Letibétain standard (souvent appelétibétain deLhassa) est la forme standardisée dutibétain central, unelangue parlée par plusieurs millions de locuteurs. L'université de Californie à Los Angeles (UCLA) estimait dans sonUCLA Language Materials Project que le tibétain dans son ensemble possédait de 3 à 8 millions de locuteurs selon les sources[1]. Il s'agit en fait du nombre de locuteurs deslangues tibétiques, qui ne sont pas forcément intercompréhensibles[2]. Letibétain central dont fait partie le tibétain de Lhassa, comptait 1,2 million de locuteurs en 1990. Ces langues sont parlées dans différents pays et provinces de Chine limitrophes de larégion autonome du Tibet, telles que leszones à population tibétaine duQinghai (Amdo), duGansu, duSichuan et duYunnan (Kham) et plus sporadiquement dans d'autres régions de larépublique populaire de Chine. La langue est également parlée dans certaines régions de pays environnants, de l'Himalaya et de l'Asie centrale, comme leLadakh et leSikkim en Inde, leBaltistan pakistanais, leBhoutan et le nord duNépal. Le tibétain standard s'écrit principalement à l'aide de l'alphasyllabaire tibétain et comporte différentesromanisations, lewylie, la plus ancienne, THL, conçu aux États-Unis, utilisé généralement pour les noms propres et zangwen pinyin (oupinyin tibétain), conçu en Chine, tenant compte des particularités tonales des langues tibétaines.
Le tibétain (en tibétain :peugué pour la langue parlée etpeuyi pour la langue écrite ;tibétain :བོད་ཡིག, Wylie :bod yig,THL :böyik) est une langue appartenant à la famille des languestibéto-birmanes.
Le tibétain se subdivise en un grand nombre de dialectes. Leur classification varie selon les sources.Christopher I. Beckwith par exemple[3] distingue cinq groupes géographiques : tibétain du Nord-est, de l'Est, du Sud, du Centre, de l'Ouest[4].
Dans une bonne partie du Tibet, l'enseignement dans le primaire se fait principalement ou entièrement en tibétain, l'enseignement bilingue commençant rarement avant que les élèves atteignent le secondaire. Toutefois, le chinois est la langue d'enseignement de la plupart des écoles secondaires tibétaines. Les élèves qui continuent ensuite dans le supérieur ont la possibilité d'étudier les disciplines relatives aux sciences humaines dans une des facultés pour les minorités d'autres provinces[6].En revanche, dans les écoles tibétaines de Dharamsala en Inde, les directives du Ministère du développement des ressources humaines exigent que les matières soient enseignées en anglais à partir du secondaire[citation nécessaire][7].
Afin de renforcer la présence des enfants à l'école et d'élever leur niveau d'éducation et de réduire ainsi l'illettrisme, il a été permis aux familles de conserver un enfant par foyer pour le travail des champs. De la même façon, cela permet d'en envoyer tout de même trois à l'école pour une famille de quatre enfants[8], les études monastiques ont été interdites aux enfants, avant qu'ils n'aient passés l'enseignement de base, même si cela n'a pas été strictement appliqué. Afin de réduire les frais de scolarité, des aliments sont donnés aux enfants pour les élèves devant parcourir plus de 2 km pour rejoindre leur foyer. Des vêtements scolaires et couvertures sont également donnés aux enfants en pension[9].
Selon le linguiste ettibétologueNicolas Tournadre, l'usage de la langue tibétaine écrite a régressé durant larévolution culturelle au Tibet où elle était interdite. Elle a pris un nouvel essor dans les années 1980 mais régresse de nouveau depuis le milieu des années 1990 en raison de la prédominance du chinois dans l'éducation. Un nouveau règlement pour protéger la langue tibétaine est adopté le, sans toutefois obtenir le résultat escompté. Les jeunes dans les zones urbaines parlent le plus souvent un mélange tibéto-chinois[10].
Nicolas Tournadre écrit qu'« en moins de cinquante ans, la langue tibétaine est devenue une langue menacée, condamnée à un déclin irréversible, voire à la disparition en deux générations si la politique linguistique actuelle est maintenue. La responsabilité du gouvernement régional et du gouvernement central est, dans ce domaine, évidente. »[11].Le linguisteClaude Hagège mentionne la langue tibétaine dans l'article « C'est ainsi que les langues meurent » publié dansL'Histoire[12][Passage problématique]. Le linguisteJacques Leclerc considère aussi que la langue tibétaine est en voie de régression constante du fait qu'elle n'est plus valorisée, au contraire, et qu'elle est devenue inutile sur le marché du travail[13].
En 2003, le professeur de l'université des sciences et techniques de Hong KongBarry Sautman, affirme qu'aucune des études récentes sur leslangues en péril ne donne le tibétain comme langue en danger. Pour lui, le maintien de la langue chez les Tibétains tranche avec l'érosion des langues dans les régions marginales des états occidentaux réputés pour leur politique tolérante. Les affirmations selon lesquelles les écoles primaires de la RAT enseignent lemandarin standard sont erronées. En 1996, Le tibétain était la principale langue d'enseignement dans 98 % des écoles primaires, et actuellement le mandarin standard est introduit dans les premières années uniquement dans les écoles urbaines[14].
LetibétologueElliot Sperling est d'avis, pour sa part, que« Dans certaines limites, larépublique populaire de Chine fait quelques efforts pour laisser s'exprimer une expression culturelle tibétaine » et« l'activité culturelle qui a lieu sur l'ensemble du plateau tibétain ne peut être ignorée[15]. ». En 2012,Katia Buffetrille fait partie des« 80 spécialistes mondiaux du Tibet » qui demandent àXi Jinping d'intervenir pour sauver la langue tibétaine[16].
SelonStéphane de Tapia, directeur de recherche au CNRS[17], le tibétain n'est parlé que par environ 1 million de Tibétains sur les près de 5 millions que compte la Chine et la langue tibétaine centrale, langue classique et littéraire, mais aussi langue religieuse, est devenue la langue d'usage pour ladiaspora tibétaine[18].
Les autorités chinoises interdisent les cours de langue tibétaine dans les écoles primaires dans lapréfecture autonome tibétaine de Garzê, appartenant à l'ancienne province tibétaine duKham, à partir de 2024, suscitant l'inquiétudes quant aux droits des Tibétains à préserver leur culture et leur identité[19].
SousUnicode, les caractères tibétains sont codés de 0F00 à 0F7F.Voici l'alphasyllabaire tibétain, endbu can (caractères d'imprimerie),dbu med (écriture cursive) et en translittération Wylie.
Le tableau ci-après donne les nombres cardinaux en tibétain, enbirman, encantonais, enshanghaïen, en coréen (langue non sino-tibétaine, mais utilisant deux systèmes de numération, l'un d'origine coréenne, l'autre d'origine chinoise, donné ici), enjaponais (langue non sino-tibétaine, mais dont la prononciationon'yomi vient deslangues chinoises, une versionkun'yomi, typiquement japonaise, est également utilisée dans cette langue pour 4 (yon) et 7 (nana)), enmandarin (une langue chinoise récente), et leur traduction enfrançais :
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↑(Tournadre 2014)« However, the so-called “Tibetan dialects” refer in fact to various languages which do not allow mutual intelligibility. Until the last decades of the 20th century, many scholars would still classify the “Tibetan dialects” into three major groups: Khams, Amdo, Ü-Tsang (thus taking into account only the “dialects” found in China) »
↑UCLA Language Materials Project, op. cit. :« The numerous dialects of Tibetan have been classified in different ways by different scholars. According to Beckwith, the Tibetan dialects fall into five groups based on their geographical location: Northeastern, Eastern, Southern, Central, Western. »
↑The Classical Tibetan Language, Stephan V. Beyer, Suny Press, 1992, pages 140-142
Manuel de tibétain standard : Langue et civilisation (+ 2 CD),Nicolas Tournadre et Sangda Dorjé, éditions L'Asiathèque, 2003,(ISBN2-911053-67-2).
L'écriture du tibétain classique; Les cahiers de tib'études (en 3 volumes), Dominique Thomas, Éditions Dzambala, 1997,(ISBN2-90 6940-16-X)
Nicolas Tournadre,« The Tibetic languages and their classification (preprint) », dansTrans-Himalayan Linguistics: Historical and Descriptive Linguistics of the Himalayan Area,, 103–129 p.(ISBN978-3-11-031074-0,lire en ligne)