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Touche pas à la femme blanche !

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(Redirigé depuisTouche pas à la femme blanche)
Touche pas à la femme blanche !
Description de cette image, également commentée ci-après
Marcello Mastroianni etCatherine Deneuve
dans une scène du film.
Données clés
Titre originalNon toccare la donna bianca
RéalisationMarco Ferreri
ScénarioMarco Ferreri
Rafael Azcona
Acteurs principauxMarcello Mastroianni
Michel Piccoli
Philippe Noiret
Catherine Deneuve
Pays de productionDrapeau de la FranceFrance
Drapeau de l'ItalieItalie
GenreWestern
Durée108 min
Sortie1974

Pour plus de détails, voirFiche technique etDistribution.

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Touche pas à la femme blanche ! (Non toccare la donna bianca) est unfilm franco-italien réalisé parMarco Ferreri, sorti en1974.

Parodie de labataille de Little Bighorn, tourné dans le cadre presque documentaire de la destruction despavillons Baltard et dutrou des Halles, montrant aussi bien legénocide des Indiens d'Amérique que l'éviction des classes populaires des centres-villes, avec des acteurs vedettes — parmi les plus célèbres de leur temps — dans des rôles à contre-emploi, cewestern est tout autant une satire cinématographique que politique.

Synopsis

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Le généralCuster mène la bataille de Little Bighorn avec pour but d'enfermer et d'exterminer les Indiens devenus résistants aux persécutions. Il séduit Marie-Hélène de Boismonfrais, dame patronnesse apeurée. Elle symbolise « la femme blanche », celle que Mitch, l'éclaireur indien de Custer, ne doit pas toucher.Buffalo Bill y joue les trublions, tandis que le maladif général Terry, supérieur de Custer, tergiverse.

Fiche technique

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Distribution

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Analyse

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Production ambitieuse et exploitation ratée : lavengeance d'un cinéaste

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Le film précédent deMarco Ferreri,La Grande Bouffe, sorti en salles en 1973, un an avantTouche pas à la femme blanche !, avait entraîné des réactions scandalisées au festival de Cannes[1] allant jusqu'à des insultes, des bousculades et des huées[2] mais le film avait été un succès en salles, totalisant plus de 2 800 000 entrées[3], pour treize semaines d'exploitation à Paris[4]. Il avait été coproduit, entre autres, par le célèbre et controversé producteurJean-Pierre Rassam et par Ferreri lui-même. MaisAlain Sarde rapporte qu'au lieu de reverser à Ferreri la part qui devait lui revenir, Rassam avait réinvesti l'argent dans d'autres projets cinématographiques, et Ferreri aurait, dès lors, juré de se venger[2]. Ainsi, à l'occasion de l'idée de son nouveau film qu'il eut en se promenant du côté du chantier des Halles, alors un énorme « trou » à la place de ce que furent les pavillons Baltard, il aurait affirmé : « je vais ruiner Rassam »[2]. Il se tourna donc à nouveau vers lui, pour produireTouche pas à la femme blanche ! conjointement avecJean Yanne etMichel Piccoli.

Dès sa sortie en salles, en 1974, le film fut un échec et Ferreri aurait alors prononcé ces mots : « Pour moi c'est un succès ! »[2]. Le film totalisa pourtant dix fois moins de spectateurs queLa Grande Bouffe, aux alentours de 230 000 entrées en France[5]. Ferreri aurait ainsi réussi à se « venger » en faisant perdre de l'argent à Rassam car la production était ambitieuse et coûteuse avec la réunion du quatuor d'acteurs masculins qui avait fait le succès deLa Grande Bouffe :Marcello Mastroianni,Michel Piccoli,Philippe Noiret etUgo Tognazzi, quatuor auquel viennent s'adjoindre d'autres célébrités tellesCatherine Deneuve,Serge Reggiani ouDarry Cowl. La reconstitution de la bataille deLittle Big Horn demandait également un certain nombre de moyens, du fait de la présence de nombreux figurants et chevaux, ainsi que l'exige le tournage d'un western.

Une distribution exceptionnelle

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La distribution de ce film regroupe des acteurs parmi les plus populaires de leur époque :

  • Marcello Mastroianni y joue un des premiers rôles en incarnant le « colonel Custer ». Méconnaissable avec les cheveux longs (ce qui est conforme à la vérité historique), il incarne un Custer aussi ridicule, histrion, que colérique et cruel : dès la première scène du film, il pique une crise de nerfs pour avoir perdu son peigne ; on le voit plus tard punir l'un de ses soldats en lui faisant lécher des déjections humaines. Il déteste, viscéralement, les indiens.
  • Philippe Noiret campe un général timoré mais ambitieux et vénal. Bien qu'enchaînant diverses maladies tout au long du film — souvent alité à l'écran et dans un pyjama une pièce d'un effet comique assuré — il incarne le cynisme militaire et politique.
  • Ugo Tognazzi a un rôle de traître : il est Mitch, l'éclaireur indien du colonel Custer. C'est à lui que Custer adresse la réplique « Ne touche pas à la femme blanche » qui donne son titre au film. Subissant les humiliations de Custer et les anathèmes des indiens, on peut le voir jouer une imitation de Custer/Mastroianni saisissante[Note 1].
  • Michel Piccoli campe unBuffalo Bill burlesque, extravagant et grotesque. Vantant ses nombreux exploits, notamment contre les troupeaux de bisons, il est censé rendre la guerre contre les indiens populaire, par médias interposés, éclipsant Custer et le faisant enrager de se faire voler la vedette.
  • Catherine Deneuve alias Marie-Hélène de Boismonfrais, une damepatronnesse infirmière, incarne une beauté ingénue et sensuelle, amoureuse de Custer, sans cesse apeurée par les indiens dont elle ne voit que lesstéréotypes.
  • Serge Reggiani fait une prestation spectaculaire en indien, aussi sage que fou. Crâne rasé, vêtu d'un léger pagne tout au long de ses apparitions, il prodigue, sous couvert de tenir des propos incohérents, des conseils finement avisés : il annonce la traîtrise de l'homme blanc et la disparition des indiens[6]. Il est comme le bouffon du théâtre classique par qui la vérité est dite.
  • Darry Cowl joue un vétérinaire qui a trouvé une méthode révolutionnaire pour empailler les indiens afin de pourvoir les exposer morts auprès du public. Il procède à cette tâche avec l'aide d'enfants.

Une critique du vedettariat

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S'il est inhabituel de voir Mastroianni dans l'interprétation d'un rôle de perdant[7], il est encore plus rare de voir Catherine Deneuve s'aventurer dans de telles expériences cinématographiques. Alors au faîte de sa gloire, elle tente à travers ce film de prendre un virage dans sa carrière, loin des rôles qu'elle avait joués jusque-là dans les années 1960[7]. Si elle y incarne la dualité classique de la femme blanche dans les westerns américains, à la fois « putain » et femme pure et dévouée[7], son jeu est une caricature de son personnage dansBelle de jour[7]. La critique le lui reproche d'ailleurs, disant qu'elle « se roule […] dans le moche, voire l'innommable »[8]. Aussi Ferreri, en lui faisant jouer un rôle de femme amoureuse de l’homme qui était son compagnon à la ville (Marcello Mastroianni, alias Custer), met-il Deneuve en abyme de son image en tant quevedette en dehors des écrans et opère une critique du vedettariat et des rôles établis à l'avance pour les acteurs[7].

Anachronisme et pastiche : le « piège » contemporain du western

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Là oùLa Grande Bouffe, bien que provoquant le spectateur, se déroulait à l'époque contemporaine avec une trame narrative somme toute classique,Touche Pas à la femme blanche ! est un pastiche de western, une farce burlesque et satirique[9] dont le foisonnement avait de quoi déconcerter le spectateur. Le film multiplie ainsi les gags et les anachronismes[10] : tourné en plein chantier de la rénovation du quartier des Halles, dont on aperçoit les travaux sur les immeubles alentour et les engins de terrassement, l'histoire se déroule pourtant au temps de la conquête de l'Ouest américain. Les acteurs eux-mêmes sont pour certains en costumes duXIXe siècle tandis que d'autres sont habillés selon la mode contemporaine[10]. Dès l'une des premières scènes, le ton est posé : on voit le général Custer, en costume d'époque, arriver par un train électrique dans une grande gare parisienne où les figurants sont habillés selon la mode contemporaine.

À travers la mise en scène du personnage du général Custer, le film devient une parodie des classiques du western, telLa Charge fantastique deRaoul Walsh[11]. Mais là où chez Walsh, il s'agit encore d'un héros, bien qu'en prise avec ses propres contradictions, il est question ici d'un personnage à l'opposé : en porte-à-faux avec son univers, dépeint comme un fou avide de sang ; tout autant hystérique et raciste que manipulé par sa hiérarchie[12]. Par là même, Ferreri compte « dissoudre le mythe du western »[13] et rendre aussi bien hommage au cinéma que critiquer les valeurs politiques qu'il véhicule :

« Pourquoi un western ? Parce que selon moi nous vivons dans un climat de western. Parce que le western a toujours été l’énorme piège dans lequel nous sommes tombés depuis l'enfance. Le western exprime de manière simple et élémentaire les concepts de Dieu, Patrie et Famille. Moi, je reprends ces concepts et je les fais éclater par le rire. Les Halles sont le western, elles sont un décor de western. Ce n'est pas l'Arizona qui fait le western, le western ce sont aussi les idées. Ne trouve-t-on pas dans la ville les mêmes éléments que l'on trouve dans un western ? »[14]

Urbanisme et politique : des Indiens au « trou » des Halles

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Débat à propos du film à laCité de l'architecture et du patrimoine le en présence en présence deClaude Eveno,Françoise Fromonot,Thierry Jousse et modéré par Hélène Jannière, architecte DPLG et historienne de l’architecture.

Perçu comme politique par la critique de l'époque, dans le prolongement demai 68, certains affirmant que « les soldats bleus vous ont parfois d'évidentes ressemblances avec les CRS à l'uniforme à peine plus foncé »[15], le film met en rapport l'histoire et l'urbanisme contemporain.

C'est que le lieu de tournage du film est central dans sa construction et son propos : le « trou » desHalles, creusé en plein cœur de Paris à la suite de la destruction des pavillons Baltard, remplacés par un grand centre commercial et une gare RER (référencée dans le film sous la forme de la construction du chemin de fer). Ce projet, qui s'inscrit dans la rénovation du quartier des Halles et du quartier de l'Horloge « demeure dans la mémoire collective comme un des plus grands fiascos de l'urbanisme moderne. »[16].

Tourner un western ayant pour décor la destruction d'un admirable ensemble architectural, historique, populaire est ainsi l'occasion pour Marco Ferreri de dresser un parallèle entre le génocide des indiens aux États-Unis et une rénovation urbaine qui aboutit à chasser du centre de Paris les pauvres et les étrangers[7].

Autour du film

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  • Le film fait ouvertement allusion à des événements de l'époque, comme lescandale du Watergate : on peut ainsi voir le portrait deNixon à de nombreuses reprises dans le film.
  • L'affiche du film est l’œuvre deJean Giraud alias Mœbius, le célèbre dessinateur debandes dessinées[17].

Notes et références

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Notes

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  1. Ferreri avait également mis en avant le talent d'imitateur de Tognazzi dansLa Grande Bouffe lorsqu'il pastiche Marlon Brando dans le rôle duParrain.

Références

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  1. Paolo Mereghetti,Il Mereghetti. Dizionario dei film 2002, 2 vol., Baldini & Castoldi, 2001,p. 942
  2. abc etdLa cinémathèque française « Dossier de presse : hommage à Alain Sarde », 2009,[1]
  3. « France 1973 - box office story », sureklablog.com(consulté le).
  4. « boxofficestars.com/article-366… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  5. « FRANCE 1974 - (page 2) », sureklablog.com(consulté le).
  6. « Interview de Serge Reggiani sur son rôle dansTouche pas à la femme blanche »,INA
  7. abcde etfGeneviève Sellier, « La fiction éclatée »,Études socioculturelles — Volume 1, L'Harmattan, 2007,p. 306
  8. Geneviève Sellier, « La fiction éclatée »,Études socioculturelles — Volume 1, L'Harmattan, 2007,p. 311
  9. Laurence Schifano,Le cinéma italien de 1945 à nos jours, Armand Colin, 2011
  10. a etbCécile Sorin,Pratiques de la parodie et du pastiche au cinéma, Éditions L'Harmattan, 2010,p. 143
  11. Cécile Sorin,Pratiques de la parodie et du pastiche au cinéma, Éditions L'Harmattan, 2010,p. 141
  12. Cécile Sorin,Pratiques de la parodie et du pastiche au cinéma, Éditions L'Harmattan, 2010,p. 147
  13. C. Depuyer, « Ferreri : un cinéma de mœurs-fiction » inCinéma 74,no 190-191, 1974,p. 190
  14. F. Borin (dir.) « Marco Ferreri » inCircuito Cinema, n°31, Venise, mars 1988
  15. J.-R. Huleu « Touche pas à la femme blanche ! de Marco Ferreri » inLibération, 24/01/74
  16. Réaménagement des Halles sur accomplir.asso.fr[PDF]
  17. Jean Giraud-Moebius, de la bande dessinée au cinéma, sur le site deParis Match

Liens externes

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