Occupée par l'armée pakistanaise en1947, cette région forme, avec l'Azad Cachemire, la partie duCachemire intégrée par le Pakistan. Jusqu'en 2009, contrairement aux autres provinces du pays, l'administration relève directement d'Islamabad, et non d'un gouvernement local. Un mouvement soutenu par des élus locaux, leGilgit-Baltistan United Movement, a obtenu la création d'un État autonome dans la région, sur le modèle de l'Azad Cachemire. D'autres mouvements soutiennent cette revendication, comme leBalawaristan National Front[1], mais aussi les branches locales duJamiat-e-islami et duJamiat Ulema-e-Islam, des partis pakistanais[2].
Les vestiges trouvés dans la région du Gilgit-Baltistan attestent d'une présence humaine depuis au moins 2 000 ans av. J.-C. LesBalti sont la principale population originaire de la région à laquelle ils ont en partie donné leur nom. D'originetibétaine etbouddhiste, ils se sont convertis à l'Islam auXVIe et XVIIe siècles. Ayant conservé des traditions pré-islamiques, ils sont par ailleurs aujourd'hui majoritairementchiites, faisant d'eux une minorité au sein d'unPakistan majoritairementsunnite[3].
La région a été sous le contrôle de l'Empire du Tibet. Elle se convertit à l'Islam alors que l'Empire moghol s'étend à ses frontières. En1842, la région est conquise par un commandantdogra et tombe donc sous le contrôle de l'Empire Sikh[4].
À peine quelques années plus tard, la région du Gilgit-Baltistan est conquise par lesBritanniques et est incluse au sein de l’État princier duJammu-et-Cachemire. En1947, lors de lapartition des Indes, les Britanniques remettent le pouvoir dans leCachemire aumaharajaHari Singh qui demande un peu plus tard l'adhésion à l'Inde. Des révoltes se produisent alors dans la région du Gilgit-Baltistan, majoritairementmusulmane, qui demande l'adhésion auPakistan et hisse son drapeau. La situation aboutit à lapremière guerre indo-pakistanaise, au cours de laquelle le Pakistan prend le contrôle du Gilgit-Baltistan[4]. L'Inde, qui revendique l'intégralité duCachemire, réclame toujours le contrôle sur ce territoire.
La région du Gilgit-Baltistan devient une entité administrative officielle du Pakistan en1974, en fusionnant les États princiers deNagar etHunza, ainsi que l'agence de Gilgit et le district deBaltistan.
Gilgit-Baltistan est une région très montagneuse, située dans l'Himalaya et au cœur du massif montagneuxKarakoram. On y trouve cinq des quatorzeplus haut sommets du monde. Le plus haut est leK2 qui culmine à 8 611 mètres, suivi par leNanga Parbat, leGasherbrum I, leBroad Peak et leGasherbrum II. Plusieurs vallées, lacs et cours d'eau sont présents dans la région ainsi que le plateau verdoyant de Deosai, parc national protégé. On y trouve aussi trois des plus grands glaciers du monde :Biafo,Baltoro etBatura. Ces atouts naturels en font une région qui attiretouristes etalpinistes.
Le climat varie beaucoup selon les différentes zones du Gilgit-Baltistan. Le centre et le sud, c'est-à-dire là où l'altitude est la plus basse, sont chauds en été et froids en hiver. Les régions très élevées du nord et de l'est sont froides toute l'année, avec de nombreusesneiges éternelles ; les conditions de vie y sont particulièrement hostiles.
Le Gilgit-Baltistan est leterritoire le moins peuplé du Pakistan, avec 870 347 habitants selon le recensement de 1998, à l'exception duterritoire fédéral d'Islamabad. Une projection en 2013 estime à 1,3 million d'habitants la population de la région[5]. La densité de population se situerait alors entre 12 et 18 habitants au kilomètre carré, de loin la plus faible de pays. La région est donc surtout désertique du fait notamment des conditions naturelles extrêmes. La population est également essentiellement rurale.
La population du Gilgit-Baltistan est différente de celle du reste duCachemire et possède sa propre identité. Lecachemiri n'y est pas parlé, les principales langues locales étant leshina, lebalti, lebourouchaski, lekhowar et lewakhi. La religion musulmane est pratiquée par la quasi-totalité de la population. Seuls 30 % sontsunnites, dans un pays où ce courant est largement majoritairement. L'Islamchiite et l'ismaélisme représentent respectivement 40 % et 25 % de la population, faisant du Gilgit-Baltistan le seul territoire du pays majoritairement chiite. Chaque courant religieux est très marqué géographiquement, ledistrict de Diamir étant quasi-exclusivement sunnite, ledistrict de Skardu chiite et ledistrict de Ghizer ismaélien. Ledistrict de Gilgit est le plus mixte. Les conflits sectaires sont récurrents dans la région[6].
Le reste de la population, environ 1 % des habitants du Gilgit-Baltistan est surtout constitué par une grande partie de la petite minorité bouddhiste du Pakistan : ce groupe minoritaire habite surtout dans les hautes montagnes du territoire et entretient peu de rapports avec le reste de la population musulmane, du fait de la barrière des zones où ils habitent, constituées de hautes montagnes. Ils seraient entre 12 500 et 15 000 individus en 2015. Le reste des minorités religieuses est constitué des rares hindous et sikhs qui sont restés dans le territoire, après lapartition des Indes et la création du Pakistan en 1947. Ces deux derniers groupes minoritaires vivent dans les zones de plus basses altitudes, avec les musulmans. Ils sont généralement commerçants ou travaillent dans le secteur des échanges et des services.
La ville deGilgit est la capitale et la plus grande ville du Gilgit-Baltistan. Les villes de la région sont peu peuplées et peu nombreuses[5], alors que la population est très majoritairement rurale.Skardu est la deuxième plus grande ville et principale localité dans la région duBaltistan.
Le territoire du Gilgit-Baltistan compte sept districts lors de sa création dans les années 1970. En 2015, le gouvernement fédéral dirigé par le Premier ministreNawaz Sharif a créé trois nouveaux districts, peu avant les élections locales. Ledistrict de Hunza-Nagar est divisé en deux, alors que ledistrict de Shigar etcelui de Kharmang sont créés dans la région duBaltistan[7].
La ville deGilgit est la capitale politique du Gilgit-Baltistan.
À sa création, la région du Gilgit-Baltistan ne bénéficiait pas de sa libre administration, à l'inverse de la région voisine de l'Azad Cachemire qui dispose d'institutions politiques autonomes. Elle est donc directement dirigée par le pouvoir central d'Islamabad. En 1975, sous la gouvernance du Premier ministreZulfikar Ali Bhutto, la région se voit attribuer un « conseil consultatif », qui ne dispose d'aucun pouvoir discrétionnaire. En 1999, à la suite d'une décision de laCour suprême, le Gilgit-Baltistan se voit attribuer des premiers pouvoirs de gestions avec le remplacement du précédent organe par un « Conseil législatif des Territoires du Nord »[4].
En 2009, la région se voit en théorie attribuer une « gouvernance autonome » alors que le conseil législatif devient « Assemblée législative du Gilgit-Baltistan » avec une trentaine de membres élus directement par la population. Elles ont été organisées en 2009 et 2015, et depuis cette dernière date elle est largement dominée par laLigue musulmane du Pakistan (N) contre leParti du peuple pakistanais auparavant[8],[6]. Le pouvoir central conserve cependant des pouvoirs directs sur la région, la réforme de 2009 mettant en place un conseil exécutif avec à sa tête le Premier ministre du Pakistan. Ainsi, l'autonomie théorique de la région est critiquée par des mouvements locaux, comme leGilgit-Baltistan United Movement, ainsi que par l'Inde, qui l'estiment illusoire[4].