Pour un article plus général, voirToponymie.
Latoponymie française est l'étude des noms de lieux en France.
Latoponymie a toujours intéressé lesérudits. À l'origine d'interprétations souvent douteuses ou fantaisistes (suivant les règles d'uneétymologie populaire), elle n'a acquis son caractère scientifique que dans la seconde moitié duXIXe siècle.
L'étude de la normalisation des noms de lieux, dans le monde, enlangue française fait l'objet de lasection normalisation de l'article toponymie.
EnFrance, la question du recueil et de la notation de la toponymie s'est posée dès l'établissement de lacarte de Cassini auXVIIIe siècle. Lors de la mise en œuvre de cette carte, les opérateurs avaient dressé des listes de noms de lieux, pour la moitié des 182 feuilles seulement[1].
Une étape importante a été la réalisation dedictionnaires topographiques pour chaquedépartement, projet mis en place dans lesannées 1870, qui a abouti pour une trentaine de départements. Chaque toponyme y est présenté avec un maximum de détails sur son évolution au fil des siècles, à partir de sa première mention dans les textes les plus anciens, généralement médiévaux.
Henri d’Arbois de Jubainville est un des initiateurs des études de toponymie française. En mettant la toponymie au contact de la linguistique historique, il a opéré un premier saut qualitatif.
Auguste Longnon est considéré comme le fondateur en France d'une toponymie véritablement méthodique et systématique fondée avant tout sur la géographie historique et à forte orientation historico-philologique[2]. On notera son ouvrage majeurNoms de lieux de la France, paru en1920.
Albert Dauzat a marqué le tournant décisif en toponymie en l'associant à la linguistiquephonologique diachronique. Il a fixé les buts et les méthodes de la discipline et son livreLa Toponymie française constituera un manuel de référence et livre de chevet pour les chercheurs[2]. La toponymie française d'Albert Dauzat se fonde avant tout sur les désignations successives des noms de lieu par la population dans le cadre d'une évolution phonétique: elle s'appuie sur le principe néogrammairien de la régularité des changements phonétiques, établi après 1870[3]. Ces principes ont cependant été mis en doute dès les premiers travaux dialectologiques sur les atlas linguistiques, certains éléments des langues standards jusqu’alors étudiées, dérogeaient aux règles de changements phonétiques établies.Albert Dauzat, lui-même, ne croit plus qu’un parler populaire représente[4] l’évolution spontanée et régulière du latin vulgaire apporté dans la région 16 ou 18 siècles auparavant.
Par la suite, d'autres chercheurs ont développé les travaux d'Albert Dauzat,Charles Rostaing,Ernest Nègre etMarcel Baudot. Aujourd'hui, plusieurs spécialistes continuent d'approfondir les recherches toponymiques (Marie-Thérèse Morlet,Marianne Mulon, Paul Fabre, Stéphane Gendron,Michel Morvan,Michel Roblin, etc.).
Il existe deux façons de classer les toponymes en France. On peut le faire selon les diverses strates linguistiques qui se sont succédé dans le pays, depuis le pré-indo-européen jusqu'au français moderne (une variante de cette classification est de diviser les noms par périodes historiques). Il s'agit alors d'adopter (ou non) un des principaux postulats d'Albert Dauzat qui attribue aux toponymes français des couches linguistiques (celte, latin puis germanique)[5]. On peut aussi privilégier un classement selon la nature des lieux : rivières, montagnes, terres cultivées et incultes, lieux d'habitation, lieux de culte, termes liés à l'élevage, à l'industrie ou à l'artisanat, etc.
Par commodité, on qualifie de pré-indo-européens ou encore pré-celtiques des toponymes qui ne trouvent pas d'explication par l'indo-européen ou par l'ancien celtique continental (gaulois). Il existerait plusieurs types desubstrats pré-celtiques ou prélatins selon les régions de France, principalement au sud, parfois superposés dans la même région :
Ces toponymes anciens sont surtout liés au relief ou à l’hydrologie. Faute de documents, on les regroupe par racines, certaines plus ou moins douteuses, d’autres avérées par le grand nombre des toponymes qui leur correspondent. C’est le cas de la racinekar / kal, avec le sens de « rocher, sommet rocheux », mais aussi « rivière caillouteuse », à l’origine d’une importante liste de toponymes, dont beaucoup ont été acclimatés en gaulois, par exemple les cours d’eau de laGaronne, ou duCher.
Quelques racines pré-celtiques[7] :
On ajoutera que des termes très fréquents en toponymie (roche,motte) sont vraisemblablement d’origine pré-celtique.Michel Morvan a retrouvé certaines de ces racines pré-celtiques dans des langues comme les langues dravidiennes de l'Inde, où par exemplekukk signifie « tête, extrémité »,kar « pierre, roche ».
Cela dit, il existe des régions de France probablement exemptes de substrat toponymique pré-indo-européen, voire de substrat pré-celtique. Pour certaines d'entre elles, c'est juste si quelques oronymes peuvent dater d'avant les Celtes, mais ils ont été réadaptés par ceux-ci[12], cela semble être le cas par exemple en Normandie[13], mais pas seulement et plus généralement dans le Nord de la France.
LesGaulois, ouCeltes, étaient sans doute installés dans une partie de laGaule dès leIIe millénaire av. J.-C., puis leur population s’est étendue dans la Gaule méridionale jusqu’à laMéditerranée et auxPyrénées.
Si le substrat celtique est assez pauvre dans lefrançais standard au niveau desnoms communs (150 mots) et de la syntaxe, il est au contraire très riche ennoms propres, c'est-à-dire des toponymes et hydronymes (voir un exemple chez lesAllobroges[14]). Certains des appellatifs toponymiques jadis considérés par les spécialistes commepré-latins oupré-celtiques sont identifiés aujourd'hui avec plus de certitude comme celtiques. En effet, le corpus des inscriptions gauloises est plus important aujourd'hui et est mieux analysé, voir RIG (Recueil des inscriptions gauloises,CNRS). Beaucoup de racines celtiques (ou gauloises, c'est la même chose) sont utilisées dans des noms composés.
La liste ci-dessous présente quelques-unes des racines les plus employées :
Les toponymesgaulois peuvent aussi être liés à des noms de divinités, par exempleLug (Lyon,Laon) ouNemausos (Nîmes,Nemours). Lesethnonymes gaulois se sont souvent peu à peu substitués aux noms des villes originels, à partir de leur réorganisation encivitates (cités) de l'empire romain, à savoir essentiellement de grandes cités contemporaines : (Paris,Metz,Nantes,Rodez,Redon etRennes,Amiens,Bourges,Troyes,Beauvais…). Voir à ce sujet laliste des peuples gaulois et aquitains.
LesGrecs, en sillonnant la Méditerranée, y ont établi un certain nombre de comptoirs. C'est le cas notamment desPhocéens, probables fondateurs deMarseille, mais le nom même de la ville (Massalia) n'est sans doute pas grec et son origine demeure obscure. Ce n'est pas le cas pour d'autres villes méridionales, dont l'étymologie grecque est à peu près certaine :Agde (Agathê = bonne),Nice (Nikaia = victorieuse),Antibes (Antipolis = la ville d'en face, face à Nice), ou encoreLeucate (Leukatês, dérivé deleukos = blanc). Même origine grecque pourMonaco (Monoikos, terme évoquant la solitude, interprété différemment selon les auteurs : soit la maison solitaire, soit un site dédié àHéraklès Monoikos). On peut aussi signaler que le suffixe-polis (la ville) a été utilisé beaucoup plus tard dans de rares formations, par exempleGratianopolis, l'actuelleGrenoble.
Cette catégorie inclut d'une part les toponymes créés à l'époque de la domination romaine et d'autre part tous les noms qui ont été créés plus tard par les diverses langues romanes, en particulier lalangue d'oïl, l'occitan ou lefrancoprovençal (ou arpitan), avec leurs nombreux dialectes et variantes régionales, mais aussi lecorse et lecatalan.
On utilise majoritairement (sauf dans le sud-est) des élémentsceltiques pour les nouvelles cités fondées à l'époque de laPax Romana, même quand elles contiennent une dédicace à un empereur :Augustodurum (Bayeux) surduro- pris ici au sens deforum,Augustodunum (Autun) surduno- (voir ci-dessus),Juliobona (Lillebonne), surbona « fondation » ou « source » (cf.Ambenay etAmbonnay pour l'élémentbona ; voir aussiVindobona (Vienne, Autriche) etRatisbona (Ratisbonne, Allemagne), etc.
Ailleurs, principalement dans le sud-est, les créations toponymiques sont purement latines même si les toponymes n'ont pas forcément survécu sous leur forme latine :Aquae Augustae (Dax),Narbo Martius (Narbonne),Aquae Sextiae (Aix-en-Provence),Forum Martis (Corseul), etc.

On se contentera ici d'évoquer les noms de domaines ditsgallo-romains, à l'origine de tant de noms de villes et de villages.
Lorsque les défrichements permettaient la création d'un nouveau domaine rural, puis d'une agglomération, le suffixe gaulois le plus utilisé était-ialo (-euil / -ueil dans le Nord et-(j)ouls / -(j)ols dans le Sud après évolution phonétique).
Un nouveau suffixe apparaît alors :-anum, qui n'est employé que dans certaines régions (Sud de la France principalement), tandis que le suffixe d'origine indigène-acum de même sens prédomine nettement, sauf en Provence et en Corse.
Le suffixe latin-anum est à l'origine de la plupart des toponymes terminés par-an dans le Sud de la France (-à encatalan), parfois-ans :Lézignan
,Perpignan,Frontignan,Romans
,Balan
,Chambaran,Corneilla
,Vinça. De tels noms sont formés à partir du probable fondateur du domaine, par exempleFrontinius pour Frontignan ouCornelius
pour Corneilla. Ils jouaient au départ le rôle d'adjectifs accompagnant des termes tels quefundus ouvilla. Dans ce dernier cas le suffixe est au féminin : ex.Marignane « domaine deMarinus
».
Avertissement préalable : la quasi-totalité des noms en-an au nord de la Loire mentionné sur la carte est sans rapport avec le suffixe-anum.
Probablement dérivé de ce suffixe, le suffixe-anicum, au pluriel-anicos, qui sous-entend le termeagros (= champs), se retrouve dans de nombreux toponymes du sud de la France sous la forme-argues :Baillargues,Marsillargues,Olargues,Vauvenargues, ou sous la forme-ergues un peu plus au nord :Salvergues,Faussergues,Olliergues...
À noter la quasi-absence de ces suffixes associés à un nom de personne dans les régions d'oïl, où le suffixe-anum a d'ailleurs évolué en-ain, comme lessubstantifs du français en-anum, -anem (typepain, grain, forain, etc.), aussi la plupart des noms en-an du Nord de la Loire reportés sur la carte ci-dessus est sans lien avec ce suffixe (ex. :Houdan, de*Husidinja ouHusiduna ouPersan, jadisPersinc ouParsenc). Il n'en existe aucun enNormandie[16] ou enPicardie par exemple.
Le second suffixe, typique de l’aire gallo-romaine, est-acu(m), il procède du celtique-(i)āko-[17], c’est un suffixe d’adjectif à la base qui se vérifie dans les inscriptions gauloises et latines (ex. :Anualonacu = au sanctuaire d’Anualo), il note aussi l’origine familiale de quelqu’un et sert à situer des marins (ex. :nautae Parisiaci, « marins de chez les Parisii »). Il a donc déjà une dimension locale. Puis, son emploi substantivé localisant est vérifié auIIe siècle dans par exemple :Merc(urio) Dubnocaratiaco « Au Mercure de l'endroit appeléDubnocaratiacum ». On le constate ici,Dubnocaratiaco ne peut être basé que sur un anthroponyme,Dubnocaratius. Il a donc servi dès cette époque à former des noms de domaine basés sur le nom de leur fondateur[18].
Il se peut qu’il soit utilisé sur des radicaux purement géographiques, dans son emploi originel, par exemple dansCampagnac
. Les plus anciens semblent constitués avec des éléments gaulois :Ambenay etAmbonnay (*andebonacum sur le gauloisande, préfixe intensif, etbona « fondation ») ;Alizay (alisiaco 1210, sur gauloisalisia « rocher »,cf.Alise correspondant celtique du germaniquefalisia « falaise ») ;Gournay
/Gornac (sur gauloisgorn de sens obscur, pêcherie ?) ouBernay
/Bernac
(sur gauloisbren / brin « terrain marécageux, fangeux ») ou encoreCernay
(sur gaulois(i)sarno « fer ») et qui constituent des archétypes celtiques primitifs…
On le retrouve dans des centaines de noms de communes, sous des formes diverses qui caractérisent des régions ou des zones linguistiques distinctes. Ainsi,Aurelius est à la fois à l’origine des communes d’Aurillac et d’Orly etMaximiacum conduit aussi bien àMessimy qu’àMeximieux.
Ce suffixe est également bien représenté en celtique insulaire sous la forme-euc / -ec en breton (cf.toponymie bretonne),-og en gallois et-ach en gaélique.Coligny de*Kolin-iako peut être sur le thème du bretonKelennec (cf.Quelneuc), « lieu planté de houx », cf. galloisClynnog, irlandaisCuilneach.
Répartition par zones du suffixe -acum :
Les spécialistes en toponymie française (par exempleAlbert Dauzat dans son ouvrage laToponymie française[5]) considèrent le plus souvent que lesgrandes invasions et leur établissement de populationsfranques ont laissé des traces dans la toponymie avec comme évidence l'Alsace et laMosellefrancique aux parlers germaniques jadis majoritaires. On notera cet apport germanique pour le Nord de la France, en partie gagné aux parlers germaniques pendant le Haut Moyen Âge et, plus rarement, pour les régions méridionales, dont lalangue d'oc est aussi beaucoup moins germanisée que lalangue d'oïl. Les nouveaux domaines créés à la fin du hautMoyen Âge et à l'époque carolingienne sont désormais formés à partir d'anthroponymes germaniques, le plus souvent avec un appellatif roman. La postposition de l'appellatif (ordre déterminant - déterminé) est aussi un indice de l'influence germanique (par exemple :Neufchâtel
, plus au sudChâteauneuf
, occitanCastelnau
;Neuville
, plus au sudVilleneuve
, occitanVilanova).
On continue d'utiliser le suffixe-(i)acum, mais des nouveaux suffixes-ing et son pluriel-ingen (variantes primitives : -inga / -ingo, -ingan / -ingon, du germanique commun*-ingaz « appartenant à, venant de, descendant de »[19]) vont apparaître dans les sources médiévales. Ils sont employés dans les zones des parlers germaniques (Lorrainefrancique (thioise),Alsace,Flandres,Boulonnais,Artois) où ils aboutissent généralement à-ing, plus tardivement ils apparaitront différemment dans les sources dans les régions concernées par le recul de ces mêmes idiomes germaniques, par exemple :-ange en Lorraine (Puttelange
,Hagondange) ou-ingues,-in(es) et variantes diverses dans le Nord-Pas-de-Calais (Affringues,Gravelines,Rodelinghem,Echinghen),-ingue enAlsace (Kœtzingue,Hésingue). Cependant enAlsace Bossue, le suffixe-ingen est resté intact (Diemeringen,Drulingen,Oermingen). Lors de l'avancée duDuché de Bar vers 1200[20], le nom des villages ayant leur finale en-ing ou-ingen a été francisé en-ange[21]. Dans la partie de laSarre qui avait été historiquement rattachée au Duché de Lorraine, on rencontre la variante -angen (Wallerfangen,Rammelfangen).Ernest Nègre distingue parmi les noms terminés par-ange, d'après leurs formes anciennes, un type en-ingen (datif locatif pluriel) romanisé en-inga, par exemple dansBettange (Betingia 1093);Bezange (Besangia 960);Créhange (Krichinga 1121); etc. d'un type en-ingen romanisé en-ingas (féminin pluriel), ce qui expliquerait la présence d’un -s final dans les formes anciennes, par exemple dansAlgrange (Alkerengis 875);Azoudange (Ansoldanges 1291);Fénétrange (Filistenges 1070); etc.[22].
Certaines régions, hormis celles évoquées ci-dessus, recèlent une extrême concentration de ce suffixe dans une zone donnée, cependant, il revêt généralement des formes différentes :-ans,-ens,-eins ou-ein. En effet, elles remontent plus précisément aux romanisations-ingōs >-e(i)ns, -ans et-ingas /-inges >-ange(s) (voir supra). C'est le cas enFranche-Comté et au nord de laBourgogne, où il est généralement noté-ans (Oppenans,Vouhenans), parfois-ens ou-eins (Ain) et aussi -ange/-anges/-inges. Ces terminaisons se retrouvent dans le Sud de la France, mais beaucoup moins fréquemment, comme à l'est de l'Aquitaine (Lot-et-Garonne), dans le sud de l'ancienneGascogne (Gers), à l'ouest duLanguedoc (Région de Toulouse), où il peut être noté-eins (Tonneins),-ens (Glatens,Capens), voire-ans en Languedoc. Dans tout le Midi, le suffixe germanique a pu se confondre avec certains suffixes indigènes ou latins, par exemple avec le suffixe ligure [?]-inco + s (-inca(s) qui a donné-a- / -enche(s))[23]. À noter, pour le Sud, la concentration remarquable d'une terminaison-ein dans lacommunauté de communes du Castillonnais enCouserans (Sentein,Uchentein), dont l'étymologie est débattue. Albert Dauzat considère qu'il s'agit du suffixe wisigotique-ing[24], tandis qu'Ernest Nègre, reprenant notamment une étude dePierre Bec, penche pour un pré-celtique régional-ennu[25].
Par contre, le suffixe germanique-ing- est plus rare à l'ouest (Normandie,Haute-Bretagne,Pays de la Loire,Vendée.). Il en existe pourtant quelques rares exemples pouvant aboutir à-anges (ex. :Hardanges) ou à-an /-ain.
De nombreux appellatifs germaniques liés au relief, à la végétation ou à l’habitat sont également utilisés et presque tous situés au nord de l'Hexagone. Quelques-uns sont données en exemple ci-après. En Alsace et en Moselle francique, ces appellatifs sontvieux haut allemands pour la plupart.
Les apports toponymiques duXe siècle en Normandie sont germaniques. Cependant, ces langues (lenorrois et levieil anglais) sont suffisamment différenciées des dialectes germaniques continentaux pour mériter une sous-rubrique spéciale, d'autant que les toponymes créés ne se rencontrent en principe qu'enNormandie (à quelques exceptions près) et sont très caractéristiques. Le norrois est en effet à l'origine de divers appellatifs (-beuf,-fleu(r),-tot,-crique-,-lon(de),-dalle,-bec, etc.) entrant en composition dans de nombreux noms de villes, de villages, de hameaux et de lieux-dits.
Les toponymes flamands, élément de l'espace germanique néerlandophone, se rencontrent non seulement dans l'arrondissement de Dunkerque où le dialecteflamand occidental subsiste, mais jusqu'à la limite sud de son ancienne extension qui passait schématiquement parBoulogne etLille[26], mais aussi jusqu'à laCanche.
La terminaison-inghem est fréquente, issue du suffixe germanique-ing suivi par l'ancien néerlandaishēm « demeure », par exemple dansLedringhem.Becque représente l'ancien néerlandaisbēki (néerlandaisbeek) « ruisseau », par exemple dansSteenbecque, précédé par l'ancien néerlandaisstēn (néerlandaissteen) « pierre ».Dunkerque est formé de l'ancien néerlandaisdune « dune » (duin ennéerlandais standard) d'origine celtique, suivi par l'ancien néerlandaiskirica devenukerke en moyen néerlandais et signifiant « église » (kerk en néerlandais standard)[21].
Sangatte procède de l'ancien néerlandais*sant (moyen néerlandaissant, néerlandaiszand), c'est-à-dire « sable » etgat « passage, trou »[21] à moins qu'il ne s'agisse de leurs équivalents saxonssand etgate.[27].
Hazebrouck est formé sur l'ancien néerlandais*haso « lièvre » (haas en néerlandais standard, plurielhazen) et l'ancien néerlandais*bruoc « marais » (moyen néerlandaisbroec, néerlandaisbroek), que l'on retrouve par exemple dans la racine deBruxelles)[21]
On en trouve quelques-uns en Normandie et en Picardie, mais un idiome proche dusaxon a surtout été parlé dans l'ancien comté deBoulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) duIVe au XIIIe siècle.
On peut attribuer la double suffixation-ing-hem (de-inga-hem) aux Saxons[28], plutôt qu'aux Francs, étant donné sa présence en Angleterre sous la forme-ing-ham. Plus certainement saxon est le type en-ing-thun (de-inga-tūn), que l'on retrouve également en Angleterre sous la forme-ing-ton, et qui est concentré dans le Boulonnais. Ce particularisme local a été mis en évidence depuis longtemps. En revanche, cette double suffixation est inconnue en Normandie, qui ne compte d'ailleurs que très peu de toponymes avec le simple-hām >-ham (ou vieux norroisheimr >-ain) ou-tūn (ou vieux norrois-tūn >-ton,-tonne) où il se confond avec l'ancien norrois, quant au suffixe-ing, il y est quasiment inexistant.
En dehors des communes du Val d'Orbey qui appartiennent à l'espace dialectal roman, la toponymie de l'Alsace est majoritairement germanique. La toponymie de laLorraine l'est partiellement.
La francisation des noms de communes sousLouis XIV n'a été que superficielle, selon deux principes : 1) quelques conventions orthographiques du français ont été substituées à celles de l'allemand, commeou à la place deu ;u à la place deü ;s ou 'ss à la place de ẞ, etc. Par exemple,Straßburg est devenuStrasbourg. 2) des adaptations à la prononciation dialectale alsacienne telles que : Lei long [i:] en place de ladiphtongue de l'allemand standardei [ai]; leou parfois au lieu de la diphtongue allemandeau [au]. AinsiMühlhausen a été renommée enMulhouse,Mittelweier est devenuMittelwihr.
Neuf-Brisach construit par Vauban en face deBreisach, dénomméNeu Breisach de 1871 à 1918 etc.
Le latin qui a supplanté la langue gauloise à la suite de la conquête romaine a laissé des traces.Saverne est issu du latintaverna « taverne », il a subi la mutation consonantique haut allemande (deuxième mutation), d'oùZabern, francisé en Saverne par la suite.Munster est un mot du vocabulairevieux haut allemand issu (ou emprunté) du latinmonasterium « monastère »[21] qui produit des noms tels queMoustier,Montiers, etc. en territoire roman.
Le nom de l'Hartmannswillerkopf dans le massif vosgien s'emploie concurremment avec sa déformation françaiseVieil-Armand introduite lors des combats de la Première Guerre mondiale.
Le suffixe-ange est la forme donnée (renommage administratif) à la place du suffixegermanique-ing (« domaine »), lors de l'avancée duDuché de Bar vers 1200[20]. Le nom des villages ayant leur finale en -ing ou -ingen a été francisé en -ange[21].
Les toponymesbrittoniques ne se rencontrent, en principe, qu'enBretagne ; cependant, ils s'y superposent à d'autres d'origines gauloises ou gallo-romaines. À noter, par exemple, les nombreux villages terminés pari-ac, signe que le contact de la langue bretonne a modifié l'évolution vers-é (-y ou-ay) qui ne s'est produite que pour certains villages, notamment à l'Est. Parfois, surtout à l'Ouest, le suffixebrittonique équivalent-euc / -ec a remplacé le précédent. Mais on retiendra surtout les noms celtiques formés sur des racines venues d’outre-Manche. Les plus caractéristiques sont les noms enker (variantes :car,quer). Plus de 18 000 noms de lieux bretons sont formés sur cette racine. En vieux breton,ker avait le sens d'enceinte fortifiée. Par la suite, il pourra désigner indifféremment une ferme, unhameau ou un village. Quelques exemples :Kergrist,Kermaria,Kersaint,Kerjouanno.
On peut citer aussi le cas deGuérande avec la racine bretonnegwer, allophone deGéraundd (son nom engallo, qui dispose d’une racinegér similaire d’origine celtique désignant aussi une fortification). Dans certains cas, il est difficile de déterminer si une racine est d’origine brittonique ou gauloise, car les deux langues bretonnes ont des substrats à la fois celtes, romans et plus tard germaniques (comme toutes les langues d’oïl, ou plus tard encore du français lui-même lorsqu’il est devenu majoritaire et a fortement influencé la prononciation et modifié fortement les toponymies bretonne et gallo).
D’autres termes servent à désigner des agglomérations. Voici les plus courants :
Lebasque étant une langue agglutinante, il n'est pas rare de trouver des toponymes basques assez longs. On peut citer quelques curiosités assez impressionnantes, surtout au niveau deslieux-dits. Ainsi Éric Vial (Les Noms de villes et de villages, éd. Belin) cite, dans la commune deBéhorléguy, le lieu-ditInthasendarragiratzeburukoharria, autrement dit ''le rocher du sentier boueux du bout de lafougeraie''.
Le plus souvent cependant, on a affaire à des toponymes constitués de deux termes :
Par exemple :
Mais on trouve aussi simplementLarre 'lande',Mendi 'montagne',Bizkai /Biscay 'contrefort'...
L'expansion démographique a produit des noms de lieux commeIri berri, "ville neuve/nouvelle". Avec sa varianteIrun berri, il constitue l'un des noms de ville protohistorique les plus répandus si on se place dans une large aire aquitano-ibérique :Auch (Elimberrum, Eliberris),Lombez (Gers), Irunberri / Lumbier (Navarre),Lombers (Tarn). On rattache également 2 autres villes au domaine aquitano-basque, bien qu'apparemment hors de l'aire géographique :Elne (Pyrénées-Orientales) dont le 1er nom étaitIlliberris avant d'être rebaptisée Castrum Helenae (=> Helena => Elna) par les Romains en l'honneur de l'Impératrice Hélène la mère de Constantin 1er, et Granada /Grenade (Espagne, prov. d'Andalousie) dont l'un des 1ers noms, avant l'arrivée des Arabo-musulmans, futIliberis qui donnaElvira.
On notera que, malgré des preuves matérielles et des documentations, cette hypothèse de l'appartenance des noms anciens d'Elne et Grenade au domaine aquitano-basque est encore controversée.
Par contre, et attesté, sur les contreforts cantabriques (Nord-est de L'Espagne) c'est la varianteHuri barri (Ullibarri) qui prévaut. Ler doux basque correspond aul latin.
Le suffixeproto-basque -oz(a),gascon -os(se) \ -òç(a) etaragonais -ués a constitué de nombreux noms de village dans l'airevasconne :Uztarroz 'domaine du pieu',Mendoza 'domaine du mont',Biscarrués =Biscarrosse 'domaine du tertre'... Il a également formé des noms de domaine aquitano-romains face aux noms gallo-romains en -acum :Baliros « domaine de Valerius. »
À noter le toponymeazpe, pied de falaise (aitz-pe), qui s'est répandu le long desPyrénées : vallée d'Aspe, Aspet...
Le toponyme peut se terminer par l'article défini -a. Mais ce dernier a tendance à disparaître, cédant parfois la place à un -e non étymologique (résidu de déclinaison) :Ibarre pouribarr(a) '(la) vallée'.
L'étendue française de ces toponymes va de l'Atlantique (au sud d'Arcachon) et s'étend le long des Pyrénées.
La toponymie de laCorse a pour particularités :
Les plans ou latradition orale ont conservé de très nombreux noms de lieux, lieux-dits, permettant autrefois le repérage desmares,buttes,fossés, talus,étangs,combes, pics,creuses,dolines,grottes, etc. Desanthroponymes leur sont souvent associés (la Mare-Martin...), des appellatifs toponymiques décrivant la nature du sol (les Terres Rouges, les Sablons, le Fond Cailloux...), du paysage (le Roc du..., le Gouffre de...) de la flore (les Bruyères...). Ces noms de lieux permettant un repérage sont particulièrement nombreux[20] enMoselle francique et enAlsace.
Le toponyme peut évoquer des événements ou usages anciens (le chemin des pendus, le chêne des justices...).
Des zoonymes sont également fréquents (la Mare aux Oies, la Fosse au Loup, la Mare à Goriot[Notes 2], etc.).
Les villages médiévaux se sont souvent bâtis sur des hauteurs. D'où le très grand nombre de toponymes comportant le motmont, parfois seul (Mons
), le plus souvent en composition avec un adjectif (Montaigu
,Beaumont
,Clermont,Montfort
) ou un nom de personne (Montbéliard,Montdidier
). Attention cependant : dans le Nord, le suffixe "-mont" peut indiquer un confluent (du flamand et allemand "Mund", bouche) comme à Deulemont, confluent de la Deule dans la Lys. Les sommets sont aussi fréquemment désignés par le latinpodium, à l'origine des mots occitanspuy,p(u)ech oupey (Le Puy
,Puylaurens,Puget, Saint-Romain-le-Puy, Pech-David).
S'il y a des sommets, il y a aussi des vallées, et là encore les toponymes sont innombrables :Laval,Valbonne,Vals,Vaux
,Vaucresson. Quant aux villages, ils peuvent être bâtis entre deux vallées (Entrevaux,Entraigues
), mais surtout à proximité de cours d'eau ou de sources. Le latinrivus a été très productif (Rieux
,Rioux,Xonrupt), tout commefons (source) et son dérivéfontana (fontaine) :Fontanges,Fontenay
,Fontenelle
,Fontevraud,Hontanx.
Lorsque le relief ou la présence d'un cours d'eau ne sont pas suffisamment pertinents, le plus simple est de nommer un lieu en fonction de sa végétation, forêts ou bois, champs cultivés, prés, landes.
Si on prend le seul exemple des lieux boisés, on s'aperçoit que 56 communes françaises ont le motforêt dans leur nom, tandis que celles qui comportent le motbois se comptent par centaines. À quoi on peut ajouter le latinsilva, à l'origine de nombreux toponymes (La Selve
,Lasseube,Tresserve), ou encore le gauloisbrogilo (bois clôturé), à l'origine des diversBreuil
,Breil
ouBrille. Les bois sacrés (latinlucus) ont donné notammentLe Luc,Lucq ou encoreLucmau,Luplanté. On peut aussi nommer les lieux en fonction de l'arbre ou de la plante qui y pousse :
L'habitat peut être groupé ou dispersé. Dans le premier cas (villes, villages), on a déjà vu l'importance des suffixes latins-anum ou latinisés-acum. Très productif également le motcourt, employé lorsque le mode de composition en-acum est tombé en désuétude vers leVIe siècle, du latincohort « cour de ferme »: (Clignancourt,Courdimanche,Héricourt), évoquant au départ un domaine rural et essentiellement composé avec des noms de personnes germaniques. Son emploi est antérieur àville dans les régions « franquisées ».L'autre façon donc, plus tardive (pas avant leVIIe siècle), est de former ces macrotoponymes avec le motville (qui selon les époques a le sens latin de domaine rural ou celui d'agglomération), le plus souvent à la fin du nom (mode de composition influencé par le germanique) et parfois au début. Le plus fréquemment, il entre en composition avec un nom de personne germanique, ou anglo-scandinave en Normandie, (Villegaudin,Villehardouin) et plus rarement avec un adjectif (Belleville
,Hauteville
), un appellatif ou accolé à un nom antérieur préexistant (Tonneville,Taunacum villa 702 - 704).S'agissant de villages, dehameaux, de petits groupes de maisons, on a beaucoup utilisé le latin médiévalvillare :Villars
,Villiers,Villers. Autre emploi fréquent : celui du motvicus (Vic
,Vicq
,Vy,Neuvic
,Neuvy
) et de son dérivévicinus ouvicinium (Beauvoisin
,Le Vésinet,Bezing).
Puis vient l'habitat dispersé, celui dumansus latin et dumansionile. Le premier donne les nombreux toponymes occitans comportant le motmas, par exempleLe Mas-d'Azil. Le second est à l'origine de l'ancien français d'oïlmesnil
, qu'on retrouve dansMénilmontant ouLe Blanc-Mesnil. On n'oubliera pas les fermes, fréquemment représentées par le mot d'origine germaniqueborde et ses dérivés :Bordeaux-Saint-Clair,Bourdeaux,Bourdelles,Lasbordes. Enfin, le latincasa est à l'origine deCazes,La Chaise ou encoreChèzeneuve.
Deux sortes de bâtiments ont laissé d'importantes traces en toponymie : la forge et le moulin, assez proches l'un de l'autre car au Moyen Âge tous deux étaient mus le plus souvent par l'énergie hydraulique. Il est d'ailleurs fort possible que des termes tels quemouline oumoulinet aient désigné des forges plutôt que des moulins.
Le mot latin désignant une forge étaitfabrica. On lui doit les toponymesLa Faurie,Farges
,Fargues
, ou encoreFabrègues etFaverges de typeoccitan ouFervaques etFervaches de type d'oïl, sans compter les nombreux Forge(s), par exempleForges-les-Eaux. L'extraction du fer est pour sa part évoquée par les nombreuxFerrières
ouLa Ferrière
présents un peu partout en France.
Les moulins sont bien sûr représentés par des toponymes tels queMoulins, mais aussi parBécherel ou Becquerel (métaphore évoquant le bruit du moulin, à partir du termebecquerelle = bavarde),Choiseul (moulin à augets),Quincampoix (Quikenpeist 1226, à savoir « qui qu'en écrase », phrase qui aurait été prononcée par les meuniers).
D'autres lieux évoquent des carrières (La Perrière
), desmines (d'argent,l'Argentière), des sablières (Sablonnières), des salines (Salival), des tuileries (Thuillières), des verreries (Verrières
) ou même des savonneries (Savonnières), mais on n'oubliera pas que la France était surtout rurale, avec de nombreux termes liés à l'élevage, aux cultures et à la commercialisation des produits.
Parmi les termes évoquant les forteresses médiévales, il convient de retenir d'abord le motroche ouroque selon les régions (normanno-picard ou occitan), latinrocca sans doute d'origine celtique, qui peut certes désigner un rocher, mais qui dans la plupart des cas a été attribué à des châteaux bâtis sur des éperons rocheux. D'où les nombreuxRoquefort
etRochefort
, ou encoreLaroque-des-Albères,La Roche-Guyon et bien d'autres.
Autre terme très fécond,château (latincastellum) :Châteaufort
,Châteauneuf
,Castelsarrasin,Castelnaudary,Châtillon
,Radicatel et les diminutifsChâtelet
ouCastelet. On ne confondra pascastellum aveccastrum qui désignait non pas un château, mais une ville ou un village fortifiés. C'est àcastrum que l'on doitCastres etCastries, mais aussiLa Châtre ouChâtres
.
D'autres mots ont évoqué des fortifications, par exemplemur, qui semblerait lié souvent à des enceintes d'origine romaine :Mûr-de-Bretagne,Murs
,Murat
,Murviel
. On n'oubliera pasplessis, terme désignant au départ un enclos, mais en général attribué à des enclos fortifiés. 26 communes françaises s'appellentPlessis, ainsi que des dizaines de hameaux.
La christianisation du pays a entraîné celle de ses toponymes. Plusieurs d'entre eux désignent des bâtiments religieux ayant pour origine des noms latins :
Les routes romaines ont laissé leur empreinte dans le paysage mais aussi souvent dans la toponymie. Quelques exemples :
Les embranchements sont surtout représentés par les noms formés surquadrivium (ouquadruvium), autrement dit un carrefour :Carrouges,Carouge,Carrouge (parfois réinterprété enCat Rouge « chat rouge » en Normandie),Cas Rouge dans leLoiret),Charroux
,Charols.Trivium est à l'origine deTrèves
, et il y a de fortes chances pour queCinquétral signifiecinq routes.
Autres éléments liés aux routes, les ponts, représentés par le gauloisbriva (Brive) ou par le latinpons, qui l'a souvent remplacé. AinsiBriva Isarae est devenuPontoise. Peuvent également être rattachés aux routes les relais et les auberges. Le latinstabulum (écurie, puis relais, auberge) a donnéLes Estables,Étables ouÉtaules
. Quant àtaverna, on lui doitTavernay,Malataverne,Saverne (Tres Tabernae) ou encore leTernay
de l'Isère.
L'étude des noms des voies de communication s'appelle l’odonymie. Outre les lieux cités ci-dessus, l'odonymie s'intéresse aussi aux rues. Pendant des siècles, ces dernières ont tiré leur nom du lieu vers lequel elles menaient (rue du Moulin), du métier qu'on y pratiquait (rue des Tanneurs), d'un personnage important qui y habitait (rue Mazarine), d'un bâtiment qui s'y trouvait ou de son enseigne (rue du Plat-d'Étain), etc. Sous lamonarchie de Juillet, on a recommandé aux communes de donner à leurs rues des noms de batailles victorieuses : d'où les nombreuses rues deWagram ou deMarengo. Par la suite, ce furent les personnages célèbres que l'on conseilla d'utiliser, la France étant remplie d'artères ou de places dédiées àVictor Hugo, àPasteur, aumaréchal Foch ou augénéral de Gaulle. Plus récemment, la création de nouveaux quartiers ou de lotissements a entraîné des choix discutables, toutes les rues d'un même secteur étant consacrées à un thème unique : arbres, fleurs, oiseaux, sportifs célèbres, etc. Il est évident qu'il n'y a pas la moindrepervenche dans la rue des Pervenches, ni, hélas, le moindrecoquelicot dans celle des Coquelicots.
Un certain nombre de communes ont été au fil des siècles débaptisées, généralement pourprendre le nom d'une personnalité. Quelques exemples :
Certaines communes de la région parisienne ont été créées auXIXe siècle, avec des noms parfois liés à des auberges ou des guinguettes. C'est le cas, pour des raisons diverses, deMalakoff,Le Kremlin ouRobinson. Autre nouveauté de la fin duXIXe siècle, la commune deJullouville,station balnéaire créée en1881 par Armand Jullou.
Deux curiosités duXXe siècle :
Au rang des créations contemporaines, il faut placer les départements, qui datent de1790 et dont les noms, sans grande originalité, renvoient presque tous au(x) grand(s) cours d'eau qui les traverse(nt) ou à la montagne qui les domine. Exceptions notables, leCalvados (du nom d'un rocher au large de la côte), laCôte-d'Or (du nom de la teinte dorée que prenait le vignoble en automne, nom qui fut par la suite attribué à lacôte viticole), leFinistère (<finis terræ), leNord,point cardinal, lePas-de-Calais, du nom dudétroit, et lesYvelines, baptisé d'après l'ancien nom du massif forestier deRambouillet (Yveline <Yvette, Evette, littéralementpetite eau, en raison des nombreux étangs). Plus récemment, les régions administratives ont parfois repris les noms d'anciennes provinces, mais on a aussi assisté à la naissance de curieux hybrides, telle la régionProvence-Alpes-Côte d'Azur, abrégée en PACA. Parmi les créations proprement toponymiques, il faut citer les villes nouvelles, commeSaint-Quentin-en-Yvelines,Marne-la-Vallée ouVilleneuve-d'Ascq, le nom des étangs artificiels, etc. Les rares mutations se font soit à l'instigation des conseils municipaux, par exemple Châlons-sur-Marne devenuChâlons-en-Champagne, soit à l'occasion de regroupements de communes. Par exemple Cherbourg devenu officiellementCherbourg-Octeville (puisCherbourg-en-Cotentin) ouBruay-la-Buissière,Le Touquet-Paris-Plage, mais plus anciennementBoulogne-Billancourt,Maisons-Alfort,Charleville-Mézières…).
AuXXIe siècle, on tend de plus en plus souvent à valoriser la microtoponymie traditionnelle des lieux où s'ouvrent de nouvelles rues, quartiers ou lotissements, donnant à ces voies les noms des terres ou anciens lieux-dits ― et microtoponymes en général ― traversés par les nouvelles rues : par exemple, les champs ruraux ditsles Prés de la Fougueraie donnent leur nom à la nouvellerue des Prés de la Fougueraie, au sein d'un nouveau lotissement bâti sur cette ancienne petite zone rurale ; d'autres rues de nombreux autres lotissements reçoivent aussi leur nom des parcelles agricoles sur lesquelles elles sont placées : tel est le cas de larue du Moulin de Marion,rue du Champ Renardier,place des Ruches,boulevard de la Mare aux Joncs, etc.
L'actuelle tendance à voir la (micro)toponymie traditionnelle comme une partie du patrimoine immatériel et comme la vive histoire linguistique de la France a pour conséquence que beaucoup de nouvelles rues et de nouveaux lotissements ne prennent plus de noms consacrés aux fleurs, aux arbres, aux oiseaux ou aux personnages célèbres, mais aux anciens (micro)toponymes des parcelles sur lesquelles on bâtit ces lotissements et où l'on ouvre ces nouvelles rues.
Listes de micro-toponymes relevés sur la commune deToul à partir des plans cadastraux et plans de fortifications
| Toponymesrencontrés | Autresgraphie | origines |
| Garence | De l’ancienfrançais warance, du latin médiéval warentia « teintureécarlate » ? | |
| Les Courbins | Corbins | (XIIe siècle)Du latin corvinus[1]. Voir l’ancien français corb et le suffixe-in. "Le Lieu des Corbeaux " |
| A Saint Jean | A proximitéd'une chapelle dédiée à saint Jean | |
| Barville | Bar Villa | Anciennevilla gallo-romaine ? |
| PréSaint-Mansuy | Anciennesdépendances de l'abbaye | |
| Les Roses | Anciennesparcelles de vignes (Cru des roses) | |
| Les Chamonts | Avec, pourvariante Caumont, du latin calvus (« chauve ») et mons (« mont,montagne ») - Lieu défriché, sans plantations | |
| Chavigneux | Champsvigneux ? | |
| les Plantières | Composé deplant et -ier. (Fém plur) plus couramment Plantiers (Vignes) dansd'autres régions que la Lorraine | |
| La Hottée duDiable | Contetraditionnel - H LEPAGE - Le Département de la Meurthe.Statistique historique et administrative, Volume 2 - 1845 | |
| La fosse Jamblin | d'unanthroponyme ? | |
| A Piergault | Piergauld | d'unanthroponyme ? |
| A Macherin | D'unanthroponyme ? | |
| Sur la BelleCroix | D'un groupede 3 croix mentionné sur les cartes de Toul et environs(GALLICA)- 1750 | |
| A Vachevigne | D'uneparcelle cultivée en vignes et proche d'une Vacherie (ensemble devaches pour une exploitation, étable à vaches) | |
| Vers lepré-au-Lait | D'une pâtureconsacrée aux vaches laitières ou à l’élevage des veaux sousla mère | |
| Au Bordel | De borde («planche, poutre ») avec le suffixe -el. : ancienne cabane | |
| Au Chancheux | De ChaucheurPressoir (Anc lorrain) var. Chaucu ? | |
| Derrière leClos Saint Mansuy | De Clos,pièce de terre entourée de haies ou de murs et Ant St MANSUY :dépendances de l'Abbaye éponyme | |
| Les Coclures | de conclos,s. m., enceinte., pâtures encloses ? (côclures par élision dun) | |
| Grande Corvée | De Corvée :temps de travail d'un champ gratuit | |
| Corvée | De Corvée :temps de travail d'un champ gratuit | |
| Petite Corvée | De Corvée :temps de travail d'un champ gratuit | |
| Corvée l'Evêque | De Corvée :temps de travail d'un champ gratuit et collectif et fonctionsacerdotale | |
| Corvées deBrifoux | Briffou,-faulx | De Corvée :temps de travail d'un champ gratuit et collectif et toponyme"Brifoux" |
| Corvées Damote | De Corvée :temps de travail d'un champ gratuit et collectif et anthroponyme"Damote" | |
| A Franc Tul | Franc Cul | De Culée :extrémité d'une parcelle, d'un territoire communal et "franc"(soumis à certaines règles) |
| Cul du Frane | De Culéeextrémité d'une parcelle, d'un territoire communal et d'unanthroponyme "Frane ," ? | |
| Bedeuil | De deuille,fontaines éphémères en Lorraine ? | |
| A l'Ecolatrie | De écolâtrie(Charge, emploi d'écolâtre.) présence d'une école ? | |
| Le Pont deFerrage | De Ferrage :terrain planté en fourrages | |
| Sur le Clos desGrèves | De Grèveétendue sableuse, graviers ou gravillons ? | |
| Haye Vagny | De Haye (ancfr.) pour haie et d'un anthroponyme "Vagny" | |
| Crachottes (La,les) | De l'anc fr."Crache" + diminutif - otte : Petites étables ouécuries ? | |
| A la Trouille | de l'ancienfrançais troillier [2] « broyer, presser (les raisins) »,dérivé de truil ou troil, « pressoir à raisins » | |
| Devant Barine | De l'anciennom des deux monts de TOUL "BAR" ou "MontBar"et dim. - ine pour le plus petit | |
| Côte Barine | De l'anciennom des deux monts de TOUL "BAR" ou "MontBar"et dim. - ine pour le plus petit | |
| Au But | De l’ancienfrançais but, variante de bout. "Au bout du chemin" (Pê le chemin de Pont Bernon) | |
| Les logesGrurard | de Loge :Petite cabane, cabanon, hutte. vieux-francique *laubja (« abri de feuillage ») et un anthroponyme | |
| Meix la soeur | De Meix,maison avec jardin, verger, dépendances; enclos et subdivision d'un finage et "La sœur"-(réf relig. ?) | |
| La prairie de laPerelle | Pérèle,Ravin de la | De perrel (Dulatin petralis (« de pierre ») et/ou dérivé de perre avec lesuffixe -el.) Pierrier ou chemin empierré |
| Les Plorences | Plorances | De plorance,s. f., pleurs (anc fr.) : Les pleurs |
| les Rasselins | De Raselina(Tourbe en tchèque) ? : Lieux d'extraction d'argile ? | |
| Les Cronsarts | Gronsart | De Sart,déverbal de sarter. (Défricher par le feu) et Cron ? ou Gron |
| A Tolcomte | De tolte, s.f., enlèvement, vol, rapine, pillage ? imposition, redevance. dueau Comte de Toul | |
| Trait de laVille | De trait(action de labourage avec des animaux) et Villa (Partie rurale dela demeure gallo-romaine) finage d’une propriété | |
| Au Bolaivau | De Val (Vauanc fr) et d'un anthroponyme "Bolai" | |
| A Lavaux | De vaux,pluriel de val. (vallée restreinte) : "Le val" | |
| Les longevaux | De vaux,pluriel de val. (vallée restreinte) : "Les longues vallées" | |
| à Attonvaux | De vaux,pluriel de val. (vallée restreinte) et Chassin : Anthroponyme ? -"le val d'Atton" | |
| A Chassinvaux | De vaux,pluriel de val. (vallée restreinte) et Chassin : Anthroponyme ? -"le val de Chassin" | |
| Au Panon | Der. dePannerie (tuilerie) ? | |
| Les Marions | Diminutif demare ? | |
| Prébandes | Prébendes | Du latPraebenda : part de biens prélevée sur les revenus d'une églisepour ses clercs, P ê le revenu de ce lieu-dit |
| Charognerie (la) | Du latinpopulaire *caronia ; dérivé de caro, carnis (« chair»). Composé de charogne et du suffixe -erie. - exil des chevauxréformés ? | |
| Sous le pré desFoires | Du lieu ou setenaient les foires aux bestiaux à Toul | |
| Prévoté | Du nom donnéà divers officiers d'ordre civil , judiciaire ou religieux | |
| Prévôté(Petite) | Du nom donnéà divers officiers d'ordre civil , judiciaire ou religieux | |
| A la Sansotte | Du nom d'unpetit ruisseau ? | |
| Terres le Loup | Du nom d'unesource"Du Loup" donc le Ru s'écoule vers la Moselle | |
| Fosse le Loup | Du nom d'unesource"Du Loup" donc le Ru s'écoule vers la Moselle | |
| La Vierge | Du nom de laChapelle voisine qui lui est dédiée | |
| A Taconné | Taconnet,Taconnay | Du nom duruisseau |
| Saint Jacques | Du Saintéponyme | |
| AbbayeSaint-Mansuy | Emprise bâtide l'abbaye de Saint-Mansuy | |
| Fort SaintMichel | Emprise del'ouvrage construit auXIXe siècle | |
| Saint-Esprit | En référenceà la trilogie sacrée | |
| Justice (La) | En référenceà un promontoire sur lequel était dressé un gibet ? | |
| Saint-Evre | Ensemble bâtide l'ancienne abbaye | |
| La Vacherie | ensemble devaches pour une exploitation, étable à vaches | |
| Les Béguines | Féminin plurde béguin. (Religieuse qui est soumise aux règles monastiquessans avoir prononcé de vœux.) - | |
| Au pont desGélines | Gélines :race de poules - Présence d'un élevage ? | |
| Au chauffour | Grand four àcuire la chaux. | |
| Les Grèves | Crèves ? | gravele, s.f., sable, gravier ? lieu sablonneux, graveleux, grève. |
| Les Fricadelles | Inc. | |
| Les Féveresses | Inc. | |
| Les Pramonts | Inc. | |
| Les RougesBonnets | Inc. | |
| A l’Épaule | Inc. | |
| A Cheloup | Inc. | |
| A la CroixJean-Leclerc | Inc. | |
| Les Anneresses | Inc. | |
| Le Parterre | Inc. | |
| Cretertois | Inc. | |
| Pré de lamadeleine | Inc. | |
| Pré Saintin | Inc. | |
| Le Grand Paquis | Inc. | |
| Au miroir | Inc. | |
| la Hoitte Tache | Inc. | |
| Île du Frane | Inc. | |
| BarreSaint-Nicolas | Inc. | |
| La terreSaint-Léon | La paroisseSaint-Léon du Toulois est l'une des cinq paroisses du secteurpastoral de Toulois | |
| Les Poirières | Latin pirus,poirier : clairière de poiriers | |
| Chateau Cornu | Le Cornu : leDiable ? en référence à la légende de saint Michel | |
| Haut de laPépinière | Lieud'exploitation horticole attestée sur les anciennes cartes de TOULet environs | |
| Pépinière | Lieud'exploitation horticole attestée sur les anciennes cartes de TOULet environs | |
| Cimetière SaintGengoult | Lieud'inhumation lié à l'abbaye du même nom | |
| Aux PlantesAirées | Lieu ou lesplantes sont aérées (anc fr. airées) ? | |
| A Notre Dame | Nom souslequel les catholiques désignent la mère de Jésus-Christ."Terres en lien avec un lieu de culte" | |
| Grande côte surla Champagne | anc. fr.champaigne,lat campania « vaste étendue de pays plat»(Militaire) Terrain où guerroyer, par opposition aux forts | |
| Bas de laChampagne | anc. fr.champaigne,lat campania « vaste étendue de pays plat»(Militaire) Terrain où guerroyer, par opposition aux forts | |
| La Champagne | anc. fr.champaigne,lat campania « vaste étendue de pays plat»(Militaire) Terrain où guerroyer, par opposition aux forts | |
| A Touche Bœuf | Fondsbœufs | parcelleaffectée au parcage des bovidés |
| Au Paradis | partiesupérieure de la Côte Barine fort escarpée et inaccessible | |
| Corbins surBrifoux | Parties dulieu-dit Brifou, P ê de Bri (inc.) et Faulx, faho (Fagus lat:Hêtre) Hêtraies ? | |
| Basses Brifoux | Partiesbasses du lieu-dit Brifou, P ê de Bri (inc.) et Faulx, faho(Fagus lat :Hêtre) Hêtraies ? | |
| Hautes Brifoux | Partieshautes du lieu-dit Brifou, P ê de Bri (inc.) et Faulx, faho(Fagus lat :Hêtre) Hêtraies ? | |
| Plantes auxpourceaux | Pâturagespécifique pour les porcins | |
| Pré la Ville | Pâturepropriété ou dont le revenu est affecté à la Ville (au sens deCité ou de Villa) | |
| Ravin de laPéréle | Pérèle,cours d'eau affluent du Terrouin | |
| Les Vachalons | Vouachalons | Petitsvallons allongés ou pâture de petites vaches ? |
| Plorances surles vacons | Plorences | plorance, s.f., pleurs |
| Entre bas barine | Point basentre les deux reliefs de Toul, passage d'un ancien ruisseau sejetant dans l'Ingressin | |
| Plantes auxVaches | Pré que l'onne fauche pas, pré sec, sans humidité : on y envoie les vachesen toute saison. | |
| Enceinteprimitive | Premièreenceinte fortifiée post romaine | |
| La Haie Vagnier | Haye | Présenced'une Haye délimitant une propriété |
| A la feuillemorte | Présence debois pourvus de feuilles caduques ? | |
| A Manouin(Mahin) | Prob. d'unanthroponyme : MAHIN | |
| Sur la tordue deMohin | Probab. d'unanthroponyme | |
| Sur Ingressin | Proche duruisseau l'Ingressin (Ingrechin) | |
| Derrière SaintMansuy | Quartierproche de l'Abbaye Saint-Mansuy (derrière par rapport à la ville de Toul) | |
| Du bas et duHaut | Référence àla position de la parcelle au bout du chemin dit "à mi-côte" | |
| Sous la Loge desGardes | Référence àun corps de garde placé sur la route Paris - Metz | |
| Moulin Haut | référence àun moulin à eau figurant sur les anciennes cartes de TOUL | |
| Moulin bas | référence àun moulin à eau figurant sur les anciennes cartes de TOUL | |
| Derrière leMoulin de Haut | référence àun moulin à eau figurant sur les anciennes cartes de TOUL | |
| Devant le MoulinSaintin | Cintin | Référence àun moulin figurant sur les cartes de TOUL (Gallica) et d'unanthroponyme "Saintin" |
| Chemin desChevaux | Référence àun passage privilégié des chevaux pour l'accès aux parcelles àexploiter | |
| Derrièresaint-Urbain | Référence àune chapelle dédiée au patron des vignerons | |
| Viergeotte | Référence àune croix ou un calvaire figurant sur les cartes anciennes et P êadjoint d'une statue | |
| La Faiencerie | Référence àune fabrique du17e s | |
| Derrière laFaïencerie | Fayencerie | Référence àune fabrique du17e s |
| Ile des Sables | Référence àune grève sablonneuse en bord de Moselle | |
| Fond du Bichet | Référenceau "Bichet" : tout animal d'élevage en patois lorrain | |
| Sur le GuetJacques | Waid, Weid | Référenceau lieu ou se faisait la traversée de la Moselle par bac ou gué (à pied sec) fig, sur les anciennes cartes – références germaniques sous le phonème W(aid) |
| Petite Buttesous la Vacherie | Relief proche d'une Vacherie : ensemble de vaches pour une exploitation, étable à vaches | |
| Devant Saint-urbain | Saint Urbainpatron des vignerons avait chapelle sur la côte Barine | |
| A Cord. | Sentier à Cord., du relief très pentu, sentier raide | |
| Bas del'Ingressin | Sous leruisseau Ingressin (Ingressin cours d'eau qui entrait dans la cité: du latin ingredior, -gressinus) | |
| Prévôté (Audessous de la) | Terrains dontle revenu allait au prévôt de la cité de Toul ? | |
| L'abbé deSaint-Epvre | -Epvre | Terres abbatiales |
| Sur la Mais | Meix | un meix estaussi précisément une « habitation rurale avec dépendances etattenante à un jardin ou verger |
| Hautes Vacons | Vacon estattesté sous la forme Vuacon en 1011. . Il s'agirait du nom depersonne germanique "Wacco" | |
| Les Vacons | Vacon estattesté sous la forme Vuacon en 1011. . Il s'agirait du nom depersonne germanique "Wacco" | |
| Sur le chemin duChavaux | Chaveau | Vaux (autreforme de Val : vallée restreinte) et "Châ"dénomination affectée à une des anciennes portes de Toul |
L'usage de mélioratifs dans la dénomination des toponymes n'est pas une nouveauté, et dès le Moyen Âge les agglomérations nouvelles, peut-être pour attirer vers elles les populations des villages voisins, vantaient le charme ou la sécurité des lieux, voire les avantages qu'on pouvait en tirer. L'adjectifbeau entre ainsi en composition dans d'innombrables noms de lieux. Le plus banal de tous :Beaulieu
, nom de 23 communes françaises. Guère plus original :Belleville
(seul ou en composition dans 14 communes). Mais comme les nouveaux villages étaient souvent situés sur des hauteurs, c'estBeaumont
qui est largement en tête (55 communes).
Depuis ces hauteurs, la vue était imprenable, gage de sécurité et éventuellement de plaisir. D'où les noms tels queMirabeau,Mirabel
,Beauregard
,Beauvoir
ouBelvédère. L'idée de forteresse imprenable apparaît notamment dans des noms tels queBellegarde
ouBelfort.
Si le lieu n'est pas qualifié debeau, il peut être nommébon, les deux termes étant souvent équivalents en ancien français :Bonneville
(SaufBonneville-Aptot, Eure, qui est un ancienBurnencvilla),Bonneval
,Bonrepos. Enfin, il n'est pas rare que des localités dont le nom ancien commençait parmal- se soit transformées pour être plus attrayantes. Ainsi, dès le Moyen Âge, Malpas (le mauvais passage) est devenuBompas (Pyrénées-Orientales).
Il subsiste toutefois des exceptions (Rueil-Malmaison), et également des toponymes qui ne sont pas issus de cette racine -mal, -mau, tellesMaugio ou encoreMaubeuge.
On peut également considérer comme des mélioratifs des termes tels queVilleneuve
ouVillefranche
. Souvent créées auXIIIe siècle, ces localités offraient dans bien des cas à leurs habitants l'exemption des droits seigneuriaux si pesants dans les villages voisins.
La graphie des toponymes officiels français (ceux des entités administratives : régions, départements, arrondissements, cantons, communes) est fixée par l’édition la plus récente duCode officiel géographique publié par l’Insee[30].Pour le français de France, les principales règles typographiques sont les suivantes :
Exceptions :Pays de la Loire,Territoire de Belfort,Forges de Lanouée,Val d'Oust,Val d'Anast et l’espace est conservée sans trait d'union dansCôte d'Azur (car c'est un surnom géographique) même quand il entre dans la composition du nom de régionProvence-Alpes-Côte d'Azur. On ne met pas non plus de trait d'union dans la partie non officielle d'un toponyme (Clermont de l'Oise).
La règle est obligatoire pour les communes sur tous les panneaux officiels (encadrés de rouge) à l’entrée des agglomérations, pour les départements et les régions (sauf les exceptions ci-dessus), mais n’est pas toujours appliquée de façon cohérente sur les autres panneaux (lieux-dits, bâtiments administratifs). Cette règle ne s'applique pas aux noms géographiques tels les noms de rivières (laSèvre Niortaise), d’îles (l’île d’Yeu est une île française située administrativement sur la commune de L’Île-d’Yeu) et de montagnes (le mont Sainte-Odile, lemont Blanc mais lemassif du Mont-Blanc). En outre lesantonomases (noms propres utilisés comme noms communs ou inversement) constituant des appellations d’origine s’écrivent avec une minuscule, comme dans le cas d'unverre de bordeaux oude bourgogne, d'unecoupe de champagne, d'unhavane ou d'unsèvres.
La majuscule est toutefois maintenue si le lieu est cité en tant que tel, par exemple dans le cas des vins de Bordeaux, duvignoble de Saint-Émilion ou de laporcelaine de Limoges ; certaines appellations appliquent donc simultanément ces deux règles, comme lecamembert de Normandie ou lebrie de Meaux.
Nota : leLexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale précise dans son chapitre consacré aux toponymes, tel que repris parles règles de typographie de l'encyclopédie wikipédia :
On consultera aussi les divers ouvrages parus dans la collectionNoms de lieux, classés par régions ou départements (éditions Bonneton).
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