Conçu comme « une épopée cosmique, un hymne à la vie », il porte un regard croisé sur la genèse de l'humanité et la jeunesse difficile d'un garçon des années 1950[2],[3].
Après l'annulation de sa présentation en avant-première auFestival de Cannes 2010 en raison de retards de montage, le film y est finalement présenté l'année suivante et remporte laPalme d'or.
Dans les années 1960, madame O'Brien (Jessica Chastain) reçoit un télégramme lui apprenant le décès de l'un de ses fils, âgé de19 ans.
Plus tard, architecte dans une grande villeaméricaine, Jack O'Brien (Sean Penn), son fils aîné, se rappelle son enfance parretours en arrière et se questionne sur le monde, ce qui occasionne une longue digression où sont évoqués l'origine du monde, les dinosaures, les éruptions volcaniques, la naissance, leslimbes, et lafin de l'Univers.
Lors de son adolescence dans leTexas des années 1950, Jack se heurte à l'éducation autoritaire d'un père (Brad Pitt) ambitieux et individualiste qui peine à s'intéresser à sa famille. Cet ingénieur rêvait d'être un grand pianiste. La mère, femme au foyer aimante et sensible, tente par son amour de donner foi en la vie à ses trois enfants, mais sa soumission à son mari tyrannique est prise comme une trahison par Jack. Celui-ci, désespéré d'obtenir l'estime de son père, découvre peu à peu une part violente et sombre en lui.
Terrence Malick avait l'idée de faire une épopée sur l'origine du monde et la naissance de l'humanité depuis les années 1970 et son filmLes Moissons du ciel. Il était déjà prévu qu'il travaille avec le producteurBill Pohlad. Celui-ci raconte le moment où il a reçu le scénario :« J'avais eu le temps de m'habituer au style d'écriture de Terrence et à sa narration si particulière. C'était un texte magnifique mais qui n'était pas rédigé comme un scénario classique. En réalité, cela se rapprochait davantage d'un poème. Je ne sais pas trop à quoi je m'attendais quand j'ai commencé à le lire mais il m'a profondément bouleversé. C'était à la fois l'histoire intimiste et forte d'une famille et un récit à la dimension épique »[7].
Pour la première fois de sa carrière, Malick doit faire appel à des effets spéciaux complexes, pour les scènes ayant trait à l'origine du monde, lanaissance de la Terre puis de l'humanité. Il consulte doncDouglas Trumbull, qui a réalisé notamment les effets de2001, l'Odyssée de l'espace et deBlade Runner. Ils décident d'utiliser très peu l'informatique pour réaliser ces images. Trumbull explique :« Nous avons, Terrence et moi, le même point de vue sur les effets visuels qui, à notre avis, doivent sembler réalistes. On cherche tous les deux à repousser les limites du cinéma. Ce n'est pas tant qu'on ne voulait pas recourir à l'informatique – on s'en est pas mal servis et certains plans infographiques sont épatants – mais, par exemple, quand on voit des dinosaures, ils ont l'air de créatures réelles et on les a ensuite incrustés dans un monde complètement réel. Ce n'est donc pas un univers virtuel dans lequel on aurait incrusté une créature virtuelle. Seuls 10 à 20 % de ces images relèvent de l'infographie, mais il est impossible de distinguer, au sein de chaque plan, ce qui est virtuel de ce qui est réel et qui correspond à la vision du monde de Terrence. »[8] Ils installent un laboratoire àAustin, auTexas, où ils pratiquent de nombreuses expériences, notamment au microscope, avec de nombreux produits :« On a utilisé des produits chimiques, de la peinture, des teintures fluorescentes, de la fumée, des liquides, du dioxyde de carbone, des fusées éclairantes et des toupies géantes, et on s'est appuyé sur la dynamique des fluides et sur des éclairages et appareils photo à grande vitesse pour en étudier l'efficacité. On a vraiment pu expérimenter plusieurs hypothèses en toute liberté, ce qui est très rare quand on travaille sur un film. Terrence n'avait aucune idée préconçue du résultat final. Par exemple, on s'est retrouvé à verser du lait à travers un entonnoir, qu'on a recueilli dans un bac étroit : on a filmé cette expérience avec une caméra à haute vitesse, en l'éclairant soigneusement et en utilisant un nombre suffisant d'images par seconde pour donner le sentiment d'un mouvement cosmique spectaculaire. »[8]
Brad Pitt était d'abord engagé dans le film uniquement en tant que producteur. Malick portait d'abord son choix surColin Farrel ouHeath Ledger pour incarner Mr. O'Brien. C'est quand Malick lui a fait lire le scénario que l'acteur s'est senti totalement en phase avec le personnage, et a insisté pour tenir le rôle. En revanche, Malick avait directement pensé àSean Penn, avec qui il avait déjà travaillé pourLa Ligne Rouge, pour incarner le rôle de Jack adulte. D'autant plus queSean Penn avait déjà travaillé avecBill Pohlad pourInto the Wild.
C'est la directrice de castingFrancine Maisler qui a trouvéJessica Chastain pour incarner le rôle de Mme O'Brien. Elle explique ainsi que :« Terrence recherchait une comédienne qui puisse habiter le personnage à travers ses moments de silence et ses dialogues. La première fois que j'ai vu Jessica, j'ai su qu'elle s'imposerait dans le rôle sans qu'elle ait à dire quoi que ce soit. Ce genre de situation ne se produit pas souvent »[7].
Requiem de Berlioz, dernier mouvement utilisé pour la fin du film. D'autres extraits sont utilisés à d'autres moments.
À l'instar deStanley Kubrick, à qui il est beaucoup comparé[7],[9],[10], Malick utilise en grande partie des morceaux demusique classique. La musique est par ailleurs très présente dans le film, du début à la fin, car il y a très peu de dialogues.
L'expression du deuil de la mère commence avec la musique deZbigniew Preisner,Lacrimosa, extrait de son albumRequiem for my friend, en même temps que des images sur la genèse du monde prennent le relais du récit et suscitent une réflexion métaphysique sur la création[11].
La partie originale de la bande sonore est réalisée par le françaisAlexandre Desplat[7].
Le film devait être présenté en avant-première auFestival de Cannes 2010 mais la projection a été annulée car des retards de montage ne permettaient pas de le présenter avant[12]. Il est cependant sélectionné en compétition officielle l'année suivante, et est projeté le.
The Tree of Life recueille, à la fin de cette présentation, des réactions contrastées de la presse, entre huées et applaudissements[3]. Certains critiques louent avec ferveur ce film qui s'éloigne des canons d'Hollywood et possède une immense esthétique, comme c'est le cas desCahiers du cinéma qui notent que :« C'est dans ses mouvements ascendants ou erratiques, décrivant des ouvertures permanentes, à la fois joyeux et effrayants, queThe Tree of Life trouve toute sa profonde légèreté : quand l'élégie des origines est aussi un art de la fugue. »[13], le plaçant cette même année en deuxième place ex æquo avecL'Étrange Affaire Angélica dans leur Top Ten de fin d'année[14].L'Express en fait une critique assez élogieuse :« Il y a de l'émotion et du sentiment, des questions sans réponses et des portes qui s'ouvrent. De la maîtrise et de l'organique, comme unoxymore magnifique qui dit la force du cinéma lorsqu'il ressemble à ce point à une offrande faite à la nature et à l'humanité. »[15] Mais d'autres vont s'avérer plus sévères, critiquant par exemple la religiosité appuyée du film, par exempleLe Nouvel Observateur :« Malick est un chrétien qui ne touche plus terre. »[16], ouLes Inrockuptibles :« The Tree of Life, comme tous les Malick, est empreint de spiritualité. Mais ici, c'est rien de le dire. Le film ressemble parfois à un clip born-again Christian, à une publicité pour secte new age. Les visions cosmiques de Malick ne sont pas toujours d’une grande légèreté, d'une totale finesse, d’une réinvention plastique évidente. »[17]
Le film s'ouvre par une citation dulivre de Job : « Où étais-tu quand je fondais la terre ? Dis-le, si tu as de l'intelligence. Qui en a fixé les dimensions, le sais-tu ? Qui a tendu sur elle le cordeau ? Sur quoi ses bases sont-elles appuyées ? Qui en a posé la pierre angulaire, alors que les étoiles du matin éclataient en chants d'allégresse et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie ? » (Livre de Job, chapitre 38, versets 4,7)[22].