État fédéré situé au centre du pays, il est le douzième en nombre d'habitants et le onzième en superficie. Sa capitale estErfurt et sonministre-président Mario Voigt.
La Thuringe est située au centre de l'Allemagne et est bordée (à partir du nord et dans le sens des aiguilles d'une montre) par les länder deBasse-Saxe,Saxe-Anhalt,Saxe,Bavière etHesse.
La Thuringe, surnommée le « cœur vert de l'Allemagne », est riche enforêts. En particulier, au sud-ouest, se situe laforêt de Thuringe (Thüringer Wald), une chaîne de moyennes montagnes qui s'étend deEisenach àSonneberg. Elle se prolonge par lesmonts de Thuringe, entreSaalfeld etSonneberg. Au nord de la forêt de Thuringe se situe un plateau. Au nord-ouest, il comprend une petite partie des montagnes duHarz. D'autres massifs de collines se situent en Thuringe : leRhön, le Dün, leKyffhäuser et leHainich. La partie orientale est en général en plaine.
Les principales rivières sont : laSaale qui coule dans ses parties basses du sud vers le nord, l'Ilm, laWerra, laUnstrut et l'Elster Blanc.
Le point le plus élevé de Thuringe est le Großer Beerberg qui culmine à 982,9 mètres ; le point le plus bas se situe à 114 mètres près deWiehe.
Le centre géographique de l’Allemagne se situe dans le Nord-ouest du territoire de la Thuringe, dans la forêt nationale du Hainich non loin de la ville de Mühlhausen en Thuringe.
Environ 1 500 sortes de plantes poussent en Thuringe. Laforêt de Thuringe est emblématique de la région et lui a valu le surnom deDeutschlands grünes Herz. La principale essence qui la compose est l'épicéa mais on trouve aussi dessapins de Douglas, desmélèzes et deshêtres. La forêt de Thuringe a souffert et continue à souffrir de la pollution atmosphérique notamment du fait despluies acides.
La chaîne de collines du Hainich[2] présente un intérêt environnemental particulier qui explique la création du parc naturel national du Hainich en 1997. On y trouve la plus vaste forêt de feuillus d'Allemagne, qui présente une très grande variété de hêtres mais également desfrênes, desérables, destilleuls et de raresalisiers torminaux. La faune du parc se compose d'une faune européenne commune, on y trouve par exemple deschevreuils, desblaireaux, desgrenouilles, descrapauds ou encore dessangliers. Mais on trouve aussi deschauves-souris ou deschats sauvages. Plus de 180 espèces d'oiseaux vivent dans le Hainich (pouillots siffleurs,pinsons des arbres,pics épeiches) mais aussi de très nombreuses espèces de papillons et d'insectes.
Au cours de laRéforme, la Thuringe devientprotestante. La foicatholique est abolie dès1520 : les prêtres sont expulsés et les monastères détruits. Lesanabaptistes recrutent dans la région deMühlhausen où est actifThomas Müntzer, figure de proue d'une branche de ce mouvement. Seuls demeurent catholiques le district d'Eichsfeld, contrôlé par l'électorat de Mayence, et à un moindre degré, la ville et les alentours d'Erfurt.
En1920, sous larépublique de Weimar, ces États fusionnent en un seul, appelé Thuringe, avec pour capitaleWeimar, à l'exception de laSaxe-Cobourg qui vota pour un rattachement à laBavière. À cette époque, la région est l'un des principaux foyers d'agitation révolutionnaire. Enoctobre 1923, leKPD entre au gouvernement de l'État de Thuringe et tente d'établir unerépublique des conseils. Éphémère, celle-ci est renversée par l'intervention militaire du Reich qui rétablit un gouvernement social-démocrate[5]. Aux élections en Thuringe du, le parti nazi (NSDAP) passe pour la première fois la barre des 10 % (11,3 %), ce qui lui permet une première participation à un gouvernement local :Wilhelm Frick devient ministre de l'Intérieur et de l'Éducation. L'expérience n'est guère concluante et Frick est démis de son poste moins d'un an plus tard[6]. La collaboration entre nazis et conservateurs, en 1930, prépare la chute de la république de Weimar[7].
En1937, le camp de concentration deBuchenwald est ouvert près de Weimar. Au cours de laSeconde Guerre mondiale, la Thuringe subit de nombreux dégâts, en particulier les villes d'Iéna etNordhausen qui sont sévèrement bombardées. Bien que les Américains libèrent les premiers la Thuringe enavril 1945, le land de Thuringe est attribué à la zone d'occupation soviétique à partir dejuillet 1945. Les Soviétiques lui rattachent une partie de laSaxe prussienne (Erfurt,Mühlhausen etNordhausen). Erfurt devint la nouvelle capitale du land. Les premières élections au Parlement de Thuringe ont lieu en1946.
En1949, laRépublique démocratique allemande est créée et la Thuringe y est rattachée. En1952, la République démocratique allemande procède à la dissolution desländer, qui sont remplacés par des districts (Bezirke) : en Thuringe, les districts d'Erfurt, deGera et deSuhl. La frontière avec laBavière au sud a constitué alors, pendant laguerre froide, une partie durideau de fer, particulièrement bien visible au musée du mur deMödlareuth.
L'État de Thuringe est restauré, dans des frontières presque identiques, lors de laréunification de l'Allemagne en1990. En1993, elle se dote d'une nouvelle Constitution et devient l'État libre de Thuringe (Freistaat Thüringen).
Les entreprises publiques de l'ex-RDA sont regroupées au sein d’un organisme dit fiduciaire, laTreuhand, qui s'emploie à les privatiser en peu de temps. Les grands groupes ouest-allemands ont pu accaparer les entreprises stratégiques de l’Est, tout en faisant disparaitre les moins rentables. En Thuringe, le processus va entrainer une désindustrialisation massive. Certains progrès sociaux sont supprimés, tels que l'acquis est-allemand donnant aux femmes les mêmes droits et salaires que leurs homologues masculins. Le réseau de crèches et de jardins d’enfants est en grande partie démantelé. Dans l’immobilier, une loi privilégiant la restitution des biens aux familles ouest-allemandes qui pouvaient en afficher la preuve, en remontant parfois sur trois ou quatre générations, a conduit à l’expropriation d'un grand nombre de personnes. La population de la région décroit progressivement[8].
Depuis sa reconstitution, le, la Thuringe est dominée par l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU). Majoritaire au Parlement régional dès les élections du, la CDU a d'abord gouverné en coalition avec leParti libéral-démocrate (FDP) jusqu'en1994, puis avec leParti social-démocrate d'Allemagne (SPD) pendant les cinq ans qui suivent. En1999, elle remporte la majorité absolue auLandtag, confirmée en2004. Aux élections de2009, elle recule fortement mais se maintient au pouvoir grâce à une nouvelle alliance avec le SPD.
Après les élections de septembre 2014, les forces de gauche décident de constituer unecoalition rouge-rouge-verte dirigée parBodo Ramelow, chef de file deDie Linke. Bien que cette alliance ne dispose que d'une fragile majorité de 46 députés sur 91, ce dernier est investi ministre-président le 5 décembre suivant. Il est alors le premier chef de gouvernement issu d'un parti de la gauche radicale enAllemagne.
Lors des élections d'octobre 2019, Die Linke atteint 31 % des voix, en progression de trois points. Le parti d’extrême droiteAlternative pour l'Allemagne (AfD), fondant son discours sur le rejet des migrants, se place en deuxième position avec 24 % des voix, bénéficiant notamment du sentiment de déclassement social d'une grande partie de la population[8].
Le 5 février 2020, lelibéral-démocrateThomas Kemmerich est élu président grâce au soutien de l'ensemble des députés de l'AfD et de la plupart des représentants de la CDU[9]. Ce vote provoque un tollé dans la classe politique et une crise au sein de laCDU, car depuis ladernière guerre aucun ministre-président deland n'a été élu avec l'apport de voix de l'extrême-droite. Kemmerich démissionne le surlendemain. Une nouvelle élection est organisée le 4 mars 2020 qui permet la réélection deBodo Ramelow et la reconduction d'un gouvernement minoritaire[10].
Depuis laréunification de 1989, l'économie de la Thuringe s'est engagée dans un processus de modernisation. Si le taux de chômage de la Thuringe est en diminution, il reste très élevé (il est passé de 15,5 % de la population active en 2002[11] à 14,5 % en septembre 2006[12]). La Thuringe possède un fort taux de croissance, ses deux principaux secteurs industriels sont l'industrie automobile et l'électronique; de plus elle présente de nombreuses réussites industrielles dans certains secteurs de pointe. Néanmoins les secteurs plus traditionnels conservent un poids non négligeable dans l'économie du land de Thuringe. La zone économique principale se situe autour de Erfurt mais les entreprises se concentrent aussi à Iéna et à Eisenach, même s'il existe une bonne répartition sur tout le territoire.
DepuisCarl Zeiss etOtto Schott, la Thuringe, et notamment la ville de Iéna, est à la pointe de l'industrie optique européenne et mondiale. L'entrepriseJenoptik, dont le siège se situe à Iéna, possède aujourd'hui une ampleur internationale.
En 2005, la Thuringe comptait 5 124exploitations agricoles (+ 1 % par rapport à 2003) avec une surface cultivée totale d'environ 800 000 hectares (+ 0,5 %). La taille moyenne des exploitations était de156 hectares réparties comme suit : moins de10 hectares (49 % des exploitations), entre 10 et100 hectares (29 % des exploitations), entre 100 et 1 000 hectares (17 % des exploitations), plus de 1 000 hectares (5 % des exploitations). Pour référence en France, lasurface agricole utile moyenne des exploitations françaises était de75 hectares en 2005.
En 2005, 22 500 personnes travaillaient dans les exploitations agricoles et 4 600 personnes y ont été employées de manière saisonnière. De nombreuses exploitations agricoles ne comptent par ailleurs qu'une seule personne. L’âge moyen des travailleurs agricoles était de 45,5 ans, cet âge étant en constante augmentation ces dernières années. 89 % des surfaces agricoles sont desfermages.
Les principales cultures en Thuringe sont lescultures céréalières, les cultures de plantes pour la fabrication d’huile végétale, leslégumineuses, lescultures fourragères. L’élevage est également présent en Thuringe avec lesélevages ovins,bovins,porcins et devolailles ainsi que la production de lait même si cette dernière reste relativement peu développée.
Les exploitations biologiques prennent également une place de plus en plus importante et leur nombre progresse rapidement (+ 15 % en 2 ans). L’agriculture biologique est par ailleurs plus développée dans les länder de l’ancienne Allemagne de l’Est que dans ceux de l’ancienne Allemagne de l’Ouest.
En2004, le land de Thuringe possède une capacité d’accueil d’environ 68 000 lits et accueille annuellement 2,9 millions de visiteurs pour un total de 8,1 millions de nuitées. La durée de séjour moyen était de 2,9 jours. La majorité des touristes étaient originaires d’Allemagne mais l’on comptait néanmoins 190 000 visiteurs non allemands. Parmi les touristes étrangers on trouvait d’abord desNéerlandais (30 % du total), puis desSuisses, desAutrichiens, des Américains (États-Unis), des Anglais et des Français (environ 10 000 visiteurs pour ces derniers).
La région la plus attractive de la Thuringe était laforêt de Thuringe (zone de biathlon) suivie de la vallée de la Saale (camping, tourisme culturel avec Weimar et Iéna).
La Thuringe est au cœur de nombreux domaines de la culture allemande et européenne.
La ville de Weimar a toujours un rayonnement culturel considérable, berceau duclassicisme de Weimar (Weimarer Klassik), elle fut le centre duBauhaus et la première constitution allemande y est née.
Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832), romancier, dramaturge, poète, théoricien de l'art et homme d'État allemand, vécut la plus grande partie de sa vie à Weimar.
Friedrich von Schiller (1759-1805), poète et écrivain allemand, professeur à Iéna, vécut à Weimar.
Maître Eckhart (c. 1260 - c. 1328), spirituel, théologien et philosophe dominicain, est originaire de Thuringe.
Lucas Cranach l'Ancien (1472-1553), peintre et graveur de la Renaissance allemande, vécut ses dernières années à Weimar.
Johann Gottfried von Herder (1744-1803), poète, théologien et philosophe allemand, forgea le concept duzeitgeist (Zeitgeist en allemand), Surintendant à Weimar.
Christoph Wilhelm Hufeland (1762-1836), médecin, précurseur de la médecine préventive anti-vieillissement, naquit à Langensalza.
NapoléonIer (1769-1821), premier empereur des Français, doublebataille d'Iéna et d’Auerstaedt le 14 octobre 1806, rencontreJohann Wolfgang von Goethe au palais du gouverneur àErfurt en présence de Talleyrand le 2 octobre 1808 («Vous êtes un homme. Quel âge avez-vous ? – Soixante ans. – Vous êtes bien conservé. Vous avez écrit des tragédies ? ») (« Voilà un homme »).
Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831), philosophe allemand, assistant de Schelling à l'Université d'Iéna, puis professeur « J'ai vu l'Empereur — cetteâme du monde... »
Carl Zeiss (1816-1888), ingénieur-opticien, fondateur de la sociétéCarl Zeiss à Iéna, naquit à Weimar.
Karl Marx (1818-1883), historien, journaliste, philosophe, économiste, sociologue, essayiste et théoricien révolutionnaire allemand, docteur de la faculté de philosophie de l'université d'Iéna.
Johannes Brahms (1833-1897), compositeur, pianiste et chef d'orchestre allemand, fit de nombreux séjours àMeiningen, y créa sa quatrième symphonie.
Ernst Haeckel (1834-1919), biologiste, philosophe et libre penseur allemand, vice-recteur de l'université d'Iéna.
Rudolf Steiner (1861-1925), fondateur de l'anthroposophie, participe à l'édition des œuvres scientifiques de Goethe dans la grande édition de Weimar.
Henry van de Velde (1863-1957), un des fondateurs de l'Art nouveau belge & acteur majeur du mouvement moderniste, directeur de l'école des arts appliqués (Kunstgewerbeschule) de Weimar.
Max Weber (1864-1920), sociologue et économiste allemand, l'un des fondateurs de la sociologie moderne, naquit à Erfurt.
Richard Strauss (1864-1949), compositeur et chef d'orchestre allemand, fut maître de chapelle à Weimar.
Jean Arp (1886-1966), peintre, sculpteur et poète allemand puis français, étudia à Weimar.
Otto Dix (1891-1969), peintre allemand associé aux mouvements de l'expressionnisme et à la Nouvelle Objectivité, naquit à Untermhaus, près de Gera.
Uziel Gal (1923-2002), inventeur du pistolet mitrailleur « Uzi », naquit à Weimar.
Jorge Semprún (1923-2011), écrivain, scénariste et homme politique espagnol, déporté àBuchenwald, réalisation de « Mère blafarde, tendre sœur » pour leKunstfest de Weimar 1995.
Herbert Kroemer (né en 1928 àWeimar), physicien allemand et américain, colauréat du prix Nobel de physique 2000.
La cuisine thuringienne subit les influences de la géographie. D’un côté, l’abondance des forêts de Thuringe a entraîné le développement d’une cuisine à base de gibier et de produits ramassés dans les bois comme les champignons ou les baies. Mais les plaines centrales favorables aux cultures fournissent de nombreux fruits et légumes.
Les deux produits phares de la gastronomie thuringienne sont naturellement les célèbresThüringer Rostbratwurst (saucisse à griller de Thuringe) et lesThüringer Klösse, une spécialité à base depomme de terre.
LaRostbratwurst (saucisse grillée) est partie intégrante de l’identité de la région et possède une histoire multicentenaire (elle fut évoquée pour la première fois en 1404 dans une facture d’un couvent de la ville deArnstadt et la plus ancienne recette connue date de 1613 et est conservée dans les archives de la ville deWeimar). Elle est vendue à tous les coins de rue, dans de petites échoppes ou par des marchands ambulants et se déguste à toute heure de la journée. Cuite sur un gril à charbon, elle est la plupart du temps vendue dans un petit pain (Brötchen) avec de la moutarde. C’est le symbole de convivialité par excellence car il n’existe pas un marché, pas une fête de village, pas un barbecue entre amis dont elle soit absente. LesThuringer Rostbratwurst bénéficient d’uneappellation d'origine protégée (AOP) depuis janvier 2004, ce qui entraîne qu’elle doit obligatoirement être fabriquée en Thuringe pour bénéficier de ce nom. Sa préparation est également strictement réglementée : entre autres elle doit être au minimum longue de 15 à 20 cm, au moins 51 % des ingrédients doivent provenir de la région de Thuringe (Journal officiel des Communautés européennes C114/14-15 du 15/05/2002).
↑Les données de ce paragraphe proviennent essentiellement des articles "Hainich" et "Nationalpark Hainich" de la wikipédia germanophone ainsi que du site officielhttp://www.nationalpark-hainich.de/
↑Geiss Peter, Henri Daniel, Le Quintrec Guillaume (dir.),Histoire/Geschichte, l'Europe et le monde du Congrès de Vienne à 1945, Manuel d'Histoire franco-allemand, Premières L/ES/S, Paris, Nathan/Klett, 2008, page 244. Voir aussiHistoire du Parti communiste d'Allemagne.
↑Denkfabrik =think tank (aussi groupe de réflexion ou laboratoire d'idées) : institution, en particulier dans le domaine de l'économie et de la politique, dans laquelle une large équipe d'experts [dans les domaines les plus variés] réfléchit aux problèmes économiques, politiques et sociaux, développe des solutions et des nouvelles idées en concepts qui devraient être mis en pratique.