Il couvre l'actualité internationale ainsi que la vie politique, économique, sociale, et culturelle. Sa ligne éditoriale relève dusocial-libéralisme (centre gauche)[3].
Depuis 1936, il n'a plus d'actionnaires classiques, ce qui en fait une exception dans le paysage médiatique britannique.The Guardian est détenu par leScott Trust, une fondation dont la mission est de défendre l'indépendance des journalistes[4].
Il est considéré comme unjournal de référence au Royaume-Uni[5]. D’après une enquête de 2020, leGuardian est le journal dans lequel les Britanniques affirment avoir le plus confiance[6].
Son site internet est gratuit, car il estime que l'information de qualité doit être accessible aux plus démunis[7]. Ce choix a toutefois entrainé de fortes difficultés financières[3]. Il s'appuie actuellement sur un réseau d'un million de donateurs volontaires, situés dans plus d'une centaine de pays[8],[9].
Le journal, initialement appeléManchester Guardian and Evening News Limited, est fondé en1821 à la suite dumassacre de Peterloo, qui voit les forces de l'ordre réprimer très violemment une manifestation ouvrière pacifique. John Edward Taylor (1791-1844), un homme d'affaires choqué par le massacre et par sa couverture dans la presse conservatrice, entreprend de proposer une contre-source fiable[12]. Le premier numéro paraît par pur hasard le, jour même du décès deNapoléon Ier.
Le journal acquiert la reconnaissance nationale et internationale sous la direction de Charles Prestwich Scott (1846-1932), qui rachète le journal en 1907 après la mort de John Edward Taylor fils (1830-1905). C. P. Scott promet que les vœux du fondateur seront respectés, ceci en défendant l'indépendance duGuardian. Ces principes sont résumés en une phrase, dans un article souvent cité, publié à l'occasion du centenaire du journal :« Comment is free, but facts are sacred… The voice of opponents no less than that of friends has a right to be heard. (Les opinions sont libres, mais les faits sont sacrés… La voix des opposants, non moins que celle des amis, a le droit d'être entendue.) »
Scott, tout en restant propriétaire duGuardian, passe plus tard la main à ses fils, John et Edward. Ceux-ci, afin d'assurer la pérennité de l'indépendance journalistique du journal, s'accordent sur le fait que si l'un d'eux meurt, l'autre devra racheter la part du premier.
C. P. Scott meurt en 1932, suivi quatre mois plus tard d'Edward, laissant John Russel Scott seul propriétaire du journal. En 1936, celui-ci crée un trust d'actionnaires auquel il confie la propriété duManchester Guardian, ainsi que du très lucratifManchester Evening News, pour protéger l'indépendance de la rédaction des deux quotidiens. L'un destrustees des deux quotidiens,William Haley, est administrateur de laPress Association et deReuters : il propose d'utiliser le même mécanisme[13] pour l'agence de presse britannique.
En 1993,The Guardian rachète le journal dominicalThe Observer. En 1994, il subit davantage la concurrence duTimes et duDaily Telegraph, et doit baisser son prix de vente.
Depuis 1990, il existe une édition européenne duGuardian, composée de24 pages et vendue dans seize pays d’Europe, ainsi qu’en Israël : elle contient des articles de la rédaction londonienne et des traductions issues d’articles de journaux européens, dontLe Monde. Le tirage deThe Guardian se monte à 400 000 exemplaires.
Sous l'impulsion du journaliste Simon Rogers, leGuardian développe à partir du 2009 lejournalisme de données avec une section entière sur son site internet et devient l'un des leaders mondiaux dans le domaine[14].
En 2013, un tiers des visiteurs du siteTheGuardian.com sont au Royaume-Uni, un tiers auxÉtats-Unis et un tiers dans le reste du monde[15].
The Guardian se caractérise par une volonté de liberté et d’indépendance, au risque de heurter son lectorat : en1956, une année après être devenu quotidien, il critique le gouvernementEden lors de lacrise du canal de Suez, ce qui entraîne la résiliation de nombreux abonnements.
En 1979-1980, il profite largement de la crise que connaîtThe Times, qui cesse de paraître pendant onze mois. Si les positions deThe Guardian en matière de politique extérieure se font plus modérées comme lors duconflit des Malouines[précision nécessaire], il est le seul organe de lapresse de qualité à appeler à voter pour leParti travailliste entre 1987 et 2010.
Le journal se réclame du centre gauche et de la tendance représentée parTony Blair[21].
The Guardian se montre très critique à l'égard du journaliste australienJulian Assange, qu'il accuse d'avoir pris part à un complot russe visant à manipuler l'élection présidentielle américaine. Le journal s'excuse en 2019 pour les fausses informations diffusées dans ses pages à ce sujet[21].
Concernant l'actualité internationale, le site d'investigationDeclassified UK relève queThe Guardian est généralement aligné sur la politique extérieure des États-Unis et du Royaume-Uni, dont les actions sont présentées comme plutôt bénéfiques pour le droit international et les droits de l'homme, tout en analysant la politique de certains États rivaux comme laRussie et laChine sous un angle plus critique, voire dénigrant. Ainsi, le quotidien britannique se montrerait indulgent envers des régimes autoritaires ou dictatoriaux proches du Royaume-Uni et silencieux sur le rôle des services de renseignement occidentaux dans la déstabilisation de certains États, tout en étant prolixe sur les actions d'ingérences attribuées à Moscou ou aux manquements aux droits de l'homme dans des pays tels que laSyrie ou laCorée du Nord. Néanmoins, parmi les principaux titres de la presse britannique,The Guardian reste le plus critique envers son pays, notamment à travers sa couverture du rôle des paradis fiscaux britanniques dans l'évasion fiscale au niveau international, ou encore à travers sa lecture critique de l'histoire de l'Empire colonial britannique[25].
En, lasecrétaire d'État à l'IntérieurSuella Braverman décrit les membres du Parti travailliste et des Libéraux-démocrates ainsi que les militants écologistes d'être « deswokerati qui lisent leGuardian et mangent dutofu ». Cette description qui se veut insultante, prononcée lors d'une allocution à la Chambre des communes, lui vaut les moqueries de ses opposants, elle est reprise avec ironie sur des t-shirts, des pins et des mugs[26],[27],[28],[29],[30].
À partir du, le journal britannique cesse d'utiliserX (anciennement Twitter), fustigeant "le contenu souvent dérangeant promu ou trouvé sur la plateforme". Ce départ fait suite à l'Élection présidentielle américaine de 2024, qui« n'a fait que souligner […] qu'X est une plateforme médiatique toxique et son propriétaire,Elon Musk, a été en mesure d'utiliser son influence pour façonner le discours politique »[31],[32].
Avant la fondation deThe Independent,The Guardian a longtemps été le seul quotidien à présenter une ligne éditoriale pro-travailliste (Labour). Il est donc réputé être le journal de référence de l'intelligentsia, des enseignants et des syndicalistes, surtout dansLondres, au point que lorsque les conservateurs veulent qualifier quelqu'un d’« intello de gauche », ils disent que c'est un « lecteur duGuardian »[réf. nécessaire].
Néanmoins, il couvre un sport populaire comme lerugby à XIII, sport du Nord industriel anglais, plutôt délaissé par les catégories aisées en Grande-Bretagne qui lui préfèrent lerugby à XV.
Avant l'informatisation, ‘’The Guardian était réputé pour sescoquilles en tout genre, ce qui lui avait valu le surnom de « Grauniad »[33]. Le journal possède même l'URL « Grauniad.co.uk » qui renvoie à son site.
En, après des semaines de révélations surEdward Snowden, leGuardian reçoit la visite des services de renseignement britannique[35]. Le gouvernement lui envoie uneDA-Notice à laquelle il refuse d'accéder[36].
En 2017, The Guardian et sa publication sœurThe Observer se voient décerner 9 prix par l'association britannique des éditeurs de journaux[38].
Entre 2012 et 2022, soit dix années consécutives, l'association nationale des supporters de football britannique élit The Guardian comme meilleur journal pour sa couverture du sport[39].
↑Robin Andraca, « Le gouvernement britannique a-t-il demandé à la BBC de ne pas parler des gilets jaunes ? », surLibération (Checknews),(consulté le) :« Plus récemment, en 2013, leGuardian avait reçu une DA-Notice au moment de la publication des révélations d’Edward Snowden. Ce qui n’avait pas empêché le quotidien anglais de publier quantité d’articles, dont certains portant spécifiquement sur l’ampleur des renseignements collectés par les services secrets britanniques. ».
↑« Les révélations d'Edward Snowden récompensées par un prix Pulitzer »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).