Thibaut IV de Champagne ne doit pas être confondu avec son ancêtreThibaut IV de Blois, aussi appelé Thibaut II de Champagne († 1152).
| Thibaut Ier | |
Le couronnement de Thibaut Ier de Navarre d'après une miniature duXIVe siècle. | |
| Titre | |
|---|---|
| Roi de Navarre | |
| – (19 ans et 3 mois) | |
| Couronnement | , en lacathédrale de Pampelune |
| Prédécesseur | Sanche VII |
| Successeur | Thibaut II |
| Comte de Champagne Thibaut IV | |
| – (52 ans, 1 mois et 7 jours) | |
| Prédécesseur | Thibaut III |
| Successeur | Thibaut V |
| Biographie | |
| Dynastie | Maison de Blois-Champagne |
| Date de naissance | |
| Lieu de naissance | Troyes (Champagne) |
| Date de décès | (à 52 ans) |
| Lieu de décès | Pampelune (Navarre) |
| Sépulture | Cathédrale Sainte-Marie de Pampelune |
| Père | Thibaut III de Champagne |
| Mère | Blanche de Navarre |
| Conjoint | Gertrude de Dabo (1220-1222) Agnès de Beaujeu (1222-1231) Marguerite de Bourbon (1232-1253) |
| Enfants | AvecAgnès de Beaujeu Blanche de Navarre AvecMarguerite de Bourbon Éléonore de Navarre Thibaut II de Navarre Pierre de Navarre Béatrice de Navarre Henri Ier de Navarre Marguerite de Navarre Guillaume de Navarre |
| Monarques de Navarre Comtes de Champagne | |
| modifier | |
Thibaut Ier de Navarre, aussi connu sous le nom deThibaut IV de Champagne, puis « Thibaut le Chansonnier »[1], né le àTroyes et mort le[2] àPampelune, estcomte de Champagne de 1201 à 1253 etroi de Navarre de 1234 à 1253. Il est aujourd'hui connu surtout comme l'un des plus grandstrouvères de son temps.

Il est le fils posthume du comteThibaut III de Champagne, mort subitement le à la veille de son départ pour laquatrième croisade, et deBlanche de Navarre, fille du roiSanche VI de Navarre[3]. Son parrain estPhilippe Auguste, roi de France qui l'éduque à la cour[4]. Il y est confié aux bons soins deBlanche de Castille, épouse du prince héritier, le futurLouis VIII.
Entre 1216 et 1221, il doit défendre son comté contre les revendications du seigneurÉrard de Brienne. L'intervention dePhilippe Auguste, du ducEudes III de Bourgogne et de l'empereurFrédéric II, met fin à cetteguerre de succession. Thibaut conserve les comtés de Champagne et de Brie, et s'acquitte envers Érard d'une indemnité[4].
En 1224, il participe aux campagnes deLouis VIII contre les Anglais, et notamment ausiège de La Rochelle[4]. L'année suivante, il reçoit la mission de conduire au concile de Bourges le comteRaymond VII de Toulouse[4]. En, alors qu'il participe à laguerre contre les Cathares, il abandonne le roi lors dusiège d'Avignon, une fois effectués les quarante jours deservice requis, au grand mécontentement du roi[5]. Deux ans plus tard, Thibaut joue le rôle de négociateur dans l'élaboration du projet detraité de Paris, qui met fin à lacroisade des Albigeois.
Après la mort de Louis VIII en, Thibaut rassemble autour de lui une ligue des grands barons opposés au jeuneLouis IX et à la régente sa mèreBlanche de Castille[6]. Thibaut abandonne néanmoins la ligue dès l'année suivante et se réconcilie avec Blanche[7]. Ses anciens alliés, indignés de cette défection, s'attaquent alors directement à Thibaut, le plus puissant soutien de la régente[8]. Des rumeurs injurieuses sont propagées, accusant Blanche d'être la maîtresse de Thibaut[8]. Les coalisés se jettent sur le comté de Champagne qu'ils ravagent et ils ne déposent les armes que sous la menace de l'armée royale[9]. La paix est finalement signée en et les barons rebelles abandonnent leurs revendications[9]. En 1233, ses ennemis trouvent néanmoins un nouveau moyen d'importuner Thibaut en faisant venirAlix de Champagne-Jérusalem, une prétendante au comté de Champagne[9]. À la fin de l'année 1234, elle renonce au comté moyennant la somme de quarante mille livres tournois et un domaine de deux mille livres tournois de revenus[10]. Pour payer l'indemnité, les représentants de Thibaut sont contraints de vendre au roi Louis IX la mouvance de quatre fiefs : les comtés deBlois, deChartres et deSancerre, et la vicomté deChâteaudun[10].
À la mort de son oncle le roiSanche VII de Navarre sans héritier direct en, les Navarrais ne tiennent aucun compte de la volonté du roi, qui a désignéJacques Ier d'Aragon comme son successeur. Ils appellent Thibaut de Champagne qui est couronné le àPampelune[11]. Thibaut jure fidélité auxfueros du royaume, fournissant ainsi à la couronne de Navarre unedynastie bien installée de puissants vassaux dans le nord du royaume de France[12].
Des traités sont conclus avec laCastille, l'Aragon et l'Angleterre, permettant au nouveau souverain de consolider sa couronne. Il gouverne avec l'aide de nobles venus de Champagne qui reçoivent des charges importantes. Il réduit l'importance des fiefs non héréditaires, lestenencias, comme divisions territoriales et crée quatre grands districts confiés à desmerinos, à qui il attribue des fonctions fiscales et relevant de l'ordre public. Il établit ses lois par écrit, élaborant uncartulaire où elles figurent toutes, et il commence la compilation des traditions juridiques de la monarchie navarraise connue sous le nom deFuero General.
Pour obtenir l'appui de la Castille, il négocie le mariage de sa filleBlanche avec Alphonse, le futurAlphonse X le Sage[11]. Par ce traité,Ferdinand III le Saint offre à Thibaut les terres deGuipuscoa à titre viager, mais pas celles d'Alava comme Thibaut l'aurait voulu. Ainsi le royaume de Navarre aurait eu un accès naturel à lamer Cantabrique. Ce traité, qui n'est pas appliqué, aurait entraîné l'incorporation de la Navarre à la Castille[11]. Il promet sa fille Blanche au ducJean de Bretagne l'année suivante.
En 1238, il répond favorablement à l'appel à la croisade lancé par le papeGrégoire IX. Cependant, lorsque le pontife demande à Thibaut de se détourner vers la Grèce pour soutenir le prétendant au trône de Constantinople,Baudouin II, le roi de Navarre refuse[13].
En 1239, il dirige lacroisade des barons enTerre sainte. La plupart de ses anciens ennemis l'accompagnent, entre autres le ducPierre de Bretagne, le comteHenri de Bar et le ducHugues de Bourgogne[14]. Après avoir embarqué son armée àMarseille et àAigues-Mortes, il débarque àSaint-Jean-d'Acre le[15]. En novembre, son expédition prend la direction de l'Égypte, avec pour objectif les villes d'Ascalon et deGaza[16].
L'union est imparfaite, et les barons se jalousent mutuellement[14]. Dédaignant les conseils de prudence de Thibaut, et désireux d'acquérir une gloire personnelle, le comteHenri de Bar, accompagné des barons syriensBalian de Sidon etEudes de Montbéliard, décide de partir à la tête d’une troupe de cinq cents chevaliers et de plus de mille fantassins pour surprendre un détachement de soldats égyptiens envoyés en garnison à Gaza[17]. La chevauchée est un désastre : plus de mille hommes sont tués, dont le comte de Bar, et six cents sont emmenés prisonniers auCaire, dont le comteAmaury de Montfort et le seigneurPhilippe de Nanteuil, un ami intime de Thibaut[14]. Apprenant la nouvelle, Thibaut de Champagne retourne à Saint-Jean-d'Acre avec le reste de l’armée croisée[18].
Au cours de l'été 1240, Thibaut conclut une alliance défensive avecIsmaël, émir deDamas, en échange de la cession des forteresses deBeaufort etSafed[19]. Une négociation parallèle menée par lesHospitaliers avec le sultanAyyoub a pour résultat la cession d'Ascalon[20]. Thibaut ne parvient cependant pas à obtenir la libération des prisonniers faits à Gaza. Après avoir effectué un pèlerinage àJérusalem, il s'embarque pour l'Europe le[21].
La légende veut qu'il ait rapporté deDamas « dans sonheaume », le rosier dit « deProvins », de son nom latinrosa gallicaofficinalis (ce qui semble peu probable de par l'absence de sources écrites, et du fait que la variété était déjà cultivée par les Romains), il rapporta également un morceau de laVraie Croix et la tradition veut qu'il en ait rapporté lecépageChardonnay qui entre dans la composition duchampagne.
De retour de croisade, Thibaut vit tantôt en Navarre, tantôt en Champagne. Il accompagne le roi Louis IX dans sa campagne contre les Anglais enPoitou et enSaintonge[22]. Entre 1242 et 1244, il soutient les rébellions enGascogne contre le roi d'Angleterre et affirme sa présence enBasse-Navarre[23]. Il a d'importants différends avec l'évêque de Pampelune, Pedro Jimenez de Gazólaz, et refuse de répondre devant les tribunaux pontificaux. En 1248, il est contraint de se rendre àRome en pèlerinage pénitentiel[22]. Un concile provincial tenu en 1250 va jusqu'à l'excommunier, mais le pape lui accorde un privilège spécial selon lequel, sans mandat du Saint-Siège, personne ne pouvait excommunier le roi.
Il meurt àPampelune le[2] à l'âge de 52 ans, au retour d'un de ses voyages en Champagne, et est enterré dans lacathédrale de Pampelune.

Thibaut est connu par le surnom de « Chansonnier » en raison de son talent de poète. Profitant de sa position sur lechemin de Saint-Jacques, la musique, quel que soit son genre, est florissante dans sa cour, reliée à la cour pontificale d'Avignon ainsi qu'à Paris[24]. Il perpétue la tradition de sa grand-mèreMarie de France, comtesse de Champagne, qui a tenu avec son époux unecour brillante et lettrée et protégé de nombreux écrivains commeChrétien de Troyes.
Au cours de sa vie, il compose de nombreuses chansons et poésies qu'il fait peindre sur les murs de ses palais de Troyes et de Provins. Il est l'auteur de 71 compositions lyriques variées (dont 37 chansons d'amour) dans lesquelles il fait montre d'une grande virtuosité technique et verbale (il apprécie jeux de mots, pointes, métaphores filées et allégories) ainsi que d'une certaine désinvolture ironique envers la matière courtoise. Thibaut de Champagne est letrouvère le plus célébré de son temps. Au siècle suivant, il est cité à trois reprises parDante dans son ouvrageDe l'éloquence en langue vulgaire[25].
Thibaut est connu comme trouvère non seulement parce qu'il aimait écrire, mais parce que ses poèmes chantés étaient d'un mérite exceptionnel, et avant même la fin de la croisade de 1238-1240, il écrivait encore. Il fut le premier à mettre par écrit les droits et les libertés du royaume dans ce qu'on a appelé lefuero antiguo, et au cours de son règne il les compila tous, les traditionnels comme les nouveaux.

Vers 1220, il épouseGertrude de Dabo[2] (1204 † v. 1225), fille d'Albert II de Dabo-Moha, comte deDabo, deMoha etde Metz, et veuve deThiébaud Ier,duc de Lorraine, en espérant s'approprier lecomté de Metz. Après l'échec de cette tentative, il la répudie en 1222[2].
En 1223, il épouse en secondes nocesAgnès de Beaujeu[27] († 1231), sœur d'Humbert V de Beaujeu et cousine du futurSaint-Louis, qui est sa compagne de jeux à la cour de France. Elle meurt en 1231[27]. Elle est fille deGuichard IV,sire de Beaujeu et deSibylle de Hainaut, sœur deBaudouin VI de Hainaut, empereur de Constantinople. Ils ont :
Le, il épouse en troisièmes nocesMarguerite de Bourbon[27] († 1256), fille d'Archambaud VIII de Bourbon,seigneur de Bourbon et d'Alix de Forez qui lui donnera :
Thibaut a aussi plusieurs enfants nés hors mariage :
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