre uniqueReichstag (en)(-)

Entités précédentes :

Entités suivantes :

  1. Recensement officiel, y compris organisé en Autriche annexée et dans larégion des Sudètes.
  2. En tenant compte des habitants duGouvernement général de Pologne et duProtectorat de Bohême-Moravie.
  3. Adolf Hitler se fait appeler « Führer und Reichskanzler » après le 2 août 1934, ce qui signifie qu’il cumule les fonctions de chef de l’État, sous le titre deFührer, et de chef du gouvernement, sous celui deReichskanzler. Cette fusion des fonctions est entérinée par leplébiscite du 19 août 1934.

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LeTroisième Reich, ou l'Allemagne nazie, est la période de l'histoire de l'Allemagne qui s'étend de 1933 à 1945, lorsque le pays était dirigé parAdolf Hitler. Le régimenational-socialiste esttotalitaire,belliciste,impérialiste,raciste etgénocidaire.

Larépublique de Weimar n'étant pas abrogée en droit en 1933, le terme « Reich allemand » (Deutsches Reich) continue d'être, jusqu'en 1943, le nom officiel de l'État allemand, utilisé dans ses documents administratifs et politiques. Certains représentants du régime lui préfèrent, après l'Anschluss en mars 1938, le terme « Reich grand-allemand » (Großdeutsches Reich), qui devient le nom officiel de l'État allemand en 1943[1].

Adolf Hitler, le chef duParti national-socialiste des travailleurs allemands (abrégé en « NSDAP », pour l'allemandNationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei), est nomméchancelier par le président de la république de WeimarPaul von Hindenburg le. Après son arrivée au pouvoir, le parti commence à anéantir toute opposition politique dans le pays et à consolider son pouvoir ; l'Allemagne devient unÉtat totalitaire. Après le décès d'Hindenburg le, Hitler établit un pouvoir absolu en fusionnant les fonctions de chancelier et de président. Le, il se fait appeler « Führer ».

À partir de la fin desannées 1930, l'Allemagne nazie émet des revendications territoriales et menace d'une guerre. L'Autriche est annexée en 1938 et laTchécoslovaquie en 1939. Une alliance est signée avec l'URSS et laPologne est envahie en. L'alliance est rompue par l'Allemagne nazie deux ans plus tard avec l'opérationBarbarossa. Une autre alliance est signée avec l'Italie fasciste et les pays de l'Axe. L'Allemagne nazie occupela majeure partie de l'Europe, jusqu'à être défaite le8 mai 1945. Le, ledernier gouvernement nazi deKarl Dönitz est arrêté. Lapropagande nazie destinait le Troisième Reich à durer « mille ans », il en dura douze, la république de Weimar n'ayant d'ailleurs jamais été formellement abrogée par les nazis.

État policier de typetotalitaire, reposant avant tout sur le pouvoir absolu exercé par Adolf Hitler, le Troisième Reich est responsable du déclenchement de laSeconde Guerre mondiale en Europe. Il laisse l'Allemagne et l'Europe en ruines.

L'idéologie du Troisième Reich repose sur la croyance en l'existence d'une « race aryenne », la promotion duLebensraum, leracisme et l'antisémitisme. Dès son arrivée au pouvoir et particulièrement au cours de la Seconde Guerre mondiale, le régime met en place un système de répression s'attaquant à toute personne qui ne lui est pas totalement favorable ou soumise ou qu'il considère comme une « race » inférieure. Il met en place des mesuresgénocidaires, composées decamps d'extermination, decamps de concentration, deghettos et demassacres par des unités mobiles.

L'Allemagne nazie commet ainsi laShoah (aussi dit l'Holocauste, ou le génocide des Juifs), lePorajmos (génocide desRoms d'Europe), lamise à mort systématique des handicapés, ainsi que ladéportation des personnes homosexuelles, desopposants politiques au régime, des membres de l'aristocratie polonaise et du clergé catholique, des pasteurs et des membres de l'Église confessante. Tous ces massacres ont conduit à la mort de plusieurs dizaines de millions de personnes.

Nom

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Formellement, la république allemande, diterépublique de Weimar, n'a jamais été abolie. Le nom officiel reste donc le même, à savoirDeutsches Reich (traduit généralement par « Reich allemand », le motReich désignant un empire ou un État), nom que portait déjà auparavant l'Empire allemand de 1871 à 1918. À partir de 1943, le nom deGroßdeutsches Reich (Grand Reich allemand ou Reich grand-allemand) est aussi utilisé. En français, les expressions « Allemagne nazie » et « Troisième Reich » sont communément utilisées pour désigner le régime d'Adolf Hitler. Quand le contexte n'est pas ambigu, le simple mot « Reich » peut également faire référence au régime nazi.

Le nom de « Troisième Reich », adopté par les Nazis, fut utilisé pour la première fois dans un ouvrage de1923 d'Arthur Moeller van den Bruck, pour lequel leSaint-Empire romain germanique (de 962 à 1806) est le premier Reich et l'Empire allemand (de 1871 à 1918) le deuxième[2]. Dans le vocabulaire allemandcontemporain, la période nazie est désignée sous les expressionsZeit des Nationalsozialismus (« période nationale-socialiste »),Nationalsozialistische Gewaltherrschaft (« tyrannie nationale-socialiste ») ou simplementdas dritte Reich (« le Troisième Reich ») oudie Hitlerzeit (« la période hitlérienne »).

Termes propagandistes

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Même avant 1933, le terme « Reich » était devenu le terme de combat de la droite et des monarchistes contrela république démocratique.Das dritte Reich (Le Troisième Reich), comme s'intitulait un livre publié en 1923 parArthur Moeller van den Bruck, faisait référence à la tradition du premier, leSaint-Empire romain germanique, et du deuxième, l'Empire allemand issu de lasolution petite-allemande. Van den Bruck entendait alors par « Troisième Reich » ungrand Reich/Empire allemand (großdeutsches Reich).

L'idée d'un « Troisième Reich » remonte auXIIe siècle. Le théologien italienJoachim de Flore avait prophétisé un troisième âge millénaire duSaint-Esprit, qui suivrait les deux âges deDieu et deJésus-Christ. Les nationaux-socialistes ont repris ce slogan parce qu'il semblait concentrer leurs efforts. Hitler a souvent tenté de s'approprier le mythe des « mille ans » pour son règne. Plus tard, il s'est inquiété du terme « Troisième Reich », qui aurait permis de spéculer sur un éventuelQuatrième Reich, et donc de s'interroger sur la continuité duReich allemand. C’est pourquoi le ministre de la PropagandeJoseph Goebbels interdit le l'utilisation du terme « Troisième Reich »[3],[4].

La destruction de la démocratie et l'instauration du régime

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Bien que n'ayant obtenu qu'un tiers des voix aux élections libres de, et bien qu'Adolf Hitler ait été battu à la présidentielle parPaul von Hindenburg, leNSDAP arrive au pouvoir quand son « Führer » est appelé à lachancellerie le.

Beaucoup d'industriels et d'hommes de droite, réunis autour deFranz von Papen et d'Alfred Hugenberg, pensaient ainsi « lever l'hypothèque » nazie et se servir d'Adolf Hitler pour ramener l'ordre dans l'Allemagne en crise, avant de s'en séparer dès qu'il n'y aurait plus besoin de lui. De fait, le gouvernement Adolf Hitler ne comporte que trois nazis : Adolf Hitler chancelier du Reich,Hermann Göring, chargé en particulier de laPrusse, etWilhelm Frick à l'Intérieur.

Or loin de se laisser instrumentaliser par les conservateurs, Adolf Hitler parvient en quelques mois à mettre l'Allemagne au pas (Gleichschaltung). Le démantèlement de larépublique de Weimar au profit de ladictature nazie permet l'avènement et la proclamation du Troisième Reich dès le, lors d'une grandiose cérémonie de propagande tenue àPotsdam, sur le tombeau deFrédéricII de Prusse.

« Mise au pas » et répression

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Articles connexes :Gleichschaltung etNuit des Longs Couteaux.

Dès le, Adolf Hitler fait dissoudre leReichstag par Hindenburg. Pendant la campagne électorale, laSA et lesSS, milices du parti nazi, reçoivent des pouvoirs d'auxiliaires de la police. Les réunions duParti communiste (KPD), duParti social-démocrate (SPD) et des autres partis d'opposition sont marquées par de nombreux décès. Des opposants sont déjà brutalisés ou torturés.

Dans la nuit du au survient l'énigmatiqueincendie du Reichstag. Saisissant l'occasion, Adolf Hitler fait adopter par Hindenburg un « décret pour la protection du peuple allemand » qui suspend toutes les libertés garanties par laConstitution de Weimar. Un autre décret institue laSchutzhaft ou « détention de protection » préventive, qui permet d'arrêter et d'emprisonner sans aucun contrôle ni limite de temps.

La terreur s'accélère. En deux semaines, Göring fait ainsi arrêter 10 000 communistes en Prusse, dont le chef du KPD,Ernst Thälmann, le. En avril, près de 30 000 arrestations ont lieu dans la seule Prusse. À l'été, la Bavière compte 4 000 internés, la Saxe 4 500. Entre 1933 et 1939, un total de 150 000 à 200 000 personnes sont internées, et entre 7 000 et 9 000 sont tuées par la violence d’État. Des centaines de milliers d'autres doivent fuir l'Allemagne[5].

De nombreuses figures de la gauche littéraire et scientifiques s'exilent, commeThomas Mann,Bertolt Brecht etAlbert Einstein dès le. D'autres sont jetées en prison comme le pacifisteCarl von Ossietzky. Les nazis condamnent l'« art dégénéré » et les « sciences juives », et détruisent ou dispersent de nombreuses œuvres desavant-gardes artistiques.

Les premierscamps de concentration nazis provisoires apparaissent, où sont emprisonnés militants communistes, socialistes et sociaux-démocrates. Dès le,Heinrich Himmler ouvre lecamp de concentration de Dachau à proximité deMunich. Il est suivi en 1937 deBuchenwald et en 1939 deRavensbrück pour les femmes.

Le, les nazis obtiennent 43,9 % des voix auxélections législatives. Dans tous lesLänder d'Allemagne, les nazis s'emparent par la force des leviers locaux du pouvoir. Le, Adolf Hitler obtient des deux tiers des députés le vote despleins pouvoirs pour quatre ans. Le, lessyndicats sont dissous et leurs biens saisis. Les ouvriers sont enrôlés dans l'organisationcorporatiste duDeutsche Arbeitsfront (DAF). Le, le ministre de la PropagandeJoseph Goebbels préside à Berlin à une nuit d'autodafé pendant laquelle des milliers de « mauvais livres » d'auteursjuifs,marxistes, démocrates oupsychanalystes sont brûlés pêle-mêle en public par des étudiants nazis ; la même scène se tient dans les autres grandes villes. Le KPD est officiellement interdit en mai, le SPD en juin[6]. Les autres partis politiques se sabordent ou se rallient. Le, laloi contre la formation de nouveaux partis fait duNSDAP leparti unique en Allemagne. Les jeunes Allemands sont obligatoirement embrigadés dans lesJeunesses hitlériennes (« Hitlerjugend »), seul mouvement de jeunesse autorisé à partir du.

Les SA deErnst Röhm exigent que la « révolution nationale-socialiste » prenne un tour plusanticapitaliste et rêvent de prendre le contrôle de l'armée. Mais Adolf Hitler, qui a besoin des grands industriels pour sa future armée, fait massacrer une centaine de chefs SA le au cours de lanuit des Longs Couteaux. LeIIIe Reich s'oriente dès lors vers un « État SS » (Eugen Kogon).

Les nazis liquident aussi à cette occasion plusieurs dizaines de personnalités diverses, ainsi que ledocteur Klausener, dirigeant de l'Action catholique.

Après la mort dePaul von Hindenburg le, Adolf Hitler est à la fois chancelier et président de l'État. Il est entouré d'unculte de la personnalité intense qui le célèbre comme le sauveur messianique de l'Allemagne, et fait prêter un serment de fidélité à sa propre personne, notamment par les militaires. LeFührerprinzip devient le fondement de toute autorité.

Affiche de propagande américaine soulignant, une fois la guerre déclarée entre l'Allemagne et les États-Unis, la politique qu'a adoptée le Troisième Reich à l'égard de lareligion chrétienne.

Mouvement antichrétien, le nazisme tente de soumettre lesÉglises, et certains de ses dirigeants telsMartin Bormann rêvent même d'éradiquer lechristianisme à long terme[7]. Le pouvoir provoque ainsi une scission au sein des protestants allemands, par la mise sur pied de l'Église dite des « chrétiens allemands », qui professe sans réserve le racisme et le culte du Führer. Il combat aussi l'Église confessante des pasteurs résistantsMartin Niemöller etDietrich Bonhoeffer, déportés.

Article détaillé :Églises luthériennes d'Allemagne face au nazisme.

En 1933, le puissant parti catholique, leZentrum, s'était sabordé en échange de la signature d'unconcordat entre l'ADO (en allemand, « Ausland Deutsches Organisation ») et leVatican. Mais en 1937, le papePie XI dénonce dans l'encycliqueMit brennender Sorge les violations répétées du concordat, les tracasseries contre des hommes d'Église, le racisme d'État et l'idolâtrie entourant le Reich et son chef. Son texte est interdit de lecture et de diffusion en Allemagne et ses exemplaires en circulation détruits par laGestapo. Cependant, dans l'ensemble, « les Églises allemandes n'ont pas activé tout leur potentiel de résistance » (Jacques Semelin) et le successeur de Pie XI,Pie XII, ancien nonce en Allemagne, évite pendant la guerre de dénoncer les atrocités nazies, notamment par peur d'attirer des représailles sur l'Église allemande qu'il connaît bien.

Article détaillé :Église catholique d'Allemagne face au nazisme.

Au printemps 1938, Adolf Hitler accentue la prédominance nazie dans le régime. Il évince les chefs d'état-majorWerner von Fritsch etWerner von Blomberg et soumet laWehrmacht en plaçant à sa têteAlfred Jodl etWilhelm Keitel. Le conservateurKonstantin von Neurath est remplacé par le naziJoachim von Ribbentrop aux Affaires étrangères, et Göring prend en main l'économieautarcique aux dépens duDrHjalmar Schacht.

Lafranc-maçonnerie est mise hors la loi et ses membres, pourchassés par une section spéciale de l'appareil policier.

LesTémoins de Jéhovah,objecteurs de conscience, refusent par principe leservice militaire et le travail dans l'industrie de guerre, tout comme lesalut nazi et tout signe d'allégeance à l'idolâtrie entourant leFührer. Près de 6 000 d'entre eux sont enfermés encamp de concentration.

Eugénisme et politiques racistes

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Articles détaillés :Politiques racistes du Troisième Reich etEugénisme sous le nazisme.

Dès, la persécutioncontre les juifs se déchaîne. Uneloi permet à Adolf Hitler de faire révoquer 2 000hauts fonctionnaires et 700universitaires juifs. Leboycott des magasins juifs est lancé le1er avril par lesSA. Des Juifs sont humiliés en public, des couples mixtes promenés dans les rues avec des pancartes insultantes autour du cou. La contribution juive à laculture allemande est niée : la musique deFelix Mendelssohn ou deGiacomo Meyerbeer est interdite, et le célèbre poème deHeinrich Heine, laLorelei, n'a officiellement plus d'auteur. Leslois de Nuremberg, en 1935, retirent la citoyenneté allemande aux Juifs et interdisent toutmariage mixte. La liste des métiers interdits s'allonge sans fin, toute vie quotidienne normale leur est rendue impossible. Cependant, si plusieurs dizaines de milliers de Juifs s'exilent, beaucoup persistent à rester malgré les brimades, pensant qu'Adolf Hitler apaisera son courroux et parce qu'ils devaient abandonner tous leurs biens pour quitter le pays[8]. Lepogrom de lanuit de Cristal, le, annonce leur élimination physique ainsi que leurspoliation systématique (aryanisation). À partir de 1941, ils doivent porter uneétoile jaune, puis sont déportés dans lesghettos de Pologne et lescamps de la mort.

Seuls sont provisoirement épargnés lesMischlinge, ou les Juifs mariés à des Allemandes « aryennes », telsVictor Klemperer. LesMischlinge sont des personnes dont un des parents n'est pas de religion juive. Cette qualification était codifiée par les lois de Nuremberg. En 1943, en plein Berlin, des conjointes de Juifs manifestent dans la Rosenstrasse pour empêcher ladéportation de leurs époux.

En, le régime adopte une loi sur lastérilisation forcée, conforme à son objectif de « purifier la race aryenne ». Des dizaines de milliers de personnes en sont victimes. Elle concerne surtout lesmalades mentaux, mais aussi desTziganes (préconisée parRobert Ritter[9]), ou encore desNoirs (planifiée parEugen Fischer[10] ; la stérilisation touche la moitié des métis, « bâtards de Rhénanie » enfants de la « Honte noire ») : en 1937, Adolf Hitler ordonne de stériliser les 400 enfants nés dans lesannées 1920 de soldats noirs français et de femmes allemandes[11]. Des milliers de femmes tziganes ne survivent pas à la stérilisation.

Durant laSeconde Guerre mondiale, l'Allemagne nazie s'en prend également auxSlaves, peuple d'Europe de l'Est que le régime considérait comme une « race inférieure ».

Leshomosexuels sont condamnés à la stérilisation ou à la déportation en camp en vertu duparagraphe 175 du code pénal ; 25 000 condamnés sont dénombrés en deux ans (J.M. Argelès).

Opinion et nazisme : adhésions et réticences

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Alors que laGestapo n’a que 6 000 hommes en 1938, et 32 000 en 1944[12], toute opposition organisée au nazisme a pratiquement disparu après 1934. Lapolice politique ne pourrait donc avoir autant d'efficacité sans l'aide de nombreuxdélateurs, mouchardant pour régler des comptes personnels, par peur ou par adhésion idéologique. Il n'est pas rare non plus que des enfants, soumis à l'embrigadement intense desJeunesses hitlériennes, finissent par dénoncer leurs parents.

Population de larégion des Sudètes saluant Hitler lorsque celui-ci traversa la frontière tchécoslovaque en 1938.

Les rares groupes constitués de larésistance allemande au nazisme émergent à nouveau à partir de 1938. Très isolés, surtout après l'entrée en guerre, les résistants à Adolf Hitler sont assimilés par l'opinion à des traîtres à leur pays. Ce qui amène les historiens allemands au concept d'une « résistance sans le peuple ».

Dans l'ensemble, la société allemande s'est vite accommodée du régime national-socialiste du moment qu'il mettait fin à l'instabilité politique et économique, et entreprenait de déchirer lediktat dutraité de Versailles. Les réalisations sociales du régime, les cérémonies grandioses de propagande comme lors des Congrès duNSDAP à Nuremberg, la peur, l'indifférence ou le conformisme ont entraîné de nombreux Allemands à céder à la « fascination dunazisme » (Peter Reichel).

Environ onze millions de citoyens allemands ont adhéré au NSDAP, dont beaucoup de carriéristes et d'opportunistes, soit une part considérable de la population adulte. Quelque 100 000 Allemands, selonAnnette Wieviorka, ont pris part activement augénocide des Juifs. L'historien de laWehrmacht Omer Bartov (L'Armée de Hitler, 1999) a montré qu'une bonne part des combattants allemands avaient intégré le discours nazi, et que nombre d'entre eux furent, avec leurs officiers et leurs généraux, à peine moins compromis que lesSS dans les tueries à l'Est, en dépit de l'opinion contraire qu'ils ont cherché à propager, y compris à l'étranger, dans les années 1960.

L'historien britanniquePaul Johnson (Une Histoire des Juifs, 1986) souligne que lesAutrichiens, intégrés au Grand Reich en 1938, sont surreprésentés dans les instances supérieures du régime (outreAdolf Hitler lui-même, il peut être citéAdolf Eichmann,Ernst Kaltenbrunner,Arthur Seyss-Inquart ouHans Rauter) et qu'ils ont en proportion beaucoup plus participé à laShoah que les Allemands (voir aussi :Shoah en Autriche). Un tiers des tueurs desEinsatzgruppen étaient ainsi autrichiens, tout comme quatre des six commandants des principauxcamps d'extermination et près de 40 % des gardes des camps. Sur 5 090criminels de guerre recensés par laYougoslavie en 1945, 2 499 Autrichiens sont dénombrés.

L'historiographie allemande distingue depuisMartin Broszat la résistance organisée au nazisme (Widerstand) et des formes dedissidence civiles (Resistenz), sans ambition de contestation politique, mais démontrant une certaine réticence envers l'embrigadement et l'idéologie officiels.

Par exemple, des groupes de jeunes gens, lesEdelweiss ou laSwingjugend, se réunissaient en pleine guerre pour écouter la musiqueswing proscrite par le régime, et adoptaient un habillement et une coiffure qui défiaient l'ordre moral officiel. De nombreuses Allemandes bravèrent les interdictions officielles des relations amoureuses avec les travailleurs étrangers occidentaux ou slaves. Des centaines d'Allemands furent exécutés pour avoir écouté laBBC, ou proféré des paroles méprisantes ou sceptiques contre le régime et sur l'issue de la guerre. Certains tentèrent discrètement de venir en aide à des Juifs, ou eurent du moins le courage de gestes et de paroles de sympathie. D'autres s'arrangèrent pour ne jamais faire le salut nazi. En Bavière catholique, un mouvement d'opinion empêcha le régime néo-païen de retirer les crucifix des classes[13].

Clemens August von Galen, évêque deMünster, relaya une vague d'indignation contre la prétendue « euthanasie » des handicapés mentaux, protesta en chaire contre celle-ci, et obtint ainsi l'arrêt officiel théorique de l'Aktion T4 ().

Dans lesannées 1930, les Églises ont également souvent résisté aux ingérences du régime et aux tracasseries de ses agents mais leurs hiérarchies n'ont fait porter leurs refus que sur des points matériels et confessionnels et, comme au temps de l'empire wilhelminien, se défendaient toujours de « faire de la politique ». ExceptéKonrad von Preysing, évêque catholique d'Eichstätt, les Églises en tant que telles n'ont condamné ni lesguerres d'agression, ni la politique raciale, ni lescrimes contre l'humanité dans les pays occupés, dont des échos parvenaient pourtant en Allemagne.

Nature du pouvoir

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La loi sur les pleins pouvoirs, votés à la suite de l'incendie du Reichstag, suspend la Constitution, mais ne l'abroge pas[14], donc« le Reich allemand est une république », selon l'article1er de la Constitution de 1919, mais le gouvernement dispose des pleins pouvoirs en matière de police et de justice.

Totalitarisme

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Carte desGaue du Troisième Reich en 1944.

À partir de1933, tous les partis, syndicats, mouvements de jeunesse ou associations non nazis ont été dissous ou absorbés, les opposantsexilés ou envoyés dans descamps de concentration, les Églises exposées à des tracasseries, les autonomies régionales supprimées au profit du premierÉtat centralisé qu'ait connu l'Allemagne, la population soumise à la surveillance étroite de laGestapo, certes relayée par une multitude dedélateurs. La justice a pareillement été soumise au régime, le sinistrement célèbre Tribunal du Peuple (Volksgerichtshof) présidé notamment parRoland Freisler ayant prononcé des milliers decondamnations à mort au cours deparodies de justice n'essayant même pas de respecter les apparences élémentaires. Plus de 30 000 condamnés à mort furentguillotinés,pendus, voiredécapités à la hache[15] sous leIIIe Reich, souvent pour de simples paroles d'hostilité ou de mécontentement. Il n'était pas rare que la Gestapo arrête des gens acquittés ou ayant fini leur peine, puis les déporte à sa guise.

À la différence de l'Italie fasciste, les rôles ne sont pas aussi répartis entre le parti et les institutions traditionnelles[16]. En effet, les institutions héritées des périodes précédentes continuent d'exister, mais certaines sont progressivement noyautées par des structures du parti, ou plus simplement, elles ne sont plus opérantes, à l'image desLänders, par exemple, redécoupés enGaue, circonscription territoriale du NSDAP[réf. nécessaire]. Ce maintien desclasses dirigeantes traditionnelles, donc la mise en place d'uncondominium sur le pays, géré par leNSDAP et les anciennes classes dirigeantes amende nettement la vision totalitaire[réf. nécessaire]. Cette alliance est appelée à se fissurer à la période des échecs militaires (il suffit de faire une biographie des principaux conjurés ducomplot du 20 juillet 1944 pour s'en convaincre : des militaires, décorés et honorés par le régime (Rommel), un chef de corps d'armée durant lacampagne de France, fait maréchal par Adolf Hitler (Witzleben), des généraux anciennement proches d'Adolf Hitler (Hoeppner), un homme qui a voté les pleins pouvoirs en 1933 (Goerdeler)…).

En outre, à côté de cette alliance entre les conservateurs et les nazis, se met en place ce que Broszat appelle « anarchie totalitaire », par l'installation de structures ayant les mêmes compétences dans un domaine donné, et qui finissent par avoir des actions antagonistes : Warlimont, dans ses mémoires[17], évoque une anecdote au sujet de camions de la marine, mais dont l'armée a un besoin vital. Le représentant de la marine refuse de les mettre à disposition de l'Armée de terre, sous prétexte que beaucoup de camions ont déjà été donnés à l'Armée de terre. À l'issue de plusieurs heures de débat, Adolf Hitler ne tranche pas, renvoyant le problème à plus tard, trop tard.

Au vu de ces considérations, l'historiographie allemande caractérise donc traditionnellement leIIIe Reich comme un « État de non-droit » (Unrechtsstaat). En, le célèbre juristeCarl Schmitt, penseur de « l'état d'exception », approuve le massacre desSA lors de lanuit des Longs Couteaux et théorise publiquement que la simple parole du Führer a force deloi, et qu'elle prime sur ledroit.

Interprétations intentionnaliste et fonctionnaliste

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L'école historique allemande dite des « intentionnalistes » insiste sur la primauté d'Adolf Hitler dans le fonctionnement du régime. La forme extrême de pouvoir personnel et deculte de la personnalité autour du Führer ne serait pas compréhensible sans son « pouvoircharismatique ». Cette notion importante est empruntée au sociologueMax Weber : Adolf Hitler se considère et est considéré sincèrement comme investi d'une mission providentielle.

Sans l'idéologie (Weltanschauung, ou vision du monde) redoutablement efficace qui animait Adolf Hitler et ses fidèles, le régimenazi ne se serait pas engagé dans la voie de la guerre et de l'extermination de masse, ni dans le reniement des règles juridiques et administratives élémentaires régissant les États modernes. Par exemple, sans son pouvoir charismatique d'un genre inédit, Adolf Hitler n'aurait pas pu autoriser l'« euthanasie » massive des handicapés par quelques simples mots sur papier à en-tête de la chancellerie (opération T4,), et encore moins déclencher laShoah sans rédiger un seul ordre écrit. Aucun exécutant du génocide des Juifs ne demanda jamais, justement, à voir un ordre écrit : le simple mot deFührerbefehl (ordre du Führer) était suffisant pour faire taire toute question.

Comme l'a démontré l'école rivale des « fonctionnalistes » (conduite parMartin Broszat), leIIIe Reich n'a jamais tranché entre le primat du pouvoir du parti unique et celui du pouvoir de l'État, d'où des rivalités de compétence incessantes entre les hiérarchies doubles duNSDAP et du gouvernement du Reich. Surtout, l'État nazi apparaît comme un singulier enchevêtrement de pouvoirs concurrents aux légitimités comparables. C'est le principe de la « polycratie »[18].

Adolf Hitler àBad Godesberg en 1938.

Or, entre ces groupes rivaux, Adolf Hitler tranche rarement et décide peu. Fort peu bureaucratique, travaillant de façon irrégulière (sauf dans la conduite des opérations militaires), leFührer, « dictateur faible » ou « paresseux » selon M. Broszat, laisse chacun libre de se réclamer de lui, et attend seulement que les individus marchent dans le sens de sa volonté.

Dès lors, a démontré son biographeIan Kershaw, dont les travaux font la synthèse des acquis des écolesintentionnalistes et fonctionnalistes, chaque individu, chaque clan, chaque bureaucratie, chaque groupe fait de la surenchère et essaye d'être le premier à réaliser les projets nazis fixés dans leurs grandes lignes par Adolf Hitler. C'est le cas en particulier dans le domaine de lapersécutionantisémite, qui s'emballe et passe ainsi graduellement de la simple persécution au massacre, puis augénocide industriel. Ce qui explique que leIIIe Reich obéisse structurellement à la loi de la« radicalisation cumulative », et que le système ne puisse en aucun cas se stabiliser.

Ce « pouvoir charismatique » explique aussi que beaucoup d'Allemands soient spontanément allés au-devant du Führer. Ainsi, en1933, les organisations d'étudiants organisent d'elles-mêmes lesautodafés de livres honnis par le régime, tandis que les partis et les syndicats se rallient au chancelier et se sabordent d'eux-mêmes après avoir exclu les Juifs et les opposants au nazisme. L'Allemagne se donne largement au Führer dans lequel elle reconnaît ses rêves et ses ambitions, plus que ce dernier ne s'empare d'elle. Selon Kershaw, le Führer est l'homme qui rend possible les plans caressés de longue date à la « base » : sans qu'il ait besoin de donner d'ordres précis, sa simple présence au pouvoir autorise par exemple les nombreuxantisémites d'Allemagne à déclencherboycotts etpogroms, ou desmédecins à pratiquer les expériences pseudo-médicales et les opérations de mise à mort dont l'idée préexistait à 1933.

Ce qui explique aussi, toujours selonIan Kershaw et la plupart des fonctionnalistes, la tendance du régime à l'« autodestruction » (Selbstzerstörung). LeIIIe Reich, retour à l'« anarchieféodale » (Kershaw) se décompose en une multitude chaotique de fiefs rivaux.C'est ainsi qu'en1943, alors que l'existence du Reich est en danger après labataille de Stalingrad, tous les appareils dirigeants duIIIe Reich se disputent pendant des mois pour savoir s'il faut interdire lescourses de chevaux, sans trancher[réf. nécessaire]. Le régime substitue aux institutions rationnelles modernes lelien d'allégeance personnelle, d'homme à homme, avec le Führer. Or, aucun dirigeant nazi ne dispose du charisme d'Adolf Hitler. Le culte de ce dernier existe dès les origines du nazisme et est consubstantiel au mouvement, puis au régime. Chacun ne tire sa légitimité que de son degré de proximité avec le Führer. De ce fait, en l'absence de tout successeur (« En toute modestie, je suis irremplaçable »[19][réf. incomplète]), la dictature d'Adolf Hitler n'a aucun avenir et ne peut lui survivre[20]. La mort duIIIe Reich et celle de son dictateur se sont d'ailleurs pratiquement confondues.

Arts, culture et sport sous le Reich hitlérien

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Articles connexes :Propagande nazie etArt dégénéré.

L'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir marque brutalement la fin de la diversité culturelle qu'avait apportée la république de Weimar pour l'Allemagne. De nombreux autodafés ont même lieu, surtout des livres d'auteurs juifs, communistes, etc. Tous les livres deMarx, deSigmund Freud, d'Einstein et d'auteurs célèbres à cette époque finissent brûlés en place publique. La culture est prise en main : Adolf Hitler met en place un contrôle total de lapresse écrite par le parti nazi, choisit les films qui passent au cinéma… La propagande passe par ces moyens de communication ; tout a pour but de mettre en avant le parti. L'organisation desjeux olympiques d'été de 1936 est instrumentalisée pour consolider l’image de marque du régime hitlérien sur la scène internationale.

Les ouvrages scolaires sont également expurgés. Pour ne pas renoncer aux poèmes d'Heinrich Heine, quelques-uns les attribuent à un « auteur inconnu de langue allemande ».

Proscriptions, exils, ralliements

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De nombreux artistes, écrivains et savants doivent fuir d'emblée l'Allemagne nazie en raison de leurs origines juives, et/ou de leurs convictions politiques pacifistes, de gauche, antinazies, ou encore de la nature avant-gardiste de leur art.

Parmi eux les écrivainsErich Maria Remarque,Adrienne Thomas,Thomas Mann et son frèreHeinrich Mann, ainsi queBertolt Brecht,Alfred Döblin,Kurt Tucholsky, ou encoreLion Feuchtwanger,Walter Benjamin,Arthur Koestler. Il en va de même pour les metteurs en scène berlinoisMax Reinhardt etErwin Piscator. Sont aussi notamment proscrits les philosophesHusserl,Hannah Arendt ouWilhelm Reich, la théologienneEdith Stein (juive convertie et religieuse carmélite, gazée en 1942 àAuschwitz), le peintre d'avant-gardePaul Klee, l'architecteWalter Gropius, le physicienAlbert Einstein. En 1938, l'annexion de l'Autriche oblige le vieux fondateur de lapsychanalyse,Sigmund Freud, à partir pour Londres. L'écrivain viennoisFelix Salten rejoint la Suisse et s'installe à Zurich.Stefan Zweig, qui a dûfuir les nazis autrichiens dès 1934, se suicide en 1942.

Les nazis brûlent en public les livres proscrits, 10 mai 1933.

Quelques artistes pourtant sondés parGoebbels font le choix de partir par acte de résistance au régime, ainsi le cinéasteFritz Lang ou l'actriceMarlene Dietrich.

Un certain nombre d'artistes et d'écrivains restés en Allemagne, commeEmil Nolde (qui adhère au parti nazi en 1935), se voient interdire de peindre ou d'écrire et sont placés sous surveillance policière.

Les Juifs sont exclus de la presse, du cinéma, du monde du spectacle. Les œuvres d'auteurs juifs (comme celles deHeinrich Heine ouMoses Mendelssohn) ne peuvent plus être jouées ou interprétées, et Goebbels doit intervenir contre certains fanatiques de son propre parti qui souhaitaient interdireMozart parce quefranc-maçon.

L'autodafé spectaculaire des livres interdits, le, permit à beaucoup de commentateurs de rappeler la célèbre phrase deHeinrich Heine :« Là où on brûle des livres, on finira par brûler des hommes. » En 1937, une « exposition d'art dégénéré » très visitée sillonne l'Allemagne pour tourner en dérision les œuvres de plusieurs artistes d'avant-garde (parmi lesquelsEmil Nolde), taxées de « bolchevisme culturel » ou de « gribouillages juifs et cosmopolites » par Adolf Hitler. Beaucoup de ces œuvres sont ensuite dispersées ou détruites par les nazis.

Un nombre non négligeable d'esprits se rallient toutefois plus ou moins durablement au régime hitlérien. Le philosopheMartin Heidegger prend sa carte auNSDAP et, d'après l'enquête deVíctor Farías (Heidegger et le nazisme), il paie ses cotisations jusqu'en 1945. Il accepte pendant quelques mois la fonction de recteur àFribourg ; avant de s'opposer fondamentalement au national-socialisme en déclarant :« Le national-socialisme est un principe barbare. » Le théoricien du droitCarl Schmitt devient le juriste nazi officiel. Nombre de musiciens et d'interprètes entretiennent des relations très cordiales avec le régime et ses plus hauts dirigeants, acceptant ou sollicitant les commandes officielles, notamment les compositeursCarl Orff etRichard Strauss, la cantatriceElisabeth Schwarzkopf ou les chefs d'orchestreWilhelm Furtwängler[21] etHerbert von Karajan. Dans le domaine de l'art populaire, les internationalement réputésComedian Harmonists sont obligés de se dissoudre.

Article connexe :Liste de compositeurs persécutés pendant le nazisme.

Art officiel nazi

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Article détaillé :Art du Troisième Reich.

Dès 1933,Goebbels impose la création desReichskulturkammer, organisationcorporatiste des métiers de la culture. Nul ne peut publier ou composer s'il n'en est membre.

Les cérémonies nazies récupèrent particulièrement la musique deRichard Wagner et celle deAnton Bruckner, favorites du Führer. Un « art nazi » conforme aux canons esthétiques et idéologiques du pouvoir se manifeste au travers des œuvres d'Arno Breker en sculpture, deLeni Riefenstahl au cinéma ou d'Albert Speer, confident d'Adolf Hitler, en architecture. Relevant souvent de la propagande monumentale, comme lestade olympique de Berlin destiné aux Jeux de 1936, ces œuvres austyle très néo-classique développent aussi souvent l'exaltation de corps « sains », virils et « aryens ».

Le Führer confia à Albert Speer le projet pharaonique (et inabouti) de reconstruction de la capitaleBerlin. Celle-ci aurait dû prendre le nom deGermania et se couvrir de monumentsnéoclassiques au gigantisme démesuré : la coupole du nouveauReichstag aurait été 13 fois plus grande que celle deSt-Pierre de Rome, l'avenue triomphale deux fois plus large que lesChamps-Élysées et l'Arche triomphale aurait pu contenir dans son ouverture l'Arc de triomphe parisien (40 m de haut). Le biographe de Speer,Joachim Fest, décèle à travers ces projetsmégalomanes une « architecture de mort »[22]. En pleine guerre, Adolf Hitler se réjouit que les ravages desbombardements alliés facilitent pour l'après-guerre ses projets grandioses de reconstruction radicale de Berlin, Hambourg ouLinz.

L'instrumentalisation du sport

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LesJeux olympiques d'hiver de 1936 àGarmisch-Partenkirchen puis lesjeux olympiques d'été de 1936 àBerlin furent des jalons non négligeables dans la consolidation de l’image de marque du régime hitlérien sur la scène internationale, cela en dépit de son caractère notoirement raciste et ouvertement belliqueux. Les attitudes des gouvernements occidentaux qui, en faisant confiance à Adolf Hitler et à ses promesses en faveur des Juifs et de la non-discrimination raciale en général, entamaient une série de capitulations dont lesaccords de Munich sont l’apothéose. Le Comité international olympique lui-même a été accusé d'avoir une part de responsabilité dans l’édification de l'image positive de l’hitlérisme[23].

Économie

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Article détaillé :Économie du Troisième Reich.

Situation économique et sociale à l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir

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LaGrande Dépression de1929 s'était traduite par une montée importante duchômage dans les pays développés. EnAllemagne, il y avait environ 3 500 000 chômeurs en1930. Les historiens et économistes (Maury Klein (en),Daniel Cohen,Joseph Stiglitz entre autres) reconnaissent que la crise de 1929 a eu un impact majeur sur la montée du nazisme, conséquence directe duretrait des capitaux américains d’Allemagne[24].

Robert Ley, adhérent du parti nazi dès1923 et élu député auReichstag en1932, fut chargé de l'élimination dessyndicats, qui furent remplacés par leDeutsche Arbeitsfront en1933, organisation de typecorporatiste. Liée au DAF, la « Kraft durch Freude » (Force par la joie) fut chargée d'offrir aux classes populaires des loisirs de masse étroitement encadrés. Elle offrit par exemple à des milliers d'ouvriers des croisières enmer Baltique sur ses deux paquebots.

À la foisanticapitaliste etantimarxiste, et soucieux de se rallier laclasse ouvrière, le régime nazi voulut comme toutfascisme expérimenter une troisième voie entrelibéralisme etcollectivisme. L'État nazi intervint ainsi largement dans l'économie. Il mena une politique de grands travaux (essor du réseau autoroutier), lança un programme ambitieux delogements sociaux, de réfection des cantines ouvrières, ou de loisirs de masse. En1936, Adolf Hitler fit concevoir parFerdinand Porsche les premièresVolkswagen ou « voiture du peuple », censées être accessibles aux Allemands les plus modestes – en réalité, peu sont construites sous leIIIe Reich, leurs usines de montage étant vite affectées à la construction de chars. Mais aussi, le régime imposa laplanification et une stricteautarcie, obligeant les industriels et les particuliers à remplacer par desersatz de moindre qualité les produits interdits d'importation.

Dès l'origine, l'économie du Troisième Reich s'est orientée vers laremilitarisation de l'Allemagne, puis la préparation de laguerre. Cette politique s'est appuyée dès 1933-1934 sur une série de lois économiques qui favorisèrent la réorganisation complète de l'industrie, puis fut accentuée à partir de1936 avec le lancement duplan de Quatre Ans confié àHermann Göring. Celui-ci constitua le tout-puissant cartel desReichswerke Hermann Göring, devenu très vite l'une des plus grosses entreprises d'Allemagne puis, après la mise sous tutelle des industries des pays conquis, une des plus grosses du monde.

Ledéveloppement de l'industrie de l'armement fut grandement facilité par latechnologie de lamécanographie et de lacarte perforéeHollerith, fournie par laDehomag. Les méthodes de comptabilisation, qui permettaient de connaître avec précision la nature du travail effectué par les ouvriers, orientèrent l'industrialisation dans ce sens.

À partir de1941, l'état-majorSS a entériné leprogramme d'exploitation de travailleurs forcés et deprisonniers de guerre, dans des conditions extrêmes pour les dits « travailleurs ». Très fréquemment, ces travaux étaient d'ailleurs simplementune manière « économiquement efficace » de liquider les ennemis du régime en maximisant leur utilité économique. Littéralement, on les tuait à la tâche. Le campAuschwitz-Birkenau n'est qu'un exemple parmi d'autres.

Les entreprisesIG Farben,Krupp AG,BMW,Mercedes-Benz,Volkswagen ont toutes participé à ce système, mais également des entreprises étrangères, tellesFordwerke, filiale allemande du groupe Ford, etOpel, filiale du groupeGeneral Motors.Henry Ford notamment participa activement à la constitution de l'arsenal de laWehrmacht avant l'entrée en guerre de l'Allemagne, et accepta en1939, la même année queBenito Mussolini, la plus grande décoration qu'Adolf Hitler pouvait décerner à un étranger, la grand-croix de l’ordre de l'Aigle allemand.

Évolution du chômage

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En comparaison avec lesÉtats-Unis ou l'Angleterre, ces chiffres sont très flatteurs, sur le papier. Mais, outre lesurendettement de l'État qu'impliquait la politique de militarisation et de plein emploi, il faut ajouter que :

« Cette performance apparente fut obtenue au moyen de mesures de plus en plus attentatoires aux libertés. Ainsi, le, une ordonnance ouvrit le droit pour les autorités de réquisitionner la main-d'œuvre pour une tâche précise. Le, c'est la fin de toute liberté en matière de choix d'un emploi. La militarisation de la classe ouvrière s'était esquissée dès avant la guerre. Laligne Siegfried (Westwall ou « mur de l'Ouest ») fut construite au moyen de la réquisition de 400 000 ouvriers (). »

— (Source :Alfred Wahl L'Allemagne de 1918 à 1945,p. 136)

Les rapports sociaux dans la société totalitaire nazie

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À partir de 1933, la société allemande est profondément remodelée sous l'action d'une vision totalitaire. Brisant un certain nombre de cadres hérités de la période précédente, le nouveau pouvoir rebat les cartes des rapports sociaux, définissant, au sein de la société allemande, des groupes sociaux qui subissent le régime et des catégories sociales qui bénéficient du régime. Cependant, malgré l'emploi d'une rhétorique misant sur l'harmonie des rapports sociaux redéfinis dans la communauté du peuple, les conflits inhérents à unesociété industrielle n'ont pas disparu et, à partir de 1936, des revendications salariales, conséquence duplein emploi, réapparaissent[25].

Catégories sociales perdantes

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En effet, dès les premiers mois d'installation du gouvernement de coalition entre les nazis et les conservateurs, se dessinent les contours des groupes qui perdent, par rapport à la période précédente, ce qui avait été conquis ou octroyé : les salariés, en dépit de nombreuses proclamations, ainsi que les femmes et les Juifs.

Dans un contexte de chômage de masse, la destruction des syndicats entraîne le durcissement des conditions de vie des salariés, touchant aussi bien les rémunérations que les conditions de travail[26] : la loi du autorise lelicenciement de tout employé communiste, de représentant social-démocrate ou de tout militant syndical sans préavis : tout salarié mal vu peut, à partir de la mise en application de cette loi, être licencié de façon arbitraire sans aucun moyen de défense[27]. Par delà la rhétorique mise en avant (chaque entreprise serait une communauté au sein de laquelle chacun aurait des droits et des devoirs), les dirigeants d'entreprise voient leurs pouvoirs renforcés[27].

Les salariés, après la dissolution des syndicats, doivent être inscrits auFront du Travail. Cette institution regroupe à la fois les salariés et leurs employeurs, régit les relations au travail, et se trouve placée sous la tutelle duministère du Travail du Reich[28]. Confiées à des commissaires aux compétences territoriales élargies, les relations sociales sont dorénavant régies par leFührerprinzip, dans une rhétorique néoféodale, insistant sur la relation de dépendance du salarié envers son employeur[29].

À cela, s'ajoute le fait que l'indice des salaires (100 en1932) était retombé à 97 en1938. En1937, le niveau des salaires était à peu près celui de1929. Lepouvoir d'achat de la classe ouvrière est inférieur en 1939 à celui de 1933. À partir de juin 1938, les salaires sont fixés d'autorité.

Cependant, des sources indiquent le contraire : l’historien britanniqueNiall Ferguson nota que les prix à la consommation entre 1933 et 1939 avaient augmenté au taux annuel moyen de seulement 1,2 %. Cela signifiait en réalité que les travailleurs allemands s’en sortaient mieux, aussi bien en valeur réelle que nominale : entre 1933 et 1938, le revenu hebdomadaire net (après déduction des impôts) augmenta de 22 %, tandis que le coût de la vie avait augmenté de seulement 7 %. Le revenu des travailleurs continua d’augmenter, même après le déclenchement de la guerre en. La rémunération horaire moyenne des travailleurs allemands augmenta de 25 %, et le salaire hebdomadaire de 41 % jusqu’en 1943[30].

À propos de la fin 1935, J.K Galbraith écrivait également :« le chômage touchait à sa fin en Allemagne. En 1936, les revenus élevés tiraient à la hausse les prix ou bien permettaient de les augmenter […] à la fin des années trente l’Allemagne avait atteint le plein emploi et des prix stables. C’était un exploit absolument unique dans le monde industriel »[31]. Le qualificatif de classe perdante serait donc à nuancer.

Lespaysans, nombreux à avoir voté pour les nazis, ne voient pas l'exode rural s'arrêter (il a même tendance à s'accélérer) ni leur situation s'améliorer réellement. Les petits commerçants et artisans menacés par la modernisation économique, et qui avaient fourni de gros bataillons auxSA, sont aussi floués : au nom de l'efficacité économique et par souci de préparer la guerre, le gouvernement encourage légalement la concentration des petites entreprises, dont plus de 400 000 disparaissent entre 1933 et 1939[32].

Enfin, en raison de la conception que les nazis avaient de la femme[33], celles-ci furent peu à peu cantonnées à leur rôle traditionnel[34]. Dès 1933, les femmes sont poussées hors de lafonction publique, ne peuvent plus être directrices dans l'enseignement, n'ont plus le droit d'être avocates, ni juges. Les ouvrières sont poussées vers l'agriculture. Les ouvrières célibataires de moins de 25 ans furent ainsi contraintes à faire une année dans les champs. 1,3 million de femmes supplémentaires furent employées dans l'agriculture entre 1933 et 1939. La politique vis-à-vis des femmes s'est cependant un peu assouplie à l'approche de la guerre[35].

Article détaillé :Condition féminine sous le Troisième Reich.

Catégories bénéficiaires du régime

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Si des groupes sociaux ont été floués ou matés en 1933-1934, d'autres, par contre, ont su tirer parti du nouveau cadre politique et institutionnel. En effet, après quelques incertitudes, notamment en raison d'actions violentes de laSA[36], le décret du[36], préparé lors d'une rencontre entre Adolf Hitler et des représentants des industriels allemands[37], lève toute ambiguïté sur la place dévolue aux représentants de l'industrie et des services dans la réorganisation nationale-socialiste. De plus, dès le, les intérêts privés, représentés parHugenberg, sont fortement présents dans le gouvernement du Reich ; ils se voient renforcés par la nomination duDr Schmitt, directeur général des assurancesAllianz, et non d'un cadre du parti, au gouvernement[37].

Dans le même temps, les représentants de l'industrie lourde jouent un rôle accru au sein du NSDAP et de l’État, à l'image de Fritz Thyssen, nommé parGoering conseiller d'État à vie en Prusse, jouant de ce fait un rôle important de conseiller économique dans lesGaue deRhénanie[38]. Ainsi, la loi sur les cartels du, qui donne aux ministères de l'économie et de l'agriculture un pouvoir sur la constitution de cartels et de contrôle de ces derniers, renforce les intérêts des cartels déjà existants, en rendant théorique le contrôle étatique sur ces institutions[39].

De plus, la lutte contre lacorruption est considérablement allégée à partir de[37].

Dans le même temps, la direction du NSDAP, Adolf Hitler en tête, écarte tous les militants susceptibles de remettre en cause ces nouveaux choix économiques, illustrés par la nomination de membres éminents du patronat allemand à des postes clés de la direction de l'économie[37] : ainsi, les décrets du printemps 1933 annulent les plaintes déposées par le parti à l'encontre des industriels pour corruption[37].

Expansionnisme nazi

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Carte des agressions nazies avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale : l'Allemagne procède à des annexions de terres où vivent des germanophones, au mépris de laSDN ; le régime confortant ainsi sa popularité auprès de l'opinion publique allemande (l'utopie nationaliste de laGrande Allemagne remonte auXIXe).

Les fondements idéologiques

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Article connexe :Ordre nouveau (nazisme).

La justification de l’expansionnisme nazi se trouve déjà dansMein Kampf (1926). Le régime nazi se réclame dufascisme, défini parBenito Mussolini comme un régimemilitariste et anti-pacifiste. Il nourrit le culte de lavirilité et de laviolence guerrière, et vit dans le souvenir permanent de l'expérience de laGrande Guerre. Enfin,Adolf Hitler viole constamment letraité de Versailles, imposé à l’Allemagne en1919. Méprisant les institutions internationales, posant le primat de la force sur le droit, il traite lestraités internationaux conclus de « chiffons de papier ». D'emblée Adolf Hitler se met à bafouer ouvertement le traité de Versailles, dont il ne reste plus grand-chose dès 1938-1939. Le, l'Allemagne quitte laSociété des Nations tout en proposant des discussions bilatérales sur la sécurité[40]. En, les Sarrois votent massivement leur rattachement à l'Allemagne. Cette victoire améliore l'image des nazis à l'étranger[41]. Laconscription est réintroduite le, en violation ouverte du traité de Versailles. Les effectifs de laWehrmacht sont portés à 550 000 hommes[42]. En même temps, Adolf Hitler négocie avec lesBritanniques. Le, un accord anglo-germanique autorise l'Allemagne à se doter d'une flotte équivalente à 35 % de celle du Royaume-Uni. En fait, les Allemands cherchent à dessiner un nouveau partage du monde qui leur réserverait l'Est de l'Europe[41].

Le projet nazi reprend en partie les vieux thèmes dupangermanisme. SelonAdolf Hitler, la réunification du « sang allemand » est un impératif moral, même si cette communauté se révélait nuisible sur le plan économique. Il revendique donc des territoires qui étaient allemands avant la Première Guerre mondiale et invoque la communauté de sang et de culture pour annexer d'abord l’Autriche, puis larégion des Sudètes en1938. À partir de 1939,Adolf Eichmann est aussi chargé de « rapatrier » les minorités allemandes dispersées depuis des siècles à travers toute l'Europe centrale etorientale.

Mais au désir de regrouper tous les Allemands s'ajoute l'idée que lesAryens, « race des Seigneurs » (Herrenvolk) auraient besoin d’unespace vital (Lebensraum) pour survivre, et que celui-ci, potentiellement illimité, doit être conquis par la force à l’Est (Drang nach Osten). Considérant lesSlaves comme une race inférieure (des « sous-hommes »,Untermenschen), le projet nazi ambitionne donc de conquérir l’Europe orientale et de réduire ses populations enesclavage, voire de leséliminer[43]. LaTchécoslovaquie, jeune démocratie abritant une population allemande, est le premier pays démantelé par les Allemands. LaPologne, qui abrite une large population juive,est particulièrement visée par le Troisième Reich.

Vers la guerre

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Les frontières du « Grand Reich germanique » telles que planifiées selon leGeneralplan Ost (conquête d'un espace vital pour l'Allemagne enEurope de l'Est).

LeFührer prépare la société allemande à la guerre. Dans lesJeunesses hitlériennes, organisations obligatoires (à partir de 1936) pour les adolescents, l’entraînement physique et moral doit former des hommes nouveaux, courageux jusqu’à l’extrême et capables de tuer sans éprouver la moindre pitié. Habillés en uniformes, les jeunes allemands apprennent à être fidèles à Adolf Hitler. L’économie est militarisée et tournée vers laproduction d’armes. Adolf Hitler prend lui-même le commandement de l’armée en 1938. Le, la Wehrmacht entre enRhénanie, démilitarisée depuis le traité de Versailles. La Grande-Bretagne et la France condamnent cette action mais n'interviennent pas[42] alors qu'Adolf Hitler avait prévu de reculer s'il rencontrait une résistance. L'inaction des démocraties conforte la volonté d'Adolf Hitler de réaliser la grande Allemagne et en protestant publiquement de son pacifisme. Adolf Hitler ensuite multiplie les pressions sur le chancelier autrichienSchuschnigg pour qu'il cède le pouvoir au naziArthur Seyss-Inquart. Sans soutien extérieur, le chancelier cède et le, Adolf Hitler entre en Autriche. Il annonce le rattachement du pays au Reich et obtient 99 % de oui de la part des Autrichiens auplébiscite d'avril[44]. L'Anschluss ne rencontre aucune opposition internationale. Après lesaccords de Munich, leRoyaume-Uni et laFrance laissent Adolf Hitler s’emparer desSudètes.

Les deux pays sont mis devant le fait accompli lorsque laBohême-Moravie,Memel et laville libre de Dantzig sont annexés en 1939.

Réactions des démocraties

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À la fin desannées 1930, les démocraties européennes sont dans une situation difficile. La Grande Crise de 1929 n'est pas entièrement résolue. Lepacifisme est extrêmement puissant dans lesopinions publiques. La spécificité du nazisme est rarement perçue et beaucoup persistent longtemps à voir en Adolf Hitler unnationaliste allemand comme les autres. LaSDN n’a pas de réel pouvoir et lesÉtats-Unis sontisolationnistes.

Chamberlain,Daladier, Hitler et Mussolini sur le point de signer lesaccords de Munich, 1938.

Une grande partie de l’Europe est aux mains dedictatures autoritaires (Espagne,Portugal,Autriche…) fascistes (Italie) ou communistes (URSS). L’Allemagne a conclu une série d’alliances qui la renforce :Axe Rome-Berlin puisPacte d'acier avec l’Italie, enfin, en août 1939,pacte germano-soviétique avec l’URSS deJoseph Staline.Francisco Franco, qu'Adolf Hitler a aidé activement à arriver au pouvoir pendant laguerre civile espagnole par l'envoi de lalégion Condor, est l'allié moral du Reich. Les États desBalkans, qui ont conclu des accords commerciaux declearing avec le Reich, sont sous l'influence économique voire diplomatique de Berlin. LaBelgique et lesPays-Bas se replient dans desneutralités frileuses. La France et le Royaume-Uni sont isolées et vivent dans le spectre de laGrande Guerre.

Malgré l’alliance qui les unit à la Tchécoslovaquie, la France et le Royaume-Uni se gardent bien d’intervenir lorsqu'Adolf Hitler déclare son intention de rattacher lesSudètes. Lesaccords de Munich de1938 marquent l'ultime tentative de conciliation des démocraties devant les prétentions territoriales nazies : elles laissent Adolf Hitler s’emparer desSudètes en octobre 1938.

À cette époque, beaucoup de partisans de l’« apaisement » avec l'Allemagne nazie croient qu'Adolf Hitler s'en tiendra à démolir les dispositions les plus humiliantes du traité de Versailles et aux traditionnels projetspangermanistes. Pour le Premier ministre britanniqueNeville Chamberlain, l'annexion de l'Autriche n'est ainsi qu’« une affaire entre Allemands », et la Tchécoslovaquie« un petit pays dont nous ne savons presque rien ». Mais le, le Reich s'empare dePrague et détruit l'État tchécoslovaque, absorbant donc des populations slaves et nullement allemandes. Les opinions occidentales basculent, les gouvernements comprennent que leIIIe Reich nourrit des ambitions hégémoniques illimitées.

Lorsque lesarmées allemandes pénètrent en Pologne, elles ne peuvent plus reculer et doivent déclarer laguerre. Toutefois,les démocraties n'entrent pas en Allemagne, alors qu'elles auraient pu tirer profit de la division de l'armée allemande pendant lacampagne de Pologne.

Le Reich en guerre

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Articles détaillés :Seconde Guerre mondiale etEurope sous domination nazie.
Hitler,Adolf Heusinger,Fedor von Bock,Friedrich Paulus,en 1942 au quartier général dugroupe d'armées Sud.

Le àh 45 du matin, le Reich envahit la Pologne sansdéclaration de guerre, déclenchant laSeconde Guerre mondiale en Europe[45]. L'occupation militaire allemande de la plus grande partie du continent européen a lieu rapidement et, jusqu'en 1941, le territoire contrôlé par les nazis va du Cercle Polaire et de la Manche jusqu'à l'Afrique du Nord et aux portes de Moscou. Dans tous les pays, leIIIe Reich trouve des forces decollaboration pour l'assister, mais sa domination est combattue par les mouvements derésistance. La Grande-Bretagne cependant refuse de se retirer de la guerre même après ladéfaite de la France et l'armistice du 22 juin 1940. Elle est le seul adversaire du Reich entre et, quandAdolf Hitler envahit brusquement l'Union soviétique, violant lepacte de non-agression et s'ouvrant un autrefront de bataille. Celui-ci signe par ailleurs unpacte d'amitié avec laTurquie le.

Or, à partir de ladéfaite devant Moscou (), dont il a sous-estimé la puissance, Adolf Hitler perd l'espoir d'uneguerre courte. Trois gigantesques potentiels humains et industriels sont désormais alliés contre lui : l'URSS, l'Empire britannique et les États-Unis, auxquels, après l'agression japonaise sur Pearl Harbor, il a déclaré la guerre le, sans aucun bénéfice pour l'Allemagne.

Se résignant à proclamer la mobilisation totale voulue parGoebbels etSpeer, Adolf Hitler accentue lepillage des pays occupés et met en œuvre laguerre totale. À partir de début 1942, la production d'armements s'accroît et elle est encore supérieure en à ce qu'elle était en 1942, malgré des attaques aériennes massives des Alliés contre les cibles civiles et industrielles.

Évolution du régime pendant la guerre

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Letotalitarisme nazi se renforce encore avec la guerre. Sous la direction deHeinrich Himmler (1900-1945), l'appareil policier développe des pouvoirs illimités. Se radicalisant sans fin, leIIIe Reich perpètre sur son territoire et à travers les pays occupés, surtout à l'Est, descrimes contre l'humanité : le lancement dugénocide industriel des Juifs est entériné par laconférence de Wannsee le ; l'extermination s'abat aussi sur les handicapés mentaux allemands, lesTziganes, lesPolonais et les Slaves, sujets auGeneralplan Ost ; d'innombrablesrésistants de toute l'Europe affluent dans lescamps de concentration en territoire allemand, tandis que laWehrmacht et lesSS perpètrent à l'extérieurmassacres et tortures. En, au cours d'une cérémonie au Reichstag, Adolf Hitler se fait donner officiellement droit de vie et de mort sur tout citoyen allemand. Lecomplot du 20 juillet 1944 contre Adolf Hitler, mené par des résistants allemands, est réprimé dans le sang : plus de 5 000 personnes sont suppliciées après desprocès aux verdicts connus d'avance, leurs familles déportées en vertu duprincipe totalitaire de laresponsabilité collective (Sippenhaft).

Les derniers mois

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À partir denovembre 1944, tous les Allemands sont appelés à servir dans laVolkssturm, une milice sous-équipée : les derniers défenseurs duIIIe Reich seront souvent des vieillards et des préadolescents armés de vieux fusils. Dans les ruines de Berlin et de Vienne assaillies par l'Armée rouge, les SS pendent encore en public tous ceux qui parlent de cesser un combat sans espoir.

Au printemps1945, le Troisième Reich, bombardé quotidiennement, sillonné de millions deréfugiés fuyant l'avancée soviétique, et assailli de toutes parts, se trouve en ruines.

Déclarant que le peuple allemand ne mérite pas de lui survivre puisqu'il ne s'est pas montré le plus fort,Adolf Hitler donne l'ordre enmars 1945 d'unepolitique de la terre brûlée d'une radicalité jamais égalée : il s'agit de détruire non seulement les usines et toutes les voies de communication, mais aussi les centrales thermiques et électriques, les stations d'épuration et tout ce qui est indispensable à la vie des Allemands. Dans la pratique, toutefois, ces ordres furent peu appliqués sur le terrain[46].

L'alimentation sous le IIIe Reich

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L'alimentation sous le Troisième Reich est un sujet peu évoqué par les pairs. Au départ, le Parti d'Hitler promouvait l'accès à la nourriture dans sa stratégie d'élection. En fait, une affiche électorale de l'époque aujourd'hui conservée où Hitler est illustré comme la solution à l'incertitude et la faim, de même que plusieurs autres affiches du genre[47]. Même après que lesNazis s'emparent du pouvoir en 1933, la faim demeure un thème central dans la propagande du Parti[48]. En l'occurrence, le régime totalitaire allemand opte pour un strict contrôle des libertés culinaires populaires durant laSeconde Guerre mondiale, notamment au niveau des proportions et de la qualité de la nourriture disponible sur le marché. Pourquoi? Le but du régime était en fait de supporter l'idée que les Allemands ne vivraient plus une situation de faim extrême comme ce fut le cas lors dublocus de 1914-1918, source d'insécurité et d'un profond traumatisme pour la société allemande. Cependant, ce contrôle total des denrées n'empêche pas les pénuries alimentaires et oblige les Allemands à être hyperminimalistes en cuisine. Par exemple, des mets rudimentaires comme la soupe de Spätzle sont favorisés : il s'agit d'une soupe à base de farine, d'œuf et d'eau, avec un peu de sel[49].

Une désintégration toujours plus poussée des pouvoirs au sein d'un Reich aux abois

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À partir de l'hiver 1944-1945, le Reich connaît un processus de désintégration de plus en plus accentué au fil des semaines. Ce processus de désintégration se matérialise par la décentralisation de la répression et par ce que Bormann appelle« la calamité des communications »[50].

En effet, en, Heinrich Himmler confie par décret auxresponsables de la police et des SS de chaqueGau le pouvoir de mener des actions dirigées contre les travailleurs étrangers[51], perçus comme unecinquième colonne particulièrement bien organisée[52], et à partir de,Kaltenbrunner autorise ces mêmes responsables à pratiquer des exécutions arbitraires à l'encontre de ces populations, ciblant particulièrement les travailleurs de l'Est[53] ; ces consignes sont appliquées avec zèle par la Gestapo, zèle annonciateur des massacres des dernières semaines du conflit[54].

Mais la violence est également dirigée contre les populations allemandes. En effet, le décret promulgué le par le ministre de la Justice, renforcé par un décret d'Adolf Hitler du crée les conditions de l'exercice d'une justice toujours plus décentralisée, sans procédures d'appel : les modalités d'application prévues par Bormann contribuent à accentuer ce processus de décentralisation-désintégration de la justice[55].

Toutefois la décentralisation de la répression ne constitue pas le seul facteur de la désintégration du Reich dans les premiers mois de l'année 1945. En effet, les contraintes liées aux attaques des nœuds de communication accentue le chaos dans un Reich de plus en plus décentralisé de fait.

Dans les semaines qui précèdent la disparition du Reich, lesGauleiter, représentant le NSDAP et l'État en province, sont livrés à eux-mêmes, ne recevant plus de consignes applicables de Berlin[56], ou alors des directives inapplicables émanant de la chancellerie de Bormann, qu'ils ne prennent même plus la peine de lire[50].

En effet, la « calamité des communications », en réalité l'incapacité pour le pouvoir central à communiquer efficacement avec ses représentants installés dans les régions éloignées du centre, notamment le Sud du Reich, accélère la désintégration totale de l'État central et la fragmentation de ses pouvoirs, le pouvoir central se trouvant davantage chaque jour en incapacité de transmettre ses ordres à ses représentants locaux ou régionaux, selon le constat deGoebbels au début du mois[57], tandis qu'une répression féroce, menée par lesGauleiter, la SS et la police, s'abat sur la population[56]. Au mois d'avril, les autorités centrales de Berlin ne peuvent plus communiquer de façon efficace avec le Sud du Reich, un service de courriers à moto est alors mis en place et transmet le flot des directives de Bormann, une« paperasse inutile »[58] que plus personne ne prend alors le temps de lire[50]. Cettedéliquescence est visible dans la politique personnelle menée par chaqueGauleiter dans sonGau : dans le sud du Reich, tous lesGauleiter refusent d'accueillir les réfugiés des régions envahies par lesSoviétiques, malgré les consignes strictes de la chancellerie du Parti[59].

Un refuge pour les responsables : la routine

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Face à ce processus de désintégration, les plus hauts responsables du Reich se réfugient dans la routine et l'accomplissement de leurs tâches et du rôle de représentation qui leur est dévolu.Heinrich Himmler fait ainsi établir une liste d'ouvrages à offrir aux hauts dignitaires de la SS à l'occasion de la fête deYule ou encore répond au père de l'un de ses filleuls que le « chandelier de vie » destiné au nouveau-né lui sera adressé dès que possible[60]. Dans les premières semaines de 1945, le ministre des finances,Lutz Schwerin von Krosigk, adresse une abondante correspondance à Adolf Hitler ou aux autres ministères leur demandant de considérer la situation financière et monétaire du Reich, allant jusqu'à suggérer un relèvement des tarifs d'un certain nombre de services publics, arguant de leur coût en hausse constante du fait de la prolongation du conflit, ou encore une réforme fiscale, à laquelle Goebbels reproche, fin, de peser sur la consommation[61].

Mais Schwerin n'est pas le seul à se focaliser sur son activité principale : dans l'entourage même d'Adolf Hitler, le maintien des apparences et la perpétuation des habitudes acquises demeurent la règle. En effet, dans la semaine qui précède l'anniversaire d'Adolf Hitler, une exposition de prototypes de nouvelles armes mobilise l'attention du personnel de la chancellerie du Reich, cette dernière devant être visitée par Adolf Hitler à l'occasion de son anniversaire le[62]. Bormann, lui, continue d'inonder les cadres supérieurs du parti de directives vaines et inapplicables, au grand agacement de Goebbels[50]. La recherche de cette routine se fait aussi aux échelons inférieurs du NSDAP : le, leKreisleiter deFreiberg, enSaxe, fait publier une circulaire à destination des militants, contenant un éventail de tâches partisanes à accomplir[50].

La disparition du Reich

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Adolf Hitler se suicide, avec sa femme, le quand l'Armée rouge arrive à quelques centaines de mètres dubunker berlinois du dictateur. Certains de ses collaborateurs se suicident à leur tour les jours suivants, commeJoseph Goebbels. Son successeur, l'amiralKarl Dönitz, sachant que rien ne peut sauver le régime,capitule sans conditions le8 mai 1945. Il est arrêté avec legouvernement de Flensbourg, dernier vestige de gouvernement allemand qu'il dirige, le, àFlensbourg. Le20 septembre, plusieurs mois après la défaite militaire totale de l'Allemagne nazie, laloino 1 du Conseil de contrôle allié, issue d'un accord entre les gouvernements desAlliés, abroge l'ensemble des lois d'exceptions constituant la base législative du régime hitlérien. L'Allemagne est ensuite soumise au processus dit dedénazification, destiné à effacer toute trace du régime hitlérien et à garantir le rétablissement de ladémocratie.

Bilan des pillages, crimes de masse et destructions

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Camp « LagerNordhausen ».
Le seul camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau vit périr un million de Juifs entre 1942 et fin 1944. Les autres centres de mise à mort furentChełmno,Sobibor,Treblinka,Belzec,Maïdanek, où des centaines de milliers de Juifs et destziganes[68],[69], étaient gazés dès leur arrivée. Desfours crématoires faisaient ensuite disparaître toute trace des victimes. Les nazis récupéraient leurs bagages et leurs vêtements, mais aussi les chevelures et les dents en or des cadavres,et faisaient du savon à partir des cendres.[réf. nécessaire]

« Legs politique » et mémoire

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La défaite finale duIIIe Reich laisse l'Allemagne en ruines et soumise àun régime d'administration militaire par les Alliés. Elle disparaît en tant qu'État indépendant jusqu'en1949, date à laquelle sont proclamées, à quelques mois d'intervalle et dans le cadre de laGuerre froide, laRFA à l'ouest sur les zones d'occupation américaine, britannique et française et laRDA à l'est sur la zone d'occupation soviétique. L'Allemagne, divisée en deux États politiquement rivaux, cesse d'exister en tant que pays unifié jusqu'à saréunification en1990. Cinq millions de soldats allemands sont morts au front et trois millions de civils sous les bombes. 11 millions d'Allemands présents depuis des siècles sontchassés des pays d'Europe centrale et orientale en représailles aux exactions duIIIe Reich. L'actuel territoire de laRépublique fédérale d'Allemagne est inférieur d'un tiers à celui du Reich de 1914.

Kurt Georg Kiesinger, politicien allemand, membre du parti nazi puis chancelier allemand.

Après leur capture, les 16 plus hauts dirigeants duIIIe Reich encore vivants sont jugés auxprocès de Nuremberg en1946, lequel déclare égalementorganisation criminelle plusieurs piliers du régime : leNSDAP, laSS, laGestapo et le cabinet du Reich. Plusieurschefs nazis se sont suicidés, telsAdolf Hitler,Heinrich Himmler,Joseph Goebbels. D'autres, en fuite, seront traqués et retrouvés, telsAdolf Eichmann, jugé et pendu à Jérusalem en1962. D'autres sont morts libres après s'être réfugiés enAmérique du Sud (Josef Mengele) ou dans le monde arabe. Ladénazification imposée à l'Allemagne après 1945, ainsi qu'une série de procès et de révocations, n'a pas empêché de très nombreux serviteurs duIIIe Reich de faire de bonnes carrières administratives, économiques ou politiques après la guerre, sans être jamais inquiétés, même lorsque très compromis. Tout comme les Russes, les Américains recyclèrent des agents gestapistes, qui sont ensuite entrés au service de laCIA, ou des scientifiques compromis telsWernher von Braun.

Adolf Hitler etJoseph Staline ont brisé la continuité historique de leur pays[71] ; de surcroît, la « catastrophe allemande »[72][réf. incomplète] ne s'est pas produite dans un pays arriéré aux mœurs traditionnellement brutales. Les nazis accèdent au pouvoir légalement, dans l'un des pays les plus développés et les plus cultivés du monde, célèbre pour son abondance de philosophes, d'artistes et de savants. Dès lors, la question de la « culpabilité » du peuple allemand dans l'avènement duIIIe Reich et de son degré d'adhésion à ses actes (Schuldfrage) n'a cessé de hanter la conscience nationale depuis la fin de la guerre. Elle a longtemps pesé lourdement sur l'image de l'Allemagne et des Allemands à l'étranger, et sur sa place en Europe et dans le monde. Pendant laguerre froide,RFA etRDA se renvoyèrent l'accusation d'être les continuateurs duIIIe Reich. Des personnalités comme le philosopheMartin Heidegger ou le chef d'orchestreHerbert von Karajan ont traîné toute leur vie comme un boulet le fait d'avoir adhéré auparti nazi et de s'être montrés incapables de s'expliquer clairement sur cette adhésion.

Camp de Buchenwald, près de Weimar, le 24avril 1945.

En dépit de ce passé, quelques nostalgiques, ainsi que lesnéo-nazis ou lesnégationnistes, vantent encore aujourd'hui la grandeur duIIIe Reich, prétendant par exemple que « leprocès de Nuremberg c'est celui de l'homme blanc, que leschambres à gaz n'ont jamais existé, elles sont tout droit sorties du néant »[73]. Ces individus, parfois apparentés au mouvementskinhead nazi, sont ultra-minoritaires et guère médiatisés, et ce sont surtout leurs frasques violentes qui les mettent en lumière, comme en Angleterre avec lepaki bashing.

Du fait de l'ampleur inédite de ses crimes, leIIIe Reich est reconnu aujourd'hui comme l'un des épisodes les plus noirs et les plus traumatisants de l'histoire de l'Allemagne et de celle de l'humanité. Ses emblèmes et son apologie sont interdits dans la plupart des pays occidentaux. Certains ont aussi adopté des lois contre les négateurs de sescrimes contre l'humanité, comme en France, en Autriche ou en Allemagne même. Sans équivalents même dans l'URSS stalinienne, sa « violence congénitale »[74][réf. incomplète], son idéologie raciste et ses volontés expansionnistes et génocidaires, et surtout la spécificité radicale amplement établie de la Shoah, singularisent communément leIIIe Reich comme un régime intrinsèquement criminel. Il pose de ce fait à l'historiographie, mais aussi à la conscience universelle, des angoisses et des interrogations jamais totalement résolues.

Dans les pays européens, la reconnaissance du génocide destziganes, leporajmos, reconnu par le chancelier allemandHelmut Schmidt en 1982, est tardive[75],[76]. Par exemple, en France, il faut attendre 2019 pour qu'il soit abordé au programme scolaire de terminale[77]. Depuis les années 2010, de nombreuses archives des massacres ont été redécouvertes[78],[79],[80].

Notes et références

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Notes

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  1. Démocratiede jure car laConstitution de Weimar n'est pas abrogée, bien qu'elle devienne caduquede facto et qu'Adolf Hitler utilise le titre de Führer en fusionnant les fonctions dechancelier du Reich et deprésident du Reich, qui est cependant repris par son successeurKarl Dönitz, lors des dernières semaines du régime.
  1. Incluant les territoires annexés et incorporésde facto.

Références

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  34. Du moins si leurs caractéristiques raciales le leur permettaient : jusqu'en1945, 200 000 femmes sontstérilisées.
  35. Alfred Wahl L'Allemagne de 1918 à 1945.
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  43. Cette formulation découle duGeneralplan Ost.
  44. Alfred Wahl L'Allemagne de 1918 à 1945,p. 147.
  45. L'invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie a entraîné l'Europe en guerre. Néanmoins d'autres pays comme le Népal ont déclaré la guerre dès 1939. Néanmoins, c'est l'invasion par l'empire du Japon de pays asiatiques ainsi que l'attaque sur Pearl Harbor qui ont entraîné la guerre mondiale.
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Voir aussi

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Articles connexes

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