La première source écrite où apparaît le nomToletum est l'œuvre de l'historien romainTitus Livius, qui indique que Toletum trouve son origine dans le motTollitum, qui aurait donnéTollitu,Tollito,Tolleto,Tolledo, jusqu'àToledo, Tolède. Le sens de ce mot serait « construit en hauteur ». Martín Gallego reprend la version des « doubles méandes ou coudes que forme le fleuve qui l'entoure »[1].
La ville de Tolède est située dans le centre de l'Espagne, à 70 km au sud-ouest deMadrid. Elle est traversée par leTage. Son territoire municipal s'étend sur 232 km2 et sonaltitude moyenne est de 529 m.
Des restes archéologiques de l'âge du bronze ont été découverts sur la collineCerro del Bu. Cette forteresse naturelle imprenable dominant les alentours est desservie par leTage, qui a protégé les habitants de ce lieu pendant très longtemps. Cela leur a assuré une certaine prospérité ; en effet, de nombreux objets ornementaux enbronze,argent etor y ont été trouvés.
Le village s'est agrandi en occupant de plus en plus l'autre rive de la rivière, la colline de l'Alcázar. C'est ici que se forme l'histoire de la ville elle-même en devenant, tour à tour, acropole, forteresse et, finalement, palais et zone militaire.
En192av. J.-C., lesRomains fondent la ville deToletum[réf. nécessaire], qui devient par la suite Tolède, et y laissent de nombreuses traces à travers des constructions dont il reste encore aujourd'hui des ruines. La ville de Tolède est citée pour la première fois par l'historienTite-Live qui la qualifie de « petite ville fortifiée »[2].
Le, en pleineReconquista, leschrétiens dirigés par le roiAlphonse VI de Castille reprennent Tolède aux musulmans. À la chute de laTaïfa (émirat d'al-Andalus), la ville était peuplée d'environ 30 000 personnes[4]. Le roi musulman accepte la reddition de la ville en échange de garanties négociées pour les musulmans. En écho au statut dedhimmi imposé précédemment par les musulmans aux non-musulmans, le statut demudéjar prévoit qu'en échange d'un impôt spécifique pour les non-chrétiens, leurs biens sont garantis[5],[Note 1].
Une grande partie de la population musulmane fuit au sud peu après la conquête de la ville, avant qu'en 1110 une rébellion éclate ; quant aux mozarabes, chrétiens de rite arien, ils sont soumis à la pression du rite de Cluny et menacent également de partir. La perte de population que subit la ville met en péril sa défense et oblige le roi à réagir en octroyant aux principales communautés desfors dont bénéficient les castillans en premier, mozarabes (1101), les différents clergés de la ville indépendamment de leur rite (1128), les francs (1136)[7]. Les juifs étaient des hommes libres par la tradition, mais sans cadre juridique[7]. Ces cadres juridiques différents rendent les communautés autonomes et inégales. Les plus favorisés étaient alors les Castillans et les mozarabes. Dans cette ville chrétienne, l'organisation musulmane de la ville perdura et retarda jusqu'au début du XVe siècle l'apparition des structures municipales développées dans le reste de la Castille[7].
AuXIIe siècle, la ville devient un centre detraduction très réputé, et un lieu de rencontres entre les savants des trois grandes religionschrétienne,juive,musulmane mais la plupart des élites musulmanes s'est exilée et les Juifs tiennent alors un rôle majeur dans la traduction de lascience gréco-arabe et dans les fonctions d'administration[8].
Lorsque laguerre civile se déclenche, Tolède est située dans une zone républicaine. Pendant laguerre civile espagnole, Tolède est le théâtre de combats autour de l'Académie militaire de l'Alcazar. C'est là qu'eut lieu lesiège de l'Alcazar de Tolède (1936) resté célèbre, où des troupes nationalistes résistèrent à un siège de près de 70 jours mené par les troupes républicaines. Elles ont été secourues le 28 septembre 1936 par les troupes du généralVarela, et après trois mois d'intenses combats, le colonelMoscardó, commandant de la place, prononça un mot resté célèbre aux troupes nationalistes venues le secourir :« Sin novedad en el Alcazar » (« rien à signaler dans l'Alcazar »), phrase alors conventionnelle dans l'armée espagnole.
Tolède était particulièrement réputée pour sa production d'acier et notamment pour sesépées. Ces techniques y avaient été importées dePerse par lesmusulmans. La ville est aujourd'hui encore un centre important de production de couteaux et autres objets en acier.
Des facteurs tels que l'augmentation du prix des logements à Madrid et l'amélioration des liaisons avec la capitale espagnole (Tolède est à seulement vingt minutes de lagare d'Atocha par le train à grande vitesseAVE) expliquent que la population tolédane a augmenté de près de 20 % ces dix dernières années. Elle est en effet passée de 68 537 personnes en 2000 à 82 489 en 2010.
Lors desélections municipales du, la ville de Tolède comptait 84 282 habitants. Son conseil municipal (Pleno del Ayuntamiento) se compose donc de 25 élus.
Composition du conseil municipal par mandature depuis 1979[9]
Tolède est desservie par un réseau dense de grands axes routiers dont les autoroutesA-42 depuis Madrid et CM-42 depuis l'Andalousie, auxquelles s'ajoutent les routes nationales N-400 depuisCuenca, N-401 depuisCiudad Real et N-403 depuisCastille-et-León. Lagare de Tolède relie la ville à Madrid et au reste du pays.
L'Alcázar de Tolède est un édifice duXVIe siècle de forme rectangulaire placé dans la partie la plus haute de la ville, avec une grande esplanade centrale et quatre tours aux quatre angles, aux murs en granit, et qui apparemment fut le siège du protectorat romain de la cité, et postérieurement, un palaiswisigothique, puis une forteressearabe.
Tolède a accueilli le peintreLe Greco dans la dernière partie de sa vie à partir de 1577 jusqu'à sa mort en 1614. La ville est le thème de plusieurs de ses tableaux les plus célèbres dontl'Enterrement du comte d'Orgaz qui est exposé dans l'église deSanto Tomé.
La gastronomie tolédane se caractérise surtout par l'importance dugibier. Il existe différentes façons de préparer laperdrix notamment à l'escabèche ou à l'étouffée. La première est consommée froide, alors que la seconde recette est mijotée avec de l'oignon, de l'ail et du laurier[12]. Un autre plat connu venant de Tolède et les Carcamusas, parmi lesquelles se distinguent le lapin à l'ail, chasseur, au charbon de bois, Tojunto ou auriz.
Certains plats tolédans peuvent servir d'entrée, comme la soupe à l'ail ou legaspacho, soupe froide composée d'eau, d'huile, de tomate et de concombre, d'origine paysanne et qui est essentiellement consommée les jours de chaleur.
À Tolède on trouve les vins et fromages de La Manche, dont certains sont réputés. La Castille-la-Manche consacre700 000 hectares au vignoble et à sa propre appellation. Par ailleurs, le fromage ditqueso manchego produit à partir delait debrebis de la Manche et obtenu après une période de maturation d'au moins sept mois est aussi un produit de la région. Il existe à la fois desmanchegos produits à partir de lait pasteurisé et des manchegos porteurs de l'Appellation d'Origine Contrôlée (appeléeDenominación de Origen en Espagne), produits à partir de lait cru[13],[14].
La friandise la plus connue de Tolède est lemassepain[15]. Il s'agit de la pâte fine et compacte obtenue à partir d'amandes crues, pelées et moulues. La présentation finale est obtenue par le moulage manuel ou mécanique de lapâte d'amandes, une cuisson au four et parfois un fourrage ou un glaçage.
Chaque année lors de laFête-Dieu (Corpus Christi en espagnol), entre mai et juin, une importanteprocession religieuse traverse le centre historique[16].
Lavieille ville de Tolède se trouve en haut d'une montagne et on peut y voir de nombreux monuments historiques dont lacitadelle, lacathédrale et leZocodover (de l'arabeSuk-al-dawab, marché aux bestiaux, le marché central).
Tolède fut le lieu de réunion dedix-huit conciles, assemblées politico-religieuses tenues entre les années 400 et 702, tous, excepté le premier, datent de l'époque de la domination desWisigoths ; plusieurs statuent sur la façon deforcer les Juifs à la conversion. La ville reste le premiersiège épiscopal de la péninsule. Le Musée des Conciles et de la culture wisigothe a été ouvert en 1969 dans l'église San Román ; il contient descodex en lettres wisigothiques et des exemples de découvertes archéologiques, orfèvrerie et bijouterie, en provenance tant de la ville de Tolède que de la province[17].
Capitale duRoyaume Wisigoth, Tolède est soumise tardivement auCalifat de Cordoue (932). Tolède devient capitale de lataifa de Tolède après la guerre civile (1011-1031), qui s'étend à l'ouest et s’unit à celle de Valence (1064) afin d'annexer la Taïfa de Cordoue et reconstituer al-Andalus. Ces conflits incessants génèrent une instabilité chronique.
Les communautésjuive,musulmane etchrétienne cohabitent sous la domination des musulmans. Les juifs et les chrétiens, "gens du Livre, ahlu-l-kitab" (Bible) ont un statut dedhimmis (protégés, conformément aux termes du Coran) moyennant une redevance, un statut inférieur à celui des sujets musulmans[18]. La situation concrète des différentes religions est de fait mal connue. Durant la période califale et la Taïfa, on perd toute trace écrite de présence chrétienne (893-1067). Les juifs vivaient dans des quartiers séparés[19].
↑Le statut de "mudéjar" comporte quatre conditions :
La liberté pour les musulmans de rester dans la ville avec leurs biens garantis, sous la condition qu'ils paient un impôt égal à celui qu'ils payaient auparavant ;
La liberté aux musulmans de la ville de quitter la ville avec leurs biens et la liberté à ceux qui ont quitté la ville de revenir et de récupérer leurs biens ;
La mosquée principale de Tolède reste une mosquée ouverte au culte musulman ;
Alphonse VI se réserve le palais, les jardins et le trésor (Alcazar, Huerta del Rey).
La mosquée principale (bâtie sur une cathédrale wisigothe consacrée pour la seconde fois en 587) est cependant transformée encathédrale Sainte-Marie l'année qui suit le pacte[6].