Les origines du groupe remontent à 1998 lorsque les branches spécialisées dans les activités militaires d'Alcatel, deDassault Électronique et deThomson-CSF sont réunies pour former une nouvelle société. Fin 2000, l’entreprise prend son nom actuel[10].
Thales se classe en 2025 au dixième rang mondial pour la production d'armement et au premier rang des entreprises d'armement françaises[11].
La CSF avait été créée en 1918[14] et avait, dès la fin de laPremière Guerre mondiale, été l'un des pionniers des transmissions hertziennes. Sa principale filiale, laSociété française radio-électrique SFR (à ne pas confondre avec l'opérateur téléphonique de même sigle, mais signifiant Société française du radiotéléphone) avait été créée en 1910 parÉmile Girardeau et avait joué un rôle pionnier dès avant laSeconde Guerre mondiale, dans le développement de la radiodiffusion, des radiocommunications sur ondes courtes, de l'électro-acoustique. Dans le cadre d'un laboratoire de recherches dirigé parMaurice Ponte, la SFR fut en pointe à partir de 1935[N 1] dans la détection électro-magnétique[15] que l'on appelleraradar à partir de 1940[16]. La SFR fut aussi impliquée dans le développement de la télévision aux côtés de laCompagnie des compteurs dont le centre de recherches fut acheté par la CSF en 1954.
À laLibération, Émile Girardeau fut remplacé parRobert Tabouis, lui-même remplacé par le scientifiqueMaurice Ponte en 1960. Avec ce dernier, les activités de recherches furent développées à un niveau exceptionnel dans le paysage français[17]. Les dépenses de recherches ont été à l'origine du lâchage de la CSF par laBanque de Paris et des Pays-Bas qui avait pourtant accompagné le développement de la CSF depuis sa création en 1918[18].
En 1968,Thomson-Brandt et la CSF fusionnent et deviennent Thomson-CSF qui se développe dans les composants (notamment les semi-conducteurs silicium), l'imagerie médicale avec sa filiale la CGR (Compagnie générale de radiologie) et revient à la commutation téléphonique numérique par la volonté de l’Administration française d’avoir un concurrent à Alcatel[19], activité qu'elle avait quittée dans les années 1950.
En, le gouvernement français décide de nationaliser Thomson-Brandt et Thomson-CSF. Le nouveau PDG nommé par le conseil des ministres estAlain Gomez, proche deJean-Pierre Chevènement, ministre de l'industrie. Le groupe est alors dans une situation difficile : le portefeuille d'activités, très diversifié, inclut de nombreux domaines où la taille et les parts de marché, et donc la rentabilité, sont insuffisantes conjuguée à une baisse du chiffre d'affaires due à des circonstances particulières et par ailleurs l'endettement qui s'est fortement accru. Thomson-CSF se recentre sur l'électronique professionnelle et de défense, et recentre ses activités. Après cela la situation financière s'améliore. L'activité de télécommunications civiles est cédée à laCompagnie générale d'électricité, l'imagerie médicale àGeneral Electric, l'activité composants électroniques est fusionnée avec celle du concurrent italien pour donner naissance à la sociétéSGS-Thomson.
De façon à faire face à la décroissance des budgets de défense en Europe, et afin de conserver sa rentabilité, Thomson-CSF fait l'acquisition de plusieurs sociétés dont les activités militaires du groupePhilips en 1989, et la prise de contrôle deSextant Avionique. En dix ans, la contribution des filiales internationales passe ainsi de 5 à 25 % des ventes consolidées.
En 1992, lors de la vente desMirages de Taïwan par un groupement réunissant Thomson-CSF,Snecma,Dassault Aviation etMatra, ce dernier réussit lors des négociations à doubler sa part dans le contrat, au détriment de ses partenaires. Le président de Thomson,Alain Gomez va alors chercher à faire payer Matra. Il monte alors l’opération « Couper les ailes de l’oiseau » qui à coup de guérilla judiciaire aboutira à une haine tenace entre les états-majors des deux entreprises[20].
Le gouvernement français organise en 1998 un accord de coopération entre les sociétésAerospatiale,Alcatel etDassault qui prévoit, d'une part, des apports d'actifs à Thomson-CSF (sociétéDassault Électronique et activités d'électronique professionnelle et de défense d'Alcatel), d'autre part, le regroupement au sein de la société communeAlcatel Space des activités spatiales des sociétés Alcatel, Aérospatiale et Thomson-CSF. Thomson-CSF consolide ainsi son périmètre d'activité, ses positions concurrentielles dans la défense et l'électronique industrielle, ainsi que son implantation dans plusieurs pays européens. L'État français qui possédait 58 % des actions n'en possède plus que 40 %, Alcatel et Dassault Industries deviennent actionnaires.
En, Thomson-CSF devient Thales en référence au philosophe de la Grèce antiqueThalès. Le même mois, Thales annonce la création d'une coentreprise avecRaytheon, appelée Thales Raytheon Systems, qui regroupe alors les activités des deux entreprises dans les interfaces de commandement militaire et les radars, activités qui sont appelées C4I.
Le nom Thales (sans accent) est le fruit de la fusion de lettres de diverses entités qui désormais composent le groupe : Thomson-CSF (TH), Alcatel (AL) et ES pour Electronic Systems[21].
Le développement du groupe, par croissance interne et par acquisitions, notamment le rachat en de la société britannique Racal Electronics modifie en profondeur le domaine d'activités du groupe, notamment les marchés civils des technologies de l'information, les télécommunications mobiles. En, une nouvelle organisation en trois pôles est mise en place, autour de la défense, l'aéronautique, et des technologies de l'information et des services.
En, un rapprochement Thales/EADS est envisagé, mais celui-ci n'aboutira pas. En 2005, Thales se rapproche deDCNS (ex-direction des constructions navales) en prenant 25 % de son capital, pour s'imposer dans le secteur naval militaire en Europe et créer le noyau d'un « Airbus naval ».
En 2006, Thales reçoit le feu vert du gouvernementaustralien pour acheter ADI (Australian Defence Industries), un important fabricant de matériel militaire tels que la poudre sans fumée et leBushmaster IMV. À partir de, tous les produits de marque ADI sont remplacés par Thales, et les sites web sont modifiés.
En 2007,Alcatel-Lucent et Thales signent un accord pour le transfert des activités transport, sécurité et espace à Thales, ainsi qu'un accord industriel entre les deux groupes avec la création deThales Alenia Space par reprise des actions d'Alcatel dans la co-entreprise franco-italienneAlcatel Alenia Space.
En 2009,Dassault Aviation achète les parts d'Alcatel-Lucent et entre dans le capital de Thales à hauteur de 25,90 %[22]. Thales fait partie des cinq créateurs, en 2009, deBoostAeroSpace, le hub numérique aéronautique européen.
Le, le gouvernement annonce la nomination deJean-Bernard Lévy, PDG de Thales à l'époque, à la présidence du groupeEDF le[26]. Cette annonce se fait après avis de l'Assemblée nationale et du Sénat ainsi que de l'assemblée générale extraordinaire d'EDF le, à la veille de la fin du mandat d'Henri Proglio[27]. Le, les salariés de Thales se mobilisent en masse pour que les deux actionnaires du groupe (l'État français etDassault Aviation) choisissent un nouveau PDG venant de l'interne : plus de 10 000 salariés répondent à un sondage de l'Association du personnel actionnaire de Thales[28]. Le, les membres du conseil d'administration nommentPatrice Caine, nouveau PDG de Thales.
Série d'acquisitions et contrats espagnols et australiens
Le même mois, Thales annonce l'acquisition pour400 millions de dollars de l'entrepriseaméricaineVormetric, spécialisée dans la protection des données des entreprises et leur chiffrement[32].
En, Thales signe avec leministère français de la Défense un contrat d'un milliard d'euros sur dix ans[33]. Le même mois, Thales annonce l'acquisition deGuavus, éditeur américain spécialisé dans le traitement de données en temps réel dans le secteur des télécoms et employant250 salariés dont 140 en Inde, pour environ215 millions d'euros[34].
En, Thales cède son activité de gestion des cartes d'identité au groupe françaisImprimerie nationale.
En, Thales annonce un investissement à Paris de150 millions d'euros afin de créer unedigital factory[Quoi ?][35]. Elle rassemble150 spécialistes en intelligence artificielle, big data ou cybersécurité dont la mission est de« développer de nouveaux produits en deux à quatre mois ». Parmi les projets développés : des nouveaux systèmes de divertissement en vol (IFE), des applications pour accélérer les opérations de maintenance des cockpits d'avions, des logiciels de big data et de cybersécurité destinés aux grands métiers du groupe (aéronautique, défense, spatial, sécurité, transport)[36]. La Digital Factory héberge aussi deux accélérateurs de startups (en cybersécurité àStation F et en intelligence artificielle avec leCentech) et une académie du numérique pour les employés du groupe[37],[38].
En, Thales annonce avoir fait une offre portant sur l'acquisition deGemalto, société spécialisée dans le secteur de la sécurité numérique et celui des cartes à puce. Cette offre de rapprochement valorise Gemalto à4,8 milliards d'euros[39].Atos, un autre leader français dans les services du numérique se porte également candidat pour le rachat de Gemalto, la valorisant à 4,3 milliards d'euros. Le, Gemalto refuse l'offre d'Atos au profit de celle proposée par Thales. Depuis le, Gemalto est devenu une activité mondiale de Thales : Identité et Sécurité Numériques[40].
En 2019, l'entreprise déploie ses sonars sur des frégates du constructeurNavantia à destination de lamarine espagnole[41].
En 2020, Thales lance IVEN, une place de marché en ligne dédiée aux industries de l'aéronautique et de la défense, regroupant notamment des fournisseurs de consommables spécialisés dans ces marchés[42],[43].
Au premier semestre 2021, le groupe annonce avoir réalisé 8,4 milliards d'euros de ventes[44].
En août 2021, Thales annonce la vente de ses activités de signalisation ferroviaire aujaponaisHitachi pour un montant estimé à 1,7 milliard d'euros[45].
En 2022, Thales fait par deux fois l'objet d'une attaque des hackers du groupeLockBit. En janvier 2022, les hackers divulguent les fichiers dérobés après une demande de rançon infructueuse[46]. Fin octobre 2022, le même groupe de hackers revendique de nouveau une attaque cybercriminelle contre Thales[47].
En juillet 2023, Thalès annonce l'acquisition pour environ 1,1 milliard de dollars de Cobham Aerospace Communications, filiale deCobham[48].
En octobre 2025,Airbus, Thales etLeonardo annoncent fusionner leurs activités dans le secteur des satellites pour un horizon de 2027. De manière plus détaillée, la fusion concerne les filiales Space Systems et Space Digital d'Airbus, les filiales Thales Alenia Spacen Telespazio et Thales Seso de Thales et les filiales Telespazio et Thales Alenia Space de Leonardo[49], pour créer un ensemble ayant 25 000 employés et un chiffre d'affaires de 6,5 milliards d'euros détenus à 35 % par Airbus et 32,5 % par Thales, ainsi qu'à 32,5 % par Leonardo[50].
six activités mondiales regroupées en trois secteurs : Aérospatial (avionique, espace), Transport (systèmes de transport terrestre), Défense & Sécurité (systèmes d’information et de communication sécurisés, systèmes terrestres et aériens, systèmes de mission de défense), auxquelles s'ajoute la sociétéNaval Group, détenue à 35 % par le Groupe ;
une organisation internationale divisée entre les grands pays d’implantation du Groupe (Allemagne, Australie & Nouvelle-Zélande, Canada, États-Unis, France, Pays-Bas et Royaume-Uni), les autres pays d’Europe et les marchés émergents.
Ces six activités mondiales ont remplacé les six divisions créées le (Aéronautique, Naval, Solutions de Sécurité et Services, Systèmes Aériens, Spatial, Systèmes Terre et Interarmées). La volonté de l'ancien présidentDenis Ranque de créer une organisation regroupant tous les métiers du groupe dans une seule filiale par pays a été conservée. Le premier pays concerné fut les Pays-Bas avec la création deThales Nederland, puis le Royaume-Uni, avec la création deThales UK. Puis ont été créées les sociétésThales Germany,Thales Italia, etThales Australia. En France, l'ensemble des sociétés sont filiales de la société mère Thales SA. En 2016, le « Campus Thales Bordeaux », construit parGA Smart Building[51], regroupe plusieurs sites français[52].
Les activités « Défense et sécurité » représentent 60 % des activités du groupe[53]. Elles couvrent une gamme étendue d’équipements, de systèmes et de services pour les forces de sécurité militaires et civiles :
Missions et défense : systèmes de surveillance aéroportés, systèmes de lutte sous la mer, systèmes navals de surface, drones ;
Opérations aériennes : équipements radars (pour les armées air - marine - terre et l'aviation civile), équipements d'aide à la navigation, systèmes de défense aérienne (pour l'armée de l'air) et de contrôle de trafic aérien (pour l'aviation civile) ;
Systèmes C4I (Computerised Command, Control, Communications and Intelligence) de défense et sécurité : équipements de radiocommunications, systèmes de sécurité des technologies de l'information, réseaux et systèmes d'infrastructure, systèmes de protection et systèmes d'information critiques.
Thales Services Numériques est la filiale du groupe spécialisée dans les activités de conception, de développement et de maintenance de systèmes informatiques sécurisées.
Elle est créée en 1966 par Pierre Thellier sous le nom d’ECA Automation avec comme premier client significatif leCentre de programmation de la Marine, l’entreprise devient un acteur dans le domaine des systèmes d’informations sécurisés. C’est en 1970 que l’entreprise est rachetée parThomson (qui deviendra plus tard le groupe Thales en 2000).
En 1983, elle est rebaptisée SYSECA avant de devenir Thales Information Systems en 2000. En, l’entreprise se transforme en Thales Services. Finalement, le, l’entreprise adopte son nom actuel de Thales Services Numériques[54].
Les activités « Aérospatial et transport » représentent 40 % des activités du groupe. Elles couvrent les activités destinées à« Aider les opérateurs à améliorer l’efficacité, la fiabilité et la sûreté des échanges et des transports » :
Avionique : large gamme d’équipements et de fonctions embarqués (domaines de l'avionique civile et de l'avionique militaire) ainsi que des solutions de simulation et d’entraînement destinés aux aéronefs civils et militaires ;
Espace : télécommunications spatiales (satellites, charges utiles), domaines de l'observation, de la science, de la navigation et des infrastructures ;
Systèmes de transport : signalisation des lignes ferroviaires et des réseaux urbains, systèmes intégrés de supervision et systèmes debillettique.
En, Thales remporte un contrat d'1,2 milliard de dollars australiens (777 millions d'euros) pour rénover le système degestion du trafic aérien enAustralie, à travers un programme de cinq ans baptisé « OneSky »[55].
En, Thales annonce l'entrée en service à partir de 2024 d'un nouveau système de gestion de vol, dénommé Pureflyt, pour améliorer la sécurité aérienne et l’efficacité des vols[56].
Thales développe aussi ses activités dans le secteur desdrones : drones tactiques (Watchkeeper), mini-drones (Spy'Ranger 330 et 550) micro-drones (Spy'Arrow, Spy'Copter), drones de combat (démonstrateurneuron stylisé nEUron), défense antidrones[57], drones démineurs en mer[58], etc. Thales participe aussi au consortiumDrones for life[59].
Le 23 octobre 2025, Thales,Airbus etLeonardo signent un protocole d'accord pour rapprocher leurs activités spatiales, dans le but de créer une entreprise capable de concurrencerStarlink dans le domaine des satellites[60].
Les dépenses de recherche et développement représentent 20 % de l'activité. Ces travaux sont menés dans les domaines techniques clés du groupe :
maîtrise des systèmes complexes : interfaces, cognitique et facteurs humains, réseaux sécurisés ;
matériel (ou technologie des capteurs) : physique, électromagnétisme et optique, science des matériaux ;
logiciel : logiciels embarqués ;
algorithmes et aide à la décision : mathématiques pour la décision, traitement de signal.
La recherche scientifique au sein du groupe fait partie d'un réseau international de laboratoires. Ces travaux sont menés en collaboration avec des universités et des laboratoires de recherche publics à l'international.
Thales promeut les logiciels libres depuis plus de20 ans dans le domaine industriel. La firme participe à des projets européens, consortiums et communautés autour d'open source industriel[63].
Le, Frédéric Barbaresco, a reçu sous la coupole de l'Institut de France leprix Aymé Poirson décerné par l'Académie des Sciences dans la catégorie « Applications de la Science »[68],[69].
En 2012, 2013, 2015 et 2016, le groupe Thales a été sélectionné au palmarèsThomson Reuters « Top Global Innovators », comme faisant partie des100 entreprises les plus innovantes dans le monde[70].
L'affaire des frégates de Taïwan est liée à un contrat d’armement signé en par la société-Thomson-CSF, pour le remplacement de frégates. Ce contrat aurait été obtenu par la société par des rétrocessions données à plusieurs officiers via la Suisse, ce que le contrat interdisait. L’État français a dû s'acquitter de591 millions d'euros.
L'affaire Menem a pour origine un contrat en 1997 avec la société Thomson-CSF pour l'attribution de la concession de l'espace radioélectrique national argentin. L'ancien présidentCarlos Menem est acquitté après avoir été inculpé pour corruption : Thales lui aurait versé25 millions de dollars de pots-de-vin[76].
L'affaire Zuma a pour origine un contrat d'achat d'armes en 1998-1999 par l'Afrique du Sud à la société Thomson-CSF. Ce contrat intéressait deux sociétés locales représentant Thomson-CSF : Thint et Thint Holding. Elles ont été inculpées le[77] dans le procès pour corruption de l'ancien vice-présidentJacob Zuma remercié enjuin 2006. Le Parquet décide le, d’abandonner définitivement les charges pesant contre Jacob Zuma pour « abus de procédure caractérisé »[78]. D'après l'ancien avocat de Thales, les présidents françaisJacques Chirac (en 2004) etNicolas Sarkozy (en 2008) auraient fait pression sur les autorités politiques sud-africaines afin que le groupe ne soit pas poursuivi pour corruption[79]. Les poursuites avaient été abandonnées en 2009 pour vice de forme, mais la chute du président Zuma en devrait relancer la bataille juridique[80].
Affaire du Tramway de Nice (origine : début des années 2000)
Dans cette affaire où une filiale de Thales avait obtenu l'un des marchés dutramway de Nice, l’enquête abouti à l'inculpation d'une dizaine de personnes dont un conseiller municipal de Nice. En, Michel Josserand, ancien PDG de l'ancienne filiale Thec, reconnait après la saisie de documents compromettant un système de corruption, d'ententes illicites, de menaces physiques et de représailles judiciaires en vigueur chez Thales. Une centaine de marchés, en France et à l'étranger, auraient été obtenus dans l'illégalité par des versements de pots-de-vin[81]. Il est alors incarcéré pour « corruption » et « abus de biens sociaux »[81]. La direction de la filiale saisit la justice niçoise pour dénoncer les activités passées de ses anciens cadres qu'elle avait licenciés[82] : en 2005, Dominique Monleau, un élu de la majorité municipaleUMP deNice, est mis en examen pour avoir touché un dessous-de-table dans l'attribution du marché de maîtrise d'œuvre du tramway deNice à une filiale de Thales. Le jugement rendu en condamne la filiale à 600 000 € d'amende et deux ans d'interdiction demarchés publics. Tout en prenant acte de ce jugement, le groupe Thales rappelle que« La condamnation porte sur les agissements d'un ancien responsable de cette filiale, ayant contrevenu non seulement à la loi en vigueur, mais aussi aux directives de comportement claires et précises »[83].
Des avions de chasse saoudiens intervenant au Yémen, dans le contexte de laguerre civile yéménite sont équipés du système Damoclès de guidage de missile par laser, produit par Thales[84]. Selon laDirection du renseignement militaire, 24 000 bombardements menés depuis 2015 ont causé la mort de 8 300 personnes au Yémen, d'après l'estimation du Yemen Data Project[84],[85].
Une enquête publiée parDisclose en avril 2019 indique que des armes fournies par la France à l'Arabie saoudite et auxÉmirats arabes unis peuvent, en contradiction du discours officiel[86], être utilisées dans le cadre du conflit auYémen, provoquer la mort de populations civiles[87],[85], et servir une« stratégie de la famine »[88].
Trois organisations non gouvernementales,Mwatana,Sherpa et leECCHR, avec le soutien d'Amnesty International France, ont déposé une plainte contre Thales et deux autres entreprises françaises,Dassault Aviation, etMBDA à Paris en juin 2022, accusées d'avoir fourni des armes à l'Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, qui les auraient utilisé pour commettre des crimes de guerre au Yémen[89].
L'infiltration, par deux agents de Thales, du service de l'ONU chargé de la sécurité des missions de maintien de la paix suscite une controverse. Ce service« travaillait sur les contrats de communication et de protection des Casques bleus déployés au Mali, dont Thales a été le prestataire final »[90],[91]. Une enquête duParquet national financier est ouverte fin 2020 pour des soupçons de corruption et de trafic d'influence[92],[93].
Cette affaire a été révélée grâce à une ancienne salariée, lanceuse d'alerte licenciée en mai 2020[94]. Celle-ci a demandé l'annulation de son licenciement en référé devant les prud'hommes estimant que Thales aurait violé ses obligations légales de protection deslanceurs d’alerte définies par laloi Sapin 2. Bien qu'elle ait obtenu le soutien duDéfenseur des droits, du syndicatUNSA et de laMaison des lanceurs d'alerte[94], la justice a refusé d’annuler le licenciement enréféré (renvoyant l'affaire au juge de fond) enpremière instance et en appel. La lanceuse d’alerte s’est pourvue encassation et a obtenu, en février 2023, la casse de la décision de laCour d'appel de Versailles, laCour de cassation estimant qu'il appartient bien aujuge des référés (et non au juge de fond) de juger du bien-fondé dulicenciement[95],[96],[97].
Malgré l'embargo européen de 2014, les entreprises françaisesSafran et Thales ont continué d’honorer des contrats signés avant l'embargo concernant du matériel de visée et des caméras thermiques, jusqu'en 2020[98].
Thales fait officiellement l'objet d'une enquête pour des faits decorruption datant de 2002. Les accusations portent sur des contrats signés par Thales Asia et le constructeur de navires de guerreDCN International (DCNI), contrôlé par l'État français, concernant la vente de trois sous-marins à laMalaisie en 2002. Thales conteste formellement ces accusations[99].
Le 11 novembre 2022, l'annonce d'une seconde fuite sur leDark web de données volées par le groupe de hackersLockBit 3.0 au groupe Thales fait chuter l'action du groupe de 7,57%. La direction affirme ne pas avoir reçu de demande de rançon[100].
Thales est inscrit commereprésentant d'intérêt auprès de l'Assemblée nationale[102]. L'entreprise déclare à ce titre qu'en 2014, les coûts annuels liés aux activités directes de représentation d'intérêts auprès du Parlement sont compris entre 100 000 et 150 000 euros[103]. Ce montant s’élève entre 100 000 et 200 000 euros pour 2017 puis entre 200 000 et 300 000 euros pour 2018[104].
Thales est inscrit depuis 2009 au registre de transparence desreprésentants d'intérêts auprès de laCommission européenne. Le groupe déclare pour cette activité en 2015,2,5 collaborateurs à temps plein et des dépenses d'un montant de 300 000 €[105]. Pour le même exercice, Thales indique avoir reçu50 millions d'euros de subventions des institutions de l'Union européenne[105]. La société Thales Services est également représentée par un cabinet spécialisé, qui déclare avoir perçu en 2015 de son client des honoraires compris entre 10 000 et 25 000 euros[106].
↑Lorsqu'en 1935, la société Française de Radiophonie (SFR) décide, sur recommandation du gouvernement de l'époque, de sedéconcentrer comme on disait alors, au sud de la Loire, c'est à Cholet, petite ville du Maine-et-Loire, qu'elle va venir s'installer
↑« A Brest, Thales teste un drone démineur des mers »,Usine Nouvelle,(lire en ligne)
↑Nicolas César, « Ces drones qui pourraient sauver des vies »,Sud Ouest,(lire en ligne)
↑« Airbus, Thales et l’italien Leonardo s’unissent dans les satellites pour contrer Starlink, l’entreprise d’Elon Musk »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le)
↑Nordine Benkeltoum,Les Régimes de l'open source : solidarité, innovation et modèles d'affaires, thèse de doctorat en sciences de gestion, centre de gestion scientifique, Mines ParisTech, 2009,p. 185,[lire en ligne], consulté le 6 novembre 2017.