
Lathéologie de la prospérité (appelée égalementdoctrine de prospérité,évangile de la prospérité,évangile de prospérité) est une croyance théologiquechrétienne évangélique qui prétend que laBible enseigne que l'aisance financière deschrétiens est un signe de santé spirituelle et que la pauvreté est une malédiction ou une punition de Dieu.
La théologie de la prospérité s’est répandue dans les années 1970 et 1980 aux États-Unis principalement par destélévangélistespentecôtistes etcharismatiques[1].
Les principaux défenseurs de cette doctrine sont des pasteurs américains, telsKenneth Hagin avec Michael Horton[2]. Certaines de ses figures, commePaula White,Kenneth Copeland ouEdir Macedo, ont soutenu des leaders politiques commeDonald Trump ouJair Bolsonaro. L'évangile de la prospérité s'est implanté en France, notamment dans les quartiers populaires, à partir de la fin des années 1980, dans des églises comme l'« Église universelle du Royaume de Dieu », « Paris Centre chrétien », « Charisma Église chrétienne » ou « Impact Centre chrétien »[3].
Cette doctrine enseigne que lafoi chrétienne peut être aussi un moyen de prospérer et de s’enrichir[4] financièrement et matériellement, par une « confession positive » et une contribution auxministères chrétiens[5].
La prospérité enseignée va au-delà de la réussite financière et inclut aussi la santé[4],[6],[7], les guérisons[6] et miracles[7]. D'après leConseil national des évangéliques de France, la libération d'influences démoniaques est aussi un aspect de la doctrine[4].
Laparabole des talents, qui enseigne la nécessité de faire fructifier les dons de Dieu, est utilisée en appui de cette théologie[8]. Ce courant évangélique s’inspire, selonStéphane Lavignotte, pasteur protestant à laMission populaire, de la « théologie rétributive » de l’Ancien Testament : « C’est une théologie qui fonctionne à tous les coups : vous donnez votre vie à Jésus, vous donnez votre argent, si ça marche tant mieux, si ça ne marche pas c’est peut-être que vous devriez examiner votre morale[3]. » Leur message « plus vous semez, plus vous récolterez » se fonde sur « la loi divine du retour au centuple » : « Donnez 10 euros, Dieu vous en rendra 1 000 ! »[6].
Dans certaineséglises évangéliques, le sujet de la prospérité, lié à ladîme obligatoire et auxoffrandes occupe une grande partie de chaque culte[9],[10],[11]. Des promesses deguérison divine et de prospérité sont garanties, en échange de certains montants de dons[12],[13],[14]. Certains pasteurs menacent de malédictions, d’attaques du diable et de pauvreté ceux qui ne donnent pas la dîme[15],[16],[17]. Les collectes d’offrandes sont multiples ou séparées dans divers paniers ou enveloppes afin de stimuler les contributions des fidèles[18],[12].
En 2012, leConseil national des évangéliques de France a publié un document dénonçant cette doctrine, en mentionnant que la prospérité était bien possible pour un croyant, mais que cette théologie poussée à l'extrême amène aumatérialisme et à l’idolâtrie, ce qui n'est pas le but de l’Évangile[7],[19]. Pour le CNEF, cette théologie est un danger pour des millions de chrétiens parmi les plus pauvres qui croient qu'en donnant au profit des « théologiens de la prospérité » jusqu'au tiers de leur salaire, Dieu multipliera leur don au centuple[6]. Paradoxalement, c'est parmi les évangéliques, historiquement les plus critiques vis-à-vis du « commerce desindulgences » qui permettait, selon les prédicateurs protestants, aux catholiques de s'assurer une place au paradis, moyennant finances, que fleurit le commerce des « prophètes de la prospérité ».
En 2013, le président de laConvention baptiste nigériane a critiqué cet enseignement dommageable qui s’éloigne du message central de laBible, soit de lacroix de Jésus[20].
Des pasteurs qui abusent de la théologie de la prospérité ont été critiqués par des journalistes pour leur style de viebling-bling (vêtements luxueux, grandes maisons, voitureshaut de gamme, avion privé, etc.)[21],[9],[22].Certains pasteurs sont célèbres pour leur train de vie luxueux[23],[9],[22].Aux États-Unis, destélévangélistes ont demandé des offrandes pour acheter des jets privés[24].
Le 5 février 2015, lepape François a affirmé dans l'homélie qu'il a prononcée à la maison Sainte-Marthe que « Le salut n’est pas une théologie de la prospérité ». Pour François, l’Église doit proclamer l’Évangile « dans la pauvreté » et cette annonce doit avoir pour seul but de soulager les misères des pauvres, en n’oubliant jamais que ce service est l’œuvre de l’Esprit Saint et non de la force humaine[25]. François a renouvelé sa critique dans une méditation prononcée le 19 mai 2016 en la chapelle de la maison Sainte-Marthe, disant que « c’est une erreur » de penser que « Dieu te fait voir que tu es juste s’il te donne beaucoup de richesse »[26].
En 2018, la revue jésuite italienne proche du VaticanLa Civiltà Cattolica s’est livrée à une analyse critique de cette version évangélique du rêve américain, dans laquelle elle voit une « tentative de justification théologique dunéolibéralisme économique »[3].
De 2019 à 2022, divers pasteurs américains se sont excusés pour leurs enseignements sur l’obligation de la dîme et la théologie de la prospérité, en rappelant que les menaces de malédictions pour non-paiement de la dîme dansMalachie ne concernaient pas les chrétiens, puisque citant l’Épître aux Galates,Jésus-Christ a porté la malédiction sur lui[27],[28].
En 2020 en France, des églises ont fait l'objet de signalements à laMiviludes pour des motifs liés à des abus de cette théologie[3],[29].
La chansonJesus He Knows Me du groupe américainGenesis, ainsi que le clip de cette chanson font la satyre des télévangélistes de la prospérité.
En 2013, une série detélé-réalité américainePreachers of L.A. a montré le quotidien de pasteurs deLos Angeles promouvant cette théologie[21].
En 2019, la sérieThe Righteous Gemstones est une satire sur une famille detélévangélistes adhérant à cette théologie[30].
En 2019, le documentaireAmerican Gospel: Christ Alone a présenté des analyses critiques de cette théologie par des pasteurs et d’anciens partisans[31].