Les enjeux en sont parfoiscourtois (on se bat pour une belle ou sacouronne de fleurs), pour de l'argent et parfois aussi symboliques, mimant ceux d’un véritable duel ou d’une guerre en réduction. Outre l’entraînement militaire, il est l’occasion de faire preuve de sa valeur, et pour les meilleurs combattants de s’enrichir, grâce aux armes deschevaliers vaincus et aux rançons versées par les prisonniers[3].
Le terme « tournoi » vient du verbe « tournoyer »[4], lui même issu de « tourner »[5], du latintornare, « travailler au tour »[6]. À l'origine, il était employé pour tout combat dechevalier à cheval, que ce soit lors d'une guerre ou lors d'un jeu. Il apparait clairement pour la première fois comme un combat d'apparat entre deux groupes de chevaliers rivaux en 1170 dans le romanErec deChrétien de Troyes. Dès lors le mot « tournoi » sera utilisé pour qualifier toute forme de jeu chevaleresque[7].
AuMoyen Âge, les tournois regroupent diverses épreuves[8]. Lors d'un tournoi, il y avait des combats à pied, à l'arme individuelle, des prises de tours, des jeux d'adresse à cheval tels que laquintaine pour les écuyers et des mêlées à cheval avec des combats à la batte ou à l'épée neutralisée ; cette épreuve nomméebehort était particulièrement spectaculaire, elle se déroulait le plus souvent dans un espace ouvert et dans des enclos auXVe siècle. Leschevaliers simulaient de véritables batailles rangées devant un public enthousiaste (y compris féminin[2]).
Le terrain pouvait être situé sur les marches de deux principautés, mais également dans des landes entre deux villages, les terres cultivées et les habitations étant ainsi épargnées[9].
Lehéraut d'arme à la trompette annonce lesarmoiries des chevaliers entrant dans la lice au pas. Le public revêtu de ses plus beaux atours guette ses champions dont certains accrochent à leur casque un long morceau de tissu précieux, manche amovible d'une robe fixée avec des boutons de corail ou des lacets de couleur : les tournois sont l'alliance du code d'honneur de la chevalerie et de l'amour courtois[10]. Les tournois jouent un rôle important dans lanaissance des armoiries auXIIe siècle[11].
Le tournoi chevaleresque est un sport qui se joue en France, au nord de la Loire (zone desFrancs), et jusqu’aux Flandres (c’est-à-dire dans le duché deNormandie, leMaine, lecomté de Champagne, leVermandois, duché de France). Ils sont apparus dans le Nord de la France vers 1100 avant de se répandre en Europe[7].
Lestournoyeurs viennent de ces régions, et des régions voisines :Bretagne,Anjou,Poitou,Bourgogne,comté de Flandre,comté de Hainaut,Angleterre. Quelques participants viennent deBasse-Lotharingie (actuels Pays-Bas), aucun du Midi de la France. Au commencement, le tournoi est pratiqué essentiellement par des chevaliers « jeunes »,bacheliers (au sens médiéval), qui ont été adoubés mais ne possèdent pas encore de fief, qui participent. On recrute aussi des compagnies de soldats professionnels non nobles. Certains grands tournois rassemblent jusqu’à trois mille chevaliers, soit dix mille combattants (pour celui deLagny, soit plus de personnes et de richesses rassemblées que pour lafoire annuelle). Le tournoi deChauvency-le-Château, immortalisé parJacques Bretel, rassemblait plus de 500 chevaliers. Par la suite, (XVe siècle), les classes bourgeoises se mettent à jouter[12]. Bien que plusieurs classes sociales pratiquent lajoute, ils ne peuvent pas s'affronter entre eux[13].
Ils sont principalement organisés par les détenteurs des principautés territoriales (comtes et ducs), le plus souvent à la lisière de deux de ces principautés.
Les festivités qui se déroulèrent àPrague le 8 et en l'honneur de l'accession au trône impérial deFerdinand 1er, virent l'apparition en Europe de l'Est d'une forme de tournoi à intrigue sous l'influence de la tradition bourguignonne et du tournoi deBinche de 1549. On y identifie des éléments que l'on retrouve dans les tournois ultérieurs, mais aussi dans les premiersopéras comme des feux d'artifice, des chevaliers en costumes imaginaires, des jeux entre les combats et un cadre mythologique qui donne un thème à l'ensemble du tournoi. Mais surtout, ce tournoi fut un outil depropagande.Jupiter y représentait l'empereur; lesgéants vaincus par ses éclairs figuraient les princes rebelles qui une décennie plus tôt s'étaient levés contreCharles Quint et Ferdinand, alorsroi des Romains, et qui furent battus lors du combat deMülberg en 1548. Ce tournoi était aussi un avertissement destiné à la noblesse deBohême, toujours instable, de ne pas tenter quelque chose de semblable[7].
Les participants aux tournois encourent un risque important de mort subite, d'autant que les accidents sont nombreux. Ainsi, l'Église décide de prendre des dispositions contre cette pratique. En 1130, auconcile de Clermont, les tournois sont interdits et il est stipulé que tout guerrier mort dans le cadre d'un tournoi sera privé de sépulture ecclésiastique. Ces interdictions sont réaffirmées à l'occasion d'autre conciles :Reims en 1235,Latran II en 1139 etLatran III en 1179.
AuXIIIe siècle, l'Église établit un lien entre la nécessité decroisade et l'interdiction des tournois, ce qui fait qu'une nouvelle interdiction est prononcée aux conciles deLatran IV etLyon I. À partir de la seconde moitié de ce siècle, les pouvoirs royaux se consolident un peu partout dans l'Occident latin et prennent le relais des institutions ecclésiales pour condamner les tournois. Ainsi,Louis IX les condamne en 1260.
Les tournois, substituts à la guerre[14], sont organisés en un véritable calendrier sportif tout au long de l’année, sauf en temps de guerre, et durant lescarêmes précédant les grandes fêtes religieuses :Noël etPâques, mais aussi laToussaint et l’Ascension. La belle saison, qui limite la rouille aux armures de fer, est cependant privilégiée.
Le but est de réaliser des prouesses, pour l’honneur et la réputation, mais aussi de capturer son ennemi, ou son cheval, et ainsi de réaliser un gain, par la revente ou la rançon. Ce gain est généralement dilapidé dans les fêtes qui suivent le tournoi. Celui-ci rassemble ainsi, outre les combattants, nombre d’artisans, prêteurs, qui tous s’enrichissent.
Les chevaliers s’organisent en équipes régionales : Français (du duché de France) contre Normands, Angevins, etc. Ces équipes régionales s’allient parfois à plusieurs les unes contre les autres, selon les affinités : Français-Champenois contreAnglais-Normands, reproduisant les luttes politiques réelles.
Les chevaliers arrivent souvent déjà organisés en équipes au tournoi, chacune menée par un grand seigneur. Ces équipes peuvent s’allier entre elles pour aboutir à une situation où seuls deux camps s’affrontent[15].
Avant le tournoi, lesheaumes ornés de cimiers sont exposés sous les bannières des participants, dans un cloître[16].
Sur le terrain, des recès sont choisis par convention avant le début du tournoi : tout groupe de combattants peut s‘y réfugier pour s’y reformer, comme au cours d’une véritable bataille, les chevaliers se replient à l’arrière pour reprendre leur souffle ou faire redresser un casque.
Plusieurs épreuves ont lieu : commençailles (combats qui ouvrent les joutes, réservés aux débutants, les bacheliers), passes d'armes, béhourds, courses de planchon, tables rondes, emprises d'armes, épinettes, versions populaires de joutes avec mules et bâtons[17].
René d'Anjou, à la suite d'un tournoi donné àBruges en 1393, entre Jean IV van der Aa dit Jean de Bruges, seigneur de Gruuthuse et Gérard de Ghistelles, seigneur de Wasquehal, compose pourLouis de Bruges, fils de Jean IV van der Aa, un traité sur les tournois intituléTraité de la forme et devis comme on peut faire les tournois, avec des illustrations deBarthélemy d'Eyck, dans lequel il réunit, les lois, règlements, usages, cérémonies et détails observés dans ces exercices[18].
Les tournois deviennent courants dans tout l'Occident (en actuelle France, Italie, Allemagne, Pays-Bas et Luxembourg, notamment)[21].
v.1066 :Geoffroy II de Preuilly (Martel) dresse des règles écrites aux tournois[21]. Un texte du chroniqueur anglo-normandMatthieu Paris (1189) attribua longtemps l'invention des tournois (conflictus Gallici) à Geoffroy de Preuilly[23], ce qui n'est pas le cas.
Grand essor du tournoi, avec la fin des guerres seigneuriales[2].
1130 : au concile deClermont d’Auvergne, lepapeInnocent II interdit énergiquement la pratique du tournoi. La chevalerie française ne tient aucun compte de cette interdiction.
1179 : auIIIe concile du Latran, le papeAlexandre III condamne la pratique du tournoi. Malgré la multiplication de ces interdits, le tournoi reste l’activité la plus prisée par les chevaliers qui peuvent y montrer leur force et leur endurance. La chevalerie française, qui collectionne les victoires en tournoi comme sur les champs de bataille ne conçoit pas de mettre un terme à cet « art de vivre »[réf. nécessaire].
À partir de 1230 environ, le tournoi donne lieu à des mises en scène plus élaborées[réf. nécessaire].
1238 : l'Armorial de Bavière mentionne letournoi de Compiègne en "février 1238" [mccxxxviii] mais la date indiquée est probablement erronée (comme de nombreuses armoiries seraient autrement anachroniques); peut-être la date de 1278 [mcclxxviii] est plus probable (les armoiries du roi de Sicile sont celles d'Anjou, pour Charles Ier, r. 1266-1285); le lion de Luxembourg pour « Henri de Luxembourg » serait alors en référence à Henri VI (1240-1288), père de l'empereur Henri VII.
v.1280, les armes courtoises (émoussées) remplacent les armes de guerre : le tournoi est progressivement remplacé par la joute, qui valorise les individualités et met en scène la parade des participants, notamment de haut rang[16].
1285 : letournoi de Chauvency, offert par le comte deChiny et décrit parJacques Bretel, est le tournoi le mieux connu, à la fois en ce qui concerne lesjoutes équestres (plus de 15 décrites, avec présentation deblasons), la mêlée dutournoi et l’ambiance dans les tribunes ou pendant les soirées (chants et danses) durant toutes les festivités.
1310 : L'armorial de Bavière mentionne le tournoi de Mons avec 191 blasons de participants.
1307-1327 : règne d’Édouard II, roi d’Angleterre, qui promulgue en 20 ans pas moins de 40 interdictions de tournois et de joutes.
1345, :Raoul Ier de Brienne, comte d'Eu et de Guînes, connétable de France, est tué d’un coup de lance dans le ventre reçu lors de joutes données à Paris à l’occasion des noces du fils cadet du roi,Philippe d'Orléans[30].
1393 :Tournoi de Bruges, le, où se dispute un combat entre Jean IV van der Aa dit Jean de Bruges, seigneur de Gruuthuse et Gérard de Ghistelles, seigneur de Wasquehal[31]. Ce tournoi se dispute sur la grande place de Bruges, avec d'un côté les 49 chevaliers de Jean de Bruges et 48 du côté de Gérard de Ghistelles[32]. Le nom de Jean de Bruges est devenu célèbre dans la chevalerie, par ce tournoi qu’il donne à Bruges. À la suite de ce tournoi,René d'Anjou, composera pourLouis de Bruges, fils de Jean IV van der Aa, un traité sur les tournois intituléTraité de la forme et devis comme on peut faire les tournois, avec des illustrations deBarthélemy d'Eyck, dans lequel il réunit, les lois, règlements, usages, cérémonies et détails observés dans ces exercices[18]. Ce fut sans doute pour en conserver le souvenir, que Bruges institue, à partir de 1417, les joutes ou tournois de la société dite de « l’Ours blanc », dont le chef, ou plutôt celui qui y remportait le prix de valeur et d’adresse, était pendant l’exercice de ses fonctions, qui durait un an, qualifié de “Forestier”, en mémoire des anciens gouverneurs de la Flandre, que les rois de France, avaient revêtus de ce titre.
1394 : se moquant ouvertement des interdits religieux, des chevaliers français s’affrontent en tournoi déguisés en clercs[réf. nécessaire].
1468 :Charles le Téméraire est contraint de menacer de mort les participants d’un tournoi pour qu’ils cessent la partie donnée en l’honneur de son mariage. Les amateurs de tournois, activité ultra-violente qui cadre mal avec l’air du temps, doivent désormais se contenter des joutes[33].
1559 : le roi de FranceHenri II participe à un tournoi à Paris contre le comte deMontgomery. À la troisième passe, la lance de Montgomery, déviée par l'écu d'Henri pénétra sous la visière de son casque et lui traversa l'œil. Le roi agonisa 10 jours puis mourut. La reineCatherine de Médicis interdit alors tous les tournois et les joutes sur le sol français.
1000 (mars) : à l’occasion de la Pâques, un grand tournoi rassemble la fine fleur de la chevalerie champenoise àTroyes. Nombreux morts et blessés[22].
v.1066 :GeoffroyII de Preuilly (Martel) dresse des règles écrites aux tournois[21]. Un texte du chroniqueur anglo-normandMatthieu Paris (1189) attribua longtemps l'invention des tournois (conflictus Gallici) à Geoffroy de Preuilly[35], ce qui n'est pas le cas.
1130 : au concile deClermont d’Auvergne, lepapeInnocentII interdit énergiquement la pratique du tournoi. La chevalerie française ne tient aucun compte de cette interdiction.
1179 : auIIIe concile du Latran, le papeAlexandreIII condamne la pratique du tournoi. Malgré la multiplication de ces interdits, le tournoi reste l’activité la plus prisée par les chevaliers qui peuvent y montrer leur force et leur endurance. La chevalerie française, qui collectionne les victoires en tournoi comme sur les champs de bataille ne conçoit pas de mettre un terme à cet « art de vivre »[réf. nécessaire].
: le duc de BretagneGeoffroyII Plantagenêt trouve la mort dans un tournoi àParis[24].
v.1280, les armes courtoises (émoussées) remplacent les armes de guerre : le tournoi est progressivement remplacé par la joute, qui valorise les individualités et met en scène la parade des participants, notamment de haut rang[16].
1285 :le Tournoi de Chauvency, offert par le comte deChiny et décrit parJacques Bretel, est le tournoi le mieux connu, à la fois en ce qui concerne lesjoutes équestres (plus de 15 décrites, avec présentation deblasons), la mêlée du tournoi et l’ambiance dans les tribunes ou pendant les soirées (chants et danses) durant toutes les festivités.
1307-1327 : règne d’ÉdouardII, roi d’Angleterre, qui promulgue en 20 ans pas moins de 40 interdictions de tournois et de joutes.
1345, :RaoulIer de Brienne, comte d'Eu et de Guînes, connétable de France, est tué d’un coup de lance dans le ventre reçu lors de joutes données à Paris à l’occasion des noces du fils cadet du roi,Philippe d'Orléans[40].
1393 :Tournoi de Bruges, qui voit s'affronter sur la grande place de Bruges, les 49 chevaliers de Jean de Bruges et les 48 chevaliers du côté de Gérard de Ghistelles[41],[42]. Le nom de Jean de Bruges est devenu célèbre dans la chevalerie, par ce tournoi qu’il donne à Bruges. À la suite de ce tournoi,René d'Anjou, composera un traité sur les tournois intituléTraité de la forme et devis comme on peut faire les tournois, avec des illustrations deBarthélemy d'Eyck, dans lequel il réunit, les lois, règlements, usages, cérémonies et détails observés dans ces exercices et qui définira dès leXVe siècle, les règles des tournois[43]. Ce fut sans doute pour conserver le souvenir du tournoi de 1393, que Bruges institue, à partir de 1417, les joutes ou tournois de la société dite del’Ours blanc, dont le chef, ou plutôt celui qui y remportait le prix de valeur et d’adresse, était pendant l’exercice de ses fonctions, qui durait un an, qualifié de “Forestier”, en mémoire des anciens gouverneurs de la Flandre, que les rois de France, avaient revêtus de ce titre.
1394 : se moquant ouvertement des interdits religieux, des chevaliers français s’affrontent en tournoi déguisés en clercs.
1468 :Charles le Téméraire est contraint de menacer de mort les participants d’un tournoi pour qu’ils cessent la partie donnée en l’honneur de son mariage. Les amateurs de tournois, activité ultra-violente qui cadre mal avec l’air du temps, doivent désormais se contenter des joutes[44].
1559 : le roi de FranceHenriII participe à un tournoi à Paris contre le comte deMontgommery. À la troisième passe, la lance de Montgomery, déviée par l'écu d'Henri pénétra sous la visière de son casque et lui traversa l'œil. Le roi agonisa 10 jours puis mourut. La reineCatherine de Médicis interdit alors tous les tournois et les joutes sur le sol français.
↑abcd etesous la direction de Patrice Franchet-d'Espèrey et de Monique Chatenet, en collaboration avec Ernest Chenière,Les Arts de l'équitation dans l'Europe de la Renaissance, Arles,Actes Sud,, 447 p.(ISBN978-2-7427-7211-7), Les tournois des Habsbourg en Europe centrale (page 370).
↑Tournoi, joute, duel, lice. Les tournois désignaient en Europe, au Moyen Âge, des jeux guerriers très prisés de la noblesse, et tout aussi violents que la guerre et la chasse, ses deux autres activités favorites. Ils dressaient face à face deux hommes à cheval, chacun pourvus d'une lance (on parle alors d'une joute), ou plus souvent deux équipes.
Georges Duby.Guillaume le Maréchal ou le meilleur chevalier du monde, chapitre IV,in Féodalité. Gallimard, 1996. Collection Quarto.p. 1114-1132. Première publication : 1984.
Sébastien Nadot,Le spectacle des joutes. Sport et courtoisie à la fin du Moyen Âge, Presses Universitaires de Rennes,, 396 p..