| Pays | |
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| Régions affectées | |
| Coordonnées |
| Type | |
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| Échelle de Fujita | |
| Vent maximal | + 200 km/h[3] (300 km/h selon Keraunos) |
| Largeur du corridor | 100 à 200 mètres (moyenne de 300 mètres, loc 1 km, selon Keraunos) |
| Longueur du corridor | 18 à 19 km (18.7 km selon Keraunos) |
| Date de formation | à22 h 28 |
| Date de dissipation | à22 h 42 |
| Durée | 14 minutes |
| Nombre de morts | 3 (18 blessés)[4] |
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Latornade en Val-de-Sambre, aussi appeléetornade d'Hautmont, est une violentetornade qui a frappé plusieurs communes dudépartement du Nord (France) le dimanche en début de nuit. SelonMétéo-France, elle se classe comme une tornade au moins de catégorieF3 sur l'échelle de Fujita améliorée, peut-être F4[1]. Elle provoqua la mort de trois personnes, en blessa sérieusement 18 et fit d'importants dégâts.
Suivant un couloir long de 18 à 19 km, elle débuta vers22 h 30 àPont-sur-Sambre, traversa les communes deBoussières-sur-Sambre,Hautmont,Neuf-Mesnil,Maubeuge,Assevent etBoussois avant de disparaitre àMarpent vers22 h 42. Elle semble avoir atteint son maximum d'intensité àBoussières-sur-Sambre et àHautmont, commune où elle tua trois habitants. C'est la plus forte tornade enregistrée en France depuis 1982 (tornade sur la commune deLevier dans le Doubs) et la plus meurtrière depuis 1967 (tornade de la commune dePalluel dans le Pas-de-Calais).
Le, on retrouve en surface une série dedépressions s'étirant depuis l’Atlantique jusqu’aux îles Britanniques, laScandinavie et laRussie. Elles sont assez faibles, ayant des pressions variant entre1 000 hPa et1 005 hPa mais sont reliées par unfront qui s'étire depuis lesAçores jusqu’auBenelux[2].
En altitude, le flux est rapide et orienté ouest/sud-ouest entre uncreux barométrique près de l’Écosse et une faiblecrête barométrique dans le Sud de la France. On retrouve ainsi uncourant-jet sur la moitié nord de la France qui sépare deuxmasses d’air : air océanique polaire au nord et air tropical, chaud et humide, au sud[2].
Dans ce contexte, la nuit du 2 au est ennuagée et douce sur leNord-Pas-de-Calais, avec des minimales voisines de14 °C à l’intérieur des terres et de16 °C au bord de la mer. À0 h TU, les profils atmosphériques sont stables (Énergie potentielle de convection disponible (EPCD) de zéro, unindice de soulèvement (LI) de 6,4 et unIndice de stabilité de Showalter (SI) de 8,8). Le courant-jet à250 hPa est analysé à160 km/h (86 nœuds) alors qu’une première ondulation dufront chaud entre sur la région en matinée depuisla Manche. Dès6 h TU, la faible pluie progresse sur lePas-de-Calais pour atteindre en fin de matinée le département du Nord avant de cesser vers midi[2].
Les vents sont faibles à modérés du secteur sud à sud-ouest en surface apportant de l'air doux et humide. L'air commence à devenir instable et la température à midi atteint20 °C malgré la couverture nuageuse[2]. Lepoint de rosée est également en hausse à16,6 °C[2]. Plus tard en journée, un faiblefront froid se dirige vers le secteur, passant tangentiellement au Pas-de-Calais. Six heures avant le développement de latornade, on a dans la région visée beaucoup d’humidité près du sol et des températures à la hausse alors que dans les couches moyennes l’air s'assèche. La masse d’air devient ainsi faiblement instable, avec une EPCD de 100 J/kg (joules par kilogramme) mais on a encore uneinhibition convective (EIC) de 34 J/kg qui suffit à bloquer toute convection profonde en l'absence d'élément déclencheur[2]. Du côté des vents, ceux-ci deviennent de plus en plus de secteur sud près du sol et ouest à sud-ouest en altitude donnant uncisaillement qui augmente. La valeur d'hélicité relative est de 156 m2/s2 dans le premier kilomètre de l'atmosphère et le cisaillement de7,9 m/s[2].
Vers18 h locales, le point de rosée a atteint18 °C et la température24 °C. Des averses fortes se développent àBavay et àMaubeuge. En soirée, le creux d'altitude pivote vers le nord de la France ce qui provoque un mouvement vertical de l'air et une augmentation du contraste thermique sur la région. Une dépression de très petite échelle se forme et le front froid, dans son quadrant sud-ouest, vient servir de déclencheur orageux. À22 h 30 locale, leniveau de convection libre (NCL) s'abaisse et rejoint leniveau de condensation par ascension (NCA) ce qui permet de développer des orages très facilement et l'indice d'hélicité relative atteint 2,94 (risque de tornade élevé)[2]. Tout est dès lors en place pour la formation d'une ligne orageuse violente.
Selon une étude de 2009[4], au moment des événements, les données du radar d’Avesnes, à une quinzaine de kilomètres au sud-sud-ouest de Hautmont, montraient unécho en crochet à bas niveau malgré leur faible résolution spatiale enréflectivité. Cependant, les données Doppler montraient undoublet de vitesses radiales classique. Ces deux observations sont associées à un fort flux descendant en rotation sous l’orage et les communes touchées se trouvaient toutes dans l’alignement de leur trajectoire, ce qui est cohérent avec le positionnement habituel d’une tornade sous unorage supercellulaire[4].
Sur les images devitesse radiale, les auteurs ont calculé que les vitesses passaient+10 m/s à−25 m/s en l’espace de quelques kilomètres, soit l'indication d'untourbillon très intense dans le nuage[4]. C'est sous un telmésocyclone que l'entonnoir nuageux d'une tornade peut se former.
Météo-France a effectué une mission d’observation sur le terrain le ainsi qu’un vol de reconnaissance le[3].Les dégâts causés aux cultures, arbres, bâtiments et équipements de voirie ainsi que les témoignages des victimes indiquent que la tornade a touché terre vers 22h30[3]. Les premiers dégâts commencent àPont-sur-Sambre, continuent vers le nord-est dans les champs au niveau deBoussières-sur-Sambre et dans le Bois-du-Fay[3]. En arrivant à Hautmont, la tornade a causé ses plus importants dégâts avec des maisons totalement détruites. Au total, le phénomène d'une largeur variant entre 100 et 200 mètres a parcouru entre 18 et 19 km[2],[3].
La tornade a causé la mort de trois personnes, en blessa sérieusement 18, en plus de pousser une personne au suicide[5]. Elle fit d'importants dégâts à Hautmont, Maubeuge, Neuf-Mesnil et Boussières-sur-Sambre alors que 800 logements ont été touchés[5]. Le coût des pertes se monte à 1,5 million d'euros dans la seule ville d’Hautmont[6].
Selon Météo-France, elle se classerait comme une tornade de catégorieEF3 sur l'échelle de Fujita améliorée en vigueur depuis 2007, peut-être EF4. En effet, la vitesse probable estimée desvents à partir des dégâts constatés, et sous réserve de l'avis d'experts en construction, montre que les rafales de vent instantanées ont très probablement largement dépassé les200 km/h[3]. L'organismeKeraunos non officiel, mais qui a fait une étude exhaustive du cas, a lui classé cette tornade comme étant de catégorie 4[2].
Ce soir-là Météo-France n'avait déclenché qu'unevigilance jaune pour Orage dans le département du Nord[7]. Le risque tornadique est très sous-estimé en France, où la plupart des habitants considèrent le phénomène comme inexistant[8].
La tornade du Val-de-Sambre a choqué l'opinion publique, et est venu soudainement rappeler que le risque tornadique n'était pas qu'anecdotique dans le pays, l'évènement a eu droit à une médiatisation exceptionnelle, au point d'avoir même sa trajectoire filmée en hélicoptère par une équipe de France 2[9]. Si la tornade d'Haumont avait par exemple frappé la banlieue deLille, dans la même région, aux mêmes horaires qu'elle s'est produite, le nombre de morts et l'ampleur des dégâts auraient très probablement été bien plus important, du fait de la densité de populations plus élevée. Cet évènement particulièrement médiatisé, fut un électrochoc pour les spécialistes européens, qui ont mené de très nombreuses études par la suite[10].
Pour aider les sinistrés, l'association Solidarité Avesnois a été créée. Son porte-parole estDany Boon et son secrétaireJean-Marie Leblanc[11]. Un match de football opposant leRacing Club de Lens auValenciennes Football Club a permis à l'association de récolter 150 000 €[12]. Six mois après l'événement, l'association des maires du Nord a annoncé qu'elle versait aux centres communaux d'action sociale des quatre communes sinistrées quelque 2,7 millions € provenant des 30 000 chèques collectés en deux ou trois semaines de toute la France, en particulier du Nord[13].
La tornade qui a frappé le Val-de-Sambre est la plus puissante d'une série de huitentonnoirs qui ont touché le sol en France, auxPays-Bas et enAllemagne entre midi et minuit le. Aux Pays-Bas, on a noté une tornade de force F1 àOostermeer et une F2 àGroningue[14]. En Allemagne, on a rapporté troistrombes marines, une tornade F1 à Langeneß (Schleswig-Holstein) et une F2 dans la région de Goldenstedt (Arrondissement de Vechta)[15].