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Letraité de Fribourg, plus connu sous le nom de « paix perpétuelle », est untraité de paix signé àFribourg le entre laFrance deFrançoisIer et laConfédération des XIII cantons suisses.
Il a été inscrit auRegistre international Mémoire du monde de l'UNESCO en 2025[1].

Les négociations entre Français et Suisses avaient commencé dès le mois d', avant même la bataille deMarignan (13-)[2]. Un premier traité préliminaire avait été signé par les capitaines suisses et les plénipotentiaires français le àGallarate. Le traité de Gallarate[3] satisfaisait à la plupart des exigences du roi de France, qui souhaitait s'allier à la Confédération et se réserver l'exclusivité du recrutement de mercenaires suisses. En contrepartie, le roi de France s'engageait à verser un million d'écus d'or, et à servir chaque année une pension de 2 000 francs par canton.
Les propositions, bien qu'en apparence très généreuses, ne font pas l'unanimité chez les Suisses. Bien accueillies àBerne,Fribourg etSoleure, elles sont finalement rejetées par les autres cantons, qui décident de s'en tenir aux traités qui les liaient au duc de Milan,Maximilien Sforza, au pape et à la coalition anti-française constituée parJules II en 1510. Les soldats de Berne, Fribourg et Soleure s'en retournent en Suisse, tandis que les autres cantons marchent contre les Français, qu'ils attaquent sans succès à Marignan quelques jours plus tard. Après la bataille, les pourparlers reprennent entre Français et Suisses, mais ces derniers sont profondément divisés. Un nouveau traité, signé àGenève, le[4], est ratifié par sept cantons (Berne,Fribourg,Soleure,Glaris,Zoug,Lucerne,Appenzell) et par le demi-canton d'Obwald, tandis que les cantons d'Uri,Schwytz,Zurich,Schaffhouse,Bâle et le demi-canton deNidwald restent plus que jamais hostiles à la France. La Confédération se trouve en état de quasi-sécession pendant plusieurs mois, et les démarches entreprises par les cantons pour dégager un consensus sont vaines[5].
Les cinq cantons réfractaires autorisent l'empereurMaximilienIer à lever des soldats parmi leurs ressortissants pour une nouvelle expédition enItalie. C'est ainsi que 15 000 Suisses des cantons réfractaires se retrouvent devantMilan face à 6 000 Suisses venant des autres cantons, Bernois en majorité, engagés par le roi de France, sans toutefois combattre avec ces derniers. En effet, l'empereur manque d'argent, et son armée se débande, faute de soldes[6]. Quant au roi de France, il a compris qu'il devait renoncer à exiger d'emblée une alliance avec les Suisses, s'il voulait convaincre les cantons les plus rétifs. FrançoisIer accepte également de lâcher du lest sur les districts du duché de Milan annexés par les Suisses en 1512, qu'il voulait racheter pour 300 000 écus, afin de reconstituer l'intégrité territoriale du Milanais.
Le traité de Fribourg, signé par les plénipotentiaires français le, sera donc un simple traité de paix, et laissera aux Suisses la possibilité de conserver la plupart de leurs conquêtes.
Bien qu'il soit souvent considéré comme le début de laneutralité suisse[7], le traité de Fribourg n'interdit pas aux Suisses toute intervention hors de leur territoire. C'est auXVIIe siècle que la Suisse évoluera vers la neutralité. Marqués par les conflits religieux qui ravagent l'Europe, les Suisses se tiendront à l'écart des opérations militaires pour préserver la coexistence entreprotestants etcatholiques.

Ce traité est une charte royale, dressée sous la forme d'unelettre patente, dont les auteurs sont à la fois le roi de France et les cantons suisses et leurs alliés. Il est validé en conséquence par l'apposition des sceaux du roi de France (bien que l'exemplaire français, contrairement à l'exemplaire suisse, n'ait jamais été scellé par la chancellerie française), des treize cantons, disposés selon un ordre protocolaire strict (Zurich, Berne, Lucerne, Uri, Schwyz, Unterwald, Zoug, Glaris, Bâle, Fribourg, Soleure, Schaffhouse, Appenzell), puis de leurs alliés (Valais,Grisons, abbé et ville deSaint-Gall, ville deMulhouse)[8]. C'est le chancelier de Fribourg qui se vit confier la tâche de récolter les sceaux des cantons une fois le traité signé. Il se rendit alors de canton en canton, en empruntant le chemin le plus rapide et direct, sans forcément respecter l'ordre hiérarchique dans sa "tournée des sceaux". Le but était d'aller aussi vite que possible, car les ambassadeursPeter Falck et Hans Schwarzmurer attendaient son retour pour se mettre en route vers Paris, avec les deux exemplaires du traité: celui destiné à la France, celui destiné aux Confédérés, avec lequel ils devaient revenir, dûment scellé du grand sceau du roi de France[9].
Après un exposé déplorant les conséquences d'une guerre fratricide entre chrétiens, le traité énonce en treize articles les conditions diplomatiques et économiques de la paix[10].
À la suite des treize articles, sont décrites les conditions dans lesquelles les conflits qui pourront survenir ultérieurement entre les deux parties ou entre ressortissants des deux parties devront être réglés. Très détaillées, elles occupent quasiment à elles seules la seconde moitié du traité. On s’appuie pour cela sur les chapitres d’un traité précédemment passé entre Louis XII et les confédérés.
À la lecture de ces dispositions, on constate que le roi de France se plie aux usages suisses de règlement de conflit, par la désignation de deux hommes par chacune des parties pour l’arbitrage. On tente d’abord un règlement à l’amiable, et si ce n’est pas possible, on passe alors à la sentence de justice rendue par les arbitres. Si les arbitres ne se mettent pas d’accord, on désigne alors un « moyenneur » (ou médiateur), choisi dans un territoire plus neutre et convenable aux deux parties, en l’occurrence le Valais ou la ville deCoire (Grisons).
Il ne s'agit que d'un traité de paix, et non d'alliance. Les véritables débuts d'une alliance franco-suisse seront formalisés dans le traité de Lucerne, conclu en.
Le traité de paix de Fribourg, remarquable par sa durée, est rompu en1798, lors de l'invasion française de laConfédération des XIII cantons.