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Theodor W. Adorno

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Theodor W. Adorno
Theodor Adorno en 1964.
Naissance
Décès
(à 65 ans)
Viège (Suisse)
Sépulture
Nationalité
Formation
Influencé par
Mère
Maria Calvelli-Adorno(d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Distinction

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Theodor W. Adorno[ˈteːodoːɐ̯veːʔaˈdɔɐ̯no][1],Son?Écouter[Fiche], néTheodor Ludwig Wiesengrund le àFrancfort-sur-le-Main et mort le àViège, est unphilosophe,sociologue, compositeur etmusicologueallemand.

En tant que philosophe, il est avecHerbert Marcuse etMax Horkheimer l'un des principaux représentants de l'École de Francfort, au sein de laquelle a été élaborée lathéorie critique. En tant quemusicien et musicologue, il est représentant de laseconde école de Vienne et théoricien de lanouvelle musique. Il introduit avecMax Horkheimer la notion interdisciplinaire d'industrie culturelle, dont ils traitent en particulier dans l'essaiKulturindustrie deDialectique de la Raison.

Biographie

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Nom et origine

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Theodor Wiesengrund-Adorno est né àFrancfort, le, d'un pèrejuif allemand, Oscar Alexander Wiesengrund, commerçant, et d'une mère corsecatholique, Maria Calvelli Adorno della Piana,cantatrice[2],[3].

L'enfant estbaptisé suivant lerite catholique et sa mère joint au patronyme Wiesengrund son propre nom Adorno[4]. Il portera ainsi le nom Wiesengrund-Adorno pour signer ses articles les plusmarxistes avant d'abandonner le trait d'union en 1938 et de réduire au seul W. le nom de son père lors de son exil auxÉtats-Unis : il devient alors connu sous le nom de Theodor W. Adorno. En 1943, il estnaturalisé américain sous le nom de Theodor Adorno et présente ses excuses à ses parents pour avoir supprimé son prénom Ludwig et jusqu'au W. du nom de famille.

Le nom Adorno vient du grand-père maternel, Jean-François Calvelli (1820-1879), né enCorse près deBocognano, dans une famille proche desBonaparte. Il a été officier de carrière dans l'armée française avant de s'établir àFrancfort commemaître d'armes. Il s'est attribué le nom italianisant de Calvelli Adorno della Piana qui impressionnait également son petit-fils et suggère un lien avec lafamille Adorno desdoges de Gênes[5]. Jean-François a traversé la frontière pour reprendre du service dans l'armée française lors de laguerre franco-prussienne de 1870.

Cette action et cette ascendance française n'ont cependant pas permis à Adorno, comme il l'espérait en 1936, d'obtenir lanationalité française lorsqu'il a été proscrit par lesnazis enAllemagne commejuif[6]. La famille Wiesengrund n'entretient aucun lien avec latradition juive et Adorno s'est tenu à l'écart des religions et de leurs représentants (il voitMartin Buber comme un « tyrolien de la religion »). Néanmoins, il s'est lié surtout à des intellectuels juifs et il a toujours été perçu comme tel : ainsi la femme d'Alban Berg le désigne comme un « jeune Juif ».

Theodor est surnommé « Teddie » par ses camarades et ses intimes depuis son enfance (ce diminutif est lié à l'anglophilie de la famille : Adorno, ses parents et ses grands-parents se sont mariés àLondres.)

L'articleSur le Jazz est publié en 1936 sous le pseudonyme de Hektor Rottweiler. Un autre pseudonyme dans le cercle familial est Archibald Bauchschleifer.

Formation

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Le jeune Wiesengrund est initié à la philosophie en lisant laCritique de la raison pure deKant avecSiegfried Kracauer, son aîné de quatorze ans, alors qu'il est encore élève au lycée de Francfort.Puis, il étudie à l'université de Francfort laphilosophie, lapsychologie, lasociologie, l'histoire de l'art et lamusicologie. Il fait alors la connaissance deMax Horkheimer, deWalter Benjamin ainsi que de sa future épouse Margarete Karplus (Gretel Adorno). Il soutient sa thèse dedoctorat en philosophie en 1924 surLa transcendance du chosal et du noématique dans laphénoménologie deHusserl avec le philosophe néo-kantienHans Cornelius (en).

En même temps, Adorno pratique lepiano, songe à une carrière de musicien, découvre lamusique d'avant-garde avecHermann Scherchen et rédige ses premiers articles demusicologie. Il est déjà l'auteur delieder, de pièces pour piano, dequatuors qui ont été joués à Francfort lorsqu'il rencontre le compositeurAlban Berg en 1924 dans cette ville. Il décide d'aller étudier avec lui la composition musicale àVienne. Il se rend dans la capitale autrichienne en et se lie d'amitié avec son maître : les deux hommes échangeront 136 lettres entre 1925 et 1935. Le « docteur Wiesengrund » fait également la rencontre à Vienne d'Arnold Schönberg, le principal représentant de laseconde école de Vienne, mais celui-ci désapprouve les articles qui lui sont consacrés. Dans une lettre à un tiers, Schönberg s'exprime durement sur Adorno : « Je n'ai jamais pu supporter le personnage […]. Et d'ailleurs, la façon dont il traiteStravinsky est dégoûtante[7]. »

Adorno devientrédacteur en chef de la revue musicaleAnbruch. SesDeux pièces pour quatuor à cordes opus 2 sont interprétées en 1926 par le quatuor Kolisch. Il suit à Vienne également les cours deKarl Kraus et rencontreGeorg Lukacs dont il avait admiré les ouvrages, notammentThéorie du roman, et dontHistoire et conscience de classe détermine son orientation marxiste.

De retour à Francfort, Adorno décide de soutenir sonhabilitation en philosophie. Il présente d'abord un texte surFreud et soutient finalement avec un essai surKierkegaard : Construction de l'esthétique sous la direction dePaul Tillich en 1931. Adorno présente une conférence inaugurale à l'université de Francfort en surL'actualité de la philosophie. En tant qu'assistant de Tillich, il consacre un séminaire à la thèse deWalter Benjamin surL'origine du drame baroque allemand. En 1932, il collabore à la revue deMax HorkheimerZeitschrift für Sozialforschung par un articleSur la situation sociale de la musique bien qu'il ne fasse pas officiellement partie encore de l'Institut de recherche sociale. Le livre sur Kierkegaard paraît en 1933, le jour de l'accession deHitler au pouvoir.

Exil

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Article connexe :Dialectique de la Raison.

Dans le contexte politique dunazisme et de l'antisémitisme, Adorno est privé d'enseignement, sa musique ne peut être exécutée publiquement, puis il est de plus en plus menacé dans sa vie. Il poursuit néanmoins l'écriture de sonopéraLe Trésor de Joe l'Indien d'aprèsMark Twain, dont il met en musique seulement deux morceaux. En 1934, il commet l'erreur de citerJoseph Goebbels dans un article de la revueDie Musik, un geste dont il devra répondre auprès de ses étudiants en 1963.

Pour l'heure, il émigre d'abord enGrande-Bretagne afin d'obtenir unechaire d'enseignement àOxford. Il entreprend pour cela un nouveau travail de doctorat sur Husserl àMerton College (Pour une métacritique de la théorie de la connaissance). En 1935, il publie un ensemble de textes en mémoire d'Alban Berg qui vient de mourir. En 1936, il écrit son article controverséSur le jazz où il présente le concept d'industrie culturelle. Il continue de revenir périodiquement en Allemagne et revoit sa fiancée qu'il épouse àLondres en 1937. Il séjourne également àParis, en 1936, où il retrouveSiegfried Kracauer, Walter Benjamin etMax Horkheimer ; il accepte finalement la proposition que lui fait celui-ci de venir travailler àNew York.

Adorno part pour New York le pour un projet de recherche sociologique sur l'action de la radio aux États-Unis sous la direction dePaul Lazarsfeld (Princeton Radio Research Project). Il étudie les rapports entre la musique et l'auditeur et développe une théorie du « caractère fétiche » et de la « régression de l'écoute » en même temps qu'il s'implique dans des émissionspédagogiques sur la musique à la radio comme il le fera durant toute sa carrière.

À la suite de divergences de principe, il ne poursuit pas ces recherches mais se rapproche de l'Institut de recherche sociale, dont il dirige la revue, et commence de rédiger avec HorkheimerDialectique de la Raison qui est l'ouvrage fondamental de lathéorie critique. Ses écrits philosophiques, dès les années d'exil aux États-Unis durant la période nazie, se fondent sur une critique de l'Aufklärung ()a Raison définit comme pensée en progrès. Comment la barbarie a-t-elle été rendue possible auXXe siècle au sein d'une civilisation édifiée sur le principe de laraison toute-puissante ? Adorno développe le concept d'industrie culturelle.

En, l'Institut se déplace enCalifornie et Adorno s'installe àLos Angeles où il retrouve de nombreux émigrés allemands commeBertolt Brecht,Max Reinhardt,Arnold Schönberg ouThomas Mann (qu'il conseille pour la rédaction du romanDocteur Faust). Il fait également la connaissance deCharlie Chaplin, deFritz Lang, deGreta Garbo et écrit un livre sur la musique de film avecHanns Eisler après avoir ébauché saPhilosophie de la nouvelle musique.

En 1943, en pleineguerre, Adorno obtient lanationalité américaine. Il rédige des textes plus intimes, comme les protocoles de ses rêves et les fragments qui seront publiés ensuite sous le titreMinima Moralia, dans lesquels il fait état de sa situation d'émigré dans des conditions historiques catastrophiques. La recherche sur lesorigines de l'antisémitisme se poursuit avec une étude sociologique sur le rapport des masses à lapersonnalité autoritaire.

En 1946, il donne une conférence à la société psychanalytique deSan Francisco :La psychanalyse révisée[8],[9]. Au cours de cette conférence, il critique les« révisionnistes néo-freudiens » dontKaren Horney etErich Fromm font partie[8].

Consécration

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Adorno et ses collègues. (Photo prise àHeidelberg en par Jeremy J. Shapiro à l'Institut de Sociologie Max Weber). Devant : Max Horkheimer à gauche et Theodor W. Adorno à droite. À l'arrière gauche : Siegfried Landshut. Arrière droite (la main dans les cheveux) :Jürgen Habermas.

Adorno se résout à retourner enAllemagne après laguerre car il se sent investi d'une mission au sein de la vie politique et intellectuelle de la jeuneRépublique fédérale d'Allemagne.

Il regagne l'Europe parParis où il débarque le, avant de rejoindre l'université de Francfort où il enseigne à partir de 1949-1950. Son enseignement porte essentiellement sur la philosophie deKant, deHegel, sur ladialectique et l'esthétique, mais il poursuit également un travail interdisciplinaire et intervient dans l'espace public.

Il retourne encore aux États-Unis en 1951, puis pour dix mois en 1952-1953, au cours desquels il entreprend une enquête sociologique sur la rubrique astrologique duLos Angeles Times. Il ne renonce à la nationalité américaine qu'en 1955.

Adorno obtient en 1957 une chaire de philosophie et de sociologie. En 1958, il prend la succession de Max Horkheimer à la tête de l'Institut de recherche sociale. L'École de Francfort se reconstitue et définit sa méthode et son contenu comme théorie critique.

Il s'attache à penser les liens entre la psychologie et la sociologie, en particulier, dans leur rapport à lapsychanalyse deFreud. Il applique les recherches sur lapersonnalité autoritaire à la situation allemande avec des expérimentations de groupe sur la question de laculpabilité et du rapport au passé (voir :antisémitisme secondaire). En 1961, une polémiqueméthodologique l'oppose àKarl Popper et aux représentants dupositivisme.

En tant que musicologue, il suit très activement la vie musicale de l'après-guerre, s'intéressant à la musique dePierre Boulez et d'Olivier Messiaen, mettant la jeune génération en garde contre lesérialisme intégral, lesconservatismes et lesdogmatismes en général. Ses monographies surRichard Wagner,Gustav Mahler (1960) puisAlban Berg (1968) influenceront plusieurs générations de compositeurs et musicologues. Ses écrits musicaux reposent tous sur la volonté d'unir étroitement la réflexion esthétique à l'analyse des œuvres, pour laquelle il s'efforce de ne pas appliquer à l'œuvre un schéma qui lui serait extérieur. Il propose le concept d'unemusique informelle.

Adorno consacre également de nombreuses études à la littérature. Il écrit surFranz Kafka, surFriedrich Hölderlin, mais aussi sur ses contemporainsSamuel Beckett et sur le poètePaul Celan qu'il rencontre tous deux à Paris et dont le travail semble contredire sa fameuse formule « Écrire un poème aprèsAuschwitz est barbare… ».

Il est invité à deux reprises à donner des conférences à Paris : à laSorbonne, en 1958, puis auCollège de France, en 1961. L'audience est très restreinte, mais, outre Paul Celan, y assistentMaurice Merleau-Ponty,Jean Wahl,Roger Caillois etGeorges Friedmann. Il faut dire qu'à cette époque, les œuvres d'Adorno ne sont pas encore traduites en français alors que ses publications se multiplient en Allemagne et que lesMinima Moralia trouvent un succès public inespéré.

Après les conférences de Paris où il est invité parRobert Minder pour donner trois conférences intituléesLe besoin ontologique, Être et existence et Vers une dialectique négative[10], Adorno entreprend son ouvrage philosophique majeur sur laDialectique négative (publié en 1966). Il intègre dans ce livre le contenu de cours sur la théorie de l'histoire et de la liberté et sur la métaphysique. Il y défend une dialectique négative, en d'autres termes une dialectique sans dépassement ni réconciliation, comme le moyen de défaire la force identifiante de la pensée. La pensée, procédant par concepts, est nécessairement identifiante, c'est-à-dire qu'elle efface le non-identique.

Contestation

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Plaque commémorative apposée sur la maison de Theodor W. Adorno à Kettenhofweg (Frankfort), dessinée par Guenter Maniewski et dévoilée le.

La participation d'Adorno à la vie politique de laRépublique fédérale d'Allemagne est marquée par ses désaccords avec lagauche allemande. Lemouvement étudiant de 1968 conteste son enseignement. La théorie critique se voit reprocher de n'être qu'une théorie de la société, à laquelle les étudiantsmarxistes oumaoïstes opposent l'activisme de la pratique. Les étudiants ont le sentiment qu'ils sont formés à la théorie critique pour devenir ensuite « des alibis de l'État autoritaire ».

Adorno est pris dans une contradiction : il refuse de suivre les contestataires, ce qui reviendrait à ruiner la possibilité de ladémocratie qui se construit péniblement en Allemagne sur les ruines dunational-socialisme, mais, en reconnaissant les raisons du mouvement révolutionnaire, il refuse également de faire le jeu des forcesréactionnaires.

En 1965, dans sonpamphletJargon de l'authenticité, et en 1966 dansDialectique négative, Adorno prend l'œuvre deMartin Heidegger à partie, réduisant la question de l'être à unirrationalisme rebelle à lalogique, aveugle à la réalité sociale,fasciste jusque dans ses composantes les plus intimes[11].

Lors des événements de, ses étudiants prennent pour prétexte sonélitisme culturel pour l'attaquer en l'accusant de complicité avec le pouvoirbourgeois. Adorno critique l'anti-intellectualisme (l'irrationalisme et l'infantilisme) du mouvement de même que le fascisme latent qu'il peut aussi contenir.

Un premier incident a lieu, le, lorsque le comité de grève, à la suite du refus des professeurs Adorno etHabermas de coopérer, envahit les locaux de l'Institut. Adorno demande l'intervention des forces de police etporte plainte pour violation de domicile.

Au semestre d'été 1969, des perturbateurs interviennent dans son cours et lui demandent de faire uneautocritique. On écrit au tableau :« Si on laisse faire ce cher Adorno, on aura le capital jusqu'à la mort. » Des étudiantes montent alors sur l'estrade en exhibant leur poitrine dénudée[12] et le chahutent de façon provocante. Adorno quitte l'amphithéâtre. Des tracts circulent : « Adorno comme institution est mort ». Pourtant, le philosophe avait pris position en faveur des étudiants, par exemple en prenant la défense deBenno Ohnesorg, jeune étudiant tué le par un agent de police,Karl-Heinz Kurras qui se révélera par la suite être unespion de laStasi[13]. Il s'était expliqué également longuement et de façon nuancée sur le rapport qu'entretient, selon lui, la philosophie avec la pratique[14].

Adorno écrit alors à Samuel Beckett :« Le sentiment d'être attaqué comme réactionnaire a tout de même quelque chose de surprenant. » Il aurait été profondément affecté par cet événement, expliquant que l'attitude des étudiants avait pour objectif de susciter chez lui une réaction de bourgeois s'offusquant à la vue d'un sein. Il parle de la« brutalité idiote des fascistes de gauche » et se voit à nouveau comme la victime d'une« folie collective »[15].

Est-ce là ce qui conduit à la mort du philosophe ? Pendant les vacances d'été 1969, Adorno est pris de plusieursattaques cardiaques, en Suisse, lors de son séjour à la montagne, et décède àViège le.

Adorno laisse inachevée laThéorie esthétique à laquelle il travaille depuis 1966 et qui a souvent été le thème de son enseignement. Le livre est publié d'après le brouillon, par les soins de Gretel Adorno et Rolf Tiedemann en 1970. Il s'impose rapidement comme l'un des ouvrages les plus importants du philosophe, et sera l'un des plus lus. Adorno y développe sa conception de l'art radical comme forme de résistance sociale et de vérité.

Monument

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Le monument d’Adorno à Francfort.
Mémorial d'Adorno à Francfort : détail. « L'écriture et la musique », pour une philosophiecritique (évaluationet danger de la modernité).

En 2003, pour le centenaire de la naissance d'Adorno, son nom est donné à une place, près de l'université de Francfort, et un monument créé par l'artiste russeVadim Zakharov (en) lui est dédié. Ce monument figure un lieu de travail, avec chaise et bureau sur lequel sont disposés divers objets, placé au centre d'un cube en verre et d'une dalle de marbre de noir et blanc et de granit évoquant un labyrinthe. Il ne s'agit cependant pas de la reconstitution du bureau d'Adorno. L'artiste ne voulait pas montrer le lieu de travail original du philosophe, mais plutôt évoquer son travail, ses sources d'inspiration et son œuvre[16].

Adorno est inhumé aucimetière principal de Francfort.

Idées

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Tombe d'Adorno aucimetière principal de Francfort.

La pensée d'Adorno est centrée sur une critique de laRaison qu'il associe au termeAufklärung (Lumières en allemand), au sens où celle-ci est à la fois considérée comme émancipatrice et dans le même temps comme instrument de domination : « Les Lumières sont totalitaires » (Aufklärung ist totalitär). Sans pour autant verser dans l'irrationalisme ou lamystique, il se réclame d'une forme derationalisme : il s'agit d'une critique de la raison au nom même de la raison bien comprise.

Adorno critique très sévèrement ce qu'il appelle « industrie culturelle » (terme qu'il préfère à celui de « culture de masse », impropre et trompeur dans la mesure où il laisserait entendre que les masses sont les vraies productrices de cette culture, alors qu'elles en sont, selon Adorno, les victimes), surtout lamusique dite "populaire". Il considère que la musique populaire moderne n'a plus rien de vraiment populaire, qu'il s'agit uniquement de produits conçus par de grandes entreprises pour uneconsommation de masse. Ainsi, pour lui les différences de goût et d'identité perçus dans la musique populaire ne proviennent que de l'aliénation et l'invention d'une fausseindividualité, dans une société où toute vraie individualité est écrasée. Malgré son désir d'être considéré comme unmarxiste, il propose une vision non-contradictoire des produits de l'industrie culturelle. Ses idées sur ces questions gardent une large influence dans les milieux universitaires aujourd'hui.

Dans ses études sur lapersonnalité autoritaire, Adorno part de l'hypothèse selon laquelle lesconvictions politiques, économiques et sociales d'un individu forment un modèle cohérent, qu'il nommecaractère, et dont il est possible d'établir des typologies. Il cherche à comprendre comment certaines structures mentales conduisent à la formation de cette personnalité autoritaire, qui contient potentiellement le germe dufascisme.

Lemonde contemporain est contradictoire car travaillé par les antagonismes ducapitalisme. L'art authentique est celui qui rend compte de ce caractère conflictuel par ladissonance. Lejazz est inauthentique, car l'apparente liberté de l'improvisation s'inscrit dans le cadre rigide d'un rythme régulier.

« Le Nouveau, en tant que cryptogramme, est l'image de la ruine ; l'art n'exprime l'inexprimable, l'utopie, que par l'absolue négativité de cette image. En elle se rassemblent tous les stigmates du repoussant et du répugnant dans l'art contemporain. Par un refus intransigeant de l'apparence de réconciliation, l'art maintient cette utopie au sein de l'irréconcilié, conscience authentique d'une époque où la possibilité réelle de l'utopie — le fait que d'après le stade des forces productives, la terre pourrait être ici et maintenant le paradis — se conjugue au paroxysme avec la possibilité de la catastrophe totale. »

— Theodor W. Adorno, Théorie esthétique, Klincksieck, 2001, p. 57-58.

L'exploitation desanimaux par l'homme est une des origines de laviolence. La phrase :« Auschwitz commence partout où quelqu’un regarde un abattoir et pense : ce sont seulement des animaux », lui est couramment attribuée alors qu'il s'agit d'un résumé succinct de sa pensée, fait parCharles Patterson dansUn éternel Treblinka : Notre traitement des animaux et l'Holocauste.

Ses travaux desociologue de la culture se démarquent de ceux dePaul Felix Lazarsfeld (sociologue descommunications de masse), avec qui il travaille lors de son exil aux États-Unis.

Influence

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Hommage à Adorno, peinture murale par Justus Becker et Oğuz Şen, à la stationBockenheimer Warte, (Francfort, en 2018).

Sa démarche interdisciplinaire a également exercé une influence dans d'autres disciplines intégrant le champ des industries culturelles comme les sciences de l'information et de la communication. Pour ces sciences, la « coupure esthétique » qu'il a définie entre les produits des grands groupes de communication et lacréation artistique est toujours d'actualité, aux niveaux philosophique, sociologique et économique.

Œuvres

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Textes

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Ouvrages publiés avant 1970

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Page de titre deDialektik der Aufklärung par Max Horkheimer et Theodor W. Adorno, de 1947

Ouvrages posthumes (après 1970)

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Écrits inachevés
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Premiers écrits
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  • L'actualité de la philosophie et autres écrits, traduction et annotation de Pierre Arnoux, Julia Christ, Georges Felten, Anne Le Goff, Florian Nicodème et Matthias Nicodème, sous la direction de Jacques-Olivier Bégot, Rue d'Ulm, 2008, nouv. éd. 2018.
Écrits sociologiques
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Enseignement
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Correspondance
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  • Theodor W. Adorno et Walter Benjamin,Correspondance 1928-1940 (1992), trad. Philippe Ivernel, La Fabrique, 2002
  • Theodor W. Adorno et Alban Berg,Correspondance 1925-1935 (1999), trad. Marianne Dautrey,Gallimard, 2006
  • Theodor W. Adorno et Paul Celan,Correspondance, trad. Christophe David, Nous, 2008
  • Theodor W. Adorno etThomas Mann,Correspondance 1943-1955, trad. Pierre Rusch,Klincksieck, 2009
  • Theodor W. Adorno et Siegfried Kracauer,Correspondance 1923-1966, trad. Wolfgang Kukulies, Le Bord de l'eau, 2018
Autres écrits
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« Adorno avait raison », grafitti sur un mur deTel Aviv (Israël)
  • Autour de la théorie esthétique. Paralipomena, théorie sur l’origine de l’art, Introduction première, trad. Marc Jimenez, Klincksieck, 1976
  • Sur quelques relations entre musique et peinture, trad.Peter Szendy, La Caserne, 1995
  • L'art et les arts, choix de textes, trad.Jean Lauxerois,Desclée de Brouwer, 2002
  • Mes rêves <1936-1969>(Traumprotokolle, 2005), trad. Olivier Mannoni, Seuil, 2007
  • Notes sur Beckett, trad. Christophe David, présenté par Rolph TiedemannEditions NOUS, 2008(ISBN 978-2-913549-26-5)
  • Current of Music. Éléments pour une théorie de la radio, Paris/Québec, Éd. de la Maison des sciences de l'homme/Les Presses de l'Université Laval, 2010 (coll. Philia). Traduction et postface de Pierre Arnoux.
  • Amorbach et autres fragments autobiographiques, trad. Marion Maurin et Antonin Wiser, Allia, 2016
  • Désir autoritaire, trad Marie-Andrée Ricard, préfaceJohann Chapoutot, Paris,Éditions Rue d'Ulm, 2025,(ISBN 978-2-7288-0889-2) : transcription traduite d'une conférence qu'il a tenu en 1960 à la suite d'une vague d'actes antisémites enAllemagne de l'Ouest, dans laquelle il présente son concept de "personnalité attachée à l'autorité".

Musique

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Lieder

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  • “ Schließe mir die Augen beide ” (Theodor Storm) (1918)
  • “ Die Nachtigall ” (Theodor Storm) (1918)
  • 6 Lieder, extraits de “ Der Siebente Ring ” deStefan George (1921)
  • “ Wenn ich auf deiner Brücke steh' ” (Stefan George)
  • Sechs Bagatellen op. 6
  • “ Steh ich in finstrer Mitternacht ”
  • “ Ich und mein Katharinelein ” (Kinderreim)
  • “ Lied der Kammerjunger (Oskar Kokoschka)
  • “ Trabe, kleines Pferdchen ” (Franz Kafka)
  • “ An Zimmern ” (Friedrich Hölderlin)
  • Zwei Gedichte von Stefan George (1925)
  • Vier Gedichte von Stefan George op. 1 (1925-1928)
  • Sept chansons populaires françaises arrangées pour une voix et piano
  • Vier Lieder für eine mittlere Stimme und Klavier, op. 3 (1928)
  • Marschlied (Detlev von Liliencron) 1934
  • Chanson-Postkarte (Joachim Ringelnatz) 1934
  • Klage. Sechs Gedichte vonGeorg Trakl op. 5 (1938-1941)
  • Drei französische Volkslieder arrangiert für Singstimme und Klavier (1939)
  • Rüsselmammuts Heimkehr : Lied für eine Singstimme und Pianoforte von Archibald Bauchschleifer (1941)
  • Zwei Propagandagedichte vonBertolt Brecht
  • Vier Lieder nach Gedichten vonStefan George, op. 7

Piano solo

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  • Drei Klavierstücke (1924)
  • Drei Klavierstücke (1927)
  • Hommage àBizet
  • P. K. B. [Pferde. Kinder. Ballett], eine kleine Kindersuite für Klavier
  • Zwei Klavierstücke (1934)
  • Die böhmischen Terzen (1945)

Violon solo

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  • Variationen für Violine solo

Musique de chambre

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  • Six études pour quatuor (1920)
  • Quatuor à cordes (1921)
  • Trio à cordes (1921-1922)
  • Deux pièces pour quatuor à cordes, op. 2 (1925-1926)
  • Streichtrio in einem Satz (Trio à cordes en un seul mouvement)

Œuvres pour ensemble instrumental

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  • Kinderjahre, six pièces pour petit orchestre (d’aprèsRobert Schumann, op. 68)
  • 6 kurze Orchesterstücke, op. 4 (six pièces brèves), 1929

Œuvre chorale

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  • Drei Gedichte vonTheodor Däubler, pour chœur de femmes à quatre voix, op. 8 (1924-1925)

Opéra

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  • Deux lieder extraits de l'opéra inachevéDer Schatz des Indianer-Joe (Le Trésor de Joe l’Indien) d’aprèsMark Twain

Notes et références

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  1. Prononciation enhaut allemandstandardiséretranscrite selon lanorme API.
  2. EncyclopædiaUniversalis, « THEODOR WIESENGRUND ADORNO », surEncyclopædia Universalis(consulté le)
  3. LambertZuidervaart,« Theodor W. Adorno », dansThe Stanford Encyclopedia of Philosophy, Metaphysics Research Lab, Stanford University,(lire en ligne)
  4. (en) StefanMüller-Doohm,Adorno : a biography, Polity Press,(ISBN 0-7456-3108-8,978-0-7456-3108-0 et0-7456-3109-6,OCLC 61327864,lire en ligne),p. 3
  5. Stefan Müller-Doohm,Adorno, une biographie, Paris, Gallimard, 2003. Le lieuditDella Piana se trouve au-dessus deBocognano (Corse)
  6. Lettre de Theodor Wiesengrund-Adorno àWalter Benjamin,Oxford,, dansCorrespondance Adorno/Benjamin, Gallimard, 2006,p. 173. Et Voir également la mention de Theodor W. Adorno parmi les personnages corses sur le siteCronica di a Corsica
  7. Lettre du, citée dans Stuckenschmidt,Arnold Schoenberg : His Life, World and Work, trad. H. Searle, Londres, 1977.
  8. a etbTheodor Wiesengrund Adorno (trad. de l'allemand),La psychanalyse révisée, Paris, Editions de l'Olivier,, 112 p.(ISBN 978-2-87929-563-3 et2-87929-563-7,OCLC 421935450,lire en ligne),p. 7
  9. Le texte en traduction allemande a été publié pour la première fois en 1952 dans la revuePsyche (traduit par Rainer Koehne). Le texte anglais n'a pas été publié, en effet, Adorno disait que la traduction allemande rendait mieux ses intentions. Puis le texte sera publié en 1962 dans le volume 10 de la collectionFranfurter Beiträge zur Soziologie. Et enfin en 1972 dans lesGesammelte Schriften.
  10. [1]
  11. Voir article « Adorno » dans Le DictionnaireMartin Heidegger sous la direction de Philippe Arjakosky-François Fédier -Hadrien France-Lanord, Cerf, 2013, page 32
  12. « Mai 68 à l’école de Francfort : le malentendu Adorno », surwww.lagazettedeberlin.com(consulté le)
  13. Nathalie Versieux,L’ombre de la Stasi sur les années de plomb, liberation.fr, 28 mai 2009
  14. (en) AuréliaPeyrical, « T.W.Adorno et le mai 68 allemand - Les Temps Modernes, n°699, août 2018 »,Les Temps Modernes,‎(lire en ligne, consulté le)
  15. (de)Frankfurter Adorno Blätter V,(ISBN 978-3-88377-561-6,DOI 10.5771/9783967075144,lire en ligne)
  16. (en) Frankfurt Humanities Research Centre, « The Adorno Monument: Adorno’s desk », surGoethe-Universität Frankfurt am Main(consulté le)
  17. Adorno parle lui-même en français d'« industrie culturelle », mais on parle également après lui d'« industries culturelles » ou encore d'« industrialisation de la culture » (suivant la traduction deKulturindustrie dans l'édition française de laDialectique de la raison).

Bibliographie

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En langue anglaise

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  • Simon Jarvis,Adorno. A Critical Introduction, Routledge, New York, 1998, 283 pages.
  • Brian O'Connor, "The Concept of Mediation in Hegel and Adorno",Hegel Bulletin, 1999, 20(1-2), 84-96.
  • Roger Foster,Adorno. The Recovery of Experience, State University of New York Press, 2007, 236 pages.
  • Christopher Cutrone,Adorno’s Marxism, Dissertation, Chigago, Illinois, 2013, 420 pages.
  • Tom Whyman, "Adorno's Aristotle Critique and Ethical Naturalism",European Journal of Philosophy (4):1208-1227 (2017).

Articles connexes

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