| Course | |
|---|---|
| Étapes | 21 |
| Date | 7 juillet au |
| Distance | 4 438 km |
| Pays | |
| Lieu de départ | |
| Lieu d'arrivée | |
| Partants | |
| Vitesse moyenne | 31,045 km/h |
| Vainqueur | |
|---|---|
| Deuxième | |
| Troisième | |
| Meilleur grimpeur | |
| Meilleure équipe |
LeTour de France 1936 est la30e édition duTour de France. L'épreuve cycliste organisée par le journalL'Auto se déroule du au sur 21 étapes, pour une distance totale de 4 438 kilomètres.
Le coureur belgeSylvère Maes, vainqueur de quatre étapes, remporte le classement général devant le FrançaisAntonin Magne, vainqueur d'une étape et son compatrioteFélicien Vervaecke, également vainqueur d'une étape. Seuls 43 des 90 partants rallient l'arrivée àParis. Surnommée« l'Escadron noir », l'équipe de Belgique domine assez nettement l'épreuve et place trois de ses coureurs dans les dix premiers du classement général, une performance également réalisée par les Luxembourgeois. Avec six victoires d'étapes, le FrançaisRené Le Grevès est le coureur le plus prolifique de cette édition. Dixième du classement général,Léon Level est le premier de la catégorie des touristes-routiers, qui disputent l'épreuve à titre individuel.

Le Tour de France 1936 s'inscrit dans la période de1905 à1951, durant laquelle le parcours de l'épreuve réalise un « chemin de ronde »[1],[2] en s'approchant au plus près des frontières de l'Hexagone[3].
La trentième édition du Tour de France comporte 4 414 km répartis sur 21 jours de course[4], du au[5]. La15e étape entrePerpignan etLuchon est la plus longue de l'épreuve, avec 325 km, mais leTour 1936 s'inscrit dans la logique de réduction de la distance moyenne engagée depuis le milieu desannées 1920 : elle s'élève à seulement 163 km contre 337 km en1926[6],[5].
Le parcours comporte peu d'évolutions : la course s'élance depuisParis et sa banlieue, comme tous les ans jusqu'en1950, à l'exception de1926, et s'achève auparc des Princes, comme depuis la création de l'épreuve[7]. De même que pour les éditions précédentes, leTour 1936 s'effectue dans lesens horaire[5]. Il évite cependant laBretagne, une première depuis l'apparition deRennes sur la carte de l'épreuve en1905, ce qui entraine une vague de protestations locales. Le, lors de la19e étape entreCholet etAngers, une banderole au ton ironique est déployée en bord de route :« les Bretons remercientL'Auto d'éviter la Bretagne »[5].
Après l'introduction du premiercontre-la-montre individuel en1934, leTour 1936 compte cinq étapes par équipes[5]. Par ailleurs, les coureurs empruntent lecol d'Izoard, absent de l'épreuve depuis1927[5], etSaintes,Cholet etAngers sontvilles-étapes pour la première fois. C'est également la première fois qu'une étape en trois secteurs est proposée aux coureurs[5] : ainsi le contre-la-montre par équipes entreLa Roche-sur-Yon etCholet, disputé le, est intercalé entre deux étapes en ligne courues le matin-même et en fin d'après-midi[5].
Cinq journées de repos sont programmées àÉvian,Digne-les-Bains,Cannes,Perpignan etPau, mais leur distribution n'est pas équitable : selon Jean-Paul Bourgier, historien du sport, le choix de ces villes-étapes répond autant à la volonté de l'organisateur de permettre aux coureurs de récupérer des efforts accomplis lors des étapes de montagne qu'aux bonnes relations entretenues parHenri Desgrange, directeur de l'épreuve, avec les élus locaux[5].

Malgré l'opération de laprostate qu'il subit au début de l'été 1936, Henri Desgrange choisit de suivre l'épreuve à bord d'une automobileHotchkiss spécialement aménagée pour son confort. Il est secondé parJacques Goddet, rédacteur en chef deL'Auto. Parmi les autres membres de l'organisation figurent Lucien Cazalis, secrétaire général, Maurice Machurey, qui exerce les fonctions de chronométreur officiel et qui est chargé de repérer le parcours au printemps, ou encore Henri Manchon, surnommé« le Révérend », qui occupe le poste de directeur sportif général[5]. Malgré sa volonté de suivre l'épreuve, Henri Desgrange se résout à suivre l'avis des médecins et quitte la course dès la deuxième étape après en avoir confié la direction à Goddet[8],[4].
L'organisateur reconduit la formule des équipes nationales introduite en1930 pour contrer la domination jugée outrancière de certaines marques de cycles[9],[5]. Il s'oppose également à l'utilisation dudérailleur, dont l'usage est pourtant répandu dans le monde cycliste depuis plusieurs années[5]. Dans le numéro deL'Auto daté du,Jean Leulliot, l'un des collaborateurs d'Henri Desgrange, dénonce cette invention qui« facilite grandement le travail des plus faibles et prolonge leur résistance » et qu'il considère comme« le nivellement des différentes classes par le bas »[5]. Par ailleurs, bien que longtemps opposé à la course d'équipe, Henri Desgrange tolère les actes d'entraide entre les coureurs et reconnaît lui-même qu'ils sont en fait impossibles à contrôler[10].
Conformément au souhait de la direction, le peloton des 90 participants est structuré en trois groupes. La catégorie des « As A » rassemble les équipes nationales de France, deBelgique, d'Allemagne et d'Espagne-Luxembourg, qui comprennent dix coureurs chacune[11]. L'Italie est absente, faisant l'objet de sanctions après l'invasion de l'Éthiopie à la fin de l'année 1935[12]. Les « As B » rassemblent vingt coureurs répartis en cinq nations de quatre coureurs : l'Autriche, laSuisse, lesPays-Bas, laYougoslavie et laRoumanie, ces trois dernières nations effectuant leur première participation[11]. Henri Desgrange refuse cependant la candidature des fédérationsbulgare,danoise etportugaise[13]. Enfin, 30 « touristes-routiers », tous de nationalité française, complètent le peloton[11].

Le montant des primes allouées par des sociétés commerciales, dont certaines participent à lacaravane publicitaire, s'élève à 935 400 francs. Pour assurer l'organisation de son épreuve, la direction de course prélève 30 % de ce montant[14]. Parmi ces différentes primes, la société d'apéritifClacquesin accorde à chaque étape une prime-surprise de 1 000 francs : les coureurs ne sont prévenus du lieu où elle doit être disputée que quelques kilomètres avant leur passage[15].
Leprix du meilleur grimpeur est sponsorisé par la marque d'apéritifsMartini & Rossi[16]. Son classement est déterminé par l'addition des points attribués lors du passage au sommet de seize ascensions : leBallon d'Alsace, lecol des Aravis, lecol du Galibier, lacôte de Laffrey, lecol d'Izoard, lecol de Vars, lecol d'Allos, lecol de Braus, la montée deLa Turbie, lecol de Puymorens, lecol de Port, lecol du Portet-d'Aspet, lecol de Peyresourde, lecol d'Aspin, lecol du Tourmalet et lecol d'Aubisque[16]. Les dix premiers coureurs classés au sommet reçoivent des points, le premier marquant 10 points, le second 9 points, et ainsi de suite jusqu'au dixième coureur. Le vainqueur final reçoit une prime de 10 000 francs, d'autres primes étant attribuées à ses poursuivants[16].
Le Challenge international de la Compagnie d'assurances La Vie octroie un montant de 100 000 francs à son vainqueur. Des points sont attribués à chaque étape : le vainqueur du jour marque un point, et un point supplémentaire par tranche de 30 secondes d'avance sur le deuxième, dans la limite de 8 points[17].

Les sélections française et belge regroupent les principaux favoris de l'épreuve[13]. Sous la direction deKarel Steyaert, l'équipe belge, dont l'effectif est annoncé le, compte dans ses rangs le vainqueur sortant,Romain Maes, mais elle s'appuie également sur des grimpeurs talentueux commeFélicien Vervaecke,meilleur grimpeur et3e duTour de France 1935, etSylvère Maes, déjà vainqueur de deux étapes sur la Grande Boucle et qui avait achevé l'édition précédente au quatrième rang. Pour compléter« l'Escadron noir », le sélectionneur belge mise sur des coureurs rapides, capables de l'emporter lors des arrivées massives, à l'image deGustave Danneels, récent vainqueur deParis-Tours, etÉloi Meulenberg, qui s'impose surParis-Bruxelles quelques semaines avant le départ de l'épreuve[18].
La sélection française, annoncée plus tardivement, à la mi-juin, est construite autour de deux anciens vainqueurs du l'épreuve :Antonin Magne, qui s'impose en1931 et1934, etGeorges Speicher, vainqueur en1933. Elle s'appuie également surMaurice Archambaud, ancien vainqueur d'étapes et maillot jaune pendant neuf jours en 1933,René Le Grevès, déjà vainqueur de neuf étapes lors des précédentes éditions, etPierre Cogan, auteur d'un début de saison remarqué[19]. ExceptéFernand Mithouard, tous les autres membres de l'équipe connaissent leur première sélection[19].

Réunis dans la même équipe, les coureurs espagnols et luxembourgeois ne sont pas dépourvus d'ambition. Multiple vainqueur duTour de Catalogne,Mariano Cañardo est le coureur le plus expérimenté d'un groupe qui comprend également les jeunes grimpeursFederico Ezquerra etJulián Berrendero, dont c'est la première participation. Les frèresMathias etPierre Clemens, dominateurs sur leurTour national, portent les ambitions luxembourgeoises[13]. L'Allemagne se présente avec une sélection inexpérimentée, privée notamment deKurt Stöpel, ancienmaillot jaune et deuxième duTour de France 1932 derrièreAndré Leducq[13].

Les Suisses se présentent avec leur champion nationalPaul Egli,champion du monde amateur en1933 et récent vainqueur de deux étapes duTour de Suisse, ainsi queLéo Amberg, qui vise un bon classement général. De son côté, l'AutrichienMax Bulla, vainqueur de trois étapes et maillot jaune pendant une journée sur leTour de France 1931, effectue son retour sur l'épreuve[13].
Vainqueur de quatre étapes lors duTour de France 1934, puis de deux autres l'année suivante,René Vietto est la principale tête d'affiche de la catégorie des touristes-routiers. Il paie son mauvais début de saison et ne doit sa sélection qu'à l'intervention d'André Trialoux, directeur de la formationHelyett, qui parvient à convaincre Henri Desgrange de l'engager[13]. La plupart des touristes-routiers sont soutenus financièrement par des marques de cycle et des entreprises comme les usines d'aviationPotez (quatorze coureurs), la société Dentol (huit coureurs), le quotidienMatch-L'Intran (cinq coureurs) ou la marque de liqueurSuze (trois coureurs)[13].Léon Level,Pierre Cloarec etJean-Marie Goasmat comptent parmi les coureurs les plus expérimentés de cette catégorie[13]. Par ailleurs,Abdel-Kader Abbes est le premier coureur algérien engagé sur le Tour de France[4].

Le, après le rassemblement des coureurs devant le siège deL'Auto,rue du Faubourg-Montmartre à Paris, le départ est donné auVésinet[20]. La première étape, qui conduit le peloton versLille, est disputée dans des conditions météorologiques dantesques. Un violent orage s'abat alors que les coureurs atteignentBapaume, freinant leur progression. Un groupe de sept hommes se détache, parmi lesquelsPaul Egli etMaurice Archambaud se montrent les plus forts. Les routes sont alors submergées par une eau boueuse qui atteint parfois lemoyeu des roues. En s'imposant sur la piste de l'hippodrome des Flandres, Paul Egli devient le premier suisse à revêtir lemaillot jaune[21].

Il le perd dès le lendemain àCharleville, à la suite d'un incident mécanique, au profit d'Archambaud. Le jeune coureur belgeRobert Wierinck s'impose au sprint devant le FrançaisRobert Tanneveau[22]. Dans la troisième étape versMetz, elle aussi disputée sous la pluie, Paul Egli repart à l'offensive tandis que les sélections belge et française se neutralisent. Très actifs dans la progression de l'échappée, les LuxembourgeoisMathias Clemens etArsène Mersch sont couronnés de succès : le premier remporte l'étape tandis que le second s'empare de la tête du classement général[23]. Les mauvaises conditions climatiques perturbent fortement les coureurs, en particulier les moins expérimentés : en seulement trois étapes, l'ensemble de l'équipe de Roumanie a quitté la course et il ne reste que deux des quatre yougoslaves[24].
Les grimpeurs espagnols se distinguent dans la quatrième étape versBelfort :Federico Ezquerra franchit seul en tête le sommet duBallon d'Alsace mais Maurice Archambaud le rejoint dans la descente et s'impose au sprint à l'arrivée, récupérant ainsi son maillot jaune abandonné la veille[25]. C'est de nouveau la pluie qui accompagne les coureurs en direction deGenève, ce qui rend particulièrement périlleuse la descente ducol de la Faucille. Archambaud tente une nouvelle échappée en début d'étape, rapidement contrôlée par la formation belge, et c'est finalement un groupe de 31 coureurs qui se présente pour la victoire, réglé au sprint parRené Le Grevès[26]. Bien que Maurice Archambaud conserve la tête du classement général, il est directement suivi par cinq coureurs belges et notammentSylvère Maes[26].

La sixième étape entre Genève etAix-les-Bains est marquée par l'abandon deRené Vietto, qui n'aura jamais pesé sur la course lors de cette édition. Redoutable sprinteur, le BelgeÉloi Meulenberg profite du travail de son équipe pour s'imposer au sprint devantAntonin Magne. Double vainqueur de l'épreuve, ce dernier empoche ainsi de précieuses secondes de bonification et effectue un rapproché au classement général[27]. La presse salue sa gestion de l'effort tout en ciblant les efforts jugés inutiles que fournit Maurice Archambaud :Jacques Goddet évoque ainsi« la merveilleuse administration par son gérant-directeur de la société Magne » et« la dilapidation inconsidérée de l'affaire Archambaud »[27]. Distancés, les deux anciens vainqueursGeorges Speicher etRomain Maes semblent avoir abandonné toutes chances de succès dans cette édition[27].

Le lendemain, ce dernier franchit cependant lecol du Télégraphe en tête, mais ce sont les EspagnolsFederico Ezquerra etJulián Berrendero qui se détachent sur les pentes ducol du Galibier, tandis que Romain Maes surprend l'ensemble des suiveurs en mettant pied à terre pour se désaltérer dans le torrent deValloirette, avant d'abandonner. Son retrait lui vaut de sévères critiques de la part de la direction de course, comme celle de Jacques Goddet dans les colonnes deL'Auto :« Abandonnant ceux qui l'avaient servi sans relâche et sans amertume il y a douze mois, il quittait la piste sur une pirouette de bouffon »[28]. Tandis que Federico Ezquerra passe en tête au col, la longue descente vers Grenoble lui est fatale et provoque un regroupement.

Un temps distancé dans les cols, Antonin Magne profite d'une alliance de circonstance avecCharles Berty pour rejoindre les hommes de tête : il est cependant retardé par un bris de chaîne tandis queMaurice Archambaud, seulement devancé au sprint parTheo Middelkamp, conforte son maillot jaune. Il s'agit d'ailleurs de la première victoire d'étape néerlandaise sur le Tour de France[28].

La huitième étape entreGrenoble etBriançon entraîne de nombreux changements : tandis que les deux coureurs bretonsPierre Cloarec etJean-Marie Goasmat mènent une échappée qui conduit à la victoire de ce dernier,Sylvère Maes profite de la défaillance d'Archambaud pour lui reprendre huit minutes et lui ravir la première place au classement général[29].

Désormais leader unique de l'équipe de France, Antonin Magne passe à l'offensive dans l'étape du lendemain versDigne, tandis que Berrendero et Ezquerra se disputent les points pour le classement du meilleur grimpeur, qui tourne à l'avantage du premier. Sylvère Maes résiste aux attaques de Magne malgré plusieurs crevaisons. Il le rejoint alors que ce dernier connaît à son tour un incident mécanique, et c'est même Magne qui accuse finalement près d'une minute de retard à l'arrivée sur son rival après avoir subi une crevaison dans les derniers kilomètres. À Digne, le touriste-routierLéon Level s'impose, tandis que Maes port à2 min 37 s son avance sur Magne au classement général. En perdition, Maurice Archambaud accuse un retard de plus de quarante minutes[30].
Après la journée de repos àDigne, les cinquante-neuf coureurs encore engagés dans l'épreuve reprennent la route en direction deNice. La première partie de l'étape est disputée à faible allure, et trois coureurs éloignés au classement général profitent de l'apathie du peloton pour prendre leurs distances et se disputer la victoire d'étape. À l'arrivée, le FrançaisPaul Maye devance au sprint ses compagnons d'échappée, le BelgeAlbert Hendrickx et le Suisse Theo Heimann[31].

Le lendemain, les coureurs belges passent à l'offensive sur les pentes ducol de Braus, première difficulté de la onzième étape en direction deCannes, pour tenter de distancerAntonin Magne. Ils profitent du concours deFederico Ezquerra, qui s'envole dans la montée deLa Turbie pour remporter sa première victoire d'étape dans le Tour de France et reprendre la tête du classement des grimpeurs. Sylvère Maes etFélicien Vervaecke reprennent une trentaine de secondes à Magne, ce qui permet à Vervaeke de le doubler au classement général et de s'emparer de la deuxième place provisoire. Les suiveurs s'accordent à dire que cet écart est finalement minime par rapport aux efforts consentis lors de l'étape[32].
Aux trois étapes en ligne prévues entreCannes etPerpignan s'ajoutent deux contre-la-montre par équipes, si bien que les coureurs disputent cinq étapes en seulement trois jours de course, sous une chaleur accablante. Les trois étapes en ligne, qui s'achèvent àMarseille,Nîmes etNarbonne, n'apportent aucun changement au classement général et sont toutes remportées au sprint parRené Le Grevès, qui devance à chaque fois son rival belgeÉloi Meulenberg[33].
Le premier contre-la-montre par équipes disputé entre Nîmes etMontpellier démontre la supériorité de l'équipe belge qui s'impose avec 57 secondes d'avance sur l'équipe de France, privée de certains éléments et mal organisée. Premier et deuxième de l'étape Sylvère Maes et Félicien Vervaeke s'octroient par ailleurs des bonifications[34]. Leur avance au classement général sur Antonin Magne s'accroît encore lors du deuxième contre-la-montre entre Narbonne et Perpignan, que l'équipe belge remporte une nouvelle fois avec 23 secondes d'avance. Privée deMaurice Archambaud, qui abandonne la veille, l'équipe de France semble donc en mauvaise posture avant l'entrée dans lesPyrénées[34].

La quinzième étape entre Perpignan etLuchon, la plus longue de l'épreuve, est remportée par le touriste-routierSauveur Ducazeaux qui s'échappe ans lecol de Portet-d'Aspet en profitant de la neutralisation entre les leaders belges et français. En cours d'étape, Antonin Magne tente de s'échapper au contrôle de ravitaillement deSaint-Girons, où l'arrêt n'est pas obligatoire, mais sa tentative est vite annihilée par l'équipe belge[35].
Le lendemain, l'étape des grands cols pyrénéens qui conduit les coureurs àPau est disputée sous la pluie, le brouillard et le froid. Federico Ezquerra, malade et rapidement distancé, abandonne ses chances de succès dans le classement du meilleur grimpeur, au profit de son compatrioteJulián Berrendero. Retardé par une crevaison avant l'ascension ducol d'Aspin, Antonin Magne doit fournir seul un violent effort pour maintenir l'écart avec ses deux rivaux belges, qui augmentent le rythme en tête de course. Seul le touriste-routierYvan Marie parvient à les suivre, ce qui lui permet de franchir le col en première position[36].
Il s'accroche encore dans l'ascension duTourmalet avant de lâcher prise dès les premières pentes ducol du Soulor. Sylvère Maes se retrouve seul en tête à proximité du sommet, lorsque le vélo de son coéquipier Félicien Vervaecke se brise, et poursuit son effort jusqu'à la ligne d'arrivée qu'il franchit en vainqueur à Pau. Épuisé par sa poursuite, Antonin Magne est finalement repris par d'autres coureurs, et doit concéder plus de quatorze minutes à son rival. Il repasse cependant à la deuxième place du classement général en bénéficiant de la pénalité infligée à Vervaecke pour avoir utilisé un vélo équipé d'un dérailleur après son incident mécanique.Léon Level, deuxième de l'étape, conforte sa place de premier touriste-routier au classement général[36].
La dix-septième étape, disputée sous une forte pluie, conduit les coureurs vers Bordeaux, à travers laforêt des Landes. Rares sont les tentatives d'échappée et, comme c'est souvent le cas dans la préfecture de la Gironde sur le Tour de France, la victoire d'étape se joue au sprint. Pour la quatrième fois depuis le départ de l'épreuve,René Le Grevès devanceÉloi Meulenberg. Ce dernier prend sa revanche le lendemain versSaintes en s'imposant dans la première demi-étape de la journée, secouée par de nombreuses attaques de coureurs éloignés au classement général[37]. L'après-midi, l'équipe de France offre une belle résistance à la formation belge dans le contre-la-montre par équipes entre Saintes etLa Rochelle, et occupe même la première place provisoire après 45 kilomètres de course. Une crevaison de Le Grevès ralentit cependant le rythme des Français qui s'inclinent de nouveau pour vingt secondes. Une polémique naît d'ailleurs entreAntonin Magne etLe Grevès, ce dernier accusant son leader de ne pas l'avoir attendu, contrairement aux consignes données par le directeur de l'équipe. Magne justifie son choix par la nécessité de préserver sa deuxième place au classement général, menacée parFélicien Vervaecke, et l'incident est clos[37].

La dix-neuvième étape est scindée en trois secteurs. Le matin,Marcel Kint profite du marquage entre Meulenberg etLe Grevès pour remporter sa première victoire d'étape sur la Grande Boucle[37]. Il préfigure un nouveau succès belge dans le contre-la-montre, disputé l'après-midi entreLa Roche-sur-Yon etCholet. Le directeur technique belge, Karel Steyaert, demande à ses hommes de laisser Vervaecke franchir la ligne en premier afin d'empocher les secondes de bonifications qui lui permettent de ravir la deuxième place du classement général à Magne. L'équipe de France ne termine d'ailleurs qu'au troisième rang de l'étape, devancée de deux secondes par l'équipe Espagne-Luxembourg. En fin de journée, c'estPaul Maye qui s'impose àAngers, au sein d'une échappée à laquelle ne participe aucun des grands leaders[37].

À la veille de l'arrivée à Paris, la première demi-étape qui conduit les coureurs àVire au terme d'un parcours de 204 kilomètres démontre une nouvelle fois la supériorité deRené Le Grevès sur les autres sprinteurs[37]. L'après-midi, les coureurs disputent le dernier contre-la-montre par équipes de l'épreuve, et contre toute attente, les Français s'imposent àCaen avec plus d'une minute d'avance sur les Belges. En passant la ligne le premier, Antonin Magne obtient non seulement sa première victoire d'étape lors de cette édition, mais également la bonification qui lui permet de reprendre la deuxième place du classement général avec seulement 58 secondes d'avance sur Vervaecke[37].

La dernière étape est disputée dans une ambiance festive. Le vainqueur du Tour, Sylvère Maes, prend le temps de déguster une coupe dechampagne dans la traversée deConches-en-Ouche. En fin d'étape, le LuxembourgeoisArsène Mersch accélère dans la traversée dePoissy. Antonin Magne essaye de le rejoindre mais les Belges annihilent sa tentative. Le regroupement entraîne un ralentissement du peloton qui permet à Mersch de creuser l'écart. Ce dernier s'impose auParc des Princes devant plus de 40 000 spectateurs[38].
L'équipe de France remporte treize victoires d'étapes dans ce Tour de France, contre seulement neuf pour l'équipe belge. Avec six victoires,René Le Grevès est le coureur le plus prolifique de cette édition[39].
L'étape entreCholet etAngers, disputée sur 67 km après un contre-la-montre par équipes, est l'étape en ligne la plus rapide de ce Tour, avec une moyenne de40,812 km/h. L'étape contre-la-montre la plus rapide est celle entreNîmes etMontpellier, où les coureurs belges parcourent les 52 km à44,881 km/h de moyenne[39].
Sur les 90 partants, seuls 43 coureurs achèvent le Tour et sont classés à l'arrivée à Paris. Les deux plus puissantes équipes, la France et la Belgique, ne comptent que trois abandons, et terminent l'épreuve avec sept coureurs chacune[44].
Sylvère Maes remporte la Grande Boucle pour la première fois de sa carrière, lui qui s'impose également en1939. Il apporte à la Belgique sa onzième victoire depuis la création de l'épreuve en1903, après celles d'Odile Defraye en 1912, dePhilippe Thys en 1913, 1914 et 1920, deFirmin Lambot en 1919 et 1922, deLéon Scieur en 1921, deLucien Buysse en 1926, deMaurice De Waele en 1929 et deRomain Maes en 1935[44].
Le FrançaisLéon Level, qui termine au10e rang du classement général, est le premier des touristes-routiers. Dans cette catégorie, 18 coureurs terminent l'épreuve sur les 30 partants[44].
Prix du meilleur grimpeur[modifier |modifier le code]Julián Berrendero remporte le prix du meilleur grimpeur, et succède à son compatrioteVicente Trueba, premier vainqueur de ce classement annexe en1933. Berrendero etSylvère Maes, deuxième du classement, sont les seuls coureurs à marquer des points lors des 16 ascensions répertoriées[16].
| Challenge international[modifier |modifier le code]
| ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
| Étape | Vainqueur | Classement général | Classement de la montagne | Challenge international |
|---|---|---|---|---|
| 1 | Paul Egli | Paul Egli | Non décerné | France |
| 2 | Robert Wierinckx | Maurice Archambaud | Belgique | |
| 3 | Mathias Clemens | Arsène Mersch | ||
| 4 | Maurice Archambaud | Maurice Archambaud | Federico Ezquerra | |
| 5 | René Le Grevès | |||
| 6 | Éloi Meulenberg | |||
| 7 | Theo Middelkamp | |||
| 8 | Jean-Marie Goasmat | Sylvère Maes | ||
| 9 | Léon Level | Julián Berrendero | Espagne / Luxembourg | |
| 10 | Paul Maye | |||
| 11 | Federico Ezquerra | Federico Ezquerra | ||
| 12 | René Le Grevès | Belgique | ||
| 13a | René Le Grevès | |||
| 13b | Sylvère Maes | |||
| 14a | René Le Grevès | |||
| 14b | Sylvère Maes | |||
| 15 | Sauveur Ducazeaux | Julián Berrendero | ||
| 16 | Sylvère Maes | |||
| 17 | René Le Grevès | |||
| 18a | Éloi Meulenberg | |||
| 18b | Sylvère Maes | |||
| 19a | Marcel Kint | |||
| 19b | Félicien Vervaecke | |||
| 19c | Paul Maye | |||
| 20a | René Le Grevès | |||
| 20b | Antonin Magne | |||
| 21 | Arsène Mersch | |||
| Classements finals | Sylvère Maes | Julián Berrendero | Belgique | |
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