Nǚwā tenant le compas et son frère Fúxī l’équerre – fouilles archéologiques auXinjiang.
Lestrois augustes et les cinq empereurs (三皇五帝,pinyin : sān huáng wǔ dì) sont les dieux et rois légendaires qui auraient régné enChine avant ladynastie Xia[1].
avec上 désignant le « haut », le « supérieur » et朿 cì au rôle phonétique
Les titreshuáng etdì, traduits habituellement par « auguste » et « empereur », ont pu à l’origine être réservés aux divinités, car ils ne désignent pas les souverains historiques dans les textes antérieurs à l'empire ; ceux-ci sont appeléswáng (roi,王),gōng (duc,公) etc.Qin Shi Huangdi fut le premier à les combiner pour formerhuángdì (皇帝), « empereur », repris par la suite par tous les souverains chinois.
Les trois augustes et les cinq empereurs appartiennent à unemythologie à laquelle bien peu de Chinois croient actuellement, mais de grands historiens commeSima Qian l'ont évoquée aussi sérieusement que des faits réels. Ils sont connus par des mentions fragmentaires et parfois contradictoires dans les textes de l’antiquité et surtout des ouvrages de l’époqueHàn. Les historiens modernes pensent qu’ils sont le résultat de la fusion de personnes réelles, anciens chefs d’ethnies, et de personnages mythologiques. Ils sont représentés comme des civilisateurs utilisant leur sagesse et leurs pouvoirs dans le but d'améliorer la vie des hommes. Certains sont devenus à partir des Hàn des dieux taoïstes (Huángdì et dans une moindre mesureFúxī,Nǚwā etShénnóng). Huangdi a été choisi comme modèle du souverain idéal par le courant philosophiquehuanglao né pendant lesRoyaumes combattants.
Bien que les sources s’accordent sur l’antériorité des trois augustes par rapport aux cinq empereurs, elles proposent des versions différentes de chaque groupe.
Selon la légende, le monde chinois serait né d'un œuf. De son éclosion serait né le ciel rond, la terre carrée et un géant nomméPangu, accompagné d'un dragon, d'unphénix, d'une licorne et d'une tortue. Lorsque Pangu mourut, de ses yeux seraient nés le soleil et la lune, de son sang l'eau des rivières et des mers, de son souffle, le vent et les nuages et de sa voix le tonnerre. Enfin, de ses parasites seraient nés les ancêtres des êtres humains dont 3 ancêtres aux pouvoirs surnaturels : les trois augustes.
Dans le chapitreAugustes et Hégémons de sonTraité des coutumes (Fengsutong-Huangbapian 風俗通-皇霸篇), Ying Shao (應劭) desHan orientaux récapitule les différentes listes des trois augustes :
Fúxī (伏羲), qui possédait une tête humaine, un corps d'animal et une queue de serpent ; il était censé avoir inventé les fondements de l'écriture chinoise, le calendrier, l'utilisation des métaux et aurait organisé l'élevage, la pêche et la construction des maisons (-2852/-2820). Il peut prendre l'apparence d'un homme, d'un serpent, d'une tortue ou d'un dragon.
Nǚwā (女媧/女娲), sa sœur, qui aurait réparé le ciel à la suite de la guerre entreGònggōng (共工) dieu des eaux etZhùróng (祝融) dieu du feu. Elle aurait aussi créé l'humanité en modelant des statuettes d'argile. Elle peut prendre toutes les apparences possibles.
Shénnóng (神農 / 神农) (le Divin Laboureur) aurait inventé l'agriculture/la charrue, découvert lesplantes médicinales et le thé (-2820/-2798).
Cette version, qui a l’approbation de Ying Shao, est proposée par leShangshu dazhuan (尚書大傳), commentaire Han duClassique des documents, leBaihu tongyi (白虎通義) deBan Gu, le chapitreHanwenjia (禮含文嘉) du commentaire ésotérique duLiji (époque Han).
Version proposée par Kong Anguo (孔安國) des Han dans sa préface duClassique des documents et par Huang Fumi (皇甫謐) desJin occidentaux dans sonHistoire des empereurs et des rois (Diwang shiji 帝王世紀).
Augustes du ciel, de la terre et de l’homme (respectivement :tianhuang 天皇,dihuang 地皇,renhuang 人皇 outaihuang 泰皇) qui régnèrent respectivement 18 000, 11 000 et 45 600 ans.
Version duShiji. Certaines écoles taoïstes imagineront neuf augustes, trois originels, trois moyens, trois postérieurs, ces derniers étant Fuxi, Nüwa et Shennong.
Fúxī et Nǚwā sont parfois considérés comme des symboles duyáng (principe mâle) et duyīn (principe femelle).
Les cinq empereurs (Di) étaient des dirigeants légendaires moralement irréprochables.
La version la plus courante est celle duShiji(史記), duShiben (世本) et duDadaiji (大戴記) (une des versions duLiji) :
Huángdì (黄帝) (-2698/-2597), l'empereur jaune, le plus connu, qui aurait, entre autres, mis en place l'administration chinoise, développé l'écriture, inventé l'acupuncture
Par la suite,Yǔ le Grand (大禹, Dà Yǔ) fut le fondateur légendaire de ladynastie Xia, qui aurait réussi à contrôler les crues du fleuve grâce à un système de canaux.
Version donnée par Kong Anguo (孔安國) des Han dans sa préface duClassique des documents et Huang Fumi (皇甫謐) des Jin occidentaux dans l'Histoire des empereurs et des rois (帝王世紀)
Cette version est proposée dans le chapitreCalendrier duLiji (禮記‧月令) et par Wang Yi (王逸) des Han orientaux dans son commentaire du chapitreXiyong desChants de Chu (楚辭‧惜誦) ; il y lie chaque empereur à un point cardinal, selon la théorie descinq éléments ; dans l’ordre : Est-Sud-Centre-Ouest-Nord