Letravail desenfants est la participation de personnesmineures à des activités à finalité économique et s’apparentant plus ou moins fortement à l’exercice d’uneprofession par unadulte. Au niveau international, l’Organisation internationale du travail (OIT)[1] le définit en comparant l’âge à la pénibilité de la tâche, du moins pour les enfants de plus de douze ans.
En pratique, on distingue le travail « acceptable » (léger, s’intégrant dans l’éducation de l’enfant et dans la viefamiliale, permettant la scolarisation) et le travail « inacceptable » (trop longtemps, trop jeune, trop dangereux, etc.) ; c’est ce dernier que recouvre généralement la notion de « travail des enfants ». On estime en 2000 que plus de 210 millions d’enfants de 5 à 14 ans et plus de 140 millions d'adolescents de 15 à 17 ans exerceraient une activité économique[2] dans le monde ; plus de 8 millions se trouvent dans une des « pires formes de travail des enfants » :enfants soldats,prostitution enfantine,pornographie,travail forcé,trafics et activités illicites.
La mine et le travail des enfants ; ici en 1853 : « les esclaves blancs d'Angleterre ».
En 2013, le Bureau international du Travail avance le chiffre de 168 millions d'enfants qui travaillent dans le monde dont environ 85 millions feraient un travail dangereux. Des chiffres donc à la baisse qui témoignent d'un changement des législations plus en faveur des enfants, mais le mouvement doit indéniablement se poursuivre avec un engagement plus fort de la part des entreprises et des États[3],[4]. En 2020, à la faveur de lapandémie de Covid, le nombre d'enfants forcés de travailler repart à la hausse[5]. En 2024, 222 millions d'enfants ont une activité économique rémunérée ; dont 160 millions, âgés de 5 à 17 ans (soit un enfant sur dix environ) travaillent illégalement, dans des conditions ne respectant pas les normes internationales ; et en condition dangereuse pour plus de la moitié d’entre eux (79 millions)[6].
Le travail des enfants est le sujet de nombreusesidées reçues dans lemonde occidental, car il est surtout connu par les scandales médiatisés : un enfant au travail est souvent vu comme un « enfant-esclave », dans un pays dutiers monde, employé dans un atelier textile asiatique pour une grande marque de vêtements ouenfant des rues en Amérique du Sud[7]. En réalité, il y a des enfants au travail dans quasiment tous les pays du monde, y compris des pays développés comme l’Italie ou lesÉtats-Unis ; les usines et les ateliers textiles masquent le fait que plus des trois quarts de ce travail se trouve dans l’agriculture ou les activités domestiques, dans la sphère familiale ; et si les enfants-esclaves existent, ils ne forment qu’une minorité. Il existait aussi bien avant l’industrialisation ou lamondialisation, même si ces deux phénomènes ont rendu le travail des enfants plus visible[8].
Si l’élimination des « pires formes de travail » n’est pas discutée, l’abolition est en revanche un sujet de débat pour les autres enfants ; la lutte contre lapauvreté et les mauvaises conditions de travail reste un objectif commun aux « abolitionnistes » comme aux organisations plus pragmatiques. Depuis 1992, le programmeIPEC tente de fédérer les actions entreprises.
L’Organisation internationale du travail retient les définitions suivantes dans ses publications qui servent souvent de référence lors de l’analyse du travail des enfants[9] :
Un enfant est une personne de moins de 18 ans[10] ; puisqu’il est souvent considéré que les enfants de moins de 5 ans sont trop jeunes pour travailler[11] (même s’il existe des cas d’abus), les statistiques ne prennent souvent en compte que les enfants entre 5 et 17 ans.
Le travail est défini comme une « activité économique »[12], qu’elle soit payée ou non. Ce dernier cas permet d’inclure l’économie informelle ou letravail domestique dans un autre foyer que le sien. Les enfants sont ainsi répartis dans cinq catégories : travaillant, travaillant et allant à l’école, allant à l’école et ne travaillant pas, travail domestique, et aucune activité (malade, éducation informelle, etc.).
Ces définitions sont essentiellement statistiques et ne servent pas à établir la limite entre un travail « acceptable » (au vu des conventions internationales) ou non. La conventionno 138 de l’OIT sur l’âge minimum d’emploi de 1973 est le document de référence à ce sujet actuellement[13]. Elle distingue unâge minimum général, un âge minimum pour les travaux légers et un autre pour les travaux dangereux. Elle distingue aussi les « pays où les services économiques et d’éducation sont insuffisamment développés » et les autres ; pour les autres pays, l’âge minimum général est de 15 ans ou l’âge de fin descolarisation obligatoire s’il est plus élevé (14 ans dans cespays en développement) ; pour les travaux légers, 13 ans (resp. 12 ans) ; pour les travaux dangereux, 18 ans, voire 16 ans selon certaines conditions (idem).
Diagramme des différents types de travaux des enfants, d’après l’OIT[2]. Les chiffres correspondent au nombre d’enfants dans ces conditions (en millions), d’après l’évaluation globale de 2002. La ligne pointillée sépare les formes acceptables et non-acceptables au sens de l’OIT.
L’Unicef retient la notion dechild labour (ou « travail non conforme aux normes de l’OIT »)[14] en y incluant les travaux dangereux (tous âges), les moins de 12 ans qui travaillent dans une des branches de l’économie et les travaux non dangereux effectués plus de 14 heures par semaine (12-14 ans).
Il semble que les enfants aient travaillé depuis l’Antiquité, principalement aux champs avec leurs parents et en participant aux tâches domestiques. En Europe et en Amérique du Nord, larévolution industrielle entraîne une prise de conscience de leurs conditions de travail et mène progressivement à une restriction du travail des enfants. Dans les pays actuellement « en développement », ce n’est qu’à partir de lamondialisation duXXe siècle qu’une véritable prise de conscience s’opère[7].
Le travail des enfants existe depuis l’Antiquité : l’enfance était alors une période courte en raison de la faibleespérance de vie. Les enfants participent aux tâches domestiques et agricoles. Le cercle familial est le principal « lieu de travail », les enfants participant ainsi à l’économie du ménage. Si les garçons apprennent progressivement le métier du père, les filles sont éduquées à la tenue de la maison puis, à partir duMoyen Âge, sont employées dans l’artisanat à domicile, par exemple avec letissage[15].
L’instruction au Moyen Âge n’est guère répandue et reste réservée aux familles aisées. Toujours à partir du Moyen Âge, les enfants commencent à travailler hors du foyer pour répondre à la fois à la demande d’employeurs à la recherche de main-d’œuvre peu coûteuse et au besoin des familles pauvres de subvenir à leurs besoins : les garçons sont affectés aux travaux des champs et les filles travaillent comme servantes.
Descontrats de travail apparaissent sous la forme de « contrats de louage »[16] ou de placement commeapprenti dans lescorporations des villes et ce dès 12 ou 13 ans. On trouve ainsi des enfants et adolescents sur les grands chantiers de construction, bénéficiant toutefois d’un salaire inférieur à celui d’un adulte quand ils en reçoivent un[17].
Les enfants abandonnés et lesorphelins (environ 2 000 abandonnés par an àParis au début duXVIIIe siècle, 35 000 par an en France vers 1830)[18] sont mis au travail par les institutions qui les recueillent, comme pour des travaux de couture (travaux vendus par la suite), mais aussi placés en apprentissage. Certaines mineures sontprostituées (de force) et des enfants vivent de la mendicité comme c’est parfois le cas actuellement.
Détail des enfants exploités au cirque inLes Saltimbanques - Grimaces et misères parF. Pelez, 1888
Le travail des enfants, avec celui des femmes, a trois avantages pour les industriels. Il permet de faire pression à la baisse sur les salaires des ouvriers adultes masculins ; il permet de livrer la famille entière au travail ouvrier, ce qui accélère la rupture avec le monde rural traditionnel ; enfin il fournit une main-d’œuvre plus abondante, permettant d’utiliser les machines à plein rendement[19].
La souplesse et la petite taille des enfants leur attribueraient des aptitudes que les adultes n’ont pas. Ils sont employés à des travaux très précis, ils peuvent tirer en rampant les berlines dans les boyaux des mines (Hercheur), nettoyer les parties les moins accessibles des machines ou encore rattacher les fils brisés derrière les métiers à tisser[19]. Le travail est très précoce : les enfants de quatre ans sont assez recherchés afin d’être « formés » sur les machines dès qu’ils en ont l’aptitude physique[19].
Garçons travaillant dans une manufacture de verre,Illinois, 1910
En Angleterre, lesparoisses civiles, qui ont la charge du secours aux enfants déshérités, les vendent aux industriels, par l’intermédiaire de petites annonces dans la presse, lorsqu’elles ne souhaitent plus les secourir ou font face à des surplus d’enfants. Cette traite se fait souvent sans même l’avis des parents[19]. Les enfants et jeunes de moins de dix-neuf ans représentent plus de la moitié des effectifs dans les manufactures de coton de Grande-Bretagne, dont la majorité sont des orphelins[20].
Le travail est non seulement très dur, mais les enquêtes de l’époque témoignent en outre de sévices infligés par des employeurs : les membres trop courts des enfants sont adaptés à la machine par des appareillages, ils sont fouettés lorsque la cadence de production se met à baisser[19]. Ces conditions ont des conséquences sanitaires.
« Ronald Webb, 12 ans, garçon peigneur, et Frank Robinson, 7 ans, qui aide à balayer et débarrasser. Le père est le patron de la salle de cartes.Roanoke,Virginie » (1911)
Comme les femmes, les enfants travaillant dans le textile sont souvent frappés par latuberculose, du fait de la poussière et de l’humidité. Ils subissent aussi l’asthme, lesallergies diverses. Les enfants souffrent plus particulièrement descolioses et derachitisme. D’après une enquête de laBritish Association de 1878, les garçons de onze et douze ans des milieux ouvriers ont une taille en moyenne inférieure de 12 cm à ceux des milieux bourgeois et aristocratiques allant à l’école[21].
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ? Ces doux êtres pensifs, que la fièvre maigrit ? Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ? Ils s’en vont travailler quinze heures sous des meules ; Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement Dans la même prison le même mouvement. Accroupis sous les dents d’une machine sombre, Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l’ombre, Innocents dans un bagne, anges dans un enfer, Ils travaillent. Tout est d’airain, tout est de fer. Jamais on ne s’arrête et jamais on ne joue. Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue. Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las. Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas ! Ils semblent dire à Dieu : « Petits comme nous sommes, « Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! » Ô servitude infâme imposée à l’enfant ! Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant Défait ce qu’a fait Dieu ; qui tue, œuvre insensée, La beauté sur les fronts, dans les cœurs la pensée, Et qui ferait — c’est là son fruit le plus certain — D’Apollon un bossu, de Voltaire un crétin ! Travail mauvais qui prend l’âge tendre en sa serre, Qui produit la richesse en créant la misère, Qui se sert d’un enfant ainsi que d’un outil ! Progrès dont on demande : « Où va-t-il ? Que veut-il ? » Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme, Une âme à la machine et la retire à l’homme ! Que ce travail, haï des mères, soit maudit ! Maudit comme le vice où l’on s’abâtardit, Maudit comme l’opprobre et comme le blasphème ! Ô Dieu ! qu’il soit maudit au nom du travail même, Au nom du vrai travail, saint, fécond, généreux, Qui fait le peuple libre et qui rend l’homme heureux !
Si la révolution industrielle n'a peut-être pas accru le nombre d’enfants au travail – car nombre d’entre eux étaient auparavant affectés aux travaux des champs ou aux tâches domestiques – ce sont les nouvelles conditions induites par l'industrialisation et le développement d'une discipline du travail propre au fonctionnement des nouvelles fabriques qui en ont profondément affecté la nature[23]. L’historienE. P. Thompson soutient que l’intensité du travail des enfants s’est considérablement accrue entre 1780 et 1840 et il précise : « Dans les fabriques, la main d'œuvre enfantine et adolescente augmentait tous les ans ; et, dans plusieurs métiers « indignes », la journée de travail s'allongeait et le travail s'intensifiait »[24]. D’aprèsPaul Bairoch, ils commencent à travailler plus jeunes, et les conditions de travail sont aggravées par l’absence des parents dans la mesure où les enfants ne travaillent plus pour leurs parents comme dans les sociétés traditionnelles. La durée du travail s’allonge (parfois à 16 heures par jour dans la première phase de l’industrialisation), pour des tâches monotones et répétitives, et ce pour des salaires dérisoires[25].
Enfants du peuple sous leSecond Empire, v. 1865Enfants affectés au travail du coton,Macon enGéorgie, 1909
L’arrivée massive des enfants dans les usines rend bien visibles leursconditions de travail misérables et surtout les expose au grand jour. Des enquêtes permettent d’obtenir des évaluations du phénomène. LaStatistique générale de la France de 1840 recense 130 000 enfants de moins de 13 ans dans les ateliers de plus de dix salariés, 20 % des mineurs deCarmaux sont des enfants en 1850[26] et vers 1840, les enfants forment 12 % des ouvriers de l’industrie. Les accidents dans les usines, leséboulements et les explosions dans lesmines causent de nombreux blessés et morts et attirent l’attention du public.
Les premiers rapports émanent de médecins, d’inspecteurs ou d’élus décrivant les accidents et les conditions de travail des enfants. De même, les œuvres deCharles Dickens puis deVictor Hugo, d'Émile Zola ont un certain retentissement ; le travail des enfants est utilisé pour dénoncer l’exploitation de la classe ouvrière (Karl Marx etFriedrich Engels, dans leManifeste du parti communiste, prônent ainsi l’interdiction du travail des enfants). Une partie des industriels réplique que la petite taille des enfants leur permet d’effectuer certaines tâches impossibles aux adultes (un point actuellement réfuté mais couramment admis à l’époque) et que l’emploi d’enfants leur évite de devenir des vagabonds, contribue ainsi à la paix sociale et aide les familles pauvres. Entre ces deux positions, la réglementation puis l’abolition du travail des enfants en Europe et en Amérique du Nord prend plus d’un siècle[15].
Petits ramoneurs se désaltérant à l'eau d'une pompe, v. 1830
Le travail des enfants est d’abord limité avant d’être aboli.
En France, le décret impérial du 3 janvier 1813 interdit d'employer des enfants de moins de dix ans dans les mines.
En Angleterre, leFactory Act de 1833 interdit, dans l’industrie textile, le travail des enfants de moins de 9 ans, et limite le temps de travail journalier en fonction de l’âge (10 heures pour les enfants de 9 à 14 ans, 12 heures pour ceux entre 14 et 18 ans) ; cette loi n’est élargie à l’ensemble des activités qu’en 1853[27]. En France, le docteurVillermé publie sonTableau de l’état physique et moral des ouvriers, tableau horrifiant des conditions de travail des enfants, tandis que le mathématicienDupin écritDu travail des enfants qu’emploient les ateliers, les usines et les manufactures en 1840, ce qui mène à la loi du 21 mars 1841 (Loi relative au travail des enfants employés dans les manufactures, usines et ateliers) portant l’âge minimum à 8 ans et limitant le travail de nuit. La durée de travail est aussi réglementée et lascolarisation obligatoire jusqu’à 12 ans mais ces mesures n’ont que peu d’effet[15], Louis Villermé dénonçant des industriels qui cachent les enfants lors d’inspections. En 1874, une nouvelle loi limite l’emploi avant 12 ans. AuxÉtats-Unis, certains états industriels comme leConnecticut ou leMassachusetts limitent la durée de travail à dix heures quotidiennes en 1843.
Deux filles arborant des slogans « Abolish child slavery » (« Abolissez l’esclavage des enfants »), en anglais et enyiddish, pendant lalabor parade àNew York le1er mai 1909.
L'arrivée de lascolarisation obligatoire est le facteur le plus décisif de la baisse du travail des enfants en Europe. L’école entre d’abord en conflit avec l’usine : pour les parents, la scolarité coûte cher tandis qu’avoir un enfant qui travaille améliore l’ordinaire ; pour les industriels, les horaires de l’école concurrencent les heures de travail autorisées. En France, il faut l’imposition de l’école primaire obligatoire de 6 à 13 ans parJules Ferry en 1880-1881. Sagratuité permet de changer lentement les mentalités en faisant de l’école lanorme, même pour les enfants d’ouvriers qui mettront un certain temps à en comprendre l'intérêt. Lesallocations familiales octroyées en fonction de l’assiduité scolaire contribuent encore à cette généralisation, tout en compensant pour les familles pauvres la perte de salaire associée à la fin du travail des enfants[15]. C’est aussi cette mesure qui a permis de réduire significativement (mais pas totalement) le travail domestique et agricole des enfants, jusque-là invisible pour le législateur.
En France, l'âge minimum pour travailler est de 16 ans, mais il existe quelques cas particuliers permettant certaines activités avant l'âge de 14 ans (par exemple, le cas desenfants acteurs), ainsi que dès les âges de 14 ans et de 15 ans pour les adolescents[29].
Jeune berger Maasai auKenya en 1979 : le travail avec la famille dans l’agriculture reste majoritaire, et difficilement quantifiable.
Lamondialisation a changé cet état et, à l’image de la révolution industrielle, a rendu plus visible ce travail et les conditions sordides qui l’entourent parfois. Dans lesannées 1980, certains scandales ont ainsi attiré l’attention du public occidental sur les enfants travaillant dans les ateliers de confection asiatiques (les fameuxateliers de misère ou « sweatshops ») ou sur lesenfants des rues survivant de petits travaux. CertainesONG, tant locales qu’internationales, se sont créées dans le but d’éliminer le travail des enfants. L’OIT a lancé le « Programme focal sur le travail des enfants » en 1992 et des campagnes ont été menées afin de pousser les entreprises européennes et nord-américaines ainsi que lesmultinationales à ne pas utiliser le travail des enfants. La première estimation globale du nombre d’enfants au travail paraît en 1996 puis est révisée en 2002. Cette estimation a permis de mieux saisir l’ampleur du phénomène ainsi que ses caractéristiques. Toujours en 2002, le a été déclaré « journée mondiale contre le travail des enfants ».
Depuis août 2014, laBolivie autorise le travail des enfants dès l'âge de 10 ans. Si cette nouvelle loi permet d'encadrer ce secteur, une demande des syndicats, elle est aussi critiquée pour risquer d'encourager des enfants à travailler très jeunes. L'UNICEF a fait part de sa« préoccupation » et l'OIT a annoncé une enquête[30]. La loi est annulée en 2018[31].
Il a été constaté à plusieurs reprises et dans différents pays en développement que les cigarettiersPhilip Morris International etBritish American Tobacco se fournissent en tabac dans des fermes qui exploitent des enfants[33],[34]. Au Kazakhstan, en 2010, les fermes dans lesquelles se fournit Phillip Morris ont recours à des enfants esclaves[35]. En 2016, l'organisationHuman Rights Watch relève que des milliers d'enfants, dont certains ont seulement 8 ans, travaillent dans les plantations d'Indonésie, dans des conditions dangereuses pour eux-mêmes et leur santé (avec par exemple des enfants malades d'avoir manipulé sans aucune protection les feuilles humides, qui peuvent rendre malades, ou des pesticides) ; le tabac en question fait partie de celui qu'achètent certains des gros cigarettiers internationaux[36].
Jeune adolescent travaillant à évacuer la poussière d'un puits,Gambie, 2008.
La majorité des statistiques existantes sur le travail des enfants ne sont que des estimations en grande partie à cause du caractère informel et parfois illégal des activités concernées, de la confusion avec le travail des adultes et du fait que la plupart des activités ont lieu dans la famille. Elles proviennent de plusieurs sources : l'Organisation internationale du travail (et plus particulièrement le Bureau international du travail, BIT) a conduit deux évaluations au niveau mondial, l'une publiée en 1996 à partir de questionnaires effectués dans les années 1990 portant sur les 5-14 ans, l'autre publiée en 2002 avec une méthodologie revue portant sur les 5-17 ans. Les chiffres sont souvent extrapolés à partir d’enquêtes de terrain et de questionnaires, ne donnant ainsi qu'une indication du nombre d’enfants concernés dans chaque pays et dans chaque secteur, mais ces indications sont tout de même utiles pour obtenir un ordre de grandeur du phénomène. L'OIT fournit ses données aux autres agences de l'ONU comme l'Unicef ou l'Unesco, ces estimations étant utilisées par de nombreusesONG, dessyndicats, des gouvernements ainsi que par laBanque mondiale et sont devenues la référencede facto[37]. Des statistiques réactualisées ont été publiées en 2006 avec la même méthodologie qu’en 2002, permettant pour la première fois une comparaison.
D’autres estimations proviennent de l’Unicef, de laCISL qui tire ses données d’études effectuées par les syndicats locaux ainsi que d’ONG impliquées dans ces domaines commeAmnesty International pour les enfants-soldats,Anti-Slavery International pour l’esclavage d’enfants ouECPAT pour l’exploitation sexuelle des enfants ; les gouvernements produisent également leurs propres estimations. L’OIT reste la seule organisation à avoir produit une méthodologie et des estimations globales, notamment grâce au projet SIMPOC[9] (Statistical and Information Monitoring Programme) dans 29 pays différents et au programme IPEC (Programme international pour l'abolition du travail des enfants).
Dans son rapport de 2002[2], l’OIT donne ainsi le chiffre de 351,7 millions d’enfants entre 5 et 17 ans exerçant une activité en 2000, 23 % de cette tranche d’âge, dont 210,8 millions entre 5 et 14 ans (détails dans le tableau ci-dessous). Bien que ce chiffre représente près d’un quart des 5-17 ans, il est encore souvent considéré comme une estimation « minimale »[37] en raison d’une part de l’invisibilité du travail domestique et d’autre part de la prudence de l’OIT dans sa méthodologie. Les filles représentent 47 à 50 % des enfants au travail selon les tranches d’âge, 45 % pour les travaux dangereux, mais sont davantage impliquées dans le travail domestique qui est moins visible.
Nombre d’enfants (en millions) au travail par tranche d’âge dans le monde en 2000, d'après l’OIT[2]
Depuis 2015, l'Agenda 2030 établi par l'ONU comporte desObjectifs de développement durable (ODD), qui comprennent l'élimination du travail des enfants à la date de 2025 et prévoient celle du travail forcé, de l'esclavage et de la traite d'êtres humains en 2030 ; les pays membres se sont engagés à prendre et mettre en œuvre des mesures pour mettre fin à ces situations, conformément aux objectifs et à ces dates buttoirs[39].
Le nombre d'enfants au travail a diminué entre 2000 et 2016, passant de 245 millions à 152 millions[39]. En 2017, ce sont 152 millions d'enfants qui travaillent dans le monde — ce qui équivaut à environ un enfant sur dix —, selon le directeur général de l'OIT,Guy Ryder, dont 73 millions d'enfants qui ont entre 5 et 11 ans[39]. Sur les millions d'enfants au travail, environ un sur deux est confronté à des travaux dangereux[39].
En juin 2021 — année qui a par ailleurs été déclarée « Année internationale pour l'élimination du travail des enfants »[40] —, l'ONU alerte sur l'augmentation récente du nombre d'enfants travaillant, nombre qui risque une hausse encore plus forte du fait des conséquences de lapandémie de Covid-19[41],[42],[43]. Ceci accompagne la parution d'un rapport de l'Organisation internationale du travail (OIT) et de l'Unicef — intituléTravail des enfants : estimations mondiales 2020, tendances et le chemin à suivre — dans lequel il est estimé que début 2020, il y avait dans le monde 160 millions d'enfants forcés à travailler, ce qui marque une augmentation de 8,4 millions sur quatre ans[41],[40],[44]. De plus, les projections concernant l'augmentation de la pauvreté dans le monde envisagent aussi qu'il pourrait y en avoir 9 millions de plus d'ici fin 2022[41]. La statisticienne de l'Unicef Claudia Cappa, qui est co-auteure du rapport, précise que l'un des modèles de simulations statistiques[40] met en évidence la possibilité que ce nombre pourrait même être cinq fois plus haut — soit potentiellement 46 millions d'enfants en plus fin 2022 — si différentes facteurs, dont d'éventuelles mesures d'austérité, enclenchaient une baisse desprotections sociales[41]. L'Unicef souligne que le nombre d'enfants entre 5 et 11 ans forcés à travailler a particulièrement augmenté et que ces enfants composent plus de la moitié du nombre total d'enfants travaillant dans le monde[40]. De plus, il y a eu une augmentation de 6,5 millions d'enfants entre 5 et 17 ans forcés à effectuer des travaux dangereux, ce qui fait un total de 79 millions[40].
Si le travail des enfants existe dans quasiment tous les pays du monde, c’est dans lespays en développement qu’il est le plus fréquent. En valeur absolue, c’est dans la zoneAsie –Pacifique que se trouvent le plus d’enfants au travail avec 60 % du total mondial. EnInde, les estimations varient entre 16 millions d’enfants entre 5 et 14 ans (d’après les ONG locales[45]) et 150 millions d'enfants actifs de moins de 18 ans ; laBanque mondiale retient une valeur de 40 millions[45] et l’Unicef 60 millions[46]. En termes de proportions, c’est l’Afrique subsaharienne qui montre les taux les plus élevés, souvent liés à la pauvreté du pays : leNiger et leSierra Leone affichent des taux de près de 70 % d’enfants au travail tandis que leMali ou leBurundi approchent les 50 %. LeProche et leMoyen-Orient ne sont pas épargnés, notamment enIrak à la suite de l’embargo et de laguerre de 2003 ou dans lesterritoires palestiniens occupés. EnAmérique latine, le phénomène concerne près d’un enfant sur six[46].
Mais lespays développés — ainsi que les « économies de transition » — sont également concernés : 3 % des enfants de 10 à 14 ans sont économiquement actifs dans les pays industrialisés[2], ce qui ne se limite pas aux petits « jobs » mais inclut également letravail au noir ou certaines des pires formes de travail (prostitution et trafics). Officiellement, l’Italie compte à elle seule 320 000 enfants au travail de 6 à 13 ans, nombre qui augmente de 50 % pendant la période estivale, tandis qu’enGrande-Bretagne, leTrades Union Congress estime que deux millions d’enfants travaillent régulièrement et de plus en plus souvent pour suppléer au revenu familial. LesÉtats-Unis compteraient 5,5 millions de jeunes actifs durant l’été dont 800 000 dans l’agriculture[46] (plusieurs centaines de milliers dans les champs de tabac pour Philipps Morris et d’autres cigarettiers)[47]. EnEurope de l'Est, 4 % des 10 – 14 ans sont actifs[2], un million enRussie et près de 100 000 enBulgarie.
Proportion d’enfants de 5 à 14 ans au travail pour chaque pays, d’après un rapport de la Banque mondiale[48] et des données de l’OIT[49] :
Pas de données
0 à 10 % d'enfants au travail
10 à 20 % d'enfants au travail
20 à 30 % d'enfants au travail
30 à 40 % d'enfants au travail
Plus de 40 % d'enfants au travail
Pays ayant ratifié les conventions 138 et 182 de l'OIT, en 2006[50] :
Ratification des conventions 138 et 182
Ratification de la convention 182 mais pas de la 138
Ratification de la convention 138 mais pas de la 182
Aucune ratification
Aucune donnée / pays non membre de l'OIT
Distribution du travail des enfants par région du monde, pour les enfants entre 5 et 14 ans[2]. La colonne verte (axe de gauche) indique le nombre en millions d'enfants de 5 à 14 ans économiquement actifs, et la colonne rouge (axe de droite) indique leur pourcentage parmi les enfants du même âge de cette région.
Les activités exercées par les enfants varient selon les continents et les cultures.
Une constante demeure à travers l'histoire et se poursuit actuellement : les enfants au travail sont issus de famillespauvres, la pauvreté étant une descauses bien établies du travail des enfants[7]. Très souvent, ils font aussi partie d’uneclasse sociale « basse » comme en Inde où les enfants au travail sont fréquemment desdalits ou d’unecaste inférieure ; en Europe de l’Est, ils font souvent partie d’uneminorité (comme lesRoms) ; en Amérique latine comme en Afrique, lesenfants des rues, plus vulnérables, sont davantage au travail. Cette vulnérabilité touche aussi lesimmigrants pauvres arrivant en Amérique du Nord ou en Europe[46].
Un autre point commun à ces enfants est de quasiment toujours travailler dans des secteurs de faible technologie (on ne trouve virtuellement aucun enfant dans les entreprises àhaute technologie), et en particulier dans les secteurs où il y a un important besoin demain-d'œuvre, comme l’agriculture familiale, les grandes plantations ou les ateliers textiles. Dans les manufactures, il y a souvent besoin de main-d’œuvre peu qualifiée mais en grand nombre ; la recherche de main-d’œuvre peu chère conduit alors à utiliser le travail d’enfants[51].
Le classement du travail par type d’activité pratiquée peut être trouvé dans une étude de 1996[52] et répartit le travail des enfants en grands secteurs : 70,4 % dans l’agriculture, lachasse ou lapêche, 8,3 % dans lecommerce de gros ou au détail ou dans larestauration et les hôtels, 8,3 % dans lesmanufactures, 6,5 % dans les « services communautaires, sociaux ou personnels », 3,8 % dans les transports, les entrepôts et la communication, 1,9 % dans laconstruction et 0,9 % dans les industries extractives (minières notamment). Les « pires formes de travail » sont traitées dans la partie suivante.
Ces résultats vont à l’encontre de l’image courante d’enfants travaillant majoritairement en usines ou en ateliers de confection[7] : si cette activité existe, elle reste faible par rapport au travail dans la sphère familiale et dans l’agriculture.
Selon les pays, les enfants qui travaillent dans l’agriculture peuvent représenter 90 à 95 % des enfants au travail, la moyenne étant de 70 à 74 % ; la part des enfants augmente quand l’économie d’un pays est basé sur l’agriculture. On distingue les enfants qui travaillent aux champs avec leurs parents et ceux qui sont employés sur de grandesplantations ou exploitations. Le premier cas est fréquent dans les pays dont l’économie est essentiellement basé sur l’agriculture, les enfants sont alors souvent responsables de la garde dubétail et de petits travaux. Si les abus restent possibles, ils sont moins nombreux puisque les enfants restent dans le cadre familial[53]. Leurs activités peuvent inclure la participation aux récoltes et à la pêche, à la chasse, la garde des bêtes, le repiquage duriz ; les filles sont plus souvent chargées de chercher de l’eau, de s’occuper des bébés, de préparer les repas. Quand ces enfants vont à l’école, l’absentéisme augmente lors desrécoltes[37].
Retour du champ
Les enfants employés sur des plantations ont généralement des conditions de vie plus dures : leurs activités sont liées à celles de leurs parents qu’ils aident, pour la cueillette duthé, ducafé, pour l’entretien de plantes ou l’application d’engrais. Les techniques d’agriculture modernes exposent les enfants aux mêmes dangers que l’industrie en raison de la chaleur, de la poussière, des risques liés aux machines agricoles et des dangers représentés par les produits toxiques comme lespesticides. Cependant, les enfants des grandes plantations représentent moins de 5 % des enfants travailleurs. Les moins de 15 ans atteignent 25 à 30 % de la main-d’œuvre dans les plantations au Mexique, au Kenya ou au Brésil[9].
Si l’industrie n’est pas le secteur dominant, il est souvent le plus connu d’une part car il s’agit fréquemment de travail dangereux et d’autre part car c’est le travail d’enfants dans les manufactures de larévolution industrielle qui a rendu visible ce phénomène et a mené à sa réglementation. Dans les pays développés, c’est l’image la plus courante lorsque l’on évoque le travail d’enfants des pays en développement[53]. L’emploi d’enfants en dessous de 12 ans n’est pas rare dans la construction pour les petites tâches de nettoyage et de transport ; c’était encore le cas en Europe du Sud (notamment enItalie) dans les années 1980.
Ce secteur inclut lesmanufactures et usines, lesbriqueteries, leschantiers de construction, lesmines etcarrières, mais aussi les ateliers textiles et les filatures, lestanneries, lespoteries, les usines de savon, d’allumettes, voire de produits chimiques quand une extraction manuelle est requise.
Lesecteur informel désigne les activités non réglementées, souvent de petite taille, effectuées par un individu ou une famille. Il est répandu principalement en milieu urbain où le chômage est important : dans les pays en développement, l’OIT estime qu’il représente 60 % de la main-d’œuvre urbaine et une part importante duPIB (25 % auNigeria, près de 50 % auxPhilippines). Il est intimement lié à l’exode rural et à la formation desbidonvilles. Les principales activités que l’on retrouve sont lavente à petite échelle (boissons, fruits, cigarettes), l’artisanat (réparations), les services (cirage de chaussures, lavage de voitures,ramassage d'ordures), le transport (conducteur deRickshaw, porteur)[37].
Ces travaux sont surtout destinés à la survie à court terme. Le secteur informel n’est pas sans lien avec le formel, par exemple lorsque des vendeurs de rue travaillent pour le compte d’un commerce, faisant ainsi partie de lachaîne de production. Le secteur informel inclut aussi les enfants des rues exploités pour la revente dedrogue ou par lamendicité (ce qui concerne 600 000 enfants d’après l’OIT[9]). Si nombre des enfants travaillant dans le secteur informel ont un foyer, ceux qui vivent dans la rue sont encore plus vulnérables ; l’Unicef estime ainsi que le nombre d’enfants des rues se compte par dizaines de millions dans le monde[54].
Le travail domestique est la forme de travail la plus cachée et la plus difficile à estimer puisqu’elle prend place au sein des foyers. Si l’implication d’un enfant dans les tâches domestiques est généralement considéré comme bénéfique et participant à son éducation, dans de nombreux pays, des enfants sont employés comme domestiques par une autre famille que la leur, voire sont exploités par leur propre famille ; ce dernier cas n’est toutefois pas inclus dans les enfants « économiquement actifs ».
Le nombre exact d’enfants dans ces conditions est inconnu : l’OIT avance pour l'année 2004 un chiffre de plusieurs millions, en grande majorité des filles[55].
Actualisé en 2013, le nombre des enfants travaillant comme domestiques chez des particuliers est fixé à 15,5 millions (sur un total de 305 millions d'enfants travaillant dans le monde). L'OIT estime qu’il y a plus de filles de 16 ans astreintes à un travail domestique que dans les autres formes de travail. Certaines évaluations permettent d’obtenir un ordre de grandeur sur un phénomène présent dans beaucoup de régions du monde et particulièrement en Afrique, mais aussi en Asie et au Moyen-Orient. Parmi les estimations chiffrées avancées par l'OIT: 482 000 enfants auBrésil, 300 000 uniquement àDhâkâ, 700 000 enIndonésie, 200 000 auKenya, 66 à 88 000 auMaroc, 200 000 enHaïti, etc.
Campagne d'information auprès des familles pour lutter contre le travail des "petites bonnes" enMauritanie.
Les raisons de l’entrée dans le travail domestique sont nombreuses : il est souvent perçu comme « normal » ou au moins ne posant pas de problème, il peut être institutionnalisé :
Il représente une manière d’échapper à la misère comme pour lesreste-avec haïtiens.
Il peut aussi faire l’objet d’un trafic ou d’un remboursement dedettes. Ainsi, auPakistan ou auNépal, des familles rurales ayant contracté des dettes doivent souvent louer leur enfant comme domestique pour les rembourser[56].
EnÉthiopie, le travail domestique donne lieu à un véritable « commerce international » : Chaque année des milliers de filles sont envoyées vers des pays duMoyen-Orient pour y travailler dans des conditions parfois très violentes[57].
On estimait en 2002[9] que 8,4 millions d’enfants se retrouvaient dans une des « pires formes de travail » telles que définies par l’OIT (convention 182, article 3). Ce chiffre est cependant une estimation basse car seuls les pays effectivement inclus dans l’enquête ont été comptés sans extrapolation aux autres pays, et les critères choisis sont relativement stricts[58]. Le nombre réel d’enfants dans ces conditions peut en réalité être bien supérieur. L’OIT classe ces formes en cinq catégories : le travail forcé, le trafic d’enfants, l’industrie du sexe, les conflits armés et les activités illicites.
Le travail forcé concerne environ 5,7 millions d’enfants dans le monde. Il se distingue des autres formes de travail des enfants par une certaine restriction des mouvements de l’enfant, une violence mentale ou physique, l’absence de consentement et / ou une forme de contrôle au-delà de la normale[59]. L’esclavage va encore plus loin en réduisant la personne à l’état demarchandise appartenant à son « propriétaire ».
Si les estimations indiquent que la majorité de ces enfants se trouvent en Asie (5,5 millions), c’est aussi parce que les sources fiables manquent pour les autres régions, ce type de travail étant difficile à apprécier. Une autre raison est le caractère quasi institutionnel de laservitude pour dettes (bonded labour en anglais) comme le système dekamaiya auNépal[60] : dans de tels systèmes, des parents peuvent placer un enfant dès 7 ou 8 ans pour un travail en usine afin d’obtenir un prêt ou de payer des dettes. Les différents rapports montrent que, dans la plupart des cas, ce travail tourne vite à l’esclavage[8].
Les exemples les plus connus sont au Népal, auPakistan et enInde. Dans ce dernier pays, la pratique est répandue dans l’agriculture et les industries de lacigarette, de lasoie ou destapis. Une étude portait sur les conditions de vie des milliers d’enfants travaillant dans l’industrie du tapis et les décrivait
« […]kidnappés, déplacés ou placés par leurs parents pour de faibles sommes d’argent. La plupart d’entre eux sont retenus en captivité, torturés et forcés à travailler 20 heures par jour sans une pause. Ces petits enfants doivent s’accroupir sur leurs orteils, de l’aube au crépuscule chaque jour, handicapant sévèrement leur croissance. Les activistes sociaux dans ce domaine n’arrivent pas à travailler en raison du contrôle proche de celui d’une mafia exercé par les gérants des ateliers de tissage[61]. »
D’autres situations similaires se retrouvent auBrésil avec les plantations decanne à sucre et lescharbonniers. En 1993, des enfants de 4 ans avaient été reportés au travail dans une plantation decoton à Paraná[62]. EnMauritanie, malgré l’abolition de l’esclavage en 1980, il reste encore environ 400 000 personnes d’Afrique noire servant d’esclaves à desBerbères, les enfants comme les adultes[63]. La fondationWalk Free publie un indice sur l’esclavage et produit des rapports pour certains pays.
Letrafic d'enfants inclut « lerecrutement, le transport, le transfert, l’abri ou la réception d’un enfant à des fins d’exploitations »[64]. L’OIT estime que 1,2 million d’enfants subissent un tel trafic dans le monde dont 550 000 rien qu’en Amérique du Sud. Mais ce 1,2 million n’est pas compté dans le total des « pires formes de travail » afin d’éviter un double compte : les enfants trafiqués subissent en général une autre forme d’exploitation.
Le but du trafic dépend de l’âge et du sexe des enfants : les garçons sont généralement trafiqués pour du travail forcé dans de grandes plantations ou le trafic de drogue tandis que les filles sont plutôt destinées à l’exploitation sexuelle ou domestique. Les enfants peuvent aussi être exploités dans des réseaux demendicité organisée, envoyés pour des réseaux d’adoption illégaux ou pour desmariages forcés. Les trafics s’opèrent aussi bien à l’intérieur des pays, qu’entre différents pays ainsi qu’à l’échelle mondiale[9]. Les réseaux sont à la fois nationaux, continentaux ou mondiaux ; l’OIT a ainsi identifié quelques grandes routes de trafic international : Amérique latine → Europe et Moyen-Orient ; Asie → Europe et Moyen-Orient ; Népal et Bangladesh → Inde ; Birmanie et Laos → Thaïlande ; Afrique de l’Ouest → Nigéria ; Afrique australe → Afrique du Sud ; Europe de l’Est → Europe de l’Ouest[65].
Enfant prostituée.Daguerréotype anonyme (1871) « Mary Simpson, une vulgaire prostituée de 10 ou 11 ans. Est connue sous le pseudonyme de Madame Berry depuis au moins deux ans. Enceinte de quatre mois »[66]
D’après l’OIT[2], 1,8 million d’enfants sont impliqués dans le commerce sexuel mondial, la plupart entre 15 et 17 ans ; 750 000 se trouvaient en Amérique du Sud et Caraïbes, 590 000 en Asie / zone Pacifique et 420 000 dans les pays développés. Les formes de travail sont diverses :pornographie juvénile,prostitution,trafic sexuel et / outourisme sexuel. 98 % des enfants concernés sont des filles[67].
L’exploitation sexuelle des enfants apparaît dans les médias à l’occasion de scandales sur le tourisme sexuel, organisé en général pour des hommes venant de pays développés vers laThaïlande, laRépublique dominicaine ou le Brésil entre autres pays. Mais l’exploitation sexuelle est aussi organisée localement : auxÉtats-Unis, on estime à plus de 100 000 le nombre d’enfants prostitués[8], soit environ 0,25 % des enfants américains[68]. L’exploitation sexuelle peut être liée à d’autres formes d’exploitations : les fabriques indiennes de tapis citées plus haut sont connues pour servir de centres de recrutement pour desmaisons closes. Les enfants prostitués sont exposés auxmaladies sexuellement transmissibles, auxgrossesses non désirées, aux drogues. Ils souffrent également de stigmatisations dans le reste de la société, et sont parfois même considérés comme « illégaux » et traités comme tels par les forces de l’ordre, par exemple quand leracolage est interdit.
La prostitution d’enfants répond à une demande, entretenue par certainessuperstitions (avoir une relation sexuelle avec un enfant entretiendrait lavirilité) et la crainte dusida (les enfants sont supposés être moins contaminés que les adultes, supposition souvent fausse)[37].
Lapornographie enfantine est définie par les Nations unies comme « toute représentation, par quelques moyens que ce soit, d’un enfant s’adonnant à des activités sexuelles explicites, réelles ou simulées, ou toute représentation des organes sexuels d’un enfant, à des fins principalement sexuelles », dans le protocole facultatif à laConvention desdroits de l'enfant[69]. Le développement d’Internet a aussi accru la demande pour ce type de pornographie dont on estime qu’elle concerne un million d’images en circulation, incluant également les images montrant des actes desadisme, de dépravation sexuelle et / ou de relations entre enfants parfois très jeunes. Les études font état de graves troubles psychologiques pour les enfants victimes depédophiles, dont des tendances suicidaires[70]. Ce commerce génère deux à trois milliards dedollars US aux seuls États-Unis[71].
Enfants soldats dans un centre de réinsertion,Sri Lanka, 2009
Actuellement, il y aurait environ 300 000 enfants soldats dans le monde, impliqués dans une trentaine de conflits ; un tiers d’entre eux se trouvent en Afrique subsaharienne et dans les conflits réguliers enRépublique démocratique du Congo, enColombie (où entre 11 et 14 000 enfants feraient partie des forces paramilitaires) et enBirmanie (où 20 % de l’armée serait composée de mineurs d’aprèsHuman Rights Watch[72]). La plupart d’entre eux ont entre 14 et 18 ans mais on compte aussi des enfants d’à peine 8 ou 9 ans qui s’engagent volontairement dans des milices et autres groupes paramilitaires[73]. Si l’image la plus courante est celle de l’enfant-combattant fusil à la main, les enfants-soldats sont utilisés pour de nombreuses tâches :espionnage et reconnaissance, pose demines, entraînements des soldats adultes mais aussi tâches ménagères, portage du matériel ou cuisine. Les filles sont de plus exposées aux abus sexuels.
Leurs motivations incluent la recherche d’un moyen de survie dans des régions souvent dévastées, l’expérience de membres de leurs familles tués ou mutilés par le conflit ou la faible éducation qui ne permet pas d’autre choix. De nombreuses filles s’engagent pour échapper aux abus sexuels ou à la servitude domestique, bien que leurs conditions de vie ne soient pas forcément meilleures en tant que soldats. La proportion de filles serait d’environ 40 %[74]. Les motivations de leurs recruteurs sont différentes : les enfants-soldats sont« impressionnables, sensibles à l’autorité, moins portés à déserter ou à réclamer leur solde que des adultes »[37]. L’Unicef affirme que la diffusion de petites armes légères a renforcé l’utilisation d’enfants[75].
PourBénédicte Manier, le travail des enfants est causé par un ensemble de facteurs agissant en commun : lapauvreté des familles, la faiblescolarisation, l’échec ou l’inefficacité des politiques sociales ainsi que certains facteurs socioculturels. Parmi ces facteurs, la pauvreté est régulièrement identifiée comme une raison essentielle[76].
Le travail des enfants a été identifié comme une des stratégies de survie des populations pauvres : ces stratégies visent à assurer l’essentiel et en premier lieu l’alimentation du jour. Chaque membre de la famille étant une bouche à nourrir, tous sont appelés à contribuer au revenu familial. Lapauvreté empêchant le pouvoir de décision à long terme et entraînant une lutte quotidienne pour sa survie, les familles peuvent être amenées à accepter n’importe quelle proposition les aidant à améliorer leur situation — l’analphabétisme encore fréquent dans les pays en développement pouvant les amener à croire des personnes peu scrupuleuses[76]. Le lien entre pauvreté et travail des enfants se vérifie également dans les pays développés (où les enfants au travail font partie des couches défavorisées) et dans les pays ayant connu descrises économiques (l’Argentine en 2000,l’Asie du Sud-Est en 1997, l’Europe de l’Est) où les enfants au travail font partie des « nouveaux pauvres ».
La pauvreté des familles provient souvent elle-même duchômage ou dusous-emploi des parents : d’après l’OIT, en 2003, 180 millions de personnes sont au chômage et 700 millions sont sous-employées soit au total un tiers de lapopulation active mondiale qui ne gagne pas le minimum vital. Si lesecteur informel absorbe une partie de cette main-d’œuvre, il n’est pas illimité et les revenus qu’il dégage ne sont pas stables d’où le recours à un revenu d’appoint en faisant travailler les enfants. De plus, la demande d’emploi étant supérieure à l’offre, les employeurs peuvent davantage imposer leurs conditions et choisir d’embaucher des enfants (moins payés et plus dociles) que des adultes : dans de nombreuses situations, les enfants travaillent alors que les parents sont au chômage, entrant ainsi en « concurrence involontaire »[76].
Appliquée aux décisions familiales, lathéorie microéconomique analyse la scolarisation comme le résultat d’un arbitrage avec le travail. D’aprèsGary Becker[81], le résultat de cet arbitrage est que les enfants sont envoyés à l’école tant que le profit à terme anticipé de l’éducation est supérieur aucoût d'opportunité, c’est-à-dire à la perte de revenu immédiate qu’implique la scolarisation. La possibilité du travail des enfants vient s’ajouter aux coûts de scolarisation, dans la mesure où elle représente un manque à gagner, tandis que la qualité de l’enseignement influe directement sur le profit anticipé de l'éducation.
Le coût de la scolarisation s'accroît donc avec lessalaires. Des études ont montré que, dans les pays latino-américains, la hausse du niveau de salaire diminue les chances de scolarisation[82]. AuMexique, la hausse du niveau des salaires diminue les chances que l'enfant soit uniquement scolarisé sans travailler[83]. Cet effet des salaires est parfois plus important dans les zones riches que dans les zones pauvres. Ainsi auBrésil dans les années 1990, le travail des enfants était plus important dans la région riche deSão Paulo que dans celle pauvre deBahia[84].
D’ailleurs, d’autres études montrent que letaux de chômage a un effet similaire. Les périodes de chômage, bien que synonymes de pauvreté, sont favorables à la scolarisation et au recul du travail des enfants, parce qu'elles réduisent le coût d'opportunité de la scolarisation[85]. Cela montre que le coût d’opportunité de la scolarisation a un effet décisif sur le travail des enfants, et que la pauvreté ne suffit pas seule à l’expliquer.
Des mesures microéconomiques peuvent modifier cet arbitrage entre scolarisation et travail. Gary Becker, qui l'interprète comme l’opposition des intérêts économiques à court terme des parents et ceux à long terme de l’enfant, propose ainsi de payer les parents lorsque leurs enfants sont scolarisés. Cette mesure est appliquée au Mexique, où environ 2 millions de familles pauvres reçoivent en moyenne 25dollars par mois lorsque leurs enfants sont scolarisés (le revenu moyen mensuel de ces familles est d'environ 100 dollars)[86] ainsi qu'auBrésil, de façon similaire auxallocations familiales introduites en France au début duXXe siècle.
Enfants employés au Tifton Cotton Mills enGéorgie (États-Unis), 1909
La valeur attribuée à l'éducation par rapport à l'apprentissage ou au travail n'est pas la même selon les cultures : la « culture de l'école » a mis plus d'un siècle à s'implanter durablement en Europe et elle ne semble toujours pas acquise dans de nombreux pays en développement où les grands-parents et souvent les parents ne sont pas allés à l'école. Le travail des enfants, loin d'être vu comme un « fléau », y est valorisé car il permet souvent l'apprentissage tandis que le système éducatif ne mène pas forcément à un bon emploi ; cette conception est souvent celle des populations pauvres[76]. La perception qu'en ont les enfants est aussi variable : il y a ceux qui souffrent de leur condition mais d'autres qui sont fiers d'aider leur famille ou d'apprendre un savoir-faire[2].
Le faible taux de scolarisation des filles (qui forment 60 % des enfants non scolarisés) provient quant à lui souvent de préjugés culturels, les filles étant « destinés à être mariées » et l'éducation étant alors une perte de temps et d'argent : il vaudrait mieux leur apprendre à effectuer les travaux domestiques. Ainsi, si le travail des filles commence plus tôt, il est aussi moins visible puisque restreint à la famille[76].
Les études empiriques montrent que le niveau d’éducation des parents, et plus particulièrement de la mère, est le plus important déterminant du travail ou de la scolarisation des enfants. Il aurait plus d’impact que le niveau de revenu, le coût d’opportunité et la qualité du système éducatif (ces variables sont toutefois toutes liées). L’explication de ce phénomène reste incertaine. Les mères éduquées ont une préférence plus grande pour l’éducation. Elles ont aussi une plus grande influence au sein de la famille, ce qui se révèle décisif lorsque leur préférence pour la scolarité n’est pas totalement partagée par le père. Enfin, dans la mesure où les mères passent davantage de temps avec leurs enfants, leur niveau d’éducation diminue le coût de celui de leurs enfants[87].
Faiblesse de la scolarisation et des politiques sociales
Pour l'Unicef, 117 millions d'enfants ne sont pas scolarisés dans le monde[88], chiffre qui monte à plus de 400 millions en incluant les moins de 18 ans. De même que lascolarisation obligatoire a été un facteur important d'abandon du travail des enfants en Occident, les faibles taux des pays en développement et notamment de l'Afrique sub-saharienne empêchent ce phénomène de reculer. Même lorsqu'un enfant est inscrit à l'école, l'achèvement de sa scolarité n'est pas assuré : seul un enfant sur trois termine son cycle primaire dans le monde[54], les écoles atteignent difficilement les zones rurales et lesbidonvilles des banlieues, les fournitures scolaires et lacantine coûtent cher aux parents, ce à quoi l'enfant peut contribuer par une activité rémunératrice. Mais ce travail peut lui-même empêcher l'assiduité d'où un cercle vicieux aboutissant à l'exclusion de l'école.
L'échec de l'éducation est lui-même imputé aux budgets insuffisants alloués à ce domaine alors qu'il occupe plus d'un cinquième dubudget d'un pays comme la France, la part allouée à l'éducation dans les pays en développement ne cesse de régresser (- 30 % dans les années 1990[89]) ; lacorruption des gouvernements, ladette des pays pauvres, la faiblesse de l'aide au développement et la faiblesse des recettes provenant de leurs exportations ne leur permettent pas d'accroître ce budget. L'Internationale de l’éducation estime ainsi que 70 % des enseignants dans le monde sont pauvres, les obligeant alors à recourir à un travail supplémentaire pour couvrir leurs besoins, et que la pénurie d'enseignants atteint 2,7 millions de personnes[90].
Enfantscamerounais travaillant dans une carrière pendant les vacancesEnfantthaïlandais vendant des souvenirs, dernier maillon d'unechaîne de production pouvant s'étendre sur plusieurs pays.
Fournissant un travail, ces enfants participent à l'économie. Une grande partie de ce travail est « invisible », dans le sens où il est attesté, mais il n'est pas comptabilisé : c'est le cas du travail dans la sphère familiale, qui concerne encore souvent les femmes n'ayant pas d'activité professionnelle mais s'occupant de leur famille. Les enfants qui travaillent à l'extérieur de leur famille y apportent une contribution financière directe (participation au budget familial) et indirect (ils subviennent à leurs propres besoins et représentent une bouche de moins à nourrir). L'OIT estimait qu'un enfant actif peut apporter entre 20 et 25 % du revenu familial pour une famille pauvre[91].
La minorité des enfants salariés[92] pèse un certain poids dans l'économie du pays : l'OIT estime que les enfants représentent près 5 % de lapopulation active en Amérique latine, mais 14 % auKenya[93]. Il n'existe que des ordres de grandeur pour leur poids par secteur : ainsi, au Pakistan, l'industrie du tapis rapportait 109 millions de dollars en exportations en 1995-96 d'après le patronat ; selon la SACCS (South Asian Coalition on Child Servitude), 500 000 enfants y travailleraient (sur 1,5 million de salariés), un chiffre sujet à caution mais qui donne un ordre de grandeur.
Les enfants impliqués dans lecommerce, notamment dans le travail informel de vente dans les rues, se retrouvent souvent à être le dernier maillon d'unechaîne de production, quand ils vendent des boissons fraîches de grandes marques, des journaux, des friandises, etc., entrant parfois en concurrence avec les commerces établis. De même, lesrécupérateurs de déchets font partie du système de recyclage informel, en apportant les ordures à des récupérateurs professionnels. De fait, la principale motivation pour employer des enfants est d'ordre économique : un enfant est moins cher et plus docile qu'un adulte, avec des salaires deux à six fois moins élevés[94] qui permettent de réduire les dépenses salariales.
Un des arguments avancés contre l'abolition du travail des enfants est le fait que celui-ci, en améliorant larentabilité des entreprises, contribue à l'industrialisation et donc audéveloppement économique du pays[51]. L'OIT a conduit une étude en 2004 sur les coûts et les bénéfices liés à l'abolition du travail des enfants[95]. Sa conclusion est claire :
« Bien que certains avantages importants, tels qu’un renforcement des chances de développement personnel, sont difficilement mesurables en termes monétaires, nos calculs permettent clairement de conclure que l’élimination du travail des enfants représente un investissement global très rentable. »
Plus précisément, cette étude portait sur la réalisation du programmeIPEC dans les pays en développement et en transition. Les coûts du projet sont l'amélioration de l'éducation (infrastructure, enseignants, fournitures…), le transfert de revenus (c'est-à-dire les programmes visant à compenser la perte pour les familles du revenu dégagé par l'enfant, sous forme deprestations sociales), les interventions non scolaires (visant les pires formes de travail, les enfants très pauvres et/ou de castes inférieures, les facteurs culturels dont les différences liées au genre), et lecoût d'opportunité (les bénéfices perdus à la suite du retrait des enfants de leur travail). Les bénéfices économiques attendus sont une capacité de production accrue grâce à une meilleure éducation, et une réduction des coûts de santé grâce à l'arrêt des pires formes de travail. En utilisant des données nationales et l'expérience de programmes déjà en place, l'étude a pu estimer le total des coûts et bénéfices :
Total des coûts et bénéfices économiques potentiels résultant de l'élimination du travail des enfants d'après l'OIT sur la période 2000-2020[95]. Chiffres en milliards de dollars US àparité de pouvoir d'achat.
Région
Pays en transition
Asie
Amérique latine
Afrique sub-saharienne
Afrique du Nord Moyen-Orient
Ensemble
Éducation
8,5
299,1
38,7
107,4
39,6
493,4
Transfert de revenus
0,7
6,3
1,2
1,5
1,1
10,7
Autres interventions
0,4
2,4
5,8
0,6
0,2
9,8
Coût d'opportunité
16,0
151,0
30,9
30,1
18,8
246,8
Coûts totaux
25,6
458,8
76,6
139,5
59,7
760,3
Meilleure éducation
145,8
3 307,2
403,4
721,8
500,2
5 078,4
Santé améliorée
4,0
14,0
3,8
2,1
3,9
28,0
Bénéfices totaux
149,8
3 321,3
407,2
723,9
504,1
5 106,3
Bénéfices économiques nets
124,2
2 862,4
330,6
584,4
444,4
4 346,1
Paiements de transferts
13,1
125,8
23,5
29,1
22,1
213,6
Bénéfices financiers nets
111,1
2 736,6
307,1
555,4
422,3
4 123,5
L'OIT a conclu de cette étude que l'élimination du travail des enfants, généralement poursuivie pour des raisons éthiques, est également valable d'un point de vue économique ou financier : les bénéfices dépasseraient de 6 à 7 fois les coûts. Cette étude rejoint celles de laBanque mondiale qui tendent à montrer qu'investir dans l'éducation est une opération rentable à long terme pour les pays concernés[96]. En Afrique sub-saharienne, les bénéfices financiers nets dépassent la moitié durevenu national brut annuel. Cependant, l'étude ne reste qu'une estimation, portant sur un programme théorique durant 20 ans ; et les coûts restent supérieurs aux bénéfices pendant les 15 premières années, les bénéfices s'envolant en revanche à partir de la16e année. L'OIT appelle à juste titre ce projet un « investissement transgénérationnel ».
Au niveau national, les lois évoluent lentement dans le sens du durcissement et d'un rehaussement de l'âge légal, la convention 138 accordant une certaine marge de manœuvre dans ce domaine pour les travaux légers dans les pays en développement. L'âge minimum varie ainsi de 14 à 16 ans dans ces pays mais avec quelques exceptions notables comme auBangladesh où 12 ans suffisent pour travailler en magasin ou dans les plantations de thé ou encore enHaïti où l'on peut être légalement domestique dès 12 ans (quand bien même cette tâche n'y est guère « légère », comme dans le cas desreste-avec). Cependant, tous les pays n'ont pas signé les conventions de l'OIT et les sanctions restent encore faibles[97] : les pays développés disposent généralement d'uneinspection du travail mais dont les moyens restent inégaux ; ces inspections sont inexistantes dans de nombreux pays pauvres. L'OIT peut émettre des recommandations lorsqu'un pays ne se conforme pas aux conventions.
Le changement vers l'abolition se heurte à plusieurs obstacles : d'une part, l'ampleur du phénomène est telle que les quelques actions médiatisées (retrait d'une centaine d'enfants d'une mine par exemple) n'est rien par rapport aux centaines de milliers d'ateliers, d'exploitations agricoles, etc. concernées et d'autre part, les ONG tant internationales que locales dénoncent régulièrement des problèmes decorruption et d'inertie politique maintenant le système en place, notamment face aux pressions des industriels[98].
L'application des lois n'est jamais suffisante : tous les acteurs du domaine s'accordent pour dire que ce sont les transformations socio-économiques qui peuvent affecter durablement le travail des enfants, au premier rang desquelles la lutte contre lapauvreté. Si la convention 182 de l'OIT a clairement défini les « pires formes de travail » comme une priorité et si l'esclavage et l'exploitation sexuelle des enfants sont unanimement condamnés[97], le débat est toujours présent sur les formes « acceptables » ou « tolérables » de travail des enfants.
D'une part, les « abolitionnistes » — et notamment laCISL — prônent une interdiction complète du travail des enfants, ceux-ci devant être scolarisés[99].Elle passerait par un durcissement des lois, la répression des employeurs et un développement des politiques d'éducation. Les arguments rejoignent ceux des abolitionnistes européens de la fin duXIXe siècle qui ont lentement réussi en imposant la scolarisation.[réf. nécessaire]
D'autre part, les « non-abolitionnistes » — comprenant desONG de terrain, souvent locales, et des syndicats d'enfants travailleurs — estiment que l'abolition est une utopie à court et moyen terme et qu'empêcher un enfant de participer à sa survie et celle de sa famille serait contre-productif[100]. L'abolition est ainsi vue comme un dogme occidental, peu adapté à la réalité et à la culture locale. Les non-abolitionnistes proposent plutôt d'encadrer ce travail pour supprimer l'exploitation et permettre un minimum de scolarisation en même temps. Pour Manier, « en visant à réguler et non à proscrire, cette approche pragmatique comporte toutefois le risque de conforter le phénomène »[97]. Au-delà des divergences, la lutte contre la pauvreté fait partie des objectifs communs aux deux camps.
Save Girl Child,(en)Beti Bachao, campagne du gouvernement indien.
Les actions de lutte contre le travail des enfants incluent les mesures législatives prises par les gouvernements nationaux, la sensibilisation de l'opinion publique, les actions ciblant les entreprises en amont dont la « consommation citoyenne » et leboycott, les actions de terrain et lesyndicalisme des enfants. On peut mentionner également, les codes de conduite et les protocoles adoptés de manière plus ou moins volontaire de « chartes » et de « protocoles » par les entreprises, à la suite des pressions exercées par l'opinion politique, les ONG et les syndicats, ainsi que des programmes d'action de la part d'organisations intergouvernementales comme, notamment, l'Organisation internationale du travail (OIT) et l'UNICEF.
Depuis l'année 1982, les ONG, les syndicats et d'autres associations se sont mobilisés pour révéler et dénoncer les conditions de travail d'enfants, et en particulier dans les fabriques de vêtements ou dejouets en Asie. Ils utilisent différents outils (pétitions, campagnes d'opinion, affiches, Internet à partir des années 1990) pour attirer l'attention des médias, le point culminant ayant sans doute été lamarche mondiale contre le travail des enfants en 1998. Le résultat de ces actions est une surveillance accrue de certains entreprises (notammentNike ouDisney), la création d'organisations de consommateurs (aux États-Unis, laNational Consumers League) ainsi que quelques mesures gouvernementales — ne ciblant toutefois que les pires formes de travail[97].
À la suite de la pression de ces organisations, certaines entreprises se dotent d'une « charte éthique » et autres codes de bonnes pratiques. Certaines de ces actions sont sincères, notamment la certificationSA 8000, issue des conventions de l'OIT. À la suite des révélations médiatiques sur le travail et letrafic des enfants dans les plantations de cacao, il y a eu la signature en 2001 par les principaux acteurs de l'industrie chocolatière et des confiseries duProtocole Harkin-Engel, menant entre autres à la création et par la création en 2002 de l'International Cocoa Initiative, dont l'objectif est « d’éliminer les pires formes de travail des enfants et de travail forcé dans la culture et la transformation des fèves de cacao »[102]. Cependant, la pratique fréquente de l'externalisation des activités empêche de contrôler efficacement les mécanismes de production. D'autre part, la « consommation citoyenne » s'est développée : elle utilise lecommerce équitable pour s'assurer que les produits achetés ont été fabriqués dans des conditions respectueuses du droit des travailleurs, et leboycott pour faire pression sur les entreprises. Ces deux actions ont leurs limites : les labels « commerce équitable » recouvrent des critères variables et parfois contestés[103] ; le boycott peut mener à des licenciements massifs d'enfants travailleurs. L'exemple le plus connu est celui duBangladesh en 1992 : le projet de loi du sénateur américainHarkin d'interdire l'import de marchandises fabriquées par des enfants entraîne le licenciement « préventif » de près de 50 000 enfants au Bangladesh, où la majorité de la production part vers les États-Unis et où 100 000 enfants travaillent alors dans l'industrie textile[104].
Le travail des enfants progresse aux États-Unis. Ainsi, entre 2018 et 2023, les infractions à la législation sur le travail des enfants ont augmenté de 69 % selon leministère du travail américain. Les entreprises se tournent de plus en plus notamment vers des enfants migrants venus d'Amérique centrale afin de disposer d'une main-d’œuvre peu regardante sur les horaires et les salaires. Une dizaine d'États dirigés par leParti républicain ont assoupli ou cherchent à assouplir la législation sur le travail des enfants, héritée duNew Deal, pour répondre aux demandes des industriels[105].
École de vacances pour enfants au travail, àCalcutta. Ce genre d'initiative publique relève d'un certain pragmatisme face à l'ampleur du phénomène.
Les actions entreprises dans les pays occidentaux n'ont cependant qu'un faible impact : ils n'affectent que les enfants impliqués dans le commerce international, c'est-à-dire une minorité (d'après l'OIT, 8 % des enfants au travail le sont dans les manufactures[52], et une partie seulement d'entre eux dans des sous-traitants de firmes internationales ; d'autres sources estiment que seuls 5 % des enfants actifs se trouvent dans des activités d'exportation, au niveau mondial[106]). Sur le terrain, plusieurs milliers d'ONG et d'associations agissent sur les causes premières du travail des enfants. Leurs actions incluent lalutte contre la pauvreté au sens large dudéveloppement, l'accueil d'enfants des rues dans des abris et centres d'hébergement, la construction et la maintenance d'écoles tout comme la mise en place d'activités éducatives ou de formations professionnelles. Certains programmes plus innovants, souvent financés par l'Unicef, essayent l'enseignement itinérant, à la maison ou sur des bateaux[107], ou encore desprestations sociales liées à l'assiduité scolaire, auBrésil[108]. Une initiative plus récente est celle dessyndicats d'enfants. Si le mouvement pionnier s'est créé en 1976 (leMANTHOC péruvien), ce n'est que dans les années 1990 que d'autres syndicats ont continué à se créer en Inde, en Afrique et dans le reste de l'Amérique latine. Leurs projets communautaires rejoignent ceux des ONG, mais avec le bénéfice d'un rapport de force avec les employeurs permettant de meilleures conditions de travail, ainsi que celui d'une identité nouvelle. Ces mouvements sont souvent anti-abolitionnistes, tout en réclamant un travail digne et en rejetant l'exploitation[97].
Dans le but de rassembler ces efforts, l'OIT a mis sur pied en 1992 le programme IPEC (International Programme on the Elimination of Child Labour, « Programme international pour l'abolition du travail des enfants »), visant en priorité les pires formes de travail, celui des filles et des moins de 12 ans. En plus des évaluations globales citées plus haut, le programme coordonne les acteurs autour de plans d'action et tente de trouver des solutions économiques avec les employeurs. Dans son rapport de 2006, l'IPEC estime que « les efforts engagés un peu partout dans le monde pour combattre ce fléau ont donné d’importants résultats », mais qu'une importante mobilisation reste nécessaire[109].
↑Philippe Ariès,L’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, Seuil, coll. Points Histoire, 1975, 316 p.(ISBN978-2020042352).
↑Un apprenti de 14 ans gagne en général le tiers du salaire d’un adulte. Voir Danièle Alexandre-Bidon et Didier Lett,Les Enfants au Moyen Âge, Hachette, 2004(ISBN978-2012791565).
↑(en)OIT : Frank Hagemann, Yacouba Diallo, Alex Etienne et Farhad Mehran,Global Child Labour Trends 2000-2004, Bureau international du travail, Genève, avril 2007(ISBN978-92-2-118718-9)[lire en ligne] ; certaines données ne sont que des extrapolations de 2000.
↑abc etdRémiBarroux, « 73 millions d’enfants de 5 à 11 ans contraints de travailler dans le monde »,Le Monde.fr,(ISSN1950-6244,lire en ligne, consulté le).
↑a etbBureau de statistiques du BIT, Genève, 1996, cité dansOIT,Le Travail des enfants : faits et chiffres, Bureau international du travail, Genève, 1999[lire en ligne].
↑International Programme on the Elimination of Child Labour,Coup de main ou vie brisée: comprendre le travail domestique des enfants pour mieux intervenir, Bureau international du travail, Genève, 2004,(ISBN92-2-215747-8)[lire en ligne], p. III.
↑Ainsi, de nombreuses sources ont été écartées faute de pouvoir être vérifiables, et les données ont été strictement comparées à la convention 182. Source : SIMPOC,Every Child Counts, New Global Estimates on Child Labour, op. cit., p. 34-36 et 48-51.
↑(en)ONU,Protocol to Prevent, Suppress and Punish Trafficking in Persons, especially Women and Children, supplementing the United Nations Convention against Transnational Organized Crime, 2000[lire en ligne], article 3(a).
↑OIT,Le mal insupportable au cœur des hommes : Le trafic des enfants et les mesures d’éradication, BIT, Genève, 2003(ISBN92-2-213088-X)[lire en ligne].
↑Graham Ovenden et Robert Melville,Victorian Children, Londres, 1972, inscription au dos de la photographie.
↑Unicef,L’État des enfants dans le monde, op. cit., p. 60.
↑Sir William Utting,People Like Us: The Report of the Review of the Safeguards for Children Living Away from Home, The Stationeyr Office, Londres, 1997, ministère de la Santé du Royaume-Uni(ISBN978-0113221011).
↑Section « Facts » du site child-soldiers.org[lire en ligne].
↑Susan MacKay, entretien vidéo pourForeign Affairs and International Trade Canade[transcription].
↑Voir notammentcette fiche d’information de l’Unicef, faisant partie de la « Conférence internationale des Nations unies sur le commerce illicite des armes sous tous leurs aspects » ; pour un rapport plus complet, voir notamment Claudio Gramizzi, Félix Nkundabagenzi, Sophie Nolet et Federico Santopinto,Enfants soldats, armes légères et conflits en Afrique,GRIP, Bruxelles[lire en ligne].
↑Gary Becker,Human Capital, University of Chicago Press, 1964, 412 p.(ISBN0226041204).
↑Dans le cas duPérou voir Jacoby, Hanan and Emmanuel Skoufias, « Risk, financial markets and human capital in a developing country » dansReview of Economic Studies, 1997, vol. 64, pp. 311–335. Cité par Suzanne Duryea,School Attendance, Child Labor and Local Labor Markets in Urban Brazil, 2001[lire en ligne].
↑Deborah Levison, Karine Moe et Felicia Knaul,Youth education and work in Mexico, New York, 1999. Cité par Suzanne Duryea,op. cit.
↑Ricardo Barros, Rosane Mendonça et T. Velazco, « Is poverty the main cause of child work in urban Brazil? » dansTexto para Discussão No. 351, Instituto de Pesquisa Econômica Aplicada, Rio de Janeiro, 1994. Cité par Suzanne Duryea,op. cit.
↑Maria Carolina da Silva Leme et Simone Wajnman,A alocação do tempo dos adolescentes brasileiros entre o trabalho e a escola, Article non publié, 2000, Universidade do São Paulo. Cité par Suzanne Duryea,op. cit.
↑Gary S. Becker, « “Bribe” Third World Parents to Keep Their Kids in School » dansBusiness Week (Industrial/technology edition), 22 novembre 1999, p.15[lire en ligne].
↑Pour estimer cette « minorité » : l'OIT estime qu'auxPhilippines, 17 % des enfants travailleurs sont dans un secteur qui puisse être comptabilisé, comme l'hôtellerie, le commerce, etc.
↑Voir les statistiques de l'OIT sur la population active : site WebLaborsta. Les statistiques annuelles incluent un classement par tranche d'âge.
↑En Inde, l'industrie dudiamant emploie 20 % d'enfants, qui sont payés six fois moins que les adultes ; au Pakistan, dans la ville deSialkot, 14 000 enfants sont employés dans l'industrie du ballon de football aux côtés de 42 000 adultes, mais ils gagnent 2 à 4 fois moins. Source : M. Bonnet,Regards sur les enfants travailleurs. La mise au travail des enfants dans le monde contemporain. Analyse et études de cas, éditions Page Deux, coll. Cahiers libres, Lausanne, 1998, 231 p.(ISBN2-940189-08-0)[présentation en ligne].
↑a etbOIT,Investir dans chaque enfant : Étude économique sur les coûts et les bénéfices de l'élimination du travail des enfants, BIT, Genève, 2003, 162 p.(ISBN92-2-215419-3)[lire en ligne].
↑Voir à ce sujet la revue de littérature effectuée par la Banque mondiale sur les retours sur investissement dans l'éducation : George Psacharopoulos et Harry Anthony Patrinos,Returns to Investment in Education: a further update, Policy Research Working Paperno 2881, Banque mondiale, Washington, septembre 2002[lire en ligne].
↑Voir à ce sujet les documents de laCISL, par exemple à propos de l'Inde, du Brésil ou du Pakistan.
↑La CISL a ainsi lancé une campagne « Stop Child Labour » et une pétition visant l'interdiction pure et simple (voir cette pétition en ligne).
↑Par exemple, l'ONGOxfam explique, sur son site Web comme dans ses documents de terrain, que « Oxfam ne pense pas, toutefois, que bannir tout le travail des enfants en une journée aiderait les enfants pauvres et leurs familles à sortir de la pauvreté. Oxfam pense plutôt que la meilleure façon de résoudre le problème est de mettre fin à la pauvreté qui met les enfants au travail, pour que leurs familles aient le temps et l'argent de les envoyer à l'école. » (voircette page).
↑Voir, parmi d'autres publications : Richard Anker, Sandhya Barge, M P Joseph et S. Rajogopal (éds.),Economics of Child Labour in Hazardous Industries of India, Centre for Operations Research and Training, Baroda, 1998, 211 p. Cité dans OIT,Un avenir sans travail des enfants, 2002, op. cit.
↑« Travail des enfants aux Etats-Unis : « Pour contourner la loi de 1938, les industriels comptent sur l’aide du monde politique » »,Le Monde.fr,(lire en ligne).
↑Parmi les estimations, on peut citer Alessandro Cigno et Furio Camillo Rosati,The Economics of Child Labour, Oxford University Press, Oxford, 2005(ISBN978-0-19-926445-2), 264 p., en particulier le chap. V « International Trade ».
↑On peut citer leCambodge où des « écoles flottantes » ont été mises en place ; voircet extrait deUnicef - Carol Bellamy (dir.),La situation des enfants dans le monde 1999, Unicef, New York, 1999(ISBN92-806-3390-2)[lire en ligne].
La synthèse la plus complète de la situation actuelle, avec une analyse économique inédite. La plupart des données et des analyses de cet article sont tirées de ce livre.
Histoires d'enfants au travail en France à différentes époques.
Martin Monestier,Les Enfants esclaves. L'Enfer quotidien de 300 millions d'enfants, Le Cherche-midi Éditeur, 1999, 271 p.(ISBN2862745693).
Chakib Guessous,L'exploitation de l'innocence : Le travail des enfants au Maroc, Eddif Maroc, 2004, 371 p.(ISBN9981090824).
Michel Bonnet,Le travail des enfants : terrain de luttes, Page deux, 1999, 126 p.(ISBN2940189153).
Michel Bonnet, Olga Nieuwenhuys, Kart Hanson, Marie-France Lange, Bernard Schlemmer, Graciela Paillet, "Enfants travailleurs: repenser l'enfance", Ed. Page Deux, 2006. (aborde notamment le point de vue des enfants travailleurs qui se sont organisés pour défendre leurs droits).
Rapports
L'OIT et plus précisément le programme IPEC publie de nombreux rapports sur son activité (liste de publications). Trois rapports principaux ont été publiés en 1998, 2002 et 2006 (présentation).
L'Unicef publie annuellement saSituation des enfants dans le monde (site Web), le rapport de 1997 étant consacré aux enfants au travail.
Le programme Understand Children Work (HCW) centralise les informations sur le travail des enfants et édite des rapports pays.
Iqbal, documentaire deCinzia Torrini, Italie, 1998 ; fiction inspirée de la vie deIqbal Masih, enfant esclave au Pakistan (102 minutes).
Nous avons partagé le pain et le sel deAtiq Rahimi, 2001, sur l'Afghanistan.
The Big One deMichael Moore, États-Unis, 1998, dans lequel le réalisateur rencontrePhilip Knight, PDG deNike, et l'interroge sur les pratiques de son entreprise, notamment sur l'emploi d'enfants (86 minutes).
La version du 8 septembre 2007 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.