Lathéorie des quanta est le nom donné à une théorie physique qui tente de modéliser le comportement de l'énergie à très petite échelle à l'aide desquanta (pluriel du termelatinquantum), quantités discontinues. Connue en anglais sous le nom d' « ancienne théorie quantique » (old quantum theory), son introduction a bousculé plusieurs idées reçues en physique de l'époque, au début duXXe siècle. Elle a servi de pont entre laphysique classique et laphysique quantique, dont la pierre angulaire, lamécanique quantique, est née en 1925.
Elle a été amorcée parMax Planck en 1900, puis développée essentiellement parNiels Bohr,Albert Einstein,Louis de Broglie,Erwin Schrödinger,Max Born,Hendrik Anthony Kramers,Werner Heisenberg etWolfgang Pauli entre 1905 et 1924.
Laphysique classique en vigueur à la fin duXIXe siècle comprenait les théories suivantes :
Un certain nombre de faits expérimentaux connus à la fin duXIXe siècle étaient inexplicables dans le cadre de la théorie classique.Ces faits expérimentaux discordants ont conduit progressivement les physiciens à proposer une nouvelle vision du monde, laphysique quantique. Les étapes majeures de cette révolution conceptuelle se sont déroulées entre 1900 et 1925.
Le rayonnement ducorps noir est le rayonnement électromagnétique produit par un corps totalement absorbant en équilibre thermodynamique avec son milieu.
Imaginez une enceinte fermée maintenue à unetempérature : un « four », et percée d'un trou minuscule. Les parois du four étant supposées totalement absorbantes, tout rayonnement initialement à l'extérieur du four qui pénètre par l'intermédiaire du trou vers l'intérieur de l'enceinte subit de multiples réflexions, émissions et absorptions par les parois du four jusqu'à atteindre unethermalisation complète : l'enceinte et son contenu de rayonnement sont en « équilibre thermique ». Réciproquement, une partie infime du rayonnement thermique à l'intérieur du four peut s'échapper définitivement de celui-ci, permettant d'ailleurs son étude expérimentale, notamment sa « répartition énergétique spectrale », c'est-à-dire la densité d'énergie volumique présente par intervalle élémentaire de fréquence. La thermodynamique permet de montrer que les caractéristiques de ce rayonnement ne dépendent pas de la nature du matériau dont sont constituées les parois du four, mais uniquement de sa température. Ce rayonnement est appelé « rayonnement du corps noir ».
À la fin duXIXe siècle, la théorie classique était incapable d'expliquer les caractéristiques expérimentales du rayonnement du corps noir : le calcul de l'énergie émise tendait théoriquement vers l'infini, ce qui était évidemment en contradiction avec l'expérience. Ce désaccord fut appelécatastrophe ultraviolette, et constitue l'un[1] des« deux petits nuages dans le ciel serein de la physique théorique », formule célèbre prononcée parlord Kelvin le lors d'une conférence[2]. Dans la suite de son discours, Kelvin prédisait une rapide explication des résultats expérimentaux dans le cadre de la théorie classique. L'histoire lui a donné tort : quelques mois seulement après la conférence de Kelvin,Planck proposa une hypothèse audacieuse qui entraînera un bouleversement radical du paysage de la physique théorique.
En désespoir de cause, Planck fit l'hypothèse que les échanges d'énergie entre lerayonnement électromagnétique du corps noir et la matière constituant les parois du four étaient quantifiés, c'est-à-dire que l'énergie est transmise par paquets. Plus précisément, pour un rayonnement monochromatique de fréquence, les échanges d'énergie ne pouvaient avoir lieu que parmultiples entiers d'une quantité minimale, unquantum[3] d'énergie :
où est un nombre entier positif, et une nouvelle constante universelle[4], aujourd'hui appeléeconstante de Planck ouquantum d'action. Cette constante vaut :
La loi de Planck pour le rayonnement du corps noir s'écrit :
étant la longueur d'onde, la température en kelvin, la constante de Planck, la constante de Boltzmann et la vitesse de la lumière dans le vide.
L'hypothèse des quanta deMax Planck fut reprise et complétée parAlbert Einstein en 1905 pour interpréter l'effet photoélectrique.
Leurénergie cinétique dépend de la fréquence de la lumière incidente, et leur nombre dépend de l'intensité lumineuse, ce qui est difficilement compréhensible au sein du modèle ondulatoire de la lumière. En particulier, si la lumière incidente a une fréquence en dessous d'un certain seuil, rien ne se passe, même si l'on attend très longtemps. Ce résultat est incompréhensible classiquement, car la théorie de Maxwell associe aux ondes électromagnétiques une densité d'énergie proportionnelle à l'intensité lumineuse, donc il est classiquement possible d'accumuler autant d'énergie que l'on veut dans le métal en l'éclairant suffisamment longtemps et ce « quelle que soit la fréquence du rayonnement incident considéré ». Il ne devrait pas y avoir de seuil.
Inspiré par Planck,Einstein proposa en1905 une hypothèse simple expliquant le phénomène : « le rayonnement électromagnétique est lui-même quantifié », chaque « grain de lumière » – qui sera baptiséphoton ultérieurement – étant porteur d'un quantum d'énergie. Les électrons absorbant les photons acquièrent cette énergie ; si elle est supérieure à une énergie de seuil fixe (qui dépend uniquement de la nature du métal), les électrons peuvent sortir du métal. Les électrons émis possèdent alors l'énergie cinétique :
Cet article valut à Einstein le titre de docteur en physique théorique en 1905, et leprix Nobel de physique en1921.
Deux graves problèmes se posaient dès la fin duXIXe siècle concernant lesatomes, constitués d'un certain nombre d'électrons ponctuels[5] chargés négativement, et d'un noyau quasi-ponctuel[6], chargé positivement :
C'est le DanoisNiels Bohr qui va proposer le premier unmodèle semi-classique permettant de contourner ces difficultés.
Le modèle de Bohr de l'atome d'hydrogène est un modèle qui utilise deux ingrédients très différents :
Le mélange exotique de ces ingrédients produit des résultats spectaculaires : l'accord avec l'expérience est en effet excellent.
Sommerfeld va perfectionner le modèle de Bohr en deux étapes :
L'inclusion des effets relativistes ne fera que rendre encore meilleure la comparaison avec les résultats expérimentaux.
Alors qu'il était clair que la lumière présentait unedualité onde-particule,Louis de Broglie proposa de généraliser hardiment cette dualité à toutes les particules connues.
Dans sa thèse de 1923, de Broglie associe à chaque particule matérielle d'énergie une fréquence selon la relation de Planck-Einstein déjà mentionnée, et, fait nouveau, il propose d'associer à l'impulsion d'une particule massive non relativiste unelongueur d'onde, selon la loi :
Ceci constituait un nouveau pas révolutionnaire. Paul Langevin fit aussitôt lire la thèse de de Broglie à Einstein, qui déclara : « Il [de Broglie] a soulevé un coin du grand voile. » Le caractère ondulatoire de l'électron recevra une confirmation expérimentale directe avec l'expérience de diffraction des électrons par un cristal réalisée par Davisson et Germer en 1927.
Les relations de de Broglie peuvent s'écrire également :
en termes de la pulsation : et du vecteur d'onde, dont la norme vaut :.
Lesélectrons, particules chargées, interagissent avec la lumière, classiquement décrite par un champ électromagnétique. Cependant, la physique classique ne permet pas d'expliquer la variation observée de la longueur d'onde du rayonnement en fonction de la direction de diffusion.L'interprétation correcte de ce fait expérimental sera donnée parCompton et ses collaborateurs à l'issue d'expériences réalisées entre 1925 et 1927.
Cet effet, baptisé en son honneureffet Compton, est bien décrit en considérant le chocphoton-électron, comme unchoc entre les deux particules, le photon étant porteur d'un quantum d'énergie et d'un quantum d'impulsion. Les photons sont diffusés suivant des directions variables, et présentent une variation de longueur d'onde qui dépend de la direction de diffusion.
| Concepts fondamentaux | |
|---|---|
| Expériences | |
| Formalisme | |
| Statistiques | |
| Théories avancées | |
| Interprétations | |
| Physiciens | |
| Applications | |