Devenu le seul pharaon après la mort deThoutmôsis II et d'Hatchepsout, ce roi guerrier constitue le plus vaste empire que l'Égypte ait jamais connu. Pas moins de dix-sept campagnes lui permettent de conquérir des terres s'étendant de la Syrie à la Haute-Nubie.
ThoutmôsisIII, qui fut appelé « leNapoléon de l'Égypte antique » par l'égyptologue américainJames Henry Breasted, reprend la politique de conquêtes de son pèreThoutmôsis II et porte leNouvel Empire à son apogée. Il mène des campagnes enNubie, où il dépasse la4ecataracte, et enSyro-Palestine, où labataille et le siège deMegiddo sont les épisodes le plus connus. Au cours de ses seize (ou dix-huit) expéditions militaires enAsie, il aurait pris 350 cités, soumettant la plupart des territoires à l'ouest de l'Euphrate, qu'il franchit au cours d'une campagne contre le royaume deMittani. L'événement est commémoré par unestèle-frontière que le roi fit ériger sur la rive occidentale du fleuve, à côté de celle de son grand-pèreThoutmôsis Ier.
En l'an 33 de son règne, les guerres d'Asie débouchent sur une confrontation directe avec leMittani. L'armée transporte des bateaux construits àByblos à travers le désert afin de franchir l'Euphrate[7]. Elle atteint le pays deQatna, près de la ville moderne deHoms, ravage la région deKarkemish, puis traverse le « grand fleuve deNaharina », tandis que l’ennemi mittanien fuit « comme les troupeaux de chèvres de la montagne »[8].
Les campagnes suivantes servent à stabiliser les frontières de l’Égypte sur l’Euphrate, arrêtant par là l’expansion du Mittani. Les cités syro-palestiniennes sont désormais gouvernées par des princes dont les enfants sont emmenés en otage. Elles conservent une certaine autonomie, mais sont soumises au tribut par une administration égyptienne renforcée par des troupes stationnées aux endroits stratégiques[note 3].
On connaît au moins un de ses généraux, legénéral Djéhouty, à la fois par une coupe en or conservée aumusée du Louvre, un bracelet en or au musée deLeyde, et par un conte dont le texte nous est parvenu (La Prise de Joppé)[9].
Bracelet en or du général Djehouty (Rijksmuseum van Oudheden - inscription :Ntr-Nfr Mn-kheper-Ra Di-Ankh).
Ce roi guerrier est aussi un grand bâtisseur, à l'instar de ses prédécesseurs. ÀKarnak, il poursuit les travaux de transformation du temple d'Amon-Rê, qui est richement doté. Il y fait notamment construire l'Akhmenou ou « salle des fêtes ».
« Les taxes perçues comme tributs annuels », avait décidé le roi, « seront destinées aux offrandes divines de mon pèreAmon. Ma Majesté lui offre de même toutes sortes de richesses enor,argent,lapis-lazuli,turquoise, du cuivre noir, dubronze, ducuivre, de l'étain et des couleurs en très grandes quantités »[10].
L'Assyrie fournit dulapis-lazuli à titre de « tribut d'hommage » (C. Lalouette), et leHatti des pierres précieuses. Le pays dePount envoie de l'encens et de lamyrrhe.
À la fin de sa vie, il partage vraisemblablement le pouvoir, de son plein gré cette fois, avec le futurAmenhotep II, fils de lagrande épouse royale Mérytrê-Hatchepsout.
Le superbe sarcophage dequartzite du roi repose toujours dans la chambre funéraire. Ledécor pariétal de la tombe est principalement constitué de scènes et de textes extraits dulivre de l'Amdouat,le livre de ce qui se trouve dans l'Au-Delà[14].
↑-1479/-1478 à -1425 selon J. von Beckerath, J. Málek, N. Grimal, Murnane, D. Arnold, I. Shaw, K. A. Kitchen, E. Krauss, C. Aldred Autres avis de spécialistes : -1504 à -1452 (D. B. Redford), -1504 à -1450 (E. F. Wente, van Siclen), -1490 à -1436 (E. Hornung, R. A. Parker, A. Gardiner), -1479 à -1424 (A. D. Dodson), -1467 à -1413 (H. W. Helck).
↑Le nom n’implique pas nécessairement qu’elle soit la fille d’Hatchepsout.
↑Contrairement à l'un de ses successeurs, Ramsès II, qui exagéra ses exploits militaires, Thoutmôsis III avait mérité les triomphes détaillés sur les nombreux monuments qu'il fit construire.
↑Alain MaîtreL’or est-il la monnaie universelle qui nous manque actuellement (R. Mundell) ou n’est-il qu’une relique barbare (Keynes) ? :
Peter A. Clayton,Chronicle of the Pharaohs, New York,Thames & Hudson, 1994, 1996, novembre 2006 et janvier 2007 - american university in cairo press, le caire, 2006(ISBN978-0-500-05074-3 et0-500-05074-0) – en français, avec Florence Maruéjol,Chronique des pharaons : L'histoire règne par règne des souverains et des dynasties de l'Égypte ancienne, Casterman, Paris, 1994 et 1995 –.