


LesTrois Pachas (enturc ottoman :اوچ پاشا, enturc :Üç Paşalar) sont les membres dutriumvirat qui a dirigé l'Empire ottoman de 1913 à la fin de laPremière Guerre mondiale. Il s'agit dugrand vizir (Premier ministre) et ministre de l'IntérieurMehmet Talaat Pacha (1874-1921), du ministre de la GuerreIsmail Enver Pacha (1881-1922) et du ministre de la MarineAhmed Djemal Pacha (1872-1922). Ils sont les personnalités politiques dominantes de l'empire pendant laPremière Guerre mondiale, largement responsables de son entrée dans la guerre, ainsi que de la planification et de l'exécution dugénocide arménien.

Les historiens occidentaux estiment qu'après lecoup d'État ottoman de 1913 (en), ces trois hommes sont devenus les dirigeantsde facto de l'Empire ottoman jusqu'à sa dissolution après laPremière Guerre mondiale[1],[2]. Ils sont membres duComité Union et Progrès[2],[3], une organisation progressiste qu'ils finissent par contrôler et transformer en un parti politique principalementpanturquiste[4], ce qui signifie, dans les mots d'Enver Pacha,« le déplacement desdhimmis »[5],[6] (la population non musulmane) de l'Empire ottoman. Cette position mène augénocide des Arméniens,des Assyriens etdes Grecs pontiques durant la guerre.
Les Trois Pachas sont les principaux acteurs de l'alliance germano-ottomane et de l'entrée de l'Empire ottoman dans laPremière Guerre mondiale au côté despuissances centrales. L'un des trois, Ahmed Djemal, est opposé à une alliance avec l'Allemagne, et lesdiplomaties française et russe tentent de garder l'Empire ottoman hors de la guerre ; mais l'Allemagne mène une campagne en faveur de son engagement. Finalement, le, le point de non-retour est atteint lorsque l'amiralWilhelm Souchon prend le commandement duSMS Goeben, duSMS Breslau, et d'un escadron de navires de guerre turcs dans lamer Noire (voirpoursuite du Goeben et du Breslau) et mène des raids sur les ports russes d'Odessa, deSébastopol et deThéodosie. Au début du mois d', Ahmed Djemal serait convenu d'autoriser l'amiral Souchon à lancer une frappe préventive.
Les trois hauts dignitaires, se partageant le pouvoir, étaient à l'évidence inexpérimentés[7].Ismail Enver prend seulement une fois le contrôle de toute une activité militaire : labataille de Sarıkamış, qui se conclut par une lourde défaite et laisse la3e armée ottomane exsangue[8]. Quant à Ahmed Djemal, lapremière offensive de Suez et larévolte arabe de 1916-1918 sont ses plus importants échecs. Du côté de Mehmet Talaat, il est considéré comme le principal organisateur dugénocide arménien : on lui attribue l'ordre de« tuer tous les hommes, femmes et enfants arméniens sans exception »[9].
La guerre perdue, les Trois Pachas s'enfuient àBerlin, à la suite de l'armistice de Moudros[8]. Tous trois sont condamnés à mort par contumace pour leur implication dans legénocide arménien le par unecour martiale deConstantinople. Finalement, Talaat et Djemal sont assassinés lors de l'opérationNémésis[10] et Enver est tué auTadjikistan par un bataillon de l'armée rouge commandé par l'Arménien Hagop Melkoumian, pendant laguerre civile russe[11],[12],[13].
Après la Première Guerre mondiale et laguerre d'indépendance turque, une grande partie de la population de la récenterépublique de Turquie, ainsi que son fondateurMustafa Kemal Atatürk[14], ont largement critiqué les Trois Pachas pour avoir causé l'entrée de l'Empire ottoman dans la Première Guerre mondiale[15], et l'effondrement de l'État[16]. Dès 1912, Mustafa Kemal avait rompu ses liens avec leComité Union et Progrès des Trois Pachas, insatisfait de la direction qu'avait pris le parti[17], développant ainsi une rivalité avec Enver Pacha[16]. Bien plus tard, Enver Pacha tente de rejoindre la guerre d'indépendance turque, legouvernement d'Ankara sous Atatürk bloque son retour en Turquie et ses tentatives pour adhérer à l'effort de guerre.