LeTour de l'URSS a été une compétition cycliste organisée enUnion soviétique. Créée en 1937, l'épreuve sportive eut une périodicité irrégulière. Son nom lui-même est abandonné dans la dernière décennie de l'État soviétique. Déjà attributif du titre deChampion d'Union soviétique de grand fond, au cours des années 1950[1], il est à partir de 1974/1975 une des épreuves qui permet de décerner au lauréat l'un des nombreux titres deChampion d'URSS, celui deChampion d'Union soviétique de Course à étapes.
Paris,, journalL'Humanité, rubrique « sports » - LeTour de France1936 est en journée de repos sur les bords du Lac deGenève. Peu d'éléments à transcrire. Les journalistes du quotidien duParti communiste français meublent une demi-page comme ils peuvent. L'un[2] s'entretient du beau temps et de la pluie, avecAntonin Magne. L'autre[3] intéresse le lecteur en lui faisant découvrir leTour de France du Front populaire. L'autre demi-page rend compte des travaux du Conseil national de laFSGT. Reste un « pavé » en milieu de page : Le Tour de l'URSS cycliste, écrit au temps futur : 2 341 kilomètres, 13 étapes, Les concurrents seront divisés en 2 groupes. Le premier courra sur des bicyclettes de course, le second groupe utilisera... des « vélos de route ». Des vitesses moyennes minimum seront imposées : 24 km/h, pour les coursiers, 20 km/h pour les vélos routiers. Une épreuve éliminatoire aura lieu le[4], entreLeningrad etMoscou, doublée des épreuves du Championnat de l'URSS de cyclisme. Le but sera d'atteindre une centaine de coureurs.
, journalL'Humanité[5], page des sports et programmes radio, revoilà leTour de l'URSS cycliste. Si une annonce publicitaire placée opportunément sous les 24 lignes d'une colonne peu valorisée vante les « cycles International », l'adjectif ne s'applique pas au nouveau-né. Soviétiques sont les 128 coureurs au départ du périple de 2 594 kilomètres. Ils sont répartis en deux groupes inégaux : la catégorie « course » rassemble 106 sportifs, la catégorie « tourisme » (sic) réunit 22 concurrents avec les cycles du même tonneau. Dix-sept jours de courses, 3 jours de repos. La caravane, en rien publicitaire, regroupe 100 véhicules (cela semble un exploit) dédiés aux personnels et aux « arbitres ».
De « tour » de l'URSS la course n'en a que le nom. Trois Républiques fédératives sur les onze que compte alors l'URSS sont visitées par les coureurs :
Originaire d'Odessa où il est né en 1910, le vainqueur est âgé de 27 ans. Pratiquant le ski de fond, le cyclisme sur piste et sur route,Mikhaïl Rybaltchenko (uk) est un athlète protéiforme, adepte des longues distances. Selon ses biographes, il aurait en 1935, en compagnie de quatre coéquipiers duDynamo deKiev, accompli le trajetOdessa-Vladivostok à vélo de course....
Sa saison 1937 est une addition de performances :
Champion de l'Union soviétique, dans l'épreuve sur route, en 1938, Rybaltchenko, comme l'ensemble des sportifs soviétiques voit sa « carrière » sportive s'interrompre le[9]
Par le biais du même journal français[10], le deuxièmeTour cycliste de l'URSS trouve un écho durant l'été 1938[11]. L'aire géographique de la compétition est encore limitée à l'URSS de l'ouest, mais elle s'étend vers le nord.Léningrad est inclus dans le parcours. La distance à parcourir s'allonge de 700 kilomètres, le nombre des étapes passe de 13 à 20.
Le, le peloton de 125 coureurs, tous soviétiques, prend la route de Moscou pourToula. Le seul vainqueur d'étape que cite la chronique est celui qui triomphe ce premier jour, Serebriakov, un étudiant âgé de 20 ans, élève de l'Institut industriel deSverdlovsk. Un profil idéal pour populariser auprès des lecteurs occidentaux le sport soviétique. La classe ouvrière, jeune, moderne et avide de connaissances conquiert le « haut du pavé », dans une course dynamique, dans une discipline (le cyclisme) dont l'essor rappelle un Tour de France au faîte de sa popularité. Son équipe,Les métallurgistes de l'Orient, le nom même de son Université, qui fait référence à un des fondateurs du régime[12] contribuent à la construction de l'image nomméeTour de l'URSS. Après lestakhanoviste Rybaltchenko, place aux jeunes techniciens. Mais ce n'est qu'un vainqueur[13] d'une courte étape (166 km)...
Trois mille deux cents kilomètres et 108 heures de pédalage plus tard, c'est un certainDenissov qui triomphe àMoscou. Une fois encoreL'Humanité tient au courant ses lecteurs. Ceux-ci apprennent que la lutte a été chaude entre les deux principales équipes celle duDynamo, à laquelle appartient le vainqueur, et celle duSpartak, emmenée par le challenger Boukriev. La société sportive Dynamo est la plus ancienne structure sportive créée après laRévolution d'Octobre. Le sport soviétique avait hérité des sociétés sportives mises en place avant 1917, mais dès la fin de la Guerre civile l'État prenait en main son organisation. Créé en 1920[14] le Conseil supérieur de la culture physique, dépendant de... la Direction principale de la préparation militaire, devient en 1923 un Conseil permanent près du Gouvernement. 1923, c'est aussi l'année de création de la société sportive Dynamo qui s'adresse aux membres de la milice. Mais étant seul sur le « marché », cette société sportive ne pouvait organiser, ni encadrer l'ensemble du mouvement sportif soviétique. En 1935 les membres des coopératives artisanales se regroupent dans une autre société, leSpartak. Chacune était omnisport, encourageait à la création de clubs locaux, d'infrastructures sportives. Le compte-rendu laconique résumant en peu de lignes le déroulement du deuxième Tour de l'URSS note précisément qu'une chose : « la rivalité des deux grands clubs ». Alors qu'en 1937, Rybaltchenko semblait inexpugnable, et anormalement seul, l'édition de 1938 marque la naissance du cyclisme de compétition routière, comme il se pratiquait dans le reste de l'Europe.
L'écart séparant le vainqueur de son second, chiffré en heures l'année précédente est en cet été 1938 de 31 minutes et 25 secondes. Le troisième accuse 36 minutes de retard sur le vainqueur. Une preuve supplémentaire de la normalisation de la course tient dans le fait du nombre important d'abandons. Partis 117 de Moscou, ils ne sont que 88 à revenir « au port ». Soit environ 25 % de « pertes ».
Un mois plus tôt, auTour de FranceGino Bartali avait distancéFélicien Vervaecke de 18 minutes et 27 secondes, etVictor Cosson de 29 minutes et 26 secondes. 55 des 96 partants avaient ralliés Paris, soit un déficit de 42 %.
À lire les différents « livres d'or » du cyclisme et du sport, il est à se demander si le Tour de l'URSS a existé... Hormis un annuaire belge consacré au vélo, qui publie de façon irrégulière des résultats concernant le cyclisme soviétique, les sources possibles sont à peu près muettes. Cela ne concerne pas uniquement le Tour de l'URSS, mais l'ensemble de l'activité cycliste à l'intérieur des quinze Républiques formant l'Union soviétique. Si on observe les magazines cyclistes français, le pointage[15] relève quatre mentions : en 1973, 1975, 1985, et 1989[16]. Les différents autres « tours cyclistes » sont cités régulièrement dans les récapitulations de fin d'année, pas celui de l'URSS qui demeure jusqu'en 1988 une course réservée aux coureurs soviétiques. Cela ne lui ôte pas son existence, ni sa fonction de dégager de la masse des cyclistes soviétiques deséléments qui vont « guerroyer » pacifiquement dès le printemps venu, sur les différentes routes d'Europe, d'Amérique et d'Afrique qui s'ouvrent à eux.
En 1973, le correspondant spécial du journalL'Équipe date sa correspondance depuis la ville deTallinn capitale de la république d'Estonie : « Cette année la course s'est déroulée entreVilnius et Tallinn (...) Elle a emprunté les routes goudronnées et asphaltées du littoral de la Mer Baltique. » Ce détail le surprend plus que l'itinéraire dont il remarque que « ce plat pays, privé de montagnes n'a pas permis de vérifier les qualités de grimpeur des coureurs soviétiques. »
Il est peu aisé de savoir si ce parcours s'inscrit dans une rotation périodique du Tour de l'URSS hors de ses bases russes, ukrainiennes et biélorusses. Lorsqu'il reprend après la guerre, le parcours reprend les routes explorées en 1937-1938. Pour l'année 1953, le Tour pénètre plus profondément enUkraine, puisqu'il fait étape àKharkov. La ville industrielle abrite la principale usine productrice des vélos soviétiques. En onze étapes, de Moscou, via Kharkov, Kiev, Minsk, les coureurs retrouvent Moscou. En1955, la boucle itinéraire est parcourue en sens inverse : Moscou-Minsk-Kiev-Kharkov-Moscou, en 15 étapes. Il en est de même en 1956. Pour les années1957 et1958, il est possible de connaître la course[17] dans son détail.
Les informations sur le Tour de l'URSS, sont lacunaires durant la décennie 1970-1980. Le nom de l'épreuve semble disparaître à partir de 1977, et lorsqueSergueï Soukhoroutchenkov l'accroche à son palmarès en 1978 c'est sous le nom deGrand prix du « Journal socialiste de l'Industrie ». À partir de 1981, seule réapparait[18] la mention duChampionnat d'URSS des courses à étapes.
étape | Parcours | Distance | Vainqueur de l'étape | leader de la course |
1 | Moscou-Gjiast | 173 km | ![]() | ![]() |
2 | Gjiast-Smolensk | 225 km | ![]() | ![]() |
3 | Smolensk-Orcha | 133 km | ![]() | ![]() |
4 | Orcha-Minsk | 236 km | ![]() | ![]() |
5 | Minsk-Bobruisk | 214 km | ![]() | ![]() |
6 | Bobruisk-Gomel | 177 km | ![]() | ![]() |
7 | Gomel-Tchernigov | 109 km | ![]() | ![]() |
8 | Tchernigov-Kiev | 149 km | ![]() | ![]() |
9 | Kiev-Lubny | 199 km | ![]() | ![]() |
10 | Lubny-Poltava | 141 km | ![]() | ![]() |
11 | Poltava-Kharkov | 163 km | ![]() | ![]() |
12 | Kharkov -Koursk | 228 km | ![]() | ![]() |
13 | Koursk-Orel | 158 km | ![]() | ![]() |
14 | Orel-Toula | 179 km | ![]() | ![]() |
15 | Toula-Moscou | 172 km | ![]() | ![]() |
étape | date | Parcours | Distance | Vainqueur de l'étape | leader de la course |
1 | Moscou-Gjiast | 172 km | ![]() | ![]() | |
2 | Gjiast-Smolensk | 228 km | ![]() | ![]() | |
3 | Smolensk-Orcha | 130 km | ![]() | ![]() | |
4 | Orcha-Minsk | 226 km | ![]() | ![]() | |
5 | Minsk-Bobruisk | 217 km | ![]() | ![]() | |
6 | Bobruisk-Gomel | 179 km | ![]() | ![]() | |
7 | Gomel-Tchernigov | 110 km | ![]() | ![]() | |
8 | Tchernigov-Kiev | 141 km | ![]() | ![]() | |
9 | Kiev-Lubny | 201 km | ![]() | ![]() | |
10 | 1er juillet | Lubny-Poltava | 142 km | ![]() | ![]() |
11 | Poltava-Kharkov | 164 km | ![]() | ![]() | |
12 | Kharkov-Koursk | 224 km | ![]() | ![]() | |
13 | Koursk-Orel | 158 km | ![]() | ![]() | |
14 | Orel-Toula | 181 km | ![]() | ![]() | |
15 | Toula-Moscou | 181 km | ![]() | ![]() |
Le classement général final 1957
rang | coureur | équipe | écart |
1er | Yuri Koledov | ZSK MO | - |
2e | Evgeni Nemitov | à 4 min 53 s | |
3e | Nikolaï Sirotin | ZSK MO | à 14 min 57 s |
4e | Evgeni Klevtzov | ZSK MO | à 16 min 01 s |
5e | Anatoli Olizarenko | Réserve du Travail | à 30 min 06 s |
6e | Pavel Vostriakov | Avant-Garde | à 40 min 16 s |
7e | Aikaram Bajadian[67] | (Arménie) Spartak | à 49 min 39 s |
8e | Anatoli Bolotin | ZSK MO | à 52 min 09 s |
9e | Mikhaïl Kourbatov | Torpedo | à 54 min 31 s |
10e | Gainan Saidschushin | Métal | à 57 min 28 s |
étape | Parcours et République traversée | Distance | Vainqueur de l'étape | leader de la course |
1 | Minsk (Biélorussie)-Vilnius (Lituanie) | 212 km | ![]() (Leningrad) | ![]() |
2 | Vilnius -Kaunas (Lituanie) | 105 km | ![]() (Ukraine) | ![]() |
3 | Kaunas -Siauliai (Lituanie) | 175 km | ![]() (Russie) | ![]() |
4(a) | Siauliai -Riga (Lettonie) contre-la-montre | ? | ![]() | |
4(b) | (en ligne) | ? | ![]() | ![]() |
5 | Riga (Lettonie) -Pärnu (Estonie) | 183 km | ![]() | ![]() |
6 | Pärnu -Tallinn (Estonie) | 138 km | ![]() (Estonie) | ![]() |
7 | Tallinn -Narva (Russie) | 226 km | ![]() (Moscou) | ![]() |
8 | Narva -Leningrad (Russie) | 150 km | ![]() (Leningrad) | ![]() |
9 | Leningrad -Novgorod (Russie) | 177 km | ![]() | ![]() |
10 | Novgorod -Valdi (Russie) | 140 km | ![]() (Russie) | ![]() |
11 | Valdi -Kalinin (Russie) | ![]() (Ukraine) | ![]() | |
12 | Kalinin -Moscou | ![]() |
Le classement général final 1958
rang | coureur | équipe | écart |
1er | Nikolaï Etschenko | RSSUkraine | |
2e | Viktor Romanov | Leningrad | à 3 min 31 s |
3e | Alexei Podjablonski | Moscou | à 5 min 54 s |
4e | Filipov | RSFSRussie | à 8 min 39 s |
5e | Nikolaï Sirotin | Moscou | à 8 min 41 s |
6e | Nikolaï Bobarenko | RSRSRussie | à 13 min 41 s |
7e | Vasilievski | RSSBiélorussie | à 15 min 57 s |
8e | Bobtin | Moscou | à 17 min 20 s |
9e | V. Volkov | RSSUkraine | à 19 min 34 s |
10e | Romanov II | RSFSRussie | à 21 min 57 s |
étape | Parcours | Distance | Vainqueur de l'étape | leader de la course |
1 | Kiev-Jitomir | 136 km | ![]() (Estonie) | |
2 | Jitomir-Rivne | 186 km | ![]() (Estonie) | |
3 | Rivne-Lviv | 215 km | ![]() (Russie) | |
4 | Lviv-Stryï | 137 km | ![]() (Ukraine) | |
5 | Stryï-Moukatchevo | 157 km | ![]() (Estonie) | |
6 | Moukatchevo-Rakhiv | 196 km | ![]() (Ukraine) | |
7 | Rakhiv-Stanislav | 146 km | ![]() (Ukraine) | |
8 | Stanislav-Tchernivtsi | 146 km | ![]() (Estonie) | |
9 | Ternopil-Vinnitsa | 240 km | ![]() (Ukraine) | |
10 | Vinnitsa-Bila Tserkva | 180 km | ![]() (Géorgie) | |
11 | Bila Tserkva-Kiev | 135 km | ![]() (Lettonie) |
Le classement général final 1962
rang | coureur | équipe | écart |
1er | Ants Väravas | RSSEstonie | |
2e | Anatoli Olizarenko | Leningrad | à 3 min 48 s |
3e | Serguei Kholmogorov | RSFSRussie | à 4 min 09 s |
4e | Romashov | RSFSRussie | à 4 min 15 s |
5e | Arkadi Amatuni | RSSUkraine | à 5 min 13 s |
6e | A. Abdalov | Moscou | à 7 min 24 s |
7e | Ants Adamson | RSSEstonie | à 7 min 37 s |
8e | |||
9e | |||
10e |
Le classement général final 1963
rang | coureur | équipe | écart |
1er | Ants Väravas | RSSEstonie | |
2e | Adolf Liyuty | RSSUkraine | à 43 s |
3e | Guennadi Lebediev | RSSTurkménie | à 1 min 50 s |
4e | Nikolaï Grebenchtchikov | RSSKazakhstan | à 2 min 00 s |
5e | A. Abdalov | Moscou | à 2 min 14 s |
6e | Aleksandr Pavlov | RSSLettonie | à 3 min 08 s |
7e | |||
8e | |||
9e | Kalju Koch | RSSEstonie | à 4 min 08 s |
10e |