LeTour de Lombardie (enitalien :Giro di Lombardia), officiellement nomméIl Lombardia, est une coursecycliste italienne créée en1905. La course est traditionnellement la dernière des cinqClassiques« Monuments » de la saison et est considérée comme l'une des courses d'un jour les plus prestigieuses ducyclisme sur route. Elle se dispute à l'automne, le plus souvent le troisième week-end d’octobre, ce qui lui vaut le surnom deClassique des feuilles mortes, qu'elle partage avecParis-Tours. Elle se court sur un parcours difficile, entre les lacs et les montagnes deLombardie. La montée la plus célèbre de la course est laMadonna del Ghisallo dans le final de la course.
La première édition a lieu en 1905. Depuis sa création, le Tour de Lombardie est la grande Classique avec le moins d'interruptions, seules les éditions de 1943 et 1944 ont été annulées en raison de la guerre. En raison de son parcours exigeant, la course est considérée comme une Classique pourgrimpeurs. L'ItalienFausto Coppi détient le record de succès avec cinq victoires (1946 à 1949 et 1953), égalé en 2025 par le SlovèneTadej Pogačar, qui remporte les 5 éditions courues de 2021 à 2025.
Cette Classique, autrefois inscrite au calendrier de laCoupe du monde, fait désormais partie de l'UCI World Tour.
Le Tour de Lombardie est créé à la suite d'une idée du journaliste sportifTullo Morgagni. Morgagni veut donner au coureur milanaisPierino Albini l'occasion de se venger après sa défaite face àGiovanni Cuniolo lors de la « Coppa del Re » (Coupe du Roi). Son journal, LaGazzetta dello Sport, organise une nouvelle course en tant que « revanche » le 12 novembre 1905, intitulée Milan-Milan (Milano-Milano en italien). La course attire de grandes foules le long du parcours et se termine à Milan par la victoire deGiovanni Gerbi, à l'époque une des stars du cyclisme. Il remporte la course 40 minutes devantGiovanni Rossignoli etLuigi Ganna[1].
Le Français Henri Pélissier gagne le Tour de Lombardie en1911 au sprint.
La course est rapidement devenue un événement incontournable en tant que clôture de la saison cycliste italienne et européenne.
Elle connait une seule interruption de deux ans, en 1943 et 1944, à l'occasion dusecond conflit mondial. Elle a rapidement attiré des coureurs étrangers, et un Français,Gustave Garrigou s'y est imposé dès 1907, l'année où elle est renommée Tour de Lombardie. Après des années pionnières, la course est dominée à tour de rôle par le FrançaisHenri Pélissier et les héros locauxGaetano Belloni etCostante Girardengo, qui ont tous remporté la course trois fois.
Recordman des victoires,Fausto Coppi a remporté la course à cinq reprises entre 1946 et 1954.
Des années 1930 aux années 1950,Alfredo Binda,Gino Bartali etFausto Coppi, icônes du cyclisme italien, sont les protagonistes principaux et immortalisent la course avec leurs exploits. Coppi a remporté la course 5 fois (dont 4 victoires consécutives) et Binda 4 fois. Coppi termine en solitaire lors de chacune de ses victoires, avec une stratégie immuable d'attaquer sur laMadonna del Ghisallo et de maintenir son avance jusqu'à l'arrivée à Milan. Gino Bartali obtient un record de 9 podiums (3 victoires, 4 deuxièmes places et 2 troisièmes places).
Lacourse de 1956 reste une bataille particulièrement notable dans l'histoire de la course. À 60 kilomètres de l'arrivée, une échappée se forme avec Fausto Coppi, à la recherche de sa sixième victoire. Le coureur italienFiorenzo Magni absent de l'échappée, se retrouve plus loin derrière lorsqu'une voiture le double avecGiulia Occhini, la célèbre maîtresse de Coppi, assise à l'arrière. Les deux ne s'entendaient pas et lorsque la voiture le dépasse, Magni la voit se moquer de lui. Enragé, il se lance dans une improbable poursuite et réussit à ramener le peloton sur les échappés dans les derniers kilomètres. Alors que Coppi et lui se disputent la victoire sur leVélodrome Vigorelli,André Darrigade réalise un sprint resté dans la légende, reléguant ainsi Coppi et Magni aux deuxième et troisième places[2],[3].
En 1961, l'arrivée du Tour de Lombardie est déplacée de Milan àCôme et l'identité de la course change fondamentalement. Le classique final plat de l'arrivée à Milan est remplacé par une spectaculaire arrivée aulac de Côme, à seulement six kilomètres du sommet de la dernière ascension. Malgré un retour occasionnel à Milan, la course développe une nouvelle identité, définie par une série de montées difficiles dans un paysage montagneux[4].
Au fil des ans, la course est dominée principalement par des coureurs italiens. Le FrançaisHenri Pélissier et l'IrlandaisSean Kelly sont les seuls coureurs étrangers à gagner la course trois fois. La légende du cyclismeEddy Merckx remporte trois victoires consécutives de 1971 à 1973, mais sa dernière victoire est annulée après un contrôle antidopage positif et est attribuée àFelice Gimondi initialement deuxième[5].
L'édition 1974 donne naissance à une autre anecdote mémorable. Eddy Merckx veut prendre sa revanche, mais son compatriote belgeRoger De Vlaeminck attaque tôt dans la course, ce qui pousse Merckx à faire en sorte que son équipe travaille à sa poursuite. De Vlaeminck, qui n'a pas vraiment l'intention de continuer en solitaire, s'arrête et se cache derrière un buisson pour laisser passer le peloton. Il retourne à l'avant du peloton et demande en plaisantant à un Merckx surpris « Qui sont-ils en train de pourchasser ? ». De Vlaeminck remporte finalement la course devant Merckx[6].
Pendant près de 70 ans, la course est baptisée "il Mondiale d'Autunno" en Italie (le « championnat du monde d'Automne »), le véritable championnat du Monde ayant lieu à la fin de l'été. Il perd ce rôle particulier en 1995 lorsque l'Union cycliste internationale (UCI) révolutionne le calendrier cycliste international et déplace lechampionnat du monde d'août à octobre, une semaine avant le Tour de Lombardie. Elle reste néanmoins la dernière course importante de la saison européenne, et s'affirme progressivement comme une des courses d'un jour majeures du calendrier.
De 1988 à 2004, le Tour de Lombardie est la dernière étape de laCoupe du monde et est souvent la course décisive de cette compétition. En 1997,Michele Bartoli devait devancerRolf Sørensen dans la course pour remporter le général de laCoupe du monde 1997. Pendant 30 kilomètres, il effectue seul le travail dans une échappée de quatre coureurs, sacrifiant ses chances de remporter le sprint. L'édition est remportée par le FrançaisLaurent Jalabert, Bartoli terminant quatrième et s'adjugeant la Coupe du monde[7].
La course est devenue la plus importante des Classiques d'automne avecParis-Tours enFrance, remportée principalement par les sprinteurs ou des baroudeurs. Cependant, au début du21e siècle, Paris-Tours perd son statut de course duUCI World Tour et le Tour de Lombardie reste la grande Classique de l'automne, l'uniqueClassique « Monument » de la fin de l'année. Triple vainqueur entre 2004 et 2008,Damiano Cunego devient le dernier à rejoindre la caste des coureurs à trois victoires.
En 2006, la course célèbre sa100e édition, remportée parPaolo Bettini, une semaine après être devenu champion du monde. L'édition est particulièrement émouvante car le frère de Bettini est décédé dans un accident de voiture cinq jours seulement avant la course et l'Italien s'est montré ému lorsqu'il a franchi la ligne d'arrivée[8]. Bettini est l'un des sept coureurs à avoir remporté le Tour de Lombardie après être devenu champion du monde plus tôt la même année. Les six autres sontAlfredo Binda,Tom Simpson,Eddy Merckx,Felice Gimondi,Giuseppe Saronni etOscar Camenzind.
Depuis 2012, le championnat du monde et le Tour de Lombardie sont placés fin septembre ou début octobre selon les années, alors que le nom de la course est officiellement devenuIl Lombardia. La course est désormais la Classique par excellence pour permettre aux coureurs de se venger du championnat du monde ou de réaliser une "Double victoire d'automne". Dans les années 2010,Philippe Gilbert,Joaquim Rodríguez etVincenzo Nibali ont tous remporté la course à deux reprises.
En 2024, leSlovèneTadej Pogačar réalise un quadruplé[11] consécutif et historique 75 ans après le quadruplé deFausto Coppi de 1946 à 1949. Il remporte les éditions2021 et2022 dans un sprint à deux et les éditions2023 et2024 en solitaire. Il se rapproche à une victoire du record absolu lui aussi détenu parFausto Coppi la légende aux cinq couronnes sur ceMonument.
Comme la plupart desClassiques ducyclisme, le parcours se développe au fil des ans et le Tour de Lombardie subit plus de changements que tout autre Classique « Monument ». Depuis les années 1960, il se distingue par son parcours vallonné et varié autour dulac de Côme, au Nord-Est deMilan, avec une arrivée plate dans l'une des villes situées au bord du lac.
Son symbole est l'ascension de laMadonna del Ghisallo, l'un des sanctuaires emblématiques du cyclisme. La montée commence près deBellagio, au bord du lac de Côme, et se poursuit jusqu'à l'église de la Madonna del Ghisallo (754 mètres),patronne universelle des cyclistes. Au fil des ans, elle est devenue indissociable de la course et du cyclisme en général. C'était l'ascension préférée des grands cyclistesFausto Coppi etGino Bartali, qui l'ont rendue immortelle. L'église sert également de musée contenant des objets religieux et liés au cyclisme[12].
En1960, leMur de Sormano, une montée extrêmement difficile de 2 kilomètres arrivant à 1 105 mètres d'altitude, avec une pente de 15,8 %, est gravi pour la première fois par les coureurs, mais il ne reste dans le parcours de la course que pour trois éditions, jusqu'en1962, année oùErcole Baldini établit le record de l'ascension en9 min 24 s. Réintroduit par l'organisateur en2012, ce record a depuis été battu parJoaquim Rodríguez etRomain Bardet lors de l'édition2012 avec un temps d'un peu moins de 9 minutes.
À l'origine, le Tour de Lombardie est couru deMilan à Milan et, comme de nombreuses classiques du cyclisme, des ascensions sont progressivement introduites sur le parcours, dans le but de rendre la course plus exigeante. En 1961, l'arrivée est déplacée àCôme et le caractère de la course change fondamentalement. La partie longue et plate menant à l'arrivée à Milan est abandonnée ; à sa place, l'arrivée est déplacée en bord de lac, à seulement 6 kilomètres du sommet de la dernière montée. Le parcours subit généralement quelques changements chaque année, parfois une refonte complète, pour être modifiée à nouveau lors de l'édition suivante.
De 1984 à 1989, l'arrivée revient à Milan et en 1990 dans la banlieue deMonza, invitant les attaquants à effectuer des échappées sur de longues distances. De 1995 à 2003, l'arrivée est àBergame avec le Colle del Gallo (Col Gàl enBergamasque) comme dernière ascension de la journée. Le Colle del Gallo, avec son sanctuaire de la « Madonna dei ciclisti » au sommet, se révèle souvent décisif.
En 2004, après vingt ans, la ligne d'arrivée fait son retour au bord dulac de Côme, avec la montée courte mais raide deSan Fermo della Battaglia juste avant l'arrivée. L'édition 2010 a vu la réintroduction du fameuxMur de Sormano, une ascension spectaculaire avec une pente maximale de 25%, qui remplace le Civiglio après le Ghisallo[13].
En 2011, le parcours est entièrement renouvelé, avec une première arrivée àLecco. Le Sormano est de nouveau inclus, mais est grimpé avant le Ghisallo. Après le Ghisallo, une partie plate conduit à la dernière montée de la course : la Villa Vergano àGalbiate. Après la descente, il ne reste que 3 kilomètres jusqu'à l'arrivée à Lecco. L'ascension de 3,4 kilomètres de la Villa Vergano est notamment l'endroit décisif des éditions 2011 et 2012[14].
En 2014, l'arrivée est déplacée àBergame. L'organisateurRCS MediaGroup annonce que de 2014 à 2017, l'arrivée du Tour de Lombardie alternerait entre Bergame et Côme. Cette alternance se poursuit encore actuellement.
Le Tour de Lombardie est considéré comme la Classique desgrimpeurs et l'une des courses les plus difficiles de la saison, en raison de sa longueur (environ 255 km) et de ses ascensions célèbres. Dans l'époque moderne, le parcours comporte généralement cinq ou six montées importantes. La plus connue d'entre elles est laMadonna del Ghisallo, l'un des rares lieux fixes de la course. La montée fait 10,6 kilomètres de long, avec une pente moyenne de 5,2 % et des passages à plus de 10 %.
Parce que le parcours comporte généralement une descente et une partie plate à l'arrivée, les principaux prétendants sont des coureurs dotés d'un large éventail de compétences. En tant que tel, le parcours favorise les grimpeurs avec une bonne pointe de vitesse ausprint et même les spécialistes desgrands tours. Le spécialiste ducontre-la-montreTony Rominger remporte le Tour de Lombardie à deux reprises dans les années 90 et le vainqueur duTour de France,Vincenzo Nibali gagne les éditions2015 et2017 après une attaque en descente[15],[16]. La course est souvent comparée àLiège-Bastogne-Liège, la classique monument qui a lieu en Belgique plus tôt dans l'année. Les deux classiques ont un parcours vallonné similaire et présentent un palmarès similaire depuis les années 1960, mais sont de caractéristiques différentes. Les montées de la Lombardie sont généralement plus longues que celles desArdennes belges et plus dispersées sur le parcours. Liège-Bastogne-Liège compte une douzaine d'ascensions catégorisées, généralement plus courtes et plus raides, se succédant plus rapidement que dans le Tour de Lombardie[17].
En raison de sa position à l'automne comme l'une des dernières classiques de l'année, cette course est communément surnommée la « Classique des feuilles mortes ». Par conséquent, la météo joue à plusieurs reprises un rôle décisif dans la difficulté de la course. Par mauvais temps - assez commun en Lombardie - l'épreuve est souvent une course exténuante où les coureurs les plus forts attaquent bien avant l’arrivée. Les éditions de 2006, 2010 et 2012 ont été exceptionnellement pluvieuses. En 2010,Philippe Gilbert etMichele Scarponi ont attaqué à 40 kilomètres de l'arrivée. Gilbert a distancé Scarponi sur leSan Fermo della Battaglia et a remporté la course. En 2012, celui-ci a chuté dans une descente mouillée.
Lorsque les conditions météorologiques sont favorables, les équipes sont en mesure de contrôler la course plus facilement et les attaques décisives arrivent plus tard dans la course. Les jours ensoleillés, les feuilles des arbres dessinent généralement un sentier doré autour de la Lombardie et la couverture télévisée diffuse de nombreuses images aériennes du paysage entourant le lac de Côme. La presse italienne, qui n'hésite jamais à introduire une épithète poétique, a également inventé l'expression « La classique romantique » pour désigner la course[4].
Un aperçu des ascensions principales traversées par le Tour de Lombardie. Comme le parcours change chaque année, toutes les montées ne sont pas incluses dans la même édition.
Le « Trittico di Autunno » (Triptyque d'automne) est le nom officieux donné aux trois classiques italiennes qui se tiennent dans les régions de laLombardie et duPiémont dans le nord de l'Italie, au début du mois d'octobre, à savoir :Milan-Turin, leTour du Piémont et le Tour de Lombardie. Les trois courses, bien que désormais toutes organisées parRCS Sport, ne sont pas officiellement liées, contrairement par exemple auTrittico Lombardo (Triptyque Lombard) qui précède de quelques jours ces classiques, et au terme duquel un prix est généralement attribué au coureur qui a obtenu les meilleurs résultats dans les trois courses de l'épreuve.
Le Triptyque d'automne se déroule dans un délai de quatre jours, la semaine suivant le championnat du monde.Milan-Turin a lieu le jeudi après le mondial, leTour du Piémont le vendredi et le Tour de Lombardie est la course de clôture le dimanche. Le Tour de Lombardie est l'apogée, la course la plus difficile et sans équivoque la plus importante de ce trio officieux.
Les trois courses ont une histoire riche, remontant à plus d'un siècle. Milan-Turin, avec sa première course en 1876, est la plus ancienne classique au monde, trois décennies plus âgées que le Tour de Lombardie. Jusqu'en 1986, puis de 2005 à 2007, Milan-Turin est organisée au printemps. Depuis 1987, les trois courses se déroulent à l'automne, initialement mi-octobre et depuis 2012 deux semaines plus tôt. Milan-Turin et le Tour du Piémont ont tous deux souffert de problèmes de continuité dans le passé, mais sont de retour sur le calendrier en 2015[réf. souhaitée]. Pour de nombreux coureurs, en particulier italiens, Milan-Turin et le Tour du Piémont (tous deux longues de 200 kilomètres) sont les courses références pour préparer le Tour de Lombardie.
Le Tour de Lombardie est l'un des cinqmonuments du cyclisme, l'un des deux monuments italiens avecMilan-San Remo. Milan-San Remo, surnommé la « Primavera » a lieu au printemps et est considérée comme une course desprinteurs, tandis que le Tour de Lombardie a lieu à l'automne et est considérée comme une course degrimpeurs. Au total, 21 coureurs ont remporté les deux courses au moins une fois dans leur carrière. Le dernier en date estVincenzo Nibali vainqueur deMilan-San Remo en 2018 après ses succès sur le Tour de Lombardie en 2015 et 2017.
Gagner Milan-San Remo et le Tour de Lombardie la même année est considéré comme leSaintGraal dans le cyclisme italien. La performance est surnommée par la presse italienne comme « La Doppietta » (Le Doublé)[19]. Sept coureurs ont réalisé cet exploit pour un total de dix reprises. Fausto Coppi l'a fait trois fois, Eddy Merckx est le dernier coureur à l'avoir réalisé.
Encore plus rare est la combinaison de remporter les trois grandes courses cyclistes italiennes la même année, à savoir dans l'ordreMilan-San Remo, leTour d'Italie et le Tour de Lombardie. Ce triplé italien s'est produit deux fois :
Les deuxClassiques des feuilles mortes se déroulent généralement à une semaine d'intervalle, mais le doubléParis-Tours et Tour de Lombardie reste rare dans l'histoire, car les profils de ces deux courses sont radicalement différents. Seuls trois coureurs ont réalisé ce doublé :Rik Van Looy en 1959,Jo de Roo en 1962 et 1963, etPhilippe Gilbert en 2009.Philippe Thys a lui aussi gagné les deux courses la même année (en 1917), mais à l'époque Paris-Tours se court au printemps.