L'aire métropolitaine de la ville de Thessalonique compte plus d'un million d'habitants, ce qui en fait la deuxièmeville de Grèce en population. Thessalonique est le deuxième centre de la Grèce dans les domaines de la politique, de l'industrie, de la finance et du commerce. Il est aussi un important pôle de transports pour les pays de l'Europe du Sud-Est[7]. Son port commercial joue un rôle capital tant pour la Grèce que pour l'arrière-pays de l'Europe du Sud-Est[7]. La ville est renommée pour ses festivals, ses manifestations culturelles et sa vie culturelle en général[8] et est considérée comme la capitale de culture de la Grèce[8]. Des événements comme l'Exposition internationale de Thessalonique et leFestival international du film de Thessalonique ont lieu tous les ans, tandis que la ville accueille aussi tous les deux ans la réunion de ladiaspora grecque[9]. Thessalonique a été choisie commeCapitale européenne de la jeunesse en 2014[10].
Le climat estméditerranéen avec toutefois une influencecontinentale notable. La neige est assez fréquente en hiver et les étés y sont plus humides que dans le reste de la Grèce. Ce sont essentiellement des pluies d'orages.
Thessalonique fut fondée par le roiCassandre de Macédoine en-315, et baptisée ainsi en l'honneur de son épouseThessaloniké à qui il offrit la ville en gage de son amour. Le nom de Thessalonique, fille dePhilippe II de Macédoine et demi-sœur d'Alexandre le Grand, provient de la contraction des motsΘεσσαλών /Thessalón (« Thessaliens ») etνίκη /níki (« victoire »), en commémoration de la victoire des Macédoniens sur les habitants dePhocide avec l'aide des Thessaliens (voirThessalie).
L'arc de Galère au premier plan, au fond la Rotonde, temple deZeus, devenu église sous l'empereurThéodoseIer, puis mosquée (dont il reste le minaret) sous les Ottomans.
Après la conquêteromaine, elle devient la capitale de laprovince de Macédoine. Les Romains en créant lavia Egnatia qui relieDyrrachium àByzance, font prospérer la ville qui devient une étape incontournable. En 50,saint Paul vient y prêcher le christianisme, nombre de Thessaloniciens se convertissent discrètement.
Plus tard, l'empereurGalère choisit d'y élire domicile et se lance dans la construction deson palais et de nombreux édifices publics. Dans sa lutte contre la chrétienté, il fait desaint Démétrios un martyr, devenu le « saint patron » et protecteur de la ville.ConstantinIer entame en 322 la construction desfortifications ainsi que du port artificiel qui participe au développement économique de la ville. Cependant la fondation deConstantinople, et la concentration du pouvoir politique et religieux qui en découle, ôtent à Thessalonique le rôle central qu'elle pouvait espérer grâce à sa situation géographique. En390,ThéodoseIer faitmassacrer la population, qui s'était révoltée, faisant entre sept et dix mille victimes.
À partir de la fin duVIe siècle des tribusslaves s’installent dans l’arrière-pays de Thessalonique. Elles s’organisent en « Sklavinies » qui s’intercalent entre les « Valachies » existantes, et l’empire, aux prises avec lesPerses sur le front oriental, préfère les considérer comme des vassaux, qu’intervenir en force. LesAvars établis au nord duDanube en profitent, rassemblent certainsSlaves et mènent plusieurs attaques contre la ville tout au long duVIIe siècle.
En 676, pour venger la mort de leur chefPerbound[12], trois tribus slaves attaquent la ville, assiégée durant deux ans (676-678). LesBulgares leur succèdent. Cette période de repli dure jusqu’au début duXe siècle.
Sac de Thessalonique par les Arabes en 904
Qui plus est, Thessalonique est prise par lesSarrasins en 904.Jean Caminiatès a laissé le récit des atrocités qui s’y déroulèrent. Léon le Tripolitain, renégat grec originaire d’Attalia enPamphylie, attaque la ville avec 54 naviressarrasins et un peu plus de 10 000 hommes. Caminiatès et les autres habitants de la ville qui n’ont pas été tués, sont réduits enesclavage ou échangés contre rançon. Le Tripolitain repartit avec son butin et 22 000 jeunes gens.
Au carrefour des routes terrestres et maritimes, Salonique tient une place importante dans l'économie ottomane. Comme la majorité des villes portuaires, elle estcosmopolite et la coexistence entre les trois grandes communautés : musulmane, orthodoxe et juive, entraîne une sorte d'émulation dans les domaines économique, religieux et culturel. Salonique devient ainsi la ville ottomane la mieux fournie (proportionnellement à sa population) en établissements scolaires dont se sont dotées les différentes communautés. Son élite libérale et intellectuelle fait qu'au milieu duXIXe siècle, à l'époque desTanzimat, elle est choisie comme capitale duvilayet de Salonique, créé en 1867, et comme laboratoire des réformes urbaines mises en place par le pouvoir ottoman dans sa stratégie de régénération de l'Empire.
À la suite de l'expulsion des Juifs d'Espagne, de nombreux Juifssépharades se sont installés à Salonique formant l'une des plus importantescommunautés juives d'Orient et constituant durant plusieurs siècles la majorité des habitants de cette cité. À partir duXVIIe siècle et jusqu'au rattachement à la Grèce en1912, la ville fut centre du mouvement messianique juif, déclenché parSabbataï Tsevi. LesSabbatéens y étaient regroupés jusqu'à l'échange de populations qui les conduisit en Turquie dans les années 1920.
AuXIXe siècle, elle est la quatrième ville de l'Empire ottoman et devient un important centre politique. LeParti Union et Progrès voit le jour à Salonique, ainsi que les premièresloges maçonniques turques. Sa tradition révolutionnaire se perpétue au moment de la révolution constitutionnaliste de1908 qui démarre ici avec l'appel au soulèvement duComité Union et Progrès de Salonique, ce qui lui a valu le surnom de laKaaba de la Liberté. Après avoir été détrôné, le SultanAbdülhamid II a été assigné à résidence dans cette ville, dans lademeure des Allatini.
Salonique est également le lieu de naissance deMustafa Kemal Atatürk — fondateur de laTurquie moderne — en1881. Sa maison natale est convertie en musée et est aussi le siège du consulat de Turquie.
Salonique au début duXXe siècle est une ville multiethnique : elle compte autour de 120 000 habitants, dont 80 000 Juifs, 15 000 Turcs et 15 000 Grecs, 5 000 Bulgares et 5 000 Occidentaux[14],[15]. C'est une des quatre plus grandes villes de l'Empire ottoman. Elle en est une des villes les plus modernes et un des plus grands ports. Elle est aussi devenue un important centre de bouillonnement politique. Ainsi, le Comité ottoman de la Liberté, qui joue un rôle important dans la direction du mouvement desJeunes-Turcs voit le jour à Thessalonique en.
Durant lapremière guerre balkanique, un des objectifs de la Grèce dans le cadre de laGrande Idée est Thessalonique. Elle est conquise en. Dès le premier jour de la nouvelle occupation grecque, les non-musulmans abandonnent le port dufez, et de nombreux Turcs quittent la ville. La langue grecque est de nouveau largement utilisée, tandis que l'usage du turc diminue considérablement. De même, les églises byzantines, transformées en mosquées par les Ottomans, redeviennent des lieux de cultes chrétiens.
LaPremière Guerre mondiale survient au moment où Thessalonique commence à s'intégrer à l'État grec. Au début du conflit, la Grèce est un pays neutre, mais traverse une grave crise politique entre partisans de laTriple-Entente et partisans de laTriplice. Une partie des troupes évacuées desDardanelles à l'automne 1915, forme l'Armée française d'Orient et est envoyée au secours de la Serbie en s'installant à Thessalonique, qui constitue une base logique pour réaliser cet objectif. L'opération se nommeexpédition de Salonique avant de devenir le front d'Orient.Elefthérios Venizélos, le Premier ministre grec favorable à l'Entente les y autorise. En 1916, un total de 400 000 soldats français, britanniques et serbes sont présents dans la ville.
La présence alliée dans la ville joue un rôle politique décisif : chassé du poste de Premier ministre, Vénizélos quitte Athènes et rejoint Thessalonique le. Un« Gouvernement de défense nationale » est organisé. Thessalonique devient alors capitale d'une région en révolte, mais aussi le quartier général des Alliés qui soutiennent ce mouvement. Après l'abdication du roi en, Vénizélos retourne à Athènes et Thessalonique perd son statut de capitale de la Grèce.
En août1917, tout le centre de la ville est ravagé par un incendie d'origine accidentelle qui se révéla catastrophique. Le feu détruisit 32 % de la superficie totale de la ville et 9 500 bâtiments furent détruits, laissant 70 000 personnes sans abri. Parmi les bâtiments incendiés, on compte la poste, la mairie, les compagnies du gaz et de l'eau, la Banque ottomane, la Banque nationale, les dépôts de la Banque de Grèce, une partie de l'église Saint-Démétrios, deux autres églises orthodoxes, douze mosquées, le siège du Grand Rabbin et ses archives et 16 des 33 synagogues de la ville.
Le premier ministreElefthérios Venizélos (1864-1936) décida que la reconstruction de la ville se ferait selon un plan d'urbanisme remodelant l'ensemble de la zone détruite[16]. Une Commission internationale du plan de Salonique, dirigée parErnest Hébrard travailla sur les plans de la ville et l'architecte et urbanisteJoseph Pleyber participa à la rédaction du plan des voiries et d'assainissement. Le plan et l'organisation spatiale de la ville furent restructurés pour permettre de réaliser : un viaire modernisé, une centralisation des services administratifs et la préservation des quartiers pittoresques[16]. Thessalonique conserve de cette période de reconstruction de nombreux monuments (immeubles à appartements luxueux, maisons patriciennes ou bourgeoises, sièges de sociétés commerciales), conçus par des architectes d'origines diverses (Eli Modiano,Maximilian Rubens).
La population juive de la ville, qui représentait un tiers des habitants, est frappée par lepogrom de Campbell les 29 et 30 juin 1931, lorsque des milices d’extrême droite grecques s’en prennent aux juifs relogés dans un quartier de Thessalonique au bord de la mer[17].
Le, les forces italiennes décidèrent d'envahir la Grèce à la suite du refus du dictateur grecIoánnis Metaxás d'accepter l'ultimatum lancé parBenito Mussolini. S'ensuivit labataille de Grèce qui vit, dans un premier temps, le reflux des Italiens. Volant au secours de son allié, Hitler décida d'envahir à son tour la Grèce et parvint à la conquérir. La Grèce du Nord revint aux Allemands tandis que le Sud de la Grèce fut laissé aux Italiens.
Affiche « Juifs indésirables » en allemand et en grec, Thessalonique,
Les Allemands entrèrent à Thessalonique le. Ils y installèrent leur Quartier général durant l'occupation de la Grèce. Ils ne mirent en place que progressivement des mesures antisémites. Fin, des panneaux interdisant aux Juifs l'entrée des cafés firent leur apparition, puis l'on obligea les Juifs à se séparer de leurs radios. En, la commissionRosenberg arriva sur place et pilla les archives juives, envoyant des tonnes de documents communautaires à l'Institut nazi de recherche juive à Francfort[18]. Pendant un an, aucune autre mesure antisémite ne fut prise.
Rassemblement de 7 000 Juifs de 18 à 45 ans, inscrits de force au travail forcé, sur la place de la Liberté de Salonique (juillet 1942)[19]
En, le jour duShabbat, tous les hommes de la communauté âgés de 18 à45 ans furent rassemblés sur la place de la Liberté et durent se plier à des exercices physiques humiliants sous le soleil d'été. Quatre mille d'entre eux furent envoyés effectuer des travaux de voirie pour l'entreprise allemande Müller sur les routes reliant Thessalonique àKateríni etLarissa, zones où sévissait lepaludisme[18]. En moins de dix semaines, 12 % d'entre eux moururent d'épuisement et de maladie. La communauté salonicienne, aidée de celle d'Athènes, parvint à réunir deux milliards sur l'énorme somme de 3,5 milliards dedrachmes demandée par les Allemands pour que les travailleurs forcés soient rapatriés. Les Allemands acceptèrent de les libérer mais, en contrepartie, exigèrent à la demande des autorités grecques l'abandon ducimetière juif de Salonique qui contenait de 300 000[20] à 500 000 tombes[21] ; par sa taille et son emplacement, il avait longtemps gêné la croissance urbaine de Salonique. Sur ce site s’étend de nos jours, entre autres, l'université Aristote[20].
Après la Seconde Guerre mondiale et le début de laguerre froide, la ville connaît des difficultés. Lerideau de fer la coupe de sonarrière-pays commercial : toutes les routes commerciales qui avaient fait sa fortune sont interrompues. Dans lesannées 1950, la ville connaît une nouvelle transformation urbanistique, principalement dans la ville basse. Lafoire internationale de Thessalonique(el), héritière des foires de la Saint-Dimitri du Moyen Âge, recréée en1926, est le plus grand centre d'exposition du pays faisant de Thessalonique avant tout un centre d'affaires et une grande foire internationale, plutôt qu'une destination touristique.
La ville et l'agglomération de Thessalonique sont desservies par un réseau de bus étendu géré par l'Organisme des transports urbains de Thessalonique (OASTH). Uneligne de métro, faisant partie d'unprojet plus large (de deux lignes au total) a été inaugurée en novembre 2024, reliant notamment certains points névralgiques tels que l'université et la gare ferroviaire.
En 2009, douze kilomètres de pistes cyclables ont été construites dans la ville[22]. Il y a des projets d'extension du réseau, mais au début de 2012, aucune proposition n'a encore vu le jour, mais plusieurs grands axes sont doublés par un aménagement cyclable, soit par une emprise sur la chaussée, soit par une bande sur le trottoir. Le front de mer a une piste cyclable à double sens sur toute sa longueur.
Cependant la ville reste, dans l'ensemble très hostile aux déplacements cyclables, à l'exception notable de la zone du front de mer, rénovée en 2013.
La municipalité de Thessalonique est la plus peuplée des municipalités appartenant à l'agglomération de Thessalonique et qui forment la Ville de Thessalonique. Bien que la population de la municipalité de Thessalonique se soit réduite selon le dernier recensement, la population de l'aire urbaine a augmenté. La ville forme la base de l'aire urbaine, dont la population au recensement de 2011 s'élevait à 1 006 730 habitants[30].
↑« Πρόγραμμα Καλλικράτης » [« Programme Kallikratis »](Archive.org •Wikiwix •Archive.is •Google •Que faire ?),(consulté le) :« Αποκεντρωμένη Διοίκηση Μακεδονίας – Θράκης, η οποία εκτείνεται στα όρια της περιφέρειας Ανατολικής Μακεδονίας – Θράκης και Κεντρικής Μακεδονίας, με έδρα την Θεσσαλονίκη. ([La création de] l'administration décentralisée de la Macédoine et de la Thrace, qui inclut les régions contremporaines de la Macédoine de l'est, de la Thrace et de la Macédoine centrale, avec Thessalonique comme ville capitale.) »,p. 25
↑Harry Coccossis et Yannis Psycharis,Regional analysis and policy : the Greek experience,(lire en ligne).
↑Manos G. Birēs, Marō Kardamitsē-Adamē,Neoclassical architecture in Greece,(lire en ligne).
↑a etbRegional development in Greece, Nicholas Konsolas, Athanassios Papadaskalopoulos, Ilias Plaskovitis,(lire en ligne)
↑« En Grèce, une série évoque enfin le sort des juifs de Thessalonique »,Le Monde.fr,(lire en ligne)
↑ab etcYitschakKerem,« La destruction des communautes sepharades des Balkans les Nazis », dans Shmuel Trigano,Le Monde sépharade,t. I,Éditions du Seuil,,p. 924-933