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Tony Anatrella, né le, est unprêtre catholique français, égalementpsychothérapeute.
Figure de l'Église française dans les années 1980 et 1990, consulteur auprès de deux conseils pontificaux auVatican et auteur de plusieurs livres sur lasexualité des adolescents, Anatrella est connu pour son opposition à l'homosexualité mais aussi pour les accusations d'abus sexuels et d’abus de conscience dont il fait l'objet de la part d’anciens patients.
Il est condamné par l'Église catholique en France en2018 puis en2022, et se voit limiter sonministère sacerdotal.
Tony Anatrella est prêtre dudiocèse de Paris jusqu'en 2018. Il a réalisé unDEA de psychologie et obtenu un diplôme de l'École des hautes études en sciences sociales[1]. Il a notamment été consultant auConseil pontifical pour la famille[2], et chargé de mission sur les drogues et la toxicomanie auprès duConseil pontifical pour la pastorale des services de la santé, à Rome[3], et, en 2010, membre expert de la Commission d'enquête sur les phénomènes d'apparitions présumées deMeđugorje[4]. Il bénéficie alors de l'usage du titre honorifique de « Monseigneur », qui est, comme le rappelle le biblistePhilippe Lefebvre,« un titre honorifique lié à ses diverses fonctions au Vatican[5] ». Se présentant comme psychanalyste[6], il a été membre du conseil scientifique de la revue d'éthique et de théologie moraleLe Supplément[3].
En 2006, Tony Anatrella fait l'objet de trois plaintes déposées par d'anciens patients, pour des faits d'attouchements sexuels dans le cadre de « thérapies » visant à les guérir de leurhomosexualité[7],[8]. Ces plaintes sont relayées en septembre de la même année par un dossier du magazineGolias qui révèle « les étranges méthodes du docteur Anatrella »[9]. Tony Anatrella affirme alors être victime d'unedénonciation calomnieuse[10].
Une enquête judiciaire est menée, et la justice civile classe l'affaire sans suite en 2007 faute d'avoir trouvé pour l'une des plaintes des « éléments constitutifs d’une infraction », et en raison de la prescription des faits visés par les deux autres[8]. La justice française n'interviendra plus dans ce dossier. Tony Anatrella porte plainte en 2007 pour dénonciation calomnieuse et diffamation, mais la justice prononce un non-lieu[réf. nécessaire].
De nouvelles accusations sont portées contre lui en 2016[11]. Le, la chaîne de télévisionTF1 présente des témoignages d'hommes qui disent avoir été entraînés dans des actes à caractère sexuel lors de séances de thérapie[12]. La presse fait un large écho à ces déclarations et les met en relation avec les prises de position officielles du prélat : celui-ci aurait inspiré ledécret pontifical de 2005, interdisant l'accès des homosexuels ausacerdoce[11].
Les victimes présumées saisissent la justice de l’Église en 2016. Le diocèse de Paris, sous l'égide d'André Vingt-Trois, envisage un procès canonique[13],[14] mais n'obtient pas la levée de la prescription des faits (les victimes étant majeures au moment des faits)[15]. Il lance une enquête canonique (instruction). Un ecclésiastique proche de trois plaignants indique que, à son avis, le cardinalAndré Vingt-Trois protège Anatrella qui serait un de ses proches[16].
En, le diocèse relance une enquête préliminaire dont les conclusions sont remises en à l’archevêque de Paris,Michel Aupetit[17].
Une nouvelle accusation est rendue publique en[18].
En, l’archevêque de Paris confirme la tenue d'unprocès ecclésiastique sans en préciser la date ni la teneur[19]. Le, le diocèse de Paris annonce des sanctions prises le :« La cessation de toute activité liée à la psychothérapie, la cessation de toute publication d’ouvrage, la cessation de toute participation à des colloques, réunions publiques, conférences, etc., la cessation de toute présidence ou concélébration publique, la cessation des facultés de confesser, la pratique d’une vie de prière dans un quotidien plus reculé[20]. »
Début, la réprimande canonique prise par l'archevêque de Paris est rendue publique : Anatrella reste prêtre, mais se voit interdire de ministère sacerdotal[21]. Il ne peut plus entendre les confessions, il doit renoncer à l'accompagnement spirituel des personnes et il est interdit d'intervention publique sans l'accord de l'archevêque. « Sur la base de l’ensemble des informations recueillies », notamment au cours de l’enquête préliminaire dont les conclusions lui avaient été remises mi mai, Michel Aupetit signifie à Anatrella « qu’aucun ministère sacerdotal ne lui serait plus confié », indique le diocèse àLa Croix[22]. Il est stipulé qu'il n'aura plus de ministère et il lui est demandé de ne plus exercer[23]. Le journalTémoignage chrétien détaille également la partie du jugement ecclésiastique qui interdit à Tony Anatrella « l'accompagnement spirituel » et les « interventions publiques »[24]. Ces sanctions ont été annoncées aux plaignants le parÉric de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire qui avait, à la demande du cardinal Vingt-Trois, entendu les victimes présumées dans le cadre d’une commission d’audition mise en place en 2016.
« Je suis satisfait, c’est une décision courageuse et, pour nous, c’est l’aboutissement de plusieurs années très compliquées […]. Il y a une forme de soulagement, même s’il y aurait beaucoup à dire sur la manière dont les victimes ont été accueillies et écoutées », a déclaré au journalLa Croix l’un des plaignants[22].
À la suite des déclarations du papeBenoît XVI lors de son voyage en Afrique en 2009, il émet un avis nuancé concernant le recours au préservatif pour la prévention duSIDA[25] tout en soulignant les limites d'une telle utilisation.
SelonMediapart, il réserve ses analyses majeures, « de manière presque obsessionnelle »[11], à l’homosexualité. Il publie une tribune dansLe Monde du, intitulée « À propos d'une folie » où il manifeste sonopposition au PACS et à ce qui lui apparaît comme une nouvelle définition du couple[26].
Dans son essaiNon à la société dépressive, il affirme que« le nazisme, le marxisme et le fascisme sont des idéologies de nature homosexuelle : leur discours, leurs insignes et leurs actions le prouvent au premier degré puisqu’elles privilégient tout ce qui est semblable[27]. »
En 2005, il est l’un des inspirateurs de l’instruction du Vatican interdisant l’ordination des prêtres homosexuels. Le, dans l’Osservatore Romano, le quotidien du Vatican, il souligne que l'homosexualité apparaît« comme un inachèvement et une immaturité foncière de la sexualité humaine […] Elle pourrait même être perçue comme une réalité déstabilisante pour les personnes et pour la société. » Selon lui,« les prêtres gays ont tendance à détourner leur fonction à des fins narcissiques », « ils sont dans la séduction » et « ont de sérieuses difficultés pour se situer institutionnellement dans la coopération avec les autres[28],[29]. »
Ses positions sont notamment critiquées parPhilippe Lefebvre, professeur à lafaculté de théologie catholique de Fribourg[30],[31], qui a accompagné plusieurs des victimes de Tony Anatrella[32].
Il se déclare depuis 2003 contre lesétudes de genre (gender studies). Selon lui, ces études sont le signe de la« confusion sexuelle » qui influence nos sociétés actuelles et elles représentent« une véritable manipulation sémantique en appliquant la notion decouple et de parenté à l'homosexualité. » Il affirme que« la théorie du genre est largement diffusée par la Commission Populations de l'ONU et par le Parlement européen afin d'obliger les pays à modifier leur législation et reconnaître, par exemple, l'union homosexuelle ou l'homoparenté par l'adoption d'enfants[33]. »
Il analyse les études de genre« à partir des concepts de l’encyclique deBenoît XVI,Caritas in Veritate »[34],[35].
« Ces experts catholiques du genre [Michel Schooyans, Margaret A. Peeters et Tony Anatrella] ne bénéficient d’aucune reconnaissance dans le monde académique et notamment celui des études de genre. Ils ne publient pas dans les revues académiques et sont bien souvent inconnus des universitaires[36]. »
Selon un article publié en 2016 par le journal britannique,The Guardian, Anatrella serait l'auteur de directives du Vatican, faisant partie d'un programme de formation pour les nouveauxévêques, dans lesquelles il est précisé que les évêques n'ont pas nécessairement l'obligation de dénoncer à la justice les actes depédophilie commis par desprêtres[37].
Tony Anatrella réagit dans un entretien à l'agence romaine I.media[38] en assurant que l'on a détourné le sens de ses propos, qui n'apportent rien de nouveau aux procédures ecclésiastiques déjà mises en place, indiquant que, selon lui,« l'évêque et son représentant doivent inciter d'abord les victimes à porter plainte et seulement dans le cas où elles ne le font pas, l'évêque se doit de le faire ».
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Dans le film120 Battements par minute, un livre d'Anatrella est critiqué par un militant d'Act Up.