LeTour de France 1975 est la62e édition duTour de France,course cycliste qui s'est déroulée du26 juin au sur 22 étapes pour 4 000 km. Le départ du Tour a lieu àCharleroi ; l'arrivée se juge sur lesChamps-Élysées à Paris. Le FrançaisBernard Thévenet remporte pour la première fois la course après un très beau duel avec le quintuple vainqueur de l'épreuve, le BelgeEddy Merckx. Cette défaite du « Cannibale » marque la fin symbolique de son règne sur le Tour de France mais aussi sur le cyclisme international qu'il domine outrageusement depuis la fin des années 1960[1],[2].
Création du maillot du meilleur grimpeur, le maillot à pois.
Création du maillot du meilleur jeune, le maillot blanc.
Suppression des bonifications dans les étapes de plaine.
14 formations de 10 coureurs sont présentes au départ. Une seule formation, la Bianchi, arrive complète àParis, et une autre est dissoute avant la vue de la capitale.
Pendant la montée dupuy de Dôme,Eddy Merckx reçoit de la part d'un spectateur un violent coup de poing au foie qui, selon le champion belge, par les conséquences qu'il a eues sur son organisme, a provoqué sa défaite.
C'est la première fois que le Tour arrive sur lesChamps-Élysées.
Il aura pour adversaireLuis Ocaña, qui avait menacé le Belge en 1971 et l'avait emporté en 1973 en l'absence de ce dernier. Sachant qu'il s'agit là d'un tour particulièrement montagneux,Joop Zoetemelk, qu'un très grave accident au Midi Libre avait écarté du tour 1974, est attendu parmi les concurrents du « cannibale ». On verra les débuts dans le tour du jeune ItalienFrancesco Moser.Le favori des Français estBernard Thévenet, qui vient d'emporterle Dauphiné Libéré en distançant Eddy Merckx de plus de dix minutes.Mais Merckx, après un début de saison où il a couru toutes les classiques, remportant Milan-San-Remo, l'Amstel Gold Race, le Tour des Flandres et Liège-Bastogne-Liège (devant Thévenet) sans compter les places d'honneur (deuxième de Paris-Roubaix, troisième de la Flèche wallonne), était lors du Dauphiné dans une période de préparation du tour.
Dès la première étape cependant, la vraie bagarre commence. Entre Molenbeek et Roubaix, Merckx a attaqué dans la côte d'Alsemberg et piégé bon nombre de concurrents : Bernard Thévenet abandonne près d'une minute, et Ocaña davantage encore. Merckx sait qu'il a intérêt à prendre de l'avance en prévision de la montagne. Mais il semble aussi courir après une victoire d'étape : on le voit se mêler aux sprints, ainsi il termine second à Molenbeek, troisième à Sable-Sur-Sarthe, faisant comme d'habitude le spectacle au quotidien, et les commentaires vont bon train sur ces prises de risques et cette débauche d'énergie qui semble déraisonnable.Pourtant, lors du premier contre-la-montre long seulement de 16 kilomètres, Merckx prend le maillot jaune et repousse Thévenet de 52 secondes. Le lendemain, Moser, désormais revêtu du maillot blanc de meilleur jeune, emporte l'étape d'Angoulême, au sprint, battant les véloces Van Linden, Godefroot et Merckx.
Le Soulor, premier col du tour, distingue une vingtaine de coursiers, tous les favoris sont là, et c'est le « vieux »Felice Gimondi, que personne n'attendait, qui se détache et l'emporte seul à Pau. Le lendemain à Saint-Lary, les favoris se détachent. On retrouve Van Impe, ayant revêtu la nouvelle tunique à pois rouges, avec Zoetemelk, Thévenet et Merckx. Dans la montée du Pla d'Adet, première arrivée au sommet, Thévenet passe à l'attaque entraînant Zoetemelk qui emporte l'étape. Thévenet, victime d'une crevaison dans le dernier kilomètre, a tout de même repris près de cinquante secondes à Merckx et Van Impe. Ocaña, distancé, perd deux minutes. C'est un "jour sans" pour Gimondi qui perd près de cinq minutes et certainement le tour. Quant à Poulidor, le vainqueur d'étape de l'année précédente, malade, il est en perdition, mais s'accroche à ce tour qu'il parviendra à achever.
Puis c'est la seconde étape auvergnate avec encore une arrivée au sommet, celui dupuy de Dôme, escaladé au milieu d'une foule enthousiaste. Comme de coutume, c'est De Schoemacker, l'équipier montagnard de Merckx qui fait le tempo, mais pas assez rapidement pour empêcher le démarrage de Thévenet, rejoint cette fois-ci par Van Impe. Au milieu d'une foule hostile, Merckx, grimaçant, s'accroche vaillamment et limite les dégâts. Dans sa roue, près du point de rupture, vient le Néerlandais Zoetemelk. Van Impe bientôt s'envolera vers la victoire, Thévenet se sera rapproché un peu plus au général. Merckx est accueilli par des sifflets. Dans la dernière ligne droite, il est même frappé d'un coup de poing au foie donné par un spectateur[2] ne méritant pas le nom de supporter, un certain Nello Breton, qui fut même condamné ensuite par les tribunaux. Ce geste criminel ne fut pas sans conséquence sur la suite, le Maillot Jaune étant considérablement diminué par les soins qu'exigeait son hématome au foie.
Après un jour de repos, le parcours continue dans les Alpes. Et c'est la fameuse15e étape du Tour de France 1975. Merckx, se sentant fort, attaque Thévenet sur son terrain, parvient à le distancer, mais est victime d'une défaillance dans la modeste montée sur Pra-Loup, défaillance qu'il attribuera plus tard à des cachets de Glifanan administrés par le médecin pour diminuer la douleur consécutive au coup de poing reçu aupuy de Dôme[3]. Bernard Thévenet emporte l'étape et s'empare du maillot jaune. Le lendemain, survolté, il attaque au pied de l'Izoard, passe seul au sommet et triomphe à Serre-Chevalier devant Merckx.
Le dernier morceau de bravoure était un contre-la-montre de quarante kilomètres entre Morzine et Avoriaz. Merckx, diminué par de multiples défaillances physiques, ne prend que la troisième place et ne distance Thévenet que d'une poignée de secondes.Lucien Van Impe distance en effet tout le monde dans ce contre-la-montre particulièrement pentu.
Le Tour se poursuit vers Paris, pour finir pour la première fois sur les Champs-Élysées où le sprinterWalter Godefroot parvint à s'imposerin extremis. Le présidentValéry Giscard d'Estaing remet son ultime maillot jaune, vierge de toute publicité, àBernard Thévenet. Une victoire magnifiée par l'attitude de Merckx.
Les coureurs de l'équipe en tête de ce classement portent une casquette jaune (représentée dans les classements par l'icône à côté du nom de l'équipe)[13],[14].
En outre, lors de cette édition, furent attribués, pour la dernière fois dans un Tour, le prix de l'amabilité ou du cycliste le plus aimable àYves Hézard, et le prix du cycliste le plus élégant àFelice Gimondi.
Enfin, devait être décerné au coureurJean-Claude Misac un prix original, mis en compétition par la chaîneTF1, au titre du coureur le plus souvent apparu sur l'écran en fin d'étape.