Le tongien est unelangue polynésienne appartenant au sous-groupe tongique, comme l'illustre cette carte de la séparation duproto-polynésien en plusieurs langues (vers 900).
Les îles Tonga sont peuplées vers par des populationsLapita parlant deslangues océaniennes. Pendant de nombreuses années, les Tonga et lesSamoa partagent une langue commune, leproto-polynésien. Vers, ce dernier commence à se séparer en deux groupes : labranche tongique d'une part, et les autres langues polynésiennes nucléaires[4],[5]. Le tongien s'est donc séparé plus tôt duproto-polynésien que les autres langues polynésiennes[6]. Par la suite, le proto-tongique se sépare lui-même en deux langues, leniuéen et le tongien.
Cependant, les Tonga exercent une influence - politique, culturelle et donc linguistique - sur les îles voisines durant les siècles suivants. Ainsi, le tongien a fortement influencé lewallisien, une langue issue du proto-polynésien nucléaire mais ayant emprunté largement au tongien à la suite des invasions tongiennes àWallis[7],[5] autour duXVe siècle. Il a également influencé l'anuta, une langue polynésienne parlée sur l'île d'Anuta auxîles Salomon[5].
Extrait d'unebible en tongien publiée àLondres en 1867.
Au début duXIXe siècle, des naufragés (beachcombers) puis des missionnaires arrivent aux Tonga et enseignent à lire et à écrire l'anglais à différents chefs de l'archipel. En 1831, les missionnaires publient une traduction de laBible en tongien : il s'agit du premier livre écrit dans cette langue[10]. L'écriture a joué un rôle important dans la christianisation des populations tongiennes, à la fois pour les chefs locaux (pour qui elle permettait d'accroître leur pouvoir) et pour les roturiers (tua), qui l'ont utilisé pour défier la hiérarchie traditionnelle[10].
Le tongien fait partie deslangues polynésiennes, une des branches de l'arbre généalogique austronésien. C'est une des langues polynésiennes les plus parlées, avec 108 000 locuteurs. Cette langue est également pratiquée par unediaspora dans d’autres pays comme :
Si le tongien est parlé largement aux Tonga, il est aussi utilisé par des communautés émigrées relativement importantes.En 2013, laNouvelle-Zélande a recensé 31 839 locuteurs[11]. Au recensement de 2011, 25 096 personnes se déclaraient d'origine tongienne enAustralie. En 2010, ils étaient 57 183 à se déclarer d'origine tongienne auxÉtats-Unis d'Amérique[réf. souhaitée].
Aux Tonga, c'est la langue maternelle de plus de 98 % de la population (soit plus de 101 000 personnes en 2011), les autres langues maternelles étant leniuafoʻou et l'anglais.
Le tongien est une langue plus parlée qu’écrite. La culture tongienne étant detradition orale, il n’existe que très peu de livres écrits en cette langue. Il n’y a pas assez de personnes lisant le tongien pour justifier d’autres publications. Cependant, il existe quelques magazines en tongien et un seul hebdomadaire en tongien.
Étant donné que 98 % de la population des Tonga parle le tongien et que la Constitution ne contient pas d’articles d’ordre linguistique, on pourrait supposer que tout ce qui touche à l’éducation, administration, etc., soit en tongien pourtant ce n’est pas le cas. AuParlement, bien que les deux langues soient utilisées (anglais et tongien), les textes ne sont qu’en anglais. Tous les documents officiels de l'administration sont en anglais alors que le tongien est utilisé oralement. Selon les îles, les cours ne sont dispensés qu’en anglais alors que dans certaines écoles l’enseignement est dispensé essentiellement en tongien. Enfin, la vie économique se déroule en anglais, que ce soit oralement ou par écrit (même pour lapublicité)[12].
Pour Jacques Leclerc,« l’anglais accapare toutes les fonctions sociales prestigieuses aux dépens de la langue nationale », qui se voit reléguée à la sphère orale[12]. Le linguiste Yoko Otsuka estime en 2006 que le tongien peut devenir unelangue en danger si rien n'est fait pour lui donner plus d'importance et le soutenir face au poids grandissant de l'anglais[13].
Cette langue s'écrit avec unalphabet latin, qui ne contient que 16 lettres : a, e, f, h, i, k, l, m, n, ng, o, p, s, t, u et v. Elle possède en outre un signe qui ressemble à l’apostrophe et qui marque lecoup de glotte : l’apostrophe culbutée ‹ ʻ ›.
Cette langue est unelangue isolante, c'est-à-dire à mots invariables. Une particularité importante du tongien est que tous les mots (à l’exception des noms propres et des démonstratifs) sont combinables aussi bien avec des déterminants nominaux qu’avec des marquesverbales. Il est donc difficile de différencier le verbe dunom puisqu'il n’y a pas de distinction ni au niveau de la conjugaison ni au niveau de la grammaire. Cependant cette distinction existe sur le plan syntaxique.
Le motfrançais « tabou » est un emprunt au tongientapu, via l'anglaistaboo. Le terme tongien entra dans la langue anglaise lorsqu'il fut emprunté par le capitaineJames Cook, lors d'un séjour aux Tonga en1777.
↑Cette famille de langues couvre pratiquement tout l'océan Pacifique et s’étend jusqu’à l’île de Madagascar en passant parTaïwan et une partie du sud-est asiatique.
↑Un arrêté de terminologie des noms d'États de 1993 avait introduit par erreur la forme « tonguien ». Il a été corrigé par une nouvelle liste officielle publiée au JO en 2008 (dernière mise à jour du JO le 21 avril 2019).Commission d'enrichissement de la langue française,Recommandation concernant les noms d’États, d’habitants, de capitales, de sièges diplomatiques ou consulaires : Journal officiel des 24 septembre 2008 et 21 avril 2019, 15 p.(lire en ligne[PDF]),p. 14
↑a etbFrançoise Douaire-Marsaudon,« Désir d'écrire. Le rôle de l'écriture dans la christianisation à Tonga (Polynésie) », dansMissionnaires chrétiens. Asie et PacifiqueXIXe – XXe siècle,(lire en ligne),p. 168-179