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Theodor Wiesengrund-Adorno est né àFrancfort, le, d'un pèrejuif allemand, Oscar Alexander Wiesengrund, commerçant, et d'une mère corsecatholique, Maria Calvelli Adorno della Piana,cantatrice[2],[3].
L'enfant estbaptisé suivant lerite catholique et sa mère joint au patronyme Wiesengrund son propre nom Adorno[4]. Il portera ainsi le nom Wiesengrund-Adorno pour signer ses articles les plusmarxistes avant d'abandonner le trait d'union en 1938 et de réduire au seul W. le nom de son père lors de son exil auxÉtats-Unis : il devient alors connu sous le nom de Theodor W. Adorno. En 1943, il estnaturalisé américain sous le nom de Theodor Adorno et présente ses excuses à ses parents pour avoir supprimé son prénom Ludwig et jusqu'au W. du nom de famille.
Le nom Adorno vient du grand-père maternel, Jean-François Calvelli (1820-1879), né enCorse près deBocognano, dans une famille proche desBonaparte. Il a été officier de carrière dans l'armée française avant de s'établir àFrancfort commemaître d'armes. Il s'est attribué le nom italianisant de Calvelli Adorno della Piana qui impressionnait également son petit-fils et suggère un lien avec lafamille Adorno desdoges de Gênes[5]. Jean-François a traversé la frontière pour reprendre du service dans l'armée française lors de laguerre franco-prussienne de 1870.
Cette action et cette ascendance française n'ont cependant pas permis à Adorno, comme il l'espérait en 1936, d'obtenir lanationalité française lorsqu'il a été proscrit par lesnazis enAllemagne commejuif[6]. La famille Wiesengrund n'entretient aucun lien avec latradition juive et Adorno s'est tenu à l'écart des religions et de leurs représentants (il voitMartin Buber comme un « tyrolien de la religion »). Néanmoins, il s'est lié surtout à des intellectuels juifs et il a toujours été perçu comme tel : ainsi la femme d'Alban Berg le désigne comme un « jeune Juif ».
Theodor est surnommé « Teddie » par ses camarades et ses intimes depuis son enfance (ce diminutif est lié à l'anglophilie de la famille : Adorno, ses parents et ses grands-parents se sont mariés àLondres.)
L'articleSur le Jazz est publié en 1936 sous le pseudonyme de Hektor Rottweiler. Un autre pseudonyme dans le cercle familial est Archibald Bauchschleifer.
En même temps, Adorno pratique lepiano, songe à une carrière de musicien, découvre lamusique d'avant-garde avecHermann Scherchen et rédige ses premiers articles demusicologie. Il est déjà l'auteur delieder, de pièces pour piano, dequatuors qui ont été joués à Francfort lorsqu'il rencontre le compositeurAlban Berg en 1924 dans cette ville. Il décide d'aller étudier avec lui la composition musicale àVienne. Il se rend dans la capitale autrichienne en et se lie d'amitié avec son maître : les deux hommes échangeront 136 lettres entre 1925 et 1935. Le « docteur Wiesengrund » fait également la rencontre à Vienne d'Arnold Schönberg, le principal représentant de laseconde école de Vienne, mais celui-ci désapprouve les articles qui lui sont consacrés. Dans une lettre à un tiers, Schönberg s'exprime durement sur Adorno : « Je n'ai jamais pu supporter le personnage […]. Et d'ailleurs, la façon dont il traiteStravinsky est dégoûtante[7]. »
Adorno devientrédacteur en chef de la revue musicaleAnbruch. SesDeux pièces pour quatuor à cordes opus 2 sont interprétées en 1926 par le quatuor Kolisch. Il suit à Vienne également les cours deKarl Kraus et rencontreGeorg Lukacs dont il avait admiré les ouvrages, notammentThéorie du roman, et dontHistoire et conscience de classe détermine son orientation marxiste.
De retour à Francfort, Adorno décide de soutenir sonhabilitation en philosophie. Il présente d'abord un texte surFreud et soutient finalement avec un essai surKierkegaard : Construction de l'esthétique sous la direction dePaul Tillich en 1931. Adorno présente une conférence inaugurale à l'université de Francfort en surL'actualité de la philosophie. En tant qu'assistant de Tillich, il consacre un séminaire à la thèse deWalter Benjamin surL'origine du drame baroque allemand. En 1932, il collabore à la revue deMax HorkheimerZeitschrift für Sozialforschung par un articleSur la situation sociale de la musique bien qu'il ne fasse pas officiellement partie encore de l'Institut de recherche sociale. Le livre sur Kierkegaard paraît en 1933, le jour de l'accession deHitler au pouvoir.
Dans le contexte politique dunazisme et de l'antisémitisme, Adorno est privé d'enseignement, sa musique ne peut être exécutée publiquement, puis il est de plus en plus menacé dans sa vie. Il poursuit néanmoins l'écriture de sonopéraLe Trésor de Joe l'Indien d'aprèsMark Twain, dont il met en musique seulement deux morceaux. En 1934, il commet l'erreur de citerJoseph Goebbels dans un article de la revueDie Musik, un geste dont il devra répondre auprès de ses étudiants en 1963.
Pour l'heure, il émigre d'abord enGrande-Bretagne afin d'obtenir unechaire d'enseignement àOxford. Il entreprend pour cela un nouveau travail de doctorat sur Husserl àMerton College (Pour une métacritique de la théorie de la connaissance). En 1935, il publie un ensemble de textes en mémoire d'Alban Berg qui vient de mourir. En 1936, il écrit son article controverséSur le jazz où il présente le concept d'industrie culturelle. Il continue de revenir périodiquement en Allemagne et revoit sa fiancée qu'il épouse àLondres en 1937. Il séjourne également àParis, en 1936, où il retrouveSiegfried Kracauer, Walter Benjamin etMax Horkheimer ; il accepte finalement la proposition que lui fait celui-ci de venir travailler àNew York.
Adorno part pour New York le pour un projet de recherche sociologique sur l'action de la radio aux États-Unis sous la direction dePaul Lazarsfeld (Princeton Radio Research Project). Il étudie les rapports entre la musique et l'auditeur et développe une théorie du « caractère fétiche » et de la « régression de l'écoute » en même temps qu'il s'implique dans des émissionspédagogiques sur la musique à la radio comme il le fera durant toute sa carrière.
À la suite de divergences de principe, il ne poursuit pas ces recherches mais se rapproche de l'Institut de recherche sociale, dont il dirige la revue, et commence de rédiger avec HorkheimerDialectique de la Raison qui est l'ouvrage fondamental de lathéorie critique. Ses écrits philosophiques, dès les années d'exil aux États-Unis durant la période nazie, se fondent sur une critique de l'Aufklärung ()a Raison définit comme pensée en progrès. Comment la barbarie a-t-elle été rendue possible auXXe siècle au sein d'une civilisation édifiée sur le principe de laraison toute-puissante ? Adorno développe le concept d'industrie culturelle.
En 1943, en pleineguerre, Adorno obtient lanationalité américaine. Il rédige des textes plus intimes, comme les protocoles de ses rêves et les fragments qui seront publiés ensuite sous le titreMinima Moralia, dans lesquels il fait état de sa situation d'émigré dans des conditions historiques catastrophiques. La recherche sur lesorigines de l'antisémitisme se poursuit avec une étude sociologique sur le rapport des masses à lapersonnalité autoritaire.
En 1946, il donne une conférence à la société psychanalytique deSan Francisco :La psychanalyse révisée[8],[9]. Au cours de cette conférence, il critique les« révisionnistes néo-freudiens » dontKaren Horney etErich Fromm font partie[8].
Adorno et ses collègues. (Photo prise àHeidelberg en par Jeremy J. Shapiro à l'Institut de Sociologie Max Weber). Devant : Max Horkheimer à gauche et Theodor W. Adorno à droite. À l'arrière gauche : Siegfried Landshut. Arrière droite (la main dans les cheveux) :Jürgen Habermas.
Il regagne l'Europe parParis où il débarque le, avant de rejoindre l'université de Francfort où il enseigne à partir de 1949-1950. Son enseignement porte essentiellement sur la philosophie deKant, deHegel, sur ladialectique et l'esthétique, mais il poursuit également un travail interdisciplinaire et intervient dans l'espace public.
Il retourne encore aux États-Unis en 1951, puis pour dix mois en 1952-1953, au cours desquels il entreprend une enquête sociologique sur la rubrique astrologique duLos Angeles Times. Il ne renonce à la nationalité américaine qu'en 1955.
Adorno obtient en 1957 une chaire de philosophie et de sociologie. En 1958, il prend la succession de Max Horkheimer à la tête de l'Institut de recherche sociale. L'École de Francfort se reconstitue et définit sa méthode et son contenu comme théorie critique.
En tant que musicologue, il suit très activement la vie musicale de l'après-guerre, s'intéressant à la musique dePierre Boulez et d'Olivier Messiaen, mettant la jeune génération en garde contre lesérialisme intégral, lesconservatismes et lesdogmatismes en général. Ses monographies surRichard Wagner,Gustav Mahler (1960) puisAlban Berg (1968) influenceront plusieurs générations de compositeurs et musicologues. Ses écrits musicaux reposent tous sur la volonté d'unir étroitement la réflexion esthétique à l'analyse des œuvres, pour laquelle il s'efforce de ne pas appliquer à l'œuvre un schéma qui lui serait extérieur. Il propose le concept d'unemusique informelle.
Adorno consacre également de nombreuses études à la littérature. Il écrit surFranz Kafka, surFriedrich Hölderlin, mais aussi sur ses contemporainsSamuel Beckett et sur le poètePaul Celan qu'il rencontre tous deux à Paris et dont le travail semble contredire sa fameuse formule « Écrire un poème aprèsAuschwitz est barbare… ».
Il est invité à deux reprises à donner des conférences à Paris : à laSorbonne, en 1958, puis auCollège de France, en 1961. L'audience est très restreinte, mais, outre Paul Celan, y assistentMaurice Merleau-Ponty,Jean Wahl,Roger Caillois etGeorges Friedmann. Il faut dire qu'à cette époque, les œuvres d'Adorno ne sont pas encore traduites en français alors que ses publications se multiplient en Allemagne et que lesMinima Moralia trouvent un succès public inespéré.
Après les conférences de Paris où il est invité parRobert Minder pour donner trois conférences intituléesLe besoin ontologique, Être et existence et Vers une dialectique négative[10], Adorno entreprend son ouvrage philosophique majeur sur laDialectique négative (publié en 1966). Il intègre dans ce livre le contenu de cours sur la théorie de l'histoire et de la liberté et sur la métaphysique. Il y défend une dialectique négative, en d'autres termes une dialectique sans dépassement ni réconciliation, comme le moyen de défaire la force identifiante de la pensée. La pensée, procédant par concepts, est nécessairement identifiante, c'est-à-dire qu'elle efface le non-identique.
Plaque commémorative apposée sur la maison de Theodor W. Adorno à Kettenhofweg (Frankfort), dessinée par Guenter Maniewski et dévoilée le.
La participation d'Adorno à la vie politique de laRépublique fédérale d'Allemagne est marquée par ses désaccords avec lagauche allemande. Lemouvement étudiant de 1968 conteste son enseignement. La théorie critique se voit reprocher de n'être qu'une théorie de la société, à laquelle les étudiantsmarxistes oumaoïstes opposent l'activisme de la pratique. Les étudiants ont le sentiment qu'ils sont formés à la théorie critique pour devenir ensuite « des alibis de l'État autoritaire ».
Adorno est pris dans une contradiction : il refuse de suivre les contestataires, ce qui reviendrait à ruiner la possibilité de ladémocratie qui se construit péniblement en Allemagne sur les ruines dunational-socialisme, mais, en reconnaissant les raisons du mouvement révolutionnaire, il refuse également de faire le jeu des forcesréactionnaires.
Lors des événements de, ses étudiants prennent pour prétexte sonélitisme culturel pour l'attaquer en l'accusant de complicité avec le pouvoirbourgeois. Adorno critique l'anti-intellectualisme (l'irrationalisme et l'infantilisme) du mouvement de même que le fascisme latent qu'il peut aussi contenir.
Un premier incident a lieu, le, lorsque le comité de grève, à la suite du refus des professeurs Adorno etHabermas de coopérer, envahit les locaux de l'Institut. Adorno demande l'intervention des forces de police etporte plainte pour violation de domicile.
Au semestre d'été 1969, des perturbateurs interviennent dans son cours et lui demandent de faire uneautocritique. On écrit au tableau :« Si on laisse faire ce cher Adorno, on aura le capital jusqu'à la mort. » Des étudiantes montent alors sur l'estrade en exhibant leur poitrine dénudée[12] et le chahutent de façon provocante. Adorno quitte l'amphithéâtre. Des tracts circulent : « Adorno comme institution est mort ». Pourtant, le philosophe avait pris position en faveur des étudiants, par exemple en prenant la défense deBenno Ohnesorg, jeune étudiant tué le par un agent de police,Karl-Heinz Kurras qui se révélera par la suite être unespion de laStasi[13]. Il s'était expliqué également longuement et de façon nuancée sur le rapport qu'entretient, selon lui, la philosophie avec la pratique[14].
Adorno écrit alors à Samuel Beckett :« Le sentiment d'être attaqué comme réactionnaire a tout de même quelque chose de surprenant. » Il aurait été profondément affecté par cet événement, expliquant que l'attitude des étudiants avait pour objectif de susciter chez lui une réaction de bourgeois s'offusquant à la vue d'un sein. Il parle de la« brutalité idiote des fascistes de gauche » et se voit à nouveau comme la victime d'une« folie collective »[15].
Est-ce là ce qui conduit à la mort du philosophe ? Pendant les vacances d'été 1969, Adorno est pris de plusieursattaques cardiaques, en Suisse, lors de son séjour à la montagne, et décède àViège le.
Adorno laisse inachevée laThéorie esthétique à laquelle il travaille depuis 1966 et qui a souvent été le thème de son enseignement. Le livre est publié d'après le brouillon, par les soins de Gretel Adorno et Rolf Tiedemann en 1970. Il s'impose rapidement comme l'un des ouvrages les plus importants du philosophe, et sera l'un des plus lus. Adorno y développe sa conception de l'art radical comme forme de résistance sociale et de vérité.
Le monument d’Adorno à Francfort.Mémorial d'Adorno à Francfort : détail. « L'écriture et la musique », pour une philosophiecritique (évaluationet danger de la modernité).
En 2003, pour le centenaire de la naissance d'Adorno, son nom est donné à une place, près de l'université de Francfort, et un monument créé par l'artiste russeVadim Zakharov(en) lui est dédié. Ce monument figure un lieu de travail, avec chaise et bureau sur lequel sont disposés divers objets, placé au centre d'un cube en verre et d'une dalle de marbre de noir et blanc et de granit évoquant un labyrinthe. Il ne s'agit cependant pas de la reconstitution du bureau d'Adorno. L'artiste ne voulait pas montrer le lieu de travail original du philosophe, mais plutôt évoquer son travail, ses sources d'inspiration et son œuvre[16].
La pensée d'Adorno est centrée sur une critique de laRaison qu'il associe au termeAufklärung (Lumières en allemand), au sens où celle-ci est à la fois considérée comme émancipatrice et dans le même temps comme instrument de domination : « Les Lumières sont totalitaires » (Aufklärung ist totalitär). Sans pour autant verser dans l'irrationalisme ou lamystique, il se réclame d'une forme derationalisme : il s'agit d'une critique de la raison au nom même de la raison bien comprise.
Adorno critique très sévèrement ce qu'il appelle « industrie culturelle » (terme qu'il préfère à celui de « culture de masse », impropre et trompeur dans la mesure où il laisserait entendre que les masses sont les vraies productrices de cette culture, alors qu'elles en sont, selon Adorno, les victimes), surtout lamusique dite "populaire". Il considère que la musique populaire moderne n'a plus rien de vraiment populaire, qu'il s'agit uniquement de produits conçus par de grandes entreprises pour uneconsommation de masse. Ainsi, pour lui les différences de goût et d'identité perçus dans la musique populaire ne proviennent que de l'aliénation et l'invention d'une fausseindividualité, dans une société où toute vraie individualité est écrasée. Malgré son désir d'être considéré comme unmarxiste, il propose une vision non-contradictoire des produits de l'industrie culturelle. Ses idées sur ces questions gardent une large influence dans les milieux universitaires aujourd'hui.
Dans ses études sur lapersonnalité autoritaire, Adorno part de l'hypothèse selon laquelle lesconvictions politiques, économiques et sociales d'un individu forment un modèle cohérent, qu'il nommecaractère, et dont il est possible d'établir des typologies. Il cherche à comprendre comment certaines structures mentales conduisent à la formation de cette personnalité autoritaire, qui contient potentiellement le germe dufascisme.
Lemonde contemporain est contradictoire car travaillé par les antagonismes ducapitalisme. L'art authentique est celui qui rend compte de ce caractère conflictuel par ladissonance. Lejazz est inauthentique, car l'apparente liberté de l'improvisation s'inscrit dans le cadre rigide d'un rythme régulier.
« Le Nouveau, en tant que cryptogramme, est l'image de la ruine ; l'art n'exprime l'inexprimable, l'utopie, que par l'absolue négativité de cette image. En elle se rassemblent tous les stigmates du repoussant et du répugnant dans l'art contemporain. Par un refus intransigeant de l'apparence de réconciliation, l'art maintient cette utopie au sein de l'irréconcilié, conscience authentique d'une époque où la possibilité réelle de l'utopie — le fait que d'après le stade des forces productives, la terre pourrait être ici et maintenant le paradis — se conjugue au paroxysme avec la possibilité de la catastrophe totale. »
— Theodor W. Adorno, Théorie esthétique, Klincksieck, 2001, p. 57-58.
L'exploitation desanimaux par l'homme est une des origines de laviolence. La phrase :« Auschwitz commence partout où quelqu’un regarde un abattoir et pense : ce sont seulement des animaux », lui est couramment attribuée alors qu'il s'agit d'un résumé succinct de sa pensée, fait parCharles Patterson dansUn éternel Treblinka : Notre traitement des animaux et l'Holocauste.
Ariane Kalfa, étudiante d'Olivier Revault d'Allonnes, reprend la réflexion d'Adorno à propos de la poésie après Auschwitz en l'étendant à la philosophie et à lamétaphysique. Son premier livre,La Force du refus, Philosopher après Auschwitz, s'inscrit dans le prolongement de la pensée d'Adorno.
En Allemagne, sous l'impulsion de la théoricienneRoswitha Scholz, la théorie sociale d'Adorno sera une des sources d'inspiration du courant de lacritique de la valeur puis de la critique de la valeur-dissociation.
Sa démarche interdisciplinaire a également exercé une influence dans d'autres disciplines intégrant le champ des industries culturelles comme les sciences de l'information et de la communication. Pour ces sciences, la « coupure esthétique » qu'il a définie entre les produits des grands groupes de communication et lacréation artistique est toujours d'actualité, aux niveaux philosophique, sociologique et économique.
Contribution à une métacritique de la théorie de la connaissance, Études surHusserl et les antinomies de la phénoménologie(1956), trad. de l'allemand et anglais par Christophe David et Alexandra Richter, Payot, 2011
Notes sur la littérature (1958, 1961, 1965, 1974), trad. Sibylle Muller, Flammarion, 2004(Extraits)
Mots de l'étranger et autres essais. Notes sur la littérature II, trad. L. Barthélémy et G. Moutot, Editions de la Maison des sciences de l'homme, 2004
L'actualité de la philosophie et autres écrits, traduction et annotation de Pierre Arnoux, Julia Christ, Georges Felten, Anne Le Goff, Florian Nicodème et Matthias Nicodème, sous la direction de Jacques-Olivier Bégot, Rue d'Ulm, 2008, nouv. éd. 2018.
Introduction,Sociologie et recherche empirique,Sur la logique des sciences sociales dans: Theodor W. Adorno, Karl R. Popper e. a.,De Vienne à Francfort: la querelle allemande des sciences sociales, Éditions Complexe, 1979
Arno Münster,Adorno, Une Introduction, Editions Hermann, 2008, Paris,270 p.
Études sur la personnalité autoritaire (avec Else Frenkel-Brunswik, Daniel J. Levinson, R. Nevitt-Sanfort), (1950), trad.Hélène Frappat, Allia, 2007
Des étoiles à la terre : analyse de la rubriqueastrologique du "Los Angeles Times" : étude sur une superstition secondaire (1974), trad. Gilles Berton, Exils, 2007
Current of Music. Éléments pour une théorie de la radio, Paris/Québec, Éd. de la Maison des sciences de l'homme/Les Presses de l'Université Laval, 2010 (coll. Philia). Traduction et postface de Pierre Arnoux.
Amorbach et autres fragments autobiographiques, trad. Marion Maurin et Antonin Wiser, Allia, 2016
Désir autoritaire, trad Marie-Andrée Ricard, préfaceJohann Chapoutot, Paris,Éditions Rue d'Ulm, 2025,(ISBN978-2-7288-0889-2) : transcription traduite d'une conférence qu'il a tenu en 1960 à la suite d'une vague d'actes antisémites enAllemagne de l'Ouest, dans laquelle il présente son concept de "personnalité attachée à l'autorité".
↑Le texte en traduction allemande a été publié pour la première fois en 1952 dans la revuePsyche (traduit par Rainer Koehne). Le texte anglais n'a pas été publié, en effet, Adorno disait que la traduction allemande rendait mieux ses intentions. Puis le texte sera publié en 1962 dans le volume 10 de la collectionFranfurter Beiträge zur Soziologie. Et enfin en 1972 dans lesGesammelte Schriften.
↑Adorno parle lui-même en français d'« industrie culturelle », mais on parle également après lui d'« industries culturelles » ou encore d'« industrialisation de la culture » (suivant la traduction deKulturindustrie dans l'édition française de laDialectique de la raison).
Daniel Payot,Constellation et utopie. Theodor W. Adorno, le singulier et l'espérance, Paris, Éditions Klincksieck, coll. « Critique de la politique », 2018(ISBN978-2-252-04118-5)
Estelle Ferrarese,La fragilité du souci des autres. Adorno et le care, Lyon, Editions de l'ENS, 2018(ISBN978-2847889970)
Detlev Claussen,Theodor W. Adorno, un des derniers génies. Biographie, trad. Laurent Cantagrel, Paris, Éditions Klincksieck, coll. Critique de la politique, 2019(ISBN978-2-252-04177-2)